Attaque du Hamas contre Israël : diffuser ou ne pas diffuser les images ? L'édito médias

  • l’année dernière
Retrouvez l'édito média de Cyril Lacarrière sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-mediatique

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00:00 On reste dans le thème de cette matinale spéciale.
00:02 Cyril, vous nous expliquez comment les images de l'attaque du Hamas contre Israël ont
00:09 déferlé dans les médias.
00:10 Ça a commencé dès les premières minutes de l'attaque surprise du Hamas.
00:13 Immédiatement, les images de l'entrée des combattants du groupe terroriste sur le sol
00:16 israélien sont mises en ligne sur les réseaux sociaux.
00:18 Tout est documenté par des vidéos filmées par le Hamas, sans le moindre filtre, surtout
00:22 sans le moindre filtre.
00:24 Ils filment en continu avec des téléphones, avec des drones.
00:26 Une diffusion en direct qui permet au Hamas de mondialiser son coup de force et bien sûr
00:31 de terroriser ses ennemis, à commencer par les Israéliens.
00:33 Avec quel résultat ?
00:34 Les premières images ont créé un tel état de sidération qu'on est forcé de dire que
00:38 le résultat recherché par le Hamas a bien été atteint.
00:41 Il a réussi à prendre la main sur le récit de cette attaque surprise, un élément clé
00:45 dans ce qu'on appelle aujourd'hui la guerre de l'information.
00:47 Le Hamas savait qu'en inondant les plateformes, ses vidéos seraient partagées en flux continu,
00:53 non seulement par ceux qui le soutiennent, mais aussi ceux qui veulent montrer l'horreur
00:57 de la situation.
00:58 Dans les deux cas, le Hamas fait passer son message.
01:00 Ces images, on les a vues à la télé ?
01:02 Oui, pour les images de combat, souvent avec la mention "vidéos filmées par le Hamas".
01:06 Et puis il y a les vidéos des otages.
01:08 Diffusées ou ne pas diffusées ? La question a tiraillé à peu près toutes les antennes
01:11 du pays.
01:12 J'ai parlé hier soir avec le directeur de la rédaction de BFM.
01:14 Leur ligne a d'abord été de ne pas montrer à l'antenne des vidéos d'otages.
01:18 Le piège est évident, pour le Hamas, le fait de filmer ses otages fait partie du processus
01:22 d'humiliation infligé aux victimes.
01:24 Donc, montrer ces images, c'est prendre le risque de participer à l'opération de
01:29 propagande.
01:30 Mais BFM change de cap le samedi dans l'après-midi.
01:31 Ne pas montrer, c'est nier la réalité du moment, m'a expliqué Philippe Corbet.
01:35 BFM a donc fait un sujet spécifique sur les prises d'otages.
01:38 Mais même là, on ne montre pas tout, on floute, on fige.
01:41 Et c'est une voix qui raconte ce qu'on ne peut pas montrer.
01:43 Et sur les réseaux sociaux, comment ça s'est passé ?
01:45 Je vous ai souvent parlé à ce micro d'Elon Musk qui avait coupé les effectifs des équipes
01:50 de modération de Twitter.
01:51 Et bien, ce week-end, on a vu les conséquences concrètes.
01:54 Les vidéos du Hamas ont déferlé sur les fils de millions d'utilisateurs de ce qui
01:58 s'appelle maintenant X.
02:00 Pas directement du Hamas, qu'il n'y a plus de comptes depuis 2019.
02:03 En fait, un grand nombre de ces vidéos ont été partagées par des comptes vérifiés.
02:08 Vous savez, ceux qui payent pour avoir un joli badge bleu.
02:10 Un badge qui permet au message d'être mis en avant par l'algorithme.
02:13 Sur TikTok, aussi, les images du Hamas ont déferlé.
02:15 Pour vous donner une idée de ce que les utilisateurs veulent voir, je vous donne les principaux
02:20 mots-clés des recherches.
02:21 Israël, dead girl, German girl, Prisoner, hostages.
02:24 Et ces vidéos restent en ligne ?
02:26 Non, bien sûr, elles sont supprimées.
02:28 Mais elles reviennent aussitôt, grâce, le plus souvent, à des comptes créés juste
02:31 pour ça.
02:32 Ça va si vite que la modération ne peut pas suivre.
02:34 La conclusion de tout ça, c'est que si le Hamas avait minutieusement préparé son
02:37 attaque sur le terrain, il avait aussi très bien préparé sa guerre médiatique éclair.
02:41 Et une fois de plus, on a vu à quel point les réseaux sociaux sont à la merci de
02:45 toute opération d'ampleur.
02:46 Merci Cyril.

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