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00:00Et nous recevons Sandrine Jossot, bonjour. Merci d'être sur France 24.
00:03Vous êtes députée Modem, vous avez vous-même porté plainte en 2023 contre le sénateur Joël Guerriot.
00:09Vous l'accusez de vous avoir drogué pour vous agresser.
00:12Le sénateur a été mis en examen, l'instruction est toujours en cours.
00:16J'ajoute qu'avant la dissolution d'Emmanuel Macron, vous participez à une mission parlementaire
00:22contre la soumission chimique et enfin que vous êtes porte-parole de l'association Mondorpa.
00:28Tout est juste ? Tout est juste. Une mission gouvernementale.
00:32Une mission gouvernementale et non pas parlementaire, qui a été confiée par Gabriel Attal, je crois.
00:37Voilà, confiée par le Premier ministre parce qu'une mission parlementaire, c'est vraiment au niveau de l'Assemblée nationale.
00:43Elle est validée par le ou la présidente de l'Assemblée, en l'occurrence la présidente aujourd'hui.
00:48Mais une mission gouvernementale est validée en haut lieu par le chef du gouvernement, donc le Premier ministre.
00:54Et on va reparler de la soumission chimique avant d'aborder cette question centrale dans ce procès.
01:01Vous aviez vous-même participé aux premières heures de ce procès qu'on appelle Pélico. Qu'est-ce que vous en retenez ?
01:10C'est des moments très importants par ce qu'on entend.
01:14C'est vrai que moi, j'y allais en tant que porte-parole de l'association Mondorpa pour soutenir Caroline Darien,
01:21la fille de Gisèle Pélico, et toute sa famille.
01:26Alors, c'est des situations où on a l'occasion d'entendre beaucoup de choses parce que Gisèle a proposé que ce procès soit public.
01:38Donc là, on écoute les témoins et évidemment, avec beaucoup d'attention, on apprend énormément de choses.
01:46Et on apprend aussi comment, par exemple, les avocats se retrouvent en difficulté parce qu'ils ne connaissent pas la soumission chimique.
01:54Donc, ils font usage d'arguments, même parfois lorsqu'ils questionnent, par exemple, les experts toxicologues qui, malheureusement,
02:04révèlent très souvent qu'ils n'ont pas la possibilité de bien comprendre les mécanismes de la soumission chimique,
02:14les mécanismes des prédateurs et aussi, finalement, comment une personne qui est droguée à son insu réagit dans la vraie vie.
02:23En droit, la soumission chimique, elle est encadrée comment ? Est-ce que c'est à la victime de l'approuver ?
02:32Alors, ce que vous soulevez, c'est une des problématiques qui est révélée par, par exemple, les victimes, c'est l'accessibilité à la preuve.
02:41Comme une victime sur deux se rappelle de rien, donc déjà, ça pose un souci, pour ne serait-ce que de reconnaître et recenser le nombre de personnes touchées.
02:52Après, quand vous vous rendez compte qu'il y a eu quelque chose qui s'est passé de pas normal, ce qui a été mon cas,
03:00et moi, j'avais donc toujours cette mémoire, donc j'ai pu porter plainte, heureusement que j'étais à Paris,
03:08que j'ai été dirigée vers un hôpital spécialisé en toxicologie, parce que si, par exemple, ça vous arrive en province,
03:15que vous n'avez pas à côté de vous, donc à un hôpital, qui soit en mesure d'analyser les résultats sanguins avec une bonne interprétation, si vous n'avez pas...
03:24Excusez-moi, sur une durée assez courte, j'imagine ?
03:26Voilà, absolument, si vous n'avez pas cette possibilité de le faire de manière très rapide, comme c'est un contre-la-monte,
03:32étant donné que ces produits disparaissent très facilement du sang, eh bien, c'est la double peine, donc c'est très compliqué.
03:39L'accessibilité à la preuve, c'est aussi une problématique et une priorité sur ce sujet qu'est la soumission chimique.
03:47Vous dites que cette soumission chimique, qui est vraiment méconnue par le grand public et qui est révélée là par ce procès,
03:56c'est l'arbre qui cache la forêt des violences sexuelles, c'est l'angle mort. Pour quelle raison ?
04:00Parce que c'est un mode opératoire d'énormément de prédateurs qui préméditent leur crime.
04:08Il faut savoir qu'ils vont sur Internet, dans les cyberespaces, prendre des conseils qui, aussi à portée de clic,
04:15ont la possibilité d'aller acheter ce qu'il faut pour sédater les victimes.
04:20Donc, d'un côté, ils falsifient les ordonnances et, d'un autre côté, ils peuvent aussi obtenir des drogues à portée de clic.
04:27Donc, ça, c'est quand même assez préoccupant. Et puis, c'est une forme de violence sexuelle,
04:34parce que vous vous doutez bien qu'il y a aussi toute une prise en compte du fait que c'est le crime parfait,
04:42étant donné qu'il n'y a pas de preuves qui sont facilement obtenables par les victimes.
04:49Et cette soumission chimique, on la trouve partout, finalement, dans le milieu familial, l'affaire Pélico, milieu professionnel.
04:56Votre cas, vous, en boîte de nuit aussi, par exemple. Ça reste très général et c'est un problème de société.
05:03Alors, on croyait effectivement que c'était plutôt dans le monde de la nuit, alors que, quand on a écouté les signalements,
05:11quand j'ai eu l'occasion, avec ma collègue Véronique Guillotin, de faire cette mission, on a bien compris
05:19que la soumission chimique était souvent dans la sphère amicale, familiale ou intrafamiliale, et que les victimes connaissent leur agresseur.
05:32Donc, c'est très, très, très préoccupant. Et c'est important de le savoir aussi, parce que ça aide à aller un peu plus loin.
05:38Et le fait d'en prendre conscience, ça permettra certainement de mieux endiguer le phénomène à plein d'endroits,
05:45tant par les professionnels de santé que les professionnels du monde judiciaire.
05:49Est-ce qu'on peut évaluer le nombre de victimes ? Il y a eu une explosion, en tout cas, des signalements de la soumission chimique après la première vague MeToo, en 2017, je crois ?
05:59Oui, les vertus de MeToo ont permis, justement, une facilité de signalement. Il y a eu une augmentation entre 2001 et 2000...
06:08Alors attendez, 2021 et 2022, de 69 %, donc c'est quand même...
06:12De signalement.
06:13De signalement, donc c'est quand même significatif.
06:17Qui aboutisse ou pas devant la justice ?
06:18Eh bien, c'est bien là le souci, c'est que comme c'est très difficile d'avoir des preuves à cause de ce contre-la-montre,
06:26à cause aussi de ce blackout, parce que beaucoup de victimes ne se rappellent malheureusement plus de rien,
06:32ça complexifie, un, le fait de diagnostiquer qu'on a eu et qu'on a subi une soumission chimique, et de deux, d'avoir la possibilité de prouver tout cela.
06:44Et c'est, j'imagine, les actes sur lesquels vous travailliez avant la dissolution, lors de cette mission gouvernementale ?
06:50Qu'est-ce qu'il faut améliorer, c'est ça ?
06:51Oui, avant la dissolution, on a travaillé pour écouter les victimes, parce qu'elles ont aussi une expertise,
06:58c'est-à-dire qu'elles sont à même d'expliquer toutes les embûches qu'elles ont subies tout au long de leur parcours.
07:04Certaines victimes veulent et peuvent porter plainte, d'autres pas.
07:08Donc, nous, on a aussi auditionné les experts toxicologues qui, avec des techniques de pointe,
07:15permettent une belle interprétation de toutes ces personnes qui souhaitent porter plainte.
07:23Et on a aussi auditionné les professionnels qui sont des experts plutôt en psychologie, par exemple,
07:29pour permettre de mieux identifier les comportements de ces prédateurs,
07:34mais aussi de mieux réparer les victimes, parce qu'il faut savoir que ça fait vraiment des ravages, la soumission chimique.
07:41Ça brise vraiment quelque chose en vous, c'est difficile de se réparer,
07:45et malheureusement, on n'a pas encore assez de personnes formées pour mieux accompagner les victimes, et déjà pour les croire.
07:52La soumission chimique pose aussi d'autres questions, notamment sur l'emprise.
07:55On parle de proches qui sont derrière ces soumissions chimiques, derrière ces drogues.
08:01L'emprise, familiale, professionnelle ou autre, est-ce qu'elle est définie par le droit français ?
08:07L'emprise commence à être un petit peu plus reconnue.
08:12Maintenant, justement, dans la continuité de notre mission, nous souhaitons aller regarder tout cela de plus près.
08:18C'est pour ça qu'on demande à ce qu'elle continue.
08:21Je pense qu'aujourd'hui, on peut évaluer qu'on était à un quart, un tiers de notre mission.
08:26Nous avons besoin de la continuer pour répondre aux questions que vous posez,
08:30et pour faire des propositions concrètes au gouvernement, pour mettre en place des mesures à plein d'endroits,
08:35tant sur le plan juridique, sur le plan judiciaire, sur le plan de la santé, sur le plan de l'éducation également.
08:42Qui est central, oui, on imagine.
08:44Un dernier mot sur la commission gouvernementale.
08:46Est-ce qu'elle sera remise sur les rails ? Est-ce que vous avez eu des garanties du Premier ministre Michel Barnier ?
08:50Alors, ce qu'on a pour l'instant, c'est qu'on a fait.
08:53On a écrit, on a interpellé le Premier ministre, monsieur Macron également, madame Macron.
08:58Maintenant, on attend justement cette continuité et on ne lâchera rien avec ma collègue.
09:04Nous sommes bien déterminés.
09:06Sandrine Josseau sur France 24.
09:07Merci beaucoup d'avoir témoigné sur notre antenne.
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