En 2009, Marie-Christine Hodeau, une joggeuse, est enlevée. Enfermée dans le coffre de la voiture de son ravisseur, elle réussit à appeler la gendarmerie. Au bout de 2 minutes, le ravisseur ouvre le coffre et balance le téléphone de la jeune femme.
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00:26 ...
00:54 -Je m'appelle Véronique Sadis, j'ai 48 ans, je suis adjudant-chef.
00:58 ...
01:01 J'ai 27 ans de gendarmerie,
01:03 dont 10 passés à la sélection recherche de Paris.
01:06 L'affaire qui m'a le plus marquée, c'est l'affaire Marie-Christine Odo,
01:09 l'affaire de la joggeuse de Milly Laforêt.
01:12 Pour tenter de la sauver, on n'avait pas le droit à l'erreur.
01:15 ...
01:20 C'est l'histoire d'une femme qui a été kidnappée dans les bois.
01:24 C'est une affaire digne d'un film d'horreur.
01:27 ...
01:35 Quand on évoque cette histoire,
01:37 c'est vraiment ce côté course contre la montre
01:40 qui a été quelque chose de marquant.
01:42 Et jusqu'au bout, personne n'a jamais rien lâché,
01:45 il a toujours été là.
01:46 Oui, c'est une enquête qui m'a beaucoup marqué,
01:49 c'est l'enquête de ma vie.
01:51 ...
01:54 J'ai toujours voulu être gendarme depuis toute petite.
01:57 Mon père était gendarme.
01:58 Et quand mes parents me demandaient ce que je voulais faire plus tard,
02:03 je leur répondais que je serais gendarme.
02:05 ...
02:11 A ma première affectation, j'étais la seule femme et la première femme.
02:15 Avec les collègues, ça s'est très bien passé,
02:17 j'ai été acceptée.
02:18 Par contre, c'était parfois avec la population
02:21 où ils se posaient des questions.
02:23 Et avec le temps, ils se sont habitués,
02:25 il n'y a eu aucun souci.
02:27 ...
02:31 Je suis arrivée à la section en charge de Paris
02:33 le 1er septembre 2004.
02:35 ...
02:38 C'est l'unité d'élite pour les personnes qui aiment le judiciaire.
02:42 On sait que ce sont des dossiers qui vont être importants,
02:45 qui vont être complexes.
02:47 Et c'est ça qu'on recherche, en fait.
02:49 ...
02:51 Il suffit qu'il y ait un appel, et là, c'est l'effervescence.
02:55 Donc c'est ça qui est bien.
02:57 ...
03:05 ...
03:17 -Le 28 septembre 2009, à 9h12,
03:20 une femme appelle le centre opérationnel de la gendarmerie
03:23 pour dire qu'elle a été enlevée.
03:25 ...
03:26 -Gendarmerie, bonjour. -Au secours !
03:29 -Oui, madame, bonjour. -On est en train de m'enlever !
03:32 -Vous êtes où, madame ?
03:34 -Je suis dans une voiture, à côté de Milly-la-Forêt.
03:37 ...
03:42 -Lors de son appel, elle dit "je m'appelle Marie-Christine Odeau".
03:45 J'ai été mise de force par un homme armé d'un couteau
03:49 dans le coffre de sa voiture.
03:51 ...
03:55 C'est une Peugeot 106.
03:57 C'est télématriculation.
03:59 Et j'étais aussi sur école,
04:02 à côté de Milly-la-Forêt, dans l'Essonne.
04:05 ...
04:08 Sur les dernières secondes, elle nous dit
04:11 "la voiture s'arrête, vite, aidez-moi",
04:13 et on entend le coffre qui s'ouvre.
04:16 ...
04:17 On entend un coup.
04:19 ...
04:20 Et après, plus rien.
04:21 ...
04:25 Lorsque Marie-Christine Odeau appelle,
04:28 elle a des trémolos dans la voix, on sent qu'il y a une panique.
04:31 ...
04:35 On a sa peur en direct,
04:37 donc c'est extrêmement difficile d'entendre ça.
04:41 C'est pas quelque chose auquel on est forcément préparé.
04:44 C'est surtout pour le gendarme qui a pris l'appel en direct.
04:48 C'était son premier jour de service.
04:52 ...
04:55 C'est un appel qui l'a vraiment marqué.
04:57 ...
05:07 -Le 28 septembre, en fait, j'étais en repos.
05:10 ...
05:12 J'avais pris ma journée, et puis là, le chef de groupe m'appelle
05:15 en disant "on a besoin de monde".
05:17 Il m'explique qu'une femme a été enlevée,
05:20 et il me dit "tu prendras la direction de l'enquête".
05:23 ...
05:25 Et là, sur le coup, on fait "waouh".
05:28 ...
05:31 Dès le matin, c'est une grosse pression.
05:33 Ce qui fait la particularité de ce dossier,
05:35 c'est que ça a toujours été une course contre la montre.
05:38 ...
05:41 Je pars de la SR avec mon binôme,
05:44 et là, on prend la voiture
05:47 et on part au Giro d'Eton, jusqu'à Milly-la-Forêt.
05:51 ...
05:54 Je pense que ça doit être une des fois
05:56 où on a dû rouler le plus vite.
05:58 ...
06:06 Quand on arrive, on arrive à la brigade de Milly-la-Forêt.
06:09 Il y a donc un PC d'enquête qui s'est monté,
06:12 où il y a déjà une bonne dizaine de personnes.
06:15 Tout le monde a le visage fermé, tout le monde est concentré.
06:18 Tout le monde veut qu'une chose, c'est la retrouver.
06:21 Il est 9h30, soit un quart d'heure après l'appel.
06:24 ...
06:29 La première chose qu'on fait, c'est envoyer une équipe dans les bois.
06:33 On réquisitionne un escadron de gendarmerie,
06:38 la garde républicaine à cheval, on a des maîtres chiens,
06:41 on a l'hélicoptère.
06:42 ...
06:48 Ca fait 200 personnes à gérer.
06:50 Honnêtement, avoir autant de monde
06:53 qui fait des recherches, je ne l'avais jamais vécue avant.
06:57 C'était la première fois.
06:58 ...
07:04 Au même moment, toujours à 9h30, on envoie une équipe chez les Haudots
07:08 pour obtenir des premiers éléments,
07:10 que ce soit sa tenue vestimentaire, ce qu'elle a sur elle,
07:14 ses habitudes.
07:15 ...
07:25 Marie-Christine Haudot, c'est une femme de 42 ans
07:29 qui est célibataire, qui vit avec sa mère.
07:31 ...
07:44 Elle est assistante maternelle
07:46 et c'est une personne particulièrement dynamique,
07:50 sportive.
07:51 ...
07:55 Et franchement, c'est une femme pleine de vie.
07:57 ...
08:00 -Marie-Christine, c'est une très belle femme.
08:02 Une grande blonde aux yeux bleus.
08:04 Elle fait de l'associatif, elle est bénévole,
08:06 elle s'occupe d'enfants, les enfants l'aiment beaucoup.
08:10 Elle est toujours très souriante, très avenante.
08:12 ...
08:14 Sa vie, c'est s'occuper de sa maman,
08:15 sa maman qui est malade.
08:18 Elle est touchante, elle est agréable.
08:20 C'est une fille très agréable.
08:22 C'est une belle personne, dans tous les sens du terme.
08:25 ...
08:32 -Une fois chez eux, on apprend que ce matin-là,
08:35 elle a donc déposé les enfants dont elle avait la garde à l'école.
08:40 ...
08:43 Elle a discuté avec des parents d'élèves qui se trouvaient là.
08:47 Ensuite, elle rentre chez elle,
08:49 là, elle se change et elle part faire son footing.
08:52 ...
09:00 Elle a l'habitude de courir régulièrement,
09:03 de Milly-la-Forêt, en passant par Roncy sur école,
09:06 de faire tout un petit circuit.
09:08 ...
09:19 Elle court beaucoup, tous les jours.
09:21 C'est peut-être comme ça qu'elle a été un petit peu repérée.
09:25 J'ai cru comprendre qu'elle faisait tous les jours
09:28 ou presque le même trajet.
09:30 ...
09:40 ...
09:43 -Dès qu'on reçoit l'appel et qu'on a la plaque d'immatriculation
09:47 et le type de la voiture, l'immatriculation
09:50 est tout de suite passée dans les bases
09:52 pour connaître l'identité du propriétaire.
09:55 ...
09:57 -Marie-Christine se trompe.
09:59 La plaque d'immatriculation ne correspond pas à la voiture.
10:02 Il y a des recherches qui se font avec une partie des chiffres,
10:06 une partie des lettres, et on finit par retrouver une Peugeot 106
10:10 où les chiffres sont les mêmes
10:12 et juste au niveau des lettres, il y a eu une inversion.
10:16 Dans l'appel, elle donne les lettres KLM,
10:19 et en fait, c'est LKM.
10:21 Et là, ça nous donne l'adresse d'un homme qui habite à Paris.
10:26 ...
10:31 -Une équipe se rend chez le propriétaire de la 106.
10:34 Il est 10h15, soit 60 minutes après l'appel.
10:36 ...
10:46 L'immeuble est situé dans un quartier chic de Paris,
10:49 dans le 16e arrondissement.
10:50 ...
10:58 Le propriétaire est une personne d'un certain âge.
11:02 C'est un avocat parisien de renom.
11:04 ...
11:08 C'est le propriétaire de la plaque, forcément le premier suspect.
11:11 L'expérience nous dit que n'importe qui,
11:15 quel que soit le milieu, l'âge, le sexe,
11:18 peut basculer pour X raisons.
11:20 ...
11:25 Quand les collègues arrivent, il est un peu sur la défensive,
11:28 car les collègues ne peuvent pas lui expliquer ce qui se passe,
11:31 car on ne connaît pas son degré d'implication.
11:34 ...
11:38 Il lui demande s'il est le propriétaire de ce véhicule.
11:41 Donc il confirme.
11:42 Si le véhicule est ici, il dit non.
11:46 A partir de là, il commence à demander pourquoi.
11:48 ...
11:50 Là, finalement, les collègues expliquent
11:53 que le véhicule est impliqué dans un fait grave.
11:55 ...
11:58 Donc il nous dit que son véhicule
12:00 est dans sa résidence secondaire, dans le Loiret.
12:03 ...
12:07 Il ignore, à ce moment-là, si son véhicule est volé ou pas.
12:11 Il peut nous dire qu'un couple de gardiens
12:14 qui vit à demeure dans une partie de sa résidence,
12:17 et en cas de besoin, ils peuvent utiliser le véhicule.
12:20 Et là, il nous donne le nom de cette famille,
12:22 et c'est la famille d'Akrouz.
12:25 ...
12:28 Une équipe se rend chez Manuel d'Akrouz.
12:30 Il est 10h45, soit 90 minutes après l'appel.
12:33 ...
12:43 -La résidence secondaire, c'est une grande propriété
12:45 dans un petit village,
12:47 30-35 km demi-la forêt.
12:49 C'est un petit château,
12:51 une belle maison de maître sur plusieurs hectares.
12:54 ...
12:56 Donc le couple d'Akrouz habite sur une maison
12:59 qui est le long de la route.
13:01 ...
13:03 Qui est une sorte de longère,
13:05 qui est mise à leur disposition.
13:07 ...
13:11 Quand les équipes arrivent sur les lieux,
13:13 la première chose, c'est qu'ils sonnent,
13:16 ils essayent de voir si c'est ouvert.
13:18 Tout est clos.
13:19 Ils escaladent le portail
13:21 et rentrent dans la propriété.
13:23 Et là, ils découvrent le véhicule.
13:26 ...
13:29 Terminable, pendant ce temps-là,
13:31 parce que nous, on est au PC.
13:33 Quand on a la formation qui dit que le véhicule est là,
13:36 on s'attend à ce moment-là à ce qu'on nous annonce une bonne nouvelle.
13:39 ...
13:41 Et quand on nous rappelle pour nous dire que c'est vide,
13:45 là, on prend un coup sur le moral.
13:48 On se dit que c'est pas possible, la voiture est là,
13:51 où est-ce qu'ils ont pu aller ?
13:53 On accuse le coup et puis après, on se remotive,
13:56 on fait qu'on continue et qu'on trouve autre chose.
13:59 La course contre la montée ne s'arrête jamais,
14:02 tant qu'on ne l'a pas retrouvée, on ne peut pas s'arrêter.
14:05 ...
14:13 -On commence l'enquête de voisinage, il est à peu près 11h.
14:16 1h45 après l'appel.
14:18 ...
14:22 Les équipes font du porte-à-porte.
14:24 A chaque fois, on demande aux voisins
14:26 "Est-ce que vous les connaissez ? On a besoin de leur parler."
14:30 ...
14:38 Et assez rapidement, on a un voisin qui nous dit
14:41 "Oui, madame Dacrouze, elle travaille dans une boulangerie,
14:44 "j'ai son numéro de téléphone, le voici, vous pouvez l'appeler."
14:48 ...
14:53 A ce moment-là, elle est en train de travailler,
14:56 elle est à la boulangerie.
14:57 -Après l'appel où on lui demande de venir à son domicile,
15:00 elle demande ce qui se passe, on lui répond juste
15:03 "On a besoin de vous voir, vous et votre mari,
15:05 "il faut que vous veniez."
15:07 Forcément, il y a de l'inquiétude dans la voix,
15:09 parce que c'est pas ce qui se passe.
15:11 Je pense que n'importe quel citoyen,
15:13 quand la gendarmerie appelle, soit la gendarmerie ou la police,
15:17 quand on appelle pour dire "On a besoin de vous voir",
15:20 il y a toujours de l'inquiétude, c'est compréhensible.
15:23 ...
15:30 -La femme de Manuel Dacruz revient au domicile,
15:33 là, elle voit qu'il y a quand même un gros dispositif gendarmerie
15:36 qui est là.
15:37 ...
15:40 Elle est forcément en panique, parce qu'à ce moment-là,
15:43 elle sait pas exactement pourquoi on est là.
15:45 ...
15:47 Elle se dit "Ils sont pas là aussi nombreux pour une broutille."
15:50 Elle est quand même en stress.
15:53 Les enquêteurs commencent à lui poser des questions,
15:57 savoir si elle sait où est son mari, ce qu'il fait,
16:00 comment il était le matin, la veille...
16:03 Des questions de base.
16:05 ...
16:09 Là, elle nous apprend qu'elle lui a téléphoné
16:12 pensant qu'il était au domicile.
16:15 Elle nous informe qu'elle l'a eu au téléphone et qu'il revenait.
16:19 ...
16:22 Elle pense rapidement que son mari est impliqué dans quelque chose,
16:26 puisqu'elle connaît son passé.
16:28 Elle dit assez vite que ce qu'il avait fait la première fois,
16:31 elle lui avait pardonné par rapport aux enfants,
16:34 mais que là, s'il a refait quelque chose de grave,
16:37 elle lui pardonnera pas et elle coopérera.
16:40 ...
16:44 Il a déjà été condamné à 11 ans pour séquestration et viol.
16:47 ...
17:02 Emmanuel Dacrouze est un homme de 47 ans,
17:05 méditerranéen.
17:07 ...
17:11 Il est récultement marié.
17:13 Il a deux enfants.
17:14 ...
17:17 Il travaille. Il vient d'être licencié.
17:19 Il vient de perdre le travail dans lequel il travaillait
17:22 pour une société. Il l'a très mal vécu.
17:25 Et il est gardien d'une propriété à Echilleuse.
17:29 Il rend des services. C'est un peu l'homme à tout faire,
17:32 l'homme qui rend des services,
17:34 qui s'occupe et entretient cette propriété.
17:37 Quelqu'un d'assez commun, finalement.
17:39 ...
17:45 Chef de maison un petit peu patriarcal,
17:47 un petit peu autoritaire.
17:49 Ca se passe pas forcément toujours bien.
17:52 ...
17:57 J'ai toujours eu cette interrogation
17:59 pour essayer de comprendre comment un homme inséré,
18:03 qui a pas de difficultés, qui a pas de passé délinquant,
18:06 on arrive à 39-40 ans,
18:08 c'est l'âge qu'il avait au moment des promes du fait,
18:11 on arrive à passer de l'autre côté de la ligne
18:14 et à devenir un criminel.
18:16 ...
18:26 Au moment des faits,
18:27 Manuel Lacruz est connu de la justice
18:29 parce qu'il a déjà été condamné.
18:31 ...
18:39 Un jour, une jeune fille vient chez lui
18:41 pour proposer ses services,
18:42 pour faire un peu de ménage, quelques tâches au domicile.
18:45 ...
18:54 Donc, Manuel Lacruz, à l'époque,
18:56 a quand même quelques problèmes au niveau de l'alcool.
18:59 ...
19:02 Lui, il est un peu sous l'effet de l'alcool.
19:04 Il l'attrape...
19:06 ...
19:08 et puis il l'emmène dans les bois.
19:10 ...
19:13 Il la viole.
19:14 ...
19:18 Elle expliquera qu'elle a cru à un moment
19:21 que Manuel Lacruz pensait à la tuer
19:23 ou aurait voulu la tuer.
19:25 Elle dira que c'est le fait de lui avoir parlé,
19:29 d'avoir su trouver les mots pour essayer de le calmer,
19:33 qui lui ont permis de se sauver et d'éviter le pire.
19:38 -Manuel Lacruz est condamné pour une peine de 11 ans,
19:40 prononcée par la Cour d'assiste d'Orléans.
19:43 Cette peine n'est pas effectuée en totalité,
19:45 car il y a le système des remises de peine.
19:48 Donc, Manuel Lacruz fait, de ce que je me souviens,
19:51 environ six ans et demi de peine de prison
19:53 avant de pouvoir sortir sur la peine de 11 ans
19:56 qui a été prononcée.
19:57 ...
20:11 -On apprend qu'il a déjà été condamné pour viol.
20:15 Il commence à avoir un vrai profil, pour nous, d'auteur.
20:20 ...
20:22 Si on pouvait éventuellement avoir un doute sur lui,
20:26 honnêtement, le doute rétrécit à vue d'oeil.
20:30 ...
20:36 On redoute le viol.
20:38 Après, ce qui nous rassure, c'est que la petite jeune l'a relâché.
20:42 Ce qui nous donne de l'espoir
20:45 de retrouver Marie-Christine au dos vivante.
20:47 ...
20:50 On le passe au fichier des véhicules
20:53 et on découvre qu'il est propriétaire d'une BMW.
20:56 Cette BMW n'est pas dans la propriété.
20:58 ...
21:04 Dès qu'on a l'information que c'est une BMW qu'il faut rechercher,
21:08 on rebascule les messages avec "cette BMW à rechercher".
21:11 On est dans l'angoisse, on se dit "est-ce qu'il va vraiment rentrer ?"
21:15 ...
21:18 Sa femme, ayant dit qu'on était présents dans la propriété,
21:22 on se demande s'il n'a pas prévu de s'échapper,
21:24 s'il va vraiment revenir.
21:26 On a un dispositif en attente,
21:28 mais on déploie également le dispositif aérien
21:32 pour rechercher le véhicule.
21:34 ...
21:39 Quand c'est dans une course contre la monde,
21:42 chaque seconde paraît être des minutes, des heures.
21:45 Tout ce qu'on veut, c'est qu'il se dépêche de venir.
21:49 ...
21:56 ...
22:01 Manuel D'Accus arrive environ 15 minutes plus tard.
22:04 ...
22:10 Quand il arrive, on fouille immédiatement la voiture.
22:14 Là encore, malheureusement, on ne trouve pas Marie-Christine,
22:18 donc la course contre la monde continue.
22:20 ...
22:23 Manuel D'Accus est interpellé à 11h30,
22:26 2h15 après l'appel de Marie-Christine Odeau.
22:29 ...
22:31 Les collègues lui notifient ses droits pour la garde à vue
22:34 en lui expliquant les faits qui lui sont reprochés.
22:37 Aux premières questions qui lui sont posées,
22:39 il nie, il fait "non, j'ai rien fait,
22:42 "je suis rentré depuis Thivier avec ma voiture,
22:44 "j'ai rien fait d'autre ce matin."
22:46 ...
22:48 -Le fait d'avoir changé de véhicule et qu'on le voit revenir avec,
22:52 on se dit que dans sa tête, il se dit "j'arrive,
22:55 "je circule pas avec le véhicule qui a été signalé,
22:59 "donc on va pas pouvoir m'accuser."
23:01 ...
23:06 Au moment de son interpellation, on a un sentiment mitigé.
23:10 On est à la fois heureux,
23:13 parce qu'on se dit "ça y est, il est mis hors d'état de nuire
23:16 "et on va pouvoir progresser, il va nous dire où elle se trouve."
23:21 ...
23:23 Et en même temps, on se dit "on a toujours pas retrouvé
23:27 "Marie-Christine, il est placé en garde à vue à midi."
23:30 ...
23:39 Quand Manuel Dacruz arrive à la brigade,
23:42 tout le monde n'a qu'un espoir, c'est qu'il parle.
23:45 ...
23:47 Et quand on le voit passer, on se dit "c'est pas gagné,
23:51 "il a le visage fermé, il a un regard sombre."
23:56 ...
23:59 Presque un regard de prédateur.
24:01 ...
24:05 Je sais pas si on peut dire qu'il analyse tout ce qui se passe
24:08 mais on sent la personne vraiment fermée.
24:12 Il y a quelque chose de violent qui ressort de lui.
24:16 ...
24:20 Avant de commencer les gardes à vue,
24:23 on a un spécialiste qui vient,
24:25 qui fait les prélèvements d'empreintes
24:28 et qui procède également à des relevés ADN.
24:31 Le collègue passe des compresses sur ses mains,
24:36 qui partent en analyse pour voir s'il était en contact
24:39 avec la victime.
24:41 ...
24:47 Pendant la garde à vue, les collègues vont lui poser
24:51 toute une série de questions,
24:52 il va répondre de manière laconique,
24:55 il va nier tout ce qu'on peut lui reprocher,
24:59 même en lui amenant des éléments probants.
25:01 ...
25:04 -Il y avait ce véhicule.
25:06 On savait que, pour l'utiliser,
25:08 il fallait savoir où étaient les clés.
25:11 Les clés étaient dans la résidence qui appartenait à l'avocat,
25:14 dans sa maison, sa résidence secondaire.
25:16 Il fallait désactiver l'alarme, savoir où se trouvait la clé.
25:20 Il n'y avait pas eu d'effraction.
25:22 Il fallait que ce soit quelqu'un qui connaisse
25:25 pour avoir la clé au véhicule 106.
25:27 ...
25:30 L'enquête de voisinage nous a permis de trouver un voisin
25:34 qui nous dit que, ce matin-là, vers 8h,
25:37 il croise d'accroose partir avec la 106
25:42 et lui-même est étonné
25:43 parce qu'il ne le voit jamais partir le matin aussi tôt
25:46 et ne le voit jamais conduire ce véhicule.
25:49 A chaque fois qu'on lui apporte des éléments à charge,
25:52 il trouve toujours une excuse pour dire "c'est pas moi",
25:55 il nie, soit il n'explique pas,
25:58 soit c'est parce que des gens sont jaloux,
26:00 il trouve toujours des excuses.
26:02 ...
26:06 Et c'est vrai que pour les collègues, c'était compliqué,
26:10 parce que c'est long de poser des questions
26:12 à quelqu'un qui ne vous dit pas la vérité.
26:14 ...
26:20 En parallèle, on entend sa femme et sa fille.
26:24 ...
26:29 Ils nous expliquent que leur père est sorti de prison un an auparavant,
26:34 qu'il avait trouvé du travail
26:36 et qu'il avait été licencié quelques mois auparavant
26:41 et que depuis, il passait ses journées à la maison,
26:44 notamment à jouer à la PlayStation, à regarder la télé.
26:47 ...
26:50 Il ne faisait rien de particulier.
26:52 Sa femme nous explique
26:54 qu'il a parfois des comportements violents aussi vis-à-vis d'elle.
26:58 ...
26:59 Il commence à avoir un petit profil concernant,
27:03 notamment par rapport à la violence.
27:05 ...
27:09 Il ressort qu'il a un rapport aux femmes un peu autoritaire.
27:13 ...
27:15 Il a pu avoir des épisodes de violence avec sa femme
27:19 dans le cadre familial.
27:20 ...
27:22 Il a une haine, une colère incontrôlée.
27:25 ...
27:32 Il a un mal qui le ronge
27:33 et il se retrouve dans une situation
27:35 où il ne contrôle pas forcément tout ce qu'il fait.
27:38 Il a du mal à contrôler ses pulsions.
27:40 ...
27:52 -Une heure avant la fin de la garde à vue,
27:55 un relèvement ADN qui avait été fait sur ses mains
27:57 avait été envoyé à un laboratoire à Paris.
28:00 Le laboratoire nous indique qu'il y a un mélange d'ADN
28:03 qui est retrouvé sur sa main gauche,
28:06 l'ADN de Dacrouze et l'ADN de Marie-Christine Odeau.
28:09 ...
28:15 On se dit qu'il va être obligé de parler.
28:17 On a une preuve, c'est l'ADN, il ne peut pas faire autrement.
28:20 ...
28:30 Même devant l'évidence de l'ADN,
28:32 il dit qu'il ne comprend pas, qu'il n'explique pas.
28:35 Il ne veut toujours pas reconnaître.
28:37 ...
28:39 On a une frustration.
28:40 Il n'a toujours rien dit, on ne l'a toujours pas retrouvé
28:44 et on se dit, s'il ne parle pas,
28:48 comment va-t-on pouvoir retrouver Marie-Christine ?
28:51 ...
28:56 L'espoir qu'on ait,
28:58 jusqu'à un moment, il dira qu'il ne parlera que devant le juge.
29:02 ...
29:09 On part en convoi au tribunal à Évry
29:12 pour qu'il soit présenté devant le procureur
29:15 et ensuite devant le juge.
29:17 ...
29:21 ...
29:35 Quand Manuel Dacrouze entre dans le bureau du juge,
29:39 pour le juge d'instruction, la première interrogation,
29:42 le moment de suspens,
29:44 est-ce qu'il va continuer son attitude de silence
29:47 ou est-ce qu'il va enfin dire des choses ?
29:49 ...
29:57 Ce moment passé dans le camion du juge d'instruction
30:00 avec Manuel Dacrouze,
30:01 c'est évidemment un moment assez particulier.
30:04 ...
30:06 De manière assez surprenante,
30:09 il répond tout de suite.
30:12 Et là, Manuel Dacrouze va collaborer,
30:15 va accepter de répondre aux questions et de montrer,
30:17 de pointer du doigt sur l'ordinateur, sur la carte,
30:21 où est-ce qu'il faut aller.
30:22 ...
30:25 C'est vers 20h que je reçois un coup de fil du juge
30:27 où il m'informe qu'il a commencé à parler
30:30 et il indique où se trouve Marie-Christine Odo.
30:32 ...
30:35 A aucun moment, on nous dit si elle est vivante ou pas.
30:38 ...
30:44 Il nous a dit qu'un bois qui fait peut-être 100 mètres
30:47 sur 300-400 mètres de long.
30:49 ...
30:51 Et donc, les équipes synophiles se placent en bord de route
30:55 et progressent tout le long du bois.
30:58 ...
31:01 -Tous ceux qui pouvaient se sont mobilisés.
31:04 On avait des consignes précises des gendarmes,
31:06 des policiers, et puis voilà, on a fait des battues.
31:09 Avec une terrible angoisse,
31:11 parce qu'à chaque fois qu'on trouvait un...
31:14 un talus ou quelque chose
31:16 qui pouvait être susceptible d'abriter un corps,
31:19 c'est toujours très... C'est émouvant, c'est dur,
31:22 parce qu'on a peur de trouver quelque chose.
31:24 On avait peur de la trouver.
31:26 ...
31:32 -La progression est lente,
31:34 parce qu'il y a énormément de ronciers,
31:37 le sous-bois est dense.
31:39 ...
31:42 En plus, la nuit commence à tomber,
31:44 ça devient un peu compliqué pour pouvoir avancer.
31:47 Et finalement, tout à coup, on entend une personne
31:50 des équipes recherche qui crie "je l'ai".
31:53 ...
32:03 Et là, on se dit...
32:06 "Oui, tu l'as, mais...
32:09 "Elle est vivante."
32:10 ...
32:24 Et là, on n'a pas vraiment de réponse,
32:27 on entend un "non".
32:28 Et là, bon...
32:31 On se dit "OK, ben...
32:34 "C'est fini, quoi."
32:35 Là, on accuse vraiment le coup.
32:38 ...
32:47 -Le corps était à peu près à 200-300 m du bord de la route
32:52 et à une dizaine de mètres de l'orée du bois.
32:54 ...
32:57 Donc Marie-Christine Odo est allongée dans une cavité naturelle
33:01 et des branchages étaient posés sur elle pour la recouvrir.
33:05 Elle est dénudée.
33:08 ...
33:14 Il avait essayé de camoufler le corps de Marie-Christine
33:17 pour que ce soit plus difficile de la retrouver.
33:19 ...
33:26 -Le temps paraît extrêmement long
33:28 entre l'appel et 48 heures de garde à vue,
33:30 et c'était même encore après, le moment où il avoue devant le juge.
33:34 Forcément, c'est interminable.
33:36 C'est un mélange de déception et de colère.
33:38 ...
33:42 Mais plus de la colère,
33:45 parce qu'on n'a pas réussi à la retrouver à temps,
33:48 à ne pas réussir à avoir pu la sauver.
33:50 C'est ça qui nous touche.
33:54 ...
33:59 Musique sombre
34:02 ...
34:08 -Au fil des interrogatoires, il va enfin commencer
34:11 à affiner sa version,
34:13 à raconter de plus en plus de choses
34:16 et à assumer de plus en plus de choses
34:18 jusqu'à reconnaître ensuite le viol,
34:20 puisque il est quand même assez révélateur de noter
34:24 qu'il reconnaît le meurtre tout de suite, pas le viol.
34:28 ...
34:33 -Le juge m'appelle pour me dire qu'il a entendu Dacrouze,
34:37 et il m'explique ce qu'il a donné dans sa déclaration,
34:40 et après, il me transmet une copie de l'audition.
34:43 Et ce qu'on lit, c'est glaçant.
34:46 C'est le scénario qu'on n'imagine même pas dans un film.
34:49 ...
34:52 Il explique que ce matin-là, il se sentait pas très bien,
34:55 et du coup, il prend la voiture pour se rendre à Milly-la-Forêt.
34:59 ...
35:05 Là, il dit qu'il voit passer Marie-Christine Odo devant lui,
35:10 que là, il est pris une sorte de pulsion
35:12 et il décide de la suivre.
35:14 ...
35:43 Il garde sa voiture dans un petit chemin,
35:46 il sort, il prend son couteau,
35:48 et il la voit, et à ce moment-là, il l'attrape avec le couteau.
35:52 ...
36:06 Il l'enferme dans le coffre de sa voiture,
36:08 il reprend la route.
36:10 ...
36:15 Il entendra effectivement le coup de fil,
36:18 c'est là où il décide de s'arrêter.
36:20 ...
36:25 Il reconnaît ouvrir le coffre, lui donner un coup de poing
36:28 et jeter le téléphone à ce moment-là.
36:31 Et là, il repart.
36:33 ...
36:37 Ils vont jusque dans un premier bois,
36:39 là, il se gare de manière à ce que la voiture ne soit pas visible.
36:43 Il la fait descendre, il l'amène dans le bois.
36:46 ...
36:50 Il l'attache avec les câbles électriques
36:52 et il la viole.
36:54 ...
37:00 Ensuite, il la laisse attacher
37:02 et là, il décide de rentrer chez lui et de changer de voiture.
37:05 ...
37:08 On l'explique par le fait qu'il a entendu la conversation
37:11 qu'elle a eue au téléphone avec la gendarmerie
37:13 et qu'il ne veut pas être repéré avec la 106.
37:16 Donc il va récupérer son autre voiture.
37:19 ...
37:28 À ce moment-là, il dit qu'il n'a toujours pas l'intention
37:31 de la tuer, il revient sur les lieux.
37:34 ...
37:38 Et le temps qu'il rentre à son domicile et qu'il revienne,
37:42 elle réussit à se détacher
37:44 et à quitter le bois.
37:46 ...
38:06 -Marie-Christine, pour elle, elle est libre,
38:09 elle va réussir à être sauvée, elle va trouver du secours,
38:12 quelqu'un va l'aider.
38:14 ...
38:17 Et pour elle, c'est fini, son calvaire est fini.
38:21 ...
38:25 -Elle est bien sûr sortie de ce bois.
38:28 Vous imaginez l'état d'esprit, l'état physique de cette jeune femme.
38:32 Et à la sortie de ce bois...
38:34 ...
38:38 il y avait deux chemins.
38:39 ...
38:49 Soit un chemin sur la gauche, à travers les champs,
38:53 pour essayer de rejoindre la ville la plus proche
38:57 pour demander secours.
38:58 ...
39:09 Un deuxième chemin sur la droite
39:12 pour rejoindre la route la plus proche.
39:15 Elle était à 200-300 m.
39:17 ...
39:22 Elle est soumise à ce choix.
39:24 Elle choisit certainement le choix que j'aurais fait,
39:29 d'aller au plus près, d'aller sur cette route
39:32 pour demander secours.
39:33 ...
39:42 -Or, le premier véhicule,
39:45 le premier véhicule sur lequel tombe Marie-Christine Auveau,
39:50 c'est le véhicule de son futur meurtrier,
39:55 le véhicule de M. Dacrouze.
39:57 ...
39:59 -Quand il revient, il dit qu'il la voit
40:02 marcher le long du chemin de terre pour rejoindre la route.
40:05 Elle voit passer cette voiture,
40:09 mais pour elle, c'est pas son agresseur,
40:11 puisqu'il a changé de véhicule.
40:13 Il passe donc devant elle, elle le reconnaît pas.
40:16 ...
40:19 Au bout du chemin, elle prend la même direction que lui.
40:23 ...
40:29 Lui, du coup, il va se garer un peu plus loin.
40:32 Quand elle arrive à sa hauteur, il l'attrape,
40:35 et c'est là où il décide de la tuer.
40:38 ...
40:48 Il dit qu'en fait, il utilise le T-shirt de Marie-Christine
40:53 pour le mettre autour de son cou,
40:55 et là, il sert pour l'étrangler jusqu'à ce qu'elle décède.
41:00 ...
41:05 C'est digne d'un film d'horreur.
41:07 Même quand on lit le récit de Dacrouze,
41:10 on se dit... Même dans un film,
41:12 des scénaristes qui imaginent ça, on se dit qu'ils exagèrent.
41:15 En fait, non, c'est vraiment ce qui lui est arrivé,
41:18 et c'est juste horrible.
41:20 ...
41:31 -Le témoignage aux assises est toujours un moment délicat
41:35 parce que vous devez expliquer une affaire
41:39 sans forcément montrer ce qu'on ressent.
41:42 On est là pour expliquer les faits.
41:44 ...
41:48 On avait préparé un montage
41:50 avec la bande-son de Marie-Christine Odeau.
41:53 On avait filmé l'itinéraire
41:57 et on avait calé la bande-son sur l'itinéraire.
42:00 ...
42:03 -Gendarmerie, bonjour. -Au secours !
42:06 On est en train de m'enlever !
42:08 Je suis dans une voiture !
42:10 ...
42:12 -C'est vrai que quand la voix de Marie-Christine Odeau
42:15 a résonné dans la cour d'assises,
42:17 tout le monde écoute en direct une femme
42:21 qui est en détresse, et en plus, on connaît l'issue.
42:24 ...
42:28 C'était extrêmement pesant,
42:30 il y avait énormément d'émotions.
42:32 Là, on voit que tout le monde accuse le coup,
42:35 et à la fin de l'appel, un gros moment de silence.
42:38 ...
42:44 Ca, c'était quelque chose de très fort.
42:47 ...
42:50 Après mon témoignage, il y a eu une pause.
42:53 Pendant la pause, les frères de Marie-Christine étaient présents.
42:57 Ils sont venus me voir et ils m'ont remercié
42:59 pour le travail qui avait été fait,
43:01 parce que de leur côté, ils m'ont dit qu'ils n'avaient pas compris
43:05 tout ce qui avait été fait, que ce soit de la recherche,
43:08 que ce soit au niveau de l'enquête.
43:10 Du coup, ils avaient été surpris, ils m'avaient remercié,
43:14 et je crois que ça a été le plus beau moment pour moi.
43:18 ...
43:23 Ca m'a beaucoup touché qu'ils aient ce petit mot.
43:25 ...
43:32 -Ce procès est extrêmement médiatisé.
43:35 Une cinquantaine de journalistes ont été accrédités
43:38 pour suivre ce procès, qui a été présenté
43:40 comme le procès de la récidive.
43:42 ...
43:47 -Qu'est-ce qu'on aurait pu faire, éventuellement,
43:50 pour que Manuel Dacrouge ne sorte pas de prison
43:53 la première fois, en étant pire que ce qu'il était déjà ?
43:56 Est-ce que des moyens auraient pu être donnés
44:00 pour que Manuel Dacrouge, éventuellement,
44:03 soit aidé pour éviter cette récidive ?
44:07 ...
44:10 -En réalité, les experts voient une fois,
44:14 peut-être deux fois, je vous rappelle,
44:17 en cinq ans, pour M. Dacrouge, les personnes condamnées.
44:20 Comment pouvoir apprécier si une personne
44:25 est toujours ou non dangereuse
44:28 pour permettre une liberté conditionnelle ?
44:30 C'est extrêmement difficile.
44:32 Les moyens mis en oeuvre par la justice
44:35 ne répondent pas du tout à la réalité de la situation.
44:38 ...
44:44 -Quand on a appris que c'était un récidiviste,
44:47 on a ressenti du dégoût.
44:48 Du dégoût, parce qu'on ne comprend pas.
44:51 On ne comprend pas comment des gens qui ont déjà fait du mal
44:54 puissent se retrouver dans la rue et recommencer.
44:57 Ca, c'est difficile à comprendre.
45:00 ...
45:02 Tout ça, ça nous a beaucoup marqués.
45:04 Je pense que ces gens-là, un jour ou l'autre,
45:08 ils recommencent. C'est plus fort qu'eux.
45:10 Donc on ne devrait pas les relâcher.
45:13 ...
45:19 -C'est difficile pour une famille qui a perdu un être cher
45:23 d'entendre et de comprendre que celui-ci a déjà commis
45:26 les mêmes faits quelques années avant.
45:29 ...
45:33 Cette affaire a fait deux victimes.
45:36 Madame Odo attendait ce procès depuis de très nombreux mois.
45:40 Elle attendait la réponse de la justice.
45:42 Elle avait dit à ses fils
45:44 "J'attends le procès de ma fille.
45:47 "Une fois que le procès aura eu lieu,
45:50 "je n'ai qu'une hâte, c'est la rejoindre."
45:53 Elle avait des traitements, elle n'a pas pris ces traitements.
45:56 Je crois qu'elle s'est laissée purement et simplement mourir.
46:00 ...
46:07 -Sur ce dossier, le seul regret qu'on ait,
46:09 c'est de ne pas avoir pu la retrouver vivante.
46:12 C'est la seule chose qui restera toujours.
46:15 Je sais pas si on aurait pu.
46:18 On a travaillé au plus vite
46:22 de ce qui pouvait être fait,
46:25 que ce soit par les moyens humains, technologiques.
46:29 Tout a été fait pour la retrouver.
46:31 Malheureusement, ça n'a pas pu se faire.
46:34 ...
46:40 On y pense souvent.
46:42 Vous savez, quand on se retrouve,
46:45 parfois, on a besoin de parler de dossiers précédents.
46:49 Et on a toujours une pensée pour Marie-Christine.
46:53 ...
46:59 Sa voix pendant l'appel,
47:01 c'est quelque chose qu'on ne peut jamais oublier.
47:04 ...
47:15 Je pense qu'elle sera toujours dans notre coeur.
47:17 C'est quelque chose qui...
47:19 Elle peut pas s'en aller.
47:22 Pour nous, elle fallait être toujours avec nous.
47:25 Tous ses amis en parlent encore.
47:27 C'est...
47:28 C'était une belle personne dans tous les sens du terme.
47:32 Et quand une belle personne vous quitte,
47:35 c'est toujours très difficile.
47:37 ...
47:46 Un énorme respect pour elle.
47:48 Parce que...
47:50 On se dit qu'elle a eu un courage incroyable.
47:53 Il lui est arrivé quelque chose de phénoménal.
47:56 On peut pas imaginer toute l'horreur qu'elle a pu vivre.
48:00 Donc...
48:01 A chaque fois, c'est ça qui nous marque.
48:04 ...
48:34 ...
48:44 ...
49:14 ...