Loi immigration : "cela sera un parcours d’obstacles pour le gouvernement"

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00:00 avec la journaliste politique, Janik Halimi.
00:02 Bonsoir Janik.
00:03 - Bonsoir.
00:03 - D'abord, cette loi sur l'immigration,
00:04 ça fait longtemps qu'on l'attend, on peut le dire.
00:06 Est-elle un piège politique pour l'exécutif
00:08 qui l'a maintes fois reporté ?
00:10 - Écoutez, ça peut être un piège.
00:12 A priori, vous avez parfaitement raison
00:14 et le gouvernement le sait puisque vous venez de le rappeler.
00:17 C'est un texte qui aurait dû être déjà présenté
00:19 il y a un an et demi, pratiquement,
00:21 juste après l'élection d'Emmanuel Macron.
00:23 À part revenir sur le fil de l'histoire,
00:25 c'est horriblement compliqué.
00:27 Alors, un piège, non,
00:28 parce qu'un piège, c'est quelque chose
00:29 dans lequel on tombe involontairement.
00:31 Donc, le gouvernement, sachant que c'est compliqué,
00:33 on ne peut pas dire que c'est un piège.
00:34 Mais ce sera un parcours d'obstacle
00:37 sans aucun doute pour le gouvernement.
00:40 - Obstacle, parce que déjà, Darmanin refuse le 49-3.
00:43 Donc, à priori, il ne veut pas passer en force.
00:46 À droite, donc, il faut trouver un compromis
00:47 entre la droite et la gauche.
00:48 Et pour faire simple, à droite, on refuse l'article 3
00:51 qui vise à faciliter la régularisation de travailleurs
00:53 dans des secteurs à tension,
00:55 alors qu'à gauche, on y est favorable.
00:57 Donc, ça risque quand même d'être houleux.
00:58 Est-ce qu'ils vont...
00:59 Comment parvenir à un compromis, en fait ?
01:00 - Oui, il y a déjà plusieurs centaines d'amendements.
01:03 En plus, et vous avez parfaitement raison,
01:05 il y a le ministre de l'Intérieur qui ne veut pas du 49-3.
01:07 Cela dit, Mme Borne ne voulait pas non plus
01:09 du 49-3 sur les retraites.
01:12 Elle a quand même été obligée de l'utiliser.
01:14 Donc, on va dire que la volonté du ministre de l'Intérieur
01:17 n'est qu'un souhait institutionnellement parlant.
01:20 Donc, on verra à l'arrivée,
01:21 parce qu'effectivement, ça risque d'être dur,
01:24 très dur pour le gouvernement,
01:25 d'avoir un vote à la majorité absolue
01:28 selon le nombre de présents.
01:30 - La différence quand même,
01:31 avec la réforme des retraites,
01:33 elle était impopulaire,
01:34 tandis que manifestement, là, les sondages montrent
01:36 que les Français seront plutôt favorables
01:38 à une vraie loi sur l'immigration.
01:39 - Oui, absolument, vous avez raison.
01:41 - Donc, il y a une différence, là.
01:42 - Il y a une énorme différence.
01:43 - Est-ce que ça pousse justement le gouvernement
01:46 à essayer d'avoir une approche de compromis ?
01:49 - Oui, tout à fait.
01:50 Et c'est un compromis dont il peut sortir gagnant,
01:53 parce que les difficultés que le gouvernement
01:56 pourrait rencontrer, effectivement,
01:57 parce qu'il y a toutes les oppositions
01:58 qui sont contre lui,
01:59 il y a même une partie de la Macronie
02:01 qui est contre lui,
02:02 peut en fait se retourner en sa faveur.
02:04 Pourquoi ?
02:05 Parce que le texte présenté,
02:07 vous avez raison,
02:08 a dans son équilibre, droite-gauche-macronien,
02:10 en même temps un peu compliqué,
02:12 mais ravi et satisfait l'opinion publique française
02:16 et dans sa grosse majorité.
02:18 Mais l'autre élément aussi,
02:20 c'est qu'il fait exploser la droite et la gauche
02:22 à l'intérieur même de la gauche.
02:25 Il fait exploser les oppositions, on l'a vu,
02:27 la droite et la gauche ne sont pas sur la même longueur d'onde.
02:30 Le RN à droite pourrait voter le texte
02:33 alors que les LR, disent-ils, ne le voteront pas.
02:36 - À cause de ce même article 3.
02:37 - Voilà, exactement.
02:39 Mais on voit aussi qu'au Sénat,
02:42 Jean-Marc Larcher, président du Sénat qui est LR,
02:45 pousse également un compromis.
02:46 Donc ce compromis, le gouvernement pourrait tout à fait,
02:50 en tout cas à l'écarte, pour le mettre sur la table
02:54 et faire en sorte finalement que ce texte,
02:57 dans sa globalité, soit voté.
02:58 - Alors justement, au Sénat, manifestement,
03:00 il y a un certain nombre d'amendements,
03:02 en l'occurrence un amendement sur l'aide médicale d'État,
03:05 c'est ça, Janick ?
03:06 - Oui.
03:06 - Il deviendrait l'aide médicale d'urgence.
03:08 - Oui.
03:08 - Donc là, ça serait une sorte de rédissement,
03:11 de durcissement en fait de la législation
03:13 sur l'aide médicale d'État.
03:13 - Oui, oui.
03:14 Alors ça a déjà suscité une bronca de la part,
03:17 évidemment, de la gauche, mais aussi de l'aile gauche
03:21 de la Macronie et puis du corps médical dans son ensemble,
03:24 qui a signé pas mal de pétitions.
03:26 Pour faire court, effectivement, l'aide médicale d'État,
03:29 qui est dans l'état actuel des choses,
03:32 on va dire assez équilibrée pour les immigrés illégaux
03:37 et les réfugiés, serait réduite aux opérations
03:42 et aux maladies, en tout cas aux cas d'urgence.
03:45 Et de cela, l'aile droite des LR,
03:49 les LR, effectivement, ont versé un amendement dans ce sens-là.
03:53 Et Gérard Darmanin avait un temps dit qu'il était plutôt favorable.
03:59 La droite voulait même retirer carrément l'aide médicale.
04:03 Bref, c'est un point sur lequel, tout de même,
04:06 ça va être compliqué pour le gouvernement de trouver un compromis,
04:09 parce que là, il risque d'avoir la gauche et une partie,
04:12 encore une fois, de l'aile gauche, de la Macronie,
04:15 contre lui. Donc, c'est pour ça, on en revient à votre première question,
04:19 que le gouvernement va devoir, tout de même, tirer le 49-3.
04:23 Vous pensez, à priori, que ce sera plutôt du 49-3, au final ?
04:27 Ce sera du 49-3, mais après, il y aura la motion de censure
04:30 que pourraient déposer les LR. Et là, semble-t-il,
04:33 et c'est là où le compromis pourrait jouer,
04:34 parce que c'est là qu'Emmanuel Macron tire sa botte avec,
04:37 je ne sais pas si vous en avez parlé, l'élargissement du référendum.
04:41 C'était la prochaine question.
04:43 C'est la prochaine question, voilà, d'accord.
04:44 Cette motion de censure pourrait ne pas être votée par toute la droite
04:49 et pourrait ne pas être votée par une grande partie de la gauche
04:52 et même par le RN. Donc, c'est là où le gouvernement
04:55 pourrait sortir gagnant, avec, justement, dans sa poche,
04:58 la question que vous allez me poser.
04:59 Justement, cet élargissement du référendum,
05:01 c'est la question à laquelle vous faites référence.
05:03 Emmanuel Macron, qui, d'ailleurs, déjà convie les chefs de parti
05:07 le 17 novembre pour y inclure, justement, l'immigration.
05:10 Parce qu'il faut rappeler aux téléspectateurs qu'en France,
05:13 on ne peut pas faire de référendum sur l'immigration.
05:15 Il est strict ce référendum dans l'article 11 de la Constitution
05:19 pour un certain nombre sur les institutions essentiellement.
05:21 Et pas sur les questions de société.
05:23 Voilà.
05:24 Effectivement, Emmanuel Macron, qui avait refusé d'ouvrir le spectre
05:28 possible d'un référendum aux questions de l'immigration,
05:32 justement, a fait un pas de côté, voire un pas en arrière,
05:34 en disant que, justement, le champ d'application,
05:41 de mise en œuvre du référendum selon l'article 11,
05:44 pourrait tout à fait être ouvert aux questions de société,
05:47 immigration ou fin de vie.
05:49 Ça passerait par la réunion d'un congrès, c'est-à-dire
05:51 entre l'Assemblée nationale et le Sénat.
05:53 Pour une réforme constitutionnelle.
05:55 Pour une réforme constitutionnelle, pour élargir,
05:57 ce qui est inclus dans l'article 11 de la Constitution,
06:00 élargir le champ de mise en œuvre de ce référendum.
06:04 Et comme c'est demandé notamment par les LR et le RN,
06:07 donc par toute la droite,
06:10 Emmanuel Macron pourrait remporter cette manche-là avec,
06:15 effectivement...
06:16 - Il faut deux tiers.
06:17 - Il faut les deux tiers, mais c'est pratiquement acquis.
06:20 C'est pratiquement acquis parce qu'il n'y aura pas que l'immigration
06:22 dans ce que propose Emmanuel Macron.
06:24 Il y aura aussi la fin de vie que demande la gauche.
06:27 Donc, vous voyez, là, ça fait partie un peu de la botte,
06:29 entre guillemets, secrète, mais qui ne l'est plus,
06:32 d'Emmanuel Macron, avec une sorte d'échange,
06:34 un petit peu de donnant-donnant.
06:37 Vous lâchez sur le texte de loi immigration.
06:39 En tout cas, vous ne nous embêtez pas jusqu'à la motion de censure,
06:42 même si l'article 49.3 risque d'être quand même dégainé,
06:45 mais sait-on jamais.
06:47 Et moi, j'ouvre la porte, si je puis dire,
06:49 à l'ouverture du champ d'application,
06:51 comme vous me le demandiez, et à droite et à gauche,
06:54 du référendum et donc la parole à l'opinion publique.
06:57 - Ouais, du donnant-donnant.
06:58 Alors, ce n'est pas évidemment si simple,
07:00 puisque il me semble que le Parti socialiste a déjà dit
07:02 qu'il n'irait pas à cette réunion convoquée par Emmanuel Macron
07:06 le 17 novembre.
07:08 Donc, bon, on se...
07:09 - C'est vrai, ça n'empêche pas quand même la réforme constitutionnelle,
07:11 même si Olivier Faure et le PS ne s'y rendent pas.
07:15 - Donc, merci beaucoup d'avoir été avec nous.
07:17 Janine Kalimi, journaliste, éditorialiste politique.
07:19 Merci à vous de nous avoir suivis.

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