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Loïc Cantin, président de la Fédération Nationale de l'Immobilier, répond aux questions d'Alexandre Le Mer. Ensemble, ils reviennent sur la crise de l'immobilier qui a frappé la France en 2023. Marché de la location saturé, constructions à l'arrêt et difficultés à obtenir les crédits immobiliers, il est de plus en plus compliqué de se loger.

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Transcription
00:00 Europe 1, il est 6h41.
00:02 Le secteur de l'immobilier sort d'une année particulièrement difficile.
00:06 Chute des ventes, en partie liée au coût du crédit, la crise du logement, l'effondrement des mises en chantier sur le neuf
00:12 et le calendrier de la rénovation énergétique qui pourrait encore gripper le marché.
00:17 Les professionnels arrivent à l'heure du bilan. Ils espèrent bien une prochaine sortie de crise.
00:21 Votre invité pour en parler sur Europe 1, Alexandre Lemaire, c'est Loïc Quentin, président de la FNAIM, Fédération Nationale de l'Immobilier.
00:28 Bonjour Loïc Quentin. Bonjour Alexandre Lemaire.
00:30 Lundi prochain, 77ème édition du congrès de la FNAIM à Paris.
00:34 Tirez les leçons de 2023 pour mieux préparer 2024.
00:38 Elle est où votre première préoccupation à ce stade ? Votre priorité pour sortir de cette crise de l'immobilier ?
00:44 L'année 2023 a été une année noire, comme on n'a pas connu depuis longtemps, depuis 40 à 50 ans,
00:50 donc qui impacte tous les français et 2024 doit être l'année de la reprise.
00:55 Mais la reprise va se faire non pas avec les aides de l'État, comme nous pourrions en disposer,
01:01 mais aujourd'hui ces aides-là sont finies. Vous ne comptez pas dessus ? Pas du tout.
01:05 Le marché va devoir s'organiser et dans tous les cas, la baisse de prix devra accompagner les ménages français face à l'accession à la propriété.
01:11 Il n'y a pas d'autre solution.
01:13 900 000 transactions immobilières à la fin de l'année, ça va faire de 2023 une si mauvaise année ?
01:19 Ce n'est pas une mauvaise année en termes de volume si on compare aux années 2021 et 2022 qui ont été des années d'un grand cru exceptionnel.
01:26 C'est la chute et la décélération brutale qui frappent de plein fouet l'ensemble des entreprises immobilières.
01:32 Ce n'est pas uniquement nos entreprises immobilières, c'est tout l'écosystème qui est fragilisé.
01:36 C'est à la fois le notariat par l'effet des mutations, ce sont les déménageurs, les courtiers en crédit,
01:42 les départements qui voient une réduction drastique de leur droit de mutation et qui les met en difficulté.
01:47 Donc une crise qui a été violente, fulgurante et qui notamment nous oblige à avoir d'autres comportements et à avoir une autre vision.
01:55 Alors les chiffres du logement neuf, toujours dans le rouge, effondrement des mises en chantier, Louis Quentin.
02:01 Le marché de location, toujours en situation de pénurie, louer un bien immobilier c'est de plus en plus compliqué.
02:07 C'est très compliqué, le marché de la construction c'est la catastrophe.
02:10 On ne sait plus construire dans ce pays alors qu'au moins on a besoin de renouveler une offre de logement.
02:14 Le marché locatif, oui en tension parce qu'aujourd'hui il y a une totale perte de confiance des investisseurs.
02:21 L'immobilier n'est plus au rendez-vous d'un rendement, d'une rentabilité souhaitée.
02:25 Plus les contraintes qui pèsent sur le parc locatif au niveau de la rénovation énergétique, au regard du DPE,
02:31 c'est un vrai souci pour les propriétaires et les professionnels que nous sommes.
02:35 - Alors un chiffre frappant et qui d'ailleurs devrait soutenir votre activité si les logements étaient disponibles.
02:39 Aujourd'hui près de 40% de la demande de logement est liée à ce qu'on appelle la décohabitation.
02:45 Loic Quentin, en clair, des coupes qui se séparent, quand on est entre amis en colocation, on ne veut plus vivre en colocation,
02:51 ce qui démultiplie les besoins en logement.
02:53 - Oui c'est un phénomène qui est constaté par les démographes depuis longtemps.
02:56 Ça fait 25 ans que le mouvement est en marche, la taille moyenne des ménages est en baisse régulière.
03:00 On arrive à une stabilité, on a connu la plus forte diminution de cette taille il y a une dizaine d'années.
03:06 Aujourd'hui on est à la fin d'un cycle, mais il y a une forte demande de logement qui est présente.
03:11 - Et de petits logements.
03:12 - Et de petits logements, bien évidemment.
03:14 Et aussi parce que le petit logement, il est aussi la contrepartie, l'adaptation à un pouvoir d'achat qui n'est plus présent pour pouvoir se loger.
03:20 Mais la difficulté est présente pour notamment tous les Français qui ont besoin de se loger.
03:26 Et quand on accède par la propriété, on loue un appartement.
03:29 Et là aussi, il y a une tension très très forte sur ce marché.
03:32 Le chantier de la rénovation énergétique et de la sortie des passoires thermiques.
03:36 Alors tout le monde est d'accord pour dire que le DPE, le Diagnostic de Performance Énergétique, pénalise justement en priorité les petites surfaces qui sont très demandées.
03:44 Et dont les plus énergivores seront interdites à la location ou à la relocation dès 2025.
03:50 Le gouvernement est en train de réfléchir, Loïc Quentin, à une réforme du DPE pour ces surfaces.
03:56 En gros, l'idée serait de mieux les noter sur la petite réglette de A à G.
04:03 Est-ce que ça va dans le bon sens pour vous ?
04:05 C'est une mesurette.
04:06 On a connu 11 modifications successives de l'algorithme de calcul du DPE.
04:10 Donc dans tous les cas, quelque chose qui vient s'ajouter mais qui ne va pas remettre en cause fondamentalement les 1 700 000 logements du parc locatif qui sont en F et G.
04:18 Et qui, pour certains, vont être frappés d'indécence au 1er janvier 2025.
04:22 2025, c'est dans un an, ces logements-là ne seront pas rénovés.
04:26 Dans tous les cas, on va écarter du marché de la location nombre de logements.
04:29 Et en plus, il y a un dérangé qui pèse sur les Français, c'est que le législateur a frappé d'indécence.
04:34 Les logements loués au 1er janvier 2025, c'est-à-dire ceux qui ont fait l'objet de contrats de baille antérieurs, vont être confrontés à ces difficultés.
04:40 Donc on est dans une instabilité juridique, le gouvernement ne s'en rend pas compte.
04:43 Que faudrait-il faire ? Il faut réchelonner purement et simplement le calendrier, donner un petit peu d'air ?
04:48 - La France a voulu être plus exemplaire, même que l'Europe, qui aujourd'hui remet en cause un petit peu ce calendrier.
04:53 Nous, on a voulu mettre un calendrier de l'indécence qui se juxtapose à la rénovation énergétique,
04:58 que nous, professionnels, nous partageons et nous accompagnons de tout cœur.
05:01 Mais c'est cette indécence qui est un mauvais signal.
05:03 Et c'est un faux débat dans le débat de la rénovation énergétique.
05:06 - Pour être clair, Loïc Quentin, il faudrait donner plus de temps aux propriétaires pour faire effectuer les travaux de rénovation énergétique.
05:13 - Bien sûr, tous les logements qui sont en classe EG aujourd'hui, on n'a pas les entreprises non plus pour réaliser ces travaux.
05:17 Il y a un vrai défi sur notamment l'emploi et les créations d'emplois pour pouvoir ajuster la manœuvre nécessaire à ce chantier de la rénovation.
05:25 - Et on parle également d'un nombre d'entreprises en baisse.
05:27 - Ah oui, parce que pour pouvoir faire de la rénovation énergétique et rendre les Français éligibles à MaPrimeRénov',
05:33 eh bien, il faut être qualifié RGE.
05:35 Elles ne sont moins de 10% aujourd'hui, ce sont 58 000 entreprises pour un effectif total de 569 000 entreprises dans le bâtiment.
05:44 Allez chercher l'erreur.
05:45 - C'est l'embouteillage.
05:46 - C'est l'embouteillage du plus total.
05:47 - Alors une éclaircie peut-être du côté du crédit immobilier.
05:50 On a les premiers signes d'une baisse des taux.
05:52 On a besoin d'entendre une bonne nouvelle si elle se profile, Louis Quentin,
05:55 parce qu'au cours des 12 derniers mois quand même, les emprunteurs ont eu énormément de difficultés à obtenir un prêt
06:00 à cause de la hausse des taux d'intérêt.
06:01 Répétez.
06:02 - Oui, tout à fait.
06:03 Alors moi j'espère que la pause elle est définitive.
06:05 Christine Lagarde l'a annoncé, mais elle n'a pas dit qu'il n'y aurait pas de nouvelle relance.
06:09 On a eu 11 augmentations successives du taux de la BCE.
06:12 Il y a une pause sur une période, mais simplement la tension internationale, la crise énergétique et l'inflation qui perdurent,
06:18 j'espère, n'entraînera pas une nouvelle hausse du taux de la BCE qui serait catastrophique pour le marché.
06:23 J'espère que nous entrons dans une période de stabilité.
06:26 - Le taux d'usure très vite qui passe dès demain les 6% pour les prêts de 20 ans ou plus,
06:30 c'est le taux au-dessus duquel les banques n'ont pas le droit de prêter.
06:33 Ça va peut-être débloquer un certain nombre de dossiers pour les emprunteurs en souffrance.
06:36 - Oui, on va redonner de l'oxygène, mais aussi il faut que les établissements financiers,
06:39 les établissements prêteurs soient confiants sur l'avenir et n'hypothèquent pas.
06:43 Vous savez, quand on vous vendait un bien avec des travaux de rénovation énergétique,
06:46 aujourd'hui la vraie question c'est comment les Français vont financer ces travaux demain ?
06:50 Donc nous, on est partisans et on dit il faut intégrer ces travaux de rénovation énergétique dans le prix de mutation
06:55 pour asseoir l'enveloppe financement sur la totalité du bien qui est acquérir.
06:59 - Merci Loïc Cantin. - Merci.
07:01 - Président de l'AFNAIM, Fédération Nationale de l'Immobilier, merci.
07:03 Merci.

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