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La bande de 22H Max réagit à la publication du nouveau livre de l'éditorialiste "Tragédie française".

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00:00 Vous prenez le pouvoir ce soir avec ce livre, votre dernier, "La tragédie française",
00:04 "Histoire intime de la Vème République", c'est le troisième tome de votre histoire intime de la Vème République,
00:08 ce sont des années de François Mitterrand à François Hollande,
00:11 je résume, 40 ans de laisser-aller, pour vous, c'est votre théorie, c'est votre théorie.
00:16 – Ça commence avec Mitterrand, 1981, un programme économique complètement débile,
00:20 qui consiste à faire croire aux Français qu'en dépensant de plus en plus,
00:23 eh bien il y aura la croissance, eh bien il n'y a pas eu la croissance justement,
00:26 ça a été un immense fiasco.
00:29 – Et avec un fil conducteur, et j'ai gardé ce fil-là parce que je savais
00:32 que Maitrechevère D'enfer serait sur le plateau,
00:34 le laxisme est devenu l'idéologie d'État, c'est ce que vous dites.
00:38 – Oui, c'est-à-dire l'absence de volonté politique,
00:40 si vous voulez, ce travail énorme, il y a trois tomes,
00:44 il y a le premier tome, c'est le sursaut, c'est l'acte 1.
00:47 – C'est De Gaulle.
00:47 – De Gaulle arrive en 1958, la France est par terre, encore plus bas qu'elle est aujourd'hui,
00:51 guerre civile, déficit partout, endettement, enfin c'est la catastrophe,
00:56 et De Gaulle arrive en faisant croire qu'il va faire la gérer française,
00:59 évidemment il a l'intention de faire le contraire, mais enfin ça c'est l'errurie du général,
01:03 n'empêche qu'en quelques mois il remet tout d'équerre,
01:06 il refait la France d'une certaine manière, la Constitution,
01:09 mais aussi l'économie avec un plan économique Mao,
01:12 ce qu'on ne supporterait pas nous aujourd'hui, un plan de rigueur puissance 1000,
01:16 et qui fait que la France a une croissance de l'ordre de 5-6% à la fin des années 60.
01:21 Et puis, deuxième tome, acte 2, Pompidou-Giscard, c'est la belle époque,
01:26 et ce sont les dauphins du général qui sont en même temps ses assassins,
01:30 enfin ils sont bien arrangés pour qu'il perde son référendum en 1969,
01:34 et le premier, Pompidou, est élu, malade, il meurt, et finalement Giscard arrive.
01:40 Et là c'est la belle époque parce qu'ils continuent quand même à gouverner,
01:45 non pas qu'ils soient gaullistes les deux d'ailleurs,
01:47 mais ils ont les méthodes, c'est-à-dire intérêt général,
01:50 et puis aussi volonté politique.
01:52 Et puis en 1981, arrive Mitterrand au pouvoir,
01:58 moi je ne suis pas du tout, j'aime beaucoup l'homme privé,
02:01 j'aimais l'homme, je n'ai pas peur de le dire, j'aimais l'homme privé,
02:05 il se trouve que j'étais jeune journaliste, insolent et merdeux,
02:08 dans un journal de gauche, et évidemment il ne voulait plus me parler,
02:11 parce que je n'arrêtais pas de faire des papiers horribles,
02:13 ou de dire des choses horribles, d'écrire des choses horribles sur son programme économique,
02:16 ça se voyait déjà à la fin des années 70 d'ailleurs,
02:19 c'était complètement maboule, parce que Mitterrand voulait garder le PS
02:23 contre Michel Rocart qui était la puissance montante,
02:25 et le PS dit "ça ne se prend ou ça ne se garde qu'à gauche",
02:30 et c'est là que tout commence à dérailler,
02:33 et ça continue après, gauche, droite, tout le monde se relaie,
02:36 parce que évidemment, j'ai dit ça sur Mitterrand,
02:39 mais franchement, la dure, lui il a essayé de gagner les élections,
02:41 on faisait un maximum de chèques, il a fait un endettement record,
02:44 pas pire que Bérégovoy, Bérégovoy c'était la catastrophe totale,
02:48 d'ailleurs c'est très intéressant pour l'avenir,
02:49 Edouard Philippe devrait s'en souvenir,
02:51 c'est que Pierre Bérégovoy c'est le chouchou des médias et du patronat,
02:57 un peu comme Lionel Jospin qui a été battu après au présidentiel de 2002,
03:02 et Bérégovoy, la presse l'adore aussi,
03:05 et en fait, vous verrez bien, c'est une catastrophe,
03:08 et vous savez qu'on a même une gestion avec Bérégovoy.
03:11 - Vous le prolongez jusqu'à Emmanuel Macron,
03:12 distributeur automatique d'argent magique,
03:14 il a certes hérité d'une situation difficile,
03:16 mais il a précipité l'affaissement du pays en laissant tout filer.
03:19 Si vous rejetez tout le monde, il reste qui à la fin ?
03:22 - C'est pas ça le sujet.
03:23 Moi je suis optimiste, et tout ce que je raconte,
03:27 je crois que je le raconte avec beaucoup de drôlerie,
03:29 - Oui parce que vous mêlez en plus votre vie personnelle.
03:32 - La vie personnelle et puis la vie de la France,
03:33 les français, les chansons, les chansons qui nous ont accompagnés,
03:36 la nuit jaumant de Bachung, c'est une chanson,
03:40 parce qu'on se rend compte quand on écrit quelque chose comme ça,
03:43 moi j'écoute plutôt de la musique classique comme ça,
03:46 quand je suis tout seul chez moi,
03:47 mais franchement, les chansons qui m'accompagnent
03:49 sur des événements importants,
03:51 c'est toujours des chansons que j'ai dans la tête,
03:54 je peux vous en chantonner quelques-unes,
03:56 mais il va commencer à pleuvoir dans le studio,
03:58 et donc j'essaie de faire,
04:01 c'est un travail vraiment un petit annaise,
04:04 parce que j'essaie de raconter comment on en est arrivé là,
04:07 et puis en même temps, les français pendant cette période,
04:11 le regard qu'on avait à l'époque, le regard qu'on a aujourd'hui,
04:13 et les petits secrets, et puis...
04:15 - Pardon, je suis curieux d'entendre vos camarades ce soir,
04:18 et notamment Maître Schwerderpfer,
04:19 sur le laxisme comme idéologie de l'État,
04:22 c'est une accusation que l'on porte régulièrement contre la...
04:25 - Laissez aller, laissez aller.
04:27 - C'est un mouvement qui date de la fin des années 70,
04:30 c'est la nouvelle défense sociale,
04:32 la nouvelle défense sociale,
04:34 et qui n'est pas idiote dans le fond,
04:35 qui part du principe qu'il faut coûte que coûte éviter la prison,
04:38 et je ne suis pas contre,
04:40 sauf que l'État n'a jamais investi
04:42 dans les outils qu'il fallait pour rééduquer
04:46 et réinsérer les délinquants,
04:49 que ce soit en milieu ouvert ou que ce soit en milieu fermé.
04:51 Donc le problème c'est qu'il n'y a jamais eu de volonté...
04:54 En fait, si vous voulez, il n'y a pas de politique à long terme.
04:57 Dans tout ce que vous dénoncez,
04:59 on n'a pas, nous, un ministère qui pense les lois à 20, 30, 40 ans.
05:03 C'est-à-dire qu'on a des lois qui vont être votées,
05:05 vous l'avez dit tout à l'heure,
05:06 et puis parce qu'un fait nouveau arrive...
05:07 - Qui ne seront pas appliquées.
05:08 - Qui ne sont pas appliquées ou peu appliquées,
05:09 parce qu'un fait divers arrive,
05:10 il y a une nouvelle loi qui abroge l'ancienne loi
05:12 qui n'a même pas été appliquée.
05:14 Il nous faut un vrai plan,
05:15 mais ce n'est pas décennal ou quinquennal,
05:18 c'est un plan de vision sur 40 ans
05:21 sur l'évolution des maisons d'arrêt
05:22 et sur l'évolution de la délinquance
05:25 et du traitement de la délinquance.
05:26 Et ça n'a jamais eu lieu.
05:27 Alors il y a eu une vision complètement optimistique,
05:30 mitterrandienne, avec très peu d'égard donné à la justice.
05:34 En réalité, ça s'autogère tout seul,
05:35 peu importe, ce n'est même pas réellement notre problème.
05:38 Et puis je trouve que, oui,
05:41 il y a eu un laxisme qui s'est installé,
05:43 et puis il n'y a surtout pas les outils en face pour les juges,
05:46 qui ne sont pas laxistes forcément,
05:47 d'appliquer les lois.
05:49 Vous savez, quand vous avez une maison d'arrêt
05:50 qui a 120-180% d'occupation,
05:53 il y a des magistrats qui disent à un moment,
05:55 ils ne peuvent plus prendre la maison d'arrêt de Seyss,
05:57 on sait qu'elle est au bord de l'explosion,
05:59 et bien tous les jours,
06:01 vous avez des magistrats qui vont dire,
06:02 mais enfin j'ai un cas qui est grave,
06:03 je prononce de l'emprisonnement,
06:05 il faut quand même me le mettre,
06:06 alors on va rajouter un matelas dans une cellule de 10 m²
06:09 où il y a déjà 4 matelas,
06:10 dans des conditions inacceptables,
06:12 et on met des gens dans des conditions
06:14 qui ne favorisent en rien leur réinsertion,
06:18 et qui ne vont créer que des problèmes par la suite.
06:20 - Deux petites questions pour France.
06:21 Est-ce que ce laxisme,
06:22 ce n'était pas finalement une demande des Français
06:24 depuis la fin des années 60 ?
06:25 On ne voulait plus d'autorité dans la famille,
06:27 dans l'entreprise, dans la politique, dans la société.
06:29 Et puis la deuxième question,
06:30 est-ce que ce n'est pas un cycle ?
06:31 Est-ce qu'il n'y aura pas un sursaut
06:33 après cette fin de cycle ?
06:35 - Je suis tout à fait d'accord sur la responsabilité des Français.
06:38 Ils ont une responsabilité.
06:39 Alors moi je ne suis pas assez, comment dire...
06:42 Ce serait vraiment tellement simpliste de dire
06:43 c'est la faute des présidents et des premiers ministres,
06:46 parce que Jospin et Balladur ont leur part,
06:49 parce qu'ils ont participé au mouvement.
06:51 Mais bien entendu les Français aussi.
06:53 Les Français par exemple,
06:54 quand ils se dressent comme un seul homme en 1995,
06:57 parce que Chirac ose vouloir,
07:00 enfin avec Juppé,
07:01 c'est l'idée de Juppé d'ailleurs au départ,
07:03 de ramener l'âge de la retraite,
07:07 de le faire passer celui des agents roulants de la SNCF
07:09 de 50 ans à 52 ans,
07:11 et que la France s'arrête,
07:12 parce qu'il y a des gens en France
07:13 qui doivent continuer à travailler à 50 ans.
07:15 Tout le monde, il y a des masses énormes,
07:17 et tout se bloque.
07:19 Enfin on voit très bien,
07:20 il y a d'autres exemples comme ça.
07:22 - Et le sursaut ?
07:23 - Et le sursaut justement, moi j'y crois beaucoup.
07:24 C'est-à-dire que je pense que simplement,
07:26 il faut être très bas pour remonter.
07:28 On n'est peut-être pas...
07:29 Bon avec Macron, on a bien descendu.
07:31 Mais je pense qu'on n'est peut-être pas encore descendu assez bas...
07:34 - Votre livre, je suis le capteur d'ailleurs.
07:36 - Oui, mais on n'est peut-être pas descendu assez bas
07:38 pour pouvoir remonter après.
07:39 Mais moi je crois qu'il y a beaucoup de force dans ce pays,
07:41 qu'il y a beaucoup d'énergie,
07:42 et au fond, moi j'écris un livre,
07:44 je ne suis pas un pessimiste,
07:45 je ne suis pas un décliniste.
07:47 Je crois que l'Occident est en déclin,
07:49 on ne peut pas se raconter de blagues.
07:51 Globalement, l'avenir du monde, je suis désolé,
07:54 il se fait du côté de la Chine, de l'Inde, de l'Indonésie,
07:57 on voit très bien, il suffit de regarder les taux de croissance.
07:59 Ce n'est pas chez nous ça, nous c'est faiblard.
08:01 Même regardez, l'Amérique est en train de redresser la tête aussi,
08:06 et nous c'est vraiment tristounet le taux de croissance en Europe.
08:09 Je ne parle pas seulement de la France.
08:11 Mais je pense qu'à un moment donné,
08:13 il y a tellement d'énergie dans ce pays.
08:15 Puis comme je dis toujours, la France,
08:17 elle est trop belle pour mourir,
08:18 c'est ce que j'écris dans ce livre d'ailleurs.
08:20 Il y a tellement de beauté chez nous,
08:21 elle est trop belle pour mourir,
08:23 et puis il y a trop d'énergie aussi.
08:24 - C'est chez Gallimard, tragédie française.

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