L'enquête de ma vie Les disparues de la gare de Perpignan

  • l’année dernière
En 1995, une jeune femme disparait à proximité de la gare de Perpignan. En 1997 et 1998, Perpignan est encore frappée par de nouveaux meurtres horribles. La chasse au tueur en série commence pour Gilles Soulié, commissaire de police judiciaire
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00:00 (Générique)
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01:31 -Une enquête hors du commun qui a mobilisé jusqu'à 50 policiers
01:35 et qui a intéressé les journalistes du monde entier.
01:39 Tout flic rêve de travailler sur ce genre de dossier.
01:47 Cette affaire est l'enquête de ma vie,
01:49 et c'est celle que j'ai décidé de vous raconter.
01:52 ---
01:55 Dans les bouquins que je lisais,
01:57 il devait y avoir quelques commissaires de la police.
02:01 Je me suis dit que c'est ce métier que je veux faire.
02:05 Pour moi, l'affaire la plus intéressante,
02:08 c'est l'affaire criminelle, l'affaire d'homicide.
02:11 C'est une véritable énigme, on se pose des questions.
02:15 Ca devient parfois obsessionnel.
02:18 Mais il faut qu'on arrive absolument à la vérité.
02:21 ---
02:24 Mon chemin était tracé,
02:26 je voulais intégrer absolument la police judiciaire.
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02:31 Et rapidement, j'ai intégré la division criminelle
02:34 du SRPJ de Montpellier.
02:36 J'étais totalement dans ce que je voulais faire.
02:39 J'étais dans le travail de la police judiciaire.
02:43 Je me suis mis dans ce que je recherchais.
02:46 ---
02:49 ...
03:05 En septembre 1995,
03:07 une jeune fille,
03:10 qui habitait dans un village à côté de Perpignan, disparaît.
03:14 C'est une disparition qui, rapidement, est inquiétante.
03:18 On peut disparaître quelques jours,
03:21 partir avec un copain,
03:23 mais les jours passent et l'inquiétude grandit.
03:26 ...
03:30 On a la conviction qu'il y a eu un problème, à un moment donné.
03:34 ...
03:37 De multiples hypothèses ont été étudiées.
03:40 ...
03:42 La profonde dit...
03:45 ...
03:46 Malheureusement, il n'est pas au résultat aujourd'hui.
03:49 ...
03:51 ...
04:03 ...
04:15 -C'est un dimanche, 21 décembre 1997, à 8h45.
04:19 Des riverains ouvrent leur volet le matin
04:22 et il y a un terrain vague,
04:24 juste devant les habitations.
04:27 Une personne s'aperçoit qu'il y a un court.
04:31 ...
04:35 On se déplace avec Guy Armand,
04:38 qui était à l'époque mon adjoint à Perpignan.
04:41 ...
04:43 Quand on arrive sur place avec l'ensemble des enquêteurs,
04:48 eh bien là, voilà, on a une vision d'horreur.
04:53 ...
05:16 Et là, donc, on retrouve le corps d'une jeune fille,
05:19 nue,
05:23 avec les seins découpés,
05:26 ablation vaginale et anal,
05:29 les jambes écartées,
05:32 il y avait eu quelques effets vestimentaires sur le côté,
05:36 pas de traces de sang, bizarrement.
05:39 -Et là, d'emmener en quelques secondes,
05:43 on a la sensation et la conviction
05:46 qu'on est devant et au début d'une affaire exceptionnelle.
05:49 ...
05:54 -Un corps, un cadavre,
05:56 après cette année d'expérience,
06:00 on ne voit plus l'être humain.
06:03 On regarde les éléments matériels.
06:06 Et c'est difficile à dire, mais on reste froid.
06:09 Parce que sinon, on ne fait plus ce métier.
06:12 C'est pas possible.
06:15 Donc on laisse de côté les émotions.
06:18 Quand on rentre à la maison, peut-être qu'à ce moment-là,
06:21 on a une pensée pour la victime.
06:24 -Quand on est policier, police judiciaire,
06:27 des scènes de crimes, on en voit, on est habitué à ces scènes-là.
06:31 Par contre, ce jour-là, c'était différent.
06:36 C'était différent.
06:38 Personnellement, je n'avais jamais vu un corps mutilé comme ça.
06:41 ...
06:47 -Il n'y a pas de mot.
06:49 ...
06:51 Je vous le dis, c'est insoutenable.
06:54 Même le substitut du procureur qui est de service ce matin-là,
06:59 il va tomber dans les pommes.
07:01 Je crois que tous les médecins légistes qui sont appelés
07:05 détournent le regard.
07:07 Personnellement, c'est infaisable. Je ne peux pas non plus regarder.
07:10 -Les photos, elles sont là.
07:13 Jusqu'à la fin, ce sont des images qu'on ne peut pas oublier.
07:18 ...
07:32 Se dire quelqu'un qui est capable de faire ça
07:35 à une jeune femme, à Perpignan,
07:37 ça veut dire qu'on a un prédateur sur le secteur.
07:40 ...
07:43 -Celui qui a fait ça, je ne suis pas certain que ce soit un être humain.
07:48 La seule conviction que j'ai,
07:50 c'est de tout mettre en oeuvre pour le retrouver.
07:53 ...
08:00 Sur la scène de crime, on n'a pas d'indice significatif
08:05 puisque le corps est dénudé.
08:08 Par contre, quelques jours plus tard,
08:11 un riveraine revient dans sa maison pour tailler une haie
08:15 et il va retrouver une chaussure de femme,
08:18 une chaussure à talons.
08:20 On montre cette chaussure aux amis et aux parents de Mokhtaria
08:25 qui nous disent que c'est une paire de chaussures
08:28 qui appartenaient à Mokhtaria et qu'elle portait le soir des fées.
08:32 Mais à l'époque, il n'y avait pas de génétique.
08:35 Mise à part que c'était des chaussures de Mokhtaria,
08:39 on ne peut pas dire qu'il n'y avait pas d'indice.
08:42 Mon rôle, à ce moment-là, c'est d'organiser les investigations
08:46 parce que le propre d'une enquête criminelle,
08:49 c'est de ne pas d'emblée partir sur une seule hypothèse,
08:52 mais c'est le rouleau compresseur.
08:54 On étudie tout en même temps
08:57 et on voit où ça nous mène.
08:59 ...
09:06 ...
09:16 -Comme dans toute enquête criminelle, le corps est autopié
09:19 par des médecins légistes, qui sont des experts.
09:23 Les conclusions des médecins, c'était sur les causes de la mort,
09:27 donc 12 coups de couteau au niveau du coeur.
09:30 12 coups, c'est-à-dire c'est révélateur d'un acharnement.
09:34 ...
09:39 -Les écoupes ont été faites post-mortem.
09:43 Les seins, découpés avec un scalpel,
09:46 me disait le légiste.
09:48 Les parties vaginales et anales, elles sont découpées
09:51 en emporte-pièces.
09:53 C'était quand même des éléments particuliers
09:57 et c'est important de le noter.
09:59 ...
10:02 -C'est les médecins légistes qui étaient quand même étonnés
10:06 de la façon dont les découpes ont été faites,
10:09 aussi fines, aussi bien faites.
10:12 -La conclusion des médecins légistes,
10:15 c'est que celui qui a fait ça est un médecin.
10:19 ...
10:21 A ce moment-là, l'influence de ces conclusions
10:24 va être fondamentale sur les premiers temps de l'enquête,
10:29 puisque tout le monde cherchait un médecin.
10:33 ...
10:38 Un mois après les faits,
10:40 un enquêteur de la sécurité urbaine est informé
10:43 qu'un individu a un comportement suspect
10:47 aux abords de terrain de sport,
10:50 où des gamins s'entraînent.
10:53 Il est là, il traîne, il a un comportement suspect.
10:56 C'est un gars qui s'appelle Palomino Barrios,
10:59 qui est péruvien et qui est médecin.
11:03 ...
11:10 On s'aperçoit que ce gars-là a été vu
11:13 dans la résidence universitaire occupée par Mokhtaria.
11:17 Donc on trouve un lien avec Mokhtaria,
11:20 qu'il avait le même médecin généraliste.
11:24 On a aussi dit que peut-être qu'ils se sont croisés là.
11:27 Quand on regarde, on s'aperçoit également
11:30 qu'il a été condamné pour des vols de matériel médical
11:34 dans un hôpital à Narbonne.
11:37 Donc quelqu'un qui a un profil voleur,
11:42 médecin aussi,
11:45 un lien avec Mokhtaria.
11:48 ...
11:52 -Palomino Barrios habite un appartement modeste,
11:55 mais quand on rentre chez lui,
11:59 c'est le foutoir le plus total.
12:02 C'est très sale.
12:04 Il y a des vêtements de partout,
12:07 entassés de matériel médical, d'escalpels.
12:10 ...
12:15 Donc l'impression, elle est pas très bonne,
12:18 quand on fait la perquisition chez lui.
12:21 ...
12:33 -Et là, on a affaire à quelqu'un, un garavu,
12:36 qui est un menteur, un escroc, Palomino Barrios.
12:40 Donc il va mentir sur tout.
12:42 Donc quand on met tout bout à bout,
12:45 il devient le suspect idéal.
12:48 ...
12:50 -De là à être l'assassin, il y avait comme pas,
12:54 au point qu'il a été mis en examen et placé en détention provisoire.
12:58 -L'interpellation de ce faux chirurgien, de Palomino Barrios,
13:01 c'est un grand soulagement à Perpignan.
13:04 Il est au trou, comme on dit vulgairement,
13:07 et il pourra plus nuire, donc il n'y aura plus de Mokhtaria.
13:11 -L'affaire est solutionnée à ce moment-là.
13:14 Et pendant 6 mois, on va s'évertuer
13:17 sur l'autre Palomino Barrios, parce qu'il est inculpé,
13:20 il va en prison, mais concrètement,
13:23 il n'y a rien dans le dossier, si ce n'est quelques mensonges,
13:28 des positions de témoin, mais c'est très, très léger.
13:31 Donc pendant 6 mois, en fait, on va s'écarter de l'enquête
13:35 pour axer nos investigations sur Palomino Barrios.
13:39 Mais quelle erreur ! Quelle erreur !
13:43 ...
14:12 -Au mois de juin 98, on a été informés par le commissariat
14:15 qu'un corps est retrouvé, Chemin de Sainte-Barbe,
14:18 à la sortie du péage Sud, à Perpignan.
14:21 On n'est pas en ville, c'est la campagne.
14:24 On se déplace, et là, on a un corps...
14:30 ...
14:32 sans les mains, sans la tête, et complètement éviscéré,
14:36 et qui est dissimulé
14:39 sous des branchages, un tapis.
14:42 C'est un petit peu une décharge sauvage, la noix.
14:46 Donc le corps est là-dessous, en état de putréfaction.
14:49 C'est au mois de juin, il fait chaud à cette époque-là.
14:52 C'est difficile de dire si c'est un homme ou une femme.
14:55 -Le corps avait été sauvagement mutilé.
14:58 Elle avait été éviscérée avec une ablation anal et vaginale.
15:03 On sentait que l'homme, son agresseur,
15:06 s'était acharné sur elle.
15:08 ...
15:17 -C'est un silence...
15:19 C'est un silence...
15:22 Un silence qui fait peur.
15:24 Chacun oeuvre de son côté, sans dire un mot,
15:27 tellement la scène est inregardable.
15:30 Les policiers, comme tout observateur,
15:33 à ce moment-là, ils sont pétrifiés.
15:37 Mais qui ne le serait pas ?
15:39 ...
15:43 -Ce jour-là, quant au mois, l'état du cadavre,
15:48 bon, ça laisse pas de différence, bien évidemment.
15:52 Et ça interpelle l'homme, voilà, en plus du pouvoir.
15:56 ...
16:06 -On fait le lien avec une disparition
16:10 qui avait été signalée quelques jours avant
16:13 d'une jeune fille, Marilène González.
16:16 ...
16:22 -C'était difficile à supporter,
16:25 en voyant ce cadavre, d'imaginer ce que pouvait être Marilène,
16:30 qui, depuis une dizaine de jours, on recherchait dans toute la ville,
16:34 avec sa photographie, sur laquelle elle était resplendissante,
16:39 elle souriait, et de voir ce qu'il en restait.
16:42 Ça, difficile, même quand on est flic.
16:45 ...
16:53 -Une fois qu'on identifie ce deuxième cadavre à Marilène,
16:57 pour nous, à la PJ, c'était le même auteur.
17:01 On en était convaincus.
17:03 Pourquoi ? Parce que deux jeunes filles
17:06 sauvagement graissées en six mois de temps à Perpignan,
17:10 je veux bien qu'il y ait plusieurs prédateurs,
17:13 mais en fait, ça fait beaucoup.
17:16 On s'aperçoit que ce sont des jeunes filles
17:19 qui ont disparu dans le quartier de la gare.
17:22 Vingtaines d'années, brunes, cheveux longs,
17:25 très belles filles.
17:27 -Pour Marilène González, Palomino, c'est sûr que c'est pas lui.
17:32 Il était en prison au moment des faits.
17:35 -Palomino Barrios va être libéré quelques jours après.
17:39 Et là, vraiment, on sait qu'on est devant
17:42 un serial qui dort, certainement.
17:45 Moi, j'imagine un animal lecteur.
17:49 En plus, à l'époque, c'était la période des films
17:53 sur les tueurs en série.
17:55 Moi, c'était le cinéaste des agneaux,
17:58 mais dans la vraie vie, pas dans une salle de cinéma.
18:02 -A partir de là, tout a changé au service.
18:07 Ca a été le point de bataille.
18:10 Musique rythmée
18:13 ...
18:17 ...
18:29 -Inévitablement, à Perpignan, avec la pression médiatique
18:34 et la pression de tout court, il y avait vraiment une psychose
18:38 qui était forte après Moctaria, mais après Marilène,
18:42 c'était... c'est monté d'un cran.
18:45 -On se retrouve dans un quartier qui est vide,
18:48 vide de sa population.
18:51 Les gens traversent vite, rentrent chez eux, s'enferment.
18:55 -Il n'y avait plus une seule jeune fille qui voulait sortir seule
18:59 dans le quartier de la gare.
19:01 Quand on allait taper aux portes, on le sentait.
19:04 Les gens étaient mal à l'aise, avaient peur.
19:08 -Ces jeunes filles deviennent les filles de Perpignan.
19:12 On les appelle Mocta, même pas Moctaria.
19:15 Mocta, Marilène...
19:17 Les habitants de ce département les ont prises un peu,
19:21 c'est que c'est les filles, ce sont les gamines,
19:25 les enfants de tout le monde, ces jeunes filles.
19:28 Musique rythmée
19:31 ...
19:37 -Donc, c'est une grosse machine qui se met en route,
19:41 avec une cinquantaine d'enquêteurs.
19:43 ...
19:56 Donc, la motivation, elle est réelle.
19:58 De la part des enquêteurs perpignanais,
20:01 je n'en parle même pas, parce qu'à l'époque, à Perpignan,
20:04 vous sortiez, vous parliez de ça.
20:06 "C'est vous qui travaillez sur l'enquête,
20:09 "vous avez pas trouvé encore ?"
20:11 ...
20:14 Mais même les ram'forts, les collègues de Montpellier,
20:17 les collègues parisiens, rapidement, ils ont subi cette pression-là.
20:21 Donc, finalement, pour le chef que j'étais,
20:23 j'avais pas besoin de motiver les troupes.
20:26 Tout le monde avait les crocs, c'est pas compliqué.
20:29 ...
20:31 -J'avais peur que l'événement médiatique
20:34 lui fasse plaisir, quelque part,
20:37 et lui donner envie de recommencer.
20:39 Mon obsession, c'est qu'il y ait une récidive prochainement.
20:44 -Quand le téléphone sonne, on se dit "ça y est,
20:47 "il y en a une troisième".
20:49 Il est clair que, dans ce genre d'affaires,
20:52 le but, c'est d'aller vite
20:54 pour identifier l'auteur et l'interpeller,
20:58 pour qu'il arrête.
21:00 Donc là, on croise les doigts tous les jours
21:03 qu'on n'ait pas une autre victime.
21:06 ...
21:21 -L'enquête après Marilène Gonzalès est partie à Zimuth.
21:24 On a porté le fer sur le quartier d'Algar.
21:27 C'était un des points communs entre Moctaria et Marilène.
21:32 ...
21:40 -Il y a eu 500 témoins, d'entendu.
21:42 Il y a eu une centaine d'interpellations.
21:45 ...
21:48 Une dizaine de cas où les gens qui ont été interpellés
21:52 pour autre cause, agression sexuelle, viol,
21:55 ont fini, un jour, en prison.
21:57 ...
21:59 A chaque fois, ça fait 10 enquêtes différentes.
22:02 Donc, c'est un travail monstrueux, faisable,
22:05 mais avec beaucoup d'organisation.
22:07 C'est ce qu'il fallait que Gilles puisse mettre en place.
22:11 ...
22:16 -Le but, c'était de voir si on trouvait un lien
22:19 entre ces détraqués sexuels et notre auteur.
22:23 Malheureusement, on n'a jamais fait de lien
22:26 avec Moctaria et Marilène.
22:28 ...
22:30 On a tout tenté dans cette affaire,
22:32 toutes les techniques,
22:34 même des auditions sous hypnose.
22:36 ...
22:39 Donc, on a tout essayé, tout tenté,
22:41 mais on se devait de le faire.
22:44 ...
22:51 La mère de Marilène Gonzalès,
22:53 toutes les semaines, passait au service.
22:56 ...
23:01 Pendant des mois, à bonne heure le matin,
23:04 elle était devant le bureau.
23:06 Elle attendait mon arrivée.
23:07 Puis, gentiment, sans trop vouloir me déranger,
23:10 "Je peux vous voir, monsieur Armand ?"
23:13 Je lui fais le café.
23:14 Et là, elle me demandait, "Vous avez des nouvelles ?
23:17 "Est-ce qu'on a quelque chose ?"
23:19 ...
23:25 Ce sont des moments difficiles,
23:29 ...
23:30 parce que quand vous avez la mère d'une jeune fille
23:33 qui a été victime d'atrocité,
23:35 et que vous n'avez pas d'élément dans le dossier,
23:39 ce sont des moments compliqués.
23:42 Pour l'instant, on travaille, on la rassure,
23:46 on dit "Les investigations continuent,
23:49 "on ne lâche pas", mais pour l'instant, on n'a rien.
23:52 Et ça, quand on répète ce discours-là toutes les semaines,
23:55 au bout d'un moment, c'est compliqué.
23:58 Mais finalement, ces moments-là ont été des moteurs
24:01 dans l'enquête, parce que quand la mère de Marilène repartait,
24:06 on se disait, on va le trouver.
24:09 On va le trouver, on va... C'est obligé, quoi.
24:13 Rien que pour cette femme-là, il faut qu'elle ait droit à un procès.
24:18 ...
24:23 -Dans le bureau de Gilles Soulier,
24:25 sur une table, étaient disposés tous les dossiers.
24:28 Je me souviens que plusieurs fois, avec Gilles,
24:31 le soir, des fois, on était un peu de découragement,
24:35 on regardait ce dossier, et nous disions,
24:38 "On l'a peut-être là-dedans, il est peut-être là,
24:41 "on l'a peut-être eu entre les mains,
24:44 "et on ne le sait pas."
24:46 C'était terrible d'avoir cette pensée.
24:48 On sent que l'échec est là...
24:51 ...
24:53 Et on se sent coupable de ne pas avoir travaillé.
24:57 On se demande ce qu'on n'a pas fait,
25:00 ce que nous avons loupé,
25:02 parce que nous savons que s'il y a une nouvelle victime,
25:05 c'est peut-être à cause de notre incapacité
25:09 à trouver l'auteur des faits.
25:11 Et donc, ça, des fois, ça empêche de dormir.
25:16 ...
25:21 -Je suis parti de Perpignan pour aller à Marseille.
25:25 C'était en décembre 2000.
25:27 Je me rappelle que dans les quelques mots
25:30 que j'avais prononcés au moment de mon départ,
25:33 j'avais dit, "J'ai passé 6 années exceptionnelles à Perpignan,
25:37 "par contre, il y a une affaire qui restera un échec,
25:40 "parce que pour moi, c'était un échec,
25:43 "c'était l'affaire des filles de la guerre."
25:45 J'ai vécu comme un échec personnel,
25:48 car j'étais responsable de l'enquête.
25:50 Et quand ça sort pas, c'est un caillou dans la chaussure.
25:54 ...
26:00 Je me tiens informé, bien évidemment,
26:02 des suites des investigations,
26:04 d'autant plus qu'à peine parti à Marseille,
26:07 au mois de janvier 2001,
26:09 Guy Armand m'appelle,
26:10 Guy qui était toujours, bien évidemment, adjoint à Perpignan.
26:15 Et Guy me dit, "Voilà, Gilles,
26:17 "ça, je connais une autre affaire de filles.
26:20 "Il y a une fille qui a disparu à Perpignan."
26:22 ...
26:39 -Pour nous, ça a été vraiment un coup de massue,
26:42 car on a regardé, on s'est dit, ça recommence, il recommence.
26:45 -Ca faisait un an et demi, deux ans,
26:48 qu'on s'est dit que le tueur de la gare n'avait plus fait parler de lui,
26:52 qu'il était "disparu".
26:53 Et puis là, subitement, une jeune fille, brune, sportive, jolie,
26:58 des yeux verts, un amande,
26:59 portrait des précédentes, qui disparaît à son tour.
27:03 Forcément, le tueur de la gare revient à l'esprit,
27:06 et là, c'est reparti.
27:08 ...
27:11 -Et puis il me dit, "Voilà, Gilles, on a une piste sur un individu
27:14 "qu'on est en train de... qu'on a identifié, qu'on a interpellé."
27:18 -Un certain Marc Delpech, une bonne famille,
27:20 qui a un bar avec son frère, un bar de jeunes,
27:23 dans le centre-ville, pas d'antécédent.
27:26 Dès qu'on arrive pour l'interpeller, il nous regarde
27:29 et il avoue le crime. "C'est moi qui ai tué Fatima."
27:32 -Il est évident qu'au moment de l'affaire Fatima et Drahou,
27:35 j'aurais payé pour être à Perpignan, c'est une évidence.
27:38 Mais je me disais...
27:40 J'ai travaillé d'arrache-pied pendant des années,
27:43 et puis à peine je pars, et finalement,
27:45 peut-être l'auteur vient de se faire interpeller.
27:48 J'étais content pour le dossier, mais je râlais de ne pas être là.
27:52 ...
28:00 Ce qui est sûr, c'est que c'est lui qui est l'auteur de Fatima et Drahou.
28:04 Donc là, l'enquête est rentrée dans une phase où...
28:08 Est-ce que l'individu qui a été interpellé
28:11 peut être l'auteur de Mokhtaria et de Marie-Hélène ?
28:15 ...
28:19 -Il y avait beaucoup d'éléments.
28:21 Chez lui, nous avions trouvé des revues de presse
28:24 concernant l'affaire.
28:25 C'est pas interdit. Le début d'un roman.
28:28 Le début d'un roman qu'il essayait d'écrire,
28:31 quatre pages,
28:32 dont le titre était "Tatiana".
28:35 ...
28:37 Il raconte, sur les quelques lignes qu'il avait écrites,
28:41 la jeune fille vient de la gare, descend la rue Courteline.
28:46 ...
28:49 Une voiture s'arrête à sa hauteur.
28:51 La vitre baisse.
28:53 Elle regarde à l'intérieur avec un grand sourire.
28:57 L'homme lui dit "Je peux vous déposer quelque part ?"
29:00 Et elle monte dedans.
29:01 ...
29:08 On la reverra jamais plus.
29:10 ...
29:11 La façon dont il décrit ça,
29:13 dans son projet de bouquin,
29:16 c'est quand même extraordinaire,
29:18 parce que c'est exactement comme cela
29:21 qu'on voit la scène qui a pu se passer pour Tatiana.
29:24 On aurait dit qu'il avait vécu la scène.
29:26 -Le profil de l'intéressé séducteur
29:29 qui vient me voir à Perpignan, fréquenté par les victimes,
29:32 des articles de presse,
29:33 il y a tout qui va bien pour dire, effectivement,
29:37 qu'il est suspect, c'est sûr.
29:39 -Et puis, il avait dit quand même quelques mots
29:43 à un psychiatre qu'il examinait.
29:45 Il lui dit "Je me demande si j'ai pas tué ailleurs.
29:50 Est-ce que vous croyez que c'est possible que je m'en souvienne pas ?"
29:54 C'est le genre de phrase quand même qui laisse un arrière-goût.
29:58 Donc, lorsque nous l'avons,
30:00 la plupart d'entre nous ont pu se persuader
30:05 qu'il était également l'auteur des faits
30:08 qu'on mit sur Moctaria et sur Marie-Hélène,
30:11 le tueur en série que nous cherchions depuis tant d'années.
30:15 -Tout le monde est soulagé, tout le monde respire à nouveau,
30:19 en se disant "C'est terminé, il n'y aura plus de meurtres
30:22 dans ce registre-là, on a le tueur de la gare."
30:25 ...
30:30 -Après l'interpellation de Marc Delpech,
30:32 l'enquête se déroule par rapport à lui.
30:35 Il devient le suspect numéro un dans l'affaire des filles de la gare,
30:39 mais encore une fois, sans éléments de preuve.
30:42 Donc, les investigations vont essayer de s'attacher
30:46 à trouver des liens entre Marc Delpech et les victimes,
30:49 Moctaria, Marie-Hélène.
30:51 -Pendant des années d'instruction, nous avons toujours travaillé
30:55 avec Delpech pour essayer de recouper,
30:57 pour essayer de voir s'il avait pu être en relation
31:00 avec une des victimes.
31:01 Et quand il a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle
31:05 pour l'affaire de Fatima, nous avons continué à penser
31:09 qu'il pouvait être l'assassin de Moctaria et de Marie-Hélène.
31:14 ...
31:16 C'était quelque chose qui nous habitait.
31:18 Delpech, quand même, restait toujours dans notre esprit.
31:24 ...
31:26 Jusqu'au moment où une autre piste est arrivée, et la bonne.
31:32 ...
31:36 On n'imaginait pas qu'une chaussure qui était restée
31:41 trois semaines dans une haie en plein hiver,
31:44 avec la pluie, le froid...
31:46 On était loin d'imaginer que, finalement,
31:49 cette chaussure allait nous amener à la vérité.
31:52 ...
32:08 -Au mois de juillet 2004, je reviens en tant que directeur adjoint
32:13 du SRPJ de Montpellier.
32:14 Je reprends pied dans l'affaire à ce moment-là.
32:18 Je sais que l'espoir, ça repose sur une analyse génétique positive.
32:23 Le dossier ne peut sortir que comme ça.
32:26 ...
32:30 Alors, en 2012-2013, la technique évoluant,
32:34 un laboratoire met en évidence un ADN
32:38 sur une des chaussures appartenant à Moctaria,
32:41 un ADN masculin.
32:43 Elle est pratiquement sûre, c'est l'ADN du tueur.
32:47 Ou l'ADN de quelqu'un qui a touché la chaussure de Moctaria.
32:51 ...
32:53 Ah, ben là, c'est un grand espoir, évidemment,
32:56 parce que si la technique marche
32:59 et si l'auteur est dans le fichier,
33:02 ça fait beaucoup de signes.
33:04 On aura peut-être la solution.
33:06 ...
33:07 Et le lendemain,
33:09 coup de fil du service central d'identité judiciaire,
33:14 qui nous dit "jeune, non".
33:17 ...
33:18 Jacques Ranson.
33:20 ...
33:37 Quand le collègue de Perpignan me dit ça,
33:40 ça compte dans ma tête.
33:42 Il n'y a plus que cette affaire-là
33:46 qui...
33:47 Les jours qui vont suivre, c'est...
33:49 C'est...
33:50 Là, oui, je mange avec cette affaire-là,
33:53 je dors avec cette affaire-là,
33:55 et puis il n'y a plus rien qui compte.
33:57 Tout le reste, on le laisse tomber,
34:00 et puis, là, c'est trop...
34:02 J'attendais ça depuis tellement longtemps.
34:04 ...
34:12 Et quand il me donne ce nom,
34:15 Jacques Ranson, ça me parle.
34:17 ...
34:20 Là, voilà, tout me revient.
34:23 ...
34:25 Jacques Ranson, on l'a eu entre nos pattes
34:27 en septembre 98.
34:29 On est passés à côté.
34:30 ...
34:44 Il faisait partie de ces fameux suspects
34:46 que nous avions interpellés, une centaine environ,
34:49 et on était passés à côté.
34:51 On l'avait eu entre les mains, on n'avait pas su en profiter.
34:54 On n'avait pas su voir que c'était lui.
34:57 C'était un sentiment d'échec.
34:59 -Et là, on s'aperçoit qu'en fait,
35:01 il a un profil qui va bien aussi.
35:03 Il est arrivé...
35:04 Il avait été condamné à 8 ans de réclusion criminelle
35:08 dans le Nord pour des agressions sexuelles,
35:11 pour homme viol.
35:12 Il est sorti de prison, il quitte le Nord,
35:14 il regarde la carte de France,
35:16 il dit "quel est l'endroit le plus loin ?"
35:18 Perpignan.
35:20 Donc il prend le train, il arrive à Perpignan.
35:22 C'était au mois de septembre 97.
35:24 Et là, il va s'installer dans un hôtel de la gare de Perpignan.
35:28 ...
35:32 Et là, quand l'ADN est tombé,
35:34 mais tout s'était manqué.
35:35 Tout s'était manqué.
35:37 Et là, on a la conviction...
35:38 Moi, j'ai la conviction que c'est lui, l'auteur.
35:42 C'est sûr.
35:43 Ca ne peut pas être autrement.
35:47 L'ADN est sur la chaussure.
35:49 Condamné à 8 ans de réclusion pour viol.
35:52 Qui est dans le quartier de la gare.
35:54 C'est...
35:55 Pour nous, enfin, pour moi, la mécénite,
35:58 c'est "ça y est, on l'a."
36:00 On l'a, en fait.
36:01 ...
36:14 Là, on sait qu'on va attaquer une gare la Vue
36:17 sur des bases extrêmement solides.
36:19 On est fort sur les bases.
36:21 On va pouvoir discuter avec les intéressés.
36:24 ...
36:43 Au bout de 17 ans, j'avais envie de voir
36:45 quel était le monstre qui avait commis ces atrocités.
36:48 On a 48 heures.
36:51 C'est à la fois long, très court.
36:53 On a établi un canova des auditions,
36:55 qu'on m'a respecté à la lettre.
36:57 Il faut être extrêmement méthodique.
36:59 ...
37:01 Dans cette affaire-là,
37:02 les aveux, c'est plus que la cerise sur le gâteau.
37:05 On voulait avoir les aveux.
37:07 ...
37:15 -Le secrétaire de l'ordre me contacte
37:18 et m'indique que je viens d'être désigné
37:20 sur une affaire criminelle.
37:22 Je sais totalement de quelle affaire il s'agit.
37:24 ...
37:26 Quand j'arrive dans les collapos judiciaires de Perpignan,
37:29 on sent une effervescence qui n'est pas habituelle.
37:32 Je comprends rapidement que c'est un dossier très important,
37:35 très sensible.
37:36 ...
37:40 -La première audition, c'était son enfance.
37:44 L'idée, c'est quoi ?
37:46 C'est déjà de le faire parler,
37:48 de le mettre un petit peu en confiance
37:51 et de voir surtout comment il s'exprime.
37:54 ...
37:55 D'essayer de percevoir la psychologie de l'intéressé.
37:58 Ce type d'audition est finalement très intéressant de ce côté-là.
38:03 Évidemment, les questions qu'on pose,
38:05 quand le travail est bien fait, on connaît la réponse.
38:08 Et là, il nous répondait,
38:10 mais la réalité, la vérité,
38:13 est de manière très carrée,
38:16 extrêmement précise sur sa vie,
38:20 même les premiers délits, le nombre de voitures qu'il a volées,
38:23 ça correspondait exactement.
38:25 Donc, on a affaire à quelqu'un qui a de la mémoire,
38:28 qui est pas aussi bête que ce qu'il paraît.
38:31 Et ça, c'est important pour les enquêteurs que nous sommes
38:34 de percevoir cet individu-là.
38:36 ...
38:42 -Je sens que j'ai en face de moi des gens qui connaissent leur boulot,
38:46 et qui connaissent parfaitement bien le dossier.
38:49 Pendant deux heures, je n'ai fait que le regarder, l'écouter.
38:52 Je voulais m'imprégner de sa psychologie,
38:55 de sa façon de respirer, savoir quand il dit la vérité,
38:59 qu'il est à l'aise, son visage, comment il est.
39:02 Quand il est en difficulté, c'est un peu différent.
39:06 La deuxième audition,
39:08 on va passer aux affaires qu'il a commises, son passé judiciaire,
39:12 et notamment l'affaire de viol pour laquelle il a été condamné
39:16 à 8 ans de réclusion criminelle par la Cour d'assises du Nord.
39:19 Là aussi, on a un chacorainçon extrêmement précis.
39:22 Il revient sur l'affaire, dans le détail,
39:25 sans aucune difficulté.
39:27 -Mais c'est moi aussi, à ce moment-là, que je découvre
39:30 quelle a été sa vie, son parcours judiciaire aussi,
39:33 puisqu'il a un parcours judiciaire à ce moment-là, pas banal.
39:37 Donc, petit à petit, je me dis, au final,
39:40 c'est quelqu'un qui a sans doute le profil d'un auteur potentiel
39:43 des faits dont on l'accuse.
39:45 ...
39:47 -Et dans sa troisième audition, on évoque son arrivée à Perpignan.
39:51 Donc, on se rapproche petit à petit de ce qui nous intéresse.
39:55 ...
39:59 -On sent la pression qui monte.
40:01 Les questions sont de plus en plus précises.
40:04 -Et donc, dans cette audition-là, il nous explique
40:07 tout à fait précisément...
40:09 Il travaille, il est une compagne, etc.
40:11 Quand on lui demande le soir, est-ce que vous sortiez, des fois,
40:15 il répond, "Non".
40:16 Et là, ça devient beaucoup plus flou.
40:19 Il nous dit pas, "Je vais dans tel établissement, voir un coup."
40:23 "Non, je me promène dans Perpignan."
40:25 "Mais où dans Perpignan ?" "Oh là, il sait plus."
40:28 Et là, c'est des "je sais pas" qui commencent à arriver.
40:31 C'est-à-dire que quand on comprend très bien
40:34 que quand on arrive à ce qui pose problème,
40:37 là, la mémoire commence à être beaucoup moins précise.
40:42 Ce qui nous conforte, c'est le fait que c'est lui, évidemment.
40:46 ...
40:53 -On sent qu'il commence à paniquer un petit peu,
40:56 qu'il commence un peu à perdre pied,
40:58 qu'il s'embrouille un peu dans ses explications,
41:01 qu'il y a des incohérences.
41:03 Et là, les enquêteurs sentent que ça y est,
41:06 qu'il y a quelque chose qui se passe.
41:08 -Et en même temps,
41:09 on commence à arriver un petit peu à une inquiétude.
41:14 C'est-à-dire...
41:15 Je sais pas si on m'a arrivé à le faire envoyer.
41:19 ...
41:25 -Gilles Soulier, déjà, il a une autorité naturelle.
41:28 Il est quelqu'un qui, on le sent, est très déterminé.
41:31 C'est quelqu'un de calme.
41:33 Quand il pose des questions, il les pose calmement,
41:36 mais d'une façon ferme.
41:37 En tout cas, on comprend qu'il va falloir répondre à ces questions.
41:41 Et puis bon, je comprends, assez rapidement,
41:44 vu la qualité des personnes qui sont là et le décorum,
41:48 qu'il y a sans doute dans le dossier quelque chose
41:51 qui va, à un moment donné, mettre Jacques Ransom
41:54 dans la difficulté.
41:56 Je sais pas comment ça va se terminer,
41:58 mais on sent qu'il va se passer quelque chose, nécessairement.
42:02 ...
42:04 -Dans la quatrième audition,
42:06 là, on va lui parler de Mokhtaria.
42:08 On lui montre la photo de Mokhtaria.
42:10 "Oui, je m'en rappelle bien, c'est la fille qui était
42:13 "dans les journaux, qui a été assassinée, etc."
42:16 "Je m'en rappelle bien de tout ça."
42:19 On lui demande "Est-ce que vous savez ce que c'est que l'ADN ?"
42:22 "Oui, je sais ce que c'est, c'est un moyen de preuve."
42:25 "Est-ce que vous reconnaissez ces chaussures ?"
42:30 On lui montre les chaussures, une photo des chaussures.
42:34 ...
42:39 "Non, j'ai jamais vu ces chaussures-là, je sais pas."
42:42 "D'accord, donc il y a votre ADN sur la chaussure."
42:46 ...
42:48 "Et puis, c'est la chaussure de Mokhtaria, voilà."
42:52 "La chaussure qui a été retrouvée juste en face de l'anneau,
42:55 "elle a été assassinée."
42:57 C'est un peu problématique.
42:58 Et là, il se ferme.
43:00 ...
43:02 Il dit "Non, moi, j'ai pas d'explication."
43:05 "Ce peut être une erreur technique."
43:09 Mais voilà, là, il est...
43:13 Il a pratiquement pas de réponse.
43:16 ...
43:20 C'est 21h, 22h.
43:22 Et là, on se dit "Bien, c'est mort."
43:28 Il va rien nous dire, il va rien lâcher.
43:31 La garde à vue se termine demain midi.
43:34 Il va rien lâcher.
43:37 Je rentre à Canet-en-Roussillon, où je dormais, là-bas.
43:41 Et à 3h du matin, le téléphone sonne.
43:44 C'est Jean-Damien Moustier, le chef d'antenne, qui m'appelle.
43:48 Quand je vois son nom sur le téléphone,
43:51 je dis "Soit il s'est suicidé, il s'est jeté par la fenêtre,
43:55 "soit il a voulu."
43:57 Heureusement, c'était la deuxième solution.
44:00 "Il va y venir."
44:02 ...
44:06 10 minutes après, j'étais à l'antenne.
44:10 J'arrive en même temps que l'avocat.
44:13 Donc, on est 3 policiers.
44:16 Et là, c'était un moment, je dirais, exceptionnel.
44:19 Dans le calme de la nuit,
44:23 juste une petite lumière,
44:27 l'avocat, un son.
44:29 Je disais "C'est un film."
44:32 "De cette scène, on dirait un film."
44:35 -Fille nuit, c'est 3h du matin, y a aucun bruit dans la rue.
44:38 C'est assez irréel, comme situation, même.
44:42 Moi, j'ai des souvenirs assez particuliers.
44:45 -Au grand son, on nous dit "Je vais tout vous avouer."
44:48 "Je vais tout vous avouer."
44:50 ...
44:59 -Dans ma tête, je me dis "Pense-toi, parce que c'est vrai,
45:02 "ce que tu vis, t'es dans un rêve, t'es pas dans..."
45:05 C'est un grand moment.
45:08 ...
45:25 On va retrouver le Jacques Auranson du début de la Garavus,
45:28 extrêmement précis.
45:30 Il s'en rappelait de tout, le type de blouson de Mokhtaria,
45:34 le temps qu'il faisait, qui correspondait exactement
45:37 au relevé météo qu'on avait fait à l'époque.
45:40 Mais tout le détail, ce qu'on appelle des aveux circonstanciers,
45:43 il nous explique ça en détail.
45:46 A l'époque, on ne l'entend que sur Mokhtaria.
45:51 ...
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