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Le PDG d'EDF était l'invité du 8h30 franceinfo, vendredi 24 novembre 2023.

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00:00 Bonjour Luc Rémond.
00:02 Bonjour.
00:03 A votre place hier, Bruno Le Maire a prévenu que le prix de l'électricité va augmenter
00:07 de manière je cite "progressive et limitée".
00:09 A quoi les ménages doivent-ils s'attendre dans les prochains mois sur leur facture ?
00:12 Alors le ministre l'a dit hier, pour 2024 ce sera un maximum de 10%.
00:17 Mais il est important de rappeler qu'aujourd'hui les ménages paient l'électricité au travers
00:21 de leur facture mais aussi comme contribuable.
00:23 Parce que finalement c'est le contribuable qui est venu compenser l'augmentation très
00:28 forte des prix de l'électricité qui est dû à la crise énergétique dans laquelle
00:32 nous sommes.
00:33 Avec le bouclier tarifaire en fait.
00:34 Le bouclier tarifaire, c'est également les Français qui le payent et au fur et à mesure
00:39 du temps qui passe les prix moyens de l'électricité vont atterrir et simplement le bouclier tarifaire
00:45 va se réduire.
00:46 Ce qui fait qu'in fine, comme l'a dit le ministre hier, l'augmentation sera limitée
00:51 à 10% l'année prochaine.
00:53 Et nous avons travaillé ensemble avec le ministre pour faire en sorte que sur l'horizon
00:57 de temps long, celui dans lequel nous devons inscrire l'action d'EDF, nous puissions
01:01 aller vers la stabilisation des prix pour nos concitoyens.
01:04 Justement Lucrément, dans ce contexte l'Etat et EDF se sont mis d'accord sur le prix
01:08 de l'électricité à partir de 2026.
01:10 Ce sera 70 euros le mégawatt-heure.
01:13 C'est plus que le montant actuel de 42 euros pour une partie de votre production.
01:17 Est-ce que ça signifie que les Français devront payer encore plus cher que cette hausse
01:21 déjà annoncée de 10% pour février ?
01:24 Alors, sans entrer dans la technique, personne ne paye 42 euros du mégawatt-heure aujourd'hui.
01:29 Nous sortons d'un système dans lequel EDF était obligé de vendre un tiers de sa production
01:35 à 42 euros du mégawatt-heure.
01:36 Le reste, par défaut, devenait sujet aux fluctuations de très court terme des prix
01:41 du marché de l'électricité.
01:43 Ça donne quoi ? Ça donne sur 10 ans un système qui a pénalisé EDF et qui a également pénalisé
01:49 les consommateurs en phase de crise, ce qui fait que le budget de l'État a dû intervenir
01:54 pour protéger les consommateurs en phase de crise.
01:56 Tout le travail que nous avons fait avec Bruno Le Maire et avec Agnès Pagny-Runacher, c'est
02:01 d'aller vers un système qui est responsabilisant pour tout le monde et qui donne une protection
02:05 beaucoup plus forte à l'ensemble de nos concitoyens.
02:07 Il est plus responsabilisant pour l'entreprise parce qu'il nous conduit à tirer notre commerce
02:14 vers le long terme pour stabiliser les prix d'abord.
02:17 Ça veut dire qu'il y aura plus de piques comme on a connu ?
02:19 Ensuite, il donne à l'État un instrument beaucoup plus fort qui couvre la totalité
02:23 de la production d'EDF cette fois-ci, la totalité de la production nucléaire d'EDF.
02:27 Si les prix augmentent trop, l'État récupère la totalité de la valeur de la production
02:33 électronucléaire d'EDF pour pouvoir la redistribuer à nos concitoyens, ce qui est donc beaucoup
02:38 plus protecteur que le système actuel.
02:40 C'est l'ensemble de ces deux dispositifs combinés qui va nous permettre à partir
02:44 de 2026 de viser les fameux 70 euros du mégawatt-heure.
02:48 Et ces 70 euros, justement, ils correspondent à quoi ? Parce que c'est plus que le coût
02:51 de production d'EDF estimé récemment à 60 euros le mégawatt-heure par la Commission
02:55 de régulation de l'énergie.
02:56 Alors les 60 euros du mégawatt-heure sont un calcul fait par la Commission de régulation
03:00 de l'énergie de façon très professionnelle qui porte uniquement sur une approche de
03:06 la production nucléaire existante.
03:07 Si nous voulons apporter aux Français, ce qui est notre mission chez EDF, de l'électricité
03:13 durable, il nous faut également investir pour préparer la future production nucléaire.
03:18 Et donc si nous étions exactement au niveau des coûts de l'existant, il n'y aurait
03:23 plus…
03:24 Mais donc vous dites que les Français vont payer pour les futurs réacteurs nucléaires
03:25 et qu'ils paient pour la dette d'EDF de 65 milliards en fait ? Les Français payent
03:29 aussi pour ça ?
03:30 Dans toute entreprise, si vous voulez une approche durable de la production, il faut
03:36 couvrir les coûts de développement en partie.
03:38 Et donc nous allons travailler évidemment avec le gouvernement également pour faire
03:42 en sorte que de façon soutenable, autour de ces 70 euros du mégawatt-heure, nous puissions
03:47 avoir de l'électricité compétitive aujourd'hui et de l'électricité compétitive demain.
03:52 Si nous regardons seulement ce qui se passe aujourd'hui, la réalité c'est que demain
03:55 nous n'aurons pas fait les investissements qu'il faut et à ce moment-là les prix
03:58 monteront et il n'y aura pas assez d'électricité.
04:00 Donc la responsabilité d'EDF avec le gouvernement c'est de travailler pour que nous ayons
04:05 ce cheminement de long terme qui est soutenable pour l'ensemble de nos concitoyens, entreprises
04:10 et particuliers et collectivités et qui puisse permettre d'avoir à la fois des opérations
04:15 existantes qui sont performantes, c'est l'engagement de l'entreprise, mais également la capacité
04:20 de soutenir nos investissements sans sur-endettement pour l'entreprise et sans transférer cette
04:25 responsabilité sur les comptes fiscales.
04:26 Je me pose une question très concrète, très précise, vous parlez d'investissement nécessaire
04:28 pour EDF, ça se chiffre en quoi ? En milliards ? En dizaines de milliards ?
04:33 En dizaines de milliards.
04:34 25 milliards d'euros d'investissement par an, c'est ce que l'entreprise doit faire
04:38 pour être capable de soutenir les besoins d'électrification du pays à moyen terme.
04:43 Ça couvre beaucoup de domaines, ça couvre le nucléaire existant dont il faut prolonger
04:48 la durée de vie en toute sûreté, c'est un premier élément qui est tout à fait déterminant
04:52 de cet investissement.
04:53 Ça couvre les réseaux, les réseaux ont besoin d'investissement pour permettre le
04:58 raccordement de beaucoup plus d'énergie renouvelable et ça couvre bien sûr le début
05:04 d'un investissement à l'échelle industrielle dans 6 plus potentiellement 8 nouveaux réacteurs
05:10 nucléaires.
05:11 Vous avez débattu Lucrément avec le gouvernement pendant de longs mois pour obtenir cet accord
05:15 et le meilleur prix pour votre groupe.
05:16 Le gouvernement lui défendait aussi le pouvoir d'achat des Français et des entreprises.
05:21 Pour vous, EDF c'est une entreprise marchande comme les autres ou c'est un service public ?
05:26 EDF n'est pas une entreprise comme les autres mais EDF est une entreprise.
05:30 Une entreprise ça répond à un certain nombre de règles assez simple qui est que ça doit
05:34 pouvoir être profitable pour investir.
05:36 Je dois dire que les objectifs de l'État et d'EDF dans cette discussion n'étaient
05:42 pas différents.
05:43 Je pense que nous partageons tous comme entreprise de service public côté EDF et comme régulateur
05:48 et actionnaire côté de l'État l'objectif d'avoir une trajectoire soutenable.
05:52 Donc les objectifs n'étaient pas différents.
05:54 Est-ce que c'est vrai que vous avez mis votre démission dans la balance Lucrément ?
05:57 Nous avons dû réinventer un système qui était arrivé à bout de souffle.
06:01 Et réinventer un système c'est toujours difficile parce que ça suppose de sortir
06:06 des convictions acquises.
06:07 C'est ça qui a été le plus difficile.
06:09 Vous avez mis votre démission dans la balance.
06:10 Ça n'est pas mon style.
06:11 Ça n'est pas votre style.
06:12 Même si vous reconnaissez que les discussions ont été robustes.
06:16 C'est ça le groupe d'entrée.
06:17 Elles ont été engagées et c'est normal qu'elles le soient vu l'ampleur des enjeux
06:19 dont on parlait pour nos concitoyens et pour l'avenir.
06:23 Lucrément, président directeur général d'EDF.
06:25 On se retrouve dans un instant juste après le Fil info de Mathilde Romagnon à 8h39.
06:30 Trêve respectée ce matin dans la bande de Gaza.
06:33 Même si d'intenses bombardements israéliens ont éclaté cette nuit et ce matin encore.
06:38 Trêve commencée il y a plus de deux heures, censée durer quatre jours pour libérer 50
06:43 otages aux mains du Hamas en échange de 150 prisonniers palestiniens.
06:47 Aujourd'hui, 13 otages doivent être libérés à 15h heure française.
06:52 Le retour au calme à Dublin après une nuit de violence imputée à l'extrême droite
06:56 dans la capitale irlandaise.
06:58 Des heurts entre les forces de l'ordre et des centaines de personnes suite à une attaque
07:02 au couteau hier.
07:03 Attaque qui a fait plusieurs blessés dont trois enfants.
07:06 Mais ce n'est pas une attaque terroriste, assure la police.
07:09 La mère d'Emile a lancé hier un appel pour retrouver son fils.
07:14 Le petit garçon disparu il y a quatre mois au Haut-Vernay dans les Alpes de Haute-Provence.
07:18 Un message diffusé hier par l'hebdomadaire famille chrétienne.
07:23 Emile a trois ans aujourd'hui.
07:25 Le football est une nouvelle défaite hier.
07:27 Pour le PSG en Ligue des champions féminines, défaite 1 à 0 face au Bayern de Munich.
07:32 Les parisiennes sont désormais dernières de leur groupe.
07:35 Et puis en Ligue 1, le PSG affronte ce soir Monaco pour la treizième journée.
07:39 Le leader du championnat reçoit le troisième.
07:41 Toujours avec Luc Rémond, PDG d'EDF.
07:53 Vous nous annonciez à l'instant qu'il faudrait 25 milliards d'euros d'investissement
07:58 par an pour EDF.
07:59 Et justement, c'est l'un des objectifs de cet accord conclu avec le gouvernement.
08:03 Vous permettre de rénover le parc nucléaire.
08:05 Il y a un an, la moitié des réacteurs d'EDF s'est parfois retrouvés à l'arrêt.
08:10 Au même moment, c'était l'un de vos principaux chantiers quand vous êtes arrivé il y a
08:14 tout juste un an.
08:15 Où en est-on aujourd'hui ?
08:16 Nous avons connu effectivement en 2022 une crise industrielle majeure qui était associée
08:20 à la découverte d'un phénomène qui était jusqu'ici inconnu sur nos centrales
08:24 nucléaires qui a nécessité évidemment, dans le respect du principe et de la responsabilité
08:28 de sûreté qui est la nôtre, d'intervenir tout de suite sur les réacteurs.
08:31 Un an plus tard, 15 mois plus tard, nous sommes maintenant à un stade de maîtrise
08:36 industrielle ce problème, ce qui fait que nous avons aujourd'hui ce matin 43 gigawatts
08:40 disponibles pour la production nucléaire, ce qui nous permet d'aborder cet hiver vraiment
08:46 avec confiance.
08:47 Justement cet hiver, parce que l'hiver dernier ça a été compliqué, on a dû importer
08:50 de l'électricité.
08:51 Là, vous pouvez nous assurer que cet hiver...
08:53 Nous exportons tous les jours.
08:54 Pas de coupure d'électricité ?
08:56 Nous exportons tous les jours.
08:57 Nous avons plus de nucléaire disponible.
09:00 Nous avons également une hydrologie et j'en suis bien conscient parce que nous surveillons
09:03 ce qui se passe dans le Nord-Pas-de-Calais, qui est également favorable à l'hydroélectricité
09:08 aujourd'hui.
09:09 Et donc nous pouvons vraiment aborder les prochaines semaines avec confiance.
09:12 Il faut rester vigilant toujours parce que nous avons, grâce ou à cause de tout cela,
09:19 fait des efforts de sobriété.
09:20 Les efforts de sobriété, c'est l'énergie qu'on ne consomme pas.
09:22 À la fin, c'est toujours la meilleure.
09:24 En même temps, il faut garder cet aspect de sobriété.
09:26 On est dans un système et dans la décarbonation, la transition énergétique nous pousse à
09:31 avoir par exemple des véhicules électriques qui sont très gourmands en électricité.
09:35 Est-ce qu'à long terme, il y a un risque que nos capacités de production soient insuffisantes
09:39 par rapport à nos besoins ?
09:41 Sur les dix prochaines années, est-ce que vous êtes serein sur cette question ?
09:45 Pour faire en sorte que la production soit au rendez-vous, il nous fallait d'abord
09:50 un cadre économique soutenable.
09:52 C'était tout l'objectif de la discussion que nous avons eue avec Bruno Le Maire et
09:55 avec Agnès Pagnet.
09:56 C'est vraiment l'élément déterminant pour pouvoir créer ces conditions d'investissement
10:01 et avoir l'énergie, l'électricité disponible à long terme.
10:05 Dans ces conditions-là, oui, c'est exigeant pour EDF, mais oui, nous serons capables de
10:10 le faire.
10:11 Il faut augmenter la cote-parte d'électricité dans le mix énergétique français parce
10:15 que nous avons aujourd'hui seulement un tiers de notre énergie finale, un peu plus d'un
10:22 tiers de notre énergie finale qui est électrique.
10:24 Le reste reste de la molécule carbonée.
10:26 Et donc, dans nos ambitions de transition énergétique qui sont nécessaires pour préserver
10:31 la planète, il nous faut aller vers de l'enfer de l'électricité.
10:34 Ça veut dire que cette montée en puissance de l'électricité dans notre mix énergétique,
10:37 vous pensez que sur les dix prochaines années, notre système de production sera au rendez-vous.
10:41 C'est la mission d'EDF de faire en sorte, et de ses concurrents bien sûr, de faire
10:45 en sorte que nous soyons au rendez-vous.
10:47 Et la difficulté, pardon Luc Rémond, c'est que tout en rénovant le parc existant, vous
10:52 devez aussi construire, Emmanuel Macron veut la mise en place de six nouveaux EPR, dont
10:57 le premier en 2035 sur le site de Painly en Seine-et-Marne.
11:00 2035, c'est possible pour le démarrage du premier EPR ?
11:03 C'est très exigeant.
11:04 Ça doit venir de pair avec tout le travail que nous devons faire sur le parc nucléaire
11:08 existant pour augmenter le niveau de production.
11:10 Et nous sommes bien en chemin pour augmenter le niveau de production.
11:13 Mais ça, c'est la responsabilité d'EDF.
11:16 Donc toutes les équipes d'EDF, tout le monde est mobilisé.
11:19 Les membres de la filière industrielle qui travaillent avec nous, qui concernent des
11:22 centaines de milliers de personnes en France, sont mobilisés pour atteindre cet objectif.
11:26 C'est exigeant, encore une fois, mais c'est à nous de remonter cette capacité de construction
11:31 à l'échelle industrielle.
11:32 C'est probablement le principal défi d'EDF pour la décennie qui vient.
11:34 C'est quelque chose qui avait été oublié, qui avait été perdu, cette compétence tout
11:37 simplement ? C'est ce que disait votre prédécesseur ?
11:40 Les compétences individuelles associées au nucléaire sont là.
11:44 Elles sont solides, et elles sont même des références mondiales.
11:47 Mais comme toute industrie, quand vous ne faites pas beaucoup, vous perdez la vitesse.
11:52 Et donc vous perdez la capacité à faire à grande échelle et de façon compétitive
11:57 dans le temps.
11:58 Effectivement, sur les derniers 20 ans, nous avons peu construit.
12:01 Nos anciens, dans les années 80-90, raccordaient 4 à 5 réacteurs par an au réseau dans les
12:08 années les plus fastes.
12:10 Depuis 20 ans, nous avons travaillé sur un réacteur par décennie en moyenne.
12:14 Et donc pour être à nouveau au rendez-vous du défi de transition énergétique que vous
12:19 avez résumé, il nous faut remonter EDF et toute sa filière à l'échelle de la construction
12:24 industrielle.
12:25 C'est notre principal défi pour la décennie qui vient.
12:26 Et les responsables politiques, selon vous, ont-ils une part de responsabilité ? Vous
12:29 leur en voulez pour leurs atterroiements, leurs changements de stratégie ?
12:32 Je pense qu'à chaque période viennent leurs défis.
12:36 Il est clair que sur la dernière décennie, la France avait ce qu'il lui fallait en
12:40 termes d'électricité et de capacité de production électronucléaire.
12:42 Et ce qui est devant nous, c'est un défi nouveau.
12:45 Nous devons à la fois prolonger un parc nucléaire existant et puis créer une capacité de production
12:51 électrique supplémentaire pour répondre à la transition énergétique.
12:53 C'est un défi nouveau.
12:54 Donc à chaque période vient son défi.
12:56 Le défi d'aujourd'hui, c'est de reconstruire une capacité industrielle de construction
13:01 de parc.
13:02 Vous parlez de ça, mais est-ce que ce n'est pas trop ambitieux quand on voit le temps
13:04 de construction de l'EPR de Flamanville, toujours en travaux, 12 ans de retard, surcoût
13:09 de plusieurs milliards d'euros, mais les 6 nouveaux réacteurs, vous allez y arriver.
13:14 D'ailleurs, Flamanville, c'est pour quand sa mise en service ?
13:16 Alors Flamanville est en phase finale de test totalement intégré.
13:20 Nous prévoyons de charger le réacteur au premier trimestre 2024, donc dans quelques
13:25 semaines maintenant, et de le raccorder au réseau à la mi-année 2024.
13:30 Après un surcoût de combien de milliards ?
13:32 Après un surcoût qui est important, mais qui reflète également le fait que nous n'avons
13:36 construit qu'un seul réacteur en France sur les deux dernières décennies.
13:39 Et donc nous avons, avec ce premier réacteur, amené sur le territoire français, le premier
13:46 réacteur de troisième génération, et évidemment, essuyé les plâtres associés à ce projet.
13:52 Donc il n'y aura plus de mauvaise surprise sur Flamanville ?
13:54 Vous l'espérez, il n'y aura plus de mauvaise surprise sur Flamanville ?
13:55 Normalement.
13:56 Ça reste de l'industrie, mais à ce stade, chaque jour qui passe, nous rapproche du raccordement
14:00 sans surprise.
14:01 L'avenir du nucléaire en France, c'est donc 3 lettres, EPR, mais il y a 3 autres
14:05 lettres, SMR, qui sont les futurs des petits réacteurs.
14:09 C'est d'ailleurs Emmanuel Macron qui en avait beaucoup parlé pour relancer le programme
14:13 nucléaire français.
14:14 Ce sera une réalité ? Est-ce que déjà, on sait vraiment les faire ? Et à quelle
14:19 échéance ?
14:20 Alors, on saura les faire parce que c'est la même technologie que celle que nous utilisons
14:23 pour les grands réacteurs.
14:24 Simplement, nous les développons avec une philosophie qui est différente, qui est destinée
14:28 à répondre à des besoins différents.
14:29 Les grands réacteurs sont indispensables pour répondre aux besoins d'électrification
14:33 d'un pays tout entier.
14:34 Les SMR sont davantage adaptés à des situations plus locales, à des parcs industriels, à
14:41 des activités qui sont plus spécifiques.
14:44 Mais là, on est dans de la science-fiction ou ça va vraiment exister ?
14:46 C'est la même technologie.
14:47 Nous avons un projet de SMR en cours de développement qui s'appelle New World et qui vise de répondre
14:51 à ces besoins spécifiques, à la fois pour la France, mais également pour le marché
14:55 mondial.
14:56 EDF, c'est à la fois un opérateur électrique et c'est aussi un industriel.
15:00 Et pour être performant comme industriel en France, il faut que nous soyons un industriel
15:03 performant sur d'autres marchés.
15:05 Et donc cette technologie de SMR, tout comme la technologie de grands réacteurs, nous
15:11 avons l'ambition de la vendre à d'autres pays.
15:14 Nous serons prêts à construire en 2030.
15:16 Pour construire, pour être performant, il faut aussi de la main d'oeuvre.
15:19 Est-ce qu'aujourd'hui, par exemple, pour les 6 nouveaux EPR, vous avez la main d'oeuvre
15:23 qualifiée suffisante ou vous allez chercher, vous continuez à essayer de recruter ?
15:27 Nous cherchons évidemment à recruter beaucoup.
15:30 Combien ?
15:31 Nous avons les compétences en qualité.
15:33 Il nous les faut en quantité parce qu'avoir un chantier à la fois, c'est déjà un défi.
15:39 Si nous en avons 4 à 6 à la fois, évidemment, il nous faut multiplier ces compétences.
15:44 Sachant que la France n'est pas le seul pays qui va dans la direction du nucléaire.
15:49 Beaucoup de pays européens qui sont mobilisés autour de l'alliance du nucléaire, qui
15:52 est poussée par Ines Pagny-Renacher avec l'ensemble de ses collègues.
15:55 Tous ces pays-là vont avoir besoin de nucléaire.
15:59 C'est bien des compétences européennes qu'il nous faut bâtir, en commençant par les compétences
16:03 françaises.
16:04 Nous avons une mobilisation extrêmement forte avec l'ensemble de la filière qui vise à
16:07 recruter 100 000 personnes dans la filière dans les années qui viennent.
16:10 Sachant que ceux qui interviendront sur nos réacteurs, sur nos chantiers de construction
16:16 dans quelques années, sont au collège aujourd'hui.
16:18 Vous allez dans les collèges pour vendre le nucléaire ?
16:21 Je fais un appel aux collégiens.
16:23 Je leur dis, nous faisons un métier absolument formidable.
16:25 Chez EDF et dans toute la filière électrique, électronucléaire, etc.
16:29 Ce sont des métiers qui vont vraiment préparer l'avenir parce qu'ils permettent de lutter
16:34 contre le changement climatique.
16:36 Ce sont des métiers qui sont techniquement passionnants.
16:37 Donc si vous avez un intérêt pour ces métiers-là, venez nous voir.
16:41 Nous aurons évidemment du travail pour vous.
16:43 Et les femmes aussi ?
16:44 D'abord les femmes.
16:45 Parce que nous cherchons effectivement, les jeunes femmes, les jeunes filles qui sont
16:49 au collège, nous cherchons d'abord à les attirer.
16:52 L'appel est lancé, si vous êtes au collège, vous pouvez envoyer votre CV déjà à Luc
16:55 Raymond.
16:56 Merci beaucoup.
16:57 On se retrouve dans un instant après le Fil info de Mathilde Romanin à 8h50.
17:01 Les derniers bombardements ont retenti il y a plus de deux heures dans la bande de Gaza.
17:05 Une trêve démarre ce matin.
17:07 Elle est censée durer quatre jours.
17:08 Aujourd'hui, 13 otages doivent être libérés à 15h heure française par le Hamas.
17:13 La libération de 50 otages au total est prévue, en échange de 150 prisonniers palestiniens.
17:19 Une soirée de violences hier à Dublin.
17:21 Mais le calme est revenu dans la capitale irlandaise.
17:24 Des heurts imputés à l'extrême droite après des rumeurs sur l'origine du suspect
17:28 dans une attaque au couteau le jour même.
17:30 Attaque qui a fait cinq blessés dont trois enfants et qui n'est pas qualifiée de terroriste
17:34 par la police.
17:35 Pékin tente de rassurer l'OMS face à une hausse des cas de maladies respiratoires.
17:41 Il n'y a aucun nouveau pathogène en Chine, répondent les autorités chinoises.
17:45 L'Organisation mondiale de la santé leur a demandé des informations détaillées et
17:49 appellent la population à se protéger.
17:51 La collecte annuelle des banques alimentaires commence aujourd'hui et dure trois jours.
17:56 Vous pouvez donner dans tous les supermarchés de France.
17:59 L'an dernier, 18 millions de repas ont pu être distribués.
18:02 Toujours avec Luc Rémond, PDG d'EDF, à partir de 2035, la vente de voitures thermiques
18:17 neuves sera interdite en Europe.
18:19 Aurons-nous suffisamment d'électricité pour alimenter toutes les voitures de France ?
18:23 C'est tout l'objectif et ça suppose d'investir dans tous les moyens de production à la fois.
18:29 Parce que tout ne peut pas venir du renouvelable, tout ne peut pas venir du nucléaire.
18:32 L'électricité, ça a besoin de travailler comme un système qui fonctionne 24h par jour,
18:37 7 jours sur 7, toute l'année.
18:39 Et chacun des moyens de production électrique a des complémentarités, des différences.
18:43 Le renouvelable, c'est évidemment compétitif.
18:46 On doit en faire plus, mais c'est intermittent.
18:49 Ça reste une énergétique qui produit quand les éléments le décident.
18:52 Ça doit être complété par une capacité de production également décarbonée,
18:56 faite d'hydraulique, de nucléaire et de thermique décarbonée.
19:00 C'est l'ensemble de ces moyens de production qu'il nous faut amener à l'échelle pour 2035.
19:03 Vous vous diversifiez justement dans ce but.
19:05 Mais vous, l'industriel, quelle vision vous avez sur cet objectif de transition énergétique ?
19:11 Est-ce qu'il est réaliste le rapport Pisani-Ferry,
19:14 fixé à 65 milliards d'euros nécessaires chaque année pour remplir les objectifs ?
19:19 Vous pensez qu'on est prêt ?
19:20 Écoutez, moi ça fait 30 ans que je m'intéresse à ces questions de changement climatique
19:24 et de transition énergétique.
19:26 Et ça a été mon métier avant de rejoindre l'ODF également.
19:30 J'ai des convictions assez fortes en la matière.
19:33 Je sais que l'efficacité énergétique, par exemple,
19:35 c'est la façon la plus directe d'arriver à cette transition énergétique.
19:39 Et c'est économiquement parfaitement rationnel pour tout le monde.
19:44 Qu'on soit particuliers, entreprises, collectivités,
19:48 l'efficacité énergétique, c'est le premier moteur de la transition énergétique.
19:52 Au-delà de l'efficacité énergétique,
19:54 je crois que nous avons aujourd'hui les technologies, les savoir-faire
19:56 qui permettent de réaliser cette transition en étant économiquement durable.
20:02 Dans la mission d'ODF, dans la raison d'être d'ODF,
20:04 il y a évidemment le développement économique.
20:06 La performance des entreprises, c'est la première mission d'ODF.
20:09 Et donc ce chemin, moi je crois qu'il est vraiment faisable et qu'il est rationnel.
20:13 Et alors quand on pense transition énergétique, énergie renouvelable,
20:17 souvent on pense éolien et on pense moins souvent à la question de l'hydraulique,
20:21 alors que l'hydraulique, c'est la deuxième source de production électrique en France après le nucléaire
20:25 et c'est la première énergie renouvelable.
20:27 Quel est aujourd'hui l'état de notre parc qui, disons-le, n'est pas récent ?
20:32 Alors c'est la deuxième en taille, mais c'est la première dans l'histoire.
20:35 Et il ne faut jamais oublier que nous avons commencé l'électricité par l'hydroélectricité.
20:39 Nous avons commencé à électrifier le pays avant-guerre, comme on dit, par les barrages.
20:44 Et donc nous avons effectivement des barrages qui sont très bien entretenus,
20:47 sur lesquels nous continuons d'investir.
20:49 Et au fond, le principal défi de l'hydroélectricité aujourd'hui, c'est d'être capable de continuer d'investir
20:53 parce que nous avons de la puissance disponible, nous avons des capacités supplémentaires
20:57 qui sont un peu bloquées pour des raisons juridiques dans lesquelles je n'entrerai pas aujourd'hui.
21:00 Sur les questions de concession, d'ailleurs.
21:01 Et donc nous avons besoin de changer de monde d'une certaine manière
21:04 pour relancer la capacité d'investissement sur les barrages existants, en augmentant la capacité.
21:10 Et ça correspond aussi à une période dans laquelle de plus en plus de nos régions sont à juste titre inquiètes
21:17 des questions de gestion de la ressource en eau, de gestion durable de la ressource en eau.
21:21 Et donc nous avons la capacité, en relançant l'investissement dans l'hydraulique,
21:24 pas seulement chez EDF, mais dans l'ensemble du secteur,
21:26 d'avoir à la fois un bénéfice électrique, parce que c'est une électricité décarbonée et commandable,
21:32 donc celle que nous cherchons en premier,
21:35 et un bénéfice pour la gestion durable des ressources en eau.
21:37 - Mais est-ce qu'aujourd'hui, vous imaginez par exemple qu'il est possible de faire de nouveaux barrages ?
21:40 On a du mal à imaginer que politiquement, sociétalement, socialement,
21:44 on arriverait à dire "cette vallée, finalement, on va avoir besoin de la condamner pour faire un nouveau barrage".
21:49 - Ça supposera évidemment beaucoup de concertation à l'échelle locale.
21:54 Mais c'est possible, dans des proportions limitées, mais c'est possible.
21:59 Et je pense qu'à certains égards, d'un point de vue de gestion durable de notre futur,
22:03 à la fois hydraulique et électrique, je pense que c'est souhaitable.
22:06 - Vous avez des projets très concrets, étudiés, de nouveaux barrages en France ?
22:10 - Nous avons toujours des idées.
22:12 - A l'horizon 2050, la France prévoit de réduire d'au moins 40% sa consommation d'énergie.
22:17 Qu'est-ce que cela signifie concrètement ? Est-ce que ça vous semble réaliste ?
22:21 - Je pense que c'est réaliste.
22:23 Je vous disais que ça fait très longtemps que je me passionne pour ces sujets.
22:27 Et puis, j'ai eu l'occasion de travailler sur l'efficacité énergétique dans beaucoup de pays du monde.
22:31 Je sais par expérience que 10% d'efficacité énergétique, c'est à peu près ce que nous avons depuis le début de la crise énergétique.
22:38 On appelle ça sobriété ou efficacité énergétique.
22:41 C'est ce que l'on atteint pour toutes les catégories de consommateurs quand on commence à faire attention.
22:47 Quand on commence à travailler sur son efficacité énergétique, et c'est ce que j'ai pu observer dans beaucoup de pays,
22:52 30%, c'est quelque chose qui est accessible de façon rationnelle, en investissant un tout petit peu,
22:59 avec des retours sur investissement relativement courts quand on est une entreprise,
23:03 pour faire en sorte que la dépendance à l'énergie soit plus faible.
23:06 Et j'ai accompagné moi-même des entreprises industrielles dans des chemins qui allaient jusqu'à 75% de réduction.
23:12 Donc, c'est possible. C'est possible et ça ne se fait pas dans la douleur.
23:16 C'est un chemin dans lequel chacun s'approprie son énergie comme un élément important de la vie quotidienne
23:21 et prend des décisions rationnelles sur son énergie.
23:24 - Mais ce n'est pas évident parce que l'arrêt des dernières centrales à charbon, par exemple, prévue pour 2022, a été reporté à 2027.
23:29 Vous y croyez à ce nouvel objectif ?
23:32 - Une centrale à charbon, nous en avons une aujourd'hui chez EDF, elle sert à assurer ce qu'on appelle l'hyper-pointe.
23:39 Elle ne va pas travailler très très longtemps dans l'année.
23:42 Elle n'est là que pour assurer le moment où, une fois qu'on a saturé la production de la totalité du parc nucléaire, hydroélectrique, etc.
23:51 Si jamais la demande continue de monter, nous avons encore une réserve qui permet de produire de façon supplémentaire.
23:56 Ça ne veut pas dire que cette centrale au charbon va travailler toute l'année.
23:59 Elle va travailler quelques heures dans l'année.
24:01 Donc nous la gardons disponible pour répondre à ces problématiques d'hyper-pointe.
24:05 - Mais ça veut dire que, très concrètement, elle pourrait néanmoins fermer à 2027 ?
24:10 - Nous travaillerons avec... - Après 2027, vous pourriez ne plus en avoir besoin ?
24:12 - Nous travaillerons avec, évidemment, l'ensemble des parties prenantes pour garantir la disponibilité de ces moyens d'hyper-pointe, y compris au-delà de 2027.
24:20 - Un tout dernier mot, puisque vous avez été concerné en tant qu'opérateur par les conséquences de la tempête Kyrène, qui a touché une grande partie de la France.
24:28 Il y a notamment un agent d'Enidis qui est mort en intervention dans le Finistère Sud, à côté de Pontaven.
24:34 Cet épisode, il est terminé en termes de gestion ? Tous les foyers ont retrouvé de l'électricité ?
24:40 - Alors évidemment, je salue la mémoire de notre agent qui a perdu la vie dans cette mobilisation générale,
24:48 et avec tout mon témoignage de soutien à sa famille, ainsi que celui de tous les agents d'EDF.
24:53 Mais au-delà de cela, ce que je voudrais dire, c'est que cette tempête Kyrène, elle a été en réalité, en termes d'impact,
25:00 supérieure à la tempête de 99, aux deux tempêtes de 99, sur les régions Bretagne et Normandie.
25:06 - Avec parfois plus de 10 jours sans électricité ? - La quantité de dégâts a été absolument colossale.
25:11 Je veux vraiment saluer la performance des équipes d'Enidis, qui, grâce à une mobilisation avant la tempête,
25:16 et c'est là que les leçons de 99 ont été tirées, c'est qu'il y avait plus de 3000 personnes qui avaient déjà été acheminées sur place
25:22 avant que la tempête n'atteigne ces régions, pour faire en sorte que nous puissions être à pied d'œuvre dès que la tempête avait cessé.
25:29 Et donc en quelques jours seulement, nous avions raccordé 90% du million 2 de nos concitoyens qui avaient été déconnectés.
25:37 Malheureusement, le réseau a été tellement atteint qu'ensuite, je sais que pour un certain nombre de nos concitoyens, ça a pris longtemps.
25:41 - Ils ont le droit d'être, ils ont le droit des indemnisations, ceux-là ? - Par rapport à 99, on a mis trois semaines de moins.
25:47 Et oui, effectivement, ceux qui ont été coupés plus d'un certain nombre d'heures ont le droit des indemnisations de la part d'Enidis.
25:52 - Merci beaucoup Luc Rémond, président directeur général d'EDF.
25:55 Merci beaucoup d'avoir fait votre première intervention à la radio sur France Info ce matin.
25:59 Agathe Lambret, on se retrouve dans quelques instants pour les informer.
26:02 Il sera notamment question d'électricité, mais aussi évidemment de la trêve entre Israël et le Hamas. A tout de suite.