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Chaque samedi, Lénaïg Monier reçoit un invité au cœur de l'actualité. Aujourd'hui, Bérangère Couillard, ministre chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discrimination, à l'occasion de la journée de lutte contre les violences faites aux femmes.
Retrouvez "L'interview politique du week-end" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-interview-politique-du-week-end
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NewsTranscription
00:00 Oui parce que l'actualité nous l'a montré encore récemment, il y a une semaine on n'apprenait qu'un sénateur
00:05 avait, il y a une enquête, drogué une collègue à l'Assemblée en vue de l'agresser sexuellement.
00:10 Cette femme a parlé, elle a raconté. Bonjour Bérangère Couillard.
00:14 Bonjour.
00:14 La clé c'est la prise de parole des femmes.
00:16 Oui, que les femmes puissent parler. Elles ont beaucoup voulu parler, mais c'est qu'on ne les écoutait pas.
00:22 Et donc la société en tous les cas évolue, c'est bien heureux, et on met aussi tout en place, le gouvernement met tout en place,
00:32 pour faire en sorte que la parole puisse être libérée et pour ça on forme notamment nos forces de l'ordre au recueil de la parole
00:40 et au fait qu'ils puissent être évidemment à l'écoute des femmes qui viennent les voir.
00:44 Alors c'est ainsi qu'on peut expliquer d'ailleurs le nombre de condamnations pour viol qui a augmenté de plus de 40% entre 2017 et 2021.
00:51 Plus on parle, plus on déplace plainte, plus on punit.
00:54 Exactement, c'est tout à fait ça parce que justement elles se sentent rassurées, elles peuvent parler,
00:59 et donc quand on a des dossiers bien constitués aussi, des plaintes bien faites,
01:04 forcément ça a plus de chances d'aboutir quand on passe en justice.
01:07 Alors, et on le disait, il y a un autre chiffre qui a stagné hélas cette année, Bérangère Couillard, 118 femmes tuées en 2022,
01:15 parmi elles 24 avaient signalé des violences. À quel niveau de la chaîne cela a pêché selon vous ?
01:21 Écoutez, les problématiques sont diverses. 118 femmes, déjà vous dire évidemment nous ne sommes pas satisfaits des résultats,
01:27 95 depuis le début de l'année, c'est pour ça qu'on continue à déployer des dispositifs.
01:32 Lorsque nous avons fait le Grenelle des violences conjugales, on a mis en place beaucoup, beaucoup de choses.
01:36 On est en train de regarder quatre ans plus tard, qu'est-ce qu'on peut encore améliorer justement pour faire en sorte que les femmes puissent partir par exemple plus facilement.
01:44 Par exemple aujourd'hui, c'est 7 allers-retours en moyenne pour que les femmes partent de leur domicile.
01:48 C'est énorme.
01:49 On sait à ce moment-là qu'il y a le passage à l'acte et que les féminicides arrivent.
01:54 Et donc c'est pour ça qu'on déploie notamment le Pacte Nouveau Départ, c'est dans cinq départements pilotes.
02:00 Ça va permettre d'avoir un agent de la CAF qui va coordonner le départ des femmes avec l'aide des associations locales.
02:06 Parce qu'en fait aujourd'hui, vous savez, une femme si elle ne part pas, il y a évidemment la notion d'emprise,
02:10 mais c'est aussi parce qu'il y a des contraintes administratives pour trouver un logement, pour la garde des enfants, pour les démarches juridiques.
02:16 Et donc ça va être facilité justement avec cet agent de la CAF qui va leur faciliter le départ.
02:21 Et donc ce qu'on souhaite, c'est limiter le nombre d'allers-retours et faire en sorte de sauver des vies.
02:25 Est-ce qu'il y a une somme déjà allouée à ces femmes, Bérangère Couillard ?
02:28 Ça démarre le 1er décembre, si je ne dis pas de bêtises, ce pacte.
02:32 Alors le Pacte Nouveau Départ, c'est déjà en place dans cinq départements.
02:36 Donc ça c'est une chose.
02:38 Et il y a également l'aide d'urgence.
02:40 Cette aide d'urgence, c'est dans tous les départements à partir du 1er décembre.
02:44 C'est une aide qui va aller de 243 euros à plus de 1300 euros en fonction de la situation familiale
02:50 et de revenus de cette femme qui souhaite quitter le domicile.
02:54 Et donc il suffira simplement d'avoir une plainte ou une ordonnance de protection.
02:58 Et la somme se débloque par la CAF en trois à cinq jours ouvrés, ce qui est très rapide.
03:04 Et ce qui permet justement d'advenir aux premières dépenses nécessaires au départ de ces femmes.
03:10 C'est sans restriction en termes de dépenses ? On peut dépenser comme on veut ?
03:13 On a cette aide et après on en fait ce qu'on veut.
03:17 Et ces femmes, vous savez, ce dont elles ont besoin, c'est des fois de racheter un matelas,
03:21 de racheter des éléments pour leurs enfants.
03:22 Parce que quand elles partent, malheureusement elles partent souvent avec quelques affaires seulement
03:26 parce qu'il faut partir dans l'urgence.
03:27 Il faut partir très vite et puis vous l'avez évoqué,
03:29 cet aller-retour en moyenne, ce qui est colossal.
03:32 Et on imagine à quel point il doit être difficile d'être pragmatique,
03:35 de penser à la logistique quand on veut partir justement.
03:37 C'est ça, on part avec quelques affaires.
03:39 Souvent on demande aux enfants de choisir aussi les quelques affaires qu'ils préfèrent prendre.
03:43 Donc c'est vrai que leur redonner un cadre de vie agréable,
03:47 dans 8 cas sur 10, ce sont des femmes avec des enfants.
03:50 Et donc évidemment il faut qu'on pense à tout ça et c'est pour ça qu'on permet cette aide.
03:54 En plus du Pacte Nouveau Départ, vous savez, on essaye de penser à tout ce qui manque
03:58 pour faire en sorte que les femmes puissent être sauvées
04:01 et donc baisser le nombre de finici... de façon vraiment significative.
04:05 De façon significative, on en reparlera peut-être dans un an pour faire un nouveau bilan.
04:09 Alors Elisabeth Borne a pris le métro hier soir à Paris
04:13 pour lancer une campagne contre les violences sexistes, sexuelles dans les transports.
04:17 Là qu'est-ce qu'on peut faire ? Parce que c'est vrai qu'il n'y a pas une Parisienne qui a coupé.
04:21 Pas une Parisienne et pas beaucoup de Françaises non plus.
04:23 Vous savez, dans 9 cas sur 10, une femme a subi une agression sexiste ou sexuelle
04:29 dans les transports en commun.
04:31 Donc on peut dire quasiment toutes les femmes.
04:33 Des propos vraiment désagréables à beaucoup plus grave.
04:35 Des propos désagréables, voire agressions sexuelles ou même viols.
04:39 Et donc ce que nous souhaitons, c'est faire réagir ceux qui entourent ces femmes.
04:45 Vous savez, quand une femme est victime de ce type d'agression,
04:50 souvent il y a des personnes dans le même wagon de métro.
04:54 Et aujourd'hui, je comprends, il y a une certaine appréhension d'intervenir,
04:58 mais en fait ce qu'on veut leur faire comprendre, c'est de lever les yeux.
05:01 Lever les yeux, c'est lever les yeux sur un smartphone,
05:03 souvent parce que beaucoup, évidemment, se replient sur eux-mêmes.
05:06 Et c'est aussi de s'impliquer.
05:08 C'est-à-dire quand on est plusieurs à venir auprès de l'agresseur et à le cerner,
05:13 c'est beaucoup plus facile, en tous les cas, de le faire reculer.
05:16 Et donc il faut aussi s'imprégner de ça et se rendre compte
05:19 que chacun peut avoir un rôle à jouer.
05:21 Et au-delà de ça, levons les yeux, c'est aussi d'avoir un lien,
05:24 ce lien sur une application qui permet d'avoir les premières indications.
05:28 C'est-à-dire que la personne, évidemment, si elle ne peut pas intervenir
05:31 parce qu'elle se sent en danger, et on peut tout à fait le comprendre,
05:33 elle peut par contre le signaler.
05:35 Et le signaler à les agents de sûreté de la RATP,
05:38 à la police, gendarmerie, en fonction d'où elle est.
05:40 Et donc c'est très important que chacun s'implique,
05:43 au moins dans le signalement de faits qu'ils peuvent voir.
05:46 - Vous êtes optimiste, Bérengère Coyard,
05:48 vous croyez vraiment que les gens vont parvenir
05:50 à regarder un peu davantage autour d'eux, de signaler ?
05:53 - Oui, parce que je crois qu'il y a l'envie d'agir, en fait.
05:57 Et c'est qu'on est en train vraiment de...
05:59 La société est de plus en plus sensibilisée à ces questions.
06:02 Et donc pour beaucoup, ça devient de plus en plus insupportable,
06:05 ce genre d'agissement.
06:07 Mais certains ne savent pas quoi faire, et sont pris aussi par la peur
06:10 de savoir qu'est-ce que fera l'agresseur.
06:13 Et donc je pense qu'en donnant collectivement une responsabilité,
06:17 c'est beaucoup plus facile pour chacun d'agir.
06:19 - Et on vous remercie d'être venu en parler ce matin sur Europe 1,
06:22 Bérengère Coyard, j'imagine que vous avez une longue journée
06:25 - C'est une belle journée. - Merci à vous.