• il y a 9 mois
Le président du MoDem était l'invité du "8h30 franceinfo", jeudi 8 février 2024.

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Transcription
00:00 Bonjour François Bayrou.
00:01 Bonjour.
00:02 En plein remaniement, vous avez annoncé hier soir à nos confrères de l'AFP,
00:06 faute d'accords profonds sur la politique à suivre,
00:09 je n'entrerai pas au gouvernement.
00:11 Qu'est-ce qui s'est passé ?
00:13 Il s'est passé que depuis des jours et des jours,
00:16 comme vous l'avez vu, depuis que dans le procès injuste qui nous était fait,
00:21 nous avons obtenu une relax,
00:23 j'ai obtenu une relax et plusieurs des nôtres.
00:27 Le bruit, la rumeur avait couru que je pourrais entrer au gouvernement.
00:35 Et cette rumeur-là, elle s'accompagnait naturellement d'une orientation politique.
00:44 C'est ça, entrer au gouvernement.
00:46 Et cette orientation politique, elle m'entraînait,
00:52 elle exigeait de moi que je prenne un des secteurs que je considère le plus en crise du pays.
00:59 Lequel ?
01:00 Il y a deux secteurs que je considère dans une crise,
01:03 toute la France, tout le pays est dans une crise grave,
01:07 on n'est pas les seuls, tous les pays occidentaux,
01:09 tous les pays européens sont dans une crise de cet ordre.
01:13 Pour moi, il y a deux secteurs qui sont incroyablement significatifs
01:17 de cette perte de confiance que nous traversons.
01:21 Le premier de ces secteurs, c'est l'éducation nationale,
01:25 où vous voyez qu'année après année,
01:32 les enseignants, les parents d'élèves, les profs se désespèrent
01:36 et les résultats chiffrés montrent qu'il y a une perte de confiance,
01:41 qu'il y a un décrochage.
01:44 Et les enseignants, pour eux, vivent ça d'une manière un peu désabusée, désespérée.
01:52 Il y a les deux.
01:53 Et une ministre, Amélie Oudea Castera, qui est fragile en ce moment.
01:56 J'étais persuadé qu'on peut redresser l'éducation nationale,
02:00 en peu d'années, mais que ça demande un choix politique
02:05 qui est de faire ça avec les enseignants et les autres parties prenantes de l'école.
02:11 - Non, mais ce n'est pas le cas de la personne qui sera nommée ?
02:14 - Non, mais vous voyez bien, on est sur un fond, une musique de fond,
02:22 qui est au fond, les enseignants ne travaillent pas assez.
02:26 - C'est ce que vous a dit le président de la République ?
02:29 C'est ce que vous a dit Gabriel Attal ?
02:31 - Mais Gabriel Attal a fixé des orientations,
02:34 et je pense que ça méritait une clarification.
02:42 Pour moi, en tout cas, l'éducation nationale, ça ne peut pas se redresser
02:48 dans un climat uniquement gestionnaire, on va dire.
02:52 - Donc pour qu'on comprenne bien... - Premier secteur.
02:54 - Oui, juste, mais pour qu'on comprenne bien.
02:56 Vous, vous avez en quelque sorte candidaté pour le ministère de l'Éducation.
02:59 - Je n'ai pas candidaté.
03:00 - On vous a proposé le ministère ?
03:02 - On en parlait explicitement.
03:04 - Je n'ai pas candidaté, lundi soir, vos confrères m'ont posé la question,
03:07 et j'ai dit que pour un secteur du pays aussi important à mes yeux,
03:12 et dans une crise aussi grave, oui, j'étais disponible pour prendre ce risque.
03:17 - Mais le président vous l'a proposé, ce ministère ?
03:20 - Et donc, je ne rapporte jamais mes conversations avec le président.
03:24 - Mais est-ce que c'est une question de fond, d'orientation politique,
03:26 ou de nature du poste qui vous était proposée et qui vous aurait été refusée ?
03:29 - Non, pas du tout, c'est une question sur les deux sujets que je vais évoquer,
03:35 c'est une question d'engagement en face du pays.
03:41 Donc ça, c'est le premier sujet.
03:44 Il y a un deuxième sujet qui me préoccupe terriblement,
03:48 c'est la rupture en France constante, continuelle, progressive,
03:57 et de plus en plus grave, entre la base et les pouvoirs.
04:02 Les pouvoirs, j'embrasse tous les pouvoirs, y compris le pouvoir médiatique.
04:07 On a vu cette crise en fond des Gilets jaunes,
04:10 on vient de voir cette crise en fond des agriculteurs,
04:13 on voit cette crise dans de nombreux secteurs dans le domaine de la santé,
04:19 et puis on a un gouvernement sans doute composé de personnalités tout à fait compétentes,
04:29 ou on espère qu'elles le sont,
04:31 on voit un gouvernement qui comporte sur 14, 11 ministres parisiens ou franciliens,
04:39 et sur 15 membres du gouvernement, pas un seul du sud de la Loire.
04:46 Et vous vous rendez compte que tout ça crée un déséquilibre,
04:51 et où les gens, ceux qui vous écoutent, nous écoutent.
04:55 Il y a un déséquilibre géographique qui pouvait être comblé par ce remaniement.
05:02 On est là dans les ministres de plein exercice, après on a des ministres délégués ou des secrétaires d'État.
05:08 Donc ce qui vous intéressait c'était l'éducation nationale ou l'aménagement du territoire ?
05:12 L'aménagement du territoire, la réforme de l'État, la simplification du pays,
05:16 les gens assommés de questionnaires qu'ils ne savent même pas remplir.
05:21 Mais pardon François Bayron, on a du mal à faire le distinguo dans ce que vous nous dites.
05:25 Est-ce que c'était une question de poste ou une question de désaccord de fond ?
05:29 C'était une question d'identification dans le pays,
05:34 de ce qui mérite le plus de soins et le plus d'engagement.
05:39 Quand vous avez une crise qui est selon moi aussi profonde,
05:44 et dont je connais le résultat, et vous le connaissez aussi,
05:48 le résultat de cette crise et de cette incompréhension croissante
05:54 entre les milieux de pouvoir et la base des Français,
05:57 c'est la progression des extrêmes et singulièrement du Front National.
06:01 Mais alors ce constat que vous faites, il n'est pas partagé par Gabriel Attal et Emmanuel Macron ?
06:05 C'est ce que vous nous dites là ce matin ?
06:07 Je pense qu'ils le partagent ou qu'ils en partagent une partie,
06:11 mais vous voyez bien que les actes devraient suivre les paroles.
06:17 Et nous, Modem, qui avons participé à l'édification de la majorité,
06:22 qui en sommes un pôle reconnu…
06:26 On vous présente d'ailleurs comme un allié historique d'Emmanuel Macron.
06:30 L'allié historique, nous avons…
06:33 Le Modem, mouvement démocrate, c'est son inquiétude depuis le début.
06:38 Nous disons "attention, on ne peut pas laisser progresser comme ça",
06:44 ce qui est pour nous une menace et un risque.
06:48 Mais là, quand même, François Bayrou, vous parlez de désaccord profond politique.
06:52 Oui, j'ai parlé de la politique d'éducation, c'est la phrase sur la politique d'éducation.
06:56 Ça ne vaut pas sur l'ensemble de la politique de Gabriel Attal et du gouvernement ?
06:59 J'espère que non.
07:00 Parce que c'est important, on va avoir l'occasion de reparler…
07:03 J'espère que non, mais vous avez bien vu ce que vous avez analysé
07:10 comme un déséquilibre politique.
07:12 C'est-à-dire ? Allez-y.
07:14 C'est-à-dire avec le sentiment qu'il y a certaines sensibilités de la majorité
07:20 qui occupent l'espace…
07:23 Mais à quel moment le déséquilibre politique devient une crise politique ?
07:26 Vous avez 51 députés.
07:28 J'essaie de faire que quand il s'agit de dire stop, il y a une dérive.
07:38 Le moment est venu de remettre les choses à l'endroit,
07:44 de rappeler pourquoi nous sommes là.
07:47 Qu'est-ce qu'on a promis au pays en 2017 ?
07:52 On a promis, vous vous souvenez, qu'on allait « gouverner autrement ».
07:58 Hier soir, un de nos députés dans la réunion de groupe a dit
08:02 « Écoutez, moi je me suis engagé parce que je pensais qu'on pouvait gouverner autrement
08:06 et j'ai l'impression de plus en plus qu'on gouverne comme avant ».
08:10 C'est-à-dire que les choix se font dans des milieux…
08:13 Je vous repose la question, tout ça, il y a les ingrédients d'une crise politique.
08:16 C'est-à-dire du fait que le MoDem ne pourrait plus soutenir l'avenir du gouvernement.
08:20 Non, ce n'est pas ce que je dis.
08:24 Dans le redressement du pays, le MoDem et d'autres sont engagés en première ligne.
08:30 Mais ce que je vois, moi, c'est la multiplication des indices
08:36 selon lesquels la crise, on ne va pas l'équilibrer, on ne va pas l'arrêter,
08:44 mais on fait comme si elle n'existait pas.
08:47 Alors, elle existe. Et nous avons, alors là c'est spécifique à notre famille politique,
08:52 nous avons une vision du monde, de la société, un projet,
08:57 qui en effet sont assez ambitieux pour s'adresser à ce sujet-là,
09:05 que vous décrivez tous les jours, c'est votre métier.
09:08 Tous les jours vous envoyez, on l'a vu avec la crise agricole…
09:11 On va quand même essayer François Bayrou de comprendre ce que vous voulez vraiment.
09:14 Il faut qu'on marque une très courte pause, on va vous retrouver dans une minute, vous êtes avec nous jusqu'à 9h.
09:18 On laisse passer le Fil info puisqu'il est déjà 8h42, Sophie Echene.
09:22 Benjamin Netanyahou ordonne à l'armée israélienne de préparer l'assaut sur Rafah,
09:28 ville du sud de la bande de Gaza, où sont rassemblés plus d'un million de Palestiniens déplacés
09:32 depuis le début de la guerre contre le Hamas.
09:34 Le Premier ministre israélien assure que la victoire est une affaire de mois.
09:38 En France, une cyberattaque d'ampleur dans le domaine des complémentaires santé,
09:42 les données de plus de 33 millions de personnes ont été volées.
09:45 Des dates de naissance, état civil, numéro de sécurité sociale,
09:48 mais pas d'informations bancaires ni médicales selon la CNIL, le gendarme du numérique,
09:53 qui annonce avoir ouvert une enquête.
09:55 Nouvelle séance de négociations aujourd'hui entre les syndicats de médecins libéraux
09:59 et l'assurance maladie sur les tarifs des consultations,
10:01 avec l'objectif de trouver un accord sur les 5 ans à venir.
10:04 Les médecins réclament une hausse de plusieurs euros.
10:07 En Islande, une nouvelle éruption volcanique a démarré ce matin sur la péninsule Reykjanes.
10:11 C'est la deuxième fois cette année dans la même zone.
10:14 En janvier, lors de la dernière éruption, des coulées de lave s'étaient approchées de la ville de Grindavik.
10:18 Près de 4000 habitants avaient dû évacuer par précaution.
10:21 François Bayrou, vous avez dit hier soir "je n'entrerai pas au gouvernement"
10:35 sur la base de désaccords profonds politiques.
10:38 Vous nous avez dit...
10:41 Sur l'éducation.
10:43 Au fond, quel est votre problème ?
10:45 On essaie de comprendre ce matin pourquoi cette crise politique existe aujourd'hui au plus haut sommet de l'État.
10:50 Quel est votre problème ? Est-ce que vous considérez que le gouvernement penche trop à droite
10:53 et qu'Emmanuel Macron ne vous écoute plus aujourd'hui ?
10:55 Je n'aime pas la perpétuelle étiquette droite-gauche.
11:00 Si nous avons bâti ce grand socle central de la majorité,
11:05 c'est pour échapper à l'étiquetage.
11:08 A cet étiquetage-là.
11:09 Bon, alors c'est quoi votre problème ?
11:11 Plus on avance dans le temps,
11:15 et moins on a l'impression que la rupture avec la société,
11:21 avec les gens qui travaillent, avec ceux qui sont à la retraite,
11:24 avec ceux qui cherchent du travail,
11:26 ou ceux qui n'y sont pas encore,
11:28 plus on a l'impression que cette rupture s'aggrave.
11:31 Et cette rupture, elle doit être, pour la combattre,
11:35 il faut avoir une vision qui embrasse tout le pays
11:42 et pas seulement le monde des pouvoirs dans lequel nous sommes.
11:47 Je suis persuadé qu'on ne peut pas résoudre les problèmes de l'éducation nationale,
11:51 puisque c'est d'eux qu'on parlait,
11:53 sans le faire avec ceux qui sont les acteurs de terrain,
11:56 et en annonçant des choses très difficiles à mettre en place
12:00 et tous ceux qui ont des enfants à l'école.
12:03 Donc vous avez refusé le ministère de l'éducation nationale,
12:05 et c'est donc Nicole Belloubet qui prendrait le poste à la place d'Amélie Oudéa Castera ?
12:09 C'est ce qu'on dit, mais...
12:12 Et c'est pas la seule question,
12:16 cette question que j'évoquais de...
12:20 Comment on échappe à la bureaucratisation complète,
12:25 à la paperasse de tout instant ?
12:28 Comment on fait pour que les gens se sentent plus libres et plus épanouis ?
12:32 Où qu'ils soient !
12:34 Qu'ils soient à Toulon, qu'ils soient à Toulouse...
12:37 Mais par exemple, le gouvernement, depuis quelques années, ne dit pas le contraire.
12:41 Qu'est-ce qui fait qu'il y a 48 heures, vous étiez prêt à entrer, et que là, vous n'êtes plus prêt ?
12:46 J'étais prêt à entrer parce que j'étais persuadé
12:49 qu'on pouvait changer de méthode à l'éducation nationale,
12:53 pas la méthode récente des 5 ou 4 derniers mois de Gabriel Attal,
12:58 mais la méthode qui, depuis 20 ans ou 25 ans,
13:03 fait que le monde de l'éducation est désespéré,
13:07 et que les résultats sont désespérants.
13:10 Que nous en arrivons à être le pays le plus en retard
13:14 de tous les pays semblables dans le monde développé.
13:18 J'étais ministre de l'éducation, comme vous le savez, il y a longtemps.
13:24 Quand j'ai quitté le ministère de l'éducation,
13:26 le niveau des élèves de 6e était le niveau des élèves de 4e aujourd'hui.
13:31 Mais ça, Gabriel Attal, qui était ministre de l'éducation il y a 5 mois,
13:35 dit exactement la même chose, et avait présenté un plan
13:38 avec lequel, manifestement, vous deviez vous sentir en consonance,
13:40 puisqu'il y a deux jours, vous étiez prêt à entrer.
13:42 Oui, je n'étais pas là pour appliquer des plans...
13:48 D'un ministre d'éducation qui est devenu Premier ministre, quand même,
13:51 et qui aurait été votre Premier ministre.
13:53 Oui, et j'ai les meilleures relations du monde avec les gens avec qui je travaille.
13:58 Gabriel Attal, hier, vous l'avez eu au téléphone.
14:00 Oui, bien sûr.
14:01 Ça s'est bien passé ?
14:03 Tout à fait courtoisement, amicalement.
14:06 Mais est-ce que ça correspondait à ce que j'attends ?
14:08 Vous dites quand même qu'il vous a même proposé le ministère des armées.
14:11 C'est la vérité.
14:13 Je disais, cette grande crise-là, avec les deux secteurs, au moins deux,
14:17 il y en a beaucoup plus, au moins deux secteurs,
14:20 qui sont pour moi les abcès de fixation de la crise qu'on vit.
14:26 Il y en a d'autres, la santé est un abcès de fixation.
14:29 Je ne sais pas qui va être ministre de la santé.
14:31 Tout ça, c'est étrange.
14:33 Non, mais on se convainc.
14:35 Attends, non, non, non, non.
14:37 Je réponds à la question précise de Jérôme Chapuis.
14:41 Et on me dit, on vous propose de prendre le ministère des armées.
14:46 C'est le seul secteur, à mes yeux,
14:49 c'est le seul secteur qui va à peu près bien,
14:52 en tout cas qui relève les défis dans lesquels nous sommes.
14:55 C'est le résultat de la politique suivie depuis cinq ans.
14:59 Et je n'allais pas me donner le ridicule
15:02 d'aller marcher sur les plates-bandes d'autres ministres
15:05 ou d'autres personnalités dans le secteur
15:09 qui, je considère, est à peu près le seul exemple
15:13 de remise à niveau et de remise en vocation de notre pays.
15:18 C'est un détail, mais en faisant état de cette conversation
15:21 entre le Premier ministre et vous,
15:23 vous mettez par ailleurs un peu le bazar
15:25 dans l'équipe gouvernementale actuelle.
15:27 Non, vous savez, les ministres, ils savent très bien
15:29 que leurs portefeuilles sont volatiles.
15:33 C'est pas un problème qui peut arriver
15:35 qu'on vous demande d'en changer.
15:37 – Mais vous avez utilisé un mot fort hier devant votre groupe,
15:40 vous avez parlé d'une démarche d'humiliation.
15:42 Vous vous êtes senti humilié hier ?
15:44 – Ça a été rapporté par un certain nombre d'entre eux.
15:46 – Ça a été rapporté, mais je ne suis pas sûr que ces mots étaient les miens.
15:49 Mais une majorité, c'est la prise en compte
15:55 de plusieurs sensibilités et de plusieurs courants.
15:58 C'est comme ça qu'on a gagné en 2017 et qu'on a gagné en 2022.
16:02 Ça n'est pas certains qui décident et d'autres qui sont marginalisés.
16:07 – Vous vous sentez marginalisé ?
16:09 – Non, c'est pas de moi, comprenez-moi, c'est sympa,
16:13 mais c'est pas de moi qu'il s'agit.
16:15 Je ne suis pas là, je ne fais pas carrière, je ne candidate pas,
16:19 je ne suis candidat qu'à une seule chose,
16:21 c'est un lien avec le pays dans ses profondeurs
16:26 pour identifier ce qui va mal et le résoudre.
16:29 – Mais quand même, François Bayrou,
16:31 parmi ceux qui nous écoutent ce matin et même dans la sphère politique,
16:34 certains peuvent se dire qu'il est en train de faire un caca nerveux,
16:36 il n'a pas eu ce qu'il veut et donc du coup…
16:38 – Je ne suis pas sûr que cette expression soit à la hauteur…
16:43 – Vous faites un caprice, si vous voulez.
16:45 – Oui, je sais bien qu'on peut toujours caricaturer les choses.
16:50 Je pourrais caricaturer les médias, je ne le fais pas.
16:53 – Non mais je parle de votre image politique.
16:55 – Non mais là, on ne parle pas seulement de votre image,
16:57 on parle aussi de la question de l'image de la politique.
16:59 – Excusez-moi, si vous trouvez que ça va bien depuis des années
17:03 et que la situation d'aujourd'hui, elle est encourageante
17:06 et qu'on voit bien, si vous trouvez que les extrêmes reculent,
17:10 moi je trouve qu'ils progressent
17:12 et que c'est le symptôme des difficultés que nous rencontrons.
17:15 – Mais pardon, mais ce que vous nous dites là ce matin,
17:17 j'imagine que vous l'avez dit à Emmanuel Macron depuis plusieurs semaines,
17:20 depuis plusieurs mois, depuis plusieurs années.
17:22 – Depuis plusieurs années.
17:23 – Et alors là, vous en êtes arrivé à un point de rupture, ça y est, c'est terminé ?
17:26 – C'est un point de rupture, j'essaie de recentrer,
17:31 de réorienter la politique suivie, pas la politique suivie dans les mesures,
17:36 mais la politique suivie dans la manière dont on s'adresse au pays.
17:40 Que les Français, alors Gabriel Attal de ce point de vue,
17:46 il apporte quelque chose, il a son jeune âge et c'est une figure nouvelle,
17:52 mais le profond de la composition de ce que nous sommes en train de faire,
17:57 ça signifie que les Français, ils sont loin de tout ça.
18:05 Et moi je voudrais qu'ils soient près de tout ça.
18:08 – François Bayrou, pourquoi ?
18:09 – Je pense que nous sommes, je sais bien que c'est difficile à entendre,
18:13 je pense que nous sommes à un point de grave inquiétude,
18:18 pour ne pas dire de non-retour.
18:20 Je pense que la situation se dégrade continuellement,
18:25 vous voyez la situation du commerce extérieur par exemple.
18:29 – Non mais pardon, François Bayrou, on connaît l'état du pays,
18:32 le président aussi, le Premier ministre aussi,
18:34 là ce dont il est question ce matin, c'est votre situation politique à vous,
18:39 celle du modèle aussi, est-ce que le modèle est toujours allié
18:43 d'Emmanuel Macron, de Renaissance, de la majorité ?
18:46 Ce que vous faites ce matin, vous comprenez que ça a une portée politique ?
18:49 – Ça a une portée politique, heureusement, sans ça probablement je ne le ferais pas.
18:52 – Mais alors qu'est-ce que vous voulez au fond ?
18:54 – Si je pensais que tout va bien et qu'il n'y a plus qu'à laisser filer,
18:58 moi je suis tout à fait heureux dans ma vie.
19:01 Le modèle a une responsabilité, comme la majorité,
19:05 il est membre de la majorité pour reconstruire le pays.
19:08 – Ça ne changera pas ça.
19:09 – Il est membre de la majorité pour corriger ou pour soigner
19:13 les extrêmes difficultés que nous rencontrons.
19:17 Ces extrêmes difficultés-là, les orientations prises doivent les prendre en compte.
19:24 – Mais vous voyez bien que ce n'est pas le cas, vous le dites vous-même.
19:27 Alors dans ces cas-là, il faut en tirer des conclusions.
19:29 – L'équilibre géographique, l'équilibre politique, l'équilibre d'inspiration,
19:33 tout cela doit être pris en compte.
19:35 – Mais vous voyez bien que ce n'est pas le cas, ils vous l'ont dit hier,
19:37 par rapport à l'éducation nationale, par rapport à l'aménagement du territoire,
19:41 quand vous savez ça, il faut en tirer des conclusions.
19:44 – Je pense que vous écoutez la phrase que vous avez dite.
19:47 La phrase que vous avez dite, c'est "ils vous ont dit hier que ça n'était pas le cas".
19:51 C'est ça que vous dites.
19:52 – C'est ce qu'on a compris en tout cas, de ce que vous dites depuis tout à l'heure.
19:55 C'est comme ça qu'on interprète ce que vous nous dites depuis 20 minutes.
19:57 – Je sais exactement vos propres thèses.
19:58 – C'est ce qui fait que vous n'entrez pas au gouvernement, oui.
19:59 – Et donc, pour moi, il faut corriger les choses,
20:03 de manière que ceux qui ont le souci de l'unité du pays,
20:08 de l'homogénéité du pays et de la prise en compte ou de la base dans les réformes,
20:13 ils soient entendus dans les équilibres à construire.
20:19 – François Bayrou, je vous coupe, on laisse passer le Fil info,
20:21 on vous retrouve juste après 8h53.
20:22 Sophie Echelle.
20:23 [Générique]
20:24 – On attend toujours la composition de la suite du gouvernement.
20:27 En tout cas, François Bayrou n'y entrera pas, c'est lui-même qui l'a annoncé hier soir.
20:31 "Je n'ai pas candidaté", affirme-t-il sur France Info,
20:33 alors que des rumeurs circulaient ces derniers jours
20:35 quant à son arrivée au ministère de l'Éducation nationale,
20:37 l'un des deux secteurs significatifs de la crise actuelle.
20:40 Selon François Bayrou, "j'étais disponible pour prendre ce risque", précise-t-il.
20:44 Un homme de 26 ans tué par balle par la policière, soir en Seine-Saint-Denis,
20:48 les forces de l'ordre sont intervenues après l'alerte d'un téléphone grave danger,
20:52 dispositif censé protéger des féminicides.
20:54 L'homme, déjà connu pour violence conjugale,
20:57 était en train d'aller chez son ancienne conjointe munie d'une arme.
21:00 Il a tiré sur la police qui a riposté.
21:02 Le mois de janvier a été le plus chaud jamais enregistré dans le monde
21:06 et pour la première fois de l'histoire,
21:08 la planète a connu un réchauffement de plus d'un degré et demi sur une période de 12 mois.
21:12 C'était le seuil à ne pas dépasser, selon l'accord de Paris sur le climat.
21:16 Et puis la Côte d'Ivoire, en finale de la Cannes,
21:18 la Coupe d'Afrique des Nations de Football,
21:20 le pays hôte recevra le Nigeria dimanche.
21:23 Toujours avec François Bayrou, le président du MoDem,
21:34 vous disiez juste avant le Fil info que ceux qui pensent comme vous
21:37 doivent avoir une place importante au gouvernement, concrètement.
21:39 Vous voulez combien de ministres dans le prochain gouvernement ?
21:42 Je ne fais pas de marchandage et je ne suis pas là comme au marché aux bestiaux.
21:48 Non, je pense qu'il faut une place reconnue.
21:51 Mais ce qui compte le plus, c'est qu'ils se sentent que ces courants politiques,
21:57 nous ne sommes pas les seuls dans la majorité.
21:59 Il y a bien d'autres sensibilités qui voudraient qu'on trouve un meilleur équilibre.
22:06 Mais parlez franchement, François Bayrou. En fait, concrètement, c'est quoi ?
22:09 C'est que vous êtes dit que lors du dernier remaniement, il y a eu trop de débauchage à droite,
22:14 et donc là, il faut rééquilibrer ?
22:16 Je sais bien que c'est l'habitude de mettre des étiquettes de cet ordre-là.
22:22 Ce n'est pas ce que je ressens.
22:24 Je ressens que le pays a besoin de plus de compréhension politique
22:30 de ce qui se passe à la base et de moins de technocratie gestionnaire.
22:34 Ça va ? C'est clair ?
22:36 Mais ça augure assez mal de votre soutien prochain au gouvernement
22:40 qui va être complété dans les heures qui viennent.
22:42 Mon soutien ne se marchande pas à condition que soit entendue
22:47 l'inquiétude que un très grand nombre de Français ressentent
22:53 qui se traduit dans tous les sondages et qui se traduit dans des intentions de vote
22:58 qui sont, pour moi, pas normales.
23:02 Soyons très concrets, oui, vous êtes encore dans la majorité.
23:06 Oui, nous sommes membres à part entière de la majorité qui veut reconstruire le pays.
23:11 Oui, vous voterez les textes du prochain gouvernement dirigés par Gabriel Attal.
23:15 J'ignore quels sont ces textes et je ne prends pas ce type d'engagement général avant de les lire.
23:21 Oui, vous soutiendrez la prochaine ministre ou le prochain ministre de l'éducation,
23:25 que ce soit Nicole Belloubet ou quelqu'un d'autre.
23:27 Oui, s'ils font des choses bien.
23:29 Si on prend en compte l'incroyable capacité d'inventivité, de créativité,
23:42 de pédagogie qu'il y a dans le pays, si on le prend en compte, la base,
23:48 ceux qui sont dans les classes, le ministère de l'éducation nationale,
23:53 ça ne se joue pas dans des enceintes ministérielles seulement, ça se joue dans les classes.
23:58 Est-ce que les classes aujourd'hui sont prises en compte ?
24:00 Est-ce que les enseignants ont le sentiment que ce qu'on leur demande
24:05 va résoudre les problèmes qu'ils rencontrent ?
24:09 Mais...
24:10 C'est exactement...
24:11 Vous avez dit, François Bayrou, hier, je ne rentrerai pas dans le gouvernement
24:15 si Emmanuel Macron vous écoute ce matin, si Gabriel Attal vous écoute ce matin,
24:20 d'ailleurs on n'en doute pas, s'il change d'avis,
24:23 et vous dites "en fait on est d'accord avec ce que tu dis François, rejoins-nous, vous y allez".
24:27 Ou alors c'est totalement à la porte fermée ?
24:31 Vous comprenez bien que ce n'est pas le chemin que ça prend.
24:37 Cette fois vous écartez, puisque il y a deux jours vous disiez "je n'écarte jamais rien",
24:41 cette fois ça vous l'écartez.
24:42 La décision que j'ai prise, elle veut dire évidemment que le rôle que j'ai en politique,
24:48 je ne le jouerai pas à l'intérieur du gouvernement.
24:51 Est-ce qu'elle veut dire autre chose au-delà, pour 2027 aussi ?
24:54 Oui, je pense que l'enjeu de 2027, c'est précisément qu'on arrive à réconcilier
25:03 la France qui se bat en bas avec la France qui décide en haut.
25:10 Je pense que c'est très important, que c'est une crise qui vient de loin, de décennies.
25:19 Et cette crise-là, il faut que 2027 et les années qui précèdent
25:25 servent à montrer un chemin pour en sortir.
25:28 Et ces chemins, c'est vous qui allez le montrer en 2027 ?
25:31 Je n'ai jamais renoncé à aucun des devoirs qui sont les miens,
25:36 aucune des responsabilités qui sont les miennes.
25:38 Je suis un élu de la province la plus lointaine de France.
25:43 Je sais ce que vivent tous ceux qui observent, venant d'en haut,
25:50 des directives qui sont souvent en contradiction avec ce qui se passe sur le terrain
25:56 et les blocages qui viennent de là.
25:59 Vous êtes à deux doigts de dire qu'Emmanuel Macron est totalement déconnecté ?
26:02 Non, j'ai assez d'estime pour le président de la République.
26:08 Il a dit que le mouvement que nous sommes en train de vivre, c'est assez largement des dérives.
26:17 Corrigeons-les. Corrigeons-les avec la majorité.
26:21 Corrigeons-les avec le futur gouvernement.
26:23 Mais corrigeons-les et prenons-les en compte.
26:26 Ne jouons pas la surdité, ne jouons pas le bandeau sur les yeux
26:32 en considérant qu'il suffit de continuer comme on a fait jusqu'à maintenant.
26:36 En tout cas, on a entendu François Bayrou qu'en ce 8 février 2024,
26:39 vous preniez date très clairement pour l'élection présidentielle de 2027.
26:43 Ce n'est pas moi qui prends date pour l'élection présidentielle.
26:46 C'est le pays. Je ne sais pas si vous voyez.
26:51 Ouvrez les yeux sur ce que nous sommes en train de vivre.
26:56 Ça va finir où ce truc ?
26:59 Ce truc, vous parlez du quinquennat d'Emmanuel Macron ?
27:02 Non, je parle de la politique française telle qu'elle est conduite depuis de longues années.
27:07 Que vous soutenez depuis 7 ans.
27:09 Oui, que je soutiens, que j'ai contribué à mettre en place.
27:12 Parce qu'avant, il y avait d'une certaine manière un échec qui est constaté aujourd'hui par tout le monde.
27:19 Oui, mais je ne laisserai pas dériver les choses sans rien dire.
27:23 Juste d'un mot, et ce sera oui/non, François Bayrou, parce qu'on est contraints par le temps.
27:27 Vous regrettez votre soutien à Emmanuel Macron depuis 2017 ?
27:30 Jamais. Jamais parce que, imaginez ce que nous aurions rencontré si Emmanuel Macron n'avait pas été élu.
27:38 Et s'il ne s'était pas créé ce nouveau paysage que nous vivons.
27:41 Mais je dis, je ne laisserai pas faire un certain nombre de dérives qui sont fondées sur l'ignorance par les responsables du sommet de ce que vivent les Français à la base.
27:53 Merci beaucoup François Bayrou, président du Bodem, d'avoir été l'invité de France Info ce matin.

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