• l’année dernière
Avec Pascal Perri, journaliste et auteur de "Génération Farniente" publié aux éditions de l'Archipel.

Retrouvez Bercoff dans tous ses états avec André Bercoff du lundi au vendredi de 12h à 14h sur #SudRadio.

---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

———————————————————————

▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75...
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

———————————————————————

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100063607629498
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
———————————————————————

☀️ Et pour plus de vidéos de Bercoff dans tous ses états : https://www.youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDQe5oKZlhHutOQlGCq7EVU4

##LE_FACE_A_FACE-2023-10-02##

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Aujourd'hui, on a le plaisir d'accueillir Pascal Péry, journaliste, éditorialiste et surtout auteur de ce nouveau livre "Génération Farnente",
00:06 c'est publié aux éditions de l'Archipel. Bonjour Pascal Péry.
00:08 - Bonjour. Pascal Péry, essayiste, éditorialiste à LCI, et il a écrit vraiment beaucoup de choses sur beaucoup de domaines,
00:18 les retraites déjà, à quelques temps, l'écologie, les impôts, la bataille du pouvoir d'achat, toujours moins cher, etc. et beaucoup d'autres.
00:28 Et là, alors là, "Génération Farnente", et d'ailleurs c'est intéressant, votre couverture, où il y a quelqu'un qui est en costume cravate,
00:36 enfin il n'a pas sa veste, mais il a la cravate, il est pieds nus, et puis il est sur une plage, et puis il essaie de se reposer.
00:42 - Il est sans transat. - Il est sans transat, voilà.
00:45 Alors Pascal Péry, effectivement, vous parlez, au fond, vous parlez du Farnente, vous parlez du travail.
00:51 Ce qui est intéressant, c'est que vous vous exposez, au fond, qu'il y a quelque chose entre les Français, le travail,
00:58 c'était l'amour il y a peut-être 50 ans, au moment de la reconstruction, et maintenant on a l'impression qu'il y a des problèmes de l'eau dans le gaz.
01:05 - Oui, c'est vrai que, alors on le constate aujourd'hui dans les études qui sont faites, mais on le constate aussi dans notre vie quotidienne,
01:11 parce qu'on rencontre du monde, évidemment, autant le travail a structuré la vie de nos parents et grands-parents au XXème siècle,
01:18 autant on a l'impression qu'on a affaire aujourd'hui à des générations plus jeunes, mais pas seulement d'ailleurs.
01:23 Le genre pour qui le travail est relativement accessoire, enfin c'est pas une urgence si vous voulez, alors c'est dû à quoi ?
01:28 - C'est pas priorité quoi. - C'est loin d'être une urgence, c'est loin d'être une priorité dans la vie, effectivement.
01:32 C'est un peu la prophétie de Jean Viard, vous savez, le sociologue, qui dit "au XXème siècle on organisait sa vie autour de son travail,
01:39 au XXIème siècle on organise sa vie autour de sa vie privée".
01:43 Et les patrons qui évoquent leur rencontre avec des candidats au travail le ressentent, beaucoup racontent, témoignent,
01:51 pour dire en substance qu'aujourd'hui le rapport de force s'est inversé, d'abord pour des raisons un peu démographiques,
01:57 parce qu'il n'y a pas suffisamment de candidats au travail, et aussi parce que le contenu, les exigences sont nouvelles.
02:05 Au fond, le candidat arrive et c'est le patron qui passe le grand oral, on lui demande si...
02:11 - C'est un peu exagéré ça, Pascal, quand même. - Ah, je ne suis pas certain que ce soit tout à fait exagéré dans tous les cas.
02:18 Alors, évidemment, il y a... - Quand même, parce que...
02:20 - Ah non, non, non, écoutez, je vous invite... - Vous avez interrogé des grands patrons.
02:24 - J'ai interrogé des grands et des petits patrons. - Oui.
02:27 - Alors, il y a quelques patrons par atavisme au Vernia, j'ai interrogé beaucoup de patrons au Vernia,
02:33 des dirigeants d'entreprises, des ETI, entreprises de taille intermédiaire, des PME, des entreprises qui sont extrêmement profitables,
02:41 il y en a un notamment qui dirige une grande entreprise qui a été un groupe,
02:46 alors dans le secteur du bâtiment, de l'aéronautique, une activité industrielle qui dit "voilà, j'ai des jeunes gens aujourd'hui, ils veulent travailler avec les réseaux sociaux".
02:54 Ils veulent travailler et en même temps, l'écran est allumé, puis il y a les réseaux sociaux.
02:58 Et mes cadres, évidemment, se plaignent d'une baisse de productivité.
03:03 Il dit "j'ai dû désavouer mes cadres parce que, en réalité, si je n'avais pas donné satisfaction à ces jeunes gens,
03:10 ils seraient partis, parce qu'aujourd'hui, ils ont une certaine compétence, alors il faut le faire,
03:16 il faut être en situation de rapport de force favorable, c'est-à-dire que ce sont des gens qui savent faire des choses, qui ont de la compétence.
03:22 Et donc, comme il y a des emplois pour voir un peu partout, les patrons sont obligés de s'adapter.
03:28 Et pardon André, mais le grand oral, c'est un peu ça, vous êtes candidat pour venir travailler,
03:34 c'est vous qui allez poser les questions "est-ce qu'il y a un comité d'entreprise ? Est-ce que j'aurai 48 heures ?
03:41 Est-ce qu'il y a des chèques restaurant ?"
03:42 Souvent, d'ailleurs, les questions sur le contenu de la mission arrivent longtemps après,
03:46 on a l'impression parfois, alors ce n'est pas le cas de tous les jeunes,
03:50 vous avez raison, on ne va pas généraliser, mais quand même, et c'est ce qui intéresse toujours un économiste, c'est une tendance.
03:57 C'est une tendance qui se renforce.
04:00 - Mais alors, ce que vous dites, plusieurs patrons vous ont dit ça, donc effectivement,
04:04 mais alors, est-ce que c'est le travail ou est-ce que c'est le confort ?
04:09 C'est-à-dire pour ces jeunes qui candidatent, ou en tout cas qui...
04:13 Est-ce que c'est quelque chose de se dire "écoutez, la vie c'est pas le travail" ?
04:17 - Oui. - Bon, la vie c'est un peu ça.
04:19 - Oui, c'est un peu ça. - Et donc je veux savoir si ma vie sera quand même agréable en étant là, sinon...
04:23 - Je veux savoir si la part de contrainte que vous m'imposez est acceptable pour moi.
04:28 Parce que vous m'imposez des contraintes que je vais venir travailler chez vous.
04:32 J'explique d'ailleurs un moment dans le livre qui a, à mon avis, depuis très longtemps, un malentendu en France.
04:38 C'est-à-dire que le salarié n'est pas la propriété du patron.
04:42 En revanche, les heures de travail du salarié sont la propriété du patron, parce qu'il les rémunère.
04:49 En fait, le contrat de travail c'est un contrat de subordination.
04:52 Et donc on est subordonné à un patron, à une hiérarchie, à des contraintes de production, faut pas l'oublier.
04:58 C'est pas une colonie de vacances, c'est pas une...
05:01 - Et puis vous êtes payé pour ça ! - Et vous êtes payé pour ça, absolument, il faut venir.
05:05 Donc, en effet, il y a des patrons qui ont des petites techniques.
05:09 Alors j'en ai rencontré un autre dans une très jolie vallée au Verniat,
05:12 qui dirige une entreprise qui est installée partout dans le monde,
05:16 qui fabrique des câbles, les câbles de l'extrême.
05:19 Oui, qui équipe les TGV, les centrales nucléaires, les stations spatiales, donc c'est vraiment de la techno.
05:24 Et donc il a une technique pour les recruter, souvent c'est de jeunes ingénieurs ou des techniciens, des gens relativement bien formés.
05:32 Il les fait venir à l'endroit où ils se trouvent. C'est une jolie vallée au Verniat, mais c'est une petite ville de 5 à 6 000 habitants.
05:37 Et alors le premier contact, au fond, est déjà une espèce de réponse.
05:40 Celui qui est soluble dans cet environnement-là pourra probablement s'intégrer.
05:45 Ensuite, on parle du contenu de la mission.
05:48 Et il m'a dit quelque chose qui m'a beaucoup frappé.
05:51 Il m'a dit "de plus en plus, je recrute des gens pour ce qu'ils sont et non pas pour ce qu'ils savent.
05:56 Parce que ce qu'ils ne savent pas, je peux le leur apprendre.
05:59 Ce qu'ils sont, en revanche, profondément, je ne peux pas le changer."
06:02 - Bien sûr, c'est intéressant.
06:04 En fait, c'est oui, parce qu'on disait toujours "le problème c'est de faire", puisque là vous êtes là pour travailler.
06:09 - Ah oui !
06:10 - Vous vous recueurez pour vos compétences, en tout cas.
06:12 Et là vous dites "oui, mais il y a aussi l'être humain".
06:15 - L'être humain.
06:17 - Est-ce qu'il est le temps, justement, de vous en parler ?
06:18 Est-ce que, dans ce rapport au travail, les patrons ou les DRH, etc.,
06:23 prennent le temps de sonder, je veux dire, les impétrants, les futurs candidats ou les candidats ?
06:30 Est-ce qu'il y a le temps de ça ?
06:32 - Pas assez.
06:33 Pas assez.
06:34 Je pense que c'est une question fondamentale.
06:36 C'est-à-dire qu'il y a non seulement des malentendus,
06:38 mais je crois qu'il y a aussi des maladresses de part et d'autre.
06:41 Peut-être qu'il y a des salariés qui, aujourd'hui, sont trop exigeants.
06:44 Peut-être qu'ils confondent l'entreprise et le centre de vacances.
06:48 - Oui, exactement.
06:49 - Ou de loisirs.
06:50 Mais vous avez aussi, depuis très longtemps en France, un management,
06:53 une direction d'entreprise qui est très verticale.
06:56 Au fond, André, on a importé dans l'entreprise le modèle monarchique, qui est le nôtre.
07:02 Il y a le patron, et puis ça descend, c'est très vertical.
07:06 Et ce management, par circulaire, par directive, ne fonctionne plus.
07:13 On n'est plus dans un monde d'obéissance parfaite, si vous voulez.
07:16 L'obéissance, c'est la civilisation de l'Asie.
07:20 Nous sommes des contestataires.
07:22 Et pendant très longtemps, si le rapport de force était plutôt favorable au patron,
07:26 vous savez, c'était la formule célèbre.
07:28 "Ton boulot ne te plaît pas ? C'est pas très grave. Tu peux t'en aller, j'en ai 15 qui attendent."
07:32 Aujourd'hui, le rapport de force est complètement inversé.
07:35 On fait tout pour garder les gens qui sont là et qui sont à l'heure pour travailler.
07:40 Et donc, ça va impliquer probablement des relations plus horizontales dans l'entreprise.
07:45 Non pas nécessairement fondées sur l'obéissance, sur la discipline,
07:49 mais sur un peu plus, sur le partage.
07:51 - Et ça, c'est déjà, Pascal Péry, d'ailleurs, vous le dites dans "Rodjie",
07:55 c'est déjà entamé, cette espèce de mutation, je dirais, mentale.
07:59 - Oui, c'est entamé dans les grosses boîtes.
08:02 Je pense qu'ils ont compris, parce qu'ils ont des moyens pour mieux gérer les relations humaines,
08:06 qu'il fallait une relation de confiance.
08:09 Et ça a aussi des inconvénients, les grandes boîtes, souvent, c'est des armées,
08:13 des armées mexicaines avec des strates intermédiaires de commandement
08:16 qui sont autant de contraintes supplémentaires
08:20 et qui alimentent précisément ce monde de l'obéissance.
08:23 Mais dans les petites entreprises, il y a deux types de réactions.
08:26 Il y a au fond le patron qui comprend très bien,
08:29 parce qu'il est au contact de ceux avec qui il travaille.
08:31 C'est une petite équipe, c'est une dizaine de personnes,
08:34 c'est une communauté de vie, c'est l'affection sociétatiste,
08:38 c'est-à-dire qu'on est ensemble et on est heureux d'être ensemble,
08:40 on travaille dans le cadre d'un projet.
08:42 Lui, il comprend tout de suite, il comprend qu'il ne peut pas leur mettre des coups de pieds aux fesses.
08:46 Il faut expliquer et partager les décisions.
08:50 Et puis il y a ceux qui ne comprennent toujours pas
08:53 et qui souvent se retrouvent avec de vraies difficultés,
08:56 qui se retrouvent seuls dans un certain nombre de cas.
08:58 - Alors on va parler, justement, après une petite pause,
09:01 avec Pascal Péry, encore le livre que je recommande, "Génération Ferniante".
09:05 En fait, c'est le rapport au travail.
09:06 On va parler du droit à la paresse et on va parler des syndicats.
09:10 C'est quand même intéressant, c'est vraiment différent.
09:12 Le droit à la paresse, vous en parlez dans votre livre,
09:15 c'est qu'au fond, est-ce que les Français se disent
09:17 "Ça va, c'est un mal nécessaire le travail, mais c'est pas ça qui compte".
09:22 Et puis, vous en parlez aussi, les positions acquises, les droits acquis.
09:27 Et vous parlez très bien dans votre livre du droit et des devoirs.
09:31 On a oublié peut-être une partie et puis l'autre partie.
09:36 - On marche sur un pied.
09:37 - Voilà, exact. Unijambiste.
09:39 - Et puis si ça vous fait réagir, vous restez bien avec nous sur Sud Radio,
09:41 0800 26 300 300 pour poser une question à Pascal Péry ou André Bercoff,
09:45 vous connaissez le numéro, 0800 26 300 300. A tout de suite.
09:48 - Alors Pascal Péry, on a commencé à parler effectivement
09:52 du rapport des Français au travail, de l'avis des patrons
09:55 qui sont en train de revoir leur logiciel par rapport à leurs employés,
09:59 en tout cas certains, et par rapport à dire "Attendez, oui d'accord,
10:02 il y a le travail, mais il y a la vie, etc."
10:04 Les loisirs.
10:05 - Et les loisirs, absolument.
10:07 - Le divertissement.
10:07 - Voilà, comme disait Pascal, le malheur de l'homme
10:11 tient à ce qu'il ne peut pas rester dans sa chambre.
10:13 - Oui, mais je veux faire une différence entre les loisirs et le divertissement,
10:17 parce que le loisir peut être actif.
10:18 Le divertissement, c'est cette génération que je décris
10:22 qui est la génération Netflix Deliveroo,
10:24 et qui est les fesses dans un canapé
10:27 qui considère que le canapé est le centre du monde.
10:29 - Absolument.
10:30 - Et on prépare les pop-corns et puis le reste va.
10:33 - À peu près.
10:33 - Mais quand même, parlons, alors est-ce que ça veut dire
10:37 que les Français sont devenus paresseux ?
10:40 Parce que vous parlez dans votre livre, c'est amusant,
10:43 le genre de Marx, le Paul Lafarge, le droit à la paresse,
10:46 bon c'est pas d'hier ça,
10:48 mais est-ce que franchement on peut dire "Bon écoutez, en fait les Français, tout ça,
10:52 vous parlez de l'âge de la retraite, alors que tous les autres pays
10:55 sont à 67, 66, 67 ans,
10:58 on sait très bien et nous on dit "Mais non, mais c'est dégueulasse,
11:01 voilà, et vous parlez des parlementaires de Mélenchon à d'autres
11:04 qui disent "Mais c'est pas possible, on enlève, on prive les Français de leur vie"
11:09 Est-ce que c'est un sentiment de paresse
11:11 ou un sentiment de dire "Non, on n'a plus envie de vivre
11:14 la vie que vous nous donniez ?"
11:17 - Écoutez, il est possible qu'il y ait une génération qui ait vu
11:20 et par exemple beaucoup travaillé,
11:21 et que ça ait pu être dissuasif.
11:24 Maintenant, il y a en France quand même encore des gens qui travaillent.
11:27 On rappelle qu'on produit, oui on produit quand même de la richesse dans ce pays.
11:31 Simplement, moi j'estime qu'il y a un tiers de gens qui travaillent beaucoup,
11:34 beaucoup plus que les 35 heures qui sont un peu les forces vives de ce pays,
11:37 qui produisent de la valeur. - C'est eux qui font marcher la machine.
11:39 - C'est eux qui font marcher la machine, vous avez un tiers de gens qui travaillent
11:41 à peu près normalement, c'est-à-dire qui travaillent juste ce qu'il faut travailler.
11:45 Alors ce n'est pas, ce ne sont pas des aigles,
11:48 mais c'est des gens qui participent au processus de production.
11:51 Et puis vous avez un tiers de gens qui sont dans le halo de l'inactivité.
11:54 C'est-à-dire des gens qui travaillent mais qui ne travaillent pas en réalité,
11:57 des gens qui sont hors du travail, qui manquent de formation,
12:00 et qui souvent bénéficient de l'assistance sociale et pas de l'assurance sociale.
12:05 Ce que j'observe aussi c'est que, en effet, puisque vous évoquiez le droit à la paresse,
12:09 Paul Laffage, c'est le gendre de Karl Marx en effet, c'est le mari de sa deuxième fille,
12:15 il écrit le droit à la paresse à la fin du 19ème siècle,
12:18 alors qu'on travaille 3500 heures par an.
12:21 On travaille 1607 heures en France aujourd'hui.
12:23 Donc tous ceux qui, comme Sandrine Rousseau...
12:25 - C'est ça, c'est important ça. On est passé de 3500 heures à 1600 heures aujourd'hui par an.
12:30 - Oui, et d'ailleurs, il y a encore un héritage marxiste en France,
12:35 c'est à mon avis que la 3ème République rate complètement les grandes réformes économiques et sociales.
12:40 Elle est obsédée par la lutte contre l'Église, par la laïcité,
12:44 et donc elle oublie le camp des travailleurs.
12:46 Bon, ceci étant dit, revenons à ce qui se passe aujourd'hui.
12:49 Aujourd'hui, oui, il y a une partie de la gauche qui est...
12:54 enfin, authentiquement décroissante,
12:56 c'est-à-dire qui considère que le travail est plus une malédiction qu'une émancipation.
13:02 - Les écologistes.
13:03 - Les écologistes en font partie, Sandrine Rousseau qui dit
13:06 "si on remplaçait le capitalisme par une bonne sieste"...
13:09 Bon, c'est des formules, si vous voulez, qui sont un peu à l'emporte-pièce,
13:13 mais on voit que ça trahit quand même une idée qui est qu'il faut arrêter le processus de production.
13:17 Or, moi je rappelle quand même que dans notre société,
13:20 c'est la quantité de travail qui produit la protection sociale.
13:23 C'est ce qu'ont voulu la gauche et la droite au lendemain de la guerre, 1945.
13:27 - Si on dépense des dizaines de milliards, il faut les produire ces dizaines de milliards.
13:30 - Il faut les produire, vous avez raison.
13:32 Les 230 milliards d'euros de dépenses de santé chaque année,
13:36 comment on les finance si ce n'est par le travail en partie ?
13:39 Il y a un peu d'impôts, il y a un peu de CSG,
13:41 mais majoritairement, ça reste la quantité de travail.
13:43 Et c'est un modèle auquel la gauche devrait être attachée.
13:47 Pourquoi ?
13:48 Parce que c'est un modèle dans lequel les salariés produisent leurs propres droits.
13:52 Ils ne dépendent plus de la...
13:54 - Ils se protègent.
13:55 - Exactement, ils ne dépendent plus de la charité de l'État ou de la charité du patron.
14:00 On est sortis du 19e siècle, dans le 20e siècle, on rentre dans le monde des assurances.
14:04 Et donc il faut continuer de travailler,
14:06 et je ne comprends pas bien parfois l'attitude des syndicats, de certains syndicats,
14:10 en tout cas, qui freinent des deux pieds.
14:13 Alors, les formules un peu, là aussi à l'emporte-pièce,
14:16 mais on nous vole deux ans de vie.
14:18 Jean-Luc Mélenchon, ce sont des formules qui n'ont aucun rapport avec la réalité.
14:23 D'abord, parce qu'en France, on vit en moyenne entre 22 et 25 ans à la retraite.
14:28 Vous vous rendez compte ? C'est une conquête sociale formidable.
14:30 - C'est plus qu'il y a 100 ans où on le vit pour 50 plus.
14:32 - Non, mais bien sûr que non, bien sûr que non, on a cherché à faire croire.
14:35 Ce qui est formidable, André Bercoff, c'est qu'à l'époque,
14:38 il y a la note qui devrait être, comment dire, un monde dérudie.
14:42 On croit encore les sorcières,
14:45 il y a une partie de la population qui croit sincèrement
14:48 qu'on meurt à 62 ans en quittant son emploi.
14:50 Enfin, il suffit d'abord d'ouvrir les yeux autour de nous,
14:53 de consulter les statistiques.
14:55 - Les âges légals des décès.
14:57 - Pour voir que non, en France, les femmes vivent,
15:00 je crois que c'est entre 25 et 26 ans en moyenne à la retraite,
15:03 à toucher une pension, les hommes 21 ans.
15:06 Qui peut légitimement prétendre que le travail tue ?
15:09 Mais non, c'est le contraire, c'est l'inactivité, c'est l'ennui qui tue.
15:12 - L'oisiveté est la mère de tous les vices, on les a y entendre.
15:16 Mais juste un mot à propos, vous donnez,
15:18 on va parler un peu, vous parlez des syndicats, Pascal Péry,
15:21 vous en parlez dans votre livre,
15:22 mais il y a deux ou trois anecdotes qui m'ont fait quand même,
15:25 j'allais dire rire au lieu d'être relou, j'en pleurais quand même,
15:29 c'est dans l'audiovisuel public,
15:30 vous racontez certains trucs des syndicats par rapport à la position des caméras,
15:34 que j'ai trouvé hallucinant, mais racontez,
15:37 parce que c'est à dire que, en fond, les syndicats,
15:39 enfin certains syndicats, on ne va pas généraliser, mais quand même,
15:42 il y a dans ce qui compte, c'est, moi je finis à 13h15,
15:46 tu me dis de rester jusqu'à 13h20, il n'en est pas question.
15:48 - Ah non, la réponse c'est non.
15:50 Ou alors Jean Bauche à 13h15,
15:52 ou alors le journaliste en Bauche à 13h15,
15:55 mais il est déjà prêt à 13h10 pour faire un direct,
15:59 et on lui répond, en régie, il y a un délégué syndical qui est là,
16:03 une personne qui travaille, qui est là, déléguée syndical,
16:05 hors de question.
16:06 - Histoire authentique.
16:07 - Ah non, c'est des histoires vraies.
16:09 L'histoire de la bombe à essence est très simple,
16:10 ça s'est passé pendant, vous savez, la tension d'approvisionnement en pétrole.
16:14 Vous avez une caméra qui est là, un journaliste avec un journaliste reporter d'image,
16:19 présumé journaliste reporter d'image,
16:21 qui est là pour interroger les gens,
16:23 c'est un direct, un direct à la télévision publique,
16:25 donc, c'est une chaîne d'info,
16:28 et alors on demande en régie à ce JRI,
16:32 enfin, à cet opérateur, de changer l'axe de la caméra
16:35 pour qu'on voit bien les voitures,
16:36 parce que la caméra donne dans un champ,
16:38 on ne voit rien, si vous voulez.
16:40 On ne voit pas les voitures qui font la file d'attente interminable, etc.
16:44 Et le type répond, non, je suis désolé,
16:46 moi je suis opérateur de vue, je ne suis pas journaliste,
16:48 je ne touche pas la caméra.
16:49 Donc le type est arrivé, il a posé la caméra,
16:51 et le pauvre journaliste qui devait faire son direct,
16:54 a fait son direct avec un champ derrière lui,
16:57 et pas de fil de voiture.
16:58 C'est une succession, vous avez des mondes qui sont hyper protégés.
17:02 Le paradoxe de ce pays, c'est ça,
17:04 c'est que vous avez des types qui mouillent leur chemise tous les jours,
17:06 qui mettent leur argent sur la table,
17:09 qui parfois engagent l'argent de leurs enfants,
17:11 et puis de l'autre côté, vous avez des gens
17:13 qui ne considèrent que les droits auxquels ils ont accès,
17:18 qui ne sont même pas des droits acquis,
17:20 ils vous disent que ce sont des droits conquis,
17:21 une fois qu'on a conquis, mon vieux, c'est fini, on ne revient pas dessus.
17:25 Alors, puisque vous parlez de l'audiovisuel public,
17:27 j'hésite à dire du mal,
17:29 mais malgré tout, je suis citoyen, je paye des impôts,
17:32 je vois que le budget de l'audiovisuel public va encore augmenter,
17:37 et que les Français payent,
17:41 les Français seraient en droit d'attendre, d'abord,
17:43 une information honnête, ouverte, pluraliste,
17:46 diverse absolument,
17:48 qui laisse une parole à toutes les voix qui s'expriment dans la société française,
17:53 et un minimum d'engagement des salariés.
17:55 Quand vous portez le service public,
17:58 vous portez l'intérêt supérieur du pays,
18:01 vous devez vous engager,
18:03 ce n'est pas simplement une collection de droits,
18:05 ce n'est pas un catalogue de droits,
18:07 le service public, ça devrait être aussi un bréviaire,
18:10 des devoirs et des engagements.
18:13 - Oui, non, mais c'est ça aussi,
18:16 c'est intéressant, parce que vous en parliez bien,
18:18 ça freine aussi le côté de dire,
18:21 attendez, le travail, non mais,
18:23 on a tous été éduqués ça, mais même,
18:25 heureusement, il y a beaucoup de jeunes qui le comprennent,
18:27 je veux dire, si tu fais rien, tu veux quoi ?
18:29 Et ça, c'est tout le côté aide sociale,
18:32 et je voudrais vous faire écouter quelque chose,
18:34 Thibault, écoutez ça,
18:36 ça a fait beaucoup de scandales,
18:38 c'est quelqu'un qui explique,
18:40 c'est une partie de la chose,
18:42 mais ça va assez loin, Pascal Péry,
18:44 écoutez quelqu'un qui dit, voilà,
18:46 comment on peut, avec les aides,
18:48 avec les trucs, rien foutre,
18:50 étruander l'État, voilà, écoutez.
18:52 - Bien évidemment, il faut savoir que
18:54 je peux toucher la hache en vivant à l'étranger,
18:56 je peux toucher la hache en vivant au Japon,
18:58 en vivant aux Émirats Arabes Unis,
19:00 au Canada, aux États-Unis,
19:02 je vais vous dire par la hache, même si vous êtes en bonne santé,
19:04 moi, je suis en bonne santé, je ne suis pas en fauteuil roulant,
19:06 je ne suis pas aveugle,
19:08 je suis en bonne santé, grâce à Dieu,
19:10 je suis en bonne santé, je suis juste handicapé sur le papier,
19:12 parce que je me suis arrangé avec un médecin,
19:14 parce que je l'ai manipulé, parce que la manipulation et la persuasion
19:16 est une science qu'il faut acquérir, cher ami,
19:18 moi, je vais vous aider à toucher la hache,
19:20 à vivre dignement
19:22 en touchant des allocations généreuses,
19:24 sans travailler, parce que tous ces salariés-là,
19:26 tous ces crétins de salariés
19:28 qui se lèvent le matin pour aller bosser,
19:30 qui sont hypocrites,
19:32 qui baissent leurs pantalons devant leur patron,
19:34 tous ces crétins de salariés,
19:36 dans leur bulletin de paye, on enlève les cotisations sociales,
19:38 et ces cotisations sociales,
19:40 elles payent mon AHS, elles payent mon allocation
19:42 adulte handicapé et mon allocation de solidarité
19:44 spécifique de mon ASS, donc tous ces crétins
19:46 de salariés, ils vont bosser pour payer mes allocations,
19:48 c'est comme ça, c'est Dieu qui donne,
19:50 "Alhamdoulilah", voilà,
19:52 et pour 300 euros, vous me donnez 300 euros,
19:54 je vais vous... vous allez toucher votre hache,
19:56 même si vous êtes en bonne santé.
19:58 - Alors Pascal Péry, c'était intéressant... - Non, c'est un comédien.
20:00 - Non, c'est un comédien, pas du tout.
20:02 - C'est totalement réel
20:04 et il a été poursuivi, c'est pas une fake news,
20:06 je peux vous dire, on a enquêté là-dessus,
20:08 c'est quelqu'un qui explique, il dit "Vous allez pas vous emmerder,
20:10 regardez ces crétins de salariés
20:12 qui vont travailler, mais ils travaillent pour nous,
20:14 moi je vais rien faire, allez, j'ai l'allocation ceci,
20:16 j'ai l'allocation cela, tu peux vivre à l'étranger,
20:18 tu te feras 2000 euros, c'est déjà pas mal."
20:20 Ça existe,
20:22 alors je dis pas que c'est la majorité,
20:24 c'est pas les poissons volants,
20:26 mais quand même ça existe, ça veut dire
20:28 que cette tendance dont vous parlez dans votre livre,
20:30 il y a des gens qui peuvent aussi,
20:32 et qui l'exploitent, en disant
20:34 "Mais comment on peut détourner le système
20:36 pour s'en travailler ?"
20:38 Et c'est fou parce que ce qui m'a frappé,
20:40 je reviens à votre livre, c'est pour ça que je...
20:42 "C'est des crétins de salariés."
20:44 Donc, il y a des gens pour qui, les gens qui travaillent
20:46 avec son salarié, c'est des pauvres gens,
20:48 je veux dire, alors je dis pas encore une fois,
20:50 mais cette mentalité, c'est marrant,
20:52 puisqu'on n'aurait pas entendu ça il y a encore 30 ans.
20:54 - Non, alors, il y a 30 ans,
20:56 il y a 30 ans, le type ne traversait plus la rue,
20:58 le pays
21:00 serait mis en chasse
21:02 d'une parole comme celle-là,
21:04 qui est une parole quand même extrêmement
21:06 insultante. Alors, il y a
21:08 un aspect qui est assez
21:10 rarement évoqué, c'est celui des fraudes sociales.
21:12 Et au fond, ce témoignage
21:14 nous y ramène.
21:16 Sur les fraudes sociales, on estime
21:18 qu'il y a 20 milliards d'euros de fraudes sociales en France.
21:20 Il y a 20 milliards aux cotisations et 20 milliards
21:22 aux prestations. - C'est pas mal, c'est énorme.
21:24 - Au total, 10 aux prestations,
21:26 10 aux cotisations.
21:28 Et ce qui est frappant,
21:30 c'est que le taux de recouvrement
21:32 n'est que de 1 milliard.
21:34 C'est-à-dire qu'au fond, ça traduit quoi ?
21:36 Ça traduit le fait qu'on ne fait pas la chasse
21:38 à ce type de comportement.
21:40 Il faut un scandale, il faut quelqu'un
21:42 qui prenne l'initiative
21:44 à visage découvert de dire
21:46 "Voilà comment on peut provoquer
21:48 une avarie dans le système, voilà comment on peut
21:50 profiter du système pour que finalement
21:52 on s'y intéresse." Mais, globalement,
21:54 vous avez une partie
21:56 du pays qui considère qu'après tout,
21:58 la fraude sociale, c'est pas très grave.
22:00 La fraude fiscale est beaucoup plus grave.
22:02 Elle est beaucoup...
22:04 Chassée pour chasser. Pour moi, d'ailleurs,
22:06 quel que soit l'épithète,
22:08 c'est le mot "fraude"
22:10 que je retiens. C'est de la fraude
22:12 et dans ce domaine, en effet,
22:14 les Français sont extrêmement en retard.
22:16 On estime que la part de...
22:18 - Pourquoi ? - L'économie informelle...
22:20 Il y a de nombreuses explications.
22:22 La part de l'économie informelle,
22:24 c'est entre 7 et 8% du PIB.
22:26 Bon, l'économie informelle,
22:28 c'est l'économie souterraine.
22:30 C'est le black, si vous voulez, pour dire les choses simplement.
22:32 - Les trafics, etc.
22:34 - Alors,
22:36 j'ai recueilli des témoignages, je ne les ai pas
22:38 relevés et surtout, évidemment,
22:40 je ne souhaite pas donner
22:42 d'identité,
22:44 de gens qui vous expliquent qu'aujourd'hui,
22:46 en cumulant les aides sociales plus un petit travail
22:48 au noir, on est en général
22:50 beaucoup mieux
22:52 payé. - On entend ça.
22:54 - On est très souvent, comment dire,
22:56 mieux loti que
22:58 pour un travail access,
23:00 entrée de gamme, pour lequel il y a un certain nombre de contraintes.
23:02 D'ailleurs, un des paradoxes,
23:04 une des difficultés,
23:06 j'essaye de comprendre quels sont les freins de retour
23:08 à l'emploi. Dans les freins de retour à l'emploi,
23:10 il y a les questions de formation,
23:12 les questions de logement, de déplacement,
23:14 et puis il y a peut-être un sujet qu'on n'évoque pas souvent,
23:16 c'est le très faible écart qui existe
23:18 entre la socialisation
23:20 et le retour vers l'emploi.
23:22 Sachant qu'en cumulant, en effet,
23:24 les aides diverses,
23:26 pas nécessairement autour du monde
23:28 professionnel, mais les aides au logement,
23:30 à l'enfance, la famille,
23:32 etc., on arrive
23:34 à des revenus qui sont assez
23:36 comparables avec quelqu'un dont
23:38 le revenu est autour du SMIC. D'autant que
23:40 si vous travaillez, et ça fait partie
23:42 des freins, si vous travaillez, si vous
23:44 revenez au travail, vous allez devoir engager un certain
23:46 nombre de frais pour vous déplacer,
23:48 ne serait-ce que pour vous nourrir le midi.
23:50 Au fond, reprendre un travail
23:52 quand on n'en a pas,
23:54 c'est changer
23:56 de modèle de vie, et peut-être que
23:58 l'écart entre les deux n'est pas suffisant
24:00 aujourd'hui pour inciter les gens à retourner au travail.
24:02 - On va se retrouver dans un instant sur
24:04 Sud Radio, on est toujours avec Pascal Péry,
24:06 qui vient nous voir pour ce livre "Génération Farniante",
24:08 et puis avec vous, aussi c'est vous qui aurez la parole,
24:10 0826 300 300, à tout de suite.
24:12 - Et nous sommes toujours avec
24:14 Pascal Péry, pour "Génération
24:16 Farniante", un livre
24:18 vraiment très intéressant,
24:20 qui fait l'inventaire un peu de ce qui
24:22 se passe dans les rapports des Français du travail,
24:24 et pas seulement des Français, de l'État,
24:26 des patronats, des administrations,
24:28 et il y a un mot, Pascal Péry, quand même,
24:30 que vous employez, mais alors qui est presque,
24:32 je ne dirais pas un mot obscène, mais
24:34 suffleureux,
24:36 on emploie de moins en moins la
24:38 méritocratie, et pourtant la méritocratie
24:40 ne serait-ce pas
24:42 la fonction républicaine par excellence,
24:44 en tout cas la fonction,
24:46 je veux dire, juste ?
24:48 - Si, si, vous avez raison,
24:50 le grand apport de la
24:52 Révolution française, c'est la sélection,
24:54 qui supprime la
24:56 cooptation. - Alors qu'on dit c'est une mesure
24:58 de droite, aujourd'hui, après la Révolution
25:00 française. - C'est étonnant,
25:02 oui, vous avez raison, le mérite, la méritocratie,
25:04 personne ne veut en entendre parler, parce qu'il y a
25:06 une espèce d'égalité,
25:08 un idéal égalitaire, ou égalitariste en France,
25:10 on n'a pas compris d'ailleurs le sens de
25:12 l'égalité, mais être égal avec
25:14 chacun, c'est lui rendre ce qu'il apporte aussi
25:16 à la collectivité, donc c'est reconnaître ses mérites.
25:18 Et il y a en France
25:20 des batailles de chiffonniers autour de
25:22 l'appréciation de ce qu'est le mérite, alors à chaque fois
25:24 qu'on veut apprécier
25:26 des fonctionnaires au mérite,
25:28 on nous répond que c'est de nature
25:30 à fausser
25:32 les relations entre eux,
25:34 entre le public et eux-mêmes,
25:36 ils rendent un service public, quand on cherche
25:38 à évaluer, alors ça se fait beaucoup plus dans le
25:40 privé, parce que le privé
25:42 est plus ouvert à la compétition,
25:44 par nature, mais oui,
25:46 le mérite pose en France un véritable
25:48 problème, c'est d'ailleurs ce qui explique que
25:50 les vrais méritants quittent le pays !
25:52 Les vrais méritants quittent le pays,
25:54 observez bien la situation,
25:56 je vais peut-être dire quelque chose qui
25:58 choquera certains d'entre vous,
26:00 - Il faut le dire ! - Bah, nous exportons
26:02 des BAC +10,
26:04 en France, et nous importons des BAC -10.
26:06 C'est la réalité.
26:08 Et vous savez, il y a
26:10 une valeur, il y a un capital qui s'appelle le capital
26:12 immatériel, c'est l'ensemble des compétences,
26:14 et pardon, quand on a
26:16 bien travaillé à l'école,
26:18 quand on a suivi un cursus
26:20 de formation solide,
26:22 eh bien, on peut
26:24 accéder à un emploi qui est bien formé, qui est mieux formé,
26:26 on gagne sa vie, on s'insère, on paye des impôts,
26:28 on consomme, etc.
26:30 C'est le début d'un processus authentiquement républicain,
26:32 d'un processus de démancipation,
26:34 si vous voulez. Et donc,
26:36 ne pas reconnaître le mérite,
26:38 au fond, c'est la pire insulte
26:40 au principe d'égalité, car
26:42 l'égalité suppose qu'on respecte chacun
26:44 en fonction de ce qu'il apporte.
26:46 - Et alors, est-ce qu'il ne faudrait pas,
26:48 on va pas faire une discussion philosophique, Pascal Péry,
26:50 remplacer l'égalité par équité ?
26:52 - Si, l'équité, c'est ça.
26:54 L'esprit de l'équité, c'est ça.
26:56 C'est que, il y a des gens qui sont, dans les deux sens,
26:58 il y a des gens qui souffrent des handicaps,
27:00 qui peuvent être des handicaps sociaux,
27:02 etc. Le rôle de la collectivité,
27:04 c'est de les aider
27:06 à accéder
27:08 à la même ligne de départ que les autres.
27:10 C'est ça, l'équité. - C'est ça, même ligne de départ.
27:12 Et qu'après, que le meilleur gagne,
27:14 c'est les meilleurs gagnants. - Mais tout le monde n'arrive pas premier ex aequo.
27:16 Vous voyez ce que je veux dire ?
27:18 - Bien sûr. - Non, il y a un premier, il y a un dernier.
27:20 Mais on donne à chacun
27:22 les outils pour accéder
27:24 au même titre que les autres à la ligne de départ.
27:26 Ensuite, effectivement...
27:28 - On va continuer d'en parler, Stéphane,
27:30 avec nos auditeurs et les auditeurs de Sud Radio.
27:32 - On a une auditrice qui nous appelle
27:34 au 0826 300 300.
27:36 C'est Catherine qui nous appelle de Paris.
27:38 Vous avez peut-être une question pour Pascal Péry. Bonjour Catherine.
27:40 - Bonjour Catherine. - Oui, bonjour.
27:42 Voilà, je vais intervenir dans votre émission
27:44 parce que je ne suis pas tout à fait d'accord
27:46 avec ce que dit
27:48 M. Péry.
27:50 Voilà, j'en ai parlé
27:52 à l'interlocuteur que j'ai eu,
27:54 à l'accueil,
27:56 parce que je trouve que son analyse
27:58 est assez erronée
28:00 et qu'il fait beaucoup d'amalgame. Par exemple,
28:02 quand il dit que
28:04 le travail
28:06 ne tue pas, etc.,
28:08 que ce n'est pas en travaillant qu'on survit de la société,
28:10 j'ai dit que ça dépendait
28:12 de quel travail on faisait.
28:14 Si on travaille dans le BTP
28:16 ou la restauration ou des travaux
28:18 comme ça durent physiquement
28:20 et que l'on fait en plus plus
28:22 de 35 heures en général
28:24 et assez mal payé,
28:26 il est évident que sa santé en prend un coup.
28:28 Donc ces personnes, si elles arrivent
28:30 à la retraite, même de 64-67 ans,
28:32 elles arrivent
28:34 dans un mauvais état pour la plupart.
28:36 Donc leur espérance de vie va être
28:38 d'autant diminuée.
28:40 De plus, quand ce monsieur
28:42 dit que maintenant,
28:44 l'espérance de vie chez les femmes
28:46 est de 25 ans après la retraite,
28:48 on dit que les femmes,
28:50 l'espérance de vie, c'est 85 ans
28:52 en France en moyenne,
28:54 et les hommes, à peu près 79 ans.
28:56 Il faut savoir
28:58 que les gens sont atteints de plus en plus tôt
29:00 de maladies chroniques, comme les cancers,
29:02 les problèmes cardiovasculaires,
29:04 et j'en passe. Donc d'accord, vous restez en vie,
29:06 mais vous êtes sous des traitements très lourds,
29:08 et j'en sais quelque chose. Donc ça, c'est la
29:10 deuxième chose. Donc ça ne veut pas dire
29:12 une qualité de vie extraordinaire.
29:14 Et quand il dit que des gens,
29:16 par exemple, profitent un peu de la société
29:18 par les allocations qu'on leur remerce,
29:20 moi je dirais qu'il y a des gens,
29:22 donc ce sont un peu des saignants
29:24 qui ne participent pas à la richesse
29:26 de notre pays. Moi je dis
29:28 que quand des gens spéculent
29:30 et gagnent beaucoup d'argent, ils ne travaillent pas,
29:32 ils spéculent. La spéculation, c'est quand même un travail très passif,
29:34 et ils gagnent beaucoup d'argent.
29:36 Je ne sais pas si ces personnes-là
29:38 participent beaucoup à la richesse
29:40 de notre société. Voilà ce que je voulais dire.
29:42 - Alors Catherine,
29:44 on ne s'est pas tout dit, évidemment,
29:46 avec André, mais dans le bouquin,
29:48 moi je fais une proposition
29:50 qui est qu'il faudrait déterminer,
29:52 c'est un peu la crise du Covid qui nous l'a appris,
29:54 qu'il y a des emplois. Il faut déterminer
29:56 qu'il y a en France des emplois qui sont
29:58 économiquement négligés, mais que j'appelle
30:00 socialement cutiles.
30:02 C'est ce que vous évoquiez tout à l'heure. C'est des gens
30:04 qui nettoient le métro, les autobus,
30:06 qui sont les services
30:08 à la personne, dans une économie de services,
30:10 c'est important.
30:12 Vous savez, tout ce qu'on a appelé les premiers de cordée.
30:14 Moi je pense que si on veut
30:16 conserver
30:18 des vocations
30:20 dans ce domaine,
30:22 il faut payer correctement les gens. Donc je propose
30:24 qu'on augmente leur salaire.
30:26 Maintenant, Catherine,
30:28 sur les autres aspects,
30:30 il y a quand même plus de gens en bonne santé
30:32 que de gens malades dans ce pays. C'est le premier point.
30:34 Sur le deuxième point,
30:36 sur votre remarque, quand vous me dites
30:38 "en substance,
30:40 je considérerais les gens qui vivent
30:42 des allocations comme des feignants",
30:44 je n'ai jamais dit ça, je ne le pense absolument pas.
30:46 Je pense au contraire que
30:48 le respect qu'on leur doit,
30:50 le respect qu'il aurait dû par la collectivité,
30:52 c'est de les amener à l'employabilité.
30:54 Ce qui est indigne,
30:56 ce n'est pas
30:58 qu'on demande aux gens
31:00 qui vivent du RSA de se former. Ce qui est indigne,
31:02 c'est qu'il y ait des gens au RSA. Vous voyez ce que je veux dire ?
31:04 - Oui. - Bon. - Oui.
31:06 - Je sais que votre sensibilité,
31:08 ce que vous dites,
31:10 existe dans la société française.
31:12 Vous avez raison. Il faut qu'il y ait des voix comme la vôtre
31:14 qui rappellent peut-être
31:16 que tout travail mérite salaire.
31:18 - Et un bon salaire.
31:20 - Et puis il y a des travaux
31:22 plus durs que d'autres. - Qu'il faut payer.
31:24 - Oui, qu'il faut payer.
31:26 - Mais vous savez, Catherine, c'est vrai,
31:28 c'est tout le paradoxe,
31:30 d'ailleurs, mondial.
31:32 C'est que ce n'est pas par hasard que
31:34 énormément de gens, et par millions, veulent venir
31:36 en France et en Europe, parce qu'ils estiment,
31:38 eux, et je ne dis pas que ça excuse
31:40 quoi que ce soit qui se passe chez nous,
31:42 mais ils estiment que la France et l'Europe
31:44 sont un paradis par rapport à ce qu'ils vivent
31:46 chez eux.
31:48 - Je peux faire une petite remarque ? - Oui.
31:50 - Je pense que si les gens
31:52 étaient bien dans leur pays,
31:54 normalement dans leur pays,
31:56 ils n'auraient pas l'envie de venir chez nous.
31:58 - Mais bien sûr, c'est ce que je dis.
32:00 - On les laisse
32:02 dans un état de pauvreté immense.
32:04 S'ils étaient bien chez eux, ils ne viendraient pas chez nous.
32:06 - Mais c'est exactement ce que je dis,
32:08 et c'est pour ça que, hélas,
32:10 nous sommes dans un monde très relatif
32:12 de ce point de vue-là.
32:14 - Merci Catherine pour votre appel.
32:16 On rejoindra César dans un instant
32:18 qui nous attend au Standard, et on va marquer une courte pause
32:20 sur Sud Radio. À tout de suite.
32:22 - C'est la voiture d'André Bercoff dans tous ses états.
32:24 On est ensemble jusqu'à 14h.
32:26 On est toujours avec Pascal Péry, et puis nous avons César
32:28 qui nous appelle au 0826 300 300.
32:30 César, vous nous appelez de Bayonne. Bonjour.
32:32 - Bonjour César.
32:34 - Bonjour Bercoff, bonjour Pascal Péry,
32:36 et très bonne rentrée à vous André Bercoff.
32:38 - Merci. Bonjour à vous aussi.
32:40 Bonjour César.
32:42 - Alors, moi j'ai vécu en Angleterre
32:44 un an et demi, plus d'un an et demi.
32:46 Je suis parti à cause du Covid,
32:48 bref, pendant la pandémie,
32:50 j'ai fait le premier confinement là-bas,
32:52 mais j'ai appris quelque chose en Angleterre,
32:54 et dans les pays anglo-saxons, j'ai appris que ça se faisait comme ça,
32:56 et en fait,
32:58 ça ne se fait pas dans la plupart des pays,
33:00 et pour moi c'est un enseignement gigantesque,
33:02 donc vous n'aurez qu'à me dire ce que vous en pensez,
33:04 mais c'est ce que j'ai appris là-bas, et je trouve ça formidable.
33:06 Comme vous le savez, l'emploi c'est très important,
33:08 puisque c'est avec ça qu'on crée de la richesse,
33:10 qu'on apprend à vivre, et donc c'est très important.
33:12 Et puis il y a tout l'aspect
33:14 développement personnel qui est dans le boulot, tout ça.
33:16 Mais il y a une des auditrices qui a dit avant,
33:18 qui a parlé de la qualité de vie,
33:20 et en fait c'est un petit peu ce que je vais dire aujourd'hui,
33:22 c'est qu'en Angleterre j'ai appris deux choses,
33:24 enfin j'ai appris une seule chose,
33:26 c'est pour moi un des points fondamentaux,
33:28 c'est que beaucoup de gens en Angleterre,
33:30 ils travaillent en deux temps,
33:32 c'est-à-dire qu'ils vont prendre un boulot,
33:34 ils ne font pas 7 heures par jour comme en France,
33:36 ils vont prendre un boulot,
33:38 les emplois sont beaucoup plus flexibles en Angleterre,
33:40 c'est-à-dire qu'on peut demander un 2 jours par semaine,
33:42 si on est étudiant, on peut demander un 3 jours par semaine,
33:44 on peut demander un 4 jours par semaine,
33:46 mais c'est pas tout le monde qui va prendre un 5 jours par semaine,
33:48 et c'est ça que je trouvais incroyable,
33:50 c'est que les gens peuvent bosser au moins 8 heures par jour,
33:52 voire même 9 heures par jour,
33:54 ou 10 heures par jour, moi personnellement,
33:56 j'ai appris l'anglais là-bas, donc je n'avais pas envie de bosser tout le temps,
33:58 je bossais entre 8 heures et 10 heures par jour en Angleterre,
34:00 dans des restos ou dans des hôtels,
34:02 et je gagnais mieux ma vie en 3 jours,
34:04 que en France en 5 jours,
34:06 rien que pour le boulot alimentaire.
34:08 Et en plus de ça,
34:10 et c'est le deuxième point,
34:12 c'est que beaucoup de gens là-bas bossent en 3 jours,
34:14 donc ils optimisent leur temps,
34:16 afin d'avoir une qualité de vie,
34:18 d'avoir du temps libre,
34:20 dans tous les cas, ils ont du temps libre.
34:22 - Ils font du 3 jours par semaine, avec 10 heures par jour ?
34:24 - Voilà, parce que mine de rien,
34:26 vous gagnez un peu d'argent,
34:28 et en plus, beaucoup de gens, qu'est-ce qu'ils faisaient là-bas ?
34:30 Eh bien, ils avaient un projet professionnel,
34:32 un projet de vie, un rêve, vous voyez,
34:34 mais qui est beaucoup plus bengal,
34:36 c'est-à-dire qu'il y a des gens, ils ont des rêves,
34:38 ils vont le réaliser peut-être dans 10 ans,
34:40 ils vont prendre une demi-journée de plus,
34:42 ils vont faire des compléments de revenus,
34:44 et donc ils ont un rêve, c'est comme vous André Bercov,
34:46 quand vous avez 82 ans, vous bossez,
34:48 c'est peut-être même pas un effort pour vous,
34:50 parce que vous aimez votre métier.
34:52 Eh bien, il y a des gens, ils ont un projet de vie,
34:54 qui est peut-être bengal, mais ils ont le boulot alimentaire,
34:56 plus un projet de vie, et dans tous les cas,
34:58 ils ont du temps libre, et c'est ça qui est important,
35:00 d'avoir 3 jours de repos par semaine, voilà.
35:02 - Alors Pascal Péry, effectivement, c'est intéressant,
35:04 cette flexibilité et ce projet.
35:06 - Oui, alors l'Angleterre a un modèle complètement différent du nôtre,
35:08 César a dû le constater,
35:10 sur sa feuille de paye, il y a très peu de retenue,
35:12 en Angleterre, il y avait très peu de retenue sociale,
35:14 on est d'accord.
35:16 La part, ce qu'on appelle le coin fiscal,
35:18 c'est-à-dire l'écart entre le brut et le net,
35:20 est très important en France,
35:22 et il est beaucoup moins important en Angleterre,
35:24 ce qui donne cette impression qu'on est mieux payé.
35:26 Maintenant, César,
35:28 si vous aviez été malade, si vous aviez dû
35:30 passer par le National Health Service,
35:32 qui est le système hospitalier,
35:34 vous auriez peut-être préféré avoir
35:36 une assurance privée.
35:38 C'est un modèle différent du nôtre, je veux dire par là
35:40 que notre coin social à nous,
35:42 il finance la politique des retraites,
35:44 la politique de l'assurance maladie,
35:46 - La politique de l'enfance, des transports, etc.
35:48 - La politique de l'enfance, des transports, etc.
35:50 Donc, bon,
35:52 ces deux modèles non comparables.
35:54 Je pense qu'on doit pouvoir
35:56 rester ce que nous sommes, c'est-à-dire des Français,
35:58 des Gaulois, avec un droit du travail,
36:00 il faut l'adapter.
36:02 Il faut l'adapter pour tout un tas de raisons,
36:04 pour les raisons qu'évoque César et aussi pour d'autres.
36:06 J'ai été frappé de rencontrer,
36:08 à l'inverse de ce que je pouvais penser,
36:10 j'avais peut-être de mauvaises intuitions, des jeunes qui me disaient,
36:12 dans le cadre de cette enquête,
36:14 "Moi, je ne veux pas de CDI".
36:16 Ah bon ?
36:18 J'écoute pourtant régulièrement
36:20 des voix de gauche qui s'élèvent pour dire
36:22 "Mais les jobs qu'on propose sont des bullshit jobs,
36:24 c'est des petits boulots,
36:26 c'est de l'intérim, c'est du CDD,
36:28 on vous propose un CDI,
36:30 vous n'en voulez pas ?" Non, non,
36:32 je ne veux pas me marier avec cette boîte.
36:34 Je veux un contrat, et puis demain,
36:36 je ferai peut-être autre chose.
36:38 Donc, voyez, y compris le rapport
36:40 à la régularité du contrat de travail
36:42 évolue, et il faut aujourd'hui qu'on puisse
36:44 en tenir compte. Et le rappeler que la vie
36:46 n'est qu'un CDD.
36:48 La vie n'est qu'un CDD, ne pas l'oublier.
36:50 Sauf qu'on n'a pas la détermination
36:52 du contrat.
36:54 - Merci César d'avoir été avec nous.
36:56 On accueille Sébastien de Perpignan.
36:58 Sébastien, vous êtes chef d'entreprise. Bonjour à vous.
37:00 - Oui, petite entreprise.
37:02 - Bonjour Sébastien.
37:04 - Bonjour, je suis ravi de vous avoir parce que je suis un grand fan.
37:06 Moi, je n'appelle que rarement,
37:08 mais en tout cas, merci.
37:10 Et puis ça fait du bien d'entendre votre invité, que je ne connaissais pas,
37:12 mais qui dit des vraies vérités,
37:14 et qui soulage un peu
37:16 des choses. Alors, moi, je vous explique que je...
37:18 - Sébastien !
37:20 - J'arrête mon activité pour quitter la phrase, parce que
37:22 justement, avec ces
37:24 rapports qui sont...
37:26 Si vous voulez, vous avez dû tous voir
37:28 sur les réseaux sociaux circuler
37:30 un visuel qui signifiait
37:32 un patron qui est passé dans une clavèche
37:34 et qui se fait traîner par
37:36 des salariés, et un leader qui était
37:38 devant en train d'amener les gens
37:40 vers sa passion, puisque moi
37:42 en fait, je suis un autodidacte,
37:44 et ce que je fais, je le fais par passion avant tout.
37:46 D'ailleurs, je trouve que c'est ça qui est un peu triste
37:48 dans le travail, c'est qu'on oublie un peu
37:50 que certains pourront faire une passion.
37:52 Et que là, du coup,
37:54 le travail n'est plus une contrainte.
37:56 Et du coup, le problème,
37:58 c'est que quand on est leader aussi,
38:00 dans ce visuel, il y a un truc qu'on oublie, c'est que derrière,
38:02 il faut quand même avoir l'œil derrière, parce que
38:04 il y a certaines personnes qui en profitent
38:06 un peu, puisque le patron le fait.
38:08 On va lever le pied,
38:10 on va se le prendre à la douce. Alors effectivement,
38:12 on est obligé de composer pour essayer de garder
38:14 les gens
38:16 qui nous entourent pour continuer l'activité.
38:18 Mais moi,
38:20 j'ai qu'une envie, là, c'est
38:22 franchement d'arrêter.
38:24 - Si je m'ai bien compris, Sébastien,
38:26 vous voulez quitter la France, vous, à eu égard aux conditions.
38:28 - Moi, j'ai un parc animalier
38:30 d'animation.
38:32 J'ai eu une grande boîte d'événementiel aussi.
38:34 Effectivement, j'ai plein d'idées,
38:36 plein de choses qui sont réalistes, plein de choses qui fonctionnent.
38:38 Mais derrière, j'ai du mal à m'entourer de gens qui sont passionnés,
38:40 parce que je suis un passionné, je cherche à m'entourer
38:42 de gens passionnés, et c'est pas un problème
38:44 de les rémunérer.
38:46 Mais voilà, les gens, pour moi,
38:48 en fait, quand on fait quelque chose,
38:50 et surtout qui est lié au monde animal,
38:52 c'est forcément une vocation.
38:54 - Merci Sébastien.
38:56 - Il parle de l'absence de passion.
38:58 - Oui, mais ça, c'est aussi
39:00 la conséquence du monde digital
39:02 qui fabrique des gens passifs.
39:04 C'est aussi
39:06 les périodes de tensions, de crises
39:08 qui fabriquent plutôt des égoïstes.
39:10 On a du mal à trouver
39:12 des passions,
39:14 en effet.
39:16 J'allais dire qu'on a perdu le contact,
39:18 André,
39:20 vous et moi, on connaît l'Orient.
39:22 L'Orient,
39:24 c'est un monde dans lequel
39:26 survivent les transcendances.
39:28 La transcendance vous tire vers le haut.
39:30 Il n'y a plus de transcendance. Si l'objectif
39:32 unique des individus, c'est effectivement
39:34 de gagner leur vie, de gagner toujours plus,
39:36 c'est un monde triste, au fond.
39:38 Et ce que dit Sébastien, il a l'air transporté
39:40 par son activité,
39:42 c'est qu'il a du mal à la faire partager.
39:44 Peut-être que, parfois,
39:46 il a pu être maladroit avec l'un ou l'autre,
39:48 mais on sent qu'il a de la bonne volonté, chez lui,
39:50 la volonté de, en tout cas, de partager
39:52 sa passion et d'associer un projet collectif.
39:54 - Et puis, Pascal, il faut savoir aussi quelque chose.
39:56 La paperasse, en France.
39:58 L'administration, les 45 formules,
40:00 les 15 lignes
40:02 ou les 25 lignes de votre
40:04 bulletin de paye, vous le savez.
40:06 Ça aussi, c'est peut-être pas le meilleur.
40:08 - La complexité, probablement,
40:10 oui, joue un rôle
40:12 et
40:14 elle doit décourager
40:16 un certain nombre de vocations.
40:18 Mais, il n'empêche que, il y a,
40:20 dans le fond de l'air, et c'est ça que je retiens
40:22 des quelques témoignages
40:24 qu'on a entendus et de l'enquête que j'ai menée,
40:26 il y a, dans le fond de l'air,
40:28 une espèce d'idéologie post-industrielle
40:30 du non-travail, dans cette société.
40:32 Qui n'existe pas nécessairement chez nos voisins.
40:34 Les Allemands, c'est évident.
40:36 Les Anglais aussi. Mais y compris
40:38 chez les Espagnols et chez les Italiens.
40:40 Il y a une particularité de la France,
40:42 dans les peuples latins, en Italie,
40:44 qui ne servent à un outil industriel
40:46 efficace, efficient.
40:48 L'Espagne, l'Espagne réalise sa transition.
40:50 Un petit pays comme le Portugal
40:52 est un pays au travail,
40:54 si vous voulez. Il y a, en France,
40:56 cette idéologie post-industrielle du non-travail
40:58 parce qu'on a une gauche
41:00 qui n'a pas fait l'inventaire du marxisme,
41:02 des échecs du marxisme. On a une gauche
41:04 qui croit encore
41:06 dans la lutte des classes, qui considère
41:08 que la lutte des classes, c'est l'horizon suprême
41:10 pour changer la situation.
41:12 Alors que ce qui émancipe
41:14 les individus, c'est l'école,
41:16 c'est la connaissance,
41:18 et c'est aussi d'une certaine façon la concorde sociale.
41:20 - Et je finirais par cette phrase magnifique
41:22 qui disait, vous savez,
41:24 le capitalisme, c'est
41:26 l'exploitation de l'homme par l'homme, le communisme
41:28 c'est l'inverse. - Oui, c'est vrai.
41:30 - C'est une belle formule.
41:32 - Merci beaucoup Pascal Péry d'avoir été avec nous.
41:34 Je rappelle ce livre, "Génération Farniente",
41:36 c'est publié aux éditions de l'Archipel.

Recommandations