• il y a 2 ans
Transcription
00:00 Bonjour à toutes et bonjour à tous.
00:05 Je crois que c'est la première fois qu'on voit une réunion de
00:06 présentation en avance.
00:08 Donc c'est assez inédit.
00:10 On va donc vous parler des parutions du mois de janvier,
00:15 de la rentrée d'hiver.
00:16 Un mois de janvier très excitant et je dirais même au bruit du
00:21 monde, un premier semestre très excitant avec pas mal de nouvelles
00:24 voix, des premiers romans français,
00:26 des retrouvailles aussi avec notamment Aslak Nord dont vous
00:30 avez défendu le cimetière de la mer l'année dernière,
00:32 des retrouvailles avec Alice Kaplan dont vous avez défendu il y a
00:36 deux ans Maison Atlas.
00:37 Mais on est là pour parler de janvier avec deux découvertes.
00:41 L'une, celle ci, les détails de Ia Genberg traduit du suédois
00:47 par Anna Postel.
00:48 C'est la première fois qu'elle est traduite en France et l'autre
00:51 qui nous vient du Québec.
00:53 Elle accoche, verbe oxy, "La maison de mon père".
00:56 C'est la première fois qu'il est publié lui aussi par un éditeur
00:59 français et je vais te laisser présenter ses deux titres.
01:03 Merci, ravie de vous retrouver ce matin avec effectivement la joie
01:09 d'accueillir deux auteurs à un moment, je pense, très important
01:13 de leur oeuvre.
01:15 Ia Genberg tout d'abord avec ce troisième roman, "Les détails".
01:20 Alors pour la petite histoire, il y a un an et demi de ça,
01:23 l'agent qui m'avait mis entre les mains il y a assez longtemps de ça,
01:27 Purge de Sophie Oxanen, m'a cueilli lors d'une foire de
01:32 Francfort en m'annonçant qu'il fallait absolument que je lise
01:35 cet assez court roman, "Les détails" qu'il avait intégralement
01:38 fait traduire en anglais.
01:39 Et ce livre, en fait, avait totalement conquis la Suède.
01:43 Donc je vous disais, troisième roman de l'autrice qui avait
01:45 déjà reçu une assez belle attention critique.
01:47 Mais avec ce livre-là, s'était passé ce dont on rêve tous,
01:50 c'est-à-dire un livre publié de façon assez discrète.
01:53 Et puis voilà, des retours médiatiques qui s'enchaînaient,
01:57 assez fous, un bouche à oreille très, très positif.
01:59 Et puis au bout de quelques mois, le Grand Prix littéraire,
02:03 le Auguste, l'équivalent du concours français.
02:05 Ensuite, ce roman a commencé à être connu dans un certain nombre
02:11 de pays et aujourd'hui, il va être traduit dans une trentaine
02:13 de langues.
02:14 On arrive après les États-Unis ou le New York Times, on a dit
02:17 grand bien.
02:17 Elle est en train de devenir une petite star en Allemagne.
02:20 Elle repart en décembre à Hambourg et à Berlin, ce qui d'ailleurs
02:23 nous inquiète beaucoup parce que nous aussi, on veut qu'elle
02:24 vienne en France.
02:25 Donc voilà, une femme d'ailleurs assez extraordinaire, très,
02:28 comment dire, une femme de peu de mots.
02:31 Et donc, dans le titre même, les détails, vous pouvez vous
02:35 demander, bien évidemment, comment transformer un tel mot
02:38 en intrigue romanesque.
02:40 Et c'est vrai que pour ma part, j'étais quand même assez curieuse.
02:44 Je ne savais pas trop à quoi m'attendre.
02:47 Et alors, cette histoire, c'est celle d'une femme qui est
02:50 devenue adulte à la fin des années 90 et à l'entrée dans l'an 2000.
02:55 C'est elle que vous allez entendre tout au long du livre.
02:58 Alors, elle est plus âgée quand elle raconte tout ça.
03:00 Et c'est finalement dans un moment qui pourrait être 2020,
03:03 un état, dans un état grippal.
03:06 Elle s'empare d'un livre qu'elle trouve dans sa bibliothèque et
03:10 elle se rappelle comment 20 ans plus tôt, une femme qui a énormément
03:13 de plaisir dans sa vie, Johanna, le lui a offert avec une délicace
03:16 très particulière.
03:17 Ce livre, c'est la trilogie new-yorkaise de Paul Auster.
03:20 Et donc, d'emblée, vous êtes embarqués par cette voix qui,
03:23 finalement, va se raconter en quatre personnages, quatre relations
03:27 qui, selon elle, ont déterminé toute son existence.
03:30 Donc la première, c'est Johanna.
03:31 Elles ont eu une relation ensemble à la fin des années 90.
03:35 Et Johanna est ce personnage très solaire qui vient d'un milieu
03:39 quand même assez aisé où surtout la littérature est très présente,
03:43 ce n'est pas le cas de la narratrice.
03:44 Mais c'est vraiment avec elle qu'elle va s'autoriser à parler
03:48 littérature, à parler d'écriture et s'autoriser à devenir écrivain
03:52 en d'autres termes.
03:53 Donc, je vous parlais de la trilogie new-yorkaise,
03:55 vous verrez que Paul Auster joue un rôle assez important dans
03:57 cette histoire.
03:58 On va comprendre aussi que ce premier amour, il s'est terminé
04:03 brutalement pour la narratrice.
04:04 Et la douleur est d'autant plus vive que cette femme est devenue
04:07 une journaliste de radio très connue en Suède.
04:09 Donc, elle a beaucoup de mal, au fil du temps, à l'oublier parce
04:12 que la voix s'impose à elle un certain nombre de fois par jour.
04:15 Et donc, petit à petit, vous faites connaissance encore
04:18 une fois cette narratrice et puis vous allez ensuite découvrir
04:20 Niki.
04:21 Niki, c'est cette grande amie qui a été à la fois essentielle parce
04:26 que c'est elle qui, finalement, lui a présenté plein de gens
04:29 importants avec qui elle a vécu des moments de fête extraordinaires.
04:32 Mais Niki, c'était aussi cette femme assez fragile,
04:36 psychologiquement, légèrement schizophrène.
04:38 Cette amitié toxique qu'on est nombreuses à avoir vécue dans
04:42 nos vies.
04:43 Et là encore, elle va la raconter avec tous ces effets de secret,
04:47 de mystère qui font que vous essayez de comprendre effectivement
04:51 quel rôle a joué Niki dans la vie de la narratrice.
04:53 Et puis, on avance et puis il va y avoir un jeune homme chilien,
04:56 Alejandro, qui a droit à la troisième partie, un musicien,
05:00 un chanteur très charismatique qui semble n'avoir fait qu'un
05:03 bref passage dans la vie de la narratrice.
05:05 Mais vous verrez que c'est un peu plus compliqué que ça.
05:07 Et le quatrième personnage, c'est celui de Birgit.
05:09 Alors Birgit, on est un peu surpris au départ parce qu'on comprend
05:11 très vite qu'elle est née dans la Suède de la fin des années 50.
05:14 Donc une autre génération que tous les autres personnages.
05:17 Et puis, très vite, on va comprendre que Birgit,
05:19 c'est un peu la matrice de toute cette histoire.
05:21 Voilà.
05:22 Donc encore une fois, c'est un livre qui ne se raconte pas.
05:25 Mais je pense que le talent d'Ia Genberg, c'est de nous montrer
05:30 finalement comment se font et se défont les relations essentielles
05:33 de nos existences.
05:36 Elle nous invite aussi à jouer le jeu avec elle.
05:37 Donc je pense que peut-être le succès de ce livre tient au fait
05:42 que chacun, on se pose la question tout au long du livre de savoir
05:45 quel a été pour nous le premier grand amour qui a tant compté
05:49 puis qui a disparu ?
05:50 Qu'est-ce qui nous a laissés ?
05:51 Quel a été l'ami toxique qui a traversé notre vie ?
05:54 L'amant, de passage, vous verrez.
05:57 Donc c'est étonnamment profond et ludique à la fois.
06:01 Parce que oui, je crois qu'il y a une forme de jeu quand même
06:03 à travers tout ça, sans jamais que ça devienne superficiel.
06:05 Au contraire.
06:06 Voilà, c'est forcément un plaisir tout particulier de le partager
06:11 avec vous, à vrai dire, dès le mois qui vient.
06:13 Puisque comme vous pouvez le voir, nous avons des livres.
06:16 Et l'autrice viendra en France assurément.
06:20 Alors, une autre très belle découverte qu'on vous réserve pour
06:24 le mois de janvier, c'est le premier roman d'Akoshe Verboxi,
06:27 publié aux éditions du Boreal au Québec, maison vénérable.
06:33 Et Akoshe Verboxi, son premier livre, ça a été un récit qui s'appelle
06:39 "Rhapsodie québécoise", dans lequel il faisait effectivement
06:42 le récit de son immigration au Québec à l'âge de 10 ans.
06:45 C'est un livre qui a beaucoup, beaucoup compté au Québec.
06:48 Et ensuite, il est arrivé avec ce premier roman,
06:50 "La maison de mon père".
06:51 Alors, vous entendez dans le nom d'Akoshe, qu'il n'est pas
06:55 totalement québécois.
06:56 Il a effectivement des origines hongroises.
06:58 Il est venu de Budapest.
07:01 Et son héros et narrateur du roman, lui aussi, a connu un peu le même
07:06 destin.
07:07 Mais Akoshe insiste beaucoup sur le fait qu'il a inventé de nombreux
07:11 éléments dans cette histoire, des personnages, des situations.
07:14 Mais ce qu'il va vous raconter, c'est comment ce narrateur,
07:17 à l'âge d'une quarantaine d'années, va décider de faire un énième
07:21 voyage à Budapest, même s'il revient finalement que dans
07:24 des grandes occasions.
07:25 Il est revenu enterrer son père quelques années plus tôt.
07:28 Mais là, il fait ce voyage dans un but très particulier,
07:30 celui de retrouver la maison où ce fameux père l'emmenait quand
07:36 il était enfant, en vacances, près du lac Balaton.
07:38 Donc très vite, on va comprendre que ce père, c'est un peu le personnage
07:42 essentiel de la vie de l'auteur, mais qu'en même temps, il a été
07:47 finalement très absent.
07:48 Et pour autant, le narrateur s'est fixé pour objectif aussi,
07:54 en retournant à Budapest, de retrouver un certain nombre
07:58 de personnages de leur famille, de revoir des cousins, une tante,
08:04 son premier amour.
08:05 Et ce qui est aussi assez drôle, parce que ces deux livres n'ont
08:09 d'une certaine manière rien à voir l'un avec l'autre,
08:11 mais pour autant, ils proposent tous les deux une plongée dans une
08:15 réalité, dans un monde.
08:16 Donc là, vous partez à Budapest avec lui et vous allez chercher
08:19 cette maison.
08:20 Dans ce projet, d'ailleurs, il est accompagné par son meilleur
08:22 ami d'enfance, qui est un très, très beau personnage.
08:26 Et en fait, c'est un peu toute autre chose qui se passe,
08:28 parce que bien évidemment que c'est un road trip, et en même temps,
08:31 chaque personnage retrouvé ou rencontré va lui permettre de bâtir
08:36 une tension dans son récit, c'est-à-dire qu'il va y avoir
08:38 des surprises en chemin, des moments de son passé qu'il va
08:41 vous raconter, et avec vous, il va se rendre compte que finalement,
08:44 il avait un peu déformé le souvenir de tout ça, ou que les membres
08:47 de sa famille n'ont pas exactement gardé en eux la même histoire.
08:52 Et c'est un texte comme ça qui vous tient en haleine de bout en bout.
08:56 Encore une fois, vous jouez le jeu avec lui, vous voulez retrouver
08:58 cette maison près du lac Balaton.
09:00 Et ce qui est très beau, c'est qu'il réussit à la fois à être
09:04 sensible, émouvant, et je dirais presque plus livre progrès,
09:08 c'est plus effectivement...
09:10 Voilà, la part de douleur, la part d'émotion monte.
09:13 Et en même temps, il y a énormément d'humour, de fantaisie.
09:15 Et j'oserais dire que quand je l'ai lu, j'ai pensé à Romain Garry,
09:18 ce qui pour moi n'est pas rien, décemment, parce qu'il y a une petite allusion
09:21 au surnom de...
09:23 - Ajar. - Ajar, voilà.
09:25 Vraiment, je l'avais même pas vu d'ailleurs à la première lecture
09:27 du texte.
09:28 Mais je pense qu'il appartient à cette catégorie d'auteurs qui a
09:31 une facilité déconcertante à vous raconter des histoires.
09:34 Et vous verrez que tous les personnages sont extrêmement attachants.
09:37 C'est bien évidemment un portrait de la Hongrie.
09:39 Alors, bien évidemment, d'après la chute du communisme,
09:42 puisque c'est à ce moment-là qu'il y retourne, et en même temps,
09:44 par tous ses souvenirs et sa mémoire, c'est aussi ce que ces textes
09:47 grandirent dans ce système-là, dans les années 80.
09:50 Voilà, donc, une belle entrée au catalogue et un auteur qu'on se
09:55 réjouit de rencontrer.
09:56 - Et c'est aussi un roman qui est traversé vraiment de part en part
10:01 par la nostalgie de l'enfance et des lieux de l'enfance.
10:04 Il y a des scènes que moi, j'ai trouvées absolument bouleversantes
10:07 et qu'on a tous vécu quand on part de chez soi un certain temps,
10:10 et puis qu'on revient et qu'on s'attend à trouver les choses un peu figées
10:13 et que les choses vont continuer à vivre sans nous et à avancer sans nous.
10:16 Ça se joue souvent dans les petites choses, des petits détails,
10:18 un bâtiment qui a été détruit ou un copain d'enfance qui a changé,
10:22 qui est devenu parent.
10:23 Et ça, je trouve ça particulièrement, particulièrement bouleversant
10:26 dans ce livre-là.
10:27 Et en effet, moi aussi, j'ai trouvé qu'il y avait du romain Gary
10:29 là-dedans.
10:30 Et les premiers retours de lecture qu'on a le confirment plus tôt.
10:34 Et lui aussi, à Coche-Verboxy, on va le faire venir en France
10:38 au printemps.
10:40 Et si on a encore trois minutes, ce qui semble être le cas,
10:43 on n'avait pas vraiment prévu de le faire, mais on va vous parler
10:46 d'une publication de février, tout début février, qui devrait faire
10:53 grand bruit.
10:54 Je pense, c'est un premier roman d'un auteur français qui s'appelle
10:57 Xavier Bouvet.
10:58 Et le roman s'appelle "Le bateau blanc".
11:00 Il n'est pas très simple à raconter.
11:03 Imaginez-vous en Estonie, en septembre 44.
11:07 Alors moi, l'histoire de l'Estonie, sur le papier, je ne vous cache pas
11:10 que d'une part, je ne la connaissais pas.
11:11 Et puis, si je ne la connaissais pas, il faut bien reconnaître que ça
11:14 ne m'intéressait pas forcément beaucoup.
11:16 Mais imaginez-vous en Estonie, en septembre 44, l'armée allemande
11:20 est en train de fuir par l'Ouest et l'armée rouge est en train
11:23 d'arriver par l'Est.
11:24 Et entre les deux, il se passe quelques jours, cinq en réalité,
11:27 au cours desquels une poignée d'intellectuels et de politiciens
11:31 estoniens décident d'essayer de recréer une Estonie indépendante.
11:37 Tout ça, c'est la réalité historique.
11:39 Donc, ils créent un gouvernement provisoire et puis comprennent
11:42 qu'il va falloir rapidement s'exiler à Stockholm pour pouvoir
11:47 construire cet état à distance parce que l'armée rouge arrive
11:49 et ils traversent l'Estonie.
11:52 Ils vont sur une plage, la place de Puys, où est censé les attendre
11:55 un bateau blanc qui, en réalité, n'arrivera pas.
11:57 Et on suit.
11:59 Alors, il y a un travail d'archive qui a duré quasiment dix ans,
12:04 qui est complètement époustouflant.
12:06 Et puis, il y a évidemment des zones d'ombre de l'histoire.
12:08 Et l'auteur se sert de ces zones d'ombre pour y intégrer de la fiction.
12:12 On se retrouve par moment à la table de Staline et Molotov en
12:15 train de négocier avec l'URSS le nombre de troupes russes qui
12:19 auront le droit de venir en Estonie.
12:20 C'est absolument fascinant.
12:21 Ça se passe dans un cadre historique réel et ça s'appelle
12:25 le bateau blanc.
12:26 Et ça sortira en février.
12:28 Voilà, on a les deux livres de janvier, si vous voulez les lire.
12:34 Alors, je crois que Dominique met tout ça à disposition en numérique.
12:37 Si vous préférez du papier pour une raison ou une autre, on les a
12:42 ici en papier.
12:42 N'hésitez pas à nous solliciter pour ça.
12:45 Merci à tous.
12:46 Merci.
12:47 [Applaudissements]