Le conflit tragique de Gaza perdure depuis un mois. Mais il n’est pas le seul point de tension à travers le monde. Or, quand on observe les crises une à une, au Proche-Orient, dans le Haut-Karabakh, en Ukraine, et jusqu’en mer de Chine, tout apparaît intrinsèquement lié : chaque crise actuelle semble avoir une portée globale. Alors le pire est-il à craindre ? Pour répondre à cela, "Chocs du monde" accueille le géopolitologue Alexandre Del Valle, qui vient de publier avec Jacques Sopelsa l’essai "Vers un choc global ?" aux éditions L'Artilleur. Un livre qui tombe à point nommé.
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00:22 Bonsoir à tous et bienvenue dans Choc du Monde,
00:24 le magazine des crises et de la prospective internationale de TV Liberté.
00:29 Le conflit tragique de Gaza perdure, cela fait désormais un mois,
00:33 mais il n'est pas le seul point de tension à travers le monde.
00:36 Alors le pire est-il à craindre ? La situation mondiale peut-elle déraper ?
00:41 Pour répondre à cela, nous recevons le géopolitologue Alexandre Delval
00:45 qui vient de publier avec Jacques Sopelsa l'essai
00:48 "Vers un choc global" aux éditions L'Artilleur.
00:51 Alexandre Delval, bonsoir.
00:52 Bonsoir.
00:53 Et merci d'avoir répondu présent à l'appel de Choc du Monde.
00:56 Votre essai fait presque 800 pages avec les annexes,
00:59 il a l'ambition de l'exhaustivité, il traite de l'Ukraine, de la Chine,
01:03 des défis énergétiques et j'en passe.
01:05 Votre venue tombe à point nommé Alexandre Delval
01:08 parce que lorsque l'on observe les crises une à une à travers le monde,
01:12 on a le sentiment que tout est lié d'une certaine manière.
01:15 Chaque crise, chaque tragédie particulière semble avoir une portée globale.
01:20 Est-je tort de dire cela Alexandre Delval ?
01:22 Non, ça me plaît beaucoup.
01:24 J'avais fait mes travaux de HDR, vous savez,
01:26 l'habilitation à diriger les recherches après la thèse,
01:28 justement sur le côté holistique de la géopolitique.
01:33 Je pense qu'une méthode géopolitique ne peut pas être parcellaire,
01:37 bien sûr pas émotionnelle, ni manichéenne,
01:39 mais pas parcellaire non plus.
01:40 Elle doit être holistique, c'est-à-dire il y a des liens entre tout et tout.
01:43 Ça ne veut pas dire que l'Azerbaïdjan, l'Israël, l'Ukraine,
01:46 c'est la même chose, mais il y a forcément des liens
01:49 ou des interdépendances ou des conséquences d'un conflit sur l'autre.
01:53 Le fait même que l'on parle plus d'un conflit fait que l'autre est oublié.
01:57 Les pauvres arméniens par exemple,
01:59 c'est un petit peu l'exemple le plus flagrant aujourd'hui.
02:03 Donc la méthode holistique, elle est très importante.
02:06 Et pour conclure là-dessus, j'ai montré dans mes différents travaux
02:10 qu'une méthode géopolitique qui n'est pas holistique,
02:13 elle va oublier un élément, par exemple l'élément identitaire,
02:16 l'élément civilisationnel, culturel, religieux.
02:18 Que je vous évoquais dans cet essai.
02:20 Absolument, c'est l'une des thèses de cet essai.
02:21 Quand l'Occident n'est plus l'Occident chrétien, judéo-chrétien,
02:24 ou greco, cel, tout ce que vous voulez.
02:26 Quand l'Occident devient juste "mack-word", le consumérisme,
02:30 et bien il choisit ses alliés par rapport à de l'économie,
02:33 des raisons financières, énergétiques.
02:35 Mais il oublie la dimension, qu'on le veuille ou non, qui existe.
02:39 Même si on est mondialiste, même si on a le droit d'être contre l'identité.
02:42 Certains ont dit que l'identité était dangereuse.
02:44 Mais le fait d'oublier le facteur identitaire est une grave vulnérabilité.
02:48 La preuve, regardez en Europe, nous avons importé en Europe
02:52 des millions de personnes que l'on aurait peut-être pu intégrer
02:55 avec un patriotisme assimilateur,
02:57 mais qu'on a laissé dans les mains d'islamistes qui ont importé
03:00 du reste du monde des valeurs totalement en style au nôtre.
03:03 Et on a aujourd'hui quelque chose d'extrêmement dangereux
03:07 qui a été révélé depuis la crise de Gaza.
03:10 Mais déjà en 2000, avec l'intifada et l'AXA,
03:12 il y avait déjà des signes avant-coureurs.
03:14 Avec le retour de l'antisémitisme le plus décomplexé,
03:17 même de la judéophobie, et à mon avis,
03:19 comme on dit souvent dans le monde musulman, chez les chrétiens,
03:22 aujourd'hui samedi, sabte, et demain dimanche, ahad.
03:27 On s'occupe de gens qui prient le samedi aujourd'hui,
03:30 on s'occupera des gens qui prient le dimanche demain.
03:35 Et donc ça montre bien que quand vous oubliez un facteur,
03:38 quand vous n'êtes pas holistique, que vous oubliez des paramètres,
03:41 et bien ça peut être une extrême vulnérabilité,
03:43 voire ça peut être suicidaire à long terme.
03:46 – Donc le paradoxe, le point identitaire, je comprends bien.
03:50 Avec Gaza, que vous évoquez à demi-mot,
03:52 nous assistons à un conflit local, encore une fois,
03:54 mais aux implications potentiellement terrifiantes.
03:57 Alors je vous pose la question, Alexandre Delval,
03:59 que vous posez en couverture de votre essai,
04:01 et auquel vous répondez, allons-nous vers un choc global,
04:04 du fait entre autres de la riposte israélienne,
04:07 de la présence américaine, du Hezbollah, de l'Iran, etc. ?
04:11 – On va forcément vers un choc global,
04:13 qui n'est pas forcément une troisième guerre mondiale nucléaire,
04:16 il ne faut pas non plus exagérer, il y a beaucoup de pare-feu,
04:19 les hommes politiques aiment la vie terrestre quand même,
04:21 ils n'ont pas envie de finir tous dans l'apocalypse,
04:23 il y a très peu de candidats djihadistes qui aiment plus la mort que la vie,
04:28 donc soyons raisonnables,
04:29 mais même si ce n'est pas une guerre totale apocalyptique,
04:32 on va forcément vers un choc, puisque, comme l'a montré Pareto,
04:35 Vilfredo Pareto, économiste et sociologue et politologue,
04:39 quand il n'y a pas de circulation des élites,
04:41 au niveau des entreprises, des États, mais au niveau mondial aussi,
04:44 quand c'est toujours les mêmes qui veulent garder le gâteau,
04:47 sans donner une part du gâteau aux autres,
04:49 un moment, soit il y a une circulation des élites volontaires, négociées,
04:53 où on partage le gâteau, par exemple l'ONU,
04:55 on ferait entrer l'Inde dans le Conseil permanent de sécurité, ou le Brésil,
04:59 soit il n'y a aucun partage et on reste avec nos positions depuis 1945,
05:04 l'ordre établi par les vainqueurs de l'Axe, ceux qui avaient vaincu l'Axe,
05:09 et un moment, ce sud global, qui n'est en fait pas un sud global,
05:13 qui est un sud très hétérogène, mais avec des pays du sud,
05:16 aujourd'hui, devenus plus riches que leurs anciens colonisateurs,
05:19 regardez l'Inde, plus riches que l'Angleterre,
05:21 ils ont dépassé le PIB de l'Angleterre,
05:23 le monde a énormément changé, avec des anciens pauvres
05:26 qui peuvent racheter les pays riches, regardez un autre exemple,
05:29 le Portugal aujourd'hui peut être racheté par le Brésil, dix fois,
05:32 le Brésil est beaucoup plus puissant que son ancien colonisateur portugais,
05:36 et on a plein d'autres exemples, donc la Chine, les Brix, l'Inde, le Brésil,
05:41 et même des pays d'Afrique qui ont un taux de croissance de 7 à 8%,
05:44 qui a un taux de croissance supérieur à l'Europe,
05:46 qui est en pleine récession, et qui est en voie de déclassement,
05:49 c'est l'un des sous-titres de ce livre, "L'Europe est en voie de déclassement",
05:52 donc on le voit bien, elle est en voie de déclassement,
05:54 l'homme blanc se réduit démographiquement, comme l'avait annoncé Huckington,
05:58 mais il y a toujours ce gâteau qui est monopolisé par les vainqueurs
06:02 de la Seconde Guerre mondiale, qui ne veulent rien changer,
06:04 et surtout les occidentaux qui sont passés d'un Occident que j'appelle identitaire
06:09 à un Occident monde, l'Occident globalisé, et ce n'est pas péjoratif,
06:13 c'est un Occident qui ne se voit que comme cosmopolitique, universel,
06:18 - Un peu comme Macworld, que vous fussez.
06:20 - Et encore une fois, ce n'est pas un jugement de valeur,
06:21 c'est un projet que certains philosophes ont développé avec brio,
06:24 mais ce projet, il se trouve qu'il est refusé par le reste du monde
06:28 comme extrêmement dangereux, et ce n'est pas que le wokisme,
06:31 l'idée même de détruire les frontières, les identités,
06:34 c'est un peu l'art contemporain, la déconstruction permanente
06:37 que promeut l'art contemporain comme le wokisme, détruire tout ce qui est identitaire
06:42 et tout ce qui est traditionnel, que ce soit religieux, national ou civilisationnel,
06:47 et bien, qu'on le veuille ou non, même si nos idées étaient les plus belles,
06:50 même si le wokisme était extraordinaire, postulons,
06:53 - Que vous n'avez pas l'air de penser.
06:55 - Même si c'était le cas, ce que je ne pense pas,
06:57 même si c'était le cas, ces idéologies foncièrement déconstructrices
07:02 sont considérées comme un poison par tout le reste du monde.
07:05 Donc il y a le fait qu'on ne veut pas partager les parts du gâteau,
07:07 il n'y a pas de circulation des élites,
07:09 Pareto dit que quand il n'y a pas de circulation, ça explose, il y a une révolte,
07:13 et deuxièmement, nos valeurs qu'on n'arrive même pas à imposer dans nos quartiers,
07:17 où les femmes maintenant voient leur situation régresser,
07:20 non pas à cause du mal blanc de 50 ans,
07:22 aujourd'hui il y a des femmes qui ont peur d'être habillées,
07:24 qui ont les cuisses un petit peu à l'air,
07:26 parce qu'elles savent qu'elles vont être dans le meilleur des cas,
07:29 on va s'adresser à elles de manière assez vulgaire,
07:31 et dans le pire des cas, elles peuvent être violées,
07:33 en tout cas elles ont peur, ou elles le pensent, qu'elles peuvent être violées,
07:36 il y a beaucoup de quartiers où il y a une régression de la situation des femmes,
07:41 mais par contre on veut importer ces valeurs wokistes au reste du monde qui n'en veut pas.
07:45 Donc il y a un énorme paradoxe, et ça montre un signe d'une pathologie collective de l'Occident.
07:49 - Alors ce que vous nous dites, c'est que la désoccidentalisation,
07:52 qui est réclamée quand même peut-être par 75, si ce n'est 80% de la population mondiale,
07:56 est fondée sur une réventilation profondément légitime.
08:00 - Je pense qu'elle est en grande partie légitime.
08:02 Il y a quelque chose d'ingrat de temps en temps, ou de complotiste, ou de bouc-émissariste,
08:07 c'est-à-dire quand dans les pays d'Afrique tout est à la faute du français,
08:11 moi je leur souhaite du courage, je ne sais pas si les russes vont remplacer les français
08:15 au niveau économique, ils n'ont pas les moyens,
08:18 ils sont plutôt dans une logique extrêmement pragmatique,
08:20 mais pour l'instant en tout cas, il faut écouter ce que dit le reste du monde,
08:24 parfois c'est très légitime, il est vrai que les valeurs de l'Occident
08:27 peuvent être totalement déconstructrices et mettre en danger ceux qui ont des valeurs fondamentales
08:31 fondées sur une religion, sur une vision nationale,
08:34 comme la Chine par exemple, ou l'islam, la religion,
08:38 donc on a un choc global, et d'ailleurs Hocktinton l'avait bien montré,
08:41 la Chine déteste l'Occident par anti-universalisme,
08:46 parce que la Chine c'est l'anti-universalisme par excellence,
08:48 c'est la Chine et le reste du monde, on s'en fiche de la façon dont ils mangent ou ils prient,
08:52 l'important c'est que la Chine a un intérêt et elle va avoir des comptoirs,
08:56 mais elle ne cherche pas du tout à répandre ce modèle.
08:58 Et l'autre civilisation qui déteste l'universalisme occidental,
09:01 ce n'est pas pour la même raison, c'est par ultra-universalisme,
09:04 parce que l'islam, la religion d'islam,
09:06 est un universalisme concurrent de l'universalisme occidental,
09:09 donc c'est pour deux raisons extrêmement différentes que le bloc chinois,
09:12 confucéen comme Hocktinton, et le bloc islamique détestent les valeurs de l'Occident,
09:16 donc on n'est pas prêts à tout cela, je ne dis pas que c'est dramatique,
09:19 que c'est suicidaire ou que c'est apocalyptique,
09:22 mais il faut que l'occidental s'habitue à un monde qui change,
09:26 s'adapte et soit un peu moins arrogant, encore une fois,
09:30 c'est ce que disait Hocktinton en 96, et même en 93 dans son premier article dans Foreign Affairs,
09:35 il disait non pas que l'homme blanc devait humilier les autres,
09:39 ce qu'on a très mal traduit, ce qui a été dit sur lui est faux,
09:42 il critique l'arrogance de l'Occident et il dit que l'Occident doit s'occuper
09:47 de ses prébendes, de ses intérêts, de ses valeurs chez lui,
09:51 et ne pas chercher à imposer son modèle de manière arrogante au reste du monde.
09:55 Il était prémonitoire en 1996, beaucoup plus prémonitoire que celui que l'on a adoré,
10:00 qui était très bien vu des médias et mainstream, M. Fukuyama.
10:05 Bizarrement, celui qui a eu tort, Fukuyama, est bien vu,
10:08 et celui qui a eu raison sur pratiquement tout, j'ai encore relu récemment Hocktinton,
10:11 je n'arrive pas à voir un seul chapitre où il s'est trompé.
10:13 Même sur l'Ukraine, il avait parlé de l'Ukraine fracturée civilisationnellement,
10:17 une zone de contact entre deux civilisations qui allait forcément un moment rentrer en guerre.
10:24 Il parlait de l'ex-Yougoslavie, il parlait aussi des problèmes de l'immigration islamique non intégrée,
10:28 parce qu'il y a une bonne immigration, mais quand on n'intègre pas, c'est encore plus dangereux.
10:32 Tout ça, il l'avait prévu, y compris les irrédentismes catalans,
10:35 les séparatismes kurds en Turquie, il avait absolument tout prévu,
10:40 mais il est diabolisé parce que l'être humain préfère les gens qui ont tort
10:43 et qui annoncent des belles idées à ceux qui sont un peu plus pessimistes et qui ont raison.
10:47 Rappelez-vous Sartre et tout le Paris Saint-Germain, Boulevard Saint-Germain,
10:53 qui disaient qu'il valait mieux avoir tort avec Sartre que raison avec Raymond Aron.
10:58 Ça n'a pas changé depuis.
10:59 – Alors vous évoquiez à l'instant l'Ukraine, Volodymyr Zelensky
11:03 a justement été adoubé par les puissances occidentales depuis deux ans,
11:07 mais il semble depuis quelques mois un grand perdant, ou en tout cas un perdant en devenir.
11:12 Je cite "il est évident que la guerre au Proche-Orient détourne la tension",
11:15 a-t-il donc admis il y a quelques jours, le 4 novembre.
11:19 "Maintenant l'aide américaine est subdivisée entre celle à Israël et celle à l'Ukraine
11:24 et à contrario, Vladimir Poutine semble avoir le vent en poupe,
11:27 lui qui est en bon terme avec les pays arabes, avec Israël,
11:31 même si cela se discute depuis au moins un mois,
11:34 les pays arabes et beaucoup de puissances à travers le monde ne l'ont pas boycottée.
11:38 Est-ce une défaite à venir de l'Occident selon vous ? "
11:41 – Je ne pense pas que ce soit une défaite de l'Occident,
11:43 mais le projet américain d'utiliser, d'instrumentaliser,
11:48 parce que moi je le respecte, ce peuple ukrainien qui est quand même courageux.
11:51 Depuis les Cossacks, c'est un peuple qui a des défauts,
11:54 il y a des corruptions, il y a beaucoup de problèmes,
11:56 mais c'est un peuple courageux, c'est un peuple de guerriers
11:59 qui n'ont rien à envier au Tchétchène.
12:01 On l'a vu d'ailleurs, ils n'ont pas eu peur des légions de Tchétchène.
12:03 Donc ce peuple très courageux a été identifié par les Américains
12:06 avec les Polonais comme ceux qui pourraient affaiblir les Russes.
12:10 C'est la stratégie de la Rand Corporation qu'on peut retrouver sur Internet,
12:13 le rapport de 2019 de la Rand Corporation, c'est une organisation,
12:17 un think tank américain qui conseille le Pentagone,
12:19 préconisait d'attirer les Russes dans un bourbier, comme jadis l'Afghanistan.
12:23 L'ancien patron de la CIA, Bauer, a révélé 20 ans plus tard
12:27 que l'Occident avait attiré les Russes en Afghanistan
12:30 pour les mettre dans un bourbier.
12:33 Eh bien, ça va être l'échec de cette stratégie probablement,
12:36 puisque la Russie se réjouit des sanctions.
12:38 Les sanctions depuis 2014 et surtout depuis 2022
12:42 ont accentué la diversification de l'économie russe qui avait un énorme problème.
12:47 D'ailleurs, le plus grand problème de la Russie avec la démographie,
12:51 c'était une économie trop dépendante des énergies et de la défense.
12:56 Aujourd'hui, il y a la filière du blé, la filière bovine,
12:59 il y a la filière du soja,
13:01 ils sont en train de développer énormément de filières qu'ils n'avaient pas.
13:04 Bientôt, la Russie pourrait être quasi-autarcique,
13:07 dès lors que ce qu'elle importera, elle pourra l'importer des pays non-occidentaux.
13:12 En fait, les sanctions relançaient la diversification économique russe.
13:15 M. Mark Twatty, le fameux économiste, disait récemment,
13:18 dans une vidéo très intéressante,
13:20 que sur les trois pays qui ont la plus forte croissance ces derniers mois,
13:24 la Russie est troisième, voire deuxième,
13:27 alors que l'Europe est très loin derrière.
13:29 Donc on voit bien, c'est l'échec d'une stratégie américaine
13:32 qui avait pour but, très rapidement, de faire tomber le régime russe,
13:36 mais pas par une guerre, c'est pas possible, c'est un pays nucléaire,
13:39 mais par personnes interposées,
13:41 par le fait de fatiguer ce qu'on appelle la stratégie du bloodletting,
13:44 faire saigner la bête russe, pas la tuer, mais la faire saigner pour l'épuiser,
13:48 pour préparer le futur conflit avec la Chine.
13:51 On affaiblit la Russie entre-temps,
13:53 et bien on a l'impression que cette stratégie ne fonctionne pas,
13:56 c'est l'accélération du monde multipolaire,
13:58 c'est l'accélération de la dédollarisation,
14:00 qui représente peu de pourcents, peut-être 17% ou 14%,
14:04 on est encore à 87, 90% de l'utilisation du dollar,
14:08 mais le dollar ne monte plus,
14:10 le volume des charges de dollar a stagné,
14:13 et est légèrement en train de baisser,
14:15 donc en fait cette stratégie risque de se retourner contre les Américains
14:19 qui ont pêché par arrogance, comme le disait Huckinton,
14:21 et ils ont voulu être l'Amérique-Monde,
14:24 et extrêmement ambitieux, faire un "regime change" en Russie,
14:29 pourquoi ? Parce que finalement les Américains se rendent compte
14:32 qu'ils perdent du crédit dans le reste du monde,
14:35 non blanc, non occidental, et donc c'est logique,
14:37 ils veulent se replier sur l'Eurasie,
14:39 le cœur de toute la stratégie anglo-saxonne depuis Mackinder et Spikeman,
14:43 le fameux Heartland et l'Eurasie,
14:45 qui contrôle le Heartland contrôle l'Eurasie,
14:47 le Heartland c'est la Russie,
14:48 donc l'empêcheur de tourner en rond,
14:50 et d'installer le modèle américain dans toute l'Eurasie, c'est la Russie.
14:53 Donc ce projet démocrate qui est lié à une volonté d'extension
14:57 du modèle libéral libertaire américain,
15:00 s'est heurté à des imprévus,
15:02 et bien la Russie est beaucoup plus résiliente qu'on le croit,
15:04 et elle profite même de la situation
15:06 pour entraîner toutes les autres civilisations
15:08 et tous les autres pays qui ont peur du mondialisme occidental
15:13 ou du globalisme occidental,
15:15 qui le voient comme un poison ou une menace pour leur identité,
15:18 et bien il est en train de rafler la mise,
15:20 et d'avoir un énorme appui, peut-être pas toujours avoué,
15:23 parce que l'ONU, quand il y avait un vote à l'Assemblée Générale,
15:27 la plupart des nations du monde ont dénoncé l'invasion de l'Ukraine,
15:31 ils ne pouvaient pas faire autrement,
15:32 mais en fait ils ne le pensent pas du tout,
15:34 puisque la plupart restent en très très bonne relation avec la Russie,
15:37 voire même certains pays plus qu'avant,
15:39 comme les Émirats, grands amis de l'Occident,
15:41 et grands amis de la France, nous avons des bases aux Émirats,
15:44 les Émirats sont le lieu de refuge des oligarques russes,
15:47 et c'est un des pays avec l'Azerbaïdjan, avec l'Arménie, l'Ouzbékistan,
15:51 la Turquie, qui contournent le plus les sanctions,
15:53 donc on voit que même des gens qui étaient très proches de nous,
15:56 comme les Saoudiens qui sont rentrés dans les BRICS ou les Émirats,
15:59 et bien ne veulent pas toujours nous obéir,
16:01 ils font ce qu'ils veulent, il y a une sorte d'autonomisation,
16:05 des gens que nous croyons être...
16:07 – De rébellion ? – Pardon ?
16:08 – De rébellion ?
16:09 – De rébellion ou d'autonomisation, regardez,
16:11 chez la Chine c'est plutôt une rébellion,
16:13 on a cru longtemps que les Chinois,
16:14 – Ah oui, c'est un petit exemple.
16:15 – On a longtemps cru que les Chinois et les Indiens étaient juste des producteurs
16:17 pour nos grandes entreprises qui délocalisaient
16:20 pour avoir un peu plus de gains, de plus-value,
16:22 et en fait ils se sont tous les deux autonomisés,
16:25 et les Émirats c'est encore moins rébellion,
16:28 c'est juste, je fais ce que... je suis assez puissant
16:31 pour ne pas être le valet des Américains,
16:33 je suis leur ami, dans beaucoup de dossiers,
16:35 on voit les accords d'Abraham, c'était Amérique, Trump,
16:38 Jared Kushner avec les Émirats, etc.,
16:40 mais on n'a pas envie de l'obéir tout le temps,
16:42 donc il y a deux formes d'autonomisation,
16:46 ceux qui se rebellent, là ils sont en guerre contre l'Occident,
16:49 c'est la troisième guerre mondiale larvée,
16:51 ou comme dit le pape Apetsi, à morceaux,
16:53 la troisième guerre mondiale à morceaux,
16:55 et il y a tout simplement ceux qui ne veulent pas être obéissants,
16:58 comme l'Inde, l'Inde est très amie d'Israël,
17:00 c'est le pays qui a le plus soutenu Israël après Gaza,
17:02 l'Inde est très amie de l'Amérique,
17:04 dans le logique de contenir la Chine,
17:06 avec tous ces accords occidentaux, indiens contre la Chine,
17:09 mais en même temps, dans d'autres domaines,
17:11 l'Inde est partenaire de la Chine,
17:13 dans les BRICS et dans le commerce horizontal,
17:15 donc la géopolitique c'est complexe,
17:17 on peut être ennemi stratégiquement de la Chine,
17:19 quand on est l'Inde,
17:20 mais ami économiquement dans le cadre des échanges horizontaux,
17:24 et de la lutte contre l'hégémonie occidentale,
17:26 donc c'est très complexe, ça n'est pas manichéen.
17:29 – Vous venez de mentionner deux thèses,
17:31 voici une carte réalisée par Choc du Monde,
17:33 que vous semblez apprécier, en effet,
17:35 qui contrôle le Rhineland, c'est-à-dire,
17:37 toute la frange maritime de l'Europe et de l'Asie,
17:39 dirige l'Eurasie, qui dirige l'Eurasie,
17:41 contrôle les destinées du monde,
17:43 écrivait Spike Mann au début du XXe siècle,
17:45 avant lui, Mackinder écrivait en 1904,
17:47 qui contrôle le Heartland, contrôle l'île-monde,
17:50 alors plus d'un siècle plus tard, avec l'Occident,
17:53 qui récemment a voulu isoler la Russie,
17:56 ou en tout cas la couper de l'Europe,
17:58 Washington semble y être parvenu,
18:01 mais tout en poussant dans les bras de la Chine,
18:05 Moscou, qui commence donc à s'appuyer
18:07 sur de nouvelles voies commerciales,
18:09 les nouvelles routes de la soie.
18:11 Donc ma question est assez simple, en fin de compte,
18:13 Alexandre Delval, ce bloc, ce nouveau bloc,
18:15 peut-il contrôler les nouvelles destinées du monde,
18:18 pour reprendre la formule consacrée, selon vous ?
18:20 En tout cas, il peut fortement endommager
18:22 l'hégémonie américaine, et comme vous le voyez
18:25 sur cette carte, en 1904, donc avant
18:28 la révolution bolchevique, quand la Russie
18:30 n'était pas communiste, la pensée de Mackinder,
18:33 reprise par tous les stratèges américains,
18:36 selon Spikeman, qui a créé l'idée de Rimland,
18:38 la pensée de Mackinder en 1904,
18:40 c'était d'endiguer la Russie,
18:42 non pas parce qu'elle était communiste,
18:43 mais parce qu'elle était russe,
18:44 parce qu'elle était tsariste, orthodoxe,
18:46 parce qu'elle était le plus grand morceau
18:48 de l'Eurasie, elle avait les énergies,
18:50 et Mackinder pensait qu'une configuration
18:53 dangereuse serait l'alliance avec l'Allemagne.
18:55 Si le hartland s'élargit à l'Allemagne,
18:58 c'en est fini de la domination américaine
19:00 sur le continent, donc Spikeman reprend
19:03 cette idée de croissant marginal intérieur,
19:05 qu'il appelle le Rimland, pour endiguer
19:07 la Russie du hartland.
19:08 Mais depuis cette carte, les choses ont évolué.
19:11 Pendant la guerre froide, Kissinger et Nixon
19:13 ont eu l'intelligence de dresser la Chine
19:16 communiste contre son ancien ami,
19:18 la Russie communiste, enfin l'URSS.
19:21 Aujourd'hui, c'est pire que sous la guerre froide
19:24 pour les américains, puisque ce n'est pas
19:26 uniquement le bloc URSS qui contredit
19:28 l'hégémonie américaine, mais c'est un bloc URSS
19:30 avec notre ancien fournisseur et fabricant
19:33 en chef, la Chine, qui s'est autonomisée,
19:36 qui a dit "nous on n'a plus envie d'être
19:37 uniquement les lieux de délocalisation,
19:40 maintenant on va créer une politique économique
19:42 d'autonomisation avec un marché intérieur
19:45 qui va se développer, une sorte de volonté
19:47 domestique, économie domestique".
19:49 Et ça c'est quelque chose que n'avaient pas
19:51 prévus tous les stratèges.
19:52 Mais par contre, ce qui est intéressant
19:54 dans cette carte, si vous regardez sur Internet
19:56 pour nos auditeurs, George Friedman,
19:57 le stratège de Stratfor.
19:59 Stratfor, c'est l'ombre de la CIA.
20:01 C'est aussi important que la Rand Corporation.
20:03 Dans un livre qu'il présente en 2015
20:06 au Chicago Institute, il rappelle cette idée
20:09 que la pire configuration pour l'hégémonie
20:12 américaine n'est pas la Chine, surprenant,
20:14 pas du tout l'islamisme radical.
20:16 Il dit c'est un petit problème qu'il faut traiter.
20:18 Et bien entendu, ils l'ont un peu créé,
20:20 donc forcément c'est pas le pire problème
20:21 pour eux, c'est très loin de chez eux.
20:23 Ça a des dommages collatéraux chez nous,
20:25 mais pas chez eux.
20:26 Et bien il dit la pire configuration
20:28 serait une alliance, une collaboration
20:30 entre le capital allemand et le savoir-faire allemand
20:33 et l'énergie et le savoir-faire et le territoire russe.
20:36 Si la Russie se rapproche de l'Allemagne,
20:37 donc en fait de l'Union Européenne,
20:39 puisque l'Allemagne c'est le seul élément
20:40 qui compte pour les Américains dans l'Union Européenne,
20:42 c'en est fini de la puissance américaine.
20:45 Et George Friedman le dit clairement en 2015
20:47 et c'est pour ça qu'il faut s'appuyer sur l'Ukraine
20:50 pour affaiblir la Russie.
20:51 Ce que disait son maître, Zbigniew Brzezinski,
20:55 en 1997, disait l'Ukraine, c'est ce qui permet
20:59 à la Russie d'accéder à la mer Noire
21:01 et à l'Europe de l'Ouest.
21:02 Sans l'Ukraine, la Russie n'est plus un empire européen
21:05 et n'a plus accès au Rimland, le fameux Rimland.
21:08 Donc il faut absolument couper l'Union Européenne
21:10 de la Russie, chose réussie depuis la guerre en Ukraine.
21:13 De ce point de vue, les Américains ont bien joué,
21:16 mais moi je dis uniquement à court et moyen terme.
21:18 Car à long terme, cette guerre en Ukraine
21:20 a réveillé en Russie tous les réflexes
21:24 tiers-mondistes de la guerre froide.
21:26 Les Russes ont réactivé tous les réseaux
21:28 du reste du monde, du Sud et de l'Est.
21:31 Il y a une accélération de la désoccidentalisation,
21:35 de la volonté de dé-dollariser, on le voit avec les Émirats
21:37 et surtout avec l'Arabie Saoudite ou les Chinois,
21:39 qui commencent à échanger dans une monnaie hostile au dollar.
21:43 On n'est plus dans les années 90, où on pouvait
21:45 faire la guerre à Saddam Hussein, parce qu'il ne voulait
21:47 signer qu'avec des compagnies pétrolières,
21:49 chinoises, françaises ou russes.
21:52 Et il ne voulait plus signer avec les Américains.
21:54 Maintenant, les Américains ne peuvent plus obliger tout le monde.
21:56 Et ça, c'est très intéressant.
21:58 Je ne dis pas que c'est bien ou mal, mais il va falloir s'y adapter.
22:01 Et c'est pour ça que la France devrait avoir une politique
22:03 non-alignée, et même l'Europe devrait être non-alignée.
22:08 Moi, je ne comprends pas Mme von der Leyen
22:10 et tous ses supporters, qui se réjouissent de la guerre en Ukraine,
22:14 un peu moins depuis quelques jours, mais jusqu'à quelques jours,
22:16 on avait l'impression d'une allégresse.
22:18 Quand on regardait LCI le soir, c'était une allégresse.
22:21 Les Russes sont des nuls, bientôt ils vont tomber,
22:23 leur régime ne pourra pas tenir, ce sont tous des abrutis.
22:25 Ils doivent importer des réfrigérateurs pour avoir des puces,
22:28 ce qui est complètement faux, parce qu'ils ont deux sociétés
22:31 qui fabriquent des puces au-dessus de 11 nanos.
22:34 Déjà, on peut faire des chars à l'ancienne,
22:38 on n'a pas besoin que des 5 nanos, que seule Taïwan fabrique.
22:41 Donc les Russes font des puces, ce n'est pas vrai qu'ils pillent
22:44 des réfrigérateurs pour avoir des semi-conducteurs.
22:47 Mais on entend toute une série de choses qui sont fausses.
22:51 On se fait plaisir, parce que l'Occident n'arrive pas
22:53 à penser le monde tel qu'il est.
22:55 Il pense le monde tel qu'il voudrait qu'il soit.
22:57 Vous disiez que l'Occident n'a pas tiré les leçons des dernières années.
23:00 Le 20 octobre, Joe Biden a reconnu que l'ordre qui avait été créé
23:03 au lendemain de la seconde guerre mondiale par les États-Unis,
23:06 qui selon lui avait bien marché, mais c'était en quelque sorte essoufflé.
23:10 Il a ajouté "c'est le moment où les choses changent,
23:13 il va y avoir un nouvel ordre mondial et nous devons le diriger",
23:16 a-t-il ajouté devant des chefs d'entreprise, soit dit en passant.
23:19 L'Amérique sera-t-elle encore, selon vous, en mesure de le faire ?
23:24 Je pense que l'Amérique est très résiliente, contrairement à l'Europe,
23:27 qui à mon avis est dans la pire situation,
23:29 parce qu'elle est en zone d'apesanteur géopolitique.
23:32 C'est ce que je dis dans le livre sur le chapitre Europe.
23:34 Hélas, dans le chapitre Europe, on a été un peu moqueurs,
23:37 on a parlé de Bisounourslande, mais surtout d'Augenie,
23:39 objet géopolitique non identifié.
23:41 L'Europe est en apesanteur géopolitique,
23:43 tandis que l'Amérique a quand même une véritable élite,
23:46 même si l'Amérique est travaillée avec une montée du wokeisme,
23:49 du black live matter, avec des problèmes internes énormes.
23:52 Le deep state américain, l'état profond américain,
23:55 reste quand même très conquérant, très cow-boy, très dominateur,
23:59 et il pense une stratégie pour dominer le monde
24:02 et pour essayer d'affaiblir ses concurrences,
24:05 qu'on appelle les alliances anti-hégémoniques.
24:07 Donc je pense que l'Occident judéo-chrétien survivra dans les Amériques,
24:11 quand l'Europe sera submergée par une vague migratoire islamique
24:15 et africaine qui un jour pourra même la détruire telle qu'elle est aujourd'hui,
24:20 en tout cas la changer considérablement jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus
24:25 défendre véritablement son identité.
24:27 L'Amérique sera résiliente parce qu'elle est éloignée
24:30 de ce qui pourrait la détruire d'un point de vue civilisationnel
24:33 et d'un point de vue économique et financier, ne la sous-estimons pas.
24:36 Rappelez-vous, dans les années 80, le fameux stratège Ludwig,
24:41 Edouard Ludwig, j'en parle dans le livre sur le chapitre concernant les États-Unis,
24:45 il a conceptualisé l'idée de "economic war", "economic warfare".
24:49 Et la guerre économique a été un sursaut extraordinaire
24:53 qui a permis aux Américains de faire face à une énorme offensive japonaise
24:57 qui était en train de détruire l'économie et l'industrie américaine.
25:00 Et en 10 ans, ils ont renversé la vapeur et ils ont ruiné les Japonais.
25:03 Aujourd'hui, ils sont en train de préparer une stratégie pour ruiner la Chine.
25:06 Ne sous-estimons pas la capacité de résilience de l'Amérique,
25:10 qui est guerrière, qui a une stratégie, qui a un patriotisme.
25:13 J'ai été surpris que même des gens qui sont de minorité musulmane aux États-Unis,
25:19 très souvent brandissent le drapeau américain.
25:21 Alors on me dira "c'est la taquilla", pas forcément.
25:23 L'Amérique, elle développe quand même un nationalisme, un patriotisme,
25:27 un amour du drapeau qui quand même suscite le respect,
25:30 même de ceux qui ne l'aiment pas et qui la trouvent décadente.
25:33 Tandis que l'Europe, elle ne développe d'elle-même que la haine de soi,
25:36 que le refus de la puissance et comme je disais qu'on était en zone d'apesanteur,
25:42 c'est le chapitre sur l'Europe, d'un point de vue de souveraineté,
25:45 nous n'avons plus de souveraineté nationale complète,
25:47 mais nous n'avons pas créé, comme le voudrait Macron,
25:50 de souveraineté supranationale complète.
25:52 Nous sommes entre les deux.
25:54 Entre les deux, ça veut dire quoi ?
25:56 Nous sommes en apesanteur de souveraineté, nous sommes en non-souveraineté.
25:59 Et ça, ça veut dire quoi ?
26:01 Ça va attirer les prédateurs, les quatre prédateurs dont je parle dans mon livre,
26:04 la Chine, prédateur économique, le monde islamique, prédateur civilisationnel,
26:10 avec la Turquie comme avant-garde, la Turquie, les États-Unis,
26:13 un prédateur extrêmement dangereux d'un point de vue économique,
26:17 qui nous fait une guerre économique, on l'a vu avec le gaz.
26:19 Le gaz russe n'est pas interdit, il faut le savoir pour nos auditeurs.
26:23 Le gaz russe spot, que l'on achète par bateau, n'est pas du tout interdit,
26:29 parce que ce qui a été interdit par les Américains,
26:31 c'est le gaz par gazoduc, qui était moins cher.
26:33 Donc le gaz de schiste, du coup, devient rentable,
26:36 parce qu'on n'importe que du gaz spot par bateau,
26:39 et donc c'est une véritable guerre économique.
26:41 Et le quatrième prédateur, tout de même, c'est quand même la Russie,
26:44 qui reste un prédateur.
26:45 Donc on a des éléments prédateurs qui ont une logique impériale,
26:49 et l'Europe, c'est un petit peu le joyau, c'est Byzance,
26:52 avec beaucoup de prospérité, de beauté, des belles terrasses, des beaux monuments.
26:55 C'est le joyau qui attire tous les prédateurs affamés,
26:59 et qui méprise cette Europe qui délivre d'elle-même un message d'impuissance volontaire,
27:04 comme l'avait dit Védrine.
27:05 La France et l'Europe soumises aux prédateurs,
27:07 ce sera le mot de la fin, Alexandre Delval.
27:10 Merci beaucoup d'avoir été présent à l'Appel de Chocs du Monde.
27:13 Je rappelle que vous venez de publier l'essai "Vers un choc global"
27:16 avec Jacques Sobelsa aux éditions L'Artilleur.
27:19 Merci à tous d'avoir suivi ce nouveau numéro de Chocs du Monde.
27:22 Surtout, n'oubliez pas de commenter et de partager cette émission.
27:26 Bonsoir à tous et merci encore.
27:28 [Musique]