Le bureau de l'Assemblée nationale devrait lancer aujourd'hui la procédure de destitution du Président de la République. Les socialistes ont décidé de soutenir la proposition initiée par les Insoumis.
L'édito Politique dans le 7/9 par Patrick Cohen (7h43 - 17 Septembre 2024)
Retrouvez toutes les chroniques de Patrick Cohen sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique
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00:00Et dites aux politiques, Patrick Cohen, le bureau de l'Assemblée Nationale devrait
00:04lancer aujourd'hui la procédure de destitution du Président de la République, les députés
00:09socialistes ont finalement décidé de soutenir la proposition initiée par les insoumis.
00:15Grande nouvelle se réjouit Jean-Luc Mélenchon, tandis que le député du Nord, Hugo Bernalicis,
00:20parle déjà d'un jour historique pour la 5ème République et pour la démocratie en France.
00:25La grande nouvelle, en réalité, ce n'est pas qu'Emmanuel Macron sera destitué, zéro
00:29chance, c'est que le dernier parti de gauche à avoir dirigé le pays vient de perdre
00:34ce qu'il lui restait de culture de gouvernement et de respect des institutions.
00:37Que s'est-il passé ? Une forte pression unitaire, le refus des socialistes de se fâcher
00:43avec LFI, pas maintenant, pas comme ça, quand les chefs insoumis ont lancé leur bombinette
00:48au lendemain du 15 août, le PS n'était vraiment pas chaud pour tenter de traduire
00:52le Président en haute cour et rajouter du bordel au bordel comme l'a dit l'un de
00:56ses sénateurs.
00:57Mais ce week-end, à la fête de l'Humage, Jean-Luc Mélenchon a pris sa grosse voix
01:01derrière un pubitre où il était écrit « Macron, destitution », et le PS, n'écoutant
01:06que son courage qui ne lui disait rien, a préféré participer à l'agite propre dégagiste
01:11de LFI plutôt que d'ouvrir une nouvelle brèche dans la fragile union de la gauche.
01:15Alors va pour la destitution, mais à moitié seulement, les députés socialistes, très
01:20divisés, ont signé hier soir, après trois heures de débat, un communiqué de 38 lignes
01:25pour expliquer qu'ils ne s'opposeront pas à la recevabilité de la motion de destitution
01:30du Président de la République au bureau de l'Assemblée Nationale, ce matin à 9h30,
01:33mais qu'ils s'opposeront unanimement à cette proposition lors de son examen en commission
01:39des lois, puis en séance publique, un bijou de casuistique.
01:42Ils sont donc pour et contre à la fois ? Voilà, le PS nous explique en somme qu'il prêtera
01:46la main à une initiative qu'il réprouve, une procédure d'exception héritière du
01:52crime de haute trahison, donc complètement inadaptée, vouée à l'échec, elle suppose
01:56une majorité des deux tiers à l'Assemblée comme au Sénat, et qui ne peut que donner
02:00une légitimité nouvelle à Emmanuel Macron.
02:03Après lecture du communiqué, on a envie de dire gentiment aux députés socialistes
02:06« Eh mais, si c'est aussi mauvais, faut pas le voter ! ». Le problème du PS, c'est
02:11que ses voix sont décisives au bureau et qu'un vote négatif aurait torpillé définitivement
02:15ce que LFI a réussi à imposer comme un slogan de manif, « Destitution ».
02:20L'idée Patrick est-elle si absurde ?
02:21Elle est politiquement impraticable, mais elle n'est pas absurde, elle participe de
02:27la stratégie mélenchoniste, à la fois conflictuelle et présidentielle, elle mobilise les plus
02:32militants, les plus remplis de haine contre Emmanuel Macron, comme Donald Trump l'avait
02:36fait il y a moins d'un an, en encourageant une procédure de destitution contre Joe Biden,
02:41elle embarque toute la gauche et le PS dans un coup d'éclat institutionnel sans lendemain,
02:46et elle montre, s'il en était besoin, que le patron s'appelle toujours Jean-Luc.