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Maître Marie Violleau, avocate de Rédoine Faïd, était jeudi 26 octobre la Grande témoin de la matinale de franceinfo. Elle répondait aux questions de Jérôme Chapuis.

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Transcription
00:00 Rédouane Fahyde a donc été condamné une nouvelle fois. 14 ans de réclusion, le verdict est tombé tard hier soir,
00:05 au terme de sept semaines de procès pour son évasion spectaculaire en hélicoptère de la prison de Réau.
00:11 14 ans alors que les avocats généraux en avaient réclamé 8 de plus.
00:16 Bonjour Maître Marie Violo.
00:17 Bonjour.
00:18 Vous êtes l'avocate de Rédouane Fahyde, grand témoin de France Info ce matin.
00:21 On l'a entendu tout à l'heure dans la bouche de notre journaliste qui était à l'audience hier soir.
00:26 Cette nuit, Rédouane Fahyde a esquissé un sourire au moment du verdict. Le sourire vraiment ?
00:32 Alors d'abord je rappelle qu'on a défendu Rédouane Fahyde à plusieurs et que j'étais avec un confrère qui s'appelle Yves Le Berquier.
00:39 Rédouane Fahyde a esquissé un sourire, je dirais pas jusque là.
00:42 Il a été peut-être un peu soulagé de savoir que l'espoir n'était pas totalement aboli pour ses proches.
00:49 Il va faire appel ?
00:50 Alors ça, on se réserve la possibilité d'y réfléchir parce qu'on attend ce qui s'appelle la feuille de motivation.
00:56 C'est ce qui va nous permettre de comprendre la peine qui a été décidée par la Cour d'Assise.
00:59 Ça sera rendu d'ici quelques jours.
01:01 Mais il est dans quel état d'esprit ? Il était dans quel état d'esprit hier soir ? Vous avez pu lui parler à votre client ?
01:06 Bien sûr qu'on a pu lui parler et heureusement quand on est condamné à une peine aussi lourde parce que 14 ans.
01:11 Si vous voulez, quand on part des réquisitions de 22, on peut se dire que 14 ans c'est pas si mal.
01:16 Alors ça flatte un peu l'égo des avocats mais 14 ans c'est une peine extrêmement lourde.
01:21 Et on l'a dit, ces peines pour évasion, elles se cumulent aux autres peines.
01:25 C'est bien ça. Ça veut dire qu'en fait, en théorie, en théorie,
01:28 Rédouane Fayd qui a 51 ans aujourd'hui ne pourrait pas sortir avant 2060 ?
01:32 Absolument. En France, la peine d'évasion, elle se cumule nécessairement aux autres peines auxquelles les gens sont condamnés.
01:38 Est-ce qu'il veut dire que lui, là sur le papier, il aurait 88 ans en 2060, il est condamné à la perpétuité de fait ?
01:47 C'est un peu ce qu'on avait plaidé. C'est surtout que 14 ans de réclusion criminelle, dans les conditions qui sont les siennes, c'est le double.
01:57 C'est-à-dire ? Les conditions de détention ? A l'heure qu'il est, il est retourné en prison, Rédouane Fayd.
02:01 Quelles sont ces conditions de détention là, maintenant ?
02:03 A l'heure qu'il est, il est dans sa cellule du quartier d'isolement Fleury-Méhanchis.
02:07 C'était le procès de l'évasion, mais derrière le procès de l'évasion, il y avait aussi le procès de l'isolement carcéral.
02:12 Et c'est de cela dont il était question pendant les débats, pendant les plaidoiries.
02:16 J'imagine que ça a occupé les jurés et la cour pendant le délibéré.
02:20 Ça veut dire qu'aujourd'hui, nous considérons que Rédouane Fayd est détenu dans des conditions qui sont indignes.
02:27 Il faut nous en parler, parce que nous on n'était pas à l'audience, on n'a pas entendu tout ce que vous disiez sur ces conditions de détention.
02:32 Ça ressemble à quoi ?
02:33 Ça ressemble à un quotidien extrêmement compliqué.
02:38 Ça veut dire qu'il est seul en cellule, qu'il est coupé de ses proches, qu'il a un parloir avec un hygiaphone, donc un plexiglas,
02:44 qui l'empêche de toucher n'importe quel être humain depuis cinq ans.
02:47 Ça veut dire qu'il a ses conversations écoutées en permanence, qu'il est surveillé toutes les heures.
02:51 Ça veut dire qu'il a des fouilles corporelles, des fouilles de cellules extrêmement régulières.
02:57 L'isolement carcéral, c'est un socle auquel s'ajoutent un certain nombre de mesures individuelles très dures.
03:02 En même temps, l'une des dernières fois où il était au parloir dans des conditions normales, il s'est évadé, puisqu'il était avec l'un de ses frères,
03:08 et l'autre frère est arrivé en hélicoptère.
03:10 Absolument, mais ça veut dire que parce que les faits sont ceux que vous avez rappelés, on ne réfléchit plus et qu'on considère que la sécurité doit dépasser le reste.
03:19 On ne réfléchit plus.
03:20 Je pense que quand on privilégie la sécurité aux libertés individuelles, on arrête de réfléchir, ça c'est sûr.
03:27 Je reviens sur son état d'esprit, ce n'est pas vous évidemment qui allez nous préciser les intentions de Redouane Fahyde,
03:31 quand pendant le procès, il arrive avec des baskets, il dit au juré "j'ai mis des baskets, on ne sait jamais, sous-entendu, si je peux je m'évade",
03:38 ça veut dire qu'il y pense toujours ?
03:40 Ça veut dire surtout que quand on sort quelqu'un de l'isolement et qu'on le met dans une salle d'audience, dans un box,
03:47 qui peut toucher les gens qu'il y a à droite, qu'il y a à gauche, qui peut échanger avec les gendarmes, avec ses avocats, qui voit sa famille dans la salle,
03:52 ça apporte une touche de légèreté.
03:55 De légèreté ?
03:56 Ça approche une touche de légèreté. Quand il est coupé du monde et que d'un seul coup il le retrouve,
04:02 serait-ce pour un procès d'une envergure avec des enjeux tels, peut-être que de temps en temps il peut se laisser aller à faire quelques plaisanteries.
04:10 Ça veut dire que ça lui a fait du bien ce procès, de voir les gens, de voir sa famille, qu'il ne voit pas d'habitude.
04:19 Cela dit, il ne faut pas oublier quand même que c'est un braqueur, que c'est quelqu'un, quand il s'est évadé de la prison du Réau,
04:26 le pilote de l'hélicoptère avait un pistolet sur la tempe. Donc vous n'êtes pas en train de nous faire le portrait d'un enfant de cœur ?
04:33 Il est le premier à dire que ce n'est pas d'un enfant de cœur. Après il y a eu sept semaines de débats sur les faits, sur la violence de ceux-ci.
04:42 Peut-être que ça va être compliqué pour moi de les refaire en deux secondes.
04:45 Mais de fait, c'est vrai qu'on a l'image de ce braqueur charismatique devant les jurés, qui fait preuve parfois d'humour, comme on le disait à l'instant.
04:57 Mais ce n'est pas un peu excessif quand même d'en faire une sorte de héros romantique ?
05:00 Alors, je ne sais pas qui a fait de Redouane Feyde un héros romantique. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que les jurés n'ont pas considéré que c'était un héros romantique.
05:07 Personne n'a dit que c'était un héros romantique, Redouane Feyde.
05:11 Aujourd'hui, il vous parle de son avenir, quand vous discutez avec lui hier soir, quand vous avez discuté avec lui pendant le procès, il vous en parle ?
05:19 Bien sûr qu'on en parle. Il y a la loi, l'application de la loi, il y a la peine, l'exécution de la peine.
05:26 Notre combat, c'est aussi de faire en sorte que ses conditions de détention s'améliorent, de faire en sorte qu'il ait accès à des choses, à des formations, à la culture.
05:36 C'est la mise en place d'un certain nombre de projets pour lui.
05:40 Mais pardon d'insister, est-ce qu'il s'imagine un jour retrouver sa liberté ?
05:45 Alors, le jeu de l'aménagement de peine et de l'exécution de peine fait qu'aujourd'hui, on peut peut-être envisager qu'il sorte de prison juste avant de mourir.
05:57 Donc oui, il pense à une sortie éventuelle, bien sûr.
06:00 J'ai une dernière question, peut-être plus personnelle, Maître Marie Violo.
06:03 On l'a dit, c'est un personnage, ça marque forcément une carrière de défendre quelqu'un comme Redouane Feyde.
06:08 Oui, ça marque une carrière, surtout que je suis assez jeune et que j'ai été prise par les enjeux.
06:15 J'ai passé beaucoup de temps avec lui, j'ai passé beaucoup de temps à cette audience-là.
06:19 Heureusement que j'ai une équipe formidable au cabinet qui m'entoure et qui a pu participer à ce que ça se passe dans des conditions sereines.
06:27 J'étais pas toute seule, il y avait Yves Le Berquet avec moi.
06:30 Oui, ça marque.

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