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Anne Fulda reçoit Dominique Barberis pour son livre «Une façon d’aimer» dans #HDLivres

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Transcription
00:00 -Bienvenue à l'heure des livres, Dominique Barberis.
00:02 Vous êtes une auteure déjà reconnue.
00:05 Vous venez de publier un très joli livre
00:09 qui s'appelle "Une façon d'aimer".
00:11 C'est paru chez Gallimard.
00:12 C'est vraiment délicieux,
00:14 écrit d'une très jolie écriture, très fine,
00:16 point de croix.
00:18 C'est comme un petit bonbon acidulé.
00:20 Et c'est, en fait, le roman d'un amour
00:23 qui vient déranger une vie de femme
00:25 qui était partie pour être assez rectiligne,
00:27 celle de Madeleine.
00:29 Madeleine, c'est votre tante,
00:31 la sœur aînée de votre mère.
00:33 Vous vous intéressez à son destin en découvrant une photo
00:36 où on la voit en 1958.
00:38 D'où elle a, elle est décocotée,
00:40 dans une jolie robe.
00:41 C'est bien ça ? -C'est bien ça.
00:43 Alors, sauf que ça n'est pas ma tante.
00:45 C'est une fiction. -C'est la tante de la narratrice.
00:47 -C'est la tante de la narratrice.
00:48 Et effectivement, elle est fascinée
00:51 par de vieilles photos qu'elle a surprises
00:55 ou qui sont dans la maison de famille.
00:58 Et sur lesquelles elle voit sa tante
01:01 dans une robe parachute à petits motifs
01:05 avec sa fille, Sophie,
01:07 dans une rue de Douala.
01:09 Et à partir de là, il y a aussi d'autres souvenirs.
01:12 Elle a les souvenirs de sa tante
01:15 quand elle était encore jeune, revenue en France.
01:19 Et à partir de là, des années après,
01:22 Madeleine est morte.
01:24 Elle essaie de reconstruire ce qui a pu se passer là-bas
01:27 à partir de quelques témoignages,
01:29 à partir aussi de confidences que Madeleine a faites à sa sœur,
01:34 à partir de documents, d'autres photos de Douala.
01:40 Pas grand-chose, en réalité. Il y a peu de traces.
01:43 Madeleine est un personnage,
01:45 une femme peut-être de son époque, très silencieuse, très réservée,
01:49 qui ne s'est pas exprimée sur sa vie intérieure.
01:52 -Là, vous écrivez que son histoire, c'est une histoire sage,
01:54 une vie retirée et discrète, traversée d'un coup de folie.
01:57 Une romance secrète, difficile de savoir ce qui arrive à une femme.
02:00 Elle a de l'allure, des faux airs de Michel Morgan.
02:03 Les tenues, d'ailleurs, ont leur importance dans votre livre.
02:06 Ces tenues, à elle,
02:08 sa ressemblance avec Michel Morgan.
02:11 La chanson aussi, "Madeleine", c'est les années brelles,
02:14 puisqu'on est à la fin des années 50, début 60.
02:18 -Madeleine, c'est un peu une chanson qui participe
02:21 du choix du nom.
02:24 -"C'est mon Noël et mon Amérique à moi".
02:26 -Oui, c'est cette femme qui ne vient pas,
02:29 qui dira probablement non.
02:31 On ne sait pas très bien comment elle va réagir
02:34 à cette histoire qui lui arrive
02:36 avec un homme qu'elle rencontre au bal de la délégation à Douala.
02:39 -C'est une sorte d'amok en Afrique, finalement.
02:43 Elle quitte sa Bretagne natale pour la Cameroun.
02:47 Ce qui est intéressant, c'est que vous décrivez extrêmement bien
02:50 l'ambiance d'alors.
02:52 Les mouvements indépendants commencent à pointer le cou de leur nez.
02:55 Il y a une atmosphère un peu inquiétante.
02:58 -Surtout à partir de 55.
03:01 C'est le moment où le mouvement indépendantiste
03:04 bascule dans la clandestinité.
03:06 Il y a ce cycle de répression, d'attentats aussi.
03:11 Tout participe de ce climat un peu inquiétant.
03:14 L'atmosphère du pays aussi, ce climat équatorial
03:17 extrêmement lourd, qui probablement
03:20 déstabilise Madeleine et la fragilise aussi
03:25 face à cette rencontre.
03:28 -Elle est fragilisée aussi parce qu'elle a fait un mariage,
03:31 le mari qu'elle suit en Afrique, Guy.
03:34 Elle a décidé, c'est un choix de raison, très clairement.
03:37 Et effectivement, elle se le laisse séduire
03:40 par Yves Prigent, un administrateur civil
03:44 qu'elle rencontre là-bas.
03:46 Une histoire assez banale, mais qui...
03:49 -Une parcelle qui bouleverse sa vie.
03:52 -Elle a fait un mariage... On ne sait pas très bien.
03:55 Madeleine est quelqu'un qu'on n'arrive pas à comprendre.
03:59 Sa mère, même au moment du mariage,
04:02 s'entend bien que peut-être elle n'est pas poussée
04:07 par quelque chose de plus fort qu'elle
04:10 vers l'homme qu'elle épouse. Elle essaie de la mettre en garde
04:13 ou en tout cas, lui dit d'attendre, de réfléchir.
04:17 Son mari est un peu perplexe parfois face à certaines réactions.
04:20 Et même la petite communauté de Douala,
04:23 qui assiste un peu au balbutiement de cette rencontre,
04:26 en tout cas, qui voit bien que...
04:29 Parce que Madeleine va accepter des promenades tardives,
04:33 le soir, dans les rues de Douala.
04:36 Tout le monde regarde, personne ne comprend très bien.
04:39 Et effectivement, on peut penser que Madeleine est empêchée
04:44 par sa situation. C'est une femme mariée,
04:47 on est dans les années 50, mais peut-être par quelque chose
04:51 de plus profond. Il y a chez elle quelque chose qui dit non.
04:54 -Oui, c'est pas mal. On le sent, d'ailleurs,
04:57 lorsqu'elle décide de se marier, les premiers jours
05:00 avec celui qui sera son mari. On voit bien qu'il est perplexe
05:03 face à cette personnalité. -Il va interpréter
05:07 son attitude comme une attitude de femme nerveuse
05:10 qui surréagit. En fait, ce sont des idées toutes faites,
05:13 des formules toutes faites.
05:16 -Et puis, je termine là-dessus,
05:19 il y a les propos d'un personnage qui est comme un juge de paix,
05:24 la grand-mère qui régulièrement fait des phrases, intervient,
05:29 et par exemple, dit "oui, on doit s'estimer heureuse
05:33 "en tant que femme heureuse de vivre, il faut passer
05:36 "par les étapes, c'est pareil pour tout le monde,
05:39 "on ne peut pas revenir en arrière, le mariage est une loterie,
05:43 "la vie est une loterie".
05:45 Donc, ça s'appelle votre livre "Une façon d'aimer".
05:48 Je le répète, un très joli livre. Merci, Dominique Barberis.
05:51 -Merci à vous. -Et c'est publié chez Gallimard. Merci.
05:54 -Merci.
05:56 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
05:59 [SILENCE]

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