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Piper Alpha est une ancienne plate-forme pétrolière située au large des côtes écossaises. Le 6 juillet 1988, une explosion et l'incendie qui s'ensuivit la détruisirent, faisant 167 morts. Revivez les minutes de ce drame.

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00:00 [Générique]
00:15 Salut à tous, merci d'être fidèles au rendez-vous de la Minute de Vérité,
00:18 l'émission qui décrypte les moments clés d'une catastrophe
00:20 qui est entrée dans la mémoire collective.
00:22 C'est le cas de cette terrible explosion qui a eu lieu en mer du Nord
00:25 le 6 juillet 1998 au large de l'Ecosse,
00:28 pour se dresser l'énorme plateforme pétrolière Alpha, l'une des plus prolifiques.
00:32 Mais ce jour-là, à cette minute-là, les choses ne vont pas se dérouler comme prévu,
00:36 167 personnes vont mourir.
00:38 Voici votre docu-réalité, la Minute de Vérité,
00:42 et c'est tout de suite sur Direct 8.
00:44 [Générique]
00:48 Piper Alpha, une des plateformes de forage les plus productives de la mer du Nord.
00:52 Une vraie ville bâtie sur les flots,
00:54 où plus de 200 ouvriers travaillent pour extraire du pétrole 24h/24.
00:58 Jusqu'au jour où la catastrophe arrive.
01:01 167 hommes trouvent la mort en 1h30.
01:05 Aujourd'hui, grâce à des techniques informatiques de pointe,
01:10 nous allons vous révéler ce qui s'est exactement passé.
01:12 [Générique]
01:17 Les catastrophes ne se produisent pas par hasard.
01:20 Elles sont causées par un enchaînement d'événements critiques
01:22 dont la chronologie est déterminante.
01:24 Et aujourd'hui, nous allons remonter le fil de ces instants fatidiques
01:27 jusqu'à la Minute de Vérité.
01:29 [Générique]
01:34 L'Europe.
01:36 L'Écosse.
01:38 La mer du Nord.
01:40 Le mercredi 6 juillet 1988.
01:44 Piper Alpha se trouve à 176 km de la ville d'Aberdeen,
01:49 au milieu de la mer du Nord, une mer souvent difficile.
01:52 [Générique]
01:56 La plateforme est conçue pour résister à des vents de 185 km/h
02:01 et à des vagues hautes de 28 m.
02:03 [Générique]
02:09 Plus de la moitié de la structure est immergée.
02:11 Et au total, depuis le fond de la mer,
02:13 Piper Alpha mesure 230 m de haut,
02:16 soit 2 fois et demi la hauteur de la Statue de la Liberté.
02:19 Mais ce jour-là, la mer est calme
02:23 et 226 hommes travaillent à bord de la plateforme.
02:26 Parmi eux, Bob Ballantine, électricien.
02:29 C'était une superbe journée d'été,
02:33 comme on en a parfois en mer du Nord.
02:35 C'était calme, tranquille.
02:37 [Générique]
02:40 Pour que l'immense plateforme fonctionne bien,
02:43 les machines sophistiquées doivent être régulièrement entretenues.
02:46 Un travail sans fin.
02:48 [Générique]
02:51 7h45 du matin.
02:53 Bernard Curtis, le chef de production,
02:55 délivre les permis pour les tâches de maintenance du jour.
02:58 Le règlement très strict de Piper Alpha est en effet conçu
03:02 pour que personne ne puisse travailler sans autorisation écrite.
03:05 C'est là l'un des nombreux systèmes de sécurité
03:08 mis en place sur l'immense plateforme.
03:10 Lorsque 226 hommes vivent et travaillent si près de carburants inflammables,
03:15 on ne peut rien laisser au hasard.
03:19 Piper Alpha est en service depuis 12 ans
03:21 et son rôle premier est de traiter le pétrole.
03:24 Ce processus a lieu à l'étage de production,
03:26 composé de 4 modules.
03:28 Le D contient les groupes électrogènes,
03:31 le C et le B traitent le pétrole et le gaz.
03:34 Enfin, dans le module A, le brut est pompé depuis les fonds marins.
03:40 Aux étages supérieurs, on trouve une vraie ville autonome,
03:45 avec les quartiers d'habitation et les salles de loisirs
03:48 qui accueillent la petite armée d'ouvriers vivant sur Piper Alpha.
03:51 La plateforme fonctionne 24h/24, 7 jours par semaine.
03:57 A l'étage de production,
04:06 deux techniciens de maintenance démontent une vanne de sécurité.
04:09 Une tâche de routine autorisée le matin même.
04:12 Les deux hommes doivent en avoir fini avant la relève,
04:15 à 6h de l'après-midi.
04:17 Pour Jeff Pollans, le chef de car dans la salle des commandes,
04:20 c'est une journée comme les autres.
04:22 Des hommes faisaient de la maintenance,
04:25 les puits de pétrole fonctionnaient,
04:27 les machines comprimaient le gaz, c'était une vraie ruche.
04:30 5h10.
04:34 Jeff Pollans prend son service,
04:36 c'est sa dernière journée de travail avant de revenir à terre.
04:39 C'était une bonne journée,
04:42 parce qu'on était tous contents de rentrer chez nous le lendemain matin.
04:45 C'était une bonne change de journée.
04:47 Dans la salle des commandes,
04:49 Jeff Pollans parle au chef de car qu'il relève,
04:51 pour se mettre au courant du déroulement de la journée.
04:54 Mais rien ne s'est produit qui sorte de l'ordinaire.
04:57 6h de l'après-midi, c'est la relève.
05:07 Mais à l'étage de production,
05:10 le travail sur la vanne de sécurité n'est pas encore terminé.
05:14 Il faudra attendre jusqu'au lendemain matin pour la remplacer.
05:17 Mais ce n'est pas grave,
05:19 car la pompe à laquelle elle est reliée est arrêtée.
05:21 C'est désormais l'équipe de nuit,
05:23 composée de 62 hommes,
05:25 qui fait fonctionner Piper Alpha.
05:27 Les 164 autres membres ne sont pas de service.
05:30 Ils mangent, se détendent ou se reposent dans leur quartier.
05:33 21h45.
05:39 Tout à coup, une alarme interrompt Jeff Pollans dans son travail de routine.
05:44 C'est un signal sonore qui attire l'attention.
05:46 Ensuite, on peut repérer le problème visuellement.
05:49 Ce qu'on appelle la pompe à condensat était tombé en panne.
05:52 Dans le jargon des spécialistes,
05:56 le condensat, c'est le GPL,
05:58 ou gaz de pétrole liquéfié.
06:00 Un liquide volatile et extrêmement inflammable.
06:03 La pompe le comprime à 78 atmosphères,
06:06 soit une pression 45 fois supérieure à celle d'un pneu de voiture.
06:10 L'appareil est tombé en panne,
06:12 mais il en faut plus pour alarmer Jeff Pollans.
06:14 J'ai vu la pompe à condensat tomber en panne de très nombreuses fois,
06:20 100 ou 200 fois peut-être, je ne saurais pas dire.
06:23 C'est quelque chose dont il faut s'occuper,
06:26 mais ce n'est pas un problème majeur.
06:28 Et plus vite on s'en occupe, moins c'est grave.
06:30 Bob Vernon, le chef de maintenance,
06:35 décide de faire un petit test.
06:37 Bob Vernon, le chef de maintenance,
06:39 descend la pompe 9 mètres en dessous de la salle des commandes.
06:42 La remettre en marche devrait être assez simple.
06:45 Mais ce soir-là, les techniciens n'y parviennent pas.
06:48 Piper Alpha continue de produire du condensat liquide.
06:56 Dans moins d'une demi-heure, le réservoir de stockage sera plein
07:01 et les systèmes de sécurité arrêteront le fonctionnement de la plateforme entière,
07:05 ce qui pourrait entraîner une panne de courant.
07:07 Bien que cela ne soit pas dangereux,
07:13 Piper Alpha cessera dès lors de produire du pétrole
07:15 et l'équipe de nuit est prête à tout ou presque pour l'éviter.
07:18 Tout a commencé à se compliquer.
07:23 Ce qui était au départ un incident mineur,
07:25 un problème de routine, a fait boule de neige.
07:27 Normalement, une seconde pompe devrait être disponible,
07:33 mais ce soir, elle est hors service pour maintenance.
07:35 Si l'équipe réussit à la remettre en marche,
07:38 le problème devrait se régler.
07:40 Bob Vernon vérifie rapidement le permis de travail
07:44 et confirme que les tâches de maintenance prévues n'ont pas encore commencé.
07:47 Le chef de production signe donc une autorisation
07:51 pour remettre la seconde pompe en marche afin qu'elle prenne le relais.
07:54 Mais à 21h55, un nouveau problème surgit,
08:01 compliquant encore la situation.
08:03 Une alerte au gaz signale à Jeff Bollands
08:07 une petite fuite à l'étage située au-dessus de la pompe.
08:10 Le chef de car neutralise l'alarme et prévient un autre membre de l'équipe,
08:14 qui se trouve lui aussi près de la pompe en panne.
08:17 Dès lors, la situation s'aggrave rapidement.
08:21 Plusieurs alarmes se déclenchent successivement
08:23 pour signaler d'autres petites fuites de gaz.
08:25 Des alertes suivies d'un signal plus inquiétant encore.
08:30 Elles ont sonné les unes après les autres
08:32 et ensuite on a eu une alerte au gaz majeure,
08:34 ce qui est très rare et très grave.
08:36 Il est maintenant 22h.
08:40 Le capitaine Michael Clegg est à bord du Lowland Cavalier,
08:46 un navire de maintenance qui mouille à seulement 25 mètres
08:49 du pilier sud-ouest de Piper Alpha.
08:51 Tout à coup, il voit une explosion et un éclair de flammes bleus
08:54 jaillir sous la plateforme.
08:59 Dans les quartiers d'habitation,
09:01 Bob Ballantine se dirige vers sa couchette,
09:03 une boisson chaude à la main.
09:05 C'était une explosion énorme.
09:09 J'ai eu l'impression que la plateforme avait été soulevée
09:12 de la mer du Nord et secouée comme un chiffon.
09:15 Par un pur hasard, sur un autre navire tout proche,
09:20 Charles Miller prend des photos pour le projet scolaire de son fils
09:23 lorsqu'il entend l'explosion.
09:27 Lorsqu'il appuie sur le déclencheur,
09:29 une deuxième déflagration secoue la plateforme.
09:32 Charles Miller récolte ainsi les premières preuves photographiques
09:35 de ce qui va devenir une catastrophe majeure.
09:38 226 hommes sont bloqués sur la plateforme,
09:42 désormais la proie des flammes.
09:44 En très peu de temps, l'incendie va en effet prendre
09:50 des proportions considérables.
09:52 La plateforme pétrolière Piper Alpha devient un enfer.
09:56 - Ça va !
09:58 - Toujours 22h.
10:03 Pour Jeff Bollans, dans la salle des commandes,
10:05 c'était une journée comme les autres,
10:07 jusqu'à ce que la déflagration le jette à terre.
10:10 - Quand l'explosion s'est produite,
10:14 je me suis retrouvé projeté de l'autre côté de la pièce,
10:17 5 ou 7 mètres plus loin.
10:19 Les lumières se sont éteintes, les turbines se sont arrêtées,
10:21 et il y avait beaucoup de fumée.
10:24 Immédiatement, Jeff Bollans fait ce qu'il a été entraîné à faire.
10:28 Il appuie sur le bouton d'arrêt d'urgence,
10:30 puis quitte la salle des commandes anti-tubants.
10:33 Des vannes ferment automatiquement
10:37 toutes les principales conduites de pétrole et de gaz,
10:40 et les énormes groupes électrogènes s'arrêtent.
10:43 Mais le principal panneau d'alarme a été détruit,
10:47 et aucune sirène ne se déclenche.
10:49 Un étrange silence s'abat sur la plateforme,
10:52 habituellement si bruyante.
10:54 22h05.
11:05 Ce film amateur tourné depuis un bateau
11:08 montre Piper Alpha juste après la première explosion.
11:12 Sur la plateforme en proie à l'incendie,
11:16 Jeff Bollans et 20 de ses collègues
11:18 sont encerclés par les flammes et la fumée.
11:22 À 20 m au-dessus des flots,
11:24 ils sont pris au piège et il leur faut réfléchir vite.
11:28 Il n'y avait aucune issue, à part vers le bas.
11:32 Un des gars a trouvé une corde qu'il a attachée au garde-fous
11:35 et on a commencé à descendre.
11:37 Lorsque les hommes atteignent une plateforme
11:41 située à 6 m au-dessus de la mer,
11:43 ils se jettent à l'eau.
11:45 Un bateau de sauvetage mouille en permanence
11:47 à proximité de Piper Alpha,
11:49 et d'autres navires sont là pour installer des pipelines sous-marins.
11:53 Tous envoient des canaux pour récupérer les survivants
11:56 et en l'espace de 5 minutes,
11:58 Jeff et ses collègues sont tirés des flots.
12:01 Eux ont eu de la chance.
12:03 22h20.
12:08 Piper Alpha est secoué par une deuxième explosion colossale
12:12 que l'on peut voir sur ce film.
12:14 Une grande partie de la plateforme est engloutie
12:18 par une énorme boule de feu.
12:20 Du canau de secours, Jeff Pollans peut tout voir.
12:26 La chaleur était intense,
12:28 alors qu'on était à une centaine de mètres.
12:30 En voyant la plateforme, on se serait cru dans un film catastrophe.
12:33 Une centaine d'hommes sont rassemblés dans la cantine.
12:38 Cette salle est l'un des principaux points de rendez-vous en cas d'urgence,
12:41 en raison de sa proximité avec l'héliport.
12:45 Mais ils ignorent que l'air d'atterrissage est déjà englouti par les flammes et la fumée.
12:50 Un sauvetage par hélicoptère est donc impossible.
12:53 La fumée commence à s'infiltrer dans la pièce
12:58 et les travailleurs pris au piège craignent pour leur vie.
13:01 Quelqu'un a crié en disant qu'il avait peur.
13:06 Et une autre voix a répondu en criant
13:08 "Tu as peur ? On a tous peur."
13:14 Le plan d'évacuation prévoit que les hommes attendent l'arrivée des secours dans la cantine.
13:18 Mais personne ne vient.
13:20 Tandis que la situation empire,
13:23 Jim Macdonald, ouvrier grimpeur, décide de tenter sa chance.
13:27 Mais ses collègues pris au piège avec lui s'accrochent à l'espoir que les secours vont arriver.
13:31 J'ai dit je vais descendre par mes propres moyens.
13:34 Si vous vous en tirez tant mieux, mais moi je vais essayer.
13:37 Jim Macdonald travaille sur Piper Alpha depuis 12 ans
13:43 et son idée est de passer par la buanderie pour s'extraire du piège.
13:47 J'ai été à la buanderie, mais quand je suis rentré, c'était pas la buanderie,
13:54 c'était la chambre de quelqu'un.
13:56 Et je me suis dit "Oh mon dieu" et je me suis assis au coin du couloir.
13:59 Désorienté par l'épaisse fumée, Jim Macdonald est perdu.
14:06 Et avec chaque seconde qui passe, ses chances de survie diminuent.
14:10 [Musique]
14:20 22h30.
14:22 Dave Lambert fuit à son tour la cantine avec quelques collègues.
14:26 A la différence de Jim Macdonald, le groupe réussit à sortir à l'air libre,
14:30 mais sur la plateforme en flammes, les hommes sont encerclés par l'incendie.
14:34 Les flammes se rapprochaient sans cesse et on n'avait que deux solutions,
14:38 revenir à l'intérieur ou se réfugier dans une petite baraque en métal.
14:41 Mais une fois à l'intérieur de la baraque, ils réalisent qu'ils sont pris au piège.
14:47 Je pensais pas qu'on pourrait s'en sortir honnêtement.
14:52 On était bloqués, il y avait le feu et pas d'issue.
14:55 On était coincés.
14:56 Dans les quartiers d'habitation, Jim Macdonald comprend subitement
15:06 qu'il s'est trompé d'étage et qu'il lui faut descendre.
15:09 Il fait alors un dernier effort pour trouver une issue en passant par la buanderie.
15:14 J'ai ouvert la porte en me disant "Mon Dieu, faites que ce soit la buanderie".
15:23 Là, je suis rentré et j'ai touché les machines à laver.
15:26 Une fois à l'extérieur, Jim Macdonald court au milieu des flammes
15:33 et descend à une plateforme sur l'un des piliers.
15:35 Puis il saute et fait une chute de 21 mètres dans les eaux glacées de la mer du Nord.
15:39 Quand j'ai frappé la surface de l'eau, je me suis enfoncé et c'était très agréable.
15:45 C'était très calme.
15:47 Et tout à coup, je suis remonté.
15:51 Jim Macdonald s'accroche à un pilier de la plateforme
15:58 jusqu'à ce que des sauveteurs le hissent à bord d'un canot.
16:04 Les larmes ont commencé à couler sur mes joues.
16:06 Et un jeune homme m'a dit "Vous n'avez pas besoin de pleurer, vous êtes sauvé".
16:09 Et je lui ai dit que je pleurais de joie. J'étais si content.
16:12 Sous la plateforme, Ian Letham pilote un autre canot de secours.
16:20 Ses photographies montrent son équipage en action.
16:24 Les sauveteurs réussissent à hisser six survivants hors de l'eau.
16:27 On a sorti les deux derniers et on s'est dit "Bon, on y va".
16:32 Et là, on a réalisé qu'on était encerclé par les débris de la plateforme.
16:36 Tandis que l'incendie fait rage au-dessus de leur tête,
16:41 les sauveteurs tentent désespérément de se frayer un chemin.
16:44 33 mètres plus haut, Bob Ballantine et quelques collègues
16:51 descendent eux aussi de la plateforme pour s'enfuir.
16:54 Mais l'électricien décide de prendre un autre chemin.
16:59 Je ne sais pas pourquoi j'ai changé d'avis.
17:02 J'ai dit "Non, je ne veux pas passer par là".
17:05 Tandis que ses amis restent du côté ouest de la plateforme,
17:10 Bob Ballantine commence à descendre acrobatiquement du côté est.
17:14 Un choix qui va lui sauver la vie.
17:17 22h49. En dessous de Bob Ballantine,
17:25 Ian Letham, le pilote du canot de sauvetage,
17:28 tente de se frayer un chemin à travers les débris.
17:31 La chaleur est insupportable.
17:34 C'était comme si on était sous un grill géant, tellement il faisait chaud.
17:37 Je me souviens avoir dit à mes collègues "Il faut qu'on parte, ça devient vraiment mauvais".
17:41 Et une fraction de seconde après ça, il y a eu un grand "Wouf"
17:48 et j'ai repris conscience dans l'eau.
17:55 22h50. Une autre explosion colossale secoue la plateforme,
17:59 éparpillant des débris à plus de 800 mètres à la ronde.
18:03 Les vibrations se font sentir jusqu'au bateau se trouvant à 1,5 km de là.
18:09 La boule de feu engloutit alors le canot d'Ian Letham.
18:12 Il ne reverra plus jamais l'embarcation,
18:17 ni son équipage et les six rescapés tirés des flots.
18:22 Ian Letham nage alors jusqu'à l'un des piliers de la plateforme en flammes
18:25 où s'accroche déjà un autre survivant.
18:28 J'ai regardé de l'autre côté du pilier et j'ai vu ce monsieur Bob Ballantine.
18:35 Ian est passé à côté et je l'ai hissé vers moi, juste pour avoir de la compagnie.
18:42 On avait besoin de ne pas être seul.
18:45 Les deux hommes s'accrochent au pilier et la plateforme entière tremble,
18:51 tandis que l'incendie fait rage.
18:54 À chaque explosion, ça tremblait et ce pilier était immense.
18:58 On s'y accrochait et il faisait de plus en plus chaud.
19:01 Je commençais à avoir des cloques sur les oreilles.
19:04 Bob Ballantine et Ian Letham se jettent alors à la mer.
19:07 Avec l'énergie du désespoir, ils nagent vers un bateau et l'équipage les sort de l'eau.
19:12 Tous deux se trouvent dans un état d'épuisement et souffrent de brûlures.
19:19 Pendant ce temps, sur la plateforme en flammes, Dave Lambert n'est plus coincé dans sa baraque en métal.
19:24 L'explosion phénoménale de 22h15 la détruit en partie, créant ainsi une nouvelle issue.
19:30 Si cette explosion n'avait pas détruit un bout de la baraque, je crois qu'on n'aurait pas survécu.
19:37 Il n'y avait pas d'autre issue.
19:39 Il sort en courant, mais la plateforme est toujours livrée aux flammes,
19:44 à 45 mètres au-dessus du niveau de la mer.
19:47 Lorsqu'il atteint le garde-corps, une nouvelle explosion le propulse dans les airs et il tombe à l'eau.
19:53 Incroyablement, il survit à sa chute et aperçoit les canaux de sauvetage.
20:00 Mais épuisé par ces épreuves, il ne peut les atteindre.
20:05 Je n'avais plus d'énergie.
20:08 Et je me suis dit, mon Dieu, ne me laissez pas me noyer, maintenant que je suis presque arrivé.
20:14 Mais la chance phénoménale de Dave Lambert ne l'abandonne pas.
20:17 Au dernier moment, des sauveteurs l'aperçoivent et viennent le chercher avec leur canot.
20:21 Tandis que l'on porte secours au dernier survivant, Piper Alpha commence à s'effondrer.
20:27 23h20, une nouvelle explosion ébranle violemment la plateforme.
20:33 Piper Alpha vit désormais ses derniers instants.
20:42 L'une des grues s'effondre, bientôt suivie de la tour de forage.
20:46 La plateforme entière commence à pencher vers l'est.
20:50 Le bloc d'habitation principal, renfermant la cantine où les travailleurs se sont rassemblés,
20:56 se renverse vers le nord et s'enfonce sous les flots.
20:59 Aucun sauvetage n'est possible.
21:02 Puis le reste de la plateforme s'effondre à son tour.
21:08 A une heure moins le quart du matin, Piper Alpha et ses 20 000 tonnes de structure ont disparu, corps et biens.
21:14 Il ne subsiste qu'une toute petite section qui appartenait au module A.
21:20 226 hommes se trouvaient à bord de Piper Alpha.
21:26 165 ont trouvé la mort, ainsi que deux sauveteurs.
21:30 La tragédie prend tout le monde par surprise.
21:35 Car le pétrole de la mer du nord fait la fierté de la Grande-Bretagne.
21:38 Il rapporte énormément d'argent à l'État.
21:41 Et c'est la première fois dans l'histoire de l'industrie pétrolière qu'une plateforme s'abîme en mer.
21:46 Dans le monde entier, les travailleurs offshore se sentent soudain menacés.
21:50 La catastrophe de Piper Alpha s'est déroulée en une heure et demie seulement.
21:57 Aujourd'hui, en analysant le fil des événements pour mener une enquête approfondie,
22:01 nous pouvons reconstituer ce qui s'est effectivement passé.
22:05 Qu'est-ce qui a déclenché l'enchaînement fatal des événements ?
22:09 Et comment une plateforme qui avait fonctionné de façon fiable pendant 12 ans s'est-elle soudain transformée en brasile ?
22:16 Grâce à des simulations informatiques sophistiquées, nous allons pénétrer le cœur de la catastrophe.
22:23 Là où aucune caméra ne peut aller.
22:25 Pour le gouvernement britannique, l'enquête qui s'ouvre est la plus importante jamais entreprise.
22:32 Lord Cullen, le juge, fait appel à 89 experts chargés d'analyser chaque seconde de la catastrophe.
22:38 Mais l'ampleur des dégâts est telle qu'il reste très peu d'indices.
22:45 Deux ans durant, Rod Sylvester Evans a collaboré à l'enquête.
22:49 - Il n'y avait plus rien.
22:55 A l'exception d'une partie du module A qui était restée debout,
22:59 le reste de la plateforme et toutes les parties intéressantes avaient été perdues.
23:03 Les débris de la plateforme étant éparpillés au fond de la mer, à 145 mètres sous la surface,
23:11 les enquêteurs ne peuvent se baser que sur les témoignages des techniciens,
23:15 ainsi que sur les photographies prises par Charles Miller, d'une importance capitale.
23:19 C'est à partir de ces bribes d'informations qu'ils doivent résoudre le mystère.
23:23 Ils commencent par interroger les survivants.
23:27 - Le témoignage de M. Bolands, le chef de car dans la salle des commandes,
23:31 était d'une importance capitale.
23:33 Il avait constaté une série d'alertes au gaz juste avant la première explosion.
23:38 Une heure et 35 minutes avant la catastrophe,
23:47 les alertes au gaz ont toutes été signalées à l'étage de production.
23:51 Les enquêteurs étudient donc les 4 modules de 15 mètres sur 46 qui le constituent.
23:56 Ils en concluent que toutes les alertes proviennent de la même zone, le module C.
24:02 Un autre indice vient le confirmer.
24:07 À bord de son navire, le Lowland Cavalier,
24:10 le capitaine Michael Clegg a vu un éclair bleu jaillissant de ce même endroit.
24:14 - C'est un éclair bleu.
24:16 - C'est un éclair bleu.
24:20 Ces deux données sont suffisamment probantes pour convaincre les enquêteurs
24:23 que le module C a forcément été à l'origine de la catastrophe.
24:27 Mais l'éclair de flammes bleues doit avoir une source de matière combustible.
24:34 Piper Alpha extrait 3 produits extrêmement inflammables.
24:38 Du gaz naturel, du GPL, gaz de pétrole liquéfié,
24:43 également appelé condensat, et du pétrole brut.
24:47 N'importe lequel de ces 3 hydrocarbures a pu déclencher la catastrophe.
24:52 Les enquêteurs s'intéressent pour commencer aux principales combustibles
24:57 produits sur la plateforme.
24:59 Le pétrole brut, un corps qui brûle de façon caractéristique.
25:03 Le professeur Dougal Dreesdale est expert en incendie.
25:07 - Lorsqu'on met le feu à du pétrole, sa surface brûle
25:11 et les flammes ont une apparence caractéristique.
25:14 Elles sont généralement grandes et noires comme de l'assuie.
25:18 Or, la première explosion n'était pas une grande flamme noire
25:23 comme de l'assuie, mais un éclair bleu.
25:26 Dougal Dreesdale en conclut donc qu'il ne peut pas s'agir de pétrole brut.
25:30 Reste le gaz naturel et le condensat.
25:33 Le gaz naturel étant plus léger que l'air, il tente à s'élever,
25:38 alors que le condensat est plus lourd et tombe.
25:41 Les enquêteurs réexaminent le témoignage du capitaine Clegg
25:46 et font alors une première découverte capitale.
25:50 L'homme a en effet vu l'éclair jaillir dessous le module C.
25:54 La source de combustible doit donc être plus lourde que l'air.
25:58 C'est forcément du condensat.
26:01 Mais selon les enquêteurs, cette première explosion
26:07 était relativement faible, à peine l'équivalent
26:10 d'un réservoir de voiture plein d'essence.
26:13 Dès lors, comment une petite déflagration dans un module
26:16 a-t-elle pu aboutir à une telle catastrophe ?
26:19 L'effondrement d'une immense structure de 20 000 tonnes.
26:22 Car c'est à la suite d'une série de violentes explosions et d'incendies
26:28 que Piper Alpha a été détruite et que 167 hommes ont trouvé la mort.
26:32 Un drame qui a secoué l'ensemble de l'industrie pétrolière
26:35 dans le monde entier.
26:38 Petit à petit, les enquêteurs tentent de reconstituer
26:42 ce qui s'est effectivement passé.
26:44 Et leurs premières conclusions les laissent quelque peu perplexes.
26:47 Il y a donc eu une petite explosion de condensat.
27:02 Et ce, dans le module C.
27:05 Mais comment cela se fait-il ?
27:12 Il n'y en a normalement pas dans cette zone.
27:16 D'où provenait la fuite ?
27:18 Pour obtenir des réponses, les enquêteurs étudient les alertes au gaz
27:21 que Jeff Bollands a pu constater dans la salle des commandes,
27:24 juste avant l'explosion.
27:30 On a pu déterminer qu'en fait, la seule explication plausible
27:33 pour cette série d'alertes au gaz,
27:36 c'était une fuite de condensat dans la partie est du module.
27:40 Dans cette partie du module C, le condensat circule dans des conduites
27:47 munies de deux vannes de sécurité.
27:50 Or, celles-ci sont conçues pour résister à plus du double
27:53 de la pression normale de fonctionnement.
27:56 Comment une fuite a-t-elle pu se produire ?
27:59 C'est alors que les enquêteurs font une découverte capitale.
28:02 L'une des vannes avait été démontée pour effectuer une vérification de routine.
28:06 Le conduit ouvert a-t-il été la source de la mystérieuse fuite ?
28:10 Les enquêteurs établissent alors que les procédures normales de sécurité
28:16 imposent aux techniciens de sceller le trou avec un disque métallique plat
28:20 lorsqu'une vanne est démontée. Cela afin d'éviter toute fuite.
28:25 Si la conduite a bien été obturée, le condensat n'a pas pu venir de là.
28:29 Mais les enquêteurs restent convaincus que la valve de sécurité
28:33 est bien le suspect numéro un.
28:35 Pour vérifier leur théorie, ils effectuent une série de tests
28:38 avec un disque identique, en serrant plus ou moins les boulons.
28:41 Ces images filmées lors de l'enquête montrent des essais en cours.
28:45 Les résultats des tests indiquent que le disque d'obturation peut fuir
28:52 si les ouvriers serrent les boulons sans utiliser une clé, seulement avec leurs mains.
28:57 Si on fixe le disque sans bien serrer, ça a l'air fermé,
29:02 mais en fait, il y a un espace.
29:04 C'est une découverte capitale.
29:07 Les enquêteurs sont désormais persuadés qu'une fuite due à un disque métallique mal fixé
29:12 est à l'origine de toute la catastrophe.
29:15 Mais cette théorie a une faille, car la vanne en question était en maintenance
29:20 et il n'y aurait pas dû y avoir de condensat dans cette conduite.
29:23 Résoudre cet énigme devient la nouvelle priorité des enquêteurs.
29:28 En utilisant les plans de la plateforme, ils suivent le parcours de la conduite
29:33 jusqu'à l'étage inférieur, où elle aboutit à une pompe.
29:37 Mais ils savent que celle-ci était hors service pour maintenance.
29:41 La pompe n'aurait donc pas dû contenir de condensat.
29:46 Les enquêteurs interrogent alors les travailleurs de l'équipe de nuit.
29:49 Et ils apprennent qu'une autre pompe en service cette nuit-là est tombée en panne
29:53 une heure et 45 minutes avant la catastrophe.
29:56 Le chef de production fait partie des victimes, il est donc impossible de le questionner.
30:04 Mais les informations recueillies semblent indiquer qu'il avait bien intention
30:08 de basculer l'injection de l'oxygène dans le disque.
30:12 Les recueillies semblent indiquer qu'il avait bien intention de basculer l'injection
30:15 de la pompe en panne sur celle qui était en maintenance
30:18 pour ne pas interrompre la production.
30:20 Or la pompe en maintenance n'avait plus de vanne de sécurité.
30:24 Les témoins ont vu le chef de production introduire du condensat
30:28 dans cette pompe peu avant l'accident.
30:31 Donc non seulement il avait l'intention de la mettre en marche,
30:35 mais il en a eu aussi l'occasion.
30:37 Avant de mettre en marche une nouvelle pompe, les techniciens doivent d'abord
30:41 l'accomplir avec une petite quantité de condensat.
30:44 Ce qui est fait une heure et 35 minutes avant la catastrophe.
30:50 Mais cette petite quantité de condensat fuit et le disque d'obturation,
30:54 fixé seulement à la main, déclenche la première alerte au gaz,
30:58 constatée par Jeff Bollands dans la salle des commandes.
31:01 Lorsque la pompe est prête à être mise en service,
31:06 le chef de production y introduit plus de gaz.
31:10 Il y a une bonne façon d'injecter plus de condensat
31:12 et c'est à ce moment-là qu'une fuite très importante se produit.
31:15 Dans la salle des commandes, cette fuite beaucoup plus grave déclenche de multiples alarmes,
31:22 notamment l'alerte de haut niveau que Jeff Bollands a entendue
31:25 juste avant la première explosion.
31:27 A une heure et 30 minutes de la catastrophe,
31:33 le condensat qui a fui explose dans le module C.
31:36 [Musique]
31:43 Les enquêteurs reconstituent peu à peu le déroulement de l'accident.
31:46 Mais il manque un maillon dans la chaîne d'événements.
31:49 Le module C est en effet protégé par de grandes cloisons par feu,
31:52 conçues pour résister jusqu'à six heures à un incendie.
31:56 Et la première explosion n'a pas été très violente.
32:03 Mais les photographies réservent une surprise aux enquêteurs.
32:06 Un cliché pris moins de dix secondes après la première déflagration
32:10 montre une énorme boule de feu jaillissant du module voisin, le B.
32:14 Comment le sinistre a-t-il pu se répandre aussi vite, malgré les cloisons ignifugées ?
32:21 Les enquêteurs réalisent alors une série de simulations informatiques
32:26 et de tests grandeur nature, comme on peut le voir sur ces images.
32:31 Les résultats sont surprenants.
32:33 Les cloisons par feu résistent bien aux flammes, mais pas du tout aux explosions.
32:39 Même une petite déflagration suffit pour les détruire.
32:44 Ces cloisons sont faites d'un assemblage de panneaux ignifugés de 2,50 m sur 1,50 m.
32:51 Et la première explosion a soufflé la paroi et propulsé les panneaux dans le module B
32:55 comme de véritables missiles.
32:59 Chaque panneau, c'était l'équivalent d'une voiture de une tonne percutant les machines à 38 km/h.
33:05 Selon les enquêteurs, ces panneaux volants ont dû rompre une conduite de condensat relativement légère dans le module B.
33:12 Ce condensat a alors produit la boule de feu de la photo.
33:20 Mais cette boule de feu n'a duré que quelques secondes.
33:26 Un brasier qui paraît énorme, mais selon les enquêteurs, ce n'était pas suffisant pour détruire la plateforme.
33:32 Et 19 minutes plus tard, un autre accident a causé une nouvelle explosion qui a abattu la structure de 20 000 tonnes.
33:44 Alors que s'est-il passé ?
33:46 Tel est maintenant le mystère que les enquêteurs vont devoir élucider.
33:55 Et la tâche promet d'être difficile.
33:58 Après les deux premières explosions, un nouvel incendie a donc ravagé le module B.
34:07 Mais quel était le combustible qui a alimenté les flammes ?
34:12 Une séquence de 20 photographies montrant le début de l'incendie constitue les seules données dont les enquêteurs disposent.
34:19 - On voit que la boule de feu se dissipe à l'avant de la plateforme en laissant derrière elle un autre type de feu très différent,
34:26 qui produit un énorme panache de fumée.
34:29 Un tel nuage de fumée est caractéristique d'un feu de pétrole brut.
34:37 De fait, le module B compte parmi les zones les plus dangereuses pour ce qui est des risques d'incendie.
34:42 Il abrite en effet des réservoirs contenant jusqu'à 55 % de l'oxygène.
34:47 Une explosion colossale secoue la plateforme, créant un brasier qui fait rage sous la structure.
34:53 Car ce nouvel incendie n'est pas situé dans le module B, où le feu de pétrole a commencé, mais en dessous.
35:02 Comment les flammes se sont-elles prises ?
35:08 Les flammes sont-elles prises par le feu de pétrole ?
35:11 Les flammes sont-elles prises par le feu de pétrole ?
35:14 Les flammes sont-elles prises par le feu de pétrole ?
35:17 Les flammes sont-elles prises par le feu de pétrole ?
35:20 Les flammes sont-elles prises par le feu de pétrole ?
35:23 Les flammes sont-elles prises par le feu de pétrole ?
35:26 Les flammes sont-elles prises par le feu de pétrole ?
35:29 Les flammes sont-elles prises par le feu de pétrole ?
35:32 Les flammes sont-elles prises par le feu de pétrole ?
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35:41 Les flammes sont-elles prises par le feu de pétrole ?
35:44 Les flammes sont-elles prises par le feu de pétrole ?
35:47 Les flammes sont-elles prises par le feu de pétrole ?
35:50 Les flammes sont-elles prises par le feu de pétrole ?
35:53 Les flammes sont-elles prises par le feu de pétrole ?
35:56 Les flammes sont-elles prises par le feu de pétrole ?
35:59 Les flammes sont-elles prises par le feu de pétrole ?
36:02 Les flammes sont-elles prises par le feu de pétrole ?
36:05 Alors qu'un indice déterminant est découvert.
36:08 Les plongeurs avaient installé des tapis en caoutchouc sur les grilles.
36:11 Quand ils plongeaient, ils ne voulaient pas marcher pieds nus sur ces grilles très coupantes.
36:16 Et malheureusement, juste au-dessus, il y avait le pipeline de gaz qui allait vers Tartan.
36:21 Tartan est une autre plateforme de forage située non loin de Piper Alpha.
36:27 Et le pipeline y acheminait du gaz sous pression.
36:31 Les enquêteurs pensent désormais que le pétrole a formé une flaque embrasée juste au-dessous de cette conduite,
36:37 où le gaz était comprimé à plus de 120 atmosphères, soit 75 fois la pression d'un pneu de voiture.
36:44 Sans ces tapis en caoutchouc, l'incendie aurait peut-être pu être contenu et la catastrophe évitée.
36:51 Mais là, le pipeline a très vite chauffé, ce qui l'a fragilisé.
36:56 Une chaleur intense, du métal qui fatigue, du gaz sous pression.
37:01 Dès lors, la catastrophe était inévitable.
37:04 Quand le pipeline s'est rompu, entre 15 et 30 tonnes de gaz sous pression ont été éjectées presque instantanément.
37:12 C'est ce qui a créé l'énorme boule de feu de 150 mètres de diamètre, qui a complètement englouti la plateforme entière.
37:23 Le gaz jaillit du pipeline percé au rythme d'une demi-tonne par seconde.
37:28 C'est presque l'équivalent de la consommation du Royaume-Uni entier.
37:34 Et le gaz va continuer à fuir pendant une heure.
37:37 L'explosion du pipeline du gaz change entièrement la donne.
37:48 C'était le point de nos retours. Les flammes ont fondu le centre de la plateforme.
37:53 Mais deux autres pipelines partent de Piper Alpha.
38:02 Et le plus gros contient 1120 tonnes de gaz pressurisé, soit trois fois plus que celui qui a déjà explosé.
38:10 Les enquêteurs réalisent que ce n'est plus qu'une question de temps avant que ces deux autres pipelines cèdent à leur tour.
38:16 Une heure et dix minutes avant l'anéantissement de la plateforme, il n'y a plus d'espoir de stopper l'incendie.
38:22 Une nouvelle déflagration encore plus puissante secoue Piper Alpha.
38:26 L'un des deux pipelines restants vient d'exploser.
38:29 Bob Ballantine, le chef de la station, a fait un appel à la police.
38:33 Mais ses amis de l'autre côté de la plateforme n'ont pas cette chance.
38:37 Il y a eu une explosion et ils ont été pris dans la boule de feu.
38:41 Ils ont brûlé.
38:43 Sous la plateforme, un canot de secours est alors encerclé par les débris.
38:48 L'explosion détruit l'embarcation et tue tous ses occupants, à l'exception d'Ian Letham.
38:53 Je me suis retrouvé dans l'eau, j'ai regardé autour de moi et j'ai vu des flammes.
38:57 J'ai vu des flammes qui s'éloignaient.
39:00 J'ai vu des flammes qui s'éloignaient.
39:03 J'ai vu des flammes qui s'éloignaient.
39:06 L'incendie est désormais si intense que les photographies ne peuvent plus aider les enquêteurs dans leur tâche.
39:12 Ils recueillent donc les données électroniques des autres plateformes reliées à Piper Alpha.
39:18 Ils recueillent donc les données électroniques des autres plateformes reliées à Piper Alpha.
39:23 Il reste 40 minutes.
39:25 La production du gaz commence à chuter rapidement dans le plus gros des deux pipelines restants.
39:30 C'est donc cette conduite qui vient d'exploser.
39:34 Un seul pipeline est encore intact, celui qui relie Piper Alpha à la plateforme de Claymore, distante de 35 kilomètres.
39:44 À 10 minutes de la fin, une nouvelle explosion colossale se produit.
39:52 Le dernier pipeline de gaz vient de céder.
39:55 Une heure et 30 minutes après le début de la réaction en chaîne, la catastrophe fait ses dernières victimes.
40:05 Les quartiers d'habitation, où tant de travailleurs se sont réfugiés, glissent de la plateforme et s'abîment dans la mer du Nord.
40:16 Les derniers survivants de l'équipage trouvent ainsi la mort.
40:20 Une heure après l'effondrement de ce bloc, il ne reste plus rien de Piper Alpha, à part les décombres calcinées du module A.
40:27 À partir de maigres bribes d'informations, les enquêteurs ont ainsi pu trouver une explication cohérente à la catastrophe.
40:36 Mais une dernière révélation manque pour reconstituer l'enchaînement fatal des circonstances.
40:42 Et il ne s'agit pas cette fois d'un problème technique, mais de vulgaire paprasserie.
40:48 Reprenons la chaîne des événements depuis le début.
40:51 Seconde par seconde, les enquêteurs ont étudié l'énigme posée par l'anéantissement de l'immense plateforme.
40:58 Tout commence à 21h45, lorsque des techniciens tentent de mettre en marche une pompe où manque une pièce capitale, la vanne de sécurité.
41:06 Ce que les enquêteurs ne comprennent pas, c'est pourquoi la pompe a été mise en marche dans ces conditions peu sûres.
41:15 En effet, les permis de travail sont justement conçus pour signaler tous les travaux de maintenance en cours et éviter ce type d'accident.
41:23 Lorsque les enquêteurs étudient ces documents, ils découvrent qu'à 7h45 du matin, un permis a été délivré pour effectuer des travaux de maintenance sur l'une des pompes.
41:36 Et ils pensent qu'un autre justificatif a dû être établi pour autoriser l'entretien de la vanne de sécurité.
41:43 Mais les documents qui pourraient prouver cette théorie reposent désormais au fond de la mer du Nord, avec les débris de la plateforme à 145 mètres de profondeur.
41:52 Puis, trois mois après l'accident, deux blocs des quartiers d'habitation sont remontés à la surface.
41:58 81 corps sont récupérés et portés en terre.
42:01 Et les enquêteurs partent alors à la recherche de nouveaux indices.
42:06 Ils trouvent une masse de documents imbibés d'eau.
42:11 Incroyablement, après un violent incendie et trois mois passés au fond de la mer, ces papiers vont apporter des preuves déterminantes.
42:19 Et effectivement, il y avait un exemplaire du permis de travail.
42:25 C'était très excitant, parce qu'on nous avait dit qu'un permis avait probablement été établi, mais on n'en était pas sûr.
42:32 Et là, on avait l'exemplaire original.
42:34 Voici l'exemplaire original, retrouvé au fond de la mer du Nord.
42:40 Le permis de travail numéro 23434, autorisant des travaux de maintenance sur la vanne immatriculée PSV 504, en date du 6 juillet 1988.
42:52 Le premier maillon de la chaîne d'événements qui a conduit à la catastrophe.
42:56 Car les enquêteurs sont désormais certains que deux permis distincts ont été délivrés.
43:00 Un pour la pompe et un autre pour sa vanne de sécurité.
43:05 Sur Piper Alpha, les travailleurs rangeaient en effet ces papiers dans des compartiments différents.
43:09 Un pour chaque zone de la plateforme.
43:11 Cela paraît logique, mais en fait, le système avait un défaut fondamental.
43:15 Car la pompe et sa vanne ne se trouvaient pas dans le même secteur.
43:19 Ce qui signifie que les deux permis ont été rangés dans des compartiments distincts.
43:23 C'est de là que vient vraiment le problème.
43:26 Les deux permis de travail n'auraient pas dû être séparés.
43:31 Et cette petite erreur d'organisation a fait que ces documents ont été rangés séparément.
43:35 Ainsi, lorsque le chef de production vérifie le permis de la pompe,
43:40 il n'a aucun moyen de savoir que sa vanne de sécurité a été démontée.
43:44 Le deuxième document est en effet rangé à part, dans un autre compartiment.
43:47 En fait, c'est comme s'il n'existait pas.
43:49 Donc, quand la pompe B s'arrête, on pose la question "Est-ce que je peux basculer sur la pompe A ?"
43:55 Et le chef de maintenance dit "Oui, pas de problème."
44:00 Et lorsque les techniciens tentent de mettre la pompe en marche,
44:02 ils déclenchent la réaction en chaîne.
44:04 Selon les enquêteurs, les ouvriers de service cette nuit-là
44:11 ignoraient donc que la vanne de sécurité de la pompe A avait été démontée.
44:15 Sinon, ces travailleurs expérimentés n'auraient jamais tenté de la mettre en marche.
44:19 Le seul permis qu'ils ont vu concernait la pompe, sans mentionner la vanne de sécurité.
44:28 C'est ainsi qu'à l'origine du drame, de l'enfer de flammes,
44:31 des explosions et de l'effondrement d'une plateforme qui a coûté la vie à 167 hommes,
44:36 à l'origine de toute la catastrophe,
44:39 il y a tout simplement un mauvais système de classement des permis de travail.
44:43 Un enchaînement fatal de circonstances a transformé l'accident en tragédie.
44:57 Il aurait suffi qu'un seul maillon manque dans la chaîne d'événements
45:00 pour que l'impact de la catastrophe se trouve réduit, ou même qu'elle soit évitée.
45:04 Si le système de permis de travail avait été efficace,
45:08 l'équipe de nuit aurait su qu'une vanne de sécurité manquait.
45:11 Si le disque de métal avait été bien fixé, il n'y aurait pas eu de fuite de condensate.
45:16 Si les cloisons par feu avaient résisté à l'explosion,
45:20 le sinistre ne se serait pas propagé.
45:24 Si les plongeurs n'avaient pas installé de tapis en caoutchouc sur les grilles métalliques,
45:28 une flaque de pétrole embrasée ne se serait pas formée
45:31 et l'énorme pipeline de gaz n'aurait pas explosé,
45:34 précipitant la plateforme au fond de l'océan.
45:37 Le rapport Cullen a critiqué de nombreux aspects des opérations offshore en mer du Nord.
45:46 Mais les reproches les plus sévères concernaient le système de permis de travail,
45:50 et les enquêteurs ont désigné comme principale cause de la catastrophe.
45:54 Occidental Petroleum, la société exploitante de Piper Alpha,
46:01 a dû verser des millions d'indemnités aux familles des victimes.
46:04 Mais en raison du manque de preuves, aucune accusation n'a été faite au pénal.
46:08 Quant aux rescapés, ils ont payé un prix bien plus élevé.
46:13 Pour Dave Lambert, le fardeau de la survie s'est révélé quasi insupportable.
46:19 Pourquoi moi ? Pourquoi j'ai survécu ?
46:22 Même si bien sûr je suis content d'avoir survécu.
46:25 Ma vie a changé.
46:27 En fait, c'est comme si le temps s'était arrêté et plus rien ne me semblait vraiment important.
46:31 Et il m'a fallu un certain nombre d'années pour surmonter ces sentiments.
46:36 Pour Ian Letham, unique survivant du canot de secours,
46:40 les répercussions ont été plus profondes encore.
46:43 J'ai toujours été quelqu'un d'insouciant. J'étais heureux, je rigolais.
46:48 Maintenant, je trouve que la vie est trop courte et je suis devenu terriblement sérieux.
46:53 Je n'ai plus de temps à consacrer aux choses sans importance.
46:58 Je m'occupe uniquement de ce qui compte vraiment.
47:00 Et ça m'ennuie parce que j'aimais bien ma façon d'être avant Piper Alpha.
47:04 J'aime pas spécialement ce que je suis devenu.
47:14 Si le rapport Cullen a recommandé d'apporter d'importants changements
47:17 à la façon dont sont menées les opérations offshore britanniques,
47:20 à l'échelle mondiale, l'industrie pétrolière dans son ensemble a dû tirer des enseignements
47:25 de la catastrophe de Piper Alpha,
47:27 dans l'espoir que jamais plus de telles tragédies ne se produisent.
47:31 Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
47:35 La vérité, c'est qu'elle est là.
47:38 [Musique]

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