Jérôme Lament, coproducteur des « Rencontres du Papotin » : « Les invités repartent toujours secoués »

  • l’année dernière
L’émission atypique de France 2, où les journalistes sont atteints de troubles autistiques, accueille samedi soir la comédienne Virginie Efira

C’est une pépite comme la télévision en propose hélas trop peu. « Les rencontres du Papotin » réussit l’exploit de convaincre à la fois le public et la critique. Autour de 3 millions de téléspectateurs ont suivi ces entretiens du samedi à 20h30 sur France 2 depuis la rentrée de septembre, c’est même monté jusqu’à 5 millions lorsqu’Emmanuel Macron est venu dialoguer avec ces journalistes pas comme les autres : tous sont atteints de troubles du spectre autistique. Pendant 30 minutes, les personnalités conviées fendent l’armure face aux questions franches, poétiques, émouvantes ou drôles de leurs interlocuteurs. L’actrice récemment Césarisée Virginie Efira s’est prêtée à l’exercice, avant Josiane Balasko le mois prochain. Jérôme Lament, l’un des producteurs de l’émission, est l’invité médias de Célyne Baÿt-Darcourt

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Transcript
00:00 Bonjour Jérôme Laman, ce sont des moments rares que vous nous offrez depuis la rentrée
00:04 sur France 2 et c'est l'occasion de vous en remercier.
00:06 Des personnalités viennent devant la rédaction du journal Le Peuple Autain qui existe depuis
00:09 plus de 30 ans et dont la particularité est d'être composé d'hommes et de femmes porteurs
00:14 de troubles autistiques.
00:15 Ça donne des interviews sans filtre avec beaucoup d'humanité et de sincérité.
00:20 Après Gilles Lelouch, Camille Cotin, Julien Doré et Emmanuel Macron, c'est Virginie
00:24 Fira qui est invitée cette semaine.
00:26 À la fois bon et mauvais timing, parce qu'elle est dans l'actualité mais elle n'avait
00:30 pas encore eu son César quand vous l'avez reçu.
00:32 Vous vous êtes dit quoi, pas de bol ou si ça tombe bien ?
00:35 On s'est dit qu'on était content parce que finalement on avait fait un bon choix
00:39 d'une personnalité qui allait être mise à l'honneur et que le timing était bon.
00:43 Les audiences sont formidables, autour de 3 millions de téléspectateurs et même 5
00:47 millions pour Emmanuel Macron le samedi à 20h30, ce n'est pas encore le prime time.
00:51 Vous vous attendiez à cela ?
00:52 On s'attendait au succès vous voulez dire ?
00:54 Non, on ne s'attend jamais au succès.
00:57 On était déjà tellement content que l'émission existe, parce qu'elle est quand même atypique
01:03 vous l'avez dit, que finalement que les spectateurs, les téléspectateurs soient là, c'est un
01:08 cadeau en plus.
01:09 Que la chaîne a quand même bien aidé parce qu'on est à 20h30 le samedi, c'est un
01:12 carrefour d'audience important.
01:13 Et ça c'est vraiment France Télé, tout le staff de France Télé qui a fait ce pari.
01:19 Un pari réussi, on est content.
01:20 Ça a été compliqué à monter cette émission ?
01:22 Oui et non en fait.
01:26 Oui c'est compliqué parce que c'est un format atypique, avec des gens atypiques.
01:34 Donc on avait envie de respecter ce qu'ils sont cette rédaction et que du coup ça nous
01:41 a pris du temps.
01:42 C'est une coproduction de quoi ?
01:45 Des Echiosco, avec Tristan Carnet et Clément Chauvin qui sont les coproducteurs avec Hervé
01:50 Rouet et moi-même de l'émission.
01:52 Donc ça nous a pris du temps pour trouver le bon format, la manière dont on avait envie
01:57 de raconter cette rencontre.
01:59 Et donc là ça, ça a pris du temps.
02:01 Ça a pris deux ans de travail.
02:04 On a fait même des tests avec des gens pour comprendre ce qu'on pouvait faire et ne pas
02:10 faire.
02:11 Et après, une fois qu'on a eu une émission dont on était content, ça a été très
02:15 vite.
02:16 La chaîne a tout de suite eu le coup de cœur.
02:17 Anne Holmes et Stéphane Sidbon ont tout de suite sauté sur l'occasion pour prendre
02:23 le format.
02:24 Mais avant cela, comment il est né ce projet ? Parce qu'on parle d'Olivier Nacache,
02:27 Eric Toledano.
02:28 Qu'est-ce qu'ils ont fait dans l'histoire ?
02:29 Ils sont à l'origine de tout.
02:31 Ils ont rencontré la rédaction du Papotin après Intouchables et ils ont eu un coup
02:40 de cœur.
02:41 Et moi, je travaille avec eux depuis de nombreuses années et du coup, je les ai rencontrés
02:47 par leur intermédiaire.
02:49 Ils sont restés en contact avec l'association.
02:52 Ils leur ont donné un coup de main quand Marc Lavoine a passé le relais, du coup à
02:57 Eric Toledano et Olivier Nacache.
02:59 Et puis un jour, après le premier confinement, je suis arrivé dans leur bureau et je leur
03:05 ai dit "mais il faut absolument qu'on continue à mettre en valeur le Papotin et on ne pourrait
03:09 pas essayer de monter une émission de télé".
03:11 C'est encore eux qui ont un peu tout accéléré, tout lancé.
03:14 Et donc du coup, on a la chance de les avoir avec nous.
03:19 Alors, on peut tout dire au Papotin, c'est le slogan du journal.
03:22 Est-ce que les journalistes posent vraiment toutes les questions qu'ils veulent ou alors
03:25 parfois ça va beaucoup trop loin dans l'intimité, dans la franchise et vous les freinez pendant
03:30 la préparation ?
03:31 Alors, on peut tout dire au Papotin.
03:33 Et ce n'est pas un vain mot parce que c'est la vérité.
03:35 Ils disent ce qu'ils veulent, sans contrôle, alors de la part de la production, jamais,
03:43 de la part de personne en fait.
03:45 Non, il n'y a aucun contrôle sur la nature de leurs questions.
03:47 Tout notre travail en production, c'est de leur présenter l'invité, d'essayer
03:52 de voir ce qui peut résonner avec eux.
03:54 Et après, ils peuvent préparer des questions avec leurs éducateurs qui sont au quotidien
03:59 avec ces jeunes et qui ont une place hyper importante dans la fabrication de l'émission.
04:04 Et après, arriver sur le plateau, il se passe ce qui se passe.
04:07 Et nous, notre boulot, c'est d'essayer de garder au maximum cette spontanéité pour
04:13 en faire un moment de rencontre en fait.
04:15 On écoute un extrait de l'émission de Demain soir avec Virginie Effira.
04:18 Bonjour Madame Effira.
04:21 Bonjour.
04:22 Moi c'est Arnaud Endy.
04:23 Bonjour Arnaud Endy.
04:25 Tu es très belle.
04:26 C'est gentil.
04:27 L'amour, avoir une femme pour draguer et s'embrasser sur la bouche.
04:33 Une femme, une fille, une copine.
04:36 Toucher, caresser mes épaules, mes fesses, mes cuisses, mon dos, mes tibias, ma joue,
04:44 mes oreilles, ma bouche, mes pieds, mes bras, mes mains, mes aisselles.
04:49 Je vous remercie Madame de m'avoir écouté.
04:54 J'ai fini avec ma présentation.
04:56 Je vous remercie Madame de m'avoir écouté.
04:58 Jérôme Laman, vous saviez qu'il allait lire ce texte ?
05:01 Oui, il nous l'avait proposé le texte.
05:04 C'est le travail de Julien Bancillon qui est le rédacteur en chef de l'émission,
05:11 rédacteur en chef du journal du Papotin, et qui est en contact avec ces jeunes tout
05:17 le temps puisqu'il est aussi psychologue à l'hôpital de Jour d'Anthony, là où
05:21 est né le Papotin.
05:22 Donc oui, il reçoit des textes, des dizaines de textes toutes les semaines.
05:26 Donc quand on leur demande de travailler sur une personnalité, ils envoient des textes.
05:30 Arnaud, il avait aussi fait un texte sur Emmanuel Macron.
05:33 Il avait résumé, il fait des listes, Arnaud, et il avait résumé le premier mandat avec
05:38 une série d'événements qui est aussi passée à l'antenne.
05:41 Donc oui, on le savait.
05:42 Comment ça s'est passé justement avec le président de la République ? Il a accepté
05:46 facilement d'abord de venir ?
05:47 Il a accepté facilement, oui.
05:50 Et est-ce qu'il a posé des conditions ?
05:51 Alors non, il n'a posé aucune condition.
05:55 Mais ça, c'est la beauté de la France et de la démocratie, très honnêtement.
05:59 C'est que, voilà, il n'y a eu aucune condition.
06:04 Nous, on a posé la condition de le traiter de la même manière que les autres invités.
06:07 Donc qui viennent à l'enregistrement à l'Institut du Monde Arabe, qui nous donnent
06:11 le même temps que ce que les autres invités nous donnent, parce que c'est un enregistrement
06:15 assez long en fait.
06:16 Et vous ne gardez que 30 minutes.
06:18 On ne garde que 30 minutes.
06:19 Ce qui est très frustrant.
06:20 Ce qui est frustrant pour nous aussi.
06:22 C'est la case qui l'impose.
06:23 On a souvent beaucoup plus.
06:25 Mais bon, 30 minutes, c'est bien en tout cas.
06:28 C'est super comme ça.
06:29 Donc non, aucune condition.
06:31 Et les journalistes du papautin ne s'embarrassent pas des codes de la profession.
06:35 Et c'est ça qui rend l'interview d'ailleurs passionnante.
06:37 Ils ne sont eux-mêmes pas dans une posture pas impressionnée non plus.
06:39 Et du coup, les invités deviennent "normaux".
06:41 Est-ce qu'Emmanuel Macron, par exemple, a utilisé les habituels éléments de langage
06:46 des politiques ?
06:47 Ça, c'est vous qui pourrez le dire en tant que journaliste.
06:50 Est-ce que vous trouvez qu'il a utilisé les mêmes langages ?
06:52 En fait, si on fait une petite analyse, il a deux manières de répondre aux questions.
06:57 Une manière où il utilise ses éléments de langage, quand il est positionné sur une
07:00 question classique.
07:01 Bon, la Russie, par exemple, c'est plus classique dans sa manière d'aborder une question.
07:08 Par contre, quand on touche à d'autres sujets plus personnels ou intimes, là, non.
07:15 C'est plus le président, mais c'est plus l'homme qui répond.
07:18 Et que vous disent les invités quand ils repartent ?
07:20 Les invités, quand ils repartent, ils sont toujours secoués.
07:23 D'abord parce que c'est long.
07:24 Ça dure trois heures d'enregistrement.
07:26 Donc c'est une rencontre de trois heures.
07:28 Parce que les jeunes ont plein de questions à poser et qu'on a envie que tous les jeunes
07:31 posent leurs questions, même si elles ne sont pas toujours gardées au montage.
07:35 Donc c'est long, c'est un vrai moment de rencontre.
07:38 Et ça, c'est quelque chose auquel on tient.
07:41 Et ils sont souvent un peu groguis.
07:44 D'abord parce que répondre à des questions pendant trois heures, c'est long pour tout
07:47 le monde.
07:48 Et puis ils sont groguis parce qu'ils sont aussi désarçonnés, qu'on voit un peu à
07:51 l'image au sein de l'émission.
07:53 Et ça, c'est la réalité de la situation.
07:55 Ils repartent souvent un peu chancelants en se disant "j'ai eu une rencontre".
08:00 Est-ce que certains que vous contactez refusent de venir ? Parce qu'en effet, ce n'est
08:04 pas une interview comme les autres.
08:06 Oui, c'est arrivé.
08:07 Ils sont mal à l'aise ?
08:08 Ce n'est pas qu'ils sont mal à l'aise, mais on a eu certaines fois une franchise
08:13 où ils disaient "je ne me sens pas bon pour faire ce genre de rencontre".
08:17 Et à l'inverse, est-ce que certaines personnalités aujourd'hui vous disent "j'ai envie de
08:21 venir au Pas-Prétent ?"
08:22 On a aussi ça, tout à fait.
08:23 On a eu plein à la suite de Gilles Lelouch, beaucoup.
08:26 Et à la suite d'Emmanuel Macron, plus l'émission gagne en notoriété, plus les gens viennent
08:31 pour proposer de venir.
08:33 Et les papotins, les journalistes du papotin, comment ils vivent leur nouvelle notoriété ?
08:37 Est-ce qu'ils ont changé ?
08:38 Non, les journalistes du papotin, ils n'ont pas changé.
08:42 Ils sont assez fiers.
08:44 Ils sont surtout fiers du regard de leur entourage.
08:47 Donc ça, c'est bien.
08:49 Parce que eux, ils ont du plaisir.
08:52 Parfois, ils ne regardent pas l'émission.
08:53 Parfois, ils le regardent dans leur foyer.
08:55 En fait, on ne sait pas vraiment.
08:56 Mais ce qui est sûr, c'est que leur entourage, alors ça peut être la boulangère, je parle
09:02 d'Otto parce que c'est lui qui dit "le malin au président" qui se fait reconnaître
09:07 dans la rue par ses commerçants de son quartier.
09:10 Ou c'est la famille aussi, qui du coup a une certaine fierté quand ils voient l'image
09:14 que leur enfant ou leur cousin pose une question à une personnalité.
09:19 Virginie Effira demain, on peut dire le nom des prochains invités ?
09:23 On a Josiane Balasco qui suivra.
09:26 Et après, ça sera une petite surprise, on aura le plaisir de revenir.
09:29 Merci beaucoup d'être venu nous voir Jérôme Lalland.
09:31 Merci à vous de m'avoir reçu.

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