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Pierre-Marie Sève, directeur de l'Institut pour la justice, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils s'intéressent au bruit médiatique déclenché par le drame de Crépol où le jeune Thomas, 16 ans, a trouvé la mort suite à l'attaque au couteau de plusieurs jeunes.
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Pierre-Marie Sève, directeur de l'Institut pour la justice, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils s'intéressent au bruit médiatique déclenché par le drame de Crépol où le jeune Thomas, 16 ans, a trouvé la mort suite à l'attaque au couteau de plusieurs jeunes.
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NewsTranscription
00:00 - Europe 1 Matin - Il est 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko vous recevez ce matin le directeur de l'Institut pour la justice.
00:06 - Bonjour Pierre-Marie Sève. - Bonjour Dimitri Pavlenko.
00:09 - Bienvenue sur Europe 1. Alors l'IPJ en groupe de réflexion sur les thèmes de la justice et de la sécurité.
00:16 Aucun fonds public perçu par l'IPJ. Quatre jours après le mortre de Thomas, 16 ans, dans cette salle des fêtes de Crépol.
00:22 Les gendarmes ont arrêté hier, on l'a dit, neuf suspects.
00:24 Visiblement, sept d'entre eux envisageaient de quitter la France, direction l'Espagne. L'auteur du coup de couteau mortel serait parmi eux, selon le procureur de Valence.
00:32 Alors c'est peut-être le dénouement policier de cette affaire. En attendant maintenant ses suites judiciaires.
00:38 Ce dont on va parler avec vous ce matin, c'est d'abord le bruit médiatique qui a déclenché cette affaire de Crépol, qui nous touche beaucoup, les Français.
00:45 Médiatiquement, ça a eu un énorme retentissement. D'après vous, pourquoi Pierre-Marie Sève ? Qu'est-ce qui nous parle dans cette affaire de Crépol ?
00:52 - Alors je pense pour plusieurs raisons. Moi, il y a une raison, la première que je vois, c'est la localisation.
00:57 C'est que ça a touché une fête de village. C'était le bal d'hiver à Crépol.
01:04 Les bals d'hiver, dans l'inconscient collectif français, c'est les endroits où il ne se passe rien de grave, où on ne peut avoir que de la légèreté.
01:11 Et c'est le petit bonheur du quotidien auquel tout le monde tient.
01:14 - Après, des bagarres de fêtes de village, ça a toujours existé, ceci dit Pierre-Marie Sève.
01:18 - Mais là, on a passé un palier, dans le sens où, je ne sais pas si vous l'avez vu, le reportage de cette dame, le témoignage de cette dame qui dit
01:26 "On ne va pas à une fête avec des couteaux de boucher et des couteaux de cuisine".
01:30 - On l'a entendu il y a quelques minutes sur Europe, tout à fait.
01:33 - Je pense qu'on n'est pas dans une bagarre classique de fêtes de village.
01:38 D'ailleurs, il y avait aussi des témoins sur place qui l'ont dit, que oui, ça arrive régulièrement des bagarres à la fin des fêtes de village,
01:45 mais là c'était différent, là c'était des gens qui étaient venus en découdre et qui étaient venus pour tuer, pour poignarder, pour frapper, pour faire du mal.
01:51 Et qui ont tué, qui ont blessé 20 personnes.
01:53 C'est quand même pareil, ce même témoignage qui dit qu'il y a des flaques de sang dans toute la salle des fêtes.
01:58 Je pense que, voilà, la localisation, le fait de toucher à ce petit oasis de tranquillité qui persiste encore malgré l'insécurité qui progresse dans toutes les grandes villes.
02:10 On a tous l'idée que quelque part en France, il y a des endroits où on ne va pas se faire agresser dans la rue, attaquer, etc.
02:17 Eh bien, peut-être pas.
02:18 - Alors dans le cas de Crépole, on a aussi cette configuration, donc une bande qui viendrait de la ville de Romance-sur-Isère, 35 000 habitants,
02:26 dans ce petit village de Crépole, 500 habitants seulement, les deux étant séparés d'une vingtaine de minutes de route.
02:33 Le lycéen Thomas, qui est mort à 16 ans, alors il était scolarisé dans un lycée à Romance-sur-Isère,
02:38 mais il y a cette image d'un débordement d'une violence urbaine sur la campagne également.
02:43 Pierre-Marie Sèvres ?
02:44 - Oui, et je pense que c'est vrai.
02:46 Je pense que désormais, toutes les zones, rurales ou pas, qui sont situées à une trentaine de minutes de voiture d'une zone urbaine, sont potentiellement des cibles.
02:56 Et à une trentaine de minutes de voiture, typiquement à Crépole, on est au milieu des champs.
02:59 Quand on regarde les photos, c'est au milieu des champs, des collines, on est déjà dans les massifs montagneux de la région.
03:04 Donc voilà, il y a une espèce de tentacule de toutes ces zones urbaines qui désormais concentrent les problèmes.
03:15 On est plus uniquement, pendant longtemps, typiquement les émeutes urbaines.
03:18 Pendant très longtemps, les émeutes urbaines, c'était la région lyonnaise et la région parisienne, surtout la région lyonnaise.
03:23 Aujourd'hui, on l'a vu pendant les émeutes de juillet dernier, ça touche beaucoup de petites villes.
03:27 - 500 villes ont été touchées, oui.
03:29 - Absolument, donc c'est énorme.
03:31 Et de ces petites villes-là, vous habitez à 30 minutes de ces petites villes-là,
03:36 vous êtes potentiellement touchés par des prédateurs, des criminels quelconques qui peuvent venir.
03:43 - Est-ce qu'on est dans un désert sécuritaire quand on parle de Crépole ?
03:46 Certains témoins ont dit que les policiers-gendarmes ont mis presque deux heures à arriver.
03:51 Le jeune Thomas, on l'a appris, est mort dans l'ambulance qui l'a mené au centre hospitalier,
03:56 qui se trouvait à près de plus d'une demi-heure de route.
03:58 Est-ce qu'on est dans un cas de figure où Crépole, village tranquille, mais un peu loin de tout,
04:02 loin des services publics ?
04:04 - Oui, alors je ne sais pas si on pourrait parler désert sécuritaire.
04:07 J'avais lu une note il y a quelques mois, intéressant, du service statistique du ministère à l'intérieur,
04:12 qui disait que 95% de la population française vit à moins de 14 minutes de trajet d'un commissariat ou d'une brigade de gendarmerie.
04:20 Alors, le problème, tout le problème, c'est que ça c'est en temps normal.
04:23 Le week-end c'est moins, la nuit c'est encore moins.
04:26 - C'est pas évident que la brigade soit pleine.
04:28 - Absolument.
04:29 Bon, de là à dire qu'on vit dans un désert sécuritaire, un autre exemple, cette même note nous disait que
04:34 le taux d'équipement pour 100 000 habitants était bien plus élevé dans les bourgs ruraux,
04:40 en tout cas dans les petites villes ou dans les bourgs ruraux, que dans les grandes villes.
04:44 Ce qui est aussi logique, on a plus d'habitants dans les grandes villes, il y a moins besoin de brigade en termes de mètre carré.
04:49 Mais donc, je ne parlerai pas de désert sécuritaire.
04:54 La fermeture, c'est qu'entre 2007-2016, on a 500 brigades de gendarmerie qui ont fermé sur le territoire.
04:59 Et donc les 200 dont nous a parlé Emmanuel Macron l'année dernière...
05:03 - Début octobre, l'annonce en a été faite, 238 brigades.
05:05 - Absolument.
05:06 - Donc une pour le nord de la Drôme, justement.
05:08 - Et bien, ça paraît bien peu par rapport à toutes les fermetures.
05:11 Là, je vous dis 2007-2016, mais il y a eu d'autres fermetures depuis 2016.
05:14 - Autre phénomène qui est documenté, alors au-delà du cas spécifique de Crépole,
05:17 c'est la dissémination de la narco-délinquance depuis les villes en direction des campagnes.
05:22 Ça avait été bien montré notamment dans un documentaire de notre confrère Frédéric Ploquin,
05:26 "La drogue est dans le pré".
05:28 Où l'on voit que la drogue, c'est une zone de stockage, c'est une zone de repli,
05:31 c'est une zone aussi de conquête commerciale pour des trafics de stupes qui viennent de la ville
05:35 et qui ont trouvé dans les campagnes un nouveau terrain d'expression.
05:39 - Oui, et moi je me souviens aussi d'un article dans le Figaro de Jérôme Fourquet
05:44 qui disait que dans l'Ardèche par exemple, vous avez 14 points d'île.
05:47 Dans l'Indre-et-Loire, vous en avez 15.
05:49 Donc c'est des départements où normalement on s'attend à une certaine tranquillité
05:54 et on n'a pas un, pas deux points d'île, on en a 14, 15, 16, voire parfois plus.
05:58 Donc ça c'est évident que c'est un vrai changement.
06:02 Et sur la nouvelle arrivée de la drogue dans les campagnes, vous l'avez cité,
06:07 notamment les méthamphétamines, on a tout ce qui est, cette mode américaine aussi
06:12 du fentanyl et des opioïdes de manière générale, donc l'héroïne,
06:15 tous les dérivés des opioïdes dont l'héroïne, qui touchent particulièrement la campagne,
06:20 les campagnes pauvres qui sont des territoires où vivent des gens vulnérables
06:24 avec des bassins d'emploi pas toujours très remplis.
06:28 Et donc oui, c'est une nouvelle donne évidente et qui permet de voir une fois de plus
06:33 que l'insécurité touche les grandes villes mais tout le territoire.
06:38 - Merci beaucoup Pierre-Marie Sèvres, le directeur de l'Institut pour la Justice.
06:42 C'était l'invité de Robyn. Bonne journée à vous.