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00:00Le procès Pellicot, le verdict est tombé, vous le savez il y a 20 ans de réclusion criminelle contre Dominique Pellicot, le principal accusé.
00:07C'est la peine maximale pour lui, d'autres parmi ses co-accusés ont écopé de peines plus légères, 3 sont ressortis libres de l'audience.
00:16On va d'abord écouter la grande dignité de Gisèle, ex-Pellicot, qui a évidemment pris la parole à la sortie de l'audience.
00:24C'est avec une profonde émotion que je m'exprime aujourd'hui devant vous.
00:29Ce procès a été une épreuve très difficile et à cet instant je pense en premier lieu à mes 3 enfants, David, Caroline et Florian.
00:40Je pense également à mes petits-enfants parce qu'ils sont l'avenir et c'est aussi pour eux que j'ai mené ce combat, ainsi qu'à mes belles-filles, Aurore et Céline.
00:53Je pense aussi à toutes les autres familles touchées par ce drame.
01:00Je pense enfin aux victimes non reconnues, dont les histoires demeurent souvent dans l'ombre.
01:07Je veux que vous sachiez que nous partageons le même combat.
01:10Voilà pour Gisèle, ex-Pellicot, admirable de dignité.
01:14Il y a eu des tensions à la sortie du tribunal puisque certaines militantes féministes ont été interpellées par certains de ses accusés.
01:23La situation s'est encore tendue lorsqu'un des avocats des prévenus est venu les insulter.
01:28Explication de Michael Dos Santos.
01:30Quand Gisèle Pellicot arrive à pied, une centaine de personnes venus la soutenir, dont des féministes, l'acclament à l'extérieur du tribunal d'Avignon.
01:39L'accueil des prévenus, lui, est glacial.
01:43Huées pendant plusieurs minutes, l'un d'entre eux adresse un doigt d'honneur aux femmes présentes.
01:47Finalement, le verdict tombe.
01:53Aucun des 51 prévenus dont Dominique Pellicot n'est acquittée.
01:56Le mari de Gisèle Pellicot est condamné à la peine maximale de 20 ans.
02:02A l'extérieur du palais de justice, beaucoup ne cachent pas leur déception, mais aussi leur colère.
02:07Nous, on s'y attendait. Depuis le début, on pense que ce n'est pas assez.
02:11Mais de toute façon, on savait que c'était la peine maximale.
02:14C'est une honte. Il y en a trois qui repartent libres, surtout en mandat de dépôt.
02:19On est furieuse, on est en colère.
02:21Quelques minutes plus tard, l'avocat de l'un des six accusés repartit libre, provoque la foule.
02:26Un moment de tension éclate.
02:28Mon client est libre ! Mon client est libre !
02:31Mon client est libre !
02:33Moi aussi, je vous aime !
02:40Gisèle Pellicot repartira sous les applaudissements et une nuée de caméras.
02:44Une image qui marque la fin d'un procès historique.
02:49Voilà la dignité d'un côté et l'indignité de l'autre en Minel Katmi.
02:52La dignité du zèle et l'indignité des avocats des prévenus.
02:57La dignité, la droiture, la tête haute gardée par une femme qui a entendu des horreurs,
03:07qui a entendu des avocats remettre en cause ce qui s'est passé.
03:12Certains, notamment une avocate, allant jusqu'à sous-entendre que peut-être qu'elle était consentante
03:18et que tout cela relevait d'une mise en scène.
03:20Elle a accepté le déballage public, parce que je le disais tout à l'heure,
03:25elle aurait pu demander le huis clos.
03:27Elle a refusé le huis clos précisément pour que ce qui s'est passé,
03:31toutes ses objections et que sa force à elle puisse rejaillir sur le reste de la société
03:35et notamment atteindre des filles, des femmes, de jeunes femmes
03:39qui seraient elles aussi victimes, peut-être pas dans des proportions aussi sordides,
03:44mais victimes de viols, d'agressions, de violences sexistes et sexuelles,
03:47pour leur dire si moi qui ai vécu le summum de l'infamie,
03:51j'ai consenti à parler, à me tenir droite, à être là tous les jours pendant quatre mois,
03:56alors vous aussi, vous devez parler et redresser la tête.
04:00C'est un procès qui fera date.
04:02Les peines suscitent toujours de l'incompréhension et des tensions,
04:06parce que les personnes qui ressortent, entre guillemets, libres,
04:08elles ont été condamnées, elles ont fait la détention provisoire, il faut le préciser.
04:12C'est un procès qui fera date et j'espère qu'on va s'occuper sérieusement
04:17des questions psychiatriques liées aux perversions sexuelles,
04:20parce que c'est ce que révélait d'abord cette affaire,
04:22et qu'on en tirera quelques leçons et quelques politiques publiques de prévention notamment.
04:27Catherine Ney.
04:29Oui, beaucoup de choses ont été dites,
04:31mais ce qui est extraordinaire, c'est l'écho à l'étranger de ce procès,
04:35parce qu'il est arrivé à cette femme des choses absolument inédites,
04:40par leur nombre et par la perversité d'un mari,
04:44dont elle n'a pas vu pendant longtemps qu'il était ce grand pervers,
04:48et qu'elle louait au contraire pour sa bienveillance envers elle,
04:52qu'elle ne l'a pas vue,
04:54donc le choc d'apprendre qu'il n'était pas du tout celui qu'elle croyait,
04:57qui déjà a quelque chose qu'il doit détruire,
05:00mais après ça elle a accepté de se mettre à nu,
05:03et ça dans toute l'acception du terme,
05:05il y a eu des images où elle a vu, où elle a laissé voir ce qui lui était arrivé,
05:10qui est une horreur,
05:11et moi je la voyais arriver depuis quatre mois,
05:14on voyait les saisons avec elle, parce qu'elle s'habillait selon les saisons,
05:17elle avait une tenue et une manière d'être, un maintien,
05:22qui fait qu'on a découvert que cette femme,
05:25qui avait vécu ces choses extraordinaires,
05:28était elle-même une femme extraordinaire,
05:30et qui donnait l'exemple aux autres de faire prendre, de ne pas lâcher,
05:35et j'espère maintenant que le procès est fini,
05:40qu'elle ne va pas, et que son horizon est la fin de l'histoire,
05:46s'il faudrait qu'elle tienne le choc encore,
05:49moi je pense que c'est maintenant qu'elle va avoir besoin d'un soutien,
05:53parce que toutes celles qui l'acclamaient tous les jours ne seront plus là,
05:56et là elle va peut-être ruminer, peut-être,
05:59de ce qui lui était arrivé,
06:01et l'immense chagrin d'avoir été bernée par un homme qui a détruit la famille.
06:07Quand on dit que c'est une affaire inédite par son ampleur,
06:12ça ne s'est jamais produit, etc.,
06:14j'ai une petite réserve là-dessus,
06:16quand on sait le concours de circonstances qui a permis à cette affaire d'être révélée,
06:22c'est-à-dire ce vigile qui persiste à tenir M. Pellicot,
06:26qui est en train de filmer sous les jupes d'une femme,
06:29des policiers au commissariat de Carpentras,
06:32qui sont ensevelis de dossiers auxquels on dit,
06:34écoutez, ce n'est pas l'affaire du siècle,
06:36mais qui persiste quand même,
06:38qui insiste, qui demande à aller voir les ordinateurs,
06:41qui vont voir les ordinateurs et qui découvrent l'innommable.
06:45Je me demande, alors il n'y en a peut-être pas des centaines,
06:48mais ça donne confiance à la police.
06:50Oui, vous avez totalement raison,
06:52mais il y a peut-être d'autres Mme Pellicot
06:54qui n'ont pas eu la chance, pardon d'utiliser ce terme un peu malheureux,
06:59d'avoir ce concours de circonstances qui a permis de révéler leurs affaires.
07:03Hommage à ce policier qui a récupéré le téléphone de M. Pellicot,
07:06qui a dû se pencher par la fenêtre du commissariat
07:08pour capter le Wi-Fi du restaurant et le mettre à côté,
07:10pour pouvoir ouvrir les vidéos et découvrir l'horreur.
07:12Et au vigile du supermarché.
07:14Et au vigile du supermarché qui a incité,
07:16évidemment, la jeune femme à porter le tabou.

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