Bruno Studer, député Renaissance du Bas-Rhin et auteur d’une proposition de loi sur les punaises de lit en 2022, était mercredi 4 octobre l'invité de franceinfo petit matin. Il répondait aux questions d'Aurélien Accart.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Bruno Studer, député Renaissance du Barin, auteur l'an dernier d'une proposition de loi sur les punaises de lit.
00:06 On va en parler évidemment des punaises de lit, Claire, qui inquiètent désormais jusqu'au gouvernement.
00:10 Oui, vendredi dernier, ici même sur FINS Info, le premier adjoint à la maire de Paris, Emmanuel Grégoire,
00:15 réclamait un plan national pour lutter contre ces punaises de lit.
00:19 Et hier, c'est à l'Assemblée nationale que la Première Ministre a annoncé une réunion interministérielle sur le sujet.
00:25 Un observatoire est également en création selon Elisabeth Borne.
00:29 La Première Ministre, Bruno Studer, qui a fait ses annonces en réponse notamment à une question posée par la présidente du groupe des députés de la France Insoumise, Mathilde Panot,
00:37 qui accuse le gouvernement de n'avoir rien fait.
00:40 « On a perdu six ans », dit-elle, « qu'on arrête de dire aux gens débrouillez-vous tout seul ».
00:44 Est-ce qu'elle a raison d'avoir secoué comme ça ? Le cocotier n'était pas la seule d'ailleurs hier.
00:48 Non, je pense qu'elle a fondamentalement tort.
00:50 On peut dire que les choses n'ont pas été assez loin et assez vite.
00:53 Je l'ai dit, même moi, député membre de la majorité présidentielle, mais de là à dire que rien n'a été fait ou qu'on lui a rionné,
01:00 que les macronistes lui auraient rionné, mais c'est honteux de dire cela.
01:04 Moi, en 2019, j'ai créé le premier groupe de travail qui n'a jamais existé à l'Assemblée nationale sur le sujet.
01:08 J'ai une collègue qui a été missionnée par le gouvernement à l'époque par Julien Normandie, qui était très préoccupé par le sujet,
01:14 Catherine Racombouzon, députée de Marseille, parce qu'à l'époque, Marseille était extrêmement touchée par le phénomène.
01:19 Il y avait déjà des écoles qui étaient fermées, des bioteches municipales fermées.
01:22 Et d'ailleurs, ce qui me fait dire qu'aujourd'hui, la première des priorités, c'est de connaître le phénomène dont on parle.
01:26 Parce que moi, je ne suis pas certain aujourd'hui qu'il y ait plus de punaises de lits, voyez-vous, qu'en 2019.
01:31 Et les vidéos, d'ailleurs, qu'on a pu voir sur les réseaux sociaux, d'abord, on ne sait pas quand elles ont été tournées.
01:35 Et puis moi, j'ai vu les mêmes, par exemple, à l'époque, dans le cruise de Strasbourg, où j'avais pu me rendre sur place.
01:40 En tout cas, Information France Info, aujourd'hui, les interventions des spécialistes de désinfection contre les punaises ont augmenté de 65%
01:47 entre l'été 2022 et l'été 2023. Augmentation du nombre de zones infestées, sans doute.
01:52 — Mais aussi peut-être parce que les réflexes des Français, des particuliers, sont plus aiguisés.
01:56 — Oui, parce qu'il y a eu une campagne de communication. Ensuite, il y a eu des entreprises qui ont été certifiées.
02:00 Voyez-vous, en 2019, les entreprises qui intervenaient, il y avait tout et n'importe quoi, pour dire les choses très clairement.
02:07 Aujourd'hui, elles sont certifiées. Ces entreprises, vous trouvez leur liste sur un site du gouvernement.
02:11 En 2019, quand vous faisiez une recherche sur les punaises de lits, eh bien c'était la jungle sur Internet.
02:16 Vous tombez sur des sites qui racontaient tout et n'importe quoi. Aujourd'hui, vous avez un numéro vert.
02:20 Vous avez une plateforme qui permet de gagner en efficacité. Après, ce que vous dites à propos du recensement, c'est vrai.
02:27 Mais ça repose sur un signalement qui est aujourd'hui totalement volontaire. Et c'est, à mon avis,
02:31 un des axes principaux qu'il faut maintenant cultiver dans les prochaines semaines. C'est le recensement, par exemple,
02:36 en rendant la déclaration d'intervention des entreprises obligatoire.
02:39 — Donc améliorer le recensement, améliorer la détection. Sylvain Maillard, le président de votre groupe Renaissance,
02:45 a lui aussi parlé hier d'un fléau. Donc les mots sont durs un petit peu partout. Qu'est-ce qu'il faut faire face à ces punaises de lits ?
02:53 Est-ce qu'il faut, comme on l'entend chez certains professionnels, demander aux assureurs, par exemple,
02:58 de rajouter cela dans ce qui est couvert par les assurances habitations ?
03:02 — Alors c'est une des pistes très sérieuses à envisager. On voit qu'il y a différents modèles, en fait, qui émergent.
03:08 Au niveau de la ville de Paris, sur les logements sociaux, on a eu une sorte de mise en place d'une sorte de mutualité
03:15 de la prise en charge des punaises de lits. La prise en charge assurancielle, elle commence, elle débute.
03:20 Ça fait partie effectivement des grandes questions qu'il faut se poser. Ça suffira pas à répondre aux problèmes.
03:27 Aujourd'hui, par exemple, il y a un régime de responsabilité qui est très clair. C'est le bailleur, c'est-à-dire le propriétaire
03:32 du logement qui est censé remettre un logement décent au locataire. S'il y a infestation, c'est effectivement à lui
03:38 de prendre en charge la désinfestation. Mais au-delà de la désinfestation qui peut représenter un coût,
03:42 il y a ce qu'il y a derrière. Parce qu'en fonction de l'infestation du logement, vous pouvez avoir à vous débarrasser
03:47 de tous vos effets personnels. Et là, on est dans une autre dimension.
03:50 — La mairie de Paris réclamait un plan national. Elisabeth Borne annonce une réunion interministérielle.
03:56 On s'en rapproche, finalement. On va vers le sens d'une réponse collective de l'État face au problème.
04:01 — Absolument. Mais l'État ne peut pas tout faire. Il faut travailler très très étroitement avec les collectivités,
04:06 avec les entreprises. Et les entreprises, elles sont soit celles qui interviennent sur le cas des punaises de lit,
04:11 par exemple, en termes de détection, avec les entreprises qui font la détection canine. Parce qu'aujourd'hui,
04:15 il faut se dire les choses. C'est la seule façon d'être certain de l'infestation d'un logement. C'est de faire détecter
04:19 par des chiens. Et ensuite, en fonction de la nature de l'infestation, vous allez déterminer la nature de l'intervention
04:25 qui peut être plus ou moins massive. Et puis après, vous avez aussi les entreprises de transport. On l'a vu.
04:29 D'ailleurs, on a vu que la RATP a démenti en fait, après l'examen, l'infestation, parce qu'il faut aussi
04:34 raison garder s'agissant des punaises de lit. Donc pas de panique. — Pas de psychose.
04:38 — Pas de psychose. Et puis après, peut-être qu'on va simplement inverser des habitudes. Vous savez, il y avait
04:42 des cinémas à Paris qui faisaient de la détection canine systématique une fois par mois, mais qui se gardaient bien
04:46 de le dire. — Ouais, il y avait une honte quelque part. — Alors qu'aux États-Unis, à New York, qui a eu à gérer
04:52 ce problème des punaises de lit, eh bien aujourd'hui, dans les établissements qui reçoivent du public, par exemple,
04:56 vous avez des placards qui disent « Eh bien ici, nous avons fait une détection ». Ça veut pas dire qu'il y a
05:00 une obligation de résultat, mais il y a au moins une obligation de moyens qui est respectée.
05:02 — Et c'est peut-être une des pistes effectivement à suivre. — Absolument.
05:05 — Merci beaucoup, Bruno Studer, député Renaissance du Barin, invité de France Info, ce petit matin.
05:09 — Merci à vous. Bonne journée.