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Transcription
00:00Allez place à un autre sujet dont on vous parle pour la quatrième semaine sur cette antenne.
00:06Le procès qui défraie la chronique en ce moment et qui a provoqué les mots un peu partout dans le monde.
00:10L'affaire Mazan, elle a mis au jour une terrible affaire de soumission chimique
00:13mettant en cause des dizaines d'accusés jusqu'en décembre prochain, jusqu'au 13 décembre, les co-accusés vont défiler à la barre.
00:20Un procès que vous suivez pour France 24, Louis Chahuneau.
00:23Bonjour journaliste, pour le site internet de France 24, vous étiez sur place il y a encore quelques jours.
00:30En quoi cette affaire est-elle différente des autres que vous avez pu couvrir jusque-là ?
00:34C'est un procès qui est hors norme déjà au vu de l'ampleur des faits qui sont dénoncés dans cette affaire.
00:39Des dizaines de viols commis par une cinquantaine d'hommes pendant une dizaine d'années, entre 2011 et 2020.
00:45Et puis c'est une affaire hors norme aussi au niveau des chiffres.
00:47On a une salle d'audience avec un box des accusés qui a été spécialement aménagé pour les accueillir.
00:53On a énormément des dizaines d'avocats de la défense qui sont là tous les jours avec des débats très intenses.
00:58Et puis on a aussi des dizaines d'anonymes qui viennent tous les jours pour assister au débat dans la salle de retransmission
01:04qui a été mise en place à cet effet et qui applaudissent aussi à chaque fois qu'ils voient Gisèle Pellicot qui traverse cette salle des pas perdus.
01:12Donc c'est vraiment une affaire hors norme.
01:14Et puis il y a évidemment des dizaines de journalistes nationaux et internationaux qui couvrent ce procès
01:20jusqu'à la télévision malaisienne ou la radio colombienne, par exemple.
01:24On va revenir à ce point-là dans quelques instants.
01:26Qu'est-ce que vous, en tant que journaliste, vous allez retenir de ces quatre semaines de procès ?
01:31C'est un procès qui pourrait marquer l'histoire judiciaire des violences sexuelles.
01:35C'est cette femme, Gisèle Pellicot, qui a subi des abus sexuels pendant plus de dix ans par une cinquantaine d'hommes.
01:43Et c'est une affaire qui symbolise aussi le traitement des violences sexuelles en France, le traitement judiciaire notamment.
01:50D'autant plus que Gisèle Pellicot a pris la parole la semaine dernière.
01:53Elle s'est emportée à l'audience et elle a dénoncé le traitement qui lui a été réservé lors des débats par les avocats de la Défense.
01:59Un traitement qu'elle juge dégradant.
02:01Elle a notamment déclaré « Je comprends que les victimes de viols ne portent pas plainte parce qu'on passe vraiment par un déballage humiliant ».
02:06C'est aussi un procès qui symbolise le procès de la masculinité, en tout cas d'une certaine forme de masculinité violente.
02:12Quand on analyse les profils des 51 accusés, on a notamment beaucoup de pères de famille,
02:17beaucoup d'hommes mariés et surtout qui n'ont pas de casier judiciaire.
02:21C'est un procès qui permet de démystifier l'image du violeur violent.
02:25Et puis dans l'Ibée, ce week-end, on a eu une tribune signée par 200 hommes qui écrivent notamment
02:32« Arrêtons de considérer que le corps des femmes est un corps à disposition ».
02:36C'est un procès qui parle aussi aux hommes.
02:38Enfin, c'est le procès de la soumission chimique.
02:40Dans cette affaire, Gisèle Pellicot a été victime de soumission chimique pendant des années.
02:46On l'administrait du Temesta, c'est un anxiolytique, pour qu'elle soit endormie pendant les viols.
02:52Et sa fille aînée, la fille aînée de Gisèle Pellicot, qui est là pendant les procès,
02:57qui assiste aux audiences, a lancé une association qui s'appelle « M'endors pas »
03:02et qui vise à alerter sur ce phénomène de la soumission chimique et prendre l'ampleur.
03:06En 2022, on a notamment compté plus de 2000 plaintes pour défait de soumission chimique.
03:10Elle avait tenté de comprendre ce qui lui arrivait parce qu'elle avait eu plusieurs signes médicaux assez expressifs.
03:18Elle avait consulté à plusieurs reprises, mais personne n'avait trouvé, en tout cas imaginé, ce qui lui était arrivé.
03:24Je le disais, des co-accusés qui vont succéder à la barre.
03:27Aujourd'hui, on s'intéresse à six nouveaux profils, dont un jeune homme qui avait 22 ans au moment des faits.
03:32C'est le plus jeune agresseur sexuel de Gisèle Pellicot.
03:35Évidemment, des histoires qui nourrissent l'intérêt de la presse, de la presse internationale.
03:39Vous me disiez que beaucoup de monde vient dans le sud de la France pour suivre ce dossier.
03:44Pourquoi un tel retentissement pour cette affaire ?
03:47C'est vrai que c'est assez marquant.
03:48Quand on va là-bas, il y a beaucoup de journalistes étrangers.
03:50Je discutais notamment avec un journaliste espagnol, Del Correo, un journal basque,
03:55qui me disait que c'était que les lecteurs s'intéressaient davantage à cette affaire qu'au procès des attentats du Bataclan.
03:59C'est pour vous dire, en Espagne, c'est un sujet qui a un retentissement particulier,
04:03d'une part parce que le pays est en pointe sur la question des violences sexuelles.
04:07Aussi, c'est une affaire qui résonne avec celle de la meute.
04:10Vous vous souvenez, c'est peut-être ces cinq hommes qui avaient été accusés d'un viol en réunion en 2016,
04:18lors des fêtes de Pamplounes, et qui avaient été condamnés pour abus sexuels au lieu de viols,
04:23ce qui avait provoqué des manifestations monstres en Espagne.
04:26Trois ans plus tard, la Cour suprême est revenue sur le jugement et les a condamnés pour viol.
04:30C'est un procès qui résonne particulièrement dans certains pays et qui a une résonance dans le monde entier.
04:35Et que vous allez continuer à nous faire vivre sur le sable.