Yves Mérillon, porte-parole des Restos du cœur, était lundi 4 septembre l'invité d'actu de la matinale de franceinfo. Il répondait aux questions de Jérôme Chapuis.
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00:00 Bonjour Yves Mérayon, invité d'Actu de France Info, tout ce qu'on vient d'entendre à l'instant,
00:05 ça a des conséquences pour les restos du cœur dont vous êtes le porte-parole.
00:09 On le disait à l'inflation chez vous, c'est plus de demandeurs et ce sont des coûts qui explosent.
00:14 L'association est dans le rouge, elle ne peut plus répondre à toutes les demandes.
00:17 Alors il y a eu l'appel de votre président hier à la mi-journée et depuis le gouvernement,
00:21 hier soir, a annoncé débloquer 15 millions d'euros. Est-ce que c'est suffisant ?
00:26 D'abord sur ces 15 millions, il y en avait déjà 10 qui étaient dans le tuyau, donc la vraie augmentation c'est 5 millions.
00:31 Et puis ces 13 en deçà, c'est une bonne chose, ça va dans le bon sens,
00:35 mais il faudra beaucoup plus d'une part pour nous aider à combler le trou qui s'annonce,
00:40 c'est 35 millions rien que pour 2023.
00:43 Et puis deuxièmement, il faut aussi s'attaquer aux gens, à l'arrivée massive de gens depuis maintenant près d'un an.
00:51 Ce qu'il faut c'est éradiquer, enrayer toute cette pauvreté qui augmente dans le pays
00:56 et qui fait que nous avons aujourd'hui 170 millions de repas servis en une année
01:02 contre 140 l'année dernière. Ça devient intenable.
01:05 Quand on parle de 15 millions d'euros ou alors 5 millions d'euros selon vous, d'une nouvelle enveloppe,
01:10 ça représente combien de repas ?
01:12 5 millions d'euros c'est à peu près 5 millions de repas.
01:15 Et nous en distribuons, je l'ai dit, 170 millions par an.
01:18 Donc le gap est bien plus important que cela.
01:21 D'autres se sont manifestés, il y a eu les pouvoirs publics, mais il y a eu aussi de grandes enseignes, des industriels aussi.
01:26 Vous avez eu beaucoup de propositions depuis hier.
01:28 Alors on en a eu au moins deux d'une part de Carrefour, d'autre part du groupe Intermarché.
01:33 Donc ça aussi c'est une très bonne nouvelle.
01:35 Et un certain nombre de ces industriels nous aident déjà.
01:38 De quelle ordre de grandeur d'ailleurs ?
01:40 Je crois qu'Intermarché c'est de l'ordre d'un million d'euros.
01:42 Un don en produits en nature de l'ordre d'un million d'euros.
01:46 Donc là il faut que ça continue là aussi.
01:48 Mais il faut qu'on aille beaucoup plus loin que simplement nous aider à combler le trou de cette année.
01:53 Là on a besoin de mesures structurelles.
01:55 Vous allez être obligé de baisser les seuils qui permettent de bénéficier de l'aide.
01:59 Ça veut dire, j'entendais le chiffre de 150 000 personnes qui vont être éconduites dans les prochaines semaines.
02:05 Ça va se passer comment ?
02:06 C'est ce qui est le plus terrible pour les gens, pour les personnes accueillies bien entendu en premier.
02:10 Mais pour les bénévoles aussi qui vont pour la première fois de l'existence des restos en près de 40 ans.
02:15 Nous allons être obligé non seulement de diminuer le nombre de gens que nous allons servir chaque semaine.
02:20 Mais on va aussi être obligé de diminuer la dotation que nous leur donner chaque semaine.
02:24 C'est absolument terrible et insupportable pour les bénévoles.
02:27 Mais concrètement ça va se passer comment ?
02:29 Désolé on ne peut pas vous aider ?
02:30 Mais voilà, si vous voulez il y a un seuil.
02:32 On compare le reste à vivre une fois.
02:34 On compare les revenus moins les charges moins le loyer.
02:37 On compare à un seuil.
02:38 Et si les gens sont au-dessus on ne peut plus les prendre.
02:41 Et ça c'est dès maintenant ?
02:42 Ça va être dès le mois de novembre.
02:44 Dès le mois de novembre.
02:45 Vous ne pouvez plus servir tout le monde à partir du mois de novembre.
02:47 Vous avez demandé un plan d'urgence alimentaire.
02:51 Qu'est-ce que c'est ?
02:52 Un plan d'urgence alimentaire il doit avoir deux volets.
02:54 Le premier c'est aider les associations d'aide alimentaire à passer ce cap extrêmement difficile.
03:00 Et puis le deuxième volet dont je parlais c'est faire en sorte que le tsunami de personnes que nous accueillons depuis un an s'arrête et diminue.
03:07 Et donc ça ce sont des mesures structurelles, politiques qu'il appartient au pouvoir public de prendre.
03:12 Nous je ne peux pas vous dire ce que ça sera.
03:14 Mais il y a vraiment une urgence à faire en sorte que des gens en France ne souffrent pas de la faim comme nous le constatons aujourd'hui.
03:21 Ce qu'on a entendu juste avant vous avec le panier France Info, c'est le fait que pour la première fois, pour la deuxième fois pour être précis, depuis maintenant dix mois,
03:31 les prix de certains produits alimentaires semblent stagner.
03:35 L'ensemble de notre panier il reste très élevé mais il stagne.
03:38 Est-ce que c'est de nature à vous rassurer ?
03:40 Tant mieux. Mais si j'ai bien écouté votre collègue, c'est encore assez marginal et assez faible.
03:45 Et les produits alimentaires et les produits de première nécessité ou l'énergie, c'est une inflation à plus de 20%.
03:51 On a eu sur certains produits le sucre 50%.
03:53 Oui, on disait le sucre c'est 1,48€ contre 95 centimes.
03:56 Donc il va falloir aller vraiment beaucoup plus loin dans la déflation que ce que l'on a pu constater encore aujourd'hui.
04:02 On parle beaucoup de la rentrée. Aujourd'hui c'est une rentrée qui est contrainte.
04:05 Il y a beaucoup de dépenses contraintes, vous parliez des prix des carburants. Ça vous inquiète là aussi ?
04:08 Les prix des carburants, le prix des affaires scolaires qui sont extrêmement chères.
04:11 Et les gens que nous accueillons ont du mal à acheter toutes les affaires scolaires qui sont nécessaires pour leurs enfants.
04:16 Vous demandez aux particuliers de vous aider aussi. On a parlé des grandes entreprises, on a parlé des pouvoirs publics.
04:20 Les particuliers peuvent aussi vous aider ?
04:22 Bien sûr, et ils n'arrêtent pas. L'essentiel de nos ressources ce sont les particuliers, ce sont les donateurs.
04:27 Y compris des tout petits donateurs qui peuvent donner 20-30% par an, 30€ par an.
04:31 On rappelle, 1€, 1 repas.
04:34 Voilà, à peu près. Parce que quand on nous donne 1€, nous avec la mobilisation des bénévoles,
04:38 toute l'activité que nous avons, nous déployons sur le terrain 5€ pour nos missions sociales.
04:43 Merci beaucoup Yves Mérillon, porte-parole des Restos du Coeur.
04:45 Je précise que Radio France est aux côtés des restos et se mobilise pour donner aux Restos du Coeur.
04:51 Rendez-vous sur votre site, restosducoeur.org. Par courrier, chèque, à l'ordre des Restos du Coeur.
04:57 Je vous redonne l'adresse si vous ne l'avez pas, les restaurants du coeur, services donateurs, 42 rue de Clichy.
05:02 Dans le 9ème arrondissement à Paris. Merci et bonne journée.
05:06 Merci à vous.