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Le musée Zadkine à Paris consacre une exposition à l'artiste Chana Orloff jusqu’au 31 mars 2024.

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Transcription
00:00 - Elisabeth Philippe, vous nous faites voyager ce matin dans le temps avec la sculptrice
00:05 Shana Orloff.
00:06 - Quand on passe la porte du ravissant musée Zetkin à Paris, une petite foule nous accueille.
00:11 Il y a des hommes en costume ou fumant la pipe, des femmes avec des éventails, des
00:15 enfants aux visages lisses et ronds comme des bouddhas et même des caniches.
00:18 On croise l'écrivaine Anna Isnin, diaphane, l'artiste Jeanne Buterne, compagne de Modigliani
00:24 ou encore Ida, la fille du peintre Marc Chagall, ravissante avec ses boucles qui caressent
00:28 ses épaules.
00:29 Tous ces êtres sont faits de plâtre, de bois ou de bronze mais les sculptures épurées
00:33 de Shana Orloff, à la fois douces et puissantes, imposent si fortement leur présence qu'elles
00:37 semblent prêtes à s'animer.
00:38 C'est tout le Montparnasse des années 20 qui reprend vie sous nos yeux, le Paris de
00:42 Chaim Soutine, de Max Jacob et d'Apollinaire.
00:45 Tendez bien l'oreille, on écoute Shana Orloff.
00:47 - Le Paris, la France et Montparnasse, un vrai paradis.
00:51 - Et pourquoi ?
00:52 - Parce que la vie était magnifique, libre, bon marché et puis on était jeunes.
01:00 On entend bien le léger accent R roulé de Shana Orloff, née en 1888 dans une petite
01:06 ville de l'Ukraine actuelle.
01:07 Pour échapper au pogrom, elle émigre en Palestine avec sa famille et au début des années 1910,
01:13 elle arrive à Paris et devient sculptrice.
01:14 Elle impose rapidement son style singulier, mélange de modernisme et d'influence extrême
01:19 orientale.
01:20 Surtout, Shana Orloff se distingue par ses thèmes, la maternité, les femmes, les enfants,
01:25 comme la fameuse sculpture "L'enfant Didi" qui représente son fils et qui raconte à
01:29 elle seule le parcours de Shana Orloff.
01:30 - Et quelle est donc son histoire ?
01:32 - Dans une interview donnée à la fin de sa vie, Shana Orloff énumérait les difficultés
01:36 qu'elle cumulait.
01:37 Juive, femme et mère.
01:39 En 1942, elle est veuve et s'occupe seule de son fils.
01:43 Prévenue par son fondeur d'une rafle imminente, elle fuit Paris et se réfugie en Suisse.
01:47 En son absence, son atelier est intégralement pillé.
01:50 140 œuvres ont disparu.
01:52 Depuis des années, les petits-enfants de Shana Orloff se battent pour réconstituer
01:55 le fonds spolié.
01:56 Après 15 ans de procédures, ils ont ainsi pu faire revenir en France le fameux "Enfant
02:00 Didi" et on peut voir actuellement cet émouvant petit garçon de bois au musée d'art et d'histoire
02:05 du judaïsme.
02:06 Dans l'exposition du musée Zadkine, il y a une sculpture qui tranche avec le reste
02:09 de la production de Shana Orloff.
02:11 C'est un homme assis, émacié, le menton reposant sur ses mains croisées.
02:15 La matière n'est pas lisse mais accidentée, tourmentée.
02:18 Le visage maigre évoque ceux des rescapés des camps.
02:21 Cette œuvre date de 1945, quand l'artiste est rentrée en France.
02:26 Elle a pour titre "Le retour".
02:28 A son retour à elle, après la guerre, Shana Orloff travaille de plus en plus pour Israël,
02:32 qui lui commande d'imposants monuments et c'est à Tel Aviv qu'elle meurt en 1968.
02:36 Le 7 octobre dernier, trois membres de la famille de Shana Orloff qui vivaient dans
02:41 le kibbutz de Be'eri, dans le sud d'Israël, ont été assassinés par le Hamas.
02:45 Sept autres ont été prises en otage.
02:47 Le 25 novembre, on a appris la libération des femmes et des enfants de la famille.
02:52 Un homme de 38 ans, Tal Shoham, est toujours détenu.
02:54 L'exposition du musée Zatkin porte le beau titre "Sculpter l'époque".
02:59 C'était l'ambition de Shana Orloff qui a non seulement sculpté son temps mais aussi
03:03 préfiguré le nôtre, matérialisant dans son œuvre l'éternel retour de l'histoire.
03:07 L'exposition Shana Orloff au musée Zatkin à Paris dure jusqu'au 31 mars 2024.
03:15 Merci Elisabeth.

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