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Les derniers accusés dans le procès des viols de Mazan vont être entendus par la cour criminelle du Vaucluse. Après deux mois et demi de débats, impossible d'établir un profil-type du violeur. Bien au contraire, les expertises, les témoins et les déclarations des accusés démentent la vision de l'agresseur pervers.

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Transcription
00:00Avec nous, maître Béatrice Zavarro,
00:05l'avocate de Dominique Pellicot,
00:07le principal accusé de ces viols.
00:09Bonjour, madame, et merci d'être en direct avec nous.
00:11Alexandra González, du service police-justice de BFM TV,
00:15est en direct d'Avignon pour suivre le procès
00:19qui va entrer dans un nouveau chapitre.
00:22C'est un premier chapitre qui va se clore aujourd'hui
00:24avec la fin des auditions de ces 51 hommes.
00:27Alexandra, on voit derrière vous,
00:29le public continue d'affluer pour assister à ces audiences,
00:34pour essayer aussi de cerner la personnalité de ces 50 accusés.
00:38Mais on le voit derrière vous, il y a déjà du monde
00:40pour assister à cette audience, Alexandra.
00:42Oui, alors que le tribunal n'a pas encore ouvert ses portes,
00:46et vous le voyez, beaucoup de monde derrière nous.
00:48On est arrivés ici à 7h45 avec ma collègue Fantine Danzer,
00:51et il y avait déjà du monde ici présent.
00:55Béatrice Zavarro, aujourd'hui qu'on commence avec vous,
00:57parce qu'il y avait un petit doute
00:58sur la présence de Dominique Pellicot à l'audience.
01:00Il a subi une petite intervention chirurgicale hier.
01:03Il sera là ?
01:04Il sera là.
01:05J'ai eu confirmation hier soir qu'il avait été extrait du CP,
01:10du pontet, pour un examen médical vers l'hôpital de Marseille,
01:13mais qu'il a réintégré sa cellule hier soir,
01:15et donc il sera présent ce matin.
01:16Alors, d'un coup, on va entendre les derniers accusés.
01:19Il faut rappeler qu'il y en avait 50 en tout,
01:21plus Dominique Pellicot.
01:23Pendant des semaines, on a écouté, évidemment,
01:25ces auditions, certaines très lourdes,
01:27avec des vidéos qui ont été projetées.
01:30Qu'est-ce que vous en retenez, vous, de ces auditions ?
01:34Des auditions qui sont manifestement sans surprise.
01:37C'est-à-dire que vous avez quand même des gens
01:39qui viennent dire que Dominique Pellicot
01:41est un menteur et un manipulateur,
01:42qu'il les a trompés, qu'il les a abusés,
01:44mais il faut se souvenir aussi que ça,
01:46c'est la ligne, c'est la droite file de l'instruction
01:50qui avait été menée depuis 2020.
01:52Et en même temps, il faut se souvenir aussi
01:54que vous avez affaire à un homme qui,
01:55pour la première fois, non seulement s'accable,
01:58se responsabilise totalement des faits
02:00qui lui sont reprochés, mais en plus fournit
02:03à la justice les preuves, je dirais, incontestables,
02:06c'est peut-être pas le terme, mais en tout cas,
02:08les preuves de sa culpabilité et de certains autres,
02:11puisque certains dénient à ce stade
02:14leur responsabilité encore dans les faits commis.
02:17C'est important, le mot que vous prononcez,
02:19ce mot de déni, parce que c'est vrai qu'il est revenu...
02:21C'est la perception qu'on a eue beaucoup
02:23en écoutant les accusés.
02:24Je voudrais qu'on écoute Stéphane Zabono.
02:26Stéphane Zabono, c'est l'un des avocats des partis civils.
02:30Chacun de ces hommes, individuellement,
02:32a des traits de caractère relativement répandus
02:35chez les accusés, ce manque d'empathie,
02:38cet égocentrisme, et puis aussi,
02:40et ça, on ne peut pas du tout l'écarter, l'omettre,
02:42une certaine vision des relations avec la femme.
02:45Et la phrase forte qui revient à Alexandra Gonzalez
02:48assez souvent chez ces hommes, c'est de dire
02:50je ne suis pas un violeur.
02:52Autrement dit, le déni.
02:57Oui, c'est-à-dire qu'ils arrivent à admettre,
02:59pour certains, pas tous, pour certains,
03:01le mot viole, mais pas je suis un violeur.
03:03Je vous prends, pour exemple, ce pompier
03:05qui était à la barre hier et qui dit
03:08j'ai commis un viol, mais je ne suis pas un violeur.
03:11Ce que vous voyez sur ces vidéos,
03:13c'est pas moi, c'est mon corps, mais ce n'est pas mon cerveau.
03:17Et en fait, quelque part,
03:19est-ce que ce n'est pas aussi le fruit
03:21de la société, de la culture du viol ?
03:22C'est-à-dire qu'on a toujours dans l'imaginaire
03:25cette idée que le viol est commis par un homme
03:27complètement fou, dans la rue, la nuit,
03:29sur une femme, devant un porche d'immeuble.
03:32Or, ce qu'il se dégage ici aussi de ce procès,
03:36c'est ce que montrent les faits, à savoir que la majorité
03:38des agressions sexuelles sont aussi commises,
03:41ou des actes sexuels, des viols, sont commis
03:43par des personnes de l'entourage de la victime.
03:46Et ici, ce que l'on voit quand même,
03:48c'est que s'il n'y avait pas eu ces vidéos
03:51qui montrent chaque acte sexuel jugé ici,
03:54des vidéos filmées, on le rappelle, par Dominique Pellicot
03:57à chaque fois au moment des faits,
03:58eh bien, ce procès aurait été celui, comme beaucoup de procès,
04:01de parole contre parole,
04:03parole d'un côté d'une victime face à la parole d'hommes
04:07décrits par leur entourage comme des pères de famille aimants,
04:12comme des compagnons sans sexualité déviante,
04:14ou encore comme des collègues de travail appréciés.
04:18Maître, quelle est votre lecture à vous ?
04:19Comment vous expliquez que certains, effectivement,
04:22refusent de se reconnaître sur les vidéos,
04:24malgré l'évidence ?
04:27Je crois que votre correspondante a parfaitement résumé la situation.
04:31Dans l'esprit de chacun, un viol reste un viol avec violence.
04:35Et il faut se rappeler quand même que le Code pénal prévoit
04:37la contrainte, la menace, la surprise ou la violence.
04:40Et là, nous sommes sur un viol par surprise.
04:42Et c'est une notion qui n'est pas usuelle
04:45et qui n'est pas habituelle dans la notion de viol.
04:49On parle toujours de la violence, mais jamais de la surprise.
04:51Et elle a tout à fait raison de dire que les vidéos
04:54montrent ces actes sexuels qui sont faits
04:57et qui sont commis en dépit du bon sens
04:59sur une femme qui est totalement inerte.
05:01Et certains continuent à dire qu'ils ne sont pas des violeurs
05:03parce que je crois que dans leur esprit,
05:05un viol, encore une fois, égale un homme au détour d'un virage,
05:08d'un parking, d'un souterrain, qui agrippe une femme
05:11et qui la viole et lui impose des choses sexuelles.
05:14Donc, voilà, je crois qu'on est sur ce vrai décalage.
05:17Ce vrai décalage entre le viol par violence
05:19et le viol par surprise, qui, de fait, existe
05:23dans le code pénal et ce dossier en est l'illustre...
05:26Comment dire ? La parfaite application,
05:28la parfaite illustration.
05:30J'ai été troublé par les mots du docteur Philippe Darbourg,
05:33un expert, hier, qui dit qu'il n'a pas constaté
05:35chez les prévenus, et notamment chez les sept derniers,
05:38de troubles psychopathologiques
05:40ou de tendances sexuelles déviantes.
05:43Et il ajoute qu'aucun de ces sept hommes
05:45ne peut être considéré comme un abuseur sexuel.
05:48Comment avez-vous réagi ?
05:51Alors, moi, personnellement, j'ai écouté,
05:54parce que je ne suis pas intervenue auprès du docteur Darbourg.
05:57En revanche, l'avocat de madame Pellicot, à juste titre,
06:00à mon sens, s'est levé pour dire que ce médecin
06:03avait considéré que ce n'était pas un abuseur sexuel,
06:07aussi bien celui qui était venu une seule fois
06:09comme celui qui est venu six fois,
06:11parce que dans le lot des accusés qui ont été examinés
06:13par le docteur Darbourg figure un homme qui est venu six fois
06:16et dont il nous dit qu'il n'est pas un abuseur sexuel.
06:19La question se pose de savoir à partir de quand
06:21un homme est un abuseur sexuel, surtout quand on vient nous dire
06:24qu'un homme qui est venu six fois n'en est pas un.
06:26Donc, voilà, c'était un petit peu...
06:28C'est des expertises qui ont interrogé la Cour,
06:33qui ont interrogé tous les intervenants que nous sommes,
06:37parce que qualifier d'un homme qui n'est pas un abuseur sexuel
06:39aussi bien celui qui vient une fois que six fois,
06:41ça pose question, véritablement.
06:43Alexandra ?
06:46Oui, et ce que je voulais rajouter,
06:48ce qui se dégage aussi de ces semaines d'interrogatoire d'accusés,
06:52c'est que beaucoup ont pour ligne de défense
06:55« je n'avais pas l'intention de violer ».
06:57Et donc, comme si pour eux, ça les dédouanait finalement
07:01de l'horreur, de la violence, de l'acte commis,
07:03comme ils n'en avaient pas l'intention.
07:05Et cette intention, c'est aussi ce qui revient dans la bouche
07:09de l'entourage de certains de ces accusés
07:11qui sont venus défendre à la barre leur père,
07:14leur compagnon, leur ex-compagnon, en disant
07:17« en fait, il n'a jamais eu de mots déplacés,
07:19il n'a jamais eu d'acte déplacé avec moi,
07:21et je le crois quand il me dit qu'il n'a jamais eu l'intention ».
07:24Comme si finalement, le fait de ne pas avoir l'intention,
07:27d'avoir la sensation, c'est leur ligne de défense,
07:30que Gisèle Pellicot était consentante
07:33parce que Dominique Pellicot leur avait assuré,
07:35finalement, ça les dédouanait
07:38de l'accusation de viol ou d'agression sexuelle.
07:42Et tous disent, quand on est venus,
07:44on pensait qu'on allait participer à un jeu libertin,
07:46sauf que c'est ce que montrent aussi ces vidéos,
07:50il y a une femme complètement inerte
07:53qui subit des actes sexuels,
07:56et il est évident, quand on voit ces vidéos,
07:58qu'il n'y a absolument pas de consentement.
08:01Et donc, dire « je suis arrivée, je n'en avais pas l'intention,
08:04mais je l'ai quand même fait », c'est une ligne de défense
08:06qui est très compliquée à tenir dans cette salle d'audience.
08:09Et dans les notions également importantes,
08:11qui ne sont pas évidemment des excuses,
08:13mais ce qu'on constate aussi,
08:15c'est que dans les témoignages de ces accusés,
08:17beaucoup racontent qu'ils ont été eux-mêmes
08:21abusés pendant leur enfance.
08:27Alexandra.
08:31Ah, pardon, on m'avait dit pour mettre...
08:32Allez-y, maître, je vous laisse commenter.
08:35Vous avez raison, monsieur, c'est une constante,
08:38c'est un paramètre qu'on retrouve dans chacun des profils des accusés,
08:42quasiment, parce que certains n'ont pas subi ce sort-là,
08:46mais beaucoup ont un paramètre sexuel dans l'enfance
08:50qui a, à mon avis, cabossé un peu leur parcours de vie.
08:53C'est un point commun, mais est aussi un point commun
08:57ce que votre correspondante expliquait il y a quelques instants,
09:00c'est-à-dire que vous avez des femmes, des mères, des compagnes,
09:03des sœurs qui viennent dire que c'était un homme bien sous tout rapport,
09:06qu'il n'avait aucune difficulté,
09:08que c'était un homme apprécié de son entourage,
09:10et Mme Pellicot est venue à la barre en disant
09:12« Moi, j'ai entendu ces femmes venir parler de leurs proches
09:16et j'avais le même à la maison ».
09:17Donc, on est là aussi sur un paramètre
09:19qui est tout à fait commun entre Dominique Pellicot et les accusés,
09:23aussi bien sur le profil lisse de leur personnalité
09:28que sur leur parcours de vie un petit peu cabossé par l'enfance
09:31avec parfois, souvent, un père maltraitant, un père violent,
09:35un père non-aimant ou carrément un père absent.
09:38– Merci beaucoup, merci à toutes les deux.
09:39La fin de l'audition des sept derniers accusés aujourd'hui à Avignon.
09:46Merci infiniment, il est 8h22.

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