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00:00Et ce soir, on vous parle de la Guinée, trois ans après la chute d'Alpha Conde et de l'arrivée au pouvoir du général Mahmadi Doumbouya.
00:07Quel bilan pour le nouveau pouvoir ? Pour en parler, nous recevons Danza Kourouma, président du CNT, Conseil National de Transition.
00:16Bonsoir Danza Kourouma, merci beaucoup d'être venu sur ce plateau nous parler justement de ce bilan.
00:22On va d'abord aborder les questions d'actualité.
00:24Parlons de la Constitution. L'avant-projet est censé être soumis aux électeurs par référendum avant la fin de l'année.
00:32C'était la date butoir posée. Où en est-on sur ce projet-là ? Il reste donc environ trois mois avant de le soumettre aux Guinéens.
00:42Il est nécessaire d'établir le nouveau recensement, la révision du fichier électoral. Comment allez-vous faire en si peu de temps ?
00:48Merci madame pour l'invitation. L'avant-projet de Constitution a été rendu public il y a un mois sur toutes les plateformes électroniques conçues à ce TFE.
01:04Un processus de consultation a été engagé par l'organe législatif entre toutes les composantes de l'avis national pour critiquer et apporter des éléments d'amendement
01:16à l'avant-projet de Constitution qui, pour nous, c'est un document qui est fait à l'image des aspirations exprimées par le peuple de Guinée
01:25lors des consultations qui ont eu lieu de 2022 jusqu'à 2023. Au jour d'aujourd'hui, avec assez de certitude, j'ose vous dire que ce texte est en train d'être discuté, débattu.
01:38Et ma présence en France s'inscrit aussi dans cette logique pour associer la diaspora guinéenne en Europe dans ce débat contradictoire.
01:46Il sera bien soumis à un référendum, ce texte ?
01:48Ce processus, il est différent et innovant. L'adoption de l'avant-projet est différent et innovant de toutes les autres constitutions qui l'ont précédé.
01:56Je prends un exemple. La Constitution de 1958, qui a été approuvée le 10 novembre 1958 après l'indépendance le 2 octobre, n'a eu qu'une semaine.
02:10Et la Constitution de 1982 n'a eu que six jours. La Constitution de 2024, qui est en cours, a fait au moins 24 mois de consultation.
02:20Donc vous êtes en train de me dire qu'il est possible qu'il ne soit pas soumis au référendum ?
02:23Il sera indéputablement soumis à un référendum.
02:29Est-ce que vous arriverez à tenir les temps ? Parce qu'il ne reste que trois mois. Et on a vu qu'il y avait quand même le fichier électoral à revoir, le recensement qui n'est toujours pas fait.
02:40Ce n'est pas une mince affaire, j'ai envie de dire. Et il ne reste que trois mois. Est-ce que ça sera possible ? Est-ce que vous tiendrez les temps ?
02:46Les délais sont essentiels, madame. Mais la qualité et la crédibilité du travail à faire l'est autant que le délai, voire même plus que le délai.
02:55Donc il est possible que vous dépassiez ce délai ?
02:57Ce qui est important aujourd'hui, l'avant-projet étant disponible, le processus de son examen est en cours, le délai pour la soumission de l'avant-projet au référendum sera respecté.
03:08Donc avant décembre, le référendum sera soumis aux Guinéens ?
03:12En tout cas, sauf les dernières réglages liés aux autres dimensions du processus électoral.
03:17Mais le test constitutionnel, quant à lui, remplit aujourd'hui toutes les conditions pour être présenté au peuple de Guinée lors d'un référendum qui se veut transparent et inclusif.
03:26Et on va en parler du peuple de Guinée puisqu'en ce moment, ce qui occupe aussi l'actualité en Guinée, ce sont les inondations.
03:32Le gouvernement se mobilise pour apporter de l'aide aux victimes.
03:35Des vivres sont en cours de distribution dans plusieurs régions du pays.
03:39Des écoles ont été réquisitionnées pour loger les victimes. Malik Diakrité, notre correspondant à Conakry.
03:45Dans la préfecture de Forikaria, à environ 100 kilomètres de Conakry, la capitale, les salles de classe ont été transformées en chambres pour les sinistrés.
03:54Parmi eux, des nouveaux-nés, des femmes et des personnes âgées, tous encore sous le choc.
04:00À quelques jours de la rentrée scolaire prévue pour le 25 septembre, leur inquiétude devient de plus en plus grande.
04:06Actuellement, on passe la nuit à l'école. C'est nos enfants qui étudient ici.
04:10Et nous, si l'école est bloquée, nous aussi on est bloqués.
04:14Donc maintenant, nous on demande à l'autorité, on demande au gouvernement de nous aider.
04:21Puis nous aussi, on ne sait pas là où nous devrons partir.
04:25Le gouvernement guinéen a débloqué un montant de 10 milliards de francs guinéens, environ 1 million d'euros,
04:31pour l'achat de vivres, notamment des sacs de riz, des bidondules, du savon et des matelas pour les sinistrés.
04:37Selon les autorités, les mesures sont en cours pour leur relogement.
04:41On a 4 sites comme ça, centres d'accueil qui sont à plus de 900 et quelques personnes
04:46qui sont logées et nourries, prises en charge par le gouvernement à travers notre service.
04:51Bientôt la rentrée, on était en train de réfléchir avec les autorités pour voir ce qu'il faut faire.
04:56L'Habitat va remonter les informations concernant les maisons qui sont écroulées.
05:01On est en train de travailler avec M. le Préfet et son équipe pour voir les mesures à prendre.
05:07Selon l'Agence nationale de gestion des urgences et catastrophes humanitaires,
05:11les plus du lit viennent et continuent à s'abattre.
05:14Sur le pays, on fait 4 morts et des milliers de sinistrés.
05:18Il y a les échéances politiques dont on vient de parler, mais il y a aussi les urgences qui s'imposent sur le terrain.
05:23Comment comptez-vous répondre à ces populations qui parlent d'urgence,
05:28d'autant qu'il y a la rentrée scolaire qui arrive et que ces personnes sont logées dans les écoles ?
05:33C'est pourquoi, Madame, je suis en mesure de vous dire que les enjeux climatiques
05:40constituent aujourd'hui des enjeux géopolitiques majeurs pour tous les pays du monde.
05:45Les inondations sont imprévisibles.
05:48Notre pays est le château d'eau de l'Afrique de l'Ouest.
05:51C'est l'un des pays les plus arrosés de l'Afrique de l'Ouest.
05:54C'est l'un des pays les plus arrosés de l'Afrique de l'Ouest.
05:57À côté de ces atouts pour l'agriculture, il y a le revers de la médaille qui est la surabondance de la pluie.
06:03Mais ce qui est important à signaler, c'est que la capacité de réaction de l'État face à ces catastrophes s'est améliorée d'une année à une autre.
06:10Et aujourd'hui, j'ose vous dire que toutes les mesures seront prises pour soutenir les familles,
06:15pour que l'impact sur la rentrée scolaire soit amoindri à cause de l'urgence et de la vigueur
06:21de l'action humanitaire et de l'action de solidarité qui est mise en cours.
06:24Alors, permettez-moi d'insister.
06:26Quand on voit cette situation sur le terrain causée par les aléas du climat,
06:31on se demande aussi comment vous allez pouvoir encore une fois organiser une élection
06:35alors que les pluies continuent à s'abattre sur le pays, que les routes sont barrées,
06:40que la situation semble se compliquer encore plus sur le terrain.
06:44La Guinée, c'est un pays sur le plan climatique qui est structuré en deux saisons.
06:50Une saison pluvieuse et une saison sèche.
06:52Alors, je crois que les mois pour organiser les élections en Guinée,
06:56dans la pratique et selon l'histoire, c'est la saison sèche.
06:59Donc nous prenons, quand l'échange électoral tombe sur la saison pluvieuse,
07:03ce sont des contraintes qui poussent l'administration électorale à proposer
07:07un décalage de la date des élections.
07:09Mais on n'y est pas encore parce que le mois de décembre n'est pas en réalité
07:13un mois de grandes pluies.
07:15Donc c'est pourquoi il est important de situer le processus électoral
07:18entre la fin de la saison des pluies et le démarrage de la saison sèche,
07:22qui est un calendrier imposé par le climat et non selon la volonté politique.
07:27Mais le climat change beaucoup et le calendrier pourrait changer aussi du coup.
07:30Ce n'est pas du tout lié parce que la saison sèche ne change pas, c'est clair.
07:35On a six mois de saison pluvieuse et six mois de saison sèche.
07:38Nous faisons de telle sorte que la planification du processus électoral
07:41respecte cette répartition des délais en fonction de la géographie du climat.
07:47Alors, on va revenir à cette constitution.
07:50Elle devra remplacer la charte de la transition.
07:53Dans cette charte, les membres de la transition s'étaient engagés
07:56à ne se présenter à aucune élection.
07:59Qu'en est-il du projet de constitution ?
08:01Cette clause semble avoir disparu du nouveau projet de constitution.
08:04Heureusement d'ailleurs, vous présentez la source très bien.
08:06Vous parlez de charte de transition, vous parlez de constitution.
08:10Ce qui est important, une constitution est caractérisée sur le plan universel
08:14par sa généralité, son caractère impersonnel et son intemporalité.
08:19En aucun cas, on ne peut citer des clauses particulières de candidature
08:23dans une constitution.
08:24Aucune constitution du monde, fut-il un pays en transition,
08:28n'a listé une catégorie de personnes qui peut être candidate ou pas.
08:31Ce qui est important, faisons une lecture différente
08:34entre les aléas dictés par la situation politique
08:38et la constitution qui doit démérer la loi fondamentale du pays.
08:41Alors, dans ces cas-là, est-ce que malgré tout,
08:44bien que ça ne figure pas dans le nouveau projet de constitution,
08:48est-ce que les membres de la transition vont respecter leurs engagements,
08:53y compris le général Mahmadi Doumbouya ?
08:55Est-ce qu'il ne va pas se présenter quand il s'était engagé ?
08:58Jusqu'à preuve du contraire, ce débat n'a pas été remis en cause.
09:01Ça n'a pas fait l'objet de débats dans le pays.
09:03Ce qui est important, la constitution doit organiser la vie politique de la Guinée
09:09les 30 ou les 50 années à venir,
09:11sans rentrer dans des spécificités conjoncturelles liées à la politique.
09:16Ce qui est important, j'ai l'obligation de faire une lecture différente
09:19entre ce qui est normes constitutionnelles
09:22et ce qui est les éléments des aléas politiques.
09:25Dernière question, rapidement, mais très importante,
09:28la question des droits de l'homme.
09:30On en parle souvent dans nos journaux,
09:34la disparition de Foni Kemenge et de Biloba.
09:40Ils ont été portés disparus.
09:43La justice s'est désolidarisée.
09:45La justice guinéenne a dit qu'ils n'ont pas été arrêtés.
09:48Les témoignages parlent d'une arrestation par les militaires.
09:50Qu'en est-il de leur sort ?
09:52D'ailleurs, leurs avocats ont saisi la CDAO.
09:54Merci beaucoup, Madame.
09:56La Guinée est un pays des droits.
09:58Ce caractère a été renforcé pendant cette transition,
10:02qui est l'une des transitions qui se bat dans la mesure du possible
10:05pour respecter la légalité des choses.
10:08La justice ne s'est pas désolidarisée.
10:10Par contre, elle a déclaré qu'aucune procédure ayant entraîné
10:15l'arrestation de nos deux compatriotes n'a été déclenchée par la justice.
10:19Elle s'en est remise à la police pour pouvoir ouvrir une enquête.
10:22Ce sont les dispositions du code de procédure pénale en Guinée.
10:26Quand des cas, des crimes sont dénoncés ou rapportés,
10:31la justice met en place une procédure d'enquête indépendante
10:36pour situer les responsabilités.
10:38Aujourd'hui, en tant que responsable du Parlement,
10:41nous sommes mis par le principe de séparation des pouvoirs.
10:45Dès que le procureur se saisit d'un dossier,
10:48il faut faire confiance à la procédure judiciaire.
10:51Nous sommes aussi préoccupés par la situation
10:54de nos deux compatriotes et d'autres Guinéens d'ailleurs
10:57qui sont dans la même situation.
10:59Mais je vous garantis, Madame, nous avons une justice
11:02qui se bat selon les règles et les procédures établies en la matière
11:06pour que la lumière soit faite sur ces allegations.
11:09Nous suivrons le cas de ces deux personnes.
11:11Merci beaucoup.

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