L'humoriste Yassine Belattar était l'invité de Benjamin Duhamel ce dimanche soir dans C'est pas tous les jours dimanche, sur BFMTV.
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00:00 Bonsoir Yacine Belatar.
00:01 Bonsoir Benjamin.
00:02 Dieu amène.
00:03 Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation.
00:07 Pour ceux qui nous regardent et peut-être qui ne vous connaissent pas,
00:10 vous êtes humoriste, certains disent sulfureux, controversés,
00:15 on y reviendra tout à l'heure.
00:17 Je rappelle que vous avez été condamné à 4 mois de prison avec sursis
00:20 pour menace de mort et vous êtes au cœur d'une polémique, je le disais,
00:24 parce que L'Express a révélé cette semaine que vous aviez été reçu à l'Élysée
00:28 par deux conseillers d'Emmanuel Macron et que vous leur aviez notamment recommandé
00:32 que le président ne se rende pas à la marche contre l'antisémitisme dimanche dernier.
00:36 En l'occurrence, il n'y est pas allé.
00:37 On va essayer de prendre les choses dans l'ordre si vous le voulez bien.
00:40 D'abord, une question assez simple,
00:41 est-ce que vous nous confirmez que vous avez bien été reçu
00:44 par ces deux conseillers du président de la République ?
00:47 Oui.
00:49 C'était dans quel cadre ?
00:51 Est-ce que c'était à leur demande ?
00:53 Est-ce que vous avez l'habitude de faire ce genre de rendez-vous
00:55 avec des conseillers d'Emmanuel Macron ?
00:57 Non, ce n'est pas une habitude, c'est juste qu'à un moment sur des sujets précis,
01:03 c'est bien aussi de convoquer des gens qui ressentent le pouls de la société,
01:07 mais je pense qu'ils ont l'habitude de le faire.
01:09 Il y a beaucoup de conseillers qui ont du talent à l'Élysée.
01:12 La question qui est intéressante, c'est de savoir pourquoi vous avez mis le mot polémique avant.
01:16 Juste le fait d'être consulté, c'est problématique.
01:18 Et je crois que l'ambiance actuelle fait que les gens qui veulent tirer dans le même sens,
01:22 des deux côtés d'ailleurs, que ce soit de confession juive ou musulmane ou autre,
01:26 ont envie de trouver un chemin commun.
01:29 Ça fait partie des sollicitations que je peux avoir,
01:30 mais il n'y a pas que eux qui me sollicitent, il y a d'autres gens.
01:32 On va revenir dans un instant sur ce que vous dites,
01:35 à savoir le fait que vous ne comprenez pas pourquoi il y a une polémique,
01:38 mais pour bien rester sur ce rendez-vous, dans ce cas-là, comment ça se passe ?
01:42 Vous y allez et ils vous demandent comment est-ce que vous sentez la société,
01:47 les quartiers en l'espèce, puisque vous aviez été par le passé
01:51 conseiller du président de la République sur ces questions-là,
01:53 du comité interministériel pour la ville, c'est ça ?
01:55 Oui, mais j'aimerais comprendre, je vous raconte tout,
01:59 comment j'y vais en taxi, si j'attends devant la grille ?
02:03 Non, c'est pour…
02:04 C'est moi qui ai le privilège de vous raconter,
02:06 parce qu'il y a d'autres gens que vous recevez sur ce plateau
02:08 qui doivent être reçus de la même manière, donc on est reçus,
02:10 on doit laisser notre pièce d'identité à l'entrée et après on monte…
02:13 Mais Lattar, vous savez bien, on a l'habitude de recevoir sur ce plateau
02:16 des responsables politiques qui effectivement ont l'habitude
02:18 d'être reçus par des conseillers du président de la République.
02:21 Quand on est humoriste, qui joue au théâtre,
02:25 ce n'est pas exactement aussi habituel,
02:28 et vous comprenez bien que c'est pour cela que je posais la question
02:30 de savoir comment ça se fait.
02:32 Objectivement, je pense que vous racontez ça,
02:35 ça serait un peu malvenu, parce que ça voudrait dire qu'en 2023,
02:38 quasiment 2024, quelqu'un qui est issu de là dont je suis issu,
02:42 doit essayer de justifier pourquoi il est reçu,
02:44 ce qui est, je pense, très malvenu.
02:46 Je suis juste convoqué dans un échange totalement dépolitisé
02:51 au service du pays pour savoir comment les choses se passent,
02:54 comment on les ressent.
02:55 Vous évoquez le mot quartier, moi cette année,
02:58 j'ai plus vécu à Paris que dans le quartier dans lequel j'ai grandi.
03:03 Je parlais des quartiers en l'espèce parce qu'en 2017-2018,
03:07 vous aviez eu cet engagement auprès du président de la République
03:09 sur cette question des quartiers populaires et de la politique de la ville.
03:12 Mais là, ça fait 7 ans.
03:14 Donc la question aujourd'hui, c'est vous qui créez les identifiants ici.
03:18 - Vous savez, on ne crée pas d'identifiant, on vous interroge
03:21 pour que précisément vous puissiez vous expliquer.
03:22 - Soit on est issu de quartier, soit on est musulman.
03:25 Il y a toujours une dénomination, sauf celle qui est la plus adéquate,
03:28 qui est celle d'être français.
03:30 Ce n'est pas les quartiers le sujet aujourd'hui.
03:32 Le sujet du conflit aujourd'hui, ce n'est pas les quartiers qui le portent.
03:36 Il y a des gens qui ne sont pas dans les quartiers,
03:37 qui sont tout aussi concernés par une forme de colère, de fatigue morale,
03:42 déjà je crois que c'est le cas de tout le monde.
03:43 Et en fait, j'ai juste été convoqué en disant, moi j'ai 41 ans,
03:46 je suis français de confession musulmane.
03:48 Voilà ce que je pense.
03:50 Après, ça voyage.
03:52 - Justement, restons un instant si vous le voulez bien sur le "voilà ce que je pense".
03:56 Ce que L'Express dit, c'est que vous avez expliqué à ses conseillers
03:59 du président de la République qu'il ne devrait pas se rendre
04:02 à la marche contre l'antisémitisme puisque c'était avant.
04:04 Voilà ce qu'écrit notamment L'Express.
04:07 "Attention, leur a-t-il dit en substance, donc vous,
04:09 à ne pas commettre l'erreur irréparable qui donnera au quartier
04:12 des raisons de s'enflammer ?"
04:14 - Alors, on était trois autour de cette table.
04:16 Je ne vais pas faire une blague avec un ascenseur.
04:18 On était trois autour de cette table.
04:20 Donc, a priori, on est les trois, on est au courant de ce qui s'est dit.
04:22 Vous seriez consterné de savoir qu'on a même parlé de foot
04:25 et des résultats de l'OM.
04:27 Mais pour parler de ce sujet-là et en parler très sérieusement,
04:30 ce mot-là, ce n'est pas mon verbatim du tout.
04:32 - Non, c'est d'ailleurs pour ça que la journaliste écrit "en substance".
04:35 - Oui, mais elle dit, la journaliste, ça fait trois fois quand même
04:37 qu'elle écrit des choses sur moi pour régler des comptes
04:39 parce que toute la polémique de L'Express est née par rapport à un mot
04:43 dans le titre qui est un hameçon pour l'extrême droite,
04:45 c'est "la trouble visite de Yacine Benatta".
04:47 C'est-à-dire que moi, je suis déjà trouble au titre.
04:50 Et pour aller au bout, ce que je vais vous dire, c'est que c'est assez simple.
04:53 - Est-ce que oui ou non, vous avez dit à ses conseillers qu'Emmanuel Macron,
04:56 il était une mauvaise idée qu'Emmanuel Macron se rende à la marche contre l'antisémitisme ?
04:59 - Benjamin Duhamel, je me permets, c'est la seule question que je vais vous poser.
05:01 Est-ce que vous êtes père de famille ?
05:03 - Non. - Vous n'avez pas d'enfants.
05:04 Moi, j'ai trois enfants.
05:05 Le président de la République, quelque part, nous sommes tous ses enfants.
05:08 Les Juifs, les musulmans, les chrétiens, les athées, ce que vous voulez.
05:12 Si aujourd'hui, le président de la République,
05:14 je vais vous expliquer ce qui peut se passer, c'est mon avis.
05:16 S'il vient à la manif contre l'antisémitisme,
05:18 qui aurait été quelque chose de louable, à mon avis,
05:21 à la demande de la communauté juive et compagnie.
05:24 Et si les musulmans ne sont pas là, qu'est-ce qui va se passer ?
05:26 C'est qu'en opposition ou en prolongation,
05:29 les musulmans vont faire une manif contre l'islamophobie, d'accord ?
05:31 Et on va convoquer le même président de la République.
05:34 Imaginez que le président aille à une manif et pas à l'autre.
05:37 C'est comme moi et c'est comme tous les parents qui vous regardent avec les enfants.
05:40 On ne favorise pas un enfant plus qu'un autre.
05:43 - Vous venez de dire, pourquoi les musulmans ne seraient-ils pas rendus
05:47 à cette manifestation pour lutter contre l'antisémitisme ?
05:49 - Alors, on a un vrai problème sur le titre de la manif.
05:52 Si la manif s'appelait "La manif contre l'antisémitisme et le racisme",
05:56 parce que les deux sont des choses absolument abominables,
05:59 je peux vous dire que les chiffres qui seraient sortis de cette manif
06:02 seraient beaucoup plus conséquents.
06:03 Parce que nous aurions manifesté ensemble.
06:05 Alors que là, ce qui se passe dans notre pays, c'est que nous nous manifestons en face.
06:10 Et c'est ça qui est déplorable depuis un mois dans ce pays,
06:12 c'est que nous sommes face à face et pas côte à côte.
06:14 - Mais pardon Yassine Belatar,
06:16 mais il y a quelque chose que je trouve assez problématique dans vos arguments.
06:19 Vous dites au fond, ils ne devaient pas y aller,
06:21 parce que si une semaine après il y avait eu cette manifestation,
06:24 dites-vous, contre l'islamophobie,
06:25 dans ce cas-là, il y aurait eu une sorte de concurrence des causes.
06:28 C'est ce que vous expliquez à peu près.
06:30 - Ce n'est pas une concurrence des causes, c'est vous qui le dites.
06:32 - Non, mais en tout cas, c'est cette idée.
06:34 - Ce que je vous dis, c'est que le monde regarde la France.
06:36 Le monde nous regarde.
06:37 On est un pays quand même, malgré le peu de population
06:39 que nous avons par rapport à d'autres pays, qui pèse.
06:41 Et juste, je vous dis que c'est du bon sens, à un moment, c'est du bon sens.
06:44 C'est le président de tous les Français.
06:46 - Vous avez, Yassine Belatar, depuis le 1er janvier 2023,
06:49 1 762 faits antisémites contre 131 faits anti-musulmans.
06:54 Ce n'est pas encore une fois de faire une hiérarchie,
06:56 mais il y a une spécificité, notamment depuis le 7 octobre,
06:59 de recrudescence des faits antisémites.
07:01 À quel moment, quels sont les bons arguments pour, malgré cela,
07:05 dire au président de la République, si vous y allez,
07:07 il va y avoir un sujet auprès de la communauté musulmane en France ?
07:10 - Pardon Benjamin Duhamel, là, vous voulez me faire dire quelque chose que je n'ai pas dit.
07:13 Ce que je vous ai dit, c'était une mauvaise idée qu'il y aille.
07:16 Je vous ai dit, voilà ce qui risque de se passer.
07:19 - Pardon, c'est à peu près, c'est visiblement les conseils
07:22 que vous avez donnés au conseiller du président de la République.
07:24 - Non, ce que j'ai dit, c'est ce qui était politiquement possible.
07:28 À un moment, je sais que ça nourrit vos antennes
07:30 et que vous, vous ne vivez que sur l'aspect sulfureux de cette société.
07:34 - Quel aspect sulfureux ?
07:35 Attendez, là, on pose la question de la lutte contre l'antisémitisme,
07:39 qui est une cause qui devrait rassembler…
07:41 - Mais je vous dis, vous me posez la question de savoir, Benjamin,
07:43 pourquoi cette manif aurait pu fédérer plus ?
07:46 Je vous réponds, je vous dis, si c'était la manifestation
07:49 contre le racisme et l'antisémitisme,
07:52 et vous partez du principe, du postulat que les musulmans,
07:56 eux, sont en accord avec les actes antisémites.
07:58 Moi, je vous le dis…
07:59 - Ce n'est absolument pas ce que j'ai dit, Yassine Benatar.
08:00 - Je vous le dis, je vous le répète ici, parce que, que les choses soient claires,
08:04 tout acte antisémite est déplorable.
08:06 - Mais pourquoi il faut rajouter un mot "racisme" ?
08:08 Pourquoi la manifestation serait disqualifiée
08:12 par le seul fait qu'on n'y rajoute pas une cause ?
08:15 - Mais c'était une très belle manif.
08:16 Moi, je suis content pour la…
08:18 - Vous y étiez ?
08:18 - Non, je n'y étais pas, parce que je vous expliquerai après.
08:21 Mais juste, je vous dis que c'était une très belle manif.
08:23 Le problème, ça a été les protagonistes de cette manif
08:27 et, deuxièmement, ça a été la question politique,
08:30 mais non pas que le président racole quoi que ce soit.
08:32 Ce n'est même pas une question d'électorat,
08:34 puisque le président de la République,
08:35 je ne sais pas si vous êtes au courant ici,
08:36 c'est son dernier mandat.
08:37 C'est juste le fait de fédérer une société autour d'une cause commune.
08:40 Moi, je ne suis pas d'accord pour dire qu'il y a des racismes
08:42 qui sont plus importants que d'autres.
08:43 Et même, je suis même pour échanger nos racismes.
08:45 Je serai le premier à me lever contre l'antisémitisme
08:47 et je le dis devant tous les Français qui regardent votre émission.
08:50 Moi, un acte antisémite, s'il a lieu devant moi,
08:52 je serai le premier à aller me battre avec celui qui le fait.
08:54 Et au même titre, j'ai confiance moi dans la communauté.
08:56 Tout en expliquant…
08:57 Attendez, je vais juste au bout.
08:58 Je suis persuadé que la communauté juive…
09:00 Qu'il manquait un mot pour que le slogan de ralliement
09:04 permette d'aller dans la rue.
09:05 Mais excusez-moi,
09:06 parce que ce n'est pas une preuve de bon sens que je vous donne.
09:08 Je vous dis qu'à un moment,
09:09 on ne va pas passer toute notre vie, les musulmans,
09:12 avec des injonctions à dire "il faut venir".
09:14 Il faut venir et vous allez venir et vous t'aider.
09:16 Pourquoi des injonctions ?
09:17 Parce que ça, c'est une injonction.
09:18 Pourquoi est-ce que ce serait vécu comme une injonction
09:20 le fait d'aller marcher dans la rue pour lutter contre l'Occident ?
09:22 Je vous explique de manière concrète en quoi on peut faire.
09:26 Je n'ai pas dit "on ne fera plus".
09:28 Je suis en contact avec des institutions juives.
09:31 On doit faire quelque chose de commun.
09:34 Est-ce que vous comprenez la notion de commun ?
09:35 Et le commun, pardon de vous dire, si vous me posez la question
09:37 pourquoi je n'ai pas été à la manif,
09:39 c'est que je n'ai rien de commun avec l'extrême droite.
09:42 Je ne manifeste pas avec mes bourreaux.
09:45 Je ne marche pas…
09:46 C'est-à-dire vos bourreaux ?
09:47 Les bourreaux, ceux qui passent leur vie à un moment
09:49 à ostraciser la communauté musulmane,
09:50 qui en parle matin, midi et soir dans ce pays,
09:54 c'est l'extrême droite.
09:55 Et donc vous laissez, au fond, parce qu'il y a des gens
09:57 qui ne vous conviennent pas dans une marche,
09:59 vous dites "c'est une bonne raison pour ne pas aller marcher contre l'antisémitisme".
10:01 Mais Benjamin Duhamel, je vous pose une question.
10:03 Est-ce que vos aïeux, ils ont été jetés dans la Seine
10:06 par un membre de l'extrême droite ?
10:07 Est-ce que vos aïeux…
10:08 Excusez-moi.
10:09 Est-ce que vos aïeux…
10:10 Ce n'est pas la question que je vous pose.
10:11 Non mais ça, c'est ma réponse, il faut l'entendre.
10:13 L'extrême droite a fait du mal à la communauté musulmane et en fera encore.
10:18 Et aujourd'hui, il est hors de question que moi, Yassine Benatar,
10:20 j'aille marcher avec des gens qui, le lendemain, vont venir sur votre plateau
10:24 pour dire que je suis un Français de seconde zone,
10:26 que je suis ceci ou cela.
10:28 Est-ce que vous pouvez concevoir l'idée ?
10:29 Parce que je suis juste, je crois, un peu plus âgé que vous.
10:32 Vous avez 29 ans, j'ai 41 ans.
10:34 Moi, il y a…
10:34 Ce n'est pas un sujet d'âge ou quelque chose.
10:36 Je vous pose des questions.
10:37 Pardonnez-moi.
10:38 Vous répondez ou pas, d'ailleurs.
10:39 Je n'ai pas dit que vous étiez illégitime.
10:40 Je vous dis juste générationnellement ce que ça représente pour moi,
10:43 les gens de ma génération.
10:44 Ce ne sont pas les gens de mon culte ou de ma culture.
10:47 Nous, il y a 20 ans, en 2002, on est descendus en masse, en masse, dans la rue
10:52 parce qu'on n'avait pas accepté l'idée que Jean-Marie Le Pen arrive au second tour.
10:55 Il y avait des gens de droite, des gens de gauche, des gens d'extrême gauche.
10:58 Nous étions tous ensemble pour lutter là-dessus.
11:00 Aujourd'hui, vous m'expliquez que 20 ans après,
11:02 ce parti, parce que la patronne, elle a deux chats
11:04 et que Jordan Bardella, il arrive à parler un peu en verlan,
11:07 c'est devenu la hype du moment et on doit aller marcher avec eux.
11:11 Eh bien non.
11:11 Et donc, pour ce motif-là, vous n'y allez pas.
11:14 Simplement, je voudrais revenir parce que vous dites, pourquoi on dit polémique, sulfureux.
11:19 Allons au fond des sujets.
11:20 Est-ce que vous comprenez que ceux qui nous regardent puissent se dire,
11:24 le président de la République et ses conseillers ont quand même un drôle de thermomètre,
11:28 c'est le mot qui est utilisé d'ailleurs par un de ses conseillers,
11:33 de recevoir un humoriste qui a été condamné à quatre mois de prison avec sursis
11:36 pour menace de mort et qui, par le passé, a pu prendre des positions,
11:42 pour le moins controversées, manifestées en 2019 avec le CCIF,
11:47 association qui a été dissoute par le Conseil d'État,
11:51 des déclarations disant "je ne suis pas Charlie, je ne suis pas Nice,
11:54 je suis français, je vais au bout de cette phrase".
11:56 Est-ce que vous comprenez que les Français se disent,
11:58 quel drôle de thermomètre, quel drôle de porte-parole des quartiers populaires,
12:02 puisque c'est visiblement le rôle que vous vous assignez ?
12:04 - C'est intéressant de dire ça parce que je ne savais pas que le casier judiciaire qui est le mien,
12:12 dont forcément je suis un peu gêné, mais c'est mon casier judiciaire,
12:17 je l'accepte, j'ai accepté la condamnation, je n'ai même pas fait appel.
12:20 Ça, ça ne me dérange pas. En parler chez vous, ça me dérange un peu,
12:24 vous recevez Éric Zemmour toutes les semaines.
12:26 - Et on lui parle de ses condamnations, c'est latin.
12:29 Et on ne le reçoit pas toutes les semaines, par ailleurs.
12:30 - Oui, ou au moins, je ne sais pas si vous l'avez fait en studio ici,
12:33 mais il vient souvent. - Non, non, on le reçoit,
12:35 avec des temps de parole qui sont respectés.
12:37 Et en l'espèce, il m'est arrivé de l'interviewer plusieurs fois,
12:40 et très régulièrement, je le confronte à ses condamnations, ses déclarations.
12:45 Donc de ce point de vue-là, n'essayez pas d'expliquer qu'il y a de quoi de mesure il n'y en a pas.
12:49 - La condamnation qui est la mienne n'engage que moi.
12:52 Quand on reçoit des gens qui sont condamnés pour apologie, comme les Zemmour,
13:00 la question, elle l'interroge plus.
13:02 Ce n'est pas à vous qu'on demande si un thermomètre est légitime ou pas.
13:05 Moi, je vais vous dire quelque chose, ça fait 20 ans que je fais ce métier,
13:08 ça fait 20 ans que je suis humoriste.
13:10 Alors ça déplaît peut-être à certains de vos confrères,
13:12 mais en fait, moi, ma salle...
13:13 - Et ça fait de vous un porte-parole légitime ?
13:16 - Non, c'est mal connaître mon travail.
13:17 Je ne supporte même pas l'idée de pouvoir prendre la parole sur ces sujets-là.
13:21 Je vais vous dire pourquoi je le fais.
13:22 Parce que ça m'est épidermique.
13:24 Vous préférez peut-être que je sois un artiste qui fasse un décor penché le vendredi,
13:28 et qui fasse des comédies populaires sans jamais s'engager.
13:31 Eh bien, ça donne lieu au résultat que vous vivez actuellement.
13:33 Ou quand on dit aux artistes, "Ah, il n'y a personne qui est engagé."
13:36 Mais ce n'est pas grave, parce que quand on s'engage derrière,
13:38 on nous dit, "Ah ben non, il est ceci, il est cela."
13:41 Est-ce que vous comprenez qu'on a le droit d'être fier,
13:42 attendez, je vais au bout, de ce que nous sommes ?
13:44 - Mais c'est-à-dire ?
13:45 - On est fier de ce que nous sommes.
13:46 La culture qu'on porte, les quartiers dont on est issus, on est fier...
13:49 - Mais Yacine Bellatare, pardon, mais attendez, personne n'interroge ici.
13:52 - Mais je ne vous dis pas que je vous le dis à vous, je vous dis...
13:54 - Vous êtes en train de couper le fait même que je revendique le fait d'être français,
13:57 d'être fier de ce que je suis, d'être de profession musulmane,
13:59 et je vous pose la question.
14:01 Le fait d'être criminalisé décomprend la parole.
14:03 Ça fait une semaine...
14:04 - Et criminalisé de quoi ?
14:06 - Alors... - Pardon, mais en fait, il y a quelque chose, Yacine Bellatare.
14:07 - Attendez, je vais au bout, je vais au bout.
14:08 Ici, sur ce plateau, l'un de vos chroniqueurs,
14:12 qui s'appelle Christophe Barbier, a dit de moi,
14:14 "On reçoit Yacine Bellatare comme si on recevait Bousquet,
14:17 collabos de la Seconde Guerre mondiale."
14:19 - Non mais attendez, Yacine Bellatare, pardon,
14:21 si vous permettez-moi de poser une question.
14:23 Ici, on ne parle pas...
14:24 Vous n'avez pas Christophe Barbier en face de lui,
14:26 en face de moi, en face de vous, pardon,
14:28 vous m'avez, moi.
14:29 Sur vos prises de position, je vais les citer une nouvelle fois.
14:32 - Dites-les-moi.
14:33 - 2019, participation à la manifestation contre l'islamophobie,
14:37 avec le CCIF, dont le président Marouane Mouhamad scandait à la Ouagbar.
14:42 - C'est pas le président.
14:44 - C'était pas le président du CCIF ?
14:45 - C'était pas le président.
14:46 - Alors, c'était pas un membre éminent du CCIF, Marouane Mouhamad ?
14:49 - Je vous dis juste, vous dites président.
14:50 Je vous rectifie, Marouane Mouhamad n'est pas le président du CCIF.
14:53 - Association dissoute pour proximité avec l'islamisme.
14:57 - Et donc, une manif où il y avait 90 000 personnes contre l'islamophobie,
15:03 vous partez du principe qu'elle est éliminée,
15:05 parce qu'une association qui a été dissoute,
15:08 d'ailleurs, la vérité, c'est qu'aujourd'hui,
15:10 on pourrait très bien discuter de dire,
15:12 ce sont des interlocuteurs, vous les avez dissous,
15:14 moi, j'ai pas de lien avec le CCIF,
15:17 et je suis pas là pour dire, eux, c'est bien, eux, c'est pas bien.
15:20 Je vous dis juste, cette manif pose problème, visiblement,
15:23 contre l'islamophobie, elle vous dérange ?
15:24 - C'est pas qu'elle me dérange, c'est qu'il y a des propos
15:26 qui ont été tenus, qui étaient problématiques,
15:29 comme le fait que ce monsieur, Marouane Mouhamad,
15:31 qui avait refusé de condamner la polygamie,
15:33 qui s'était affiché avec l'imam Iqyussène,
15:36 soit une des personnalités phares de cette manifestation.
15:38 - Je vous retourne votre mécanique, suis-je Marouane Mouhamad ?
15:42 - Non, mais vous étiez dans cette manifestation.
15:43 - Je crois que j'ai un corse en 06, je vous le donne,
15:45 vous faites une émission spéciale, et alors ?
15:47 - Non, mais excusez-moi, vous êtes là,
15:49 vous, c'est votre collègue, Christophe Barbier,
15:50 vous prenez des cafés avec lui,
15:52 moi, Marouane Mouhamad, je veux vous dire quelque chose.
15:53 - C'est-à-dire que vous dites, si je vous suis,
15:54 vous dites "le RN, on n'en veut pas, on ne veut pas manifester avec eux",
15:56 mais là, par contre, avec ce type de personnalité,
15:58 ça ne vous pose pas de problème ?
15:59 - Non, mais attendez, est-ce que vous êtes en train de dire
16:01 que Marouane Mouhamad, ça équivaut au rassemblement d'un...
16:05 - C'est parce que je dis, je pose la question
16:06 de savoir avec qui on manifeste.
16:07 - D'accord, donc vous, ce qu'on va faire maintenant, les manifs,
16:10 c'est que je vais faire une manif, je vous envoie la liste des gens,
16:13 et vous me dites si je peux y aller ou pas.
16:16 - Mais souffrez que je vous pose la question
16:18 de ces manifestations auxquelles vous avez participé.
16:19 - D'accord, donc maintenant, je vous dis, moi, ce qui m'intéresse,
16:21 enfin, c'est un peu égocentré de dire ça, c'est moi-même.
16:23 Quelles sont mes prises de position controversées ?
16:28 - Vos prises de position controversées ?
16:29 Je vous ai cité précisément la participation à cette manifestation,
16:32 le fait d'avoir animé un dîner de gala du CCIF en 2015,
16:35 le fait d'avoir eu cette phrase qui, visiblement,
16:38 marque votre volonté de refuser de dire "je suis Charlie".
16:42 - Parce que vous m'avez dit "j'ai vu la vidéo".
16:44 - Non, non, non, j'ai vu la phrase in extenso que vous avez prononcée.
16:48 - Alors, je la répète ici, comme ça, je la remets au goût du jour.
16:51 C'est des petits précaires, des républicains qui n'ont pas de buzz,
16:55 qui essayent de me faire dire que je ne suis ni Charlie ni Nice.
16:57 Je ne suis ni Charlie ni Nice parce que, parce que je suis français.
17:03 Et quand il y a un attentat sur le territoire français,
17:05 quel qu'il soit, ça m'affecte.
17:08 Je pourrais vous dire "je suis Toulouse",
17:10 parce que je suis marqué par le fait que Mohamed Merah
17:13 rentre dans une école et tue des enfants.
17:15 Regardez-moi bien dans les yeux, comme ça, vous l'avez.
17:17 Ça me dégoûte au plus haut niveau.
17:19 Et je suis triste, et parce que je suis français.
17:21 - Je n'ai pas mis en cause ça.
17:24 - Vous dites comme si moi, je dis "je ne suis ni Charlie ni Nice"
17:27 parce que c'est bien fait pour eux.
17:28 Écoutez-moi.
17:29 - Je souligne la volonté, visiblement obstinée, de ne pas dire "je suis Charlie".
17:33 - Mais c'est quand même fou.
17:34 - Mais vous avez droit, d'ailleurs.
17:35 - C'est pour ça que je vous apprécie en ce dimanche.
17:37 Si ça, ce n'est pas une injonction.
17:39 Ça, ce n'est pas une injonction de dire...
17:41 - C'est un constat.
17:42 - Donc en fait, si je dis "je suis Charlie", pour vous, ça passe.
17:44 - Mais moi, je vous pose des questions.
17:45 - Non, là, ce n'est pas une question, c'était une injonction.
17:47 Je vous dis, je le répète, j'ai un passeport rouge, le même que le vôtre.
17:51 J'en ai un autre vert pour un autre pays.
17:53 Mais je vous dis, le passeport rouge me donne les mêmes droits.
17:56 - Absolument.
17:56 - Et personne ici ne le pèse.
17:57 - Et donc, je vous redis encore une fois,
17:59 quiconque touche à mon pays, la France, quiconque,
18:02 ça m'affecte comme les autres Français.
18:03 Je ne me réjouis pas de ce qui se passe.
18:05 Qui plus est, je vais vous dire quelque chose,
18:06 le fait de voir des otages franco-israéliens détenus par le Hamas,
18:10 en tant que Français, je vais vous regarder droit dans les yeux,
18:12 je demande expressément la libération de ces otages.
18:14 Vous savez pourquoi ?
18:15 Parce que dans "franco-israélien", il y a "franco".
18:17 Et ça me fait de la peine de voir leurs parents à la mairie de Paris
18:20 qui ont été reçus, la mairie a fait un travail formidable,
18:23 comme par le président de la République.
18:24 Ça m'affecte.
18:25 On n'a pas la même religion, on n'a peut-être pas la même culture,
18:27 et pourtant, regardez ici, je vous le dis,
18:29 je suis Français de confession musulmane,
18:30 je demande expressément que ces Français reviennent et retrouvent leur famille.
18:34 - On va continuer cette discussion,
18:36 je voudrais juste revenir sur la relation que vous avez avec Emmanuel Macron.
18:39 Il y a eu ce rendez-vous avec les conseillers.
18:40 Est-ce qu'il était au courant du rendez-vous, le président de la République ?
18:42 - Je ne sais pas, je ne suis pas le président.
18:44 Pareil, je pense que je peux trouver son 06, vous l'appelez.
18:47 - Mais vous ne l'avez pas prévenu ?
18:49 - Non mais sérieusement.
18:50 Vous pensez que je contacte le président de la 7e puissance mondiale pour lui dire
18:56 "Salut Manu, c'est pour te dire, je t'ai amené des sushis, j'arrive à 15h.
19:00 Les amis, il faut que ça redescende."
19:02 Je sais que psychologiquement...
19:04 - Pardon Yacine Bellatar, pas de naïveté.
19:08 Vous avez été proche du président de la République un temps,
19:11 au point qu'il vous a nommé conseiller sur les questions des politiques de la ville.
19:15 Vous vous échangez avec lui, vous dites même que vous le connaissez depuis 2010.
19:18 Donc la question n'est pas absurde de savoir si en l'espèce il était au courant
19:21 de ce rendez-vous à l'Elysée.
19:23 - Ça fait 20 ans que je fais ce métier.
19:24 Donc je vais vous expliquer quelque chose.
19:26 Des fois on connaît des gens, mais on ne connaît pas leur trajectoire.
19:29 Quand j'ai connu le président, je vais vous expliquer,
19:32 j'ai connu Emmanuel avant de connaître Macron.
19:34 Donc ça s'appelle la bien séance.
19:37 Mais si demain il s'avère que je rencontre quelqu'un qui a une trajectoire
19:40 et qu'il est un peu, j'allais vous dire, s'il a de la mémoire,
19:44 il ne va pas se dire "cette personne-là, je ne la connais pas.
19:47 Je connais le président de la République, mais ça n'en fait pas
19:49 ni un interlocuteur privilégié, ni un ami."
19:52 - Mais vous échangez des messages avec lui ?
19:53 - Mais ce n'est pas le problème.
19:54 - Non mais pardon, la question est assez simple.
19:55 - Mais je ne comprends pas.
19:57 Est-ce que vos invités, vous leur demandez avec qui ils échangent des textos ?
20:00 Hier j'ai eu JB Desmureaux qui est un ami à moi,
20:02 il est chauffeur à l'Ivoire, il m'a donné un invite aussi pertinent
20:05 qu'on confisquera le prestigiat.
20:06 - Non mais s'il vous plaît, on se dit les choses de façon franche.
20:08 - Mais je ne comprends pas.
20:08 - Il y a des interrogations.
20:09 Je vous pose la question de savoir quel est le niveau ou l'état
20:12 de vos relations avec le président de la République ?
20:14 La question est assez simple.
20:15 - Je vous réponds quelque chose.
20:16 Non mais parce que moi je trouve ça drôle.
20:17 Vous ne vous rendez pas compte, pour un humoriste,
20:19 ce qu'on est en train de dire, c'est "Inception".
20:20 Est-ce que vous pensez le fait de s'envoyer un texto
20:23 pour dire "Joyeux Noël" ou "Bonne année",
20:24 ça met à mal la République ?
20:26 - Ce n'est pas ma question.
20:27 - D'accord.
20:27 - Je vous pose simplement la question,
20:28 est-ce que vous avez échangé ces derniers jours ou semaines
20:31 au sujet notamment de cette marche contre l'antisémitisme
20:34 avec le président de la République ?
20:35 On est en train de démontrer que quelqu'un issu de l'immigration,
20:38 un arabe ou un noir, il a des amitiés plafonnées.
20:41 Si j'avais... Attendez, je vais aller au bout.
20:42 Si j'avais le 0... Attendez, je vais au bout.
20:44 Si je vous disais que j'échangeais des textos
20:46 avec Kylian Mbappé, qu'est-ce qu'ils diraient les journalistes ?
20:49 "Bah oui, arabe, noir, bien sûr."
20:52 - Yacine Belatar, pourquoi cette obsession
20:54 pour le fait de ramener sans arrêt au fait que vous êtes musulman ?
20:57 Je ne vous pose pas la question parce que vous êtes musulman.
20:59 - Mais Benjamin...
21:00 - Attendez, ce n'est pas pour ça que je vous pose la question.
21:01 Je vous pose la question parce que comme on vient,
21:04 non pas de le démontrer, mais en tout cas,
21:05 on vient d'échanger sur des faits incasiers judiciaires,
21:09 vous avez répondu d'ailleurs, et donc je vous demande dans la foulée,
21:12 quelle est la nature de vos relations avec le président de la République ?
21:14 Si vous n'étiez pas musulman, je vous poserais exactement la même question
21:17 à la personne que j'aurais en face de moi.
21:18 - Mais pas du tout, Benjamin, je vous soupçonne d'être quelqu'un de brillant.
21:21 Vous savez bien, j'ai fait deux jours sur votre antenne avec le bandeau BFM,
21:26 d'accord ? J'étais plus important que Xavier Dupond-Ligonnès.
21:28 À Calais, ils ont de l'eau jusqu'aux genoux.
21:31 Il y a un sénateur qu'on vient de découvrir, il a fait "recueil for a dream" au Sénat.
21:35 - Franchement, Yassine Benatar, je constate que vous ne souhaitez pas répondre
21:38 à la question de la nature des relations que vous avez en ce moment
21:41 avec le président de la République.
21:42 - Mais parce que c'est privé.
21:42 - Eh bien voilà, répondez-moi qu'à ça.
21:44 - Mais si j'avais une relation qui était, qui engagait la politique française,
21:47 si j'avais une relation avec lui où vraiment, pour le coup,
21:50 j'espère qu'autour de cette table, les gens sont quand même cohérents.
21:53 Je vous dis juste que je n'ai pas le poids que vous avez revendiqué
21:56 ces deux derniers jours.
21:57 Et tant bien même si j'échange des messages avec des personnalités,
22:01 je vous pose la question, est-ce que je dois vous appeler pour vous dire
22:04 je parle avec un tel ou avec un tel ?
22:05 Parce qu'en plus, mon panel, il est large.
22:06 - Et c'est quoi ? C'est un ami ?
22:08 - Mais non, alors je suis désolé, je ne suis pas comme Mitterrand
22:11 qui emmenait Roger Hanin sur une montagne.
22:13 Mais vous vous trompez d'identification.
22:16 Le problème, c'est que je vous l'ai dit, j'ai du respect pour l'homme, d'accord ?
22:20 Que je connais.
22:21 J'ai été assez contestataire puisque, vous l'avez rappelé tout à l'heure,
22:24 j'ai démissionné moi de mon poste de conseiller.
22:26 Pourquoi ? Parce que je n'étais pas d'accord avec la politique qui était enclenchée.
22:29 Je n'ai pas démissionné, j'ai démissionné durant la présidence.
22:33 Donc, quand vous posez la question de savoir,
22:35 est-ce que l'engagement politique...
22:37 - Ça ne vous empêche pas de vous rendre à un rendez-vous
22:39 avec des conseillers du président de la République ?
22:40 - Mais parce que je sers mon pays, Benjamin.
22:42 Je sais que ça veut...
22:43 Vous préférez peut-être que je fasse autre chose,
22:45 mais moi, je sers mon pays.
22:46 Mon pays, c'est la France.
22:48 Je sais que vraiment, il faut que ça rentre dans la tête des gens.
22:51 - S'il vous plaît, Yassine Benatar, arrêtez avec cette idée que je...
22:55 - Pas vous !
22:56 - Non mais même que, collectivement, qu'il y ait des sous-entendus chez certains.
22:59 Là, on vous pose la question, donc ce n'est pas la question de savoir.
23:01 Vous dites "j'ai mon passeport, j'ai telle religion".
23:03 Je pose la question...
23:04 - Je ne suis pas en train de justifier le fait d'être français.
23:05 Je suis en train de vous justifier que, de par le fait d'être français,
23:08 je ne comprends pas le traitement qui est le mien.
23:10 Vous savez ce qui...
23:12 Depuis trois jours, les messages que je reçois, moi,
23:14 de Français, de confessions musulmanes qui me disent
23:16 "mais si toi, ils te posent la question de savoir pourquoi tu vas à l'Élysée,
23:19 imagine si moi, je dois rentrer au conseil d'administration de ma boîte".
23:21 Il faut arrêter ce procès, quand même.
23:23 On est toujours suspect, on se balade.
23:25 C'est toujours obscur, toujours trouble.
23:28 - Yacine Belatar, ce n'est pas parce que vous êtes musulman
23:29 que vous arrêtez avec ça ?
23:30 - Non mais Benjamin, s'il vous plaît.
23:32 - Attendez, excusez-moi, Yacine Belatar, je vais prendre un exemple.
23:35 Un des conseillers qui vous a reçus a déjeuné il y a quelques années
23:38 avec Marion Maréchal.
23:39 Est-ce que vous avez vu la polémique que ça a suscité ?
23:42 - Objectivement, je n'ai pas l'impression que vous ayez fait une semaine dessus.
23:44 - Alors franchement, vous avez mal regardé les antennes,
23:47 que ce soit chez nous ou ailleurs.
23:48 Marion Maréchal, elle n'était pas musulmane.
23:50 - Non mais attendez.
23:52 Je vous fais le pari de voir si vous avez parlé
23:56 dans les mêmes termes de Marion Maréchal.
23:57 J'étais traité d'islamiste.
23:59 - Le sujet de la polémique, c'est que certains pensent
24:03 que c'est parce que vous avez dit au président,
24:04 que vous avez dit à ses conseillers qu'il ne fallait pas
24:05 qu'il se rende à la manif contre l'antisémite,
24:07 que c'est pour cela qu'il n'y ait pas...
24:08 - Mais objectivement, je vous dis, vous n'êtes pas à la réunion.
24:11 Vous voulez lui faire dire quelque chose parce qu'une journaliste
24:14 qui prend comme ça des ragots dit, il a été dit ça.
24:17 Elle n'était pas à la réunion et je vous le redis Benjamin.
24:20 Ce qui est en train de se passer est déplorable.
24:23 Vraiment, c'est déplorable.
24:26 Vous ne mesurez pas parce que peut-être il y a un entre-soi parisien,
24:29 mais là, de Dunkerque à Marseille, jusqu'à tant bien même en Afrique,
24:33 parce que vous êtes diffusé là-bas, les gens disent,
24:35 mais il est où le problème ?
24:37 Il est où le problème d'être consulté dans un pays ?
24:43 Je vous pose la question assez simple.
24:45 Vous ressentez quand même la montée de l'extrême droite ?
24:47 - Mais attendez, moi, je ne suis pas là pour ressentir quelque chose.
24:49 Je suis là pour essayer de vous poser des questions.
24:50 - Donc moi, je suis un mauvais thermomètre, mais vous êtes un thermomètre cassé.
24:52 - Mais attendez, moi, mon rôle n'est pas d'être le thermomètre.
24:54 Mon rôle est d'essayer de vous poser des questions.
24:56 - Mais je trouve ça fascinant que vous passiez, pas vous,
24:58 parce que j'ai accepté de venir.
24:59 La preuve, je n'ai pas répondu aux autres sollicitations.
25:01 Je vous dis juste, je suis un humoriste.
25:04 A priori, vous avez assisté au spectacle.
25:07 Je n'ai pas l'impression que ce soit une mosquée.
25:09 Les gens viennent, il y a toutes les couleurs, ça rigole ensemble.
25:11 Je vous dis qu'aujourd'hui...
25:12 - C'est pour ça que je suis vraiment sur votre rendez-vous.
25:14 - Attendez, je vais au bout.
25:15 Un moment, moi, je fais des blagues, d'accord ?
25:20 Et un moment, des blagues qui parlent de la société.
25:22 J'ai un public qui ressemble à cette société.
25:25 Je vois, je peux faire remonter des choses pour que ça aille mieux.
25:28 Je ne vous ai pas dit, moi, depuis tout à l'heure,
25:30 parce que je le redis encore une fois,
25:32 vous voulez me faire passer pour quelqu'un qui a eu...
25:34 - Pas du tout.
25:35 - Qui a eu un... Comment dire ?
25:38 Une idée néfaste par rapport au président.
25:40 Je n'ai pas vu le président.
25:42 Et deuxièmement, j'ai dit, attention,
25:44 parce que ça va se politiser encore plus,
25:46 et je le dis ici, je vous le redis,
25:48 je n'ai pas besoin de vous dire,
25:49 parce que je déteste le fait de justifier mes coups de fil,
25:51 j'ai appelé des institutions juives en disant,
25:54 moi, Yassine Belattar, les amis, et tous les gens que je connais,
25:57 on est à votre disposition pour pouvoir travailler dans un narratif commun.
26:01 - Yassine Belattar, le 10 octobre, trois jours après les attentats du Hamas,
26:04 vous vous disiez "offensé par la place de la France dans le conflit".
26:07 C'était sur vos réseaux sociaux, sur Instagram, et vous rajoutiez
26:10 "Nous sommes la risée mondiale du traitement médiatique des musulmans
26:12 et cela aura un jour comme conséquence de voir l'extrême droite arriver au pouvoir".
26:16 Quel est le rapport entre le sort des musulmans
26:18 et le fait que trois jours avant, des familles entières aient été massacrées par le Hamas ?
26:20 J'ai du mal à comprendre.
26:22 - C'est vous qui corrélez ça, ça n'a rien à voir.
26:24 - C'est le post que vous mettez sur les réseaux sociaux,
26:27 trois jours après, le 7 octobre.
26:29 - Vous dites que moi, je dis que ce n'est pas normal de traiter les musulmans comme ça,
26:35 et je ne parle pas du sort des otages du Hamas.
26:36 - Non, pas du tout.
26:39 - Franchement, on essaye d'être de bonne foi.
26:41 Cette phrase, je la cite in extenso.
26:44 Et donc je vous pose la question de savoir
26:45 quel est le lien entre le traitement médiatique des musulmans
26:48 et ce qui s'est passé le 7 octobre avec les attentats terroristes du Hamas.
26:51 - Vous comprenez qu'à un moment, les musulmans, les Français de confession musulmane,
26:54 je ne vais pas dire que les musulmans, être musulmans en France,
26:58 c'est une particularité qu'on n'a pas dans d'autres pays.
27:00 Chaque islam finit par absorber la société dans laquelle il est,
27:04 dans le sens, les codes, le droit, et il y a un phénomène d'adaptation.
27:09 Je vous dis que depuis le 7 octobre, qu'est-ce qui s'est passé ?
27:11 Nous sommes tous, tous, choqués par ce qui se passe.
27:15 Si je puis me permettre, des deux côtés du mur,
27:18 que ce soit du côté de ce que fait Netanyahou et son gouvernement,
27:22 que je distingue absolument de la population israélienne,
27:25 que je trouve brillante, courageuse,
27:27 puisque eux-mêmes, ces derniers jours,
27:29 sont allés demander à Netanyahou de démissionner.
27:31 Eux-mêmes depuis 6 mois, et je le dis, c'est le peuple le plus engagé,
27:34 parce que eux-mêmes depuis 6 mois...
27:35 - Attendez, je vais au bout.
27:35 - Non, mais juste parce que vous dites "des deux côtés du mur",
27:37 vous renvoyez dos à dos le gouvernement israélien et le Hamas ?
27:41 Considérer que c'est à mettre sur un pied d'égalité ?
27:43 - Non, non, mais si je veux au bout de mes frappes,
27:45 je vous jure, vous n'allez pas me faire dire ce que je ne veux pas dire.
27:47 Je vous dis que le peuple israélien a demandé à ce que Netanyahou
27:51 et son gouvernement d'extrême droite, on est d'accord là-dessus,
27:54 partent, parce qu'aujourd'hui, ce sont eux qui donnent cette image
27:59 aux juifs du monde.
28:00 Et de l'autre côté, le Hamas n'est pas pour moi quelque chose
28:05 auquel on peut se référer.
28:06 Ce qu'a fait le Hamas a pris en otage la population palestinienne.
28:09 C'est très facile de se dire pro-palestinien
28:12 quand on est à Doha, au Four Seasons, en train de boire un mojito,
28:15 sans alcool j'imagine, et de dire "faites ci, faites ça".
28:18 Voilà, ce que je vous dis, il y a un très beau proverbe qui dit
28:20 "la guerre est décidée par des gens qui se connaissent très bien,
28:23 mais elle est faite par des gens qui ne se connaissent pas".
28:24 Ce que je vous dis au-delà de ça, il y a une solution française
28:26 qui n'est pas mal, qui est celle de deux États.
28:28 Voilà, j'invente pas une théorie.
28:31 - Malgré tout, pardon parce que c'est la question que je pose,
28:33 vous dites effectivement, vous condamnez les deux,
28:35 chaque vie civile, chaque mort civile est une épouvance.
28:38 - Merci.
28:39 - C'est une évidence et d'ailleurs...
28:41 - Ça n'a pas été une évidence sur tous les plateaux, mais allons-y.
28:43 - Ici, Salé, est-ce que...
28:44 - Je vous en remercie.
28:45 - Est-ce que vous renvoyez dos à dos l'armée israélienne et le Hamas ?
28:48 - Non.
28:49 - Non mais c'est une question que vous posez.
28:51 - Il y a des gens qui sont en action, le Hamas,
28:53 et il y a des gens qui sont en réaction, l'armée israélienne.
28:56 Je vous dis qu'à un moment, à longueur de temps,
28:59 on dit qu'Israël est une démocratie, à juste titre.
29:02 Est-ce que la réaction d'Israël depuis six semaines
29:05 est digne d'un pays qui se prétend démocratie ?
29:08 La réponse pour moi est non.
29:10 Netanyahou, aujourd'hui, met en péril, et je vous le dis,
29:13 son pays, la position des juifs de par le monde,
29:16 c'est une zone géographique qui est hautement stratégique.
29:19 Il y a quelques années, je vais vous dire quelque chose,
29:21 et je vous le dis devant tout le monde
29:22 pour que la communauté musulmane comprenne de quoi je parle.
29:24 Vous savez, il y en a eu des intifadas,
29:26 il y en a eu des morts palestiniens,
29:27 et même, je vais vous dire quelque chose,
29:28 le nombre de morts palestiniens aujourd'hui
29:29 n'équivaut pas à ce qu'il y a pu avoir par le passé.
29:31 Ça n'avait pas cette ampleur.
29:33 Pourquoi ça a pris cette ampleur-là ?
29:34 Parce qu'aujourd'hui, ce qu'a réussi le Hamas,
29:38 et c'est ce qu'ils ont réussi à faire,
29:39 c'est mondialiser ce conflit.
29:41 Ce conflit, aujourd'hui, ce n'est plus une question géographique,
29:44 c'est une guerre religieuse,
29:45 et ça, ça peut précipiter l'intégralité de notre monde
29:49 dans une impasse dans laquelle on ne se relèvera pas.
29:50 Est-ce que moi, j'ai envie de voir tous mes concitoyens
29:53 par un prisme religieux ? La réponse est non.
29:55 Merci beaucoup, Yassine Belattar,
29:57 d'avoir été l'invité de cette émission.
29:58 Je voulais juste montrer quelque chose rapidement.
29:59 Oui, parce qu'on doit vraiment pas se cacher.
30:01 Voilà, juste, je vous montre ça,
30:02 que les choses soient très claires quand vous me demandez
30:03 pourquoi je ne vais pas manifester.
30:05 C'est mon grand-père, il a été tirailleur marocain,
30:07 il a tabassé des nazis, ce n'était pas pour l'argent.
30:09 Il a écrit 75%, d'accord, réduction d'invalidité.
30:13 Alors, je vais vous dire quelque chose.
30:14 Quel est le rapport avec le fait de manifester contre les nazis ?
30:15 Je vais vous dire quelque chose.
30:16 Dans ma famille, comme dans beaucoup de familles musulmanes,
30:19 nous, les nazis, on ne les combat pas un dimanche après-midi
30:22 pour se refaire une image.
30:23 On les combat depuis 70 ans.
30:25 Et n'oubliez pas que l'histoire de France, d'accord,
30:28 ça fait partie de la construction.
30:29 Ça fait partie de la construction.
30:30 Non, mais vous pouvez le dire, vous pouvez,
30:32 à un moment, c'est savoir d'où l'on vient,
30:33 c'est savoir d'où l'on va.
30:34 C'est que nos grands-parents donnaient leur sang.
30:36 Et moi, aujourd'hui, je vous dis quelque chose,
30:37 la famille Le Pen qui vient aujourd'hui nous faire croire,
30:40 alors que leur parti est créé par des nazis,
30:42 qu'ils sont la solution, je dis aux juifs, non.
30:44 Je préfère m'asseoir avec des juifs,
30:46 ce sont un peuple frère, on va discuter ensemble
30:49 et ça va aller mieux ensemble.
30:50 Et je tenais à le dire sur votre plateau,
30:51 parce que je ne vais pas revenir mille fois.
30:52 Merci.
30:52 Merci beaucoup, Yacine Bellatare.