Franz-Olivier Giesbert : journaliste et écrivain auteur de «Histoire intime de la Ve République (Tome 3) : Tragédie française» aux éditions Gallimard : «C'est la liberté d'expression qui est en jeu. [...] On est en train d'aller peu à peu en France, vers un gouvernement des juges. De quoi se mêle le Conseil d'Etat ?».
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00:00 C'est honteux et c'est très grave.
00:01 C'est-à-dire, je pense vraiment, c'est la liberté d'expression qui est en question.
00:05 Le problème de fond, c'est...
00:07 Vous avez raison, bon, au départ, il y a la plainte de Reporters sans frontières,
00:11 mais le problème de fond, c'est le gouvernement des juges.
00:14 On est en train d'aller peu à peu, en France, vers un gouvernement des juges.
00:18 Le Conseil d'État, de quoi il se mêle ?
00:21 C'est juste hallucinant, comme vous lisez,
00:23 le pluralisme ne se limite pas au temps de parole des personnalités politiques.
00:27 Alors comment on va...
00:28 On va voir ce que c'est. C'est ça, c'est dans l'or.
00:30 Décision, le pluralisme ne se limite pas au temps de parole des personnalités politiques.
00:34 Donc, on va voir, par exemple, je sais pas, Didier Barbelivien,
00:37 est-ce qu'il est de gauche, est-ce qu'il est de droite ?
00:39 Oui, il présente une émission.
00:41 Est-ce qu'il est de gauche, est-ce qu'il est de droite ?
00:43 Oui, il était copain avec Sarkozy,
00:44 mais il a fait une belle chanson à la gloire de Jean Ferrat, qui est communiste.
00:48 Bon, c'est... Non, mais vous voyez un peu vers quoi on va.
00:51 - Les animateurs, c'est pour pas dire les journalistes, en fait.
00:53 - Oui, bien sûr. C'est juste hallucinant de connerie.
00:58 Et je veux dire, il y a une phrase, vous savez, de Mitterrand,
01:00 il faut toujours le savoir, Mitterrand qui avait beaucoup de recul,
01:03 et oui, qui avait une culture historique, ce qui n'est pas toujours le cas de nos présidents,
01:08 et il disait "il faut se méfier, méfiez-vous des juges,
01:11 parce qu'ils ont tué la monarchie, ils vont tuer la République".
01:14 Et si vous voulez, quand on regarde les décisions du Conseil d'État depuis quelques années,
01:18 vous savez, c'est lui, par exemple, qui s'est arrogé
01:20 à la politique de l'immigration.
01:23 C'est lui qui a réintroduit le rapprochement familial
01:28 que Giscard et Barr avaient tenté de supprimer.
01:31 C'est lui, par exemple, encore récemment, qui a pris des décisions
01:36 parce que le gouvernement ne s'occupait pas suffisamment de la qualité de l'air.
01:40 Allez, hop, paf, on lui file une amende de 20 millions
01:43 qui vont dans la poche d'organisations gaucho-écologistes, quoi.
01:47 Vous voyez, et c'est ça, comme ça, tout le temps.
01:50 Et puis c'est lui aussi qui va dire "ah bah non, on va pas faire
01:53 ce nouveau mode de calcul pour les assurances chômage
01:56 parce que la situation du marché de l'emploi est incertaine".
01:59 Non, mais de quoi je me mêle ?
02:00 C'est-à-dire, là, voyez, et pourquoi ça se passe comme ça ?
02:03 Parce que oui, très bien, c'est ce que je raconte dans le bouquin,
02:06 c'est le délitement de l'autorité.
02:09 Et quand l'autorité se délite, tout le monde essaie de prendre son petit bout de pouvoir.
02:14 Et là, aujourd'hui, vous avez effectivement le Conseil d'État qui a décidé "voilà, moi j'existe".
02:18 [Musique]
02:22 [SILENCE]