Pénurie d'aidants : "Les appels de détresse se démultiplient ces derniers mois", alerte la présidente de l’AFM-Téléthon

  • l’année dernière
Laurence Tiennot-Herment, présidente de l’AFM-Téléthon, était mardi 3 octobre l'invitée de la matinale de franceinfo. Elle répondait aux questions de Jérôme Chapuis.
Transcript
00:00 Toutes les familles qui ont un enfant ou un proche handicapé le constatent, il devient
00:03 très difficile, voire impossible de se faire aider.
00:06 France Info vous le révèle, ce matin, deux associations saisissent la défenseur des
00:10 droits pour alerter sur le manque de personnel.
00:13 Bonjour, Laurence Thierot-Hermant, vous êtes présidente de l'AFM Téléthon, invitée
00:18 d'actu de France Info ce matin.
00:19 Pourquoi cette démarche ?
00:20 Cette démarche commune avec l'APF France Handicap, c'est parce que depuis l'année
00:25 dernière, alors que le 6 octobre en fait toujours la journée des aidants et beaucoup
00:31 de communications à ce moment-là, déjà nous constations qu'il y avait de grosses
00:37 grosses difficultés pour recruter justement ces aidants, les auxiliaires de vie qui vont
00:43 aider à accompagner les malades et les familles.
00:45 Et avec AFM Téléthon et APF France Handicap, depuis l'année dernière, on a eu de cesse
00:51 d'alerter les pouvoirs publics en disant "la situation se dégrade, se détériore,
00:56 les familles nous interpellent sans cesse, et quelles solutions, qu'est-ce qu'on
01:00 peut faire ?" parce qu'il y a en effet mise en péril parfois lorsqu'il y a besoin
01:06 d'auxiliaires de vie, notamment d'aide à domicile 24h/24, lorsqu'il y a besoin
01:12 de gestes parce que la personne est complètement étraplégique ou traquée, automisée, donc
01:16 de gestes particuliers, nous n'avons personne. Il y a une vraie pénurie, une vraie crise
01:23 de l'aide à domicile.
01:24 Mise en danger de la vie d'autrui, c'est une qualification qui relève du pénal, c'est
01:27 très fort.
01:28 Ça ne relève pas du pénal, ça relève au moins, à date, de l'alerte auprès de
01:33 la défenseure de droit. Pour nous c'était important. C'est possible d'ailleurs depuis
01:38 la convention 2016 et c'est dans ce cadre-là que nous déposons cette alerte. Ça veut
01:43 dire que la défenseure des droits doit identifier quels sont les acteurs, notamment publics,
01:50 dont il s'agit de la responsabilité, dont la responsabilité peut être engagée et
01:56 donc les identifier, transmettre et puis aussi instruire de son côté parce qu'il
02:02 y a, ça peut aller, on peut qualifier ça de discrimination par rapport à la personne
02:08 en situation de handicap.
02:10 Vous pouvez nous donner des exemples, quel type de situation justement vous a décidé
02:13 à passer à l'action ? Ça a été quoi la goutte d'eau ?
02:15 La goutte d'eau, ça a été des appels en détresse qui vraiment aujourd'hui se généralisent,
02:23 se démultiplient depuis ces derniers mois, on va dire, avec une accélération.
02:29 Comme ceux qu'on a entendus tout à l'heure dans le journal de 7h, des parents qui sont
02:31 obligés de faire 200 km, d'aller s'installer chez leur enfant qui a grandi, qui est adulte.
02:35 Exactement. Soit des parents, quand on a la chance d'avoir des parents, quand on a la
02:39 chance d'avoir une solidarité familiale, ce qui n'est pas toujours le cas, mais on
02:44 peut se questionner, en tout cas pour nous la solidarité familiale ne doit pas se substituer
02:48 à la solidarité nationale, c'est une réalité.
02:51 Et par ailleurs, lorsque la personne est très dépendante, qu'elle a besoin de gestes pour
02:56 tout, on peut se dire qu'à ce moment-là, en situation très très aiguë, la seule solution
03:02 serait l'hôpital.
03:03 Or aujourd'hui, quand on voit la crise aussi à l'hôpital, c'est absolument inacceptable.
03:09 On a des situations vraiment dramatiques.
03:11 Des gens qui restent dans leur fauteuil, qui ne peuvent pas être couchés et restent
03:14 dans leur fauteuil toute la journée.
03:15 Des gens qui ont besoin d'aspiration en dothrakiale quand il y a une trachéotomie.
03:21 Et ça, c'est des professionnels qui peuvent le faire ?
03:23 Alors, il y a des aides à domicile formées.
03:25 La problématique aujourd'hui, c'est que, évidemment, ce métier n'est pas valorisé.
03:31 Entre une aide à domicile, qu'il va faire des gestes qui sont par exemple donnés à
03:35 manger ou ce peut être assez facile, et une aide à domicile qui doit pratiquer par exemple
03:40 une aspiration dothrakiale, la différence de rémunération est de 70 centimes.
03:44 Voilà, dans les cas aigus, c'est une catastrophe.
03:46 Il n'y a pas que la rémunération, il y a aussi beaucoup d'autres causes, notamment
03:49 la démographie.
03:50 Il y a plus de personnes à aider aujourd'hui et peut-être moins de personnes qui travaillent.
03:55 Évidemment.
03:56 Et puis, il faut valoriser ces métiers de l'aide à domicile.
03:59 Comment ?
04:00 Ce sont des métiers pour lesquels aujourd'hui, il n'y a pas de valorisation financière,
04:03 par exemple, il n'y a pas de formation lorsqu'on doit accompagner quelqu'un qui a vraiment
04:08 besoin de gestes de soins ou de mise en sécurité, quelqu'un qui est malade, au-delà d'être
04:14 en situation de handicap.
04:16 Il n'y a pas la formation adéquate.
04:18 Ça, c'est un problème.
04:19 Donc, c'est une sous-valorisation de ces métiers.
04:22 Il faut vraiment une vraie réforme structurelle de fonds pour l'aide à domicile.
04:27 Mais dans l'urgence, on a aujourd'hui des familles qui sont à haut risque vital et
04:33 des personnes malades à haut risque vital pour lesquelles il n'y a pas de réponse.
04:36 Et soit la solidarité familiale, soit rien du tout.
04:40 Et donc, en effet, mise en danger de la vie d'autrui.
04:43 Merci beaucoup, Laurence Thiennaud-Hermant, présidente de l'AFM Téléthon.
04:46 Je rappelle qu'avec l'APF France Handicap, vous saisissez la défenseur des droits.
04:52 Aujourd'hui, c'est une France Info pour mise en danger de la vie d'autrui face au
04:56 manque de personnel pour aider les personnes handicapées en France.

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