Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie
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00:00 Emmanuel Ducroc, c'est à vous. Emmanuel, bonjour.
00:03 Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05 On va à Lyon ce matin où le Conseil municipal va délibérer ce jour sur une stratégie funéraire pour la ville
00:11 qui devrait se mettre en place d'ici deux trois ans, 2026, avec des innovations qui vous ont intéressé.
00:17 D'autres, vous pensez, vont susciter le débat ?
00:19 La ville s'est dotée d'un adjoint aux questions funéraires.
00:22 Ça c'est une rareté louable, ça existe très peu dans les villes de France.
00:25 Il s'appelle Laurent Bozetti et il pointe justement dans une interview à l'hebdomadaire Lyon Capital
00:30 le fait que la mort est un impensé des politiques publiques
00:33 et que pourtant c'est le point de rencontre de sujets sociaux, économiques, sociétaux et environnementaux.
00:38 Cela mérite selon lui d'être problématisé et politisé.
00:41 Il a un mantra, il veut faire en sorte que la mort ne soit pas un vecteur supplémentaire d'inégalité sociale.
00:47 C'est quoi l'égalité sociale face à la mort ?
00:50 C'est par exemple la mise en place d'une tarification sociale des concessions.
00:54 Mécanisme encore pas totalement établi mais qui pourrait s'appuyer sur quelque chose comme le quotient familial,
00:59 comme pour le prix des cantines.
01:00 Alors ça c'est une expérimentation sociale que la ville de Lyon veut mener.
01:04 Le code des collectivités territoriales ne prévoit pas de tarification différenciée.
01:08 Il ne l'interdit pas non plus d'ailleurs.
01:10 Lyon veut donc tester juridiquement cette idée que je trouve très intéressante.
01:14 Alors on rappelle la mairie de Lyon, mairie écolo, elle veut aussi engager une transition écologique de la mort.
01:20 Avec un plan d'investissement pour la renaturation des cimetières qui seront débétonisées,
01:24 labellisées "Refuge de la biodiversité pour la LPO".
01:28 Pourquoi pas après tout.
01:30 La ville de Lyon souhaite accompagner les transformations sociétales des pratiques funéraires aussi.
01:34 Un français sur deux choisit désormais la crémation.
01:37 Lyon va développer des alternatives écologiques, des carrés naturels dans ses cimetières.
01:42 Alors pas de pierres tombales, pas de caveaux, pas de soins aux formoles pour les corps,
01:46 des cercueils en bois non traités issus de forêts certifiées et de vernis sans solvant.
01:51 Il faut, je cite toujours Laurent Bozzetti,
01:54 "offrir des espaces qualitatifs aux défunts et à leurs familles vers jusque dans la mort".
01:59 - Alors dans la stratégie funéraire lyonnaise, vous m'avez intrigué avec ça Emmanuel.
02:03 Il y a une volonté de développer de nouvelles formes de sépultures écologiques.
02:07 - Alors là on est sans doute philosophiquement moins prêts.
02:10 Ça bouscule complètement les tabous culturels.
02:12 Vous allez voir, Lyon voudrait pouvoir tester de nouvelles formes de traitement des corps.
02:16 Une évocation qui peut être un petit peu choquante.
02:19 Il y a d'abord l'humusation. On transforme les corps en compost afin qu'ils servent à la terre.
02:24 Lyon veut aussi tester l'aquamation ou la crémation aquatique.
02:27 Alors ça consiste à hydrolyser un corps pour le dissoudre et le liquide peut être utilisé comme un engrais.
02:33 Et puis enfin la promession, là on congèle les corps, on les réduit en morceaux lyophilisés
02:37 qui peuvent être réincorporés à la terre.
02:40 Alors tout ça pour l'heure c'est interdit en France.
02:42 Mais la mairie lyonnaise veut porter ces techniques dans le débat public.
02:45 Elle a l'intention de faire bouger le droit.
02:47 Alors ça n'est pas seulement une fantaisie écologiste hors sol.
02:50 L'autorisation de l'humusation par exemple a été proposée à l'Assemblée par une députée modem en septembre de 2020.
02:55 De son succès.
02:56 Alors forçons-nous peut-être à envisager ça de façon rationnelle et ouverte.
03:01 Quand tout ça reste un choix personnel, on peut considérer que c'est assez positif.
03:06 C'est finalement une nouvelle forme de liberté dans la mort.
03:09 Si on dépasse le tabou.
03:11 Mais l'égalité sociale dans tout ça faudra quand même...
03:14 Ça c'est une autre question.
03:16 C'est une autre question. Merci beaucoup Emmanuel Ducroix.
03:18 Signature en 8h53.