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ÉducationTranscription
00:00 - Bonjour.
00:01 Alors écoutez, c'est très émouvant de passer derrière un éditeur
00:04 qui a un goût de foudre comme ça, parce que je crois qu'on partage
00:07 tous cette même émotion quand on trouve un texte.
00:11 Et c'est ça qu'on est venu vous dire tous les uns après les autres.
00:14 C'est notre émotion devant chacun des livres.
00:17 Alors je présente aujourd'hui cinq livres.
00:20 Je vais vous présenter cinq livres.
00:21 Nous aurions dû être deux.
00:23 Catherine Guibault n'a pas pu se joindre à nous et elle en est désolée.
00:27 Donc je vais vous présenter sur les six, cinq des livres,
00:31 parce qu'il y en a un que je n'ai pas lu et sur lequel Catherine avait travaillé.
00:36 Donc je vous présente trois collections au travers de ces cinq livres.
00:41 Vous connaissez les éditions Arlea.
00:43 Il y a une collection que vous défendez depuis maintenant plus de 20 ans,
00:48 qui est la collection "Premier mille".
00:50 Et une auteure dont c'est le 10 ou 11e titre désormais, c'est Marie Cisun.
00:57 Donc Marie Cisun, je ne la présente plus.
00:59 Je suis sûre que vous tous, vous l'avez bien défendue pendant toutes ces années.
01:04 Mais là, nous publions d'elle, dans la collection de Catherine,
01:08 la collection "Premier mille", un livre qui s'appelle "Dix villas Galliardini".
01:13 Et c'est un très beau texte sur ce qui fait le secret de nos enfances.
01:18 Marie Cisun s'est penchée sur le lieu.
01:21 Elle est revenue dans son appartement, qui est un appartement parisien.
01:27 Et elle a cristallisé dans cet appartement
01:30 toutes les émotions d'une enfance étrange, pauvre, difficile
01:35 et joyeuse tout à la fois.
01:37 Donc c'est vraiment le lieu qui incarne là l'émotion.
01:40 C'est la façon dont elle pouvait dessiner sur les murs,
01:45 la façon dont elle voyait sa mère rire,
01:48 la façon dont elle pouvait regarder par la fenêtre la vie,
01:51 et puis la porte qui s'ouvre.
01:54 Ce monde un peu perdu qu'on a tous de l'enfance jusqu'à l'âge de 5 ans,
01:58 dont on ne sait pas grand-chose, mais dont il reste des traces.
02:02 Et on voit dans ces traces toute l'oeuvre de Marie Cisun
02:06 qui commence à exister, qui émerge.
02:08 Donc pour ceux qui connaissent déjà son oeuvre,
02:10 vous allez retrouver énormément de choses qui sont dans ses livres,
02:15 mais à l'état d'essence, pratiquement, comme on pourrait sentir un parfum.
02:21 Voilà pour Marie Cisun.
02:23 L'autre collection, ça sera la collection de "La rencontre".
02:27 Un auteur que vous connaissez aussi sans doute.
02:30 Alors peut-être il faut que je suive...
02:31 Oui, voilà, l'auteur que vous connaissez, c'est Olivier Razimi.
02:35 Donc c'est "Levé de rideau".
02:38 Pour aller vite, Olivier Razimi,
02:40 c'est ce qu'on pourrait appeler un enfant de la balle.
02:43 Son arrière-grand-mère a créé le Bataclan,
02:46 et toute sa famille a été dans la comédie, dans le showbiz.
02:52 Sa mère a tourné avec Louis de Funès,
02:57 avec Poiré, avec Jean-Claude Brialy,
02:59 mais il ne dit pas son nom dans le livre.
03:03 Il raconte simplement comment on regarde sa mère
03:07 quand on grandit dans les coulisses.
03:10 Elle l'emmène avec lui dès qu'il est en âge de marcher,
03:12 dans les coulisses, et il apprend à se taire.
03:15 Et en apprenant à se taire, il apprend à la regarder.
03:18 Et donc il y a cette transformation très heureuse de la mère
03:23 qui devient une danseuse ou une actrice.
03:27 Elle faisait beaucoup de comédies à la Jane Kelly ou Fred Astaire,
03:32 comédies musicales, et puis des pièces de théâtre.
03:35 Donc il la voit maquillée, plus belle,
03:38 et en même temps, sous ce plus belle,
03:40 il perd quelque chose de sa mère.
03:43 Donc c'est le monde du théâtre,
03:45 mais qui nous est révélé vraiment par un regard d'enfant
03:49 dans les coulisses et dans l'ombre.
03:52 C'est donc un enfant qui apprend à se taire,
03:54 et c'est peut-être là un des secrets de ces livres.
03:58 Vous avez dû lire de lui "Bébé", peut-être,
04:00 dont vous vous souvenez, et "Au cocteau sur le rivage".
04:03 Donc c'est quelqu'un de très intérieur.
04:07 Il y a une vie intérieure dans ce livre
04:09 qui est très, très bouleversante.
04:12 Et on a aussi l'enfance de sa mère,
04:16 qui passe au travers de la relation enfant-mère.
04:20 Et donc on a aussi l'enfance de sa mère avec ses grands-parents,
04:23 qui eux aussi, avec ses parents et grands-parents,
04:26 qui eux aussi font partie du monde du spectacle,
04:29 mais c'est un monde malmené, dans la guerre.
04:33 Donc on a un Paris qu'on connaît,
04:35 enfin que les étrangers sans doute connaissent mieux que nous,
04:38 qui est le Paris de la Belle Époque,
04:41 et qui est très, très attachant.
04:44 Donc voilà pour "La rencontre" d'Olivier Razimi.
04:49 Ensuite, je ne sais pas à quel titre nous passons.
04:53 D'accord.
04:54 Alors là, vous n'avez pas la couverture définitive,
04:59 mais elle donne le "là" quand même, celle-ci.
05:02 Ariel MacLeod, donc "Vu d'intérieur après destruction".
05:06 Ça, c'est encore dans la collection de "La rencontre".
05:11 C'est le livre d'une promesse non tenue.
05:15 Ariel MacLeod a un ami qui lui promet de l'emmener,
05:21 qui est Libanais,
05:22 et il lui promet de l'emmener à Beyrouth,
05:24 parce qu'à Beyrouth, il y a tout.
05:26 Il y a son royaume, il y a sa maison,
05:29 que la maison est une splendeur et qu'un jour, il ira avec elle.
05:32 Et cet ami meurt.
05:34 Donc quand le livre commence,
05:36 la narratrice est devant la tombe de cet ami,
05:40 où elle jette des pivoines, c'était la fleur préférée,
05:44 et elle est désemparée par la mort,
05:48 mais aussi par le fait qu'il y a cette promesse non tenue.
05:51 Et on a besoin dans nos passions, nos amitiés,
05:55 d'inscrire les choses dans la durée.
05:58 Et la mort vient mettre un terme très brutal
06:01 à ce rêve qu'ils avaient tous les deux
06:03 pendant des années et des années.
06:06 Elle rentre désemparée chez elle,
06:09 elle range, elle tombe sur une boîte
06:12 avec laquelle...
06:14 Une boîte en carton, et c'est écrit en rouge "Papa".
06:18 Elle ne l'ouvre pas et sur un coup de tête,
06:21 elle prend l'avion, elle part à Beyrouth.
06:24 Quand elle arrive à Beyrouth, elle va chercher la maison
06:27 que son ami lui a décrite.
06:29 Elle ne sait rien, elle n'a pas d'adresse,
06:32 elle a juste la description.
06:35 Et son voyage à Beyrouth, elle est désemparée elle-même
06:39 par son geste, elle ne sait pas ce qu'elle vient faire là,
06:43 elle ne sait pas ce qu'elle vient chercher.
06:45 Elle finit par trouver cette maison,
06:48 avec l'aide d'un chauffeur de taxi,
06:50 et elle traverse Beyrouth dévastée.
06:55 Elle traverse Beyrouth dévastée avec des livres,
06:58 avec des extraits de livres de Sorge Salandon, par exemple.
07:03 Et elle traverse aussi son propre désarroi
07:06 qui est de ne pas avoir une maison.
07:09 Et elle se rend compte, elle qui est née sur d'autres terres,
07:12 qu'elle n'a pas partagé cette maison d'enfance,
07:14 qu'elle n'a pas de maison d'enfance,
07:16 qu'elle n'a même plus de maison du tout.
07:19 Et c'est ça, peut-être, la quête la plus importante de ce livre,
07:23 c'est qu'est-ce que c'est que cet état de dévastation
07:28 quand on n'a pas eu d'enfance,
07:30 quand on a eu une enfance dévastée par un secret
07:35 qui occupe le centre de livre ?
07:37 Qu'est-ce que c'est qu'être dévasté ?
07:39 Qu'est-ce que c'est qu'un pays en guerre ?
07:41 Qu'est-ce que c'est que ces ruines ?
07:43 Quand elle arrive dans la maison de son amie,
07:46 en fait, il ne reste que les murs extérieurs.
07:49 Et là aussi se révèle quelque chose.
07:51 Alors, il y a quelques photos dans le livre,
07:54 une photo absolument magnifique d'une grande maison
07:58 qui est un palais presque...
08:01 Et il ne reste que les murs.
08:03 Les murs et un bout d'escalier.
08:06 Donc, c'est autour de la destruction,
08:08 mais c'est surtout autour de ce besoin qu'on a tous de maison.
08:14 Donc, en ce moment, bien sûr, on ne peut pas lire ce texte-là
08:18 sans avoir une émotion, hélas, très présente
08:22 pour la destruction d'aujourd'hui.
08:28 Et puis alors, le dernier livre,
08:30 donc celui-là, je ne vous le présente pas,
08:33 je vous demande de nous pardonner.
08:35 C'est bien indépendant de notre volonté, l'absence de Catherine,
08:38 mais vous avez un argumentaire et tous ceux qui veulent le lire,
08:42 on leur enverra bien sûr, les autres aussi,
08:45 mais tout particulièrement pour celui-ci.
08:47 Et alors, le livre dont je vais vous parler,
08:49 qui n'est peut-être pas...
08:52 Ah, voilà, celui-là, merci.
08:54 Donc ça, c'est un livre dans la rencontre, toujours.
08:59 Et c'est un, je crois, un vrai coup de foudre pour moi.
09:02 Ça a été, là aussi, une grande tendresse.
09:07 Je pourrais presque emprunter les mots de l'éditeur précédent,
09:12 c'est-à-dire sous ce visage souriant et ingénu,
09:16 il y a une force dans ce livre qui m'a vraiment bouleversée.
09:23 Cécile et les poétesses, mais c'est son premier texte.
09:26 C'est un texte, je crois, très important.
09:28 Elle raconte le parcours de 15 poétesses
09:32 qui ont traversé le siècle et l'histoire
09:36 et qui ont été toutes traversées par l'histoire.
09:39 Ces poétesses sont très connues ou moins connues.
09:43 Et pour les faire parler, Cécile est retournée à leur oeuvre.
09:48 Quand je dis très connue, ça va être Armatova, Sylvia Plath,
09:53 et puis moins connue, vous les découvrirez.
09:56 Mais elle fait parler leur oeuvre et au travers de leur oeuvre,
10:00 pour faire parler leur vie,
10:03 elle s'est dit comment donner la vie d'une femme en quelques pages.
10:08 Et elle a eu donc cette astuce,
10:12 mais ça n'est pas un artifice.
10:15 C'est, je pense, un amour de lectrice.
10:19 Elle s'est mise à la place de ces femmes-là.
10:22 Elle est rentrée dans les oeuvres de ces femmes-là
10:25 et elle a choisi pour chacune d'elles
10:27 un interlocuteur ou une interlocutrice très proche.
10:32 Donc chacune de ces femmes va s'adresser à quelqu'un qu'elles ont aimé.
10:37 Une va parler à un enfant, une va parler à sa mère,
10:41 une va parler à sa soeur, une à un amant, une à un mari.
10:45 Chacune va trouver près d'elle
10:49 une amie proche à qui elle peut se confier.
10:52 Et le texte de Cécile est entrelacé en italique de poèmes.
10:57 Et c'est vraiment une façon de...
11:00 et de lire la vie des poétesses et de lire de la poésie
11:06 de façon très romanesque.
11:08 C'est-à-dire que pour chacune d'elles,
11:10 on s'introduit dans une vie intime et une vie très tendre.
11:13 C'est un livre d'une tendresse infinie.
11:18 Il y a la voix de la narratrice, Cécile, dans sa présentation.
11:23 Elle dit pourquoi elle a fait ce choix,
11:25 elle dit pourquoi elle les a aimées.
11:27 Et au travers de tout ça, on découvre dans sa propre histoire,
11:31 là encore, une famille qui est traversée par l'histoire,
11:35 qui est, j'ai envie de dire, traversée par la nuit.
11:39 Et c'est sans doute pour ça qu'elle les éclaire si bien.
11:43 On fait un dernier mot puisque vous avez eu un livre en moins,
11:47 vous allez avoir un livre en plus.
11:49 Je pense que vous n'avez pas de visuel,
11:51 mais nous avons créé une collection qui s'appelle "Guide anachronique".
11:56 Le premier, c'était sur Rome.
11:58 Le deuxième, c'était sur Kyoto.
12:00 Là, vous venez d'en recevoir un
12:03 qui s'appelle "Guide anachronique de la neige".
12:06 Je souhaite qu'on en ait beaucoup à Noël.
12:09 Et puis celui qu'on va sortir,
12:14 qui n'a pas fait partie de cette rentrée littéraire,
12:16 parce que c'est une collection un peu singulière et qui commence,
12:20 s'appellera "Le guide anachronique de l'infini".
12:24 Celui-là aussi, je vous en dis juste deux mots,
12:28 c'est une façon très, très belle, très asticieuse et très singulière
12:33 de nous faire remarquer que notre monde
12:36 est à la fois beaucoup plus petit, plus immédiat, plus proche de nous,
12:41 et beaucoup plus grand, plus lointain, plus infini.
12:46 Donc je vous conseille également la lecture de celui-là.
12:49 Tous mes voeux, moi aussi, pour que les mois à venir soient heureux.
12:54 Et puis merci de votre présence.
12:57 Applaudissements
12:59 Merci.