• l’année dernière
Transcription
00:00 Bonjour, puisque je suis la première à avoir le micro, ravie de vous voir.
00:05 Donc on va vous présenter la rentrée d'hiver de Robert Laffont, les livres, la littérature
00:12 française avec Alice Dandigny et le titre de littérature étrangère qui est avec Cathèle
00:18 Le Fur.
00:19 Donc on a six livres en tout, dont un qui est totalement mystérieux et sous X, on ne
00:24 pourra vous dire vraiment qu'un mot, et cinq autres.
00:27 Vous allez voir, il y a des choses différentes.
00:29 Il y a un premier roman, il y a des...
00:32 Notre autrice étrangère, c'est la première fois qu'elle est publiée en France.
00:35 Il y a des auteurs confirmés, voire extrêmement confirmés, du roman, du récit.
00:41 Voilà, j'espère que chacun y trouvera de quoi se nourrir.
00:46 Oui, bonjour à tous et à toutes.
00:50 Bonjour aux personnes en ligne aussi, puisque c'est important de vous savoir présents.
00:56 Alors je vais commencer par un très confirmé, c'est ça ? Je ne sais pas, Dominique, quelles
01:02 slides sont...
01:03 Voilà, alors le tout premier roman.
01:11 D'abord, ce n'est pas un roman.
01:14 Donc Jean-Marie Leclézio, que je ne présente plus, a écrit un texte qui n'est pas un roman,
01:23 mais qui est un récit très personnel.
01:25 Il lui est arrivé à l'occasion, dans des entretiens, de parler un peu de sa vie, mais
01:32 jamais il ne l'avait effectué par écrit et en menant jusqu'au bout la réflexion.
01:37 C'est l'objet de ce livre qui est relativement court, qui s'appelle "Identité nomade", où,
01:46 pour la première fois, il explique un peu le cheminement qui a été le sien et qui
01:51 l'a conduit non seulement à écrire, mais aussi, je vais dire, à continuer d'écrire.
01:56 Parce que son premier livre, il l'a écrit quand il avait dix ans.
02:01 Alors que Leclézio est né en 40 à Nice.
02:09 Son père avait un passeport anglais, était médecin, et il a été expédié en Afrique,
02:16 au Nigeria.
02:17 Et pendant toute la guerre, Jean-Marie Leclézio et son frère ont grandi avec leur mère,
02:23 sans voir leur père du tout, parce que malheureusement, ils étaient coincés de l'autre côté.
02:28 Et après la guerre, ils sont allés au Nigeria.
02:31 Et cet espèce de grand voyage, qui était le premier voyage, qui l'a beaucoup impressionné,
02:40 sur le paquebot, il a écrit son premier roman.
02:41 Et ça, il le raconte dans le texte.
02:46 Et ils ont eu une première enfance niceoise, puis une seconde enfance africaine.
02:54 Vous avez peut-être en tête "L'Africain", qui est ce livre qui parle de son père.
03:00 Mais en réalité, je trouve que "L'Africain", c'est autant lui que son père.
03:03 Et puis, quand ils sont rentrés ensuite en France, il a continué.
03:09 Il a commencé d'être publié relativement jeune.
03:12 Il explique un peu d'ailleurs comment il s'était positionné jeune pour son premier roman.
03:17 Et puis, il a poursuivi.
03:19 Le titre de ce livre, "Identité nomade", c'est une phrase de son texte.
03:26 Il dit "Finalement, moi j'ai l'impression d'avoir une identité nomade".
03:30 Identité nomade, c'est parce que son père, je vous disais, avait un passeport anglais.
03:35 Mais ses parents, son père et sa mère, figurez-vous, étaient cousins germains nés à l'île Maurice.
03:45 Ce n'est pas souvent que des cousins germains arrivent à donner naissance à un fils aussi brillant, intelligent, beau, bref, qui a tous les talents.
03:53 Et l'île Maurice était sous domination anglaise.
03:57 C'est la raison pour laquelle son père avait ce passeport anglais.
04:01 Et Jean-Marie Leclézio, à sa majorité, d'ailleurs il le raconte avec humour,
04:07 il a hésité entre l'identité française et l'identité anglaise.
04:11 Et puis là-dessus, il a rencontré une femme qui s'appelle Jemia, qui est toujours son épouse,
04:17 et qui elle, est marocaine, d'une tribu sahraoui, c'est les Marocains du Sud.
04:23 Et ils sont retournés entre autres au Sahara, au Maroc, etc.
04:31 Ils ont vécu aussi au Mexique, ils ont beaucoup vécu en Chine et en Corée, puisqu'ils y enseignent.
04:39 Et à cette heure-ci, ils viennent de passer de la Corée du Sud à la Chine.
04:43 Donc tout ça fait sens. Quand je vous dis identité nomade, je ne peux pas vous dire mieux.
04:49 Et ça fait sens pas uniquement dans le voyage chronologique, ça fait sens aussi par rapport à son oeuvre.
04:56 Donc peut-être que vous avez déjà lu un ou deux livres de Leclézio,
05:00 étant donné qu'il en a publié 60, je ne vous demanderai pas d'avoir tout lu.
05:04 Mais en fait, progressivement, il y a comme une constellation qui fait sens,
05:08 et vous verrez que dans ce texte, il explique magnifiquement comment tout cela est relié.
05:16 Et si on disait "la littérature, est-ce que ça sert à quelque chose ?
05:21 Finalement, ça n'a jamais empêché les guerres, ça n'a jamais empêché l'injustice",
05:24 c'est ce qu'il formule d'ailleurs lui-même, il dit "mes armes à moi, ça a toujours été la littérature".
05:31 Donc j'évoque dans mes textes, le dernier, vous l'avez sûrement en tête, c'est AVER.
05:39 AVER, c'était un recueil de nouvelles qu'il a publiées en janvier 1923,
05:46 donc il y a tout juste un an, et qui réunissait des nouvelles qu'il avait écrites à différentes époques de sa vie,
05:54 avec un fort éclairage d'ailleurs sur Maurice.
05:58 Mais voilà, vous verrez que dans ce petit texte, je dis petit parce qu'il n'est pas très long,
06:04 mais c'est comme une espèce de boîte noire qu'il ouvre, et il vous dit un peu le sens profond de ce qui le motive lui à continuer d'écrire.
06:19 Le deuxième texte que je voulais évoquer avec vous, c'est Grégor Péan, alors on part encore ailleurs.
06:31 Grégor Péan est l'auteur d'un livre, d'un roman qui s'appelait "La seconde vie d'Eva Braun"
06:39 chez Robert Laffont, il y a tout juste deux ans, et il revient avec un roman qui fait 200 pages,
06:47 qui est très facile à lire et qui est très amusant, qui s'appelle "Le ciel t'attend".
06:53 "Le ciel t'attend", c'est l'histoire de Yuri Gagarin.
06:57 Vous savez, c'est ce cosmonaute qui est le premier à voyager dans l'espace en 1961,
07:03 donc expédié par les soviétiques, avant que les américains aillent sur la Lune en 1969.
07:12 Mais derrière cet espèce d'événement historique gravé dans le marbre,
07:16 constitutif du XXe siècle, qu'est-ce qu'il y a ?
07:19 Il y a effectivement un homme et il y a toute une équipe des hommes et des femmes.
07:25 Et Yuri Gagarin ne s'est pas constitué tout seul, bien sûr.
07:30 Pourquoi il a été choisi par les soviétiques, lui plutôt qu'un autre ?
07:37 Imaginez-vous l'ambiance très âpre.
07:40 Et Grégoire Péan, "Imagine" raconte la dimension humaine d'un événement historique.
07:50 Vous vous retrouvez embarqué avec le jeune Yuri Gagarin,
07:55 et comme s'il y avait deux comètes qui allaient se croiser,
08:00 lui-même a croisé une certaine marina, qui est parfaitement russe ou soviétique,
08:06 mais qui a été espionne aux États-Unis à un moment de sa vie.
08:10 Je ne sais pas si vous aviez vu cette série américaine qui s'appelait "The Americans",
08:14 qui imaginait un couple de soviétiques aux États-Unis
08:18 et qui commencent à espionner, qui a l'air d'être des hommes avec des vies tout à fait banales,
08:25 qui en réalité sont des espions très efficaces.
08:29 Bon, elle, Marina, on dirait qu'elle sort de "The Americans".
08:33 Et parmi ses occupations, elle a observé comment les Américains mettaient en place
08:40 un truc qui aujourd'hui est extrêmement banal dans nos industries, qui est l'audit.
08:46 Et l'audit est né dans les années 50-60.
08:50 La technique de l'audit, elle l'a vue en entreprise,
08:53 et elle a commencé à rapporter ça dans l'Empire soviétique.
08:57 On est au moment où Khrushchev va prendre la succession de Staline
09:01 et où il faut justement faire du nettoyage.
09:04 Et donc elle arrive avec cette méthode en disant "oui, c'est objectif", etc.
09:09 Et du coup, progressivement, elle aide Khrushchev à s'installer, à faire le ménage,
09:15 et il faut évidemment un projet d'avenir pour tirer tout le monde.
09:19 Le projet d'avenir, ce sera Yuri Gagarin.
09:22 Je ne vous dis pas la fin parce que c'est très facile à lire,
09:27 et puis il y a un vrai suspense.
09:29 Je veux dire, on arrive à trouver un suspense alors même qu'on sait
09:31 que Gagarin a vraiment volé dans l'espace.
09:33 Vous verrez lequel.
09:35 Et "le ciel t'attend", pardon.
09:37 "Le ciel t'attend", c'est une phrase, c'est un slogan que Gagarin avait
09:41 quand il était pilote, où on dit "camarades, le ciel t'attend".
09:45 Voilà.
09:46 Je voulais juste ajouter que tout n'était pas vrai là-dedans.
09:51 Ça mêlait habilement l'histoire et la fiction, ça devient très romanesque,
09:55 très enlevé, mais voilà, c'est pas du tout...
09:58 Ça se présente tout à fait comme un roman.
10:00 C'était d'ailleurs la même chose dans "La seconde vie" d'Eva Brown
10:04 où on confondait quand même complètement réalité et fiction.
10:08 Et juste pour info, ça sera les 90 ans de l'anniversaire de la naissance
10:11 du Huru Gagarin en mars prochain.
10:13 On verra.
10:14 Ça aidera en presse.
10:18 Enfin, je voudrais vous partager un coup de cœur personnel.
10:23 Il s'agit de Anne Boekel avec un roman qui s'appelle "L'enfant de la rage".
10:28 Anne Boekel, vous connaissez ou pas son nom, parce qu'elle a déjà signé
10:33 plusieurs livres en écrivant notamment avec son mari Étienne Kern,
10:38 qui a depuis reçu le Goncourt du premier roman.
10:42 Elle avait écrit des essais littéraires et la malheureuse,
10:47 elle a publié un roman au Seuil en plein confinement.
10:51 Je préfère le dire franchement, elle n'a pas un très bon dernier GFK.
10:56 C'est toujours le coup prêt fatal.
10:58 Néanmoins, je la trouve très, très brillante.
11:01 Elle est professeure de littérature à Lyon et elle a imaginé une histoire
11:09 très contemporaine qui est celle d'un adolescent dans une petite ville anonyme
11:17 qu'on pourrait situer dans le sud-ouest de la France, un peu viaduc de Mio,
11:23 même si c'est fictif.
11:26 Et cet adolescent, un peu par provocation, un peu pour emmerder Titi et son père,
11:32 emmerder ses parents, s'est embarqué dans une ZAD pas très, très loin de chez eux.
11:37 Il y va beaucoup en sortant du collège et du lycée, etc.
11:41 Et c'est devenu un peu sa nouvelle vie.
11:43 Or, il y a un soir une descente de CRS qui provoque une bataille rangée
11:54 entre les zadistes d'un côté et les CRS de l'autre.
11:57 Et le malheureux Johan se prend une pierre dans la tête, tombe dans le coma.
12:03 Va-t-il ou pas s'en sortir ? Et si oui, comment ?
12:07 Et les semaines passent et il ne se réveille pas, il ne bouge pas.
12:12 C'est le corps de ce tout jeune enfant.
12:14 Et donc on suit la mère et le père qui réagissent très différemment.
12:20 Je vous assure, le personnage de la mère m'a absolument bouleversée.
12:23 Le lien maternel envers ce tout jeune corps qui semble dormir est très, très émouvant.
12:31 Parce que d'un coup, elle se dit qu'elle ne connaissait pas son fils,
12:34 pourtant qui vivait avec eux dans la même maison, etc.
12:38 Et elle décide d'aller rencontrer les militants sur la ZAD.
12:42 Il y a des personnages géniaux, magnifiquement faits, notamment une militante.
12:50 Ils sont tous évidemment sous pseudo.
12:52 Il y en a une qui s'appelle Louise Michel.
12:55 Vous verrez, il y a plusieurs personnages.
12:57 Et elle comprend progressivement dans quel monde son fils se sentait compris, heureux, accompagné.
13:04 Il y a quelque chose d'un peu hugolien dans la bataille entre les bâtons de bois versus les kalachnikovs,
13:13 qui est quand même très, très bien construit.
13:16 Anne Bockel a fait énormément de recherches.
13:19 Elle pourrait vous en parler pendant des heures et des heures.
13:23 Elle connaît très, très bien le sujet.
13:26 Et puis, je trouve que c'est un sujet qui nous touche par la dimension familiale, en fait.
13:34 Ce que ça affecte au quotidien sur la vie de cette jeune mère, de ce jeune père,
13:39 de la petite sœur qui ne comprend pas, etc.
13:43 Et il y a un suspense qui avance.
13:46 Et à la fin, je vais dire, ça fout le feu.
13:48 Vous verrez bien.
13:49 Voilà, donc ça s'appelle "L'enfant de la rage".
13:52 Et tout est prêt.
13:55 Si vous avez besoin de lire, les fichiers sont très aboutis.
14:00 Voilà.
14:01 Et dernier texte, "Cinq petites tristesses".
14:08 C'est un premier roman d'une très jeune fille de 25 ans, quelque chose comme ça.
14:14 Léontine, qui a subi un inceste de son oncle.
14:21 Alors, vous allez me dire encore un, certes.
14:26 Mais outre que c'est quand même un sujet dont on discute beaucoup
14:30 et qui a été encore primé à 13 heures,
14:34 la dimension particulière de ce texte, c'est que Léontine dit,
14:40 avec une vraie franchise, elle part de l'instruction du rendez-vous avec le flic.
14:47 Et elle explique comment, ensuite, partant de la déposition,
14:52 elle rentre dans son intimité.
14:55 Donc la déposition très froide, très objective,
15:00 progressivement, elle rentre dans quelque chose de plus personnel
15:04 et comment elle s'en sort.
15:07 Avec une jolie bande, vous ne la voyez pas.
15:11 Mais c'est un texte touchant, personnel, évidemment,
15:17 avec un jeu dont on a un peu envie de la sauver.
15:21 Donc voilà, j'espère que je ne suis pas trop longue.
15:24 Je te passe le micro.
15:27 Vous ne faites pas... Ah oui, c'est bon, d'accord.
15:30 Oui, je ne sais pas si vous vouliez parler du Rix avant.
15:33 - On va dire tout ce qu'on peut, mais c'est faible.
15:36 On a effectivement un titre sous nom de code.
15:38 Le nom de code, c'est "Berenice".
15:40 C'est un récit littéraire, très littéraire, un très beau texte
15:46 d'une personne connue qui se livre sur sa vie personnelle.
15:54 Et en fait, des raisons juridiques font qu'on ne peut pas le dévoiler
15:57 jusqu'au dernier moment.
15:59 Mais j'espère que quand viendra le mois de janvier,
16:03 vous regarderez passer notre entrée, vous demanderez lequel c'était
16:08 et que surtout, vous l'ouvrirez pour jeter un oeil.
16:12 Il y a beaucoup de récits littéraires, il y a beaucoup de personnes
16:15 qui se confient effectivement sur leurs témoignages.
16:18 Certains sont d'une qualité vraiment remarquable
16:21 et on a la prétention de penser que celui-là en est un.
16:24 - Merci. Bonjour.
16:29 Je vais vous présenter le texte "Littérature étrangère"
16:33 de la rentrée littéraire de janvier, qui est un texte finlandais,
16:37 le plus petit dénominateur commun et le premier volet d'une trilogie
16:41 autofictionnelle à la Deborah Levy, située à Helsinki.
16:45 Le livre a été publié à l'origine entre 1998 et 2003
16:51 et c'est la première fois qu'il est traduit en français.
16:55 Deux mots sur l'auteur, Pirco Seixiou,
16:58 auteur finlandais qui est certes peu connu en France.
17:02 C'est un auteur au statut d'icône en Finlande,
17:07 d'une personnalité iconique, qui est connue comme romancière,
17:12 dramaturge, scénariste et qui a reçu là-bas de nombreux prix littéraires,
17:16 tous les plus grands prix littéraires, dont le plus prestigieux,
17:19 le prix finlandais en 2003, justement pour le troisième volet
17:22 de cette trilogie.
17:25 Cette trilogie, c'est son histoire à elle,
17:28 c'est une histoire qu'elle raconte, celle d'une femme queer
17:31 qui grandit en Finlande dans les années 50,
17:35 qui vient d'un milieu modeste et qui va devenir
17:38 une des plus grandes figures intellectuelles du pays.
17:43 On associe les deux mots, roman et autofictionnel,
17:48 on le voit récemment et avec beaucoup de succès ces temps-ci.
17:53 C'est le premier volet d'une trilogie,
17:57 il peut se lire tout à fait indépendamment.
18:00 Il y a d'ailleurs des éditeurs étrangers qui ne publient
18:03 que le volume 2 ou le volume 3.
18:06 Donc aucun problème au niveau de la lecture.
18:10 Celui-ci en particulier s'ouvre avec le père de la narratrice
18:18 qui est âgé et l'auteur va être confronté à la mort de son père.
18:23 Elle revient sur son enfance, deux petites filles
18:26 qui veulent être un garçon dans la Finlande des années 50.
18:30 Une petite fille qui cherche tout simplement à trouver sa place,
18:37 comment faire sa place, thème assez universel.
18:41 Un mot aussi sur la structure du roman,
18:45 ce n'est pas conventionnel, ce ne sont pas des chapitres,
18:49 ce sont des souvenirs évoqués avec un titre.
18:53 Elle est très libre dans la structure, dans les respirations,
18:58 dans les paragraphes, dans les dialogues.
19:01 C'est comme si elle est à la recherche de son identité.
19:04 Il y a deux identités dans le texte, il y a le "je" et le "elle".
19:08 Le "je" qui devient "elle" et il y a une alternance permanente
19:12 de ses pronoms tout au long du texte.
19:15 On voit en général qu'elle se réfugie, si on peut parler de réfugier,
19:19 derrière son "elle", quand elle est un peu menteuse, un peu voleuse,
19:24 quand elle se regarde agir, quand elle évoque des souvenirs.
19:32 L'action est en général cachée derrière un "elle".
19:35 Parfois d'ailleurs elle se demande "pourquoi j'utilise le pronom 'elle' ?"
19:39 L'utilisation de ces pronoms est une condivence avec la question
19:42 de son identité ou l'identité du "elle".
19:45 C'est un point essentiel du roman et qui nous aide à comprendre
19:50 un peu la conscience ou le subconscient de l'auteur.
19:56 On a eu juste également un petit mot sur le volet 2 et le volet 3
20:02 de la trilogie, puisque le volet 2 sera publié dès le mois de mai.
20:06 Là on est sur l'adolescence, les années 60.
20:12 Là on a vraiment une explosion entre ce que sont les années 60 en Finlande,
20:19 comme ça a pu l'être en France, en Europe et aux Etats-Unis,
20:23 et également "elle", l'adolescence, en explosion de rébellion.
20:28 Et également le dernier volet qui s'intitulera "Le livre rouge des ruptures",
20:32 qui est là plus l'âge adulte et plutôt comment...
20:38 C'est l'âge adulte aussi, c'est la construction de l'âge adulte
20:41 et aussi comment on dit "adieu".
20:45 Là en général, c'est les années 70-80.
20:49 Elle revient sur le décès quand elle était jeune de sa mère,
20:52 dire adieu parfois à sa jeunesse et à ses amis.
20:56 C'est donc un récit puissant d'une fausse naïveté et simplicité à la lecture.
21:04 Il faut toujours se méfier de ces textes simples,
21:09 qui nous interrogent aussi sur nous, sur notre jeunesse,
21:12 notre propre identité, le rapport à notre famille, au monde.
21:16 J'ai envie de dire que c'est un texte,
21:21 avec notamment la directrice de la collection Pavillon,
21:26 qui a à cœur de faire connaître ses auteurs de statues d'icônes,
21:32 qui ont vraiment une œuvre qui est considérée comme culte dans leur pays,
21:36 et de les faire connaître en France,
21:39 à travers cette prestigieuse collection.
21:42 Une trilogie auto-fictionnelle, comme je le disais, à la Deborah Levy.
21:46 On la compare aussi à la trilogie de Copenhague.
21:53 C'était très intéressant, parce que j'ai lu tout à l'heure
21:56 que la trilogie de Copenhague qui a été publiée en anglais,
21:59 son éditeur américain, lui, comparait la trilogie de Copenhague
22:03 à la saga napolitaine d'Héléna Ferranté.
22:05 Est-ce qu'il y a un pont, une passerelle entre la trilogie de Helsinki
22:09 et la saga napolitaine d'Héléna Ferranté ?
22:11 Vous m'en direz après lecture.
22:15 Une autre comparaison pourrait être avec les textes de Karl Ove Nosgaard.
22:22 Je ne sais pas si je prononce bien.
22:24 J'ai noté également l'excellente traduction de Sébastien Cagnoli
22:28 pour ce texte hollandais.
22:30 Pour vous donner une idée du texte, je vais d'ailleurs vous lire
22:33 un petit extrait dans la traduction de Sébastien Cagnoli.
22:39 C'est au début du roman, oui, page 32.
22:45 Je crois qu'il y a les épreuves qui sont disponibles déjà.
22:48 "Je voudrais être un garçon.
22:50 Pendant longtemps, ça ne pose pas de problème.
22:53 Je peux faire pipi debout quand personne ne me voit,
22:56 même si c'est compliqué et si ça éclabousse.
22:59 Mes cheveux sont si fins qu'on les coupe très courts
23:02 et quand j'apprends à siffler, à dire des gros mots et à cracher,
23:05 on me prend souvent pour un garçon, surtout l'été,
23:09 quand je porte une culotte courte.
23:11 J'ai horreur des filles, d'ailleurs je n'en connais pas.
23:14 Quand on joue au papa et à la maman, mes meilleurs amis,
23:17 Alf, Reska et Risto, ces garçons, acceptent d'être la mère.
23:22 Moi, je suis le père.
23:24 Je pars travailler le matin, projeter des films soviétiques
23:27 et je rentre du travail quand Reska, Risto ou Alf a préparé à manger.
23:31 Quand je serai grande, je voudrais être père.
23:35 Voilà, merci.
23:38 - Il y a eu pas mal de coups de cœur dans l'équipe
23:41 parce que c'est un livre très touchant.
23:43 Elle nous emmène dans son enfance, dans ses rêves,
23:45 dans cette famille assez aimante d'ailleurs,
23:48 dans ses joies et dans ses interrogations,
23:51 avec un style qui est quand même cette alternance.
23:55 Ça peut être sur la même page, même au milieu d'une phrase,
23:58 du "je" au "elle", en parlant toujours d'elle-même,
24:01 mais qui est vraiment très intéressante
24:03 parce que son point de vue change quand elle fait ça.
24:07 Et donc oui, vraiment un livre que je vous encourage très vivement à regarder.
24:12 Et puis voilà, on a terminé.
24:15 On est, je pense, un poil en avance,
24:17 ce qui nous permet de vous remercier pour votre soutien
24:19 lors de la rentrée littéraire d'automne.
24:26 Oui, vraiment merci.
24:29 Effectivement, parce que les cinq livres français
24:32 et les deux étrangères ont fait des chemins,
24:37 chacun, chacune, assez beaux.
24:41 Nous avons un petit verdict.
24:43 Merci de m'avoir refilé le micro.
24:45 Un petit verdict jeudi, donc pensez à nous.
24:48 Allumez un cierge à Saint-Tritas, comme disait ma grand-mère.
24:53 Et voilà.
24:56 Et puis on pense à vous pour les semaines de décembre,
25:00 dont on sait toujours qu'elles sont très sportives.
25:03 Et à bientôt. Merci.
25:07 [Applaudissements]

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