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Dans la deuxième heure de son émission consacrée à la culture, Thomas Isle reçoit chaque jour un invité.
Retrouvez "Le portrait sonore de l’invité" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-culture
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NewsTranscription
00:00 -Europe 1 Culture Média.
00:01 -Il y a quelqu'un qui m'a rattrapée par le cou.
00:09 -Il m'a allongée sur le sol.
00:12 -Il avait aussi un couteau.
00:14 -Il parlait avec un accent du Nord, un accent de chez nous.
00:18 -Je préférais être morte qu'avoir dû faire ça !
00:21 -Vous voulez déposer plainte ?
00:23 -Vous êtes sérieux ?
00:25 -Je pense qu'il y en a d'autres.
00:28 Beaucoup d'autres.
00:30 -Nous avons potentiellement un violeur en série.
00:33 Il agit toujours dans le même créneau horaire
00:35 et sur la même route, le long de la Sambre.
00:38 -"Sambre", c'est l'adaptation du livre d'Alice Géraud
00:41 avec qui vous avez créé cette série,
00:43 d'une histoire à peine croyable d'un violeur
00:46 qui, pendant 30 ans, est passé entre les mailles
00:49 du filet de la police, un filet avec d'énormes trous.
00:52 Vous avez immédiatement pensé à en faire une série.
00:55 C'est le format parfait pour cette histoire.
00:58 -Oui, lorsque...
00:59 Je ne connaissais pas du tout le fait divers.
01:02 Lorsque j'ai rencontré Alice Géraud,
01:04 qui était en train de travailler à son livre,
01:07 elle faisait son enquête,
01:09 elle m'a raconté cette histoire,
01:11 et je me suis dit immédiatement
01:14 qu'il y avait l'espace pour de la fiction.
01:17 Il y a l'espace de la fiction,
01:19 et on peut s'emparer de cette histoire
01:21 parce qu'à travers cette histoire,
01:23 on peut raconter 30 ans
01:25 du regard de la société sur la criminalité sexuelle,
01:29 sur le viol,
01:31 sur comment, en fait, nous, en tant que société,
01:34 on s'est comportés vis-à-vis des victimes
01:37 et vis-à-vis de cette forme de délinquance.
01:40 -On n'a pas été à la hauteur collectivement.
01:43 -On n'a pas du tout été à la hauteur
01:45 à la fois dans l'écoute, dans la prise en charge,
01:48 et totalement défaillant.
01:51 -On est à côté tout le long.
01:53 -Tout le long.
01:55 Mais ce n'est pas seulement les policiers ou la justice.
01:59 En fait, eux, à un moment donné,
02:01 ils sont aussi le reflet de la société.
02:03 -C'est ce qu'on constate.
02:05 Vous, Alix Poisson, vous incarnez une femme,
02:07 une coiffeuse qui avait une vie simple et plutôt équilibrée
02:11 jusqu'au jour où elle a la malchance de choisir
02:13 de croiser cet homme.
02:15 Elle croise cet homme au hasard, un violeur en série,
02:18 qui va faire basculer toute sa vie.
02:20 C'est ça, ce qu'on comprend.
02:22 -Oui, comme c'est le cas pour tous les viols.
02:25 C'est-à-dire que vous avez effectivement la malchance
02:28 d'être au mauvais endroit au mauvais moment
02:31 et de croiser la route de cet homme.
02:33 Et effectivement, cette femme va,
02:35 comme toutes les autres victimes, le temps va s'arrêter.
02:38 Il y a un endroit où la femme qu'elle était avant
02:41 ne pourra plus jamais être cette femme-là.
02:43 Et on le comprend, parce qu'il y a le viol,
02:47 mais elle, elle a cette particularité,
02:50 comme d'autres victimes, d'avoir perdu connaissance,
02:53 puisqu'il les étranglait.
02:55 Et du coup, il y a un endroit de blanc
03:00 dans ce qui s'est passé, elle ne se rappelle vraiment pas.
03:03 Et en plus, comme en face, elle n'a aucune...
03:06 Il n'y a aucune empathie, aucune prise en charge, aucune écoute.
03:11 En fait, le seul moyen, je pense, de ne pas...
03:13 Enfin, le seul moyen de survivre, c'est de se construire sur un déni
03:17 et de se dire que ça n'est pas arrivé.
03:20 Ce n'est pas ça qui s'est passé.
03:21 Et elle va mettre 30 ans à mettre le mot "viol" sur ce qui lui est arrivé.
03:24 Sauf que pendant 30 ans, on va voir tous les dommages
03:28 psychiques et physiques sur elle.
03:32 - Il y a des scènes, comme on n'en voit jamais,
03:34 en tout cas pas dans les séries pour la télévision,
03:36 comme ce plan séquence, donc sans aucune coupure,
03:38 de plus de quatre minutes,
03:41 où vous racontez devant le policier ce qui vous est arrivé.
03:43 C'est dans le premier épisode, vous avez pu le voir dès lundi soir.
03:48 J'imagine qu'elle n'a pas dû être simple à faire, cette scène.
03:50 Elle est étonnante, en tout cas.
03:52 - De toute façon, il n'y avait aucune scène
03:53 qui était vraiment simple, je pense, dans cette série,
03:55 parce qu'il fallait toujours être...
03:58 Il y a un fil très précis à tenir.
04:01 Après, ce dont vous parlez, ce qui est formidable,
04:04 c'est que c'est des choix de cinéma.
04:06 - De réalisation. - C'est des choix de réalisation.
04:08 C'est-à-dire que nous, quand on a tourné la scène,
04:10 on l'a fait beaucoup, on l'a fait beaucoup de fois,
04:12 on a fait beaucoup de prises,
04:13 mais on a fait aussi le chant et le contre-chant,
04:16 c'est-à-dire sur moi et sur le public.
04:18 - C'est au montage que vous avez décidé, Jean-Xavier Blaschard ?
04:20 - Tout à coup, Jean-Xavier fait ce choix qui est hyper fort
04:22 pour toutes les dépositions de victimes,
04:23 où, pardon, tu vas en parler,
04:26 mais moi, j'étais très frappée quand je l'ai vue,
04:27 parce que je me suis dit, en fait, le fait de faire ça,
04:29 le fait d'être avec ces femmes pendant 4 minutes, 5 minutes, 6 minutes,
04:34 et de ne pas passer à autre chose,
04:36 ce qui est formidable, c'est que ça nous oblige
04:40 à vraiment écouter, regarder,
04:43 à regarder le moindre tressaillement de sourcils, de mentons,
04:46 de voir toute leur détresse,
04:48 et on ne peut pas détourner le regard, puisqu'on n'a pas d'issue.
04:51 Et ça, c'est formidable, parce qu'on est avec elles
04:53 et on est obligés d'entendre ce par quoi elles sont passées.
04:56 - C'est un choix que vous avez fait a posteriori, ça ?
04:58 - Non, c'est un choix que j'avais déjà en tête,
05:01 j'avais déjà en tête au tournage,
05:03 donc, parce que ça implique des positions de caméra et tout,
05:06 on a mis la caméra quand même très, très proche du regard
05:11 des victimes en moment et des pauses,
05:14 pour les avoir presque frontalement,
05:16 pour confronter le spectateur à leur regard et à leur parole.
05:22 Mais pour ça, ça implique aussi que les comédiennes, qui font ça,
05:28 il faut tenir la séquence,
05:31 il faut tenir les 4 minutes 30, les 5 minutes...
05:34 - Et pas qu'une fois !
05:35 - Et pas qu'une fois !
05:36 Mais avec, quand même, apporter l'émotion qu'il faut,
05:40 la placer au bon endroit, être surprenante...
05:45 - Et c'est là où vous êtes vraiment bluffante, Alix Poisson,
05:47 vous êtes nos invités, jusqu'à 11h, tous les deux, sur Europe 1.
05:50 On revient dans deux minutes, à tout de suite.