Un mois après la cérémonie d'ouverture des JO sur la Seine, spectaculaire et diversement accueillie, les yeux se tournent vers la Place de la Concorde, pour une cérémonie des Paralympiques toujours orchestrée par le directeur artistique Thomas Jolly qui se déroulera le 28 août prochain. Thomas Jolly, metteur en scène, directeur artistique de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 est l'invité de RTL Matin.
Regardez L'invité de RTL avec Stéphane Boudsocq du 14 août 2024.
Regardez L'invité de RTL avec Stéphane Boudsocq du 14 août 2024.
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00:00RTL Matin
00:04Nous avons été plus de 40 millions de spectateurs français à suivre les cérémonies d'ouverture et de clôture des Jeux Olympiques de Paris.
00:1024 millions rien que pour celle de fin juillet.
00:13C'est tout simplement la plus forte audience jamais mesurée à la télé.
00:17Deux événements imaginés et mis en scène par celui qui est donc notre invité ce matin.
00:21Merci Thomas Joly d'être avec nous sur RTL.
00:24Dimanche soir, vers minuit et demi, dans les coulisses du Stade de France,
00:28quand Iseult a interprété sa version de My Way, vous avez poussé un ouf de soulagement.
00:32Oui, un ouf de soulagement et un waouh de joie.
00:36Parce que moi j'ai été comblé, comme je crois beaucoup d'entre nous, par ces Jeux.
00:41Depuis le début de l'aventure le 26 juillet, comblé de cette humanité qui se partage
00:46et qu'on avait mis d'ailleurs à l'honneur pour cette cérémonie de clôture
00:50avec ce stade rempli de spectateurs, d'athlètes, de volontaires,
00:54de journalistes aussi, d'organisateurs, etc.
00:56C'était vraiment ce monument humain qu'on a célébré.
00:59Et puis évidemment, puisqu'on a proposé à Iseult de chanter My Way,
01:02de le terminer, I did it my way, on l'a fait comme ça.
01:06C'était une phrase qui pouvait être prise pour n'importe qui,
01:08mais moi je l'ai prise personnellement aussi en disant,
01:10bon ben voilà, moi je l'ai fait comme ça et bonne nuit.
01:14Ces cérémonies, c'est votre travail, celui d'une équipe aussi,
01:17qui a reussi près de deux ans,
01:19souvent dans le plus grand secret, des centaines de personnes.
01:22Ça vous fait un vrai point commun avec les athlètes,
01:24l'importance du collectif en fait ?
01:26L'importance du collectif, l'importance de la préparation,
01:29de l'anticipation, oui, de se préparer finalement
01:33plus de deux ans pour quelque part juste une soirée qui dure quatre heures
01:37ou une autre qui en dure un peu plus de trois.
01:39Mais oui, c'est le temps qu'il faut,
01:41et puis c'est du soin apporté.
01:43Nous aussi les artistes, on cherche le geste parfait,
01:46la façon de dire, de chanter, de danser parfaite.
01:50On est toujours comme ça dans l'exercice de la répétition de son mouvement,
01:53en tout cas la répétition, on a un certain terme qu'on utilise aussi.
01:56Donc oui, vous savez, je crois qu'il y a beaucoup,
01:58beaucoup de liens qui pourraient être faits
02:00entre la discipline qu'ont les athlètes,
02:02la discipline qu'ont les artistes, et puis aussi peut-être,
02:04peut-être même si nous n'avons pas d'événement aussi grand que les Jeux Olympiques,
02:08pour la joie et le bonheur et toutes les valeurs
02:10qui sont véhiculées par les athlètes tout comme par les artistes.
02:12Oui absolument, et de ces deux cérémonies,
02:14il nous reste et il nous restera des moments,
02:16des images extrêmement fortes pour l'ouverture évidemment.
02:19Et par exemple, le défilé des délégations en bateau,
02:22le cheval mécanique sur la Seine, la Vasque aux Tuileries,
02:24Ayanna Kamoura, la garde républicaine,
02:26Céline Dion en haut de la tour Eiffel,
02:28cette sublime Marseillaise en haut du Grand Palais
02:31par la mezza-soprano Axelle Saint-Cyrille,
02:33les danseurs en haut Notre-Dame, on en passe,
02:35il y en a tellement d'autres.
02:36Votre moment à vous Thomas Joly, ce serait lequel ?
02:39Écoutez, moi je crois que c'est, j'ai vécu une soirée particulière
02:42avec la pluie qui n'était pas prévue au programme.
02:44Invité surprise.
02:45Donc j'avoue qu'en fait, cette cérémonie, moi ce que j'en retiens,
02:48bien sûr toutes les images que vous avez mentionnées
02:50et bien d'autres encore, elles sont gravées à jamais aussi
02:52dans ma rétine et dans mon souvenir.
02:54Mais moi ce qui est resté gravé aussi,
02:56c'est cette force, ce courage et cette opiniâtreté
03:00qu'ont eu les artistes, les équipes techniques et logistiques
03:02de quand même faire la cérémonie malgré la pluie,
03:05de ne pas le gâcher le plaisir.
03:06Et au contraire, je trouve que ça a donné comme une force supplémentaire.
03:09Ça a apporté autre chose, oui absolument.
03:11De l'esprit parisien, voilà, qui se mêlait à l'esprit olympique,
03:14le fameux fluctuat nec mergitur, voilà.
03:17Il est battu par les flots mais ne sombre pas.
03:20Et bien c'était exactement notre esprit aussi ce soir-là.
03:23Et pour la clôture dimanche, ça s'est joué au Stade de France,
03:25méga chaud, des séquences marquantes là aussi.
03:27Le voyageur du futur qui vient redonner vie à l'olympisme,
03:30le concert avec la fine fleur électro de la scène française,
03:33Zahoud Sagazan, Isult en en parlait,
03:35ou encore Tom Cruise évidemment, en vedette américaine
03:38qui emmène le drapeau vers Los Angeles et 2028.
03:40Cérémonie grandiose mais peut-être un peu plus sombre,
03:44presque nostalgique déjà.
03:46D'ailleurs vous avez vous-même dit, Thomas Joly,
03:48c'était un peu long, ça manquait de rythme.
03:50En vrai, oui, ça manque de rythme.
03:53Mais je crois qu'il faut remettre les cérémonies chacune d'entre elles
03:56dans son contexte.
03:57D'abord son contexte géographique.
04:00Là on est au Stade, donc on n'est plus avec la beauté des décors de Paris,
04:04la poésie du fleuve, le ciel, etc.
04:07Et puis on a aussi une cérémonie de clôture
04:09qui contient beaucoup d'éléments de protocole qu'il faut respecter.
04:12Moi je n'allais pas intégrer par exemple la remise de médailles
04:15pour les athlètes du marathon dans une séquence artistique.
04:18Je crois qu'il faut leur laisser vivre ce moment.
04:20Alors oui, c'est vrai, ça peut manquer de rythme,
04:22mais en même temps c'est le temps qu'il faut pour la solennité,
04:25le temps qu'il faut pour le respect aussi de ces athlètes
04:27et puis d'autres éléments de protocole.
04:29Vous savez, c'est un petit peu comme quand on regarde une cérémonie
04:31des Oscars ou des Césars ou des Molières.
04:34On trouve ça long, mais en vrai,
04:36c'est des destins qui se jouent à ces moments-là.
04:39Ça prend un peu de temps, mais prenons le temps aussi
04:41de juste être ensemble, de célébrer.
04:43Ce n'est pas un rythme idéal artistiquement,
04:45mais c'est un rythme humain qui vaut la peine d'être partagé.
04:48Ces deux cérémonies, ces deux fêtes, comme vous dites Thomas Joly,
04:51ont été d'immenses succès populaires en France et partout dans le monde.
04:54Mais ils ont aussi donné lieu à des critiques,
04:56alors bon, ça c'est plutôt logique, c'est plutôt normal,
04:58mais à des attaques qui ont été beaucoup plus rudes,
05:01odieuses, violentes, vous concernant, ainsi que certains de vos artistes.
05:05Est-ce que ça a gâché la fête, ça, de votre côté ?
05:07Alors, ça ne gâche pas la fête,
05:09parce que la République qui aime tous ses enfants,
05:12tous ses enfants qui ont été montrés les soirs de cérémonie,
05:16la République elle protège aussi tous ses enfants.
05:18Donc la fête n'est pas gâchée parce qu'on peut porter plainte
05:21et on peut du coup mettre en place une enquête
05:24qui donnera d'ailleurs ses conclusions plus tard.
05:26Mais il y avait cette protection-là,
05:28parce que la discrimination, rappelons-le, n'est pas un avis, c'est un délit.
05:31Et peu importe les discriminations, homophobie, transphobie,
05:34grossophobie, antisémitisme, racisme, il y en a beaucoup,
05:37ce ne sont pas des avis, ce sont des délits, il faut le redire.
05:40Et quand on est victime, comme moi je l'ai été et d'autres artistes,
05:44ou en tout cas cibles de harcèlement, de cyberharcèlement,
05:47eh bien il faut pouvoir s'en défendre, il y a des choses pour ça.
05:49Donc quelque part la fête n'a pas été gâchée,
05:51simplement c'est interrogeant, moi ça m'interroge.
05:54Cette France que nous avons montrée est une France qui existe,
05:57belle et bien, et je précise même belle et bien,
05:59parce qu'elle était habillée par la jeune garde de la création française de la mode.
06:04Donc cette France existe, et pourtant cette France-là
06:08est rejetée par une petite partie de la population.
06:11Mais la fête n'a pas été gâchée parce qu'une majorité écrasante
06:15de la population et de ceux qui ont regardé la cérémonie
06:19se sont sentis reconnus, se sont sentis considérés,
06:22se sont sentis représentés, et ça c'était absolument ce à quoi je tenais.
06:27Je crois que la lumière qui a éclairé chacun et chacune de manière égale
06:30dans sa dignité, et qui a ensuite brillé dans le ciel de Paris pendant 15 jours,
06:35cette lumière qui s'est éteinte dimanche dernier,
06:38même si la vasque s'est éteinte, la flamme doit perdurer,
06:40cette flamme-là il faut absolument qu'on la préserve.
06:42Les Jeux Olympiques c'est donc terminé,
06:44mais dans deux semaines, à partir du 28 août,
06:46vont commencer les Jeux Paralympiques de Paris.
06:49C'est vous là aussi qui en serez le directeur artistique,
06:51en tous les cas les cérémonies.
06:52On sait, on croit savoir, en tout cas vous allez nous dire,
06:55que ça se passera en partie sur les Champs-Elysées,
06:57à quoi doit-on s'attendre ?
06:59Eh bien, une même grande fête au cœur de la ville,
07:02c'est l'ambition de Paris 2024,
07:04de faire des cérémonies d'ouverture et de clôture en miroir,
07:07avec la même ambition.
07:08Donc là, effectivement, imaginez les athlètes entrant parradant,
07:13entrant en grande pompe dans Paris,
07:16par la plus belle avenue du monde, leur tapis rouge,
07:18oui ce sera les Champs-Elysées,
07:20c'est assez classe quand je crois qu'on va entrer dans Paris.
07:24Et ils déboucheront sur la place de la Concorde,
07:27et entendez ce beau nom de Concorde,
07:29aussi autre chose que nous venons de vivre depuis 15 jours,
07:32la plus grande place parisienne,
07:34la place de la Concorde, place royale,
07:36au centre de laquelle trône cette obélisque antique.
07:39Et donc un grand spectacle,
07:41très axé sur le corps,
07:43tous les corps,
07:44parce que tous les corps sont beaux.
07:46Et c'est ça que nous voudrons dire aussi,
07:49un spectacle qui sera chorégraphié par Alexandre Ekman,
07:52un chorégraphe à qui j'ai fait appel,
07:53parce qu'il a une danse très puissante,
07:55très théâtrale, très ludique aussi,
07:57très vive,
07:58dès qu'on regarde un ballet d'Alexandre Ekman,
08:00on a envie nous-mêmes de se mettre à remuer,
08:02je crois que ça va apporter beaucoup d'énergie,
08:04beaucoup de force,
08:05et puis cette cérémonie est l'occasion aussi
08:09de changer non seulement le regard de la société
08:12sur la question du handicap,
08:14mais même de changer la société,
08:15parce qu'encore une fois,
08:16nous sommes tous et toutes vivants et vivantes
08:18au même endroit en même temps,
08:20et il faut que notre société nous concerne
08:22et nous considère tous et toutes.
08:25Et avec là aussi,
08:26quelques invités surprises,
08:27des guests.
08:28Des invités surprises,
08:29évidemment,
08:30on va allier les arts de la scène,
08:32comme j'en ai parlé,
08:33la danse,
08:34mais bien sûr,
08:35encore une fois,
08:36une traversée de notre répertoire musical
08:38avec des invités
08:39pour les interpréter ces titres.
08:41C'est la même équipe artistique
08:43qui est en charge des quatre cérémonies,
08:45mais comme je le disais,
08:46chacune d'elles a sa spécificité,
08:47sa singularité,
08:48ça promet d'être,
08:49sous le ciel de Paris,
08:50encore une fois,
08:51une très grande fête.
08:52Vous savez,
08:53depuis dimanche,
08:54quand on reçoit des athlètes médaillés sur RTL,
08:55on leur demande ce qu'ils veulent faire après,
08:57comment elles et ils vont se remotiver.
09:00Et vous,
09:01de quelle manière envisagez-vous l'après JO ?
09:04Est-ce qu'il y a déjà des projets,
09:05des envies ?
09:06Alors,
09:07des envies,
09:08ça,
09:09toujours,
09:10parce que raconter des histoires
09:11et des histoires qui servent au plus grand nombre,
09:12c'est mon travail depuis plus de 20 ans maintenant.
09:15Donc,
09:16des opéras,
09:17bien sûr,
09:18j'y retournerai.
09:19Mais je crois que là,
09:20avec tout ce que j'ai donné,
09:21tout ce que j'ai envoyé,
09:22il est temps de prendre un temps,
09:23comme on dit,
09:24de jachère,
09:25vous voyez ?
09:26Pour se renourrir.
09:27Je n'ai pas eu le temps,
09:28beaucoup,
09:29d'aller au théâtre,
09:30au cinéma,
09:31au musée,
09:32de lire.
09:33Je n'ai même pas eu le temps
09:34d'aller voir une épreuve sportive,
09:35figurez-vous,
09:36pendant ces 15 jours,
09:37et je le regrette.
09:38Mais c'est comme ça,
09:39je devais préparer les fêtes.
09:40Donc là,
09:41j'ai envie de prendre un temps
09:42pour me renourrir,
09:43aller voir ailleurs,
09:44et pour l'instant,
09:45jusqu'à la fin 2024,
09:46je vais prendre le temps de ça
09:47et revenir artistiquement,
09:48avec un spectacle,
09:49ou peut-être,
09:50je ne sais pas,
09:51un film,
09:52une série,
09:53je n'en sais rien,
09:54en vrai,
09:55pour l'instant,
09:56me remettre au travail
09:57sur un autre projet
09:58à partir de 2025.
09:59On suivra ça,
10:00évidemment,
10:01de près.
10:02Merci infiniment,
10:03Thomas Joly,
10:04d'avoir été notre invité.