À l'occasion du marathon de New York qui se déroule dimanche 5 novembre, RTL reçoit Frédéric Lazaro, amputé d'une jambe et qui va courir avec une prothèse en compagnie de son orthoprothésiste, Pierre Gerbelot.
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00:02 Stéphane Carpentier, RTL matin jusqu'à 9h15.
00:06 Figurez-vous qu'ils sont déjà à New York pour vivre leurs rêves en ce dimanche du mois de novembre.
00:17 C'est une belle histoire d'amitié et de courage comme on les aime que nous vous proposons ce matin.
00:21 Un défi, le défi de Frédéric Lazaro et Pierre Gerbelot qui sont connectés avec nous depuis la cité américaine.
00:28 Bonjour à tous les deux.
00:30 Alors vous faites partie de ces Frenchies qui vont courir ce dimanche le célèbre marathon de New York,
00:35 42 km 195 mètres.
00:38 Avec la nuance que Frédéric vous est amputé d'une jambe et que vous, Pierre, vous êtes l'orthoprothésiste de votre ami.
00:44 Frédéric est amputé fémoral depuis un accident de moto et qui utilise une lame de course.
00:49 D'abord, dans quel état d'esprit êtes-vous tous les deux à quelques heures de ce défi ?
00:54 Est-ce que Frédéric, par exemple, vous êtes impatient, très très excité ?
00:58 Les deux à la fois. Je suis impatient de partir.
01:01 Là, ça y est, on a préparé ça depuis un bon moment et effectivement, on a hâte que ça démarre.
01:08 Pierre, on peut savoir pourquoi New York ? Pourquoi ce rendez-vous, cet objectif ?
01:12 En précisant que vous avez déjà bouclé tous les deux le marathon de Paris.
01:15 Alors c'est un Paris un peu fou puisqu'on a, il y a deux ans, effectivement couru Paris ensemble.
01:22 Notre objectif c'était de faire New York si on finissait Paris en étant marathonien.
01:28 Et là, l'objectif c'est le même ? C'est quoi ? C'est terminer ? Il y a un objectif de temps ?
01:32 Alors l'objectif, effectivement, c'est de passer la ligne, d'être finisher avec un temps meilleur si possible,
01:39 sachant que New York c'est un peu plus compliqué puisqu'il y a beaucoup de dénivelés.
01:42 On était tombés en dessous de 6 heures.
01:45 Est-ce que, Pierre, vous avez un regard particulier sur Frédéric, c'est-à-dire sur ses périodes d'entraînement aussi,
01:50 qui sont capitales, on le sait, pour recourir à un marathon ?
01:53 Oui, puisque je suis son orthoprothésiste.
01:57 Et c'est vrai que c'est un apprentissage que de se servir de ces prothèses de sport
02:02 qui sont totalement différentes que les prothèses de la vie courante.
02:05 C'est complètement différent d'une prothèse de marche, ne serait-ce que dans le déroulement du pas et dans le fonctionnement.
02:09 C'est quelque chose de beaucoup plus tonique.
02:11 Pour résumer, on est sur un ressort côté gauche.
02:15 Le sport, vous êtes tombé dedans, Frédéric, après votre accident de moto et votre amputation.
02:20 Ça a été quoi pour expliquer aux gens qui vous écoutent ce matin ce RTL ?
02:23 Une espèce de bouée de secours, une façon de vous accrocher à la vie après ?
02:27 Très rapidement, je me suis rendu compte que le sport allait me permettre d'être beaucoup plus tonique,
02:30 d'être beaucoup plus dynamique dans mon quotidien, pour gérer mon amputation au quotidien et ma prothèse de marche.
02:36 J'ai commencé au départ par des petites activités.
02:39 J'ai compris que ça fonctionnait bien et bonhomme à l'an, je me suis mis à vouloir me mettre à courir, à faire du vélo, à nager.
02:47 Après, comme tout valide, lorsque vous retrouvez une activité un peu intense, vous allez chercher de plus en plus de performances.
02:53 Pierre, il vous impressionne votre copain ?
02:55 Complètement, puisqu'au quotidien, on est à ses côtés pour ajuster sa prothèse, pour son confort.
03:05 Partager ce moment dans l'effort, c'est quelque chose de très puissant.
03:10 J'ai beaucoup de respect pour Frédéric.
03:13 C'est un véritable guerrier, mais vous savez que cette course, pour nous, a un sens particulier.
03:18 Ce que l'on souhaiterait, c'est que chaque personne qui est en situation de handicap dans notre pays puisse bénéficier d'un dispositif
03:26 qui lui permette de réaliser son rêve et de performer comme Frédéric.
03:31 Expliquez-nous concrètement, ça veut dire qu'aujourd'hui, dans notre pays, ces prothèses ne sont pas prises en charge ?
03:36 On ne les aide pas ?
03:37 C'est ça. C'est une véritable perte de chance pour des personnes en situation de handicap.
03:42 On sait tous qu'être mieux dans sa peau, c'est être moins malade et permettre une meilleure insertion dans la société,
03:53 mentalement, psychologiquement, socialement, familialement. C'est très important.
03:58 Frédéric, votre prothèse, votre lame, vous l'avez payée, vous, avec votre argent ?
04:02 Tout à fait. Effectivement, il a fallu que je passe par un financement personnel.
04:07 Et après, je me suis rapproché de mon orthopothésiste pour qu'il puisse lui adapter tout ce matériel sur mon amputation.
04:15 On peut être curieux et savoir combien ça coûte, concrètement ?
04:18 Une prothèse fémorale, à mon niveau, c'est-à-dire qui est composée d'un pied de course, d'un genou pour la course,
04:24 d'une emboîture en carbone, faite sur mesure, et après avec un système de dispositif d'accrochage,
04:28 c'est-à-dire un manchon et une ceinture. On est à un peu plus de 14 000 euros.
04:34 14 000 euros, on entend cette somme ce matin, Pierre, vous qui êtes orthopothésiste.
04:39 Comment sensibiliser mieux un sur ses besoins, que les handicapés aujourd'hui qui veulent se bouger,
04:44 faire du sport et avoir une vraie mobilité comme les autres puissent le faire ?
04:48 Et comment sensibiliser sur votre boulot, votre métier ?
04:52 C'est déjà important pour nous d'être entendus, puisqu'on est une profession assez invisible.
04:59 Nous sommes 1300 orthopothésistes au service des personnes en situation de handicap.
05:04 C'est vrai que cette course solidaire va nous permettre de mettre en avant ce combat dans la perspective des JO.
05:13 On espère que ces JO 2024 vont laisser des traces, sensibiliser les pouvoirs publics pour cette prise en charge.
05:22 Est-ce qu'il y avait eu des messages sympas lorsque vous avez couru tous les deux le marathon de Paris ?
05:27 Est-ce que les gens vous encourageaient particulièrement, étaient très sensibles à ce que vous faisiez ?
05:31 Complètement, complètement. On avait nos prénoms sur nos dossards et tout ça.
05:35 Dès que l'on passe, les gens sont admiratifs et nous encouragent.
05:41 C'est le meilleur chou d'adrénaline que vous pouvez avoir quand vous faites quelque chose, c'est d'être porté par le public.
05:46 J'en espère que votre rêve va se réaliser ce dimanche, votre marathon en croisant les doigts.
05:51 Merci à tous les deux, Pierre et Frédéric, d'avoir été en ligne depuis New York.
05:54 Profitez, régalez-vous aussi.
05:57 Et merci pour tous ces mots positifs le matin, la courage, l'amitié, ça fait du bien en ce moment.
06:02 Bonne chance à tous les deux.
06:03 Merci bien, au revoir.
06:05 [Sous-titres par Nathalie Coulon]