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 Thomas Sotto reçoit Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée Nationale sur le plateau des 4 vérités. 

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00:00 [Musique]
00:03 Bonjour et bienvenue dans les 4V, Madame la Présidente de l'Assemblée Nationale.
00:06 Tout à l'heure à 14h, on va se taire dans les écoles, dans les collèges, les lycées de France.
00:10 Une minute de silence, un temps de recueillement en mémoire du professeur de français assassiné vendredi à Rass,
00:16 il s'appelait Dominique Bernard.
00:18 Depuis plusieurs jours, on est tous partagés entre émotions, consternations, colères, sidérations.
00:24 Et vous, qu'est-ce que vous vous dites ? Quel est le sentiment qui l'emporte chez vous ?
00:29 Beaucoup de tristesse et de colère.
00:32 C'est assez mêlé parce que c'est un jour particulier aussi aujourd'hui.
00:38 Il faut le rappeler, c'est le jour anniversaire de la mort de Samuel Paty, qui nous avait tous saisi d'effroi.
00:44 Et ce que l'on ne voulait pas se voir reproduire s'est reproduit.
00:47 Donc il y a beaucoup de tristesse pour les élèves, pour la famille de ce professeur, pour ce professeur évidemment.
00:54 Et de la colère parce que ça s'est reproduit.
00:56 Alors la tristesse, elle finit par passer avec le temps.
00:59 La colère, il faut la traiter.
01:00 Qu'est-ce que la République a raté pour ne plus être capable de protéger ses professeurs
01:04 et par extension de protéger ses élèves ?
01:08 Vous savez, c'est toujours difficile de réagir à chaud et de se dire, de pointer.
01:13 Il est très facile de pointer des responsabilités.
01:16 Moi, je crois que, et on le dit, et il faut le redire, le risque zéro n'existe pas.
01:22 Donc il faut tout faire.
01:24 Il faut tout faire pour lutter contre la radicalisation parce qu'à chaque fois,
01:29 ce sont des événements qui sont liés à la radicalisation islamiste, malheureusement,
01:34 et il faut le dire.
01:36 Et nous luttons pour.
01:37 Mais la difficulté...
01:39 On lutte, mais est-ce qu'on lutte assez et est-ce qu'on est naïfs face à ce danger-là ?
01:42 On n'est pas naïfs.
01:43 On n'est pas naïfs.
01:44 On a pris un certain nombre de mesures depuis que nous, nous sommes aux responsabilités
01:48 en termes de renforcement de nos services de renseignement,
01:51 de réorganisation de la lutte antiterroriste.
01:55 Mais vous savez, moi, j'ai été présidente de ce qu'on appelle la délégation parlementaire au renseignement.
02:00 Et donc, on a étudié de façon approfondie ces questions de radicalisation
02:05 et de comment fait-on face.
02:07 Le problème aujourd'hui, c'est que nous avons affaire à des individus qui sont isolés,
02:12 qui sont bien souvent déséquilibrés, instables, fortement radicalisés
02:18 et qui ont des passages à l'acte très rapides, mais qui sont extrêmement difficilement prévisibles.
02:24 C'est exactement ce qui vient de se passer avec cet individu
02:28 qui avait été repéré par nos services, mais qui est passé à l'acte,
02:32 brutalement, de façon solitaire.
02:33 Mais est-ce qu'il aurait dû être sur le territoire français ? C'est ça la question.
02:35 Le cas du terroriste d'Arras, il pose question.
02:37 Gérald Darmanin a demandé l'expulsion systématique de tout étranger
02:40 considéré comme dangereux par les services de renseignement.
02:44 Il a raison, il a raison et c'est...
02:46 Sauf qu'aujourd'hui, la loi ne le permet pas.
02:47 Alors, justement, c'est ce qu'il a prévu dans la loi qu'il présente actuellement au Parlement.
02:52 Dans cette loi, il y a un certain nombre de dispositifs qui, justement,
02:56 permettent de lever cette protection quasi absolue
02:59 qui est réservée à certains étrangers sur notre territoire.
03:03 Il faut regarder les choses en face.
03:05 Cette protection absolue qui existe pour les personnes qui sont mariées à des Françaises,
03:09 qui sont parents d'enfants français, qui sont avec nous depuis extrêmement longtemps,
03:14 elle existe parce qu'ils sont bien intégrés sur le territoire.
03:18 Quand nous avons des personnes qui ne sont pas intégrées,
03:20 qui sont radicalisées, qui vouent une haine farouche à la République,
03:24 il ne faut pas tergiverser et il faut effectivement pouvoir les éloigner.
03:27 Et il faut la faire sauter.
03:29 C'est l'objet de la loi présentée par le ministre de l'Intérieur.
03:33 Et moi, ce que je souhaite, c'est qu'on ne tergiverse pas
03:36 et qu'on puisse la voter le plus rapidement possible.
03:39 Ça veut dire quoi ?
03:40 Parce que là, le texte arrive au Sénat le 6 novembre.
03:42 Tout à fait.
03:42 L'examen va durer quoi ? Une dizaine de jours là-bas, on imagine ?
03:44 Exactement, une semaine, dix jours.
03:46 Et l'Assemblée s'est prévue, on nous dit, début de l'année prochaine ?
03:48 Moi, ce que je souhaite, c'est que ce texte soit examiné à l'Assemblée
03:51 dès le mois de décembre pour que l'on puisse avoir un texte,
03:54 si nous parvenons à un accord avec nos collègues sénateurs,
03:56 ce que je ne doute pas compte tenu des circonstances,
03:59 un texte qui serait voté définitivement avant la fin de l'année.
04:02 Donc, il faut que ça soit début décembre, c'est ça ? Il y a de la place ?
04:04 Il faut que ça soit début décembre.
04:05 On trouve toujours de la place, il y a de la place et on en fera.
04:08 Je crois qu'aujourd'hui, il faut que l'on fasse bloc et que l'on soit extrêmement ferme
04:13 et que tout le monde sache que la fermeté, elle est de notre côté,
04:17 que nous ne tergiverserons pas et qu'il n'y a pas de place sur notre territoire
04:21 pour les personnes qui vouent une haine de la République.
04:24 Vous êtes avocate de formation, est-ce qu'il faut changer la loi avec les fichiers S ?
04:27 On sait que les fichiers S permettent de voir les personnes qui sont radicalisées,
04:31 mais c'est un fichier de renseignement, ce ne sont pas forcément des gens…
04:33 ça peut être des personnes qui n'ont jamais eu rien à voir avec la justice.
04:36 Est-ce qu'il faut changer la loi ? Est-ce qu'il faut se dire
04:38 quand on est fichier S, qu'on est étranger, on peut vous mettre dehors ?
04:41 En fait, en général, les fichiers S, étrangers et radicalisés,
04:45 sont tous systématiquement dans un autre fichier qui s'appelle le fichier, le FSPRT,
04:51 qui est un fichier qui renseigne justement les personnes qui sont radicalisées.
04:55 Les fichiers S, c'est un outil, comme vous l'avez très bien dit, de renseignement,
04:58 qui est extrêmement utile pour nos services.
05:01 Donc, il ne faut pas tout confondre.
05:03 En revanche, les personnes qui sont au FSPRT, qui sont fichiers S,
05:08 et donc qui sont éradicalisées et repérées par nos services,
05:11 il faut évidemment réévaluer chaque situation,
05:14 et à nouveau, ne pas avoir la main qui tremble.
05:17 Quand elles sont radicalisées, quand elles sont dangereuses pour notre société,
05:21 il faut les expulser. Mais il ne faut pas verser dans le systématisme
05:26 le fait d'être simplement fichier…
05:28 Donc, vous dites un cas par cas, mais plus strict, plus sévère.
05:29 Exactement.
05:30 Le fameux peigne fin dont parlait Emmanuel Macron ce matin.
05:32 Exactement, c'est ce que l'on fait déjà, et c'est ce qu'il faut continuer à faire.
05:36 On a complètement réorganisé nos fichiers,
05:39 on a organisé les croisements de fichiers, pour justement ne rien laisser passer.
05:43 Nos services font un travail incroyablement remarquable et incroyablement difficile.
05:50 Il faut qu'on les soutienne.
05:51 On a considérablement augmenté les moyens,
05:54 doublé les moyens de la DGSI, qui a augmenté son personnel de 50%.
05:59 Et on leur a permis d'utiliser de nouvelles techniques de renseignement.
06:02 Il faut continuer dans cette voie-là, ne rien relâcher.
06:05 Mais après, comme je le disais, le risque zéro n'existera jamais.
06:09 C'est pour ça que notre vigilance ne doit pas être relâchée.
06:11 On entend la fermeté de votre propos ce matin,
06:14 fermeté partagée par une grande partie de la classe politique,
06:15 et notamment par la droite.
06:17 Mais elle a prévu la droite parlementaire.
06:18 Elle ne votera pas le projet de loi pour l'immigration qu'on évoquait tout à l'heure,
06:23 si le volet des métiers en tension,
06:25 c'est-à-dire la régularisation des sans-papiers qui exercent ce métier,
06:27 reste dans la loi.
06:28 Faut-il sortir ces dispositions du projet de loi immigration ?
06:32 Oui ou non ?
06:32 Je ne crois pas.
06:33 Il faut les maintenir parce que c'est une loi qui est équilibrée.
06:37 La logique qui est la nôtre, c'est quoi ?
06:38 C'est de ne pas faire d'amalgame,
06:40 de considérer que nous avons des étrangers qui sont sur notre territoire,
06:44 qui veulent s'intégrer, qui travaillent et qui occupent des emplois
06:48 que personne ne veut aujourd'hui et qui sont utiles à notre pays.
06:52 Et ne mettons pas tout le monde dans le même paquet.
06:54 En disant qu'il y a une urgence que vous décrivez depuis une dizaine de minutes,
06:58 il ne faut pas deux lois distinctes pour que,
07:00 ne serait-ce que le volet sécuritaire soit voté et pas adopté au 49.3.
07:03 Ça n'affaiblirait pas ce projet de loi immigration
07:05 s'il passait par un 49.3 sans vote.
07:06 Moi, je ne crois pas au 49.3 sur ce texte.
07:08 Moi, je pense que nous arriverons à avoir une large majorité sur ce texte.
07:13 Il le faut.
07:13 Moi, je crois qu'il faut passer des paroles aux actes.
07:16 Nous avons un débat parlementaire.
07:18 Nous avons la capacité, aujourd'hui, par la voie d'amendement.
07:21 Moi, je vois des commentaires à droite et à gauche.
07:24 Les parlementaires, les personnes qui parlent aujourd'hui sont parlementaires.
07:27 Bruno Retailleau est parlementaire au Sénat, qu'il dépose des amendements.
07:30 Marine Le Pen est parlementaire à l'Assemblée nationale.
07:33 Éric Ciotti est parlementaire.
07:35 Ils peuvent déposer des amendements.
07:37 Discutons-en.
07:38 Moi, je crois que ces positions doivent évoluer
07:42 parce que ce qui est important, c'est de ne pas faire d'amalgame,
07:45 d'avoir un texte équilibré, en revanche d'être très strict, très ferme
07:49 sur les voies qui nous sont ouvertes aujourd'hui.
07:50 Nous avons l'opportunité d'avoir un texte qui serait voté avant la fin de l'année.
07:55 Parce que j'entends parler d'un référendum sur l'immigration.
07:58 Et vous savez, pour ce faire, il faudrait d'abord adopter une révision constitutionnelle
08:01 pour modifier l'article 11.
08:03 Et après, organiser un référendum sur l'immigration.
08:06 Donc, ça repousse les échéances à au moins un an, 18 mois, voire deux ans.
08:10 Nous pouvons agir dans les deux mois qui viennent.
08:12 Et moi, je demande à chacun d'être responsable.
08:14 Gérald Darmanin a eu une phrase assez terrible le samedi,
08:16 lors de sa conférence de presse.
08:18 Il a parlé d'une atmosphère de djihadisme, de passage à l'acte évident
08:21 depuis les attentats du Hamas en Israël.
08:23 Quel est votre degré d'inquiétude quant à la capacité de la société française
08:26 à encaisser tout ça et à ne pas se diviser encore davantage ?
08:30 On a vu effectivement des ça et là, des signes qui doivent nous alerter.
08:38 Maintenant, moi, j'ai confiance.
08:40 Confiance dans le peuple français, confiance dans ses valeurs,
08:45 dans les valeurs qu'il porte,
08:46 dans ce qui fait que nous faisons société.
08:49 Et moi, je vois à chaque fois qu'à l'Assemblée nationale,
08:53 nous créons des moments de rassemblement.
08:56 Les parlementaires sont au rendez-vous.
08:58 Il n'y en a pas beaucoup, des moments d'enseignement sur le Hamas et sur Israël.
09:01 Je vais vous parler de Jean-Luc Mélenchon,
09:02 je peux vous parler aussi de Mathilde Panot.
09:03 Mais vous savez, Jean-Luc Mélenchon n'est pas à l'Assemblée nationale.
09:06 Mathilde Panot, la chef du groupe LFI, elle tient le même discours.
09:09 Elle ne reconnaît pas le caractère terroriste du Hamas.
09:12 Est-ce que ça vous pose un problème ?
09:14 Est-ce qu'elle est hors du pacte républicain, pour reprendre les termes de Jonathan Arpoux ?
09:18 Vous savez, moi je ne qualifie jamais mes adversaires politiques de la sorte.
09:23 En revanche, l'attitude qu'ils ont aujourd'hui est indigne et abjecte.
09:30 Les actes qui ont été commis par le Hamas en Israël sont à l'évidence.
09:34 Je ne sais même pas pourquoi nous avons cette discussion.
09:38 Parce que ce sont vos collègues qui la mettent sur la table ?
09:41 C'est aberrant.
09:42 C'est aberrant et c'est grave parce que, vous savez, il ne faut pas nier la réalité.
09:49 Il ne faut pas nier le monde qui nous entoure.
09:52 Parce qu'en le niant, on y apporte nécessairement de mauvaises réponses.
09:56 Et c'est ce qu'ils font.
09:57 Nous avons très probablement des otages français à Gaza.
10:00 Est-ce qu'il faut négocier avec le Hamas ?
10:01 Est-ce que la France doit négocier avec le Hamas ?
10:02 On ne négocie pas avec les terroristes.
10:05 Le Hamas est une organisation terroriste.
10:07 Maintenant, nous mettons tout en œuvre pour que nos otages reviennent sains et saufs.
10:12 La situation est terrible pour eux et pour leur famille.
10:15 Et donc la France ne ménagera pas ses efforts
10:18 à l'instar de l'ensemble de ses partenaires européens.
10:22 Vous avez décidé d'interdire la venue à l'Assemblée
10:23 d'une militante du Front populaire de libération de la Palestine, le FPLP,
10:27 qui avait été invitée par une députée de la France insoumise.
10:29 Pourquoi ce choix ?
10:31 Parce que cette venue troublait gravement l'ordre public à l'Assemblée nationale.
10:37 Et il me revient, en tant que présidente de l'Assemblée nationale,
10:40 d'assurer la sécurité à l'intérieur de l'Assemblée
10:43 et à l'extérieur, aux abords de l'Assemblée nationale.
10:46 Et il m'a semblé que, dans le contexte actuel,
10:48 il était inenvisageable que cette personne franchisse les portes de l'Assemblée,
10:52 malgré l'invitation surprenante qui lui avait été adressée.
10:57 Cette décision a entraîné un renforcement de sécurité autour de vous.
11:00 Quel type de menaces vous avez reçues, Yélène Wendt-Pilet ?
11:03 Moi, j'ai reçu… Alors, je reçois continuellement des menaces antisémites
11:07 depuis que je suis élue et elles se renforcent.
11:10 J'en ai encore reçu ce vendredi.
11:12 Et auparavant, j'avais reçu des menaces d'attaques terroristes à mon égard,
11:18 me menaçant de m'égorger et de décapiter.
11:23 Vous êtes inquiète ou pas ?
11:25 Je suis soucieuse.
11:26 Pour vous et pour la société française, de manière générale.
11:27 Je suis soucieuse.
11:28 Alors, pour moi, non, parce que je fais de la politique
11:31 et je sais ce en quoi je crois,
11:34 quelles sont mes valeurs et quelles sont mes convictions.
11:36 Et je me suis toujours dit qu'en faisant de la politique,
11:39 je ne courberai jamais les chines,
11:41 que je ne rentrerai pas la tête
11:43 et que les valeurs que j'avais étaient plus fortes que tout.
11:46 Et donc, je les assumerai jusqu'au bout.
11:49 Merci Yélène Wendt-Pilet d'être venue dans les 4V.
11:50 Évidemment qu'ici, à Télématin, on aura tous une pensée pour Dominique Bernard tout à l'heure,
11:55 une pensée aussi pour Samuel Paty,
11:56 une pensée pour Agnès Lassalle,
11:58 cette prof qui avait été tuée dans sa salle de classe
12:00 en février dernier à Bayonne, dans un contexte un peu différent.
12:02 Mais tous les trois sont morts pour avoir fait leur métier.
12:06 On dira aussi notre gratitude à tous les enseignants du pays.
12:09 Merci à vous et bonne journée.

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