Le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, était l'invité de BFMTV ce dimanche soir.
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00:00 Bonsoir Eric Dupond-Moretti.
00:01 Bonsoir M. Duhamel.
00:02 Pour ceux qui ne connaissent pas et ne peuvent en avoir beaucoup,
00:05 le ministre de la Justice garde des seaux,
00:07 avant de vous interroger sur votre actualité,
00:10 un mot sur ce que vous venez d'entendre de la part d'Arnaud Rousseau
00:12 sur cette colère qui est encore vive
00:14 et l'idée que peut-être les choses n'iraient pas suffisamment vite,
00:18 alors même que des engagements très précis avaient été pris.
00:21 Il y a urgence ?
00:22 Moi je pense que le gouvernement a pris à bras le corps
00:26 pour résoudre l'ensemble des difficultés, des problèmes évoqués par nos paysans,
00:31 nos agriculteurs.
00:33 Moi-même j'ai porté un texte pour interdire que ce qu'on appelle les néo-héros,
00:38 ceux qui viennent s'installer à la campagne, puissent faire des procès lunaires.
00:41 Se plaindre de nuisances ?
00:42 Oui, ce texte sera examiné très prochainement au Sénat.
00:48 Non, non, moi je n'ai aucune crainte que le gouvernement ne tienne pas ses engagements
00:55 et notamment tout ce qui concerne la simplification.
00:58 Il y a des lenteurs visiblement.
01:00 Oui, mais monsieur, les attentes, la frustration, on peut la comprendre,
01:04 il faut le temps que les choses se fassent.
01:06 Je pense que très vite notre Premier ministre s'est rendu,
01:10 comme je l'ai déjà dit, non pas au centre de l'arène,
01:12 mais dans la ferme pour rencontrer les agriculteurs
01:17 et nos engagements seront à l'évidence tenus.
01:20 Ce que je peux vous dire c'est que la situation de ceux qui nous nourrissent,
01:24 c'est une situation qui pour nous, est une situation que nous n'allons pas laisser tomber.
01:31 On abordera dans un instant l'hommage que vous allez rendre mercredi à Robert Badinter,
01:36 ce sera Place Vendôme.
01:37 On va parler également du réarmement civique dont vous avez la charge.
01:41 Mais d'abord, Éric Dupond-Moretti, un mot sur l'annonce choc du jour.
01:44 Elle est signée Gérald Darmanin.
01:45 La fin du droit du sol à Mayotte via une réforme constitutionnelle à venir.
01:51 Ça fait plusieurs années que Marine Le Pen propose cette fin du droit du sol.
01:55 Elle avait raison, vous auriez dû l'écouter plus tôt.
01:57 Non, mais ce n'est pas la seule.
01:59 Pardonnez-moi, il y a longtemps que Gérald Darmanin et moi,
02:02 et le président de la République, nous avons connu cela.
02:05 Pas la fin du droit du sol, la restriction qui a été mise en œuvre ces dernières années,
02:11 mais pas la fin stricto sensu du droit du sol.
02:13 Monsieur Duhamel, vous ne savez pas ce que nous nous sommes dit,
02:16 mais qu'il me soit permis de préciser...
02:18 Je sais ce qui a été fait.
02:19 Aujourd'hui, vous dites que c'est une annonce choc, pas pour moi.
02:22 Pourquoi ? Parce qu'à situation exceptionnelle,
02:25 il faut prendre des mesures qui sont exceptionnelles.
02:29 Nos compatriotes maorais ont le droit de vivre dans la tranquillité.
02:34 Vous avez vu toutes ces images, les barrages,
02:37 vous avez entendu ce qu'a exprimé d'ailleurs le procureur de la République.
02:41 Il faut qu'on remette évidemment de l'ordre, indispensable,
02:45 et qu'on prenne les mesures qui vont bien et qui s'imposent.
02:48 Quand Mme Le Pen dit bonjour, il m'arrive aussi de dire bonjour,
02:52 pas forcément sur la ligne de Mme Le Pen.
02:54 C'est vrai, Eric Dupond-Moretti, mais vous qui êtes une...
02:56 Pardon ?
02:56 Vous présentez comme une arme anti-Rassemblement national
02:59 le fait est que Marine Le Pen propose depuis plusieurs années
03:03 la fin du droit du sol à Mayotte,
03:04 et que jusque-là, vous disiez il faut des restrictions,
03:06 mais pas la fin absolue du droit du sol,
03:09 et donc le fait que c'est le droit du sang qui va prévaloir dans ce département français.
03:12 Quand Marine Le Pen l'a dit, la situation n'était pas ce qu'elle était,
03:16 et elle n'a pas le don de médiumité.
03:18 La situation s'est considérablement obérée, considérablement aggravée.
03:24 C'est comme l'histoire de la préférence nationale.
03:26 Excusez-moi, elle existe depuis des temps immémoriaux.
03:29 Nous, Français, nous avons plus de droits que des étrangers.
03:33 Quand naturellement, à la suite du texte Immigration,
03:38 qu'elle veut voter mais que M. Bardella, son Premier ministre putatif,
03:41 ne veut pas voter, elle dit "Mais alors, c'est le triomphe du Rassemblement national".
03:45 Non, il faut être sérieux que Mme Le Pen, et on y viendra sans doute,
03:50 fasse de vraies propositions qu'on n'a jamais entendues,
03:53 auxquelles les autres n'ont pas songé,
03:55 et là, elle pourra se prévaloir d'être, comment dirais-je,
04:01 l'original de celle qui, au fond, propose les choses,
04:06 mais la préférence nationale est l'illustration de ce dérapage,
04:11 de cette dérive, de cette récupération sémantique.
04:14 Il y a d'autres exemples, voilà M. Duhamel,
04:17 ce que je peux vous dire et ce que je pense profondément.
04:20 Un mot encore sur Mayotte, ce midi, dans BFM Politique,
04:22 Marion Maréchal demande carrément que vous élargissiez
04:25 la fin du droit du sol à tout le territoire français.
04:29 Est-ce qu'en mettant fin au droit du sol à Mayotte,
04:32 vous n'ouvrez pas une brèche quant au principe d'indivisibilité républicaine,
04:36 le fait que quand on est né sur le territoire français,
04:39 même si vos parents sont étrangers, vous êtes français ?
04:42 Je vous ai dit qu'à situation exceptionnelle, solution exceptionnelle.
04:47 Je vous dis par ailleurs qu'une modification constitutionnelle
04:51 doit être portée devant les assemblées,
04:54 un vote identique devant l'Assemblée nationale,
04:57 identique au vote qui sera celui du Sénat.
05:00 C'est l'article 89.
05:01 Et ensuite réunion du Congrès, une majorité très importante,
05:04 puisqu'elle est des 3/5e, c'est vrai pour ce texte
05:07 et c'est vrai pour d'autres dont on parlera peut-être ce soir.
05:12 Vous avez une idée du calendrier ?
05:15 Parce que les Mahorais disent "il y a urgence".
05:17 Est-ce que ça peut aller vite, cette réforme constitutionnelle,
05:20 pour mettre fin au droit du sol ?
05:23 Je pense qu'il faut que nous allions vite,
05:25 mais je n'ai pas pour répondre précisément à votre question de calendrier.
05:31 Éric Dupond-Moretti, un hommage national sera donc rendu à Robert Badinter mercredi,
05:35 Place Vendôme, c'est-à-dire là où se trouve votre ministère, le ministère de la Justice,
05:39 ministère que Robert Badinter a occupé entre 1980 et 1986.
05:44 C'est aussi Place Vendôme que des manifestants d'extrême droite
05:47 et même des policiers en 1983 criaient "Badinter assassin"
05:51 sous les fenêtres du ministère, lui reprochant l'abolition de la peine de mort.
05:54 C'est tout un symbole que cet hommage ait lieu Place Vendôme,
05:57 alors que l'on voit que ces dernières années,
05:59 les hommages nationaux ont plutôt lieu aux Invalides.
06:01 Pourquoi ce choix ?
06:03 Il était cinq ans garde des Sceaux.
06:06 C'est de là que part l'abolition de la peine de mort,
06:10 mais pas que cela d'ailleurs, la dépénalisation de l'homosexualité,
06:16 la création, monsieur Duhamel, du travail d'intérêt général
06:20 qui existe encore et que j'ai considérablement élargi.
06:28 On en parlera tout à l'heure sur la question des travaux d'intérêt éducatif.
06:31 D'accord. Donc oui, c'est une symbolique très très forte de faire cela Place Vendôme.
06:39 Vous savez qu'on a ouvert des livres de condoléances
06:44 et que nous en sommes à plusieurs milliers de gens
06:48 qui sont venus de partout en France
06:52 pour rendre ce dernier hommage à Robert Badinter.
06:54 On voit ces images de Français qui effectivement vont signer ce registre Place Vendôme.
06:59 Au point que demain, et je profite de mon intervention ce soir devant vous,
07:05 demain à partir de 18h, nous ouvrirons encore la chancellerie aux portes de ceux...
07:12 Alors que ça devait finir ce soir.
07:14 Ça devait finir ce soir, oui, mais quand j'ai quitté la chancellerie pour venir ici,
07:18 il y avait une queue très très très très longue, sous la pluie d'ailleurs.
07:22 On s'est dit qu'on ne pouvait pas priver ceux qui souhaitaient rendre un dernier hommage à Badinter
07:27 de cette possibilité. Donc demain, à compter de 18h,
07:31 on ouvre à nouveau les portes de la chancellerie et après demain aussi.
07:36 Vous l'avez signé, le registre ?
07:37 Je le signerai.
07:38 Qu'est-ce que vous allez écrire ?
07:42 Laissez-moi, M. Duhamel, signer ce registre.
07:50 C'est un moment particulier pour moi
07:53 et je ne sais pas encore les mots que j'utiliserai,
07:57 mais j'essaierai de les bien choisir.
08:01 On va parler de l'héritage de Robert Badinter, bien sûr,
08:02 mais sur un plan plus personnel, je crois que presque tous les gardes d'essor récents,
08:06 une fois nommés, sont allés prendre au conseil auprès de lui.
08:08 C'est vrai.
08:09 Qu'est-ce qu'il vous a dit quand vous avez été nommé ?
08:13 D'abord que c'était un ministère difficile.
08:18 Il m'a offert son livre "Les épines et les roses"
08:23 avec une merveilleuse dédicace pour me dire et pour me rappeler
08:28 cette réalité que j'ai très vite constatée,
08:30 que chaque fois qu'un crime est commis,
08:34 au fond, certains disent que la justice est laxiste
08:40 et que c'est parce que la justice est laxiste
08:43 qu'il y a de la délinquance.
08:46 Puis nous avons évoqué des choses qui nous sont communes,
08:48 la présomption d'innocence,
08:50 qui est complètement déliquescente aujourd'hui pour dire les choses.
08:54 Il a été avec moi d'une grande bienveillance
08:57 et pour ne rien vous cacher,
08:58 j'étais très gourmand des conseils qu'il m'a donnés.
09:02 On sent ému, vous avez perdu une figure tutélaire,
09:07 comme ancien avocat, comme lointain successeur à Place Vendôme.
09:12 Qu'est-ce que vous garderez de Robert Badinter ?
09:16 Un homme de combat, je pense que tout le monde l'a dit,
09:18 un homme de conviction, un grand ministre de la justice,
09:22 un grand juge, il a présidé le Conseil constitutionnel,
09:26 et un grand avocat, oui,
09:29 qui a été beaucoup secoué, beaucoup bousculé, beaucoup critiqué.
09:33 Vous parliez de ce qui s'est passé à Place Vendôme
09:36 où certains criaient "Badinter assassin".
09:40 Jean-Marie Le Pen dit d'ailleurs "c'est la justice laxiste"
09:43 que ce que dit aujourd'hui le Front National.
09:45 D'ailleurs ce midi, dans BFM Politique,
09:47 Marion Maréchal assumait le fait de ne pas avoir réagi
09:50 à la mort de Robert Badinter.
09:52 Ça c'est quelque chose qui vous choque de voir qu'une partie,
09:55 une franche de l'échiquier politique,
09:57 soit lui rend hommage du bout des lèvres,
09:59 soit ne le fait pas.
10:00 Ce qu'a fait Marion Maréchal Le Pen,
10:02 ça a au moins un avantage, c'est l'avantage de la franchise.
10:05 Voilà.
10:06 Il était curieux, singulier, paradoxal
10:09 qu'elle verse des larmes de crocodile sur Robert Badinter.
10:14 Je pense que Robert Badinter n'est pas la tasse de thé de Reconquête
10:18 ni d'ailleurs la tasse de thé du Rassemblement National.
10:21 – Eux ont réagi.
10:22 – Oui, ils ont réagi.
10:24 Oui, ils ont réagi.
10:26 Ils ont dit deux ou trois mots,
10:28 mais la réalité c'est que Robert Badinter
10:32 n'a jamais porté les valeurs du Rassemblement National.
10:35 Et d'ailleurs il y a un continuum,
10:36 c'est assez intéressant de voir ce que dit à l'époque Place Vendôme.
10:41 Là où on va lui rendre cet hommage national,
10:45 ce qu'il dit à l'époque et ce que dit aujourd'hui sa fille.
10:47 C'est exactement la même chose,
10:50 c'est les mêmes ritornels,
10:52 c'est ces mêmes choses recuites depuis 40 ans.
10:55 – Même si aujourd'hui au Rassemblement National
10:58 on n'est pas favorable au rétablissement de la peine de mort.
11:01 Non, il y a eu des changements,
11:02 en 2012 il y avait l'idée d'amnistiater l'arrêt d'Aracara.
11:06 À Reconquête, Éric Zemmour se dit philosophiquement favorable à la peine de mort,
11:08 mais aujourd'hui aucun parti ne propose le rétablissement de la peine de mort.
11:12 – Non, peut-être officiellement.
11:15 En tous les cas, souvenez-vous de ce qu'a dit Marine Le Pen
11:18 sur ce qu'elle pensait à titre personnel.
11:22 Et souvenez-vous M. Duhamel de ce qu'a dit tout à fait récemment M. Bardella.
11:26 On évoquait la peine de mort et il a dit
11:28 "oui mais alors sur l'échelle des peines il y a..."
11:31 Et là on était, je l'ai déjà dit de cette façon,
11:34 dans la prétérition, c'est-à-dire qu'au fond
11:36 on regrettait sans regretter tout en regrettant.
11:40 C'est quelque chose qui n'est pas très clair en réalité,
11:43 le Rassemblement National et la peine de mort.
11:47 – Une question sur ce qu'était Robert Badinter avant d'arriver place Vendôme.
11:52 L'avocat qui notamment en janvier 77 réussit à éviter à Patrick Henry,
11:56 l'assassin du jeune Philippe Bertrand, 7 ans, d'être guillotiné.
11:59 Avec une plaidoirie exceptionnelle, une heure et demie sans note,
12:01 j'en lis un extrait pour ceux qui n'en gardent,
12:03 rapporté par les journalistes de l'époque.
12:05 "Il n'y aura pas de grâce présidentielle", dit-il au juré,
12:08 "vous seul avez le droit de vie et de mort si vous décidez de tuer Patrick Henry.
12:12 C'est chacun de vous que je verrai au petit matin à l'aube
12:15 et je me dirai que c'est vous et vous seul qui avez décidé",
12:19 Robert Badinter qui demande au juré d'empêcher la formule RST,
12:22 "on coupe un homme en deux".
12:25 Vous-même, habitué des procès d'Assise, à quitte à tort,
12:29 comme on vous a surnommé, cette plaidoirie-là
12:32 et le style Badinter restera aussi, au-delà de son héritage politique.
12:38 Oui. Oui. Je ne vois pas ce que je peux...
12:41 Non mais c'est sur cette...
12:43 Quand on entend ces mots, la façon dont ils ont été choisis,
12:47 la façon que l'on peut imaginer, dont ils ont été prononcés,
12:51 bien sûr que ça restera dans l'histoire de la justice.
12:55 Je veux dire d'ailleurs que pour tous ceux qui pensent que la peine de mort
12:58 permet d'éviter un certain nombre de crimes,
13:00 que l'exemplarité fonctionne toujours,
13:04 Badinter disait que quand l'auteur d'une infraction va commettre une infraction,
13:09 il ne le fait pas avec un code pénal sous le bras.
13:11 Il y a tout un tas de choses à développer...
13:14 La mort de Ranucci, la condamnation à mort de Ranucci n'avait pas empêché...
13:17 Non, mais mieux que ça, il explique...
13:18 Patrick Henry d'assassiner Philippe Bertrand.
13:20 Oui, il explique que quand on était condamné à mort,
13:23 buffé bon temps, il y avait un type qui criait "à mort, à mort, à mort",
13:28 c'était Patrick Henry.
13:30 Donc l'exemplarité, vous voyez, bien sûr qu'il y a de l'exemplarité,
13:35 bien sûr pour un certain nombre de nos concitoyens qui se disent
13:38 "Ouh là, je ne vais pas franchir le Rubicon",
13:41 mais ça n'est pas systématique.
13:43 Et vous savez, la procédure pénale, la politique pénale,
13:48 c'est aussi, M. Duhamel, une question de nuance.
13:51 Or, vous le savez, je m'en plains suffisamment,
13:54 l'époque n'est pas à la nuance, on est dans le manichéisme total.
13:59 Rien d'un côté, le mal de l'autre, rien entre les deux.
14:02 On essaye d'être nuancé, ici aussi.
14:05 Tant mieux.
14:06 Une dernière question sur Robert Badinter,
14:08 certains évoquent déjà la possibilité d'une entrée au Panthéon,
14:10 est-ce que vous y êtes favorable ?
14:13 Je ne répondrai pas à cette question,
14:15 puisque cette panthéonisation, c'est une décision à la fois prise
14:21 par le président de la République en concertation avec la famille.
14:25 Je ne vous demande pas si ça va se faire,
14:26 je vous demande si vous, intimement, personnellement, vous y êtes favorable.
14:29 Oui, mais je suis membre du gouvernement,
14:31 je ne suis pas n'importe quel citoyen.
14:33 Le citoyen Éric Dupond-Moretti vous dirait oui,
14:35 le ministre ne peut pas en dire plus, ça vous va ?
14:37 Mais le citoyen Éric Dupond-Moretti dit oui.
14:39 Vous voyez, même quand on fait de la nuance,
14:41 on peut quand même obtenir des réponses.
14:42 Éric Dupond-Moretti, vous avez la charge, je le disais,
14:44 de mettre en œuvre les travaux d'intérêt éducatif
14:46 pour les moins de 16 ans, mesure annoncée par Gabriel Attal
14:49 à l'occasion de son discours de politique générale,
14:50 c'est le fameux "tu casses, tu répares, tu salis, tu nettoies".
14:54 On a encore un peu de mal à comprendre en quoi cela consistera,
14:56 d'autant que le droit actuel permet déjà des mesures de réparation
14:59 pour les minaires, c'est quoi, c'est juste de la com'
15:01 ou ça va vraiment changer quelque chose ?
15:03 Non, ce n'est pas juste de la com'.
15:05 Moi, je ne suis pas un communiquant,
15:06 je suis un ministre de la Justice.
15:07 N'empêche pas l'autre.
15:09 Non, mais j'entends bien, mais ce n'est pas...
15:11 Vous avez dit juste de la com'.
15:12 Où est-ce que ça va changer quelque chose ?
15:13 Non, donc je vais mettre en place et je communiquerai
15:15 pour que l'on sache évidemment ce que j'ai fait.
15:18 On a déjà des mesures de réparation.
15:20 D'abord, ça s'adresse aux jeunes, je veux le dire.
15:23 Ce réarmement, il concerne à la fois les incivilités,
15:27 mais aussi le grand banditisme.
15:29 Le grand banditisme, j'ai annoncé les chiffres des saisies
15:32 des avoirs criminels, c'est l'année dernière 1,4 milliard
15:37 qu'on a pris aux voyous pour abonder le budget de l'État,
15:42 mais aussi pour permettre la redistribution
15:45 à des associations caritatives.
15:46 Alors, j'en reviens aux gamins, aux mineurs.
15:50 Il y a déjà des mesures qui sont des mesures de réparation.
15:53 Il s'est fait prendre en train de taguer,
15:55 et là on lui impose de nettoyer son tag.
15:57 Et puis, il y a d'autres mesures qui vont être mises en place.
16:00 C'est le travail d'intérêt éducatif.
16:03 C'est d'abord un suivi de la scolarité
16:05 parce que tout passe par la scolarité.
16:07 Un gamin qui est déscolarisé, c'est une catastrophe
16:10 et c'est une désespérance.
16:12 On le suit trois mois à trois mois renouvelable
16:14 et on lui impose, notamment dans des associations,
16:18 un certain travail.
16:19 Attention, parce que le travail des moins de 16 est interdit.
16:22 - Donc c'est du travail non rémunéré ?
16:24 - C'est du travail non rémunéré.
16:25 C'est, monsieur Duhamel, un effort.
16:28 Le sens de l'effort, ça n'est pas un sens interdit,
16:30 même et peut-être surtout chez les plus jeunes.
16:32 Et, pardon, toujours sur les mineurs,
16:35 il y a autre chose, un autre volet.
16:38 Quand on a des gamins qui traînent,
16:40 avant qu'ils aient commis des actes de délinquance,
16:44 on va voir les parents.
16:45 Et j'indique, je dis les parents, c'est un pluriel singulier
16:48 parce qu'après les émeutes, on s'est rendu compte,
16:50 on a fait des études, que 60% des cas,
16:54 c'est des mamans solos, qui, vous l'imaginez,
16:57 ne sont pas riches.
16:59 Ce sont des travaux pénibles.
17:01 Et donc, le préfet, le commissaire de police,
17:05 le maire aussi, parce que les maires connaissent bien leur ville,
17:09 les gens, etc.
17:12 Le maire va voir la maman et lui dit,
17:14 "Madame, est-ce que vous voulez un coup de main ?"
17:16 - Est-ce que vous voulez, par exemple, une place en interneur ?
17:19 - Oui, mais sauf que moi, j'ai écouté le Premier ministre jeudi soir,
17:21 Gabriel Attal, sur une chaîne concurrente, France 2,
17:24 qui dit, "J'arrive et je constate qu'il y a 50 000 places en internat
17:27 qui ne sont pas pourvues."
17:28 Ça fait 6 ans que vous êtes au pouvoir,
17:31 vous êtes arrivé à la chancellerie en 2020,
17:33 50 000 places en internat non pourvues,
17:35 il a fallu attendre que Gabriel Attal arrive à Matignon
17:37 pour pouvoir les proposer à ces jeunes en dérive que vous évoquez ?
17:41 - Mais non, ce qui nous a retenus,
17:48 ce n'est pas une espèce de désinvolture,
17:53 ce qui nous a permis d'enclencher ça,
17:56 c'est le résultat des analyses post-émeute.
17:59 On a été sidéré d'abord de voir que ça concernait toutes les villes,
18:04 pas que des villes difficiles, pas que des quartiers difficiles.
18:07 On avait, M. Duhamel, des gamins de 12, 11, 12, 13 ans,
18:12 ça c'était inconnu, si j'ose dire, au bataillon.
18:16 On a repéré que c'était des moments solos,
18:19 ça on ne le savait pas non plus avant que ces analyses nous reviennent.
18:24 Une fois qu'on les a eues, on s'est réunis
18:27 et on a décidé de mettre ça en place.
18:28 Ça n'existait pas, mais ce que je peux vous dire,
18:31 c'est que nous avons déjà fait beaucoup de choses pour les mineurs,
18:34 parce qu'on n'a pas découvert la Lune,
18:36 en disant "tiens, on va faire ça"
18:37 et pourquoi vous ne l'avez pas fait depuis 6 ans ?
18:38 - Et juste sur ces internats, vous dites "il faut que les parents le demandent",
18:41 ça c'est un frein important.
18:43 - Mais non, au contraire.
18:45 - Vous êtes sûr que les parents d'enfants qui sont en difficulté
18:49 auront forcément envie de...
18:51 - On veut sanctionner les parents défaillants,
18:54 je l'ai dit, c'est très clair.
18:55 J'avais dit au moment des émeutes "tenez vos gosses,
18:58 ne laissez pas traîner les gamins".
19:00 Il y a des parents qui n'assument pas leur devoir de parent.
19:03 Cela, moi je souhaite qu'on les rappelle à l'ordre
19:06 et qu'ils soient sanctionnés,
19:08 parce que ça commence là la délinquance.
19:11 Et puis vous avez des parents dépassés.
19:14 - Et ceux-là ?
19:15 - Et les parents dépassés, il faut les aider.
19:16 Mais deux secondes, je veux rappeler par exemple
19:19 qu'on a mis en place le code de justice pénale des mineurs.
19:23 Ça permet de juger des mineurs
19:27 qui ont commis des infractions dans des temps très courts.
19:30 Autrefois, avant ce texte,
19:32 un mineur sur deux était jugé quand il était majeur.
19:35 Aujourd'hui, on est...
19:37 - Ça va plus vite.
19:37 - Quelques mois, et les gens qui nous écoutent,
19:40 qui sont parents,
19:42 ils savent qu'on doit intervenir vite avec des gamins.
19:46 Si vous prenez une sanction trois ans plus tard,
19:49 ça n'a strictement aucun intérêt et strictement aucun sens.
19:51 - Vous parlez des gamins,
19:53 ces gamins-là sont à l'école,
19:54 et l'autorité passe aussi par l'école.
19:56 La nouvelle ministre de l'Éducation nationale, Nicole Belloubet,
19:59 vous lui avez succédé, place Vendôme,
20:01 parlait en 2016, je cite,
20:02 "des fariboles du retour de l'autorité".
20:06 Ce n'est pas exactement la ligne du gouvernement, là, non ?
20:09 - Vous ne pouvez pas vous empêcher.
20:11 - C'est une question légitime, non ?
20:13 - Vous, vous n'avez jamais dit des choses que vous regrettez en 2016.
20:18 - Ça vous a pas échappé que je ne fais pas de la politique
20:20 et que je ne suis pas rentré au gouvernement ?
20:22 - Vous pensez que les hommes politiques,
20:23 les femmes politiques sont différents des autres ?
20:25 Nicole Belloubet a dit ces choses, OK ?
20:27 Elle est dans un gouvernement aujourd'hui.
20:29 Il y a une ligne qui est très claire et qu'elle va suivre.
20:32 - Est-ce que c'est la mieux placée pour appliquer cette ligne-là,
20:34 dans la mesure où il y a 6 ans, 8 ans,
20:37 elle disait l'inverse de la feuille de route
20:39 qui lui est fixée aujourd'hui ?
20:40 - Ecoutez-moi, M. Duhamel.
20:41 Quand il y a des échéances électorales,
20:44 les gens, ils ont le droit de choisir leurs élus dans une démocratie.
20:49 Et parfois, ils vont chercher et élire des gens
20:52 qui n'appartiennent pas à la ligne politique
20:54 qui était la leur il y a 5 ans, il y a 6 ans.
20:57 C'est vrai pour tous les Français.
20:59 Et moi, j'ai sans doute dit un certain nombre de choses
21:02 que vous pourriez, en cherchant bien, me reprocher aujourd'hui.
21:05 Oui, ben voilà. OK. Ce qui compte...
21:07 - Donc c'est la bonne personne à la bonne place.
21:09 - Mais M. Duhamel, ce qui compte, c'est pas ce qu'on a pu dire.
21:12 C'est ce que l'on fait et ce que l'on veut faire.
21:15 Moi, je n'ai aucun doute sur l'engagement de Nicole Belloubet
21:19 pour s'inscrire dans la politique gouvernementale
21:22 définie par le Premier ministre.
21:25 - Entendu.
21:27 Et quand Nicole Belloubet est visée par un certain nombre
21:30 d'oppositions politiques sur le thème,
21:32 quand elle était place Vendôme,
21:33 elle a vidé les prisons après le projet au nom du Covid.
21:36 Elle est de sorte de symbole du laxisme.
21:39 C'est ce que vous avez vu en prenant sa suite ?
21:42 - Non, absolument pas. D'abord, elle n'a pas vidé les prisons.
21:45 Il y a des gens qui sont sortis, il leur restait un tout petit reliquat.
21:49 Certains ont été exclus de cette mesure,
21:52 ceux qui avaient exercé, commis des violences conjugales,
21:55 les terroristes, d'autres infractions.
21:57 Et je vais vous dire quelque chose à la bienfait de faire ça,
22:00 parce que sinon, nous aurions eu en prison
22:02 beaucoup plus de morts que ce que nous avons eu.
22:05 Et je rappelle qu'il y a eu des détenus qui sont morts.
22:07 Je rappelle, M. Duhamel, qu'il y a aussi des membres
22:11 de l'administration pénitentiaire qui sont morts.
22:14 Au moment de la Covid, vous le savez,
22:16 la prison est un monde clos par définition.
22:19 Et il était absolument indispensable qu'elle prenne ses mesures.
22:23 - Éric Dupond-Moretti, le cinéma français est traversé
22:25 par une onde de choc, celle de la libération de la parole
22:28 des femmes qui continue après, notamment,
22:30 le témoignage de l'actrice Judith Godrej,
22:32 qui a porté plainte pour viol contre les réalisateurs
22:34 Benoît Jacot et Jacques Doyon.
22:37 Vous n'avez pas eu toujours des mots très bienveillants
22:39 sur le mouvement #MeToo, avant de devenir garde des Sceaux,
22:42 quand vous étiez avocat.
22:43 Est-ce que là, vous soutenez ce mouvement de libération de la parole
22:46 en soutenant le courage de ces actrices qui y témoignent ?
22:49 - Alors, d'abord, quand vous dites que je n'ai pas eu
22:51 de mots bienveillants pour le mouvement #MeToo...
22:53 - Pas toujours.
22:54 - Non, non, c'est pas vrai.
22:56 D'ailleurs, j'ai écrit.
22:57 Vous voyez, les paroles s'envolent, mais les écrits restent.
22:59 Et qu'est-ce que j'ai écrit ?
23:01 J'ai écrit que #MeToo, ça permettait la libération de la parole de la femme.
23:06 Voilà ce que j'ai écrit, M. Duhamel.
23:09 J'ai dit exactement la même chose, mais j'ai ajouté
23:14 "Attention, parce que cette parole doit passer sous le filtre de la justice,
23:23 qui, et ça vous m'avez entendu le dire des dizaines de fois,
23:26 ne se rend pas sur les plateaux de télé, fustiles les plateaux de BFM,
23:33 ni dans la rue, ni dans les réseaux sociaux.
23:36 La justice doit faire son œuvre avec des règles quant à la preuve,
23:41 voilà, quant à la preuve, comment on construit une preuve,
23:45 que l'on ne peut pas rejeter d'un revers de manche.
23:49 J'ajoute d'ailleurs que l'héritage de Robert Badinter,
23:53 c'est cela aussi la présomption d'innocence, vous comprenez ?
23:57 - Mais là, on parle bien de ce qui se passe en ce moment,
24:00 ce qui traverse le monde du cinéma.
24:02 Quel regard est-ce que vous portez sur ces actrices,
24:05 Judith Gaudrech, Anna Mouglalis, qui prennent la parole ?
24:10 - Je vais vous dire plusieurs choses.
24:12 D'abord, j'ai porté avec enthousiasme un texte
24:16 qui est une proposition de loi de la sénatrice Billon.
24:20 Nous avons dit qu'en deçà de 15 ans, aucun homme ne pouvait dire
24:27 que la gamine est consentante.
24:30 Cette loi ne peut pas s'appliquer rétroactivement.
24:32 Mais on a fait voter ce texte.
24:35 - Vous faites référence notamment à ce que dit Judith Gaudrech,
24:37 qu'elle avait une relation avec Benoît Jacob alors qu'elle avait 14 ans.
24:40 - Pour le reste, la justice est saisie, une plainte est déposée.
24:44 La justice dira ce qu'elle a à dire,
24:46 et le garde des Sceaux ne peut pas en dire davantage.
24:48 Mais voyez-vous, moi je suis allé très loin.
24:51 J'ai demandé au procureur, et ils le font d'ailleurs maintenant systématiquement,
24:55 d'enquêter même quand les faits paraissent prescrits.
24:58 Pour quelle raison ?
25:00 Parce qu'on peut retrouver dans l'enquête des faits
25:03 qui peuvent concerner d'autres victimes qui ne sont pas prescrits.
25:07 Sur le reste, moi, je n'ai rien à dire.
25:10 Ce que je veux, c'est que la parole...
25:12 - C'est-à-dire le courage de ces actrices qui témoignent.
25:16 On voit que c'est douloureux, que c'est difficile,
25:18 que ça réveille aussi des souvenirs qui étaient souvent enfouis.
25:22 - Nous avons fait en sorte que les gendarmes, les policiers,
25:26 je dis nous, Gérald Darmanin et moi,
25:30 soient mieux formés pour recueillir la parole des victimes.
25:32 Parce qu'on sait qu'il y a eu des loupés, d'insupportables loupés.
25:36 Et on ne veut plus que ça arrive.
25:38 Formation des magistrats également.
25:41 Systématisation des poursuites, de la mise en œuvre de l'action publique.
25:48 Le reste, je ne peux rien dire.
25:51 C'est formidable que la parole se libère.
25:54 Mais le procès, il doit se faire à l'audience.
25:59 Voilà ce que je dis.
26:00 - Les mots du président de la République sur Gérard Depardieu
26:03 avaient choqué, ému beaucoup.
26:06 Il avait dit, c'était fin décembre,
26:08 que Gérard Depardieu rendait fier à la France
26:11 en ayant à peine un mot pour les victimes présumées de Gérard Depardieu.
26:17 Il s'en était ensuite expliqué à l'occasion de sa conférence de presse.
26:20 Vous-même sur Gérard Depardieu, est-ce qu'il vous rend fier ?
26:24 Est-ce qu'il rend fier à la France, selon vous ?
26:25 - Non mais l'acteur, nul ne peut nier que c'est un immense acteur, Gérard Depardieu.
26:31 Nul ne peut nier de la même façon que les mots que l'on a entendus
26:34 sont des mots extrêmement choquants.
26:37 Nul ne peut nier non plus que les mots ne signifient pas les actes
26:41 et qu'il y a eu un certain nombre d'amalgames entre ces mots qu'il a prononcés
26:45 qui sont scandaleux, inaudibles, enfin tout ce que vous voulez,
26:49 et ce qu'on lui reproche.
26:50 Et ce qu'on lui reproche, je le dis encore, c'est pas ici que l'on va en débattre.
26:55 - Ce sont des plaintes.
26:56 - On va laisser la justice faire son travail.
26:59 Ça s'appelle l'état de droit, ça.
27:01 Et si on casse ce mécanisme,
27:03 et si on s'autorise à une espèce de vindicte populaire
27:08 sans que la justice ait fait son travail,
27:10 enfin pardon, moi je dois dire que le président de la République,
27:13 il est respectueux de la présomption d'innocence.
27:16 - Dire Gérard Depardieu en fier à la France,
27:19 quelques jours après la révélation des propos qu'il a tenus
27:22 dans le cadre de ce reportage complément d'enquête,
27:24 c'est pas être extrêmement...
27:25 - Il dit aussi que les propos...
27:27 - Peut-être respectueux de ce qui peut être dit, de propos choquants,
27:31 qui en l'espèce, consistaient à sexualiser une jeune fille.
27:34 - Monsieur Duhamel, on a un peu tronqué les propos du président de la République
27:39 parce qu'il parle aussi des propos de Gérard Depardieu,
27:42 tel qu'on les a entendus, comme étant des propos choquants.
27:48 Pour le reste, laissons faire la justice.
27:51 Voilà, vous voyez, c'est tout cela
27:54 qui fait que la présomption d'innocence est mise à mal.
27:57 Moi, je ne dis rien sur ce dossier.
27:59 Je n'en sais rien.
28:01 Le garde des Sceaux n'a pas les procès-verbaux,
28:03 ils ne lui sont pas transmis, c'est très bien comme ça.
28:05 Puis le garde des Sceaux ne peut pas intervenir dans les affaires en cours.
28:08 - Un mot encore sur ce sujet.
28:09 La patronne des députés insoumis, Mathilde Panot,
28:11 considère que dans l'immédiat, du moins,
28:13 le service public ne doit plus diffuser,
28:15 notamment les œuvres de Gérard Depardieu.
28:17 Elle était interrogée sur Cyrano de Bergerac,
28:19 le film avec Gérard Depardieu dans le rôle-titre.
28:21 Est-ce que vous êtes d'accord avec elle ?
28:23 - Ecoutez, ceux-là, ce sont ceux de la gauche
28:26 qui vont se revendiquer de l'héritage de Robert Badinter.
28:30 Je rappelle que chez Les Verts, par exemple,
28:32 on a totalement ostracisé l'un de leurs dirigeants,
28:38 sans qu'on sache même s'il avait commis une infraction.
28:43 - Vous parliez de Julien Bayou, qui était à l'époque patron de Les Verts.
28:46 - On dit de lui, moi je n'en sais rien,
28:48 qu'il aurait quitté un certain nombre de ses compagnes,
28:51 de ses conquêtes, de façon peu élégante,
28:55 en tout état de cause, ça ne constitue pas une infraction.
28:59 Il a été viré de ses fonctions.
29:01 Sandrine Rousseau a fait son procès médiatique,
29:06 sans qu'il puisse exprimer quoi que ce soit.
29:10 À ce jour, à ma connaissance,
29:12 aucune plainte n'est en cours contre lui.
29:14 Est-ce qu'on veut vivre dans une société comme celle-là ?
29:17 - Mais donc, Cyrano de Bergerac avec Gérard Depardieu,
29:20 comme le dit Mathilde Panot,
29:21 le service public doit, dans l'immédiat,
29:23 arrêter de diffuser, de passer ce film à la télé.
29:26 - Je ne suis pas le service public, monsieur.
29:28 L'ostracisation, la mise à l'écart, je ne sais pas.
29:33 Est-ce qu'on doit encore lire les œuvres de Céline ?
29:37 Je ne sais pas.
29:39 Moi, je ne suis pas Savonarole, je ne suis pas Torquemada,
29:43 je ne suis pas le grand moralisateur de la vie publique.
29:47 Je ne veux pas l'être.
29:49 Il y a une œuvre.
29:51 Il y a par ailleurs l'auteur de cette œuvre
29:54 qui fait l'objet de plaintes,
29:56 que la justice fasse son travail.
30:00 Voilà.
30:01 Monsieur Mélenchon, il a été condamné
30:03 pour avoir violenté policiers et procureurs.
30:07 Condamné par le tribunal de Bobigny.
30:10 Vous savez, c'est "La République, c'est moi".
30:12 Est-ce que Mme Panot demande
30:14 à ce qu'il n'intervienne plus à la télé ?
30:16 - Il ne s'agit pas exactement de la même gravité,
30:18 même si dans un cas, il s'agit d'accusation.
30:21 Et je ne me rends pas compte qu'il y a une condamnation.
30:23 C'est juste pour ne pas donner l'impression
30:25 qu'il y a une sorte d'équivalence.
30:27 - C'est ça.
30:28 Vous avez un mal fou avec la présomption d'Inachon.
30:31 - Pas du tout, Éric Bondoretti.
30:33 - Vous avez d'un côté...
30:34 Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise de plus ?
30:36 - Non, mais c'est clair.
30:37 Je ne suis pas Savonarole.
30:39 - Monsieur Duhamel, je m'y arrête une petite seconde.
30:43 Moi, je suis garde des Sceaux.
30:44 Je ne peux pas intervenir dans les affaires en cours.
30:46 Je n'ai pas le droit de m'exprimer.
30:48 Je n'en ai pas l'envie.
30:50 Ça s'appelle, pour nos téléspectateurs,
30:53 la séparation des pouvoirs.
30:55 C'est clair, ce principe.
30:56 Je dis, faisons très attention à la présomption d'innocence.
31:02 Il y a des gens qui se sont fait démolir
31:04 et qui, au final, ont été acquittés.
31:07 Je ne dis pas que ce sera le cas de Gérard Depardieu.
31:10 Je n'en sais strictement rien.
31:12 Peut-être sera-t-il condamné.
31:14 Peut-être sera-t-il relaxé ou acquitté.
31:17 Je dis, vous savez ce que c'est que la présomption d'innocence ?
31:20 C'est un concept un peu compliqué,
31:22 mais pour les gens qui nous écoutent,
31:24 vous savez ce que c'est que la présomption d'innocence ?
31:26 C'est attendez une minute.
31:28 Prenons bien sûr en considération la parole des victimes.
31:32 - Qui parfois n'a pas été suffisamment entendue.
31:34 - Mais c'est vrai !
31:35 - Sans l'excuser du tout, ce qui parfois explique
31:37 la tendance des uns et des autres à dire
31:39 qu'il y a une sorte de mouvement de balancier.
31:41 - Vous avez raison.
31:43 Il y a des gens aujourd'hui qui se battent,
31:45 qui ont introduit une action judiciaire pour dire
31:47 à cinq ou six reprises, on est allé voir
31:49 les services de police, de gendarmerie.
31:51 C'était en 2019 je crois ou en 2016.
31:55 Bon, et puis on n'a pas été entendu.
31:57 Et puis on n'a pas pris en considération.
31:59 Et puis oui, on a eu ça.
32:01 C'est vrai qu'on a eu ça.
32:03 Et nous, nous avons tout fait, je dis nous, Gérald Darmanin
32:05 et moi, le régalien,
32:07 pour qu'on prenne la parole des victimes.
32:09 Qu'on ne dise pas, oh bah écoutez, c'est une histoire.
32:12 On a entendu ça dans les réponses.
32:14 Écoutez, c'est une histoire. J'ai entendu, moi, j'ai vu.
32:16 Ça va se rabibocher sur l'oreiller.
32:18 C'est terminé ça.
32:20 On a mis en place des UMJ pour que, immédiatement.
32:24 - Une unité. Un équipe judiciaire, oui.
32:26 - Mais oui, mais oui, mais oui.
32:28 On a développé les bracelets anti-rapprochement,
32:30 téléphone grave danger, il y en a un.
32:32 - Qui a fonctionné à Noisy-le-Rhin.
32:34 - Qui a formidablement fonctionné, mais je vous donnerai
32:36 le nombre des alertes.
32:38 On a mis en place les ordonnances
32:40 de protection.
32:42 - Juste, Eric Dupond-Moreti, pour continuer sur ce sujet,
32:44 parce qu'il y a une position qui a été soutenue par la France
32:48 qui a pu jeter le trouble.
32:50 Ce que vous avez défendu à l'échelle européenne
32:52 sur la définition du viol.
32:54 La gauche, notamment, et des associations de féministes
32:56 vous reprochent de vous être opposés
32:58 à une définition du viol fondée sur l'absence de consentement
33:00 avec d'autres pays, l'Allemagne, la Hongrie.
33:03 Est-ce que cela veut dire que la France
33:05 considère qu'une relation sexuelle non consentie
33:07 n'est pas un viol ?
33:09 - Alors, je vais vous dire.
33:11 Ça c'est l'entrée en matière,
33:13 c'est l'entrée en campagne électorale
33:15 de M. Glucksmann.
33:17 - Qui a communiqué sur les réseaux sociaux
33:19 en s'indignant de cette...
33:21 - 400 000 vues.
33:23 Et des associations de victimes, des femmes,
33:25 des jeunes femmes, complètement perdues,
33:27 en disant "Mais alors, il n'y a plus de viols en droit de...
33:29 Je vous explique.
33:31 La Commission européenne propose
33:33 une directive.
33:35 Dans cette directive, il y a une définition
33:37 européenne du viol.
33:39 Et un certain nombre d'autres mesures,
33:41 indubitablement,
33:43 incontestablement, en faveur des femmes.
33:45 Bon.
33:47 Là, nous,
33:49 nous regardons si en droit,
33:51 tout cela est recevable.
33:53 Et nous disons, avec des juristes
33:55 très éminents, "Attention,
33:57 parce que l'Union européenne
33:59 n'est pas compétente
34:01 pour une définition
34:03 du viol,
34:05 c'est une violation,
34:07 selon notre analyse,
34:09 de l'article 83
34:11 du traité fondamental de l'Union.
34:13 Donc, c'est pas qu'on ne veut pas,
34:15 c'est qu'on ne peut pas, avec le risque...
34:17 Laissez-moi venir, parce que
34:19 M. Glucksmann ne peut pas l'ignorer, ça.
34:21 Avec le risque que la Cour de justice
34:23 de l'Union européenne
34:25 vienne annuler tout ça.
34:27 - Alors, comment vous expliquez, Eric Dupond-Moretti,
34:29 que Stéphane Séjourné, qui aujourd'hui siège avec vous
34:31 au Conseil des ministres, au mois de décembre,
34:33 où il appelait la France à soutenir
34:35 cette définition
34:37 du viol à l'échelle européenne ?
34:39 - Parce que je pense que la question,
34:41 si vous voulez, de droit,
34:43 n'a pas été suffisamment
34:45 regardée. - Donc, il s'est trompé ?
34:47 - Non, moi je pense qu'il s'est trompé, oui.
34:49 Je vais vous dire, très franchement, les choses.
34:51 L'idée est bonne,
34:53 mais le droit l'interdisait. Donc, nous, on s'est dit,
34:55 si on va vers cela,
34:57 qu'est-ce qui peut se produire ?
34:59 Il peut se produire que la directive sera complètement annulée.
35:01 - Mais c'est seulement une question de droit, parce qu'au Sénat,
35:03 vous dites qu'il pourrait y avoir des risques de glissement
35:05 vers une contractualisation des relations sexuelles,
35:07 dont je crois que personne ne veut.
35:09 Ça, c'est pas un argument de risque
35:11 de jurisprudence de droit communautaire
35:13 qui casserait cela.
35:15 Ça, c'est un argument de fond. - J'ai pas fini.
35:17 D'abord, il y a une question de droit.
35:19 Ensuite, il y a une présentation
35:21 du texte qui pourrait
35:23 faire en sorte que le consentement,
35:25 au fond,
35:27 on demande à la victime,
35:29 exclusivement à elle.
35:31 Et donc, une espèce d'inversement de la charge de la preuve.
35:33 Troisièmement, nous,
35:35 nous n'avons aucune leçon à recevoir
35:37 en matière de viol. Nous sommes, M. Duhamel,
35:39 la législation la plus sévère
35:41 d'Europe en matière de viol.
35:43 Vous m'entendez bien. La plus sévère.
35:45 Alors, voilà ce que ça a donné sur les réseaux.
35:47 C'est là où il y a une escroquerie intellectuelle majeure.
35:49 Emmanuel Macron
35:51 vient de réussir à inclure,
35:53 à exclure
35:55 la criminalisation du viol
35:57 en loi européenne. Ça, c'est M. Glucksmann.
35:59 Et son associé,
36:01 si j'ose dire, Mme Manon Aubry,
36:03 dit... - Associé à France Insoumise.
36:05 - Oui, oui, enfin associé.
36:07 "Pensez-vous qu'une relation sexuelle non consentie
36:09 est un viol ? Pour Macron,
36:11 c'est non." Mais c'est
36:13 scandaleux. Nous, nous avons
36:15 une définition du viol
36:17 qui consacre
36:19 l'absence de consentement. - Et pourquoi
36:21 il y a autant de pays européens qui, eux, ont soutenu
36:23 cette disposition à l'échelle européenne ?
36:25 - Parce que peut-être... - Ils ont pas moins
36:27 de juristes que les Français. - Mais parce que...
36:29 Mais il y a l'Allemagne aussi. - Oui, oui.
36:31 - Qui est sur notre ligne. - Et la Hongrie.
36:33 - Oui, j'entends bien. Mais l'Allemagne
36:35 ne peut pas comparer l'Allemagne et la Hongrie sur ces questions.
36:37 - On est d'accord. - Vous me conseillez... - Allemagne dirigée par
36:39 un chancelier social de l'Emprate, et la Hongrie par
36:41 Victor Orban. - Non mais, M. Duhamel,
36:43 invitez un certain nombre des juristes qui pensent
36:45 qu'on ne peut pas...
36:47 C'est une question de compétence
36:49 définir le viol
36:51 sur le plan européen.
36:53 C'est une question de droit.
36:55 C'est un risque d'inversement de la charge
36:57 de la preuve. Ce n'est que ça. Chez nous,
36:59 l'absence de consentement est consacrée
37:01 dans le texte du Code pénal. C'est
37:03 menace, contrainte... - Surprise.
37:05 - Menace,
37:07 contrainte, surprise, et les violences.
37:09 Et toute la jurisprudence,
37:11 mais depuis des temps immémoriaux,
37:13 nous dit quand il y a menace, quand il y a contrainte,
37:15 quand il y a des violences, c'est
37:17 une absence de consentement, et ça
37:19 constitue le crime de viol.
37:21 Donc, que l'on ait
37:23 été, comment dirais-je,
37:25 à un moment
37:27 attentif à cette
37:29 volonté de nouvelle directive.
37:31 Dans l'tacte, il y a des choses qui vont dans le bon sens.
37:33 Il y a des choses sur l'excision,
37:35 des choses sur le cyber-harcèlement,
37:37 c'est pas mal d'aller vers ça.
37:39 Mais qu'ensuite, on en fasse,
37:41 Macron veut pas
37:43 punir le viol, et Macron
37:45 dit qu'une relation non consentie
37:47 n'est pas un viol, ça je le dis,
37:49 c'est une tromperie, c'est une escroquerie,
37:51 c'est un scandale.
37:53 Et pour une entrée en politique,
37:55 franchement, M. Glucksmann,
37:57 il a fait très très fort.
37:59 Et il pourrait d'ailleurs,
38:01 parce que vous savez, il y a eu 400 000 vues,
38:03 et des gamines
38:05 qui ont fait des vidéos pour dire "non non,
38:07 mais attendez les copines". – Il y a un débat sur
38:09 la question de cette
38:11 directive. – C'est un choix
38:13 en droit.
38:15 Mais de là à dire que nous, nous sommes
38:17 pour le viol, c'est grosso modo ce qui a été dit,
38:19 c'est scandaleux. – C'est exactement comme ça qu'il l'écrivait.
38:21 – Écoutez, écoutez. – Parfois, certaines réactions.
38:23 – Pensez-vous qu'une relation sexuelle non consentie
38:25 est un viol ? Point d'interrogation.
38:27 Pour Macron, c'est non. Qu'est-ce qu'on voulait de pire
38:29 que cela ?
38:31 – Parler politique, justement,
38:33 Éric Dupond-Moretti, la semaine a été marquée par un sondage choc,
38:35 Ifop pour Valeurs Actuelles, qui pour la première fois
38:37 donne Marine Le Pen gagnante au second tour
38:39 de l'élection présentielle, 51%,
38:41 testée face à Gabriel Attal,
38:43 36% au premier tour, là aussi c'est un
38:45 record. Quel échec,
38:47 après sept ans de macronisme,
38:49 de voir ce sondage qui donne Marine Le Pen gagnante au second tour ?
38:51 Quel échec ?
38:53 – Bon, d'abord,
38:55 je vais vous répondre ce que
38:57 tous ceux qui sont
38:59 aux manettes pourraient vous répondre,
39:01 c'est un sondage.
39:03 Ensuite, moi,
39:05 je pense que dans la rapidité
39:07 de l'information,
39:09 au fond, un clou
39:11 chasse l'autre. Il y a plein de choses qu'on a oubliées.
39:13 Est-ce que l'on peut dire sérieusement
39:15 que l'économie,
39:17 telle qu'elle a été conduite,
39:19 est un échec ?
39:21 Baisse du chômage,
39:23 drastique,
39:25 réindustrialisation
39:27 de notre pays.
39:29 Nous avons surmonté le Covid
39:31 comme aucun autre pays d'Europe.
39:33 – Non mais Eric Le Bonwiti,
39:35 là on ne parle pas d'économie, on parle juste
39:37 d'une promesse présidentielle en 2017 qui dit
39:39 "je m'engagerai pour que plus personne n'ait de raison
39:41 de voter pour les extrêmes" et vous avez
39:43 en février 2024 un sondage qui donne Marine Le Pen
39:45 gagnante, testée face à Gabriel Attal.
39:47 Si on ne dit pas que ce n'est pas un échec...
39:49 – Si vous voulez que je vous réponde ce que vous souhaitez entendre,
39:51 ok, mais
39:53 je suis en train de dire que
39:55 l'actualité et son rythme
39:57 contraint
39:59 un certain nombre de nos compatriotes
40:01 à ne pas s'attarder
40:03 sur les réalisations qui ont été faites
40:05 et bien faites. Mais,
40:07 M. Duhamel,
40:09 comment on aurait été soigné si Mme Le Pen
40:11 avait été présidente de la République pendant la Covid ?
40:13 Qu'est-ce qu'on aurait pris ?
40:15 Trois doses de Spoutnik ?
40:17 Moi je veux rappeler ça aux Français,
40:19 je les regarde les yeux dans les yeux.
40:21 – Ça ne les empêche pas de répondre au sondage ?
40:23 – Mais j'entends bien, mais qu'est-ce que ça veut dire ?
40:25 Ça veut dire que là, il y a du mécontentement,
40:27 à ne pas se dire le contraire. – Il n'y a pas à prendre de responsabilité ?
40:29 – Oui, attendez, il y a du mécontentement,
40:31 mais il y a aussi l'effet, j'allais dire,
40:33 populiste, parce que le populiste
40:35 il vous dit ce que vous avez envie d'entendre.
40:37 Par exemple, disons, délinquance zéro,
40:39 à l'horizon Marine Le Pen,
40:41 si elle vient au pouvoir,
40:43 tout va aller très bien, dans le meilleur des mondes.
40:45 Non mais attendez Mme Le Pen,
40:47 il y a un petit problème constitutionnel,
40:49 pas grave, on va changer,
40:51 mais il y a un petit problème au niveau européen,
40:53 pas grave, on va s'affranchir du trait…
40:55 Enfin voilà, tout est comme ça.
40:57 Donc il y a du mécontentement, c'est vrai,
40:59 il y a incontestablement
41:01 des tas de promesses qui ne pourront
41:03 jamais être tenues.
41:05 Et donc c'est quoi, les Français sont des idiots ?
41:07 Mais c'est pas ce que je suis en train de vous dire.
41:09 Non mais 36% ! Je suis… Enfin, pardon Eric Dupond-Moretti,
41:11 mais vous mettez en avant des éléments politiques de débat,
41:13 mais à aucun moment vous vous dites
41:15 quelque chose qu'on a mal fait, pour que ce soit
41:17 ce type de résultat. Mais non, et si vous
41:19 me contraignez
41:21 dans le temps, vous savez que…
41:23 Ça fait, quoi, allez, plus d'une trentaine
41:25 de minutes qu'on parle, on a le temps, je suis contraint par 40 minutes,
41:27 me dit-on même. Laissez-moi répondre
41:29 complètement. Bien sûr qu'il y a des choses
41:31 qu'on n'a pas fait, comme
41:33 sans doute on aurait dû les faire, mais il y a aussi
41:35 l'attraction pour le populisme,
41:37 le populisme, il attire,
41:39 on rase gratis. Il y a aussi,
41:41 monsieur
41:43 Duhamel, je le dis,
41:45 une mémoire qui est une mémoire évanescente
41:47 parce que l'actualité
41:49 a son rythme, qu'elle n'a pas,
41:51 qui n'est pas le rythme du pouvoir.
41:53 Vous savez, entre…
41:55 Regardez, moi,
41:57 j'ai mis en place
41:59 le plus gros plan d'embauche de l'histoire
42:01 dans la magistrature.
42:03 Mais il y a encore des magistrats et des greffiers
42:05 qui sont frustrés et ils ont raison
42:07 parce qu'il faut maintenant mettre
42:09 tout cela en place.
42:11 Ça ne se fait pas en un claquement de doigts.
42:13 - Donc c'est la réponse ? - Mais oui !
42:15 C'est un mélange de choses.
42:17 Il y a de la frustration, il y a de la déception,
42:19 il y a aussi le fait qu'un certain
42:21 nombre de mesures, plus personne ne s'en souvient,
42:23 le prêt garanti, la COVID,
42:25 ce que l'on est allé chercher
42:27 au niveau européen et notamment les vaccins.
42:29 Et moi je dis aux Français
42:31 qui ont la tentation,
42:33 et la tentation ce n'est pas le vote, on verra bien,
42:35 il y a encore du temps et de l'eau qui va passer.
42:37 - Justement, sur le Rennes, une question très précise,
42:39 Eric Dupond-Moretti, est-ce que vous considérez
42:41 que Marine Le Pen fait partie de l'arc républicain ?
42:43 - Je ne sais pas.
42:45 Écoutez,
42:47 Marine Le Pen a été
42:49 élue.
42:51 C'est une élection démocratique.
42:53 Elle est à l'Assemblée.
42:55 Qu'est-ce qu'il faut que je vous dise d'autre ?
42:57 Vous avez re-regardé vos précédentes prises de position.
42:59 C'était dans l'arc républicain, vous mettiez
43:01 les républicains, les socialistes,
43:03 mais vous mettiez plutôt le RN hors de cet arc républicain.
43:05 Or,
43:07 Gabriel Attal a dit
43:09 l'arc républicain, c'est l'hémicycle.
43:11 Emmanuel Macron a dit qu'il était
43:13 tout à fait normal d'avoir des discussions
43:15 avec le RN à l'Assemblée nationale.
43:17 Quand on se souvient des réponses aux questions
43:19 au gouvernement où vous dites au RN "chassez les
43:21 Gudards et les nasillons de vos rangs",
43:23 ce n'est pas tout à fait compatible avec le
43:25 fait de dire que vous pouvez travailler
43:27 avec le RN à l'Assemblée nationale. Il faut choisir entre les deux.
43:29 Non, mais d'ailleurs, à ce propos,
43:31 je ne pensais pas l'évoquer,
43:33 mais à ce propos,
43:35 Marine Le Pen était venue raconter sur votre
43:37 plateau et sur tous les autres qu'elle allait déposer une plainte
43:39 contre moi. Vous vous souvenez ?
43:41 Il n'y a pas eu de plainte. Non. Et je tiens
43:43 toujours la liste des Gudards et de tous les autres
43:45 là, qui gravitent dans son
43:47 écosystème. Bon.
43:49 Je réponds à ça. Oui, mais sur la question
43:51 que je vous pose, Eric Dupond-Moretti, vous voyez bien que,
43:53 si vous dites que vous êtes garde des Sceaux,
43:55 vous avez, on dit,
43:57 l'arme anti-RN, avec des arguments,
43:59 très souvent, moraux.
44:01 Vous appelez le RN "Front National".
44:03 Vous les renvoyez au passé
44:05 qui est le leur.
44:07 Et vous avez à côté un président de la République et un Premier ministre
44:09 qui disent "L'arc républicain, c'est l'hémicycle".
44:11 Donc, comprenez, Marine Le Pen est républicaine.
44:13 Et le président de la République qui dit "Bien sûr, il faut travailler avec eux".
44:15 Ce n'est pas pareil. J'ai aussi un président de la République
44:17 qui, avant-hier,
44:19 à l'École nationale de la magistrature,
44:21 parle des vents mauvais.
44:23 Et qui vise-t-il ? Il vise l'extrême droite ?
44:25 Qui reste l'extrême droite ?
44:27 Pardon, moi, je vais vous dire
44:29 des choses toutes simples.
44:31 Toutes simples.
44:33 Marine Le Pen, je ne sais jamais
44:35 sur quel pied elle danse.
44:37 – Mais elle est républicaine ou pas ? – Mais j'en sais rien.
44:39 Demandez-lui à elle si elle est républicaine.
44:41 – Elle répond oui. – J'espère.
44:43 – Mais vous ? – J'espère qu'elle l'est.
44:45 Voilà.
44:47 Ça, c'est du truc de commentateur politique.
44:49 – Et du point de vue éthique, si je vous avais posé la question
44:51 sur l'arc républicain avant les déclarations du président de la République
44:53 et du Premier ministre, quelque chose me dit que vous auriez
44:55 expliqué qu'elle était hors de l'arc républicain.
44:57 – Mais écoutez, elle est
44:59 en tous les cas dans l'hémicycle.
45:01 Bon, il y a des...
45:03 Le dernier texte que j'ai porté,
45:05 loi de programmation justice,
45:07 pour doter historiquement la justice
45:09 de notre pays, avec un plan d'embauche
45:11 exceptionnel, des moyens exceptionnels,
45:13 le RN a voté.
45:15 Ils n'ont voté aucun autre
45:17 des budgets justice.
45:19 Comprenez la cohérence, moi je ne la comprends pas,
45:21 mais peu importe, ils ont voté.
45:23 Ils ont été élus.
45:25 Le débat
45:27 et le combat, peut-être,
45:29 sera un combat et un débat
45:31 démocratique. – Mais par exemple, sur la question
45:33 des travaux d'intérêt éducatif qu'on évoquait, est-ce que vous
45:35 allez travailler avec le Rassemblement national ?
45:37 – Mais je vais présenter un texte
45:39 à l'Assemblée nationale
45:41 et puis si le RN
45:43 souhaite le voter,
45:45 il le votera. – Pas ma question, est-ce que vous allez
45:47 travailler avec eux ? – Mais travailler, ça veut dire quoi ?
45:49 – Ça veut dire entendre leurs propositions,
45:51 comme vous pouvez entendre les propositions
45:53 des Républicains, du Parti Socialiste. – Écoutez bien, moi je vais
45:55 devant la commission des lois de l'Assemblée nationale.
45:57 Il y a des membres du Rassemblement
45:59 national. Bon.
46:01 Quand ils me posent une question, je leur réponds.
46:03 Évidemment.
46:05 Et voilà, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise devant ?
46:07 – Vous ne pouvez pas me dire que vous allez travailler avec eux.
46:09 – Mais je travaille, de facto,
46:11 avec eux. Je vous dis,
46:13 c'est de la polémique journalistique.
46:15 – Non, pas du tout, c'est pour essayer
46:17 de clarifier le rapport
46:19 à un parti qui a 88 députés
46:21 à l'Assemblée nationale, qui fait dans les sondages
46:23 51%. Et pardon Éric Dupond-Moétis,
46:25 mais… – Vous ne voulez pas qu'on aborde le fonds ?
46:27 Parce que ça, pour moi… – Non, non, non, non,
46:29 Éric Dupond-Moétis, franchement. – Non, non, non.
46:31 – Quand Élisabeth Borne dit "le RN est un parti
46:33 héritier du maréchal Pétain" et que
46:35 quelques mois plus tard,
46:37 il y a quelques mois,
46:39 et que maintenant le président de la République dit qu'on peut travailler
46:41 avec le RN à l'Assemblée nationale,
46:43 pardonnez-moi, si l'idée
46:45 c'est de travailler avec un parti qui, jadis,
46:47 était considéré comme l'héritier de Pétain, c'est un peu difficile.
46:49 – Mais pardonnez-moi, c'est une réalité.
46:51 Regardez ce que Marine Le Pen a dit
46:53 sur la France de Vichy.
46:55 Enfin, excusez-moi, Marine Le Pen,
46:57 c'est compliqué d'appréhender
46:59 cette réalité. Elle est dans la marche
47:01 contre l'antisémitisme
47:03 et en 2017, elle dit
47:05 "je demande aux franco-israéliens
47:07 de choisir leur nationalité". Mais, dit-elle,
47:09 grand seigneur,
47:11 ceux qui ont choisi la nationalité
47:13 israélienne ne seront pas
47:15 expulsés de France, ils pourront rester.
47:17 Marine Le Pen,
47:19 elle est tellement plastique, si j'ose dire,
47:21 qu'on a du mal à l'appréhender.
47:23 L'avortement, elle parle d'avortement
47:25 de confort dans le parti.
47:27 Elle parlait, elle parlait.
47:29 Moi, quand vous allez me chercher un truc
47:31 où Nicole Belloubet qui a pu être dit,
47:33 bon, il y a quand même…
47:35 – Vous savez, Éric Dubon-Betty, quand elle est en face de nous,
47:37 elle pose ces questions-là et on fait précisément référence
47:39 à tous les éléments
47:41 de son parcours sur la question
47:43 de l'antisémitisme de Jean-Marie Le Pen.
47:45 Donc là-dessus, vous savez, on traite tout le monde
47:47 – Oui, que M. Bardella ne peut pas reconnaître.
47:49 – Dans un premier temps, à votre place.
47:51 – Quand il fête leur 50 ans,
47:53 M. Duhamel, il se cache pour fêter cet anniversaire.
47:57 Moi, je dis des choses simples.
47:59 On va d'abord,
48:01 avant les présidentielles, vers les européennes.
48:03 Je dis aux français, là, qui nous écoutent,
48:05 c'est à eux que je souhaite m'adresser en premier.
48:09 Pardon, ça ne se veut pas,
48:11 désobligeant, à votre égard.
48:13 Mais, qu'est-ce qu'on aurait eu comme vaccin
48:15 si elle avait été au pouvoir, Marie Le Pen ?
48:17 Dites-moi.
48:19 L'Ivermectin, c'est ce qu'elle préconisait.
48:23 Comment on aurait fait au moment de la Covid ?
48:27 Prêt, garantie ? Elle était contre.
48:29 Comment elle aurait réagi avec l'Ukraine et la Russie ?
48:37 Si elle avait été au pouvoir au moment où la Russie a déclaré la guerre à l'Ukraine.
48:41 Voilà des questions concrètes, simples, tranquillement posées,
48:45 par quelqu'un qui est hostile au Rassemblement National,
48:49 Front National, et à ses valeurs depuis toujours.
48:53 Je ne crois pas en la dédiabolisation,
48:55 et j'en ai un certain nombre de preuves.
48:57 Donc, selon vous, ce n'est pas un parti républicain ?
49:01 Si ça vous fait plaisir, choisissez le mot que vous voulez.
49:07 Vous êtes en train artificiellement de m'opposer avec ce qu'a dit
49:11 Gabriel Attal, Elisabeth Borne, le président de la République,
49:15 qui, je le rappelle, évoque les vents mauvais.
49:17 Ce n'est pas qu'un morceau de poésie, les vents mauvais.
49:21 J'entends vos arguments contre l'ORN.
49:23 Aujourd'hui, il n'y a toujours pas de tête de liste.
49:25 D'ailleurs, on voit que ça se voit dans les sondages.
49:27 Sondage Elabe pour BFMTV, La Tribune Dimanche.
49:30 Je cite de mémoire, 27,5% Rassemblement National,
49:32 16,5% pour la liste de la majorité présidentielle.
49:34 Pourquoi ne pas être tête de liste aux européennes ?
49:38 Puisque visiblement, le discours est bien rodé
49:40 sur la question des vaccins, de l'Ukraine.
49:42 Vous m'adoubez alors.
49:44 Non, je ne me permettrai pas.
49:45 Par ailleurs, je ne suis pas certain que ce soit le critère.
49:47 Mais je vois une volonté de lutter contre l'ORN.
49:50 Vous voyez en moi une tête de liste ?
49:52 Il n'y en a pas aujourd'hui.
49:54 Je vous remercie pour ce joli compliment, M. Diomène.
49:56 Non, ce n'est pas une possibilité.
49:58 Non, ce n'est pas...
50:00 Non.
50:02 Et puis, pardon, il y a des autorités.
50:05 Chez nous, il y a un parti.
50:08 Tout ça se fera comme ça doit se faire.
50:12 Comment dirais-je ?
50:15 Vous êtes trop impatients.
50:17 Vous êtes un peu comme l'ORN d'ailleurs.
50:19 Il s'y voit déjà.
50:20 On a déjà un Premier ministre.
50:21 Le lièvre et la tortue.
50:23 Ne partez pas trop vite.
50:24 Vous aurez évidemment les réponses.
50:26 Le sondage est sévère quand même.
50:27 Quel enseignement politique il faudra tirer s'il y a,
50:32 comme on le voit, plus de 10 points d'écart entre l'ORN et Renaissance ?
50:35 Ce sera quoi la fin du quinquennat d'Emmanuel Macron ?
50:37 Écoutez-moi.
50:39 Vous ne croyez pas qu'on va rester les deux pieds dans le même sabot ?
50:42 La réussite économique, on va en parler.
50:45 On va rappeler aux Français un certain nombre de choses.
50:47 On ira comparer avec les autres pays européens.
50:49 Vous allez faire campagne.
50:50 Même en matière d'inflation.
50:51 Même en matière de prix de l'énergie.
50:55 On va dire un certain nombre de choses sur la position de Marine Le Pen,
50:58 sur l'euro, sur la PAC.
51:01 Vous savez, il y a un moment démocratique qui s'appelle la campagne.
51:06 Pour les Européennes, elle n'a pas encore commencé.
51:08 Vous ferez campagne ?
51:09 Je dirais ce que j'ai à dire.
51:11 Parce que dans le périmètre justice,
51:14 je pourrais vous faire une liste longue comme le bras
51:17 de ce que l'Europe a apporté à la justice de notre pays.
51:22 Un seul exemple, Abdeslam Salah, on l'a récupéré.
51:28 Je ne parle pas de là maintenant.
51:30 Je parle au moment de son arrestation à Bruxelles.
51:32 On l'a récupéré en deux mois.
51:34 Il y a des terroristes qu'on a mis plus de dix ans à récupérer.
51:36 Ça, c'est l'Europe.
51:38 C'est grâce à l'Europe.
51:39 Merci l'Europe.
51:40 Un mot encore sur vous et sur votre carrière politique.
51:43 Gérald Darmanin, il y a quelques semaines,
51:45 évoquait dans le Figaro le fait qu'un cycle allait se terminer
51:49 à l'issue des Jeux olympiques,
51:50 laissant entendre qu'on ne le retrouverait pas forcément
51:53 au mois de septembre.
51:54 Place Beauvau, ministre de l'Intérieur.
51:56 Vous, quelle est votre ambition pour la suite ?
51:59 C'est quoi ?
52:00 Fermer les lumières de la Place Vendôme en 2027,
52:03 au moment où peut-être vous passerez le pouvoir à l'opposition ?
52:08 Fermer les lumières de la Place Vendôme en 2027 ?
52:12 D'abord, il y a plusieurs personnes qui sont autour de l'interrupteur.
52:18 Vous le savez.
52:19 Vous ne choisissez pas.
52:20 Si demain le président de la République souhaite changer de garde des Sceaux,
52:24 Premier ministre, voilà.
52:26 Moi, je n'ai jamais considéré que j'étais propriétaire de ma place.
52:29 En revanche, je pense qu'il y a encore un certain nombre de choses à faire.
52:32 Pour ne rien vous cacher, j'aimerais les accomplir.
52:35 Voilà ce que je peux vous dire.
52:36 C'est-à-dire, ça, c'est de la langue de bois totale.
52:38 Je ne peux pas vous dire autre chose.
52:39 Il faut confirmer.
52:40 Oui, je vous confirme que je ne peux pas répondre à autre chose.
52:42 Parce qu'on a des institutions,
52:44 parce que ma légitimité à la place qui est aujourd'hui la mienne
52:49 dépend du président de la République, du Premier ministre.
52:52 Je peux demain commettre une erreur.
52:54 Enfin voilà, mille choses.
52:56 Et pour terminer, je reviens sur ce qu'on évoquait au début, Robert Badinter.
53:00 Je crois avoir lu, je suis même à peu près sûr,
53:02 que quand il a quitté la Place Vendôme,
53:03 il n'a pas voulu remettre sa robe d'avocat,
53:07 considérant qu'au fond, sa vie d'avocat était derrière lui.
53:10 Il a occupé d'autres fonctions, président du Conseil constitutionnel.
53:12 Il est sénateur, absolument.
53:14 Vous aurez une trajectoire similaire ?
53:17 Ou alors, est-ce qu'on vous reverra plaider aux assises ?
53:19 Patience et longueur de temps font plus que...
53:22 Mais non, mais j'en sais rien moi-même.
53:24 Franchement, vous me posez cette question.
53:27 Ah bah oui, vous y avez répondu, je pense.
53:29 Je vais vous dire, je n'arrive pas à me projeter.
53:31 Ça ne vous manque pas de plaider ?
53:33 Mais si ça me manquait,
53:35 j'aurais dit "Monsieur le Président de la République,
53:38 je souhaite retourner à mon ancien métier,
53:42 je viens de la vie civile,
53:44 je retournerai sans doute vers la vie civile.
53:46 Comment ? Je n'en sais rien.
53:49 Je pense que là, c'est un peu prématuré.
53:51 Ça, c'est une confidence que je vous livre.
53:53 C'est tout, le reste, franchement, je ne sais pas.
53:56 Si je le savais, je vous dirais.
53:58 Si, je pourrais vous dire, une fois que je sors du ministère,
54:01 je redeviens avocat, ou je fais de la politique,
54:03 je pourrais vous le dire, je ne le sais pas.
54:05 Merci beaucoup.
54:06 Je vous en prie.
54:07 Éric Dupond-Moretti d'avoir été l'invité de BFM TV
54:09 et de C'est Pas Tous Les Jours Dimanche.