Avec Pascal Perri, journaliste et auteur de "Génération Farniente" publié aux éditions de l'Archipel.
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00:00 Aujourd'hui, on a le plaisir d'accueillir Pascal Péry, journaliste, éditorialiste et surtout auteur de ce nouveau livre "Génération Farnente",
00:06 c'est publié aux éditions de l'Archipel. Bonjour Pascal Péry.
00:08 - Bonjour. Pascal Péry, essayiste, éditorialiste à LCI, et il a écrit vraiment beaucoup de choses sur beaucoup de domaines,
00:18 les retraites déjà, à quelques temps, l'écologie, les impôts, la bataille du pouvoir d'achat, toujours moins cher, etc. et beaucoup d'autres.
00:28 Et là, alors là, "Génération Farnente", et d'ailleurs c'est intéressant, votre couverture, où il y a quelqu'un qui est en costume cravate,
00:36 enfin il n'a pas sa veste, mais il a la cravate, il est pieds nus, et puis il est sur une plage, et puis il essaie de se reposer.
00:42 - Il est sans transat. - Il est sans transat, voilà.
00:45 Alors Pascal Péry, effectivement, vous parlez, au fond, vous parlez du Farnente, vous parlez du travail.
00:51 Ce qui est intéressant, c'est que vous vous exposez, au fond, qu'il y a quelque chose entre les Français, le travail,
00:58 c'était l'amour il y a peut-être 50 ans, au moment de la reconstruction, et maintenant on a l'impression qu'il y a des problèmes de l'eau dans le gaz.
01:05 - Oui, c'est vrai que, alors on le constate aujourd'hui dans les études qui sont faites, mais on le constate aussi dans notre vie quotidienne,
01:11 parce qu'on rencontre du monde, évidemment, autant le travail a structuré la vie de nos parents et grands-parents au XXème siècle,
01:18 autant on a l'impression qu'on a affaire aujourd'hui à des générations plus jeunes, mais pas seulement d'ailleurs.
01:23 Le genre pour qui le travail est relativement accessoire, enfin c'est pas une urgence si vous voulez, alors c'est dû à quoi ?
01:28 - C'est pas priorité quoi. - C'est loin d'être une urgence, c'est loin d'être une priorité dans la vie, effectivement.
01:32 C'est un peu la prophétie de Jean Viard, vous savez, le sociologue, qui dit "au XXème siècle on organisait sa vie autour de son travail,
01:39 au XXIème siècle on organise sa vie autour de sa vie privée".
01:43 Et les patrons qui évoquent leur rencontre avec des candidats au travail le ressentent, beaucoup racontent, témoignent,
01:51 pour dire en substance qu'aujourd'hui le rapport de force s'est inversé, d'abord pour des raisons un peu démographiques,
01:57 parce qu'il n'y a pas suffisamment de candidats au travail, et aussi parce que le contenu, les exigences sont nouvelles.
02:05 Au fond, le candidat arrive et c'est le patron qui passe le grand oral, on lui demande si...
02:11 - C'est un peu exagéré ça, Pascal, quand même. - Ah, je ne suis pas certain que ce soit tout à fait exagéré dans tous les cas.
02:18 Alors, évidemment, il y a... - Quand même, parce que...
02:20 - Ah non, non, non, écoutez, je vous invite... - Vous avez interrogé des grands patrons.
02:24 - J'ai interrogé des grands et des petits patrons. - Oui.
02:27 - Alors, il y a quelques patrons par atavisme au Vernia, j'ai interrogé beaucoup de patrons au Vernia,
02:33 des dirigeants d'entreprises, des ETI, entreprises de taille intermédiaire, des PME, des entreprises qui sont extrêmement profitables,
02:41 il y en a un notamment qui dirige une grande entreprise qui a été un groupe,
02:46 alors dans le secteur du bâtiment, de l'aéronautique, une activité industrielle qui dit "voilà, j'ai des jeunes gens aujourd'hui, ils veulent travailler avec les réseaux sociaux".
02:54 Ils veulent travailler et en même temps, l'écran est allumé, puis il y a les réseaux sociaux.
02:58 Et mes cadres, évidemment, se plaignent d'une baisse de productivité.
03:03 Il dit "j'ai dû désavouer mes cadres parce que, en réalité, si je n'avais pas donné satisfaction à ces jeunes gens,
03:10 ils seraient partis, parce qu'aujourd'hui, ils ont une certaine compétence, alors il faut le faire,
03:16 il faut être en situation de rapport de force favorable, c'est-à-dire que ce sont des gens qui savent faire des choses, qui ont de la compétence.
03:22 Et donc, comme il y a des emplois pour voir un peu partout, les patrons sont obligés de s'adapter.
03:28 Et pardon André, mais le grand oral, c'est un peu ça, vous êtes candidat pour venir travailler,
03:34 c'est vous qui allez poser les questions "est-ce qu'il y a un comité d'entreprise ? Est-ce que j'aurai 48 heures ?
03:41 Est-ce qu'il y a des chèques restaurant ?"
03:42 Souvent, d'ailleurs, les questions sur le contenu de la mission arrivent longtemps après,
03:46 on a l'impression parfois, alors ce n'est pas le cas de tous les jeunes,
03:50 vous avez raison, on ne va pas généraliser, mais quand même, et c'est ce qui intéresse toujours un économiste, c'est une tendance.
03:57 C'est une tendance qui se renforce.
04:00 - Mais alors, ce que vous dites, plusieurs patrons vous ont dit ça, donc effectivement,
04:04 mais alors, est-ce que c'est le travail ou est-ce que c'est le confort ?
04:09 C'est-à-dire pour ces jeunes qui candidatent, ou en tout cas qui...
04:13 Est-ce que c'est quelque chose de se dire "écoutez, la vie c'est pas le travail" ?
04:17 - Oui. - Bon, la vie c'est un peu ça.
04:19 - Oui, c'est un peu ça. - Et donc je veux savoir si ma vie sera quand même agréable en étant là, sinon...
04:23 - Je veux savoir si la part de contrainte que vous m'imposez est acceptable pour moi.
04:28 Parce que vous m'imposez des contraintes que je vais venir travailler chez vous.
04:32 J'explique d'ailleurs un moment dans le livre qui a, à mon avis, depuis très longtemps, un malentendu en France.
04:38 C'est-à-dire que le salarié n'est pas la propriété du patron.
04:42 En revanche, les heures de travail du salarié sont la propriété du patron, parce qu'il les rémunère.
04:49 En fait, le contrat de travail c'est un contrat de subordination.
04:52 Et donc on est subordonné à un patron, à une hiérarchie, à des contraintes de production, faut pas l'oublier.
04:58 C'est pas une colonie de vacances, c'est pas une...
05:01 - Et puis vous êtes payé pour ça ! - Et vous êtes payé pour ça, absolument, il faut venir.
05:05 Donc, en effet, il y a des patrons qui ont des petites techniques.
05:09 Alors j'en ai rencontré un autre dans une très jolie vallée au Verniat,
05:12 qui dirige une entreprise qui est installée partout dans le monde,
05:16 qui fabrique des câbles, les câbles de l'extrême.
05:19 Oui, qui équipe les TGV, les centrales nucléaires, les stations spatiales, donc c'est vraiment de la techno.
05:24 Et donc il a une technique pour les recruter, souvent c'est de jeunes ingénieurs ou des techniciens, des gens relativement bien formés.
05:32 Il les fait venir à l'endroit où ils se trouvent. C'est une jolie vallée au Verniat, mais c'est une petite ville de 5 à 6 000 habitants.
05:37 Et alors le premier contact, au fond, est déjà une espèce de réponse.
05:40 Celui qui est soluble dans cet environnement-là pourra probablement s'intégrer.
05:45 Ensuite, on parle du contenu de la mission.
05:48 Et il m'a dit quelque chose qui m'a beaucoup frappé.
05:51 Il m'a dit "de plus en plus, je recrute des gens pour ce qu'ils sont et non pas pour ce qu'ils savent.
05:56 Parce que ce qu'ils ne savent pas, je peux le leur apprendre.
05:59 Ce qu'ils sont, en revanche, profondément, je ne peux pas le changer."
06:02 - Bien sûr, c'est intéressant.
06:04 En fait, c'est oui, parce qu'on disait toujours "le problème c'est de faire", puisque là vous êtes là pour travailler.
06:09 - Ah oui !
06:10 - Vous vous recueurez pour vos compétences, en tout cas.
06:12 Et là vous dites "oui, mais il y a aussi l'être humain".
06:15 - L'être humain.
06:17 - Est-ce qu'il est le temps, justement, de vous en parler ?
06:18 Est-ce que, dans ce rapport au travail, les patrons ou les DRH, etc.,
06:23 prennent le temps de sonder, je veux dire, les impétrants, les futurs candidats ou les candidats ?
06:30 Est-ce qu'il y a le temps de ça ?
06:32 - Pas assez.
06:33 Pas assez.
06:34 Je pense que c'est une question fondamentale.
06:36 C'est-à-dire qu'il y a non seulement des malentendus,
06:38 mais je crois qu'il y a aussi des maladresses de part et d'autre.
06:41 Peut-être qu'il y a des salariés qui, aujourd'hui, sont trop exigeants.
06:44 Peut-être qu'ils confondent l'entreprise et le centre de vacances.
06:48 - Oui, exactement.
06:49 - Ou de loisirs.
06:50 Mais vous avez aussi, depuis très longtemps en France, un management,
06:53 une direction d'entreprise qui est très verticale.
06:56 Au fond, André, on a importé dans l'entreprise le modèle monarchique, qui est le nôtre.
07:02 Il y a le patron, et puis ça descend, c'est très vertical.
07:06 Et ce management, par circulaire, par directive, ne fonctionne plus.
07:13 On n'est plus dans un monde d'obéissance parfaite, si vous voulez.
07:16 L'obéissance, c'est la civilisation de l'Asie.
07:20 Nous sommes des contestataires.
07:22 Et pendant très longtemps, si le rapport de force était plutôt favorable au patron,
07:26 vous savez, c'était la formule célèbre.
07:28 "Ton boulot ne te plaît pas ? C'est pas très grave. Tu peux t'en aller, j'en ai 15 qui attendent."
07:32 Aujourd'hui, le rapport de force est complètement inversé.
07:35 On fait tout pour garder les gens qui sont là et qui sont à l'heure pour travailler.
07:40 Et donc, ça va impliquer probablement des relations plus horizontales dans l'entreprise.
07:45 Non pas nécessairement fondées sur l'obéissance, sur la discipline,
07:49 mais sur un peu plus, sur le partage.
07:51 - Et ça, c'est déjà, Pascal Péry, d'ailleurs, vous le dites dans "Rodjie",
07:55 c'est déjà entamé, cette espèce de mutation, je dirais, mentale.
07:59 - Oui, c'est entamé dans les grosses boîtes.
08:02 Je pense qu'ils ont compris, parce qu'ils ont des moyens pour mieux gérer les relations humaines,
08:06 qu'il fallait une relation de confiance.
08:09 Et ça a aussi des inconvénients, les grandes boîtes, souvent, c'est des armées,
08:13 des armées mexicaines avec des strates intermédiaires de commandement
08:16 qui sont autant de contraintes supplémentaires
08:20 et qui alimentent précisément ce monde de l'obéissance.
08:23 Mais dans les petites entreprises, il y a deux types de réactions.
08:26 Il y a au fond le patron qui comprend très bien,
08:29 parce qu'il est au contact de ceux avec qui il travaille.
08:31 C'est une petite équipe, c'est une dizaine de personnes,
08:34 c'est une communauté de vie, c'est l'affection sociétatiste,
08:38 c'est-à-dire qu'on est ensemble et on est heureux d'être ensemble,
08:40 on travaille dans le cadre d'un projet.
08:42 Lui, il comprend tout de suite, il comprend qu'il ne peut pas leur mettre des coups de pieds aux fesses.
08:46 Il faut expliquer et partager les décisions.
08:50 Et puis il y a ceux qui ne comprennent toujours pas
08:53 et qui souvent se retrouvent avec de vraies difficultés,
08:56 qui se retrouvent seuls dans un certain nombre de cas.
08:58 - Alors on va parler, justement, après une petite pause,
09:01 avec Pascal Péry, encore le livre que je recommande, "Génération Ferniante".
09:05 En fait, c'est le rapport au travail.
09:06 On va parler du droit à la paresse et on va parler des syndicats.
09:10 C'est quand même intéressant, c'est vraiment différent.
09:12 Le droit à la paresse, vous en parlez dans votre livre,
09:15 c'est qu'au fond, est-ce que les Français se disent
09:17 "Ça va, c'est un mal nécessaire le travail, mais c'est pas ça qui compte".
09:22 Et puis, vous en parlez aussi, les positions acquises, les droits acquis.
09:27 Et vous parlez très bien dans votre livre du droit et des devoirs.
09:31 On a oublié peut-être une partie et puis l'autre partie.
09:36 - On marche sur un pied.
09:37 - Voilà, exact. Unijambiste.
09:39 - Et puis si ça vous fait réagir, vous restez bien avec nous sur Sud Radio,
09:41 0800 26 300 300 pour poser une question à Pascal Péry ou André Bercoff,
09:45 vous connaissez le numéro, 0800 26 300 300. A tout de suite.
09:48 - Alors Pascal Péry, on a commencé à parler effectivement
09:52 du rapport des Français au travail, de l'avis des patrons
09:55 qui sont en train de revoir leur logiciel par rapport à leurs employés,
09:59 en tout cas certains, et par rapport à dire "Attendez, oui d'accord,
10:02 il y a le travail, mais il y a la vie, etc."
10:04 Les loisirs.
10:05 - Et les loisirs, absolument.
10:07 - Le divertissement.
10:07 - Voilà, comme disait Pascal, le malheur de l'homme
10:11 tient à ce qu'il ne peut pas rester dans sa chambre.
10:13 - Oui, mais je veux faire une différence entre les loisirs et le divertissement,
10:17 parce que le loisir peut être actif.
10:18 Le divertissement, c'est cette génération que je décris
10:22 qui est la génération Netflix Deliveroo,
10:24 et qui est les fesses dans un canapé
10:27 qui considère que le canapé est le centre du monde.
10:29 - Absolument.
10:30 - Et on prépare les pop-corns et puis le reste va.
10:33 - À peu près.
10:33 - Mais quand même, parlons, alors est-ce que ça veut dire
10:37 que les Français sont devenus paresseux ?
10:40 Parce que vous parlez dans votre livre, c'est amusant,
10:43 le genre de Marx, le Paul Lafarge, le droit à la paresse,
10:46 bon c'est pas d'hier ça,
10:48 mais est-ce que franchement on peut dire "Bon écoutez, en fait les Français, tout ça,
10:52 vous parlez de l'âge de la retraite, alors que tous les autres pays
10:55 sont à 67, 66, 67 ans,
10:58 on sait très bien et nous on dit "Mais non, mais c'est dégueulasse,
11:01 voilà, et vous parlez des parlementaires de Mélenchon à d'autres
11:04 qui disent "Mais c'est pas possible, on enlève, on prive les Français de leur vie"
11:09 Est-ce que c'est un sentiment de paresse
11:11 ou un sentiment de dire "Non, on n'a plus envie de vivre
11:14 la vie que vous nous donniez ?"
11:17 - Écoutez, il est possible qu'il y ait une génération qui ait vu
11:20 et par exemple beaucoup travaillé,
11:21 et que ça ait pu être dissuasif.
11:24 Maintenant, il y a en France quand même encore des gens qui travaillent.
11:27 On rappelle qu'on produit, oui on produit quand même de la richesse dans ce pays.
11:31 Simplement, moi j'estime qu'il y a un tiers de gens qui travaillent beaucoup,
11:34 beaucoup plus que les 35 heures qui sont un peu les forces vives de ce pays,
11:37 qui produisent de la valeur. - C'est eux qui font marcher la machine.
11:39 - C'est eux qui font marcher la machine, vous avez un tiers de gens qui travaillent
11:41 à peu près normalement, c'est-à-dire qui travaillent juste ce qu'il faut travailler.
11:45 Alors ce n'est pas, ce ne sont pas des aigles,
11:48 mais c'est des gens qui participent au processus de production.
11:51 Et puis vous avez un tiers de gens qui sont dans le halo de l'inactivité.
11:54 C'est-à-dire des gens qui travaillent mais qui ne travaillent pas en réalité,
11:57 des gens qui sont hors du travail, qui manquent de formation,
12:00 et qui souvent bénéficient de l'assistance sociale et pas de l'assurance sociale.
12:05 Ce que j'observe aussi c'est que, en effet, puisque vous évoquiez le droit à la paresse,
12:09 Paul Laffage, c'est le gendre de Karl Marx en effet, c'est le mari de sa deuxième fille,
12:15 il écrit le droit à la paresse à la fin du 19ème siècle,
12:18 alors qu'on travaille 3500 heures par an.
12:21 On travaille 1607 heures en France aujourd'hui.
12:23 Donc tous ceux qui, comme Sandrine Rousseau...
12:25 - C'est ça, c'est important ça. On est passé de 3500 heures à 1600 heures aujourd'hui par an.
12:30 - Oui, et d'ailleurs, il y a encore un héritage marxiste en France,
12:35 c'est à mon avis que la 3ème République rate complètement les grandes réformes économiques et sociales.
12:40 Elle est obsédée par la lutte contre l'Église, par la laïcité,
12:44 et donc elle oublie le camp des travailleurs.
12:46 Bon, ceci étant dit, revenons à ce qui se passe aujourd'hui.
12:49 Aujourd'hui, oui, il y a une partie de la gauche qui est...
12:54 enfin, authentiquement décroissante,
12:56 c'est-à-dire qui considère que le travail est plus une malédiction qu'une émancipation.
13:02 - Les écologistes.
13:03 - Les écologistes en font partie, Sandrine Rousseau qui dit
13:06 "si on remplaçait le capitalisme par une bonne sieste"...
13:09 Bon, c'est des formules, si vous voulez, qui sont un peu à l'emporte-pièce,
13:13 mais on voit que ça trahit quand même une idée qui est qu'il faut arrêter le processus de production.
13:17 Or, moi je rappelle quand même que dans notre société,
13:20 c'est la quantité de travail qui produit la protection sociale.
13:23 C'est ce qu'ont voulu la gauche et la droite au lendemain de la guerre, 1945.
13:27 - Si on dépense des dizaines de milliards, il faut les produire ces dizaines de milliards.
13:30 - Il faut les produire, vous avez raison.
13:32 Les 230 milliards d'euros de dépenses de santé chaque année,
13:36 comment on les finance si ce n'est par le travail en partie ?
13:39 Il y a un peu d'impôts, il y a un peu de CSG,
13:41 mais majoritairement, ça reste la quantité de travail.
13:43 Et c'est un modèle auquel la gauche devrait être attachée.
13:47 Pourquoi ?
13:48 Parce que c'est un modèle dans lequel les salariés produisent leurs propres droits.
13:52 Ils ne dépendent plus de la...
13:54 - Ils se protègent.
13:55 - Exactement, ils ne dépendent plus de la charité de l'État ou de la charité du patron.
14:00 On est sortis du 19e siècle, dans le 20e siècle, on rentre dans le monde des assurances.
14:04 Et donc il faut continuer de travailler,
14:06 et je ne comprends pas bien parfois l'attitude des syndicats, de certains syndicats,
14:10 en tout cas, qui freinent des deux pieds.
14:13 Alors, les formules un peu, là aussi à l'emporte-pièce,
14:16 mais on nous vole deux ans de vie.
14:18 Jean-Luc Mélenchon, ce sont des formules qui n'ont aucun rapport avec la réalité.
14:23 D'abord, parce qu'en France, on vit en moyenne entre 22 et 25 ans à la retraite.
14:28 Vous vous rendez compte ? C'est une conquête sociale formidable.
14:30 - C'est plus qu'il y a 100 ans où on le vit pour 50 plus.
14:32 - Non, mais bien sûr que non, bien sûr que non, on a cherché à faire croire.
14:35 Ce qui est formidable, André Bercoff, c'est qu'à l'époque,
14:38 il y a la note qui devrait être, comment dire, un monde dérudie.
14:42 On croit encore les sorcières,
14:45 il y a une partie de la population qui croit sincèrement
14:48 qu'on meurt à 62 ans en quittant son emploi.
14:50 Enfin, il suffit d'abord d'ouvrir les yeux autour de nous,
14:53 de consulter les statistiques.
14:55 - Les âges légals des décès.
14:57 - Pour voir que non, en France, les femmes vivent,
15:00 je crois que c'est entre 25 et 26 ans en moyenne à la retraite,
15:03 à toucher une pension, les hommes 21 ans.
15:06 Qui peut légitimement prétendre que le travail tue ?
15:09 Mais non, c'est le contraire, c'est l'inactivité, c'est l'ennui qui tue.
15:12 - L'oisiveté est la mère de tous les vices, on les a y entendre.
15:16 Mais juste un mot à propos, vous donnez,
15:18 on va parler un peu, vous parlez des syndicats, Pascal Péry,
15:21 vous en parlez dans votre livre,
15:22 mais il y a deux ou trois anecdotes qui m'ont fait quand même,
15:25 j'allais dire rire au lieu d'être relou, j'en pleurais quand même,
15:29 c'est dans l'audiovisuel public,
15:30 vous racontez certains trucs des syndicats par rapport à la position des caméras,
15:34 que j'ai trouvé hallucinant, mais racontez,
15:37 parce que c'est à dire que, en fond, les syndicats,
15:39 enfin certains syndicats, on ne va pas généraliser, mais quand même,
15:42 il y a dans ce qui compte, c'est, moi je finis à 13h15,
15:46 tu me dis de rester jusqu'à 13h20, il n'en est pas question.
15:48 - Ah non, la réponse c'est non.
15:50 Ou alors Jean Bauche à 13h15,
15:52 ou alors le journaliste en Bauche à 13h15,
15:55 mais il est déjà prêt à 13h10 pour faire un direct,
15:59 et on lui répond, en régie, il y a un délégué syndical qui est là,
16:03 une personne qui travaille, qui est là, déléguée syndical,
16:05 hors de question.
16:06 - Histoire authentique.
16:07 - Ah non, c'est des histoires vraies.
16:09 L'histoire de la bombe à essence est très simple,
16:10 ça s'est passé pendant, vous savez, la tension d'approvisionnement en pétrole.
16:14 Vous avez une caméra qui est là, un journaliste avec un journaliste reporter d'image,
16:19 présumé journaliste reporter d'image,
16:21 qui est là pour interroger les gens,
16:23 c'est un direct, un direct à la télévision publique,
16:25 donc, c'est une chaîne d'info,
16:28 et alors on demande en régie à ce JRI,
16:32 enfin, à cet opérateur, de changer l'axe de la caméra
16:35 pour qu'on voit bien les voitures,
16:36 parce que la caméra donne dans un champ,
16:38 on ne voit rien, si vous voulez.
16:40 On ne voit pas les voitures qui font la file d'attente interminable, etc.
16:44 Et le type répond, non, je suis désolé,
16:46 moi je suis opérateur de vue, je ne suis pas journaliste,
16:48 je ne touche pas la caméra.
16:49 Donc le type est arrivé, il a posé la caméra,
16:51 et le pauvre journaliste qui devait faire son direct,
16:54 a fait son direct avec un champ derrière lui,
16:57 et pas de fil de voiture.
16:58 C'est une succession, vous avez des mondes qui sont hyper protégés.
17:02 Le paradoxe de ce pays, c'est ça,
17:04 c'est que vous avez des types qui mouillent leur chemise tous les jours,
17:06 qui mettent leur argent sur la table,
17:09 qui parfois engagent l'argent de leurs enfants,
17:11 et puis de l'autre côté, vous avez des gens
17:13 qui ne considèrent que les droits auxquels ils ont accès,
17:18 qui ne sont même pas des droits acquis,
17:20 ils vous disent que ce sont des droits conquis,
17:21 une fois qu'on a conquis, mon vieux, c'est fini, on ne revient pas dessus.
17:25 Alors, puisque vous parlez de l'audiovisuel public,
17:27 j'hésite à dire du mal,
17:29 mais malgré tout, je suis citoyen, je paye des impôts,
17:32 je vois que le budget de l'audiovisuel public va encore augmenter,
17:37 et que les Français payent,
17:41 les Français seraient en droit d'attendre, d'abord,
17:43 une information honnête, ouverte, pluraliste,
17:46 diverse absolument,
17:48 qui laisse une parole à toutes les voix qui s'expriment dans la société française,
17:53 et un minimum d'engagement des salariés.
17:55 Quand vous portez le service public,
17:58 vous portez l'intérêt supérieur du pays,
18:01 vous devez vous engager,
18:03 ce n'est pas simplement une collection de droits,
18:05 ce n'est pas un catalogue de droits,
18:07 le service public, ça devrait être aussi un bréviaire,
18:10 des devoirs et des engagements.
18:13 - Oui, non, mais c'est ça aussi,
18:16 c'est intéressant, parce que vous en parliez bien,
18:18 ça freine aussi le côté de dire,
18:21 attendez, le travail, non mais,
18:23 on a tous été éduqués ça, mais même,
18:25 heureusement, il y a beaucoup de jeunes qui le comprennent,
18:27 je veux dire, si tu fais rien, tu veux quoi ?
18:29 Et ça, c'est tout le côté aide sociale,
18:32 et je voudrais vous faire écouter quelque chose,
18:34 Thibault, écoutez ça,
18:36 ça a fait beaucoup de scandales,
18:38 c'est quelqu'un qui explique,
18:40 c'est une partie de la chose,
18:42 mais ça va assez loin, Pascal Péry,
18:44 écoutez quelqu'un qui dit, voilà,
18:46 comment on peut, avec les aides,
18:48 avec les trucs, rien foutre,
18:50 étruander l'État, voilà, écoutez.
18:52 - Bien évidemment, il faut savoir que
18:54 je peux toucher la hache en vivant à l'étranger,
18:56 je peux toucher la hache en vivant au Japon,
18:58 en vivant aux Émirats Arabes Unis,
19:00 au Canada, aux États-Unis,
19:02 je vais vous dire par la hache, même si vous êtes en bonne santé,
19:04 moi, je suis en bonne santé, je ne suis pas en fauteuil roulant,
19:06 je ne suis pas aveugle,
19:08 je suis en bonne santé, grâce à Dieu,
19:10 je suis en bonne santé, je suis juste handicapé sur le papier,
19:12 parce que je me suis arrangé avec un médecin,
19:14 parce que je l'ai manipulé, parce que la manipulation et la persuasion
19:16 est une science qu'il faut acquérir, cher ami,
19:18 moi, je vais vous aider à toucher la hache,
19:20 à vivre dignement
19:22 en touchant des allocations généreuses,
19:24 sans travailler, parce que tous ces salariés-là,
19:26 tous ces crétins de salariés
19:28 qui se lèvent le matin pour aller bosser,
19:30 qui sont hypocrites,
19:32 qui baissent leurs pantalons devant leur patron,
19:34 tous ces crétins de salariés,
19:36 dans leur bulletin de paye, on enlève les cotisations sociales,
19:38 et ces cotisations sociales,
19:40 elles payent mon AHS, elles payent mon allocation
19:42 adulte handicapé et mon allocation de solidarité
19:44 spécifique de mon ASS, donc tous ces crétins
19:46 de salariés, ils vont bosser pour payer mes allocations,
19:48 c'est comme ça, c'est Dieu qui donne,
19:50 "Alhamdoulilah", voilà,
19:52 et pour 300 euros, vous me donnez 300 euros,
19:54 je vais vous... vous allez toucher votre hache,
19:56 même si vous êtes en bonne santé.
19:58 - Alors Pascal Péry, c'était intéressant... - Non, c'est un comédien.
20:00 - Non, c'est un comédien, pas du tout.
20:02 - C'est totalement réel
20:04 et il a été poursuivi, c'est pas une fake news,
20:06 je peux vous dire, on a enquêté là-dessus,
20:08 c'est quelqu'un qui explique, il dit "Vous allez pas vous emmerder,
20:10 regardez ces crétins de salariés
20:12 qui vont travailler, mais ils travaillent pour nous,
20:14 moi je vais rien faire, allez, j'ai l'allocation ceci,
20:16 j'ai l'allocation cela, tu peux vivre à l'étranger,
20:18 tu te feras 2000 euros, c'est déjà pas mal."
20:20 Ça existe,
20:22 alors je dis pas que c'est la majorité,
20:24 c'est pas les poissons volants,
20:26 mais quand même ça existe, ça veut dire
20:28 que cette tendance dont vous parlez dans votre livre,
20:30 il y a des gens qui peuvent aussi,
20:32 et qui l'exploitent, en disant
20:34 "Mais comment on peut détourner le système
20:36 pour s'en travailler ?"
20:38 Et c'est fou parce que ce qui m'a frappé,
20:40 je reviens à votre livre, c'est pour ça que je...
20:42 "C'est des crétins de salariés."
20:44 Donc, il y a des gens pour qui, les gens qui travaillent
20:46 avec son salarié, c'est des pauvres gens,
20:48 je veux dire, alors je dis pas encore une fois,
20:50 mais cette mentalité, c'est marrant,
20:52 puisqu'on n'aurait pas entendu ça il y a encore 30 ans.
20:54 - Non, alors, il y a 30 ans,
20:56 il y a 30 ans, le type ne traversait plus la rue,
20:58 le pays
21:00 serait mis en chasse
21:02 d'une parole comme celle-là,
21:04 qui est une parole quand même extrêmement
21:06 insultante. Alors, il y a
21:08 un aspect qui est assez
21:10 rarement évoqué, c'est celui des fraudes sociales.
21:12 Et au fond, ce témoignage
21:14 nous y ramène.
21:16 Sur les fraudes sociales, on estime
21:18 qu'il y a 20 milliards d'euros de fraudes sociales en France.
21:20 Il y a 20 milliards aux cotisations et 20 milliards
21:22 aux prestations. - C'est pas mal, c'est énorme.
21:24 - Au total, 10 aux prestations,
21:26 10 aux cotisations.
21:28 Et ce qui est frappant,
21:30 c'est que le taux de recouvrement
21:32 n'est que de 1 milliard.
21:34 C'est-à-dire qu'au fond, ça traduit quoi ?
21:36 Ça traduit le fait qu'on ne fait pas la chasse
21:38 à ce type de comportement.
21:40 Il faut un scandale, il faut quelqu'un
21:42 qui prenne l'initiative
21:44 à visage découvert de dire
21:46 "Voilà comment on peut provoquer
21:48 une avarie dans le système, voilà comment on peut
21:50 profiter du système pour que finalement
21:52 on s'y intéresse." Mais, globalement,
21:54 vous avez une partie
21:56 du pays qui considère qu'après tout,
21:58 la fraude sociale, c'est pas très grave.
22:00 La fraude fiscale est beaucoup plus grave.
22:02 Elle est beaucoup...
22:04 Chassée pour chasser. Pour moi, d'ailleurs,
22:06 quel que soit l'épithète,
22:08 c'est le mot "fraude"
22:10 que je retiens. C'est de la fraude
22:12 et dans ce domaine, en effet,
22:14 les Français sont extrêmement en retard.
22:16 On estime que la part de...
22:18 - Pourquoi ? - L'économie informelle...
22:20 Il y a de nombreuses explications.
22:22 La part de l'économie informelle,
22:24 c'est entre 7 et 8% du PIB.
22:26 Bon, l'économie informelle,
22:28 c'est l'économie souterraine.
22:30 C'est le black, si vous voulez, pour dire les choses simplement.
22:32 - Les trafics, etc.
22:34 - Alors,
22:36 j'ai recueilli des témoignages, je ne les ai pas
22:38 relevés et surtout, évidemment,
22:40 je ne souhaite pas donner
22:42 d'identité,
22:44 de gens qui vous expliquent qu'aujourd'hui,
22:46 en cumulant les aides sociales plus un petit travail
22:48 au noir, on est en général
22:50 beaucoup mieux
22:52 payé. - On entend ça.
22:54 - On est très souvent, comment dire,
22:56 mieux loti que
22:58 pour un travail access,
23:00 entrée de gamme, pour lequel il y a un certain nombre de contraintes.
23:02 D'ailleurs, un des paradoxes,
23:04 une des difficultés,
23:06 j'essaye de comprendre quels sont les freins de retour
23:08 à l'emploi. Dans les freins de retour à l'emploi,
23:10 il y a les questions de formation,
23:12 les questions de logement, de déplacement,
23:14 et puis il y a peut-être un sujet qu'on n'évoque pas souvent,
23:16 c'est le très faible écart qui existe
23:18 entre la socialisation
23:20 et le retour vers l'emploi.
23:22 Sachant qu'en cumulant, en effet,
23:24 les aides diverses,
23:26 pas nécessairement autour du monde
23:28 professionnel, mais les aides au logement,
23:30 à l'enfance, la famille,
23:32 etc., on arrive
23:34 à des revenus qui sont assez
23:36 comparables avec quelqu'un dont
23:38 le revenu est autour du SMIC. D'autant que
23:40 si vous travaillez, et ça fait partie
23:42 des freins, si vous travaillez, si vous
23:44 revenez au travail, vous allez devoir engager un certain
23:46 nombre de frais pour vous déplacer,
23:48 ne serait-ce que pour vous nourrir le midi.
23:50 Au fond, reprendre un travail
23:52 quand on n'en a pas,
23:54 c'est changer
23:56 de modèle de vie, et peut-être que
23:58 l'écart entre les deux n'est pas suffisant
24:00 aujourd'hui pour inciter les gens à retourner au travail.
24:02 - On va se retrouver dans un instant sur
24:04 Sud Radio, on est toujours avec Pascal Péry,
24:06 qui vient nous voir pour ce livre "Génération Farniante",
24:08 et puis avec vous, aussi c'est vous qui aurez la parole,
24:10 0826 300 300, à tout de suite.
24:12 - Et nous sommes toujours avec
24:14 Pascal Péry, pour "Génération
24:16 Farniante", un livre
24:18 vraiment très intéressant,
24:20 qui fait l'inventaire un peu de ce qui
24:22 se passe dans les rapports des Français du travail,
24:24 et pas seulement des Français, de l'État,
24:26 des patronats, des administrations,
24:28 et il y a un mot, Pascal Péry, quand même,
24:30 que vous employez, mais alors qui est presque,
24:32 je ne dirais pas un mot obscène, mais
24:34 suffleureux,
24:36 on emploie de moins en moins la
24:38 méritocratie, et pourtant la méritocratie
24:40 ne serait-ce pas
24:42 la fonction républicaine par excellence,
24:44 en tout cas la fonction,
24:46 je veux dire, juste ?
24:48 - Si, si, vous avez raison,
24:50 le grand apport de la
24:52 Révolution française, c'est la sélection,
24:54 qui supprime la
24:56 cooptation. - Alors qu'on dit c'est une mesure
24:58 de droite, aujourd'hui, après la Révolution
25:00 française. - C'est étonnant,
25:02 oui, vous avez raison, le mérite, la méritocratie,
25:04 personne ne veut en entendre parler, parce qu'il y a
25:06 une espèce d'égalité,
25:08 un idéal égalitaire, ou égalitariste en France,
25:10 on n'a pas compris d'ailleurs le sens de
25:12 l'égalité, mais être égal avec
25:14 chacun, c'est lui rendre ce qu'il apporte aussi
25:16 à la collectivité, donc c'est reconnaître ses mérites.
25:18 Et il y a en France
25:20 des batailles de chiffonniers autour de
25:22 l'appréciation de ce qu'est le mérite, alors à chaque fois
25:24 qu'on veut apprécier
25:26 des fonctionnaires au mérite,
25:28 on nous répond que c'est de nature
25:30 à fausser
25:32 les relations entre eux,
25:34 entre le public et eux-mêmes,
25:36 ils rendent un service public, quand on cherche
25:38 à évaluer, alors ça se fait beaucoup plus dans le
25:40 privé, parce que le privé
25:42 est plus ouvert à la compétition,
25:44 par nature, mais oui,
25:46 le mérite pose en France un véritable
25:48 problème, c'est d'ailleurs ce qui explique que
25:50 les vrais méritants quittent le pays !
25:52 Les vrais méritants quittent le pays,
25:54 observez bien la situation,
25:56 je vais peut-être dire quelque chose qui
25:58 choquera certains d'entre vous,
26:00 - Il faut le dire ! - Bah, nous exportons
26:02 des BAC +10,
26:04 en France, et nous importons des BAC -10.
26:06 C'est la réalité.
26:08 Et vous savez, il y a
26:10 une valeur, il y a un capital qui s'appelle le capital
26:12 immatériel, c'est l'ensemble des compétences,
26:14 et pardon, quand on a
26:16 bien travaillé à l'école,
26:18 quand on a suivi un cursus
26:20 de formation solide,
26:22 eh bien, on peut
26:24 accéder à un emploi qui est bien formé, qui est mieux formé,
26:26 on gagne sa vie, on s'insère, on paye des impôts,
26:28 on consomme, etc.
26:30 C'est le début d'un processus authentiquement républicain,
26:32 d'un processus de démancipation,
26:34 si vous voulez. Et donc,
26:36 ne pas reconnaître le mérite,
26:38 au fond, c'est la pire insulte
26:40 au principe d'égalité, car
26:42 l'égalité suppose qu'on respecte chacun
26:44 en fonction de ce qu'il apporte.
26:46 - Et alors, est-ce qu'il ne faudrait pas,
26:48 on va pas faire une discussion philosophique, Pascal Péry,
26:50 remplacer l'égalité par équité ?
26:52 - Si, l'équité, c'est ça.
26:54 L'esprit de l'équité, c'est ça.
26:56 C'est que, il y a des gens qui sont, dans les deux sens,
26:58 il y a des gens qui souffrent des handicaps,
27:00 qui peuvent être des handicaps sociaux,
27:02 etc. Le rôle de la collectivité,
27:04 c'est de les aider
27:06 à accéder
27:08 à la même ligne de départ que les autres.
27:10 C'est ça, l'équité. - C'est ça, même ligne de départ.
27:12 Et qu'après, que le meilleur gagne,
27:14 c'est les meilleurs gagnants. - Mais tout le monde n'arrive pas premier ex aequo.
27:16 Vous voyez ce que je veux dire ?
27:18 - Bien sûr. - Non, il y a un premier, il y a un dernier.
27:20 Mais on donne à chacun
27:22 les outils pour accéder
27:24 au même titre que les autres à la ligne de départ.
27:26 Ensuite, effectivement...
27:28 - On va continuer d'en parler, Stéphane,
27:30 avec nos auditeurs et les auditeurs de Sud Radio.
27:32 - On a une auditrice qui nous appelle
27:34 au 0826 300 300.
27:36 C'est Catherine qui nous appelle de Paris.
27:38 Vous avez peut-être une question pour Pascal Péry. Bonjour Catherine.
27:40 - Bonjour Catherine. - Oui, bonjour.
27:42 Voilà, je vais intervenir dans votre émission
27:44 parce que je ne suis pas tout à fait d'accord
27:46 avec ce que dit
27:48 M. Péry.
27:50 Voilà, j'en ai parlé
27:52 à l'interlocuteur que j'ai eu,
27:54 à l'accueil,
27:56 parce que je trouve que son analyse
27:58 est assez erronée
28:00 et qu'il fait beaucoup d'amalgame. Par exemple,
28:02 quand il dit que
28:04 le travail
28:06 ne tue pas, etc.,
28:08 que ce n'est pas en travaillant qu'on survit de la société,
28:10 j'ai dit que ça dépendait
28:12 de quel travail on faisait.
28:14 Si on travaille dans le BTP
28:16 ou la restauration ou des travaux
28:18 comme ça durent physiquement
28:20 et que l'on fait en plus plus
28:22 de 35 heures en général
28:24 et assez mal payé,
28:26 il est évident que sa santé en prend un coup.
28:28 Donc ces personnes, si elles arrivent
28:30 à la retraite, même de 64-67 ans,
28:32 elles arrivent
28:34 dans un mauvais état pour la plupart.
28:36 Donc leur espérance de vie va être
28:38 d'autant diminuée.
28:40 De plus, quand ce monsieur
28:42 dit que maintenant,
28:44 l'espérance de vie chez les femmes
28:46 est de 25 ans après la retraite,
28:48 on dit que les femmes,
28:50 l'espérance de vie, c'est 85 ans
28:52 en France en moyenne,
28:54 et les hommes, à peu près 79 ans.
28:56 Il faut savoir
28:58 que les gens sont atteints de plus en plus tôt
29:00 de maladies chroniques, comme les cancers,
29:02 les problèmes cardiovasculaires,
29:04 et j'en passe. Donc d'accord, vous restez en vie,
29:06 mais vous êtes sous des traitements très lourds,
29:08 et j'en sais quelque chose. Donc ça, c'est la
29:10 deuxième chose. Donc ça ne veut pas dire
29:12 une qualité de vie extraordinaire.
29:14 Et quand il dit que des gens,
29:16 par exemple, profitent un peu de la société
29:18 par les allocations qu'on leur remerce,
29:20 moi je dirais qu'il y a des gens,
29:22 donc ce sont un peu des saignants
29:24 qui ne participent pas à la richesse
29:26 de notre pays. Moi je dis
29:28 que quand des gens spéculent
29:30 et gagnent beaucoup d'argent, ils ne travaillent pas,
29:32 ils spéculent. La spéculation, c'est quand même un travail très passif,
29:34 et ils gagnent beaucoup d'argent.
29:36 Je ne sais pas si ces personnes-là
29:38 participent beaucoup à la richesse
29:40 de notre société. Voilà ce que je voulais dire.
29:42 - Alors Catherine,
29:44 on ne s'est pas tout dit, évidemment,
29:46 avec André, mais dans le bouquin,
29:48 moi je fais une proposition
29:50 qui est qu'il faudrait déterminer,
29:52 c'est un peu la crise du Covid qui nous l'a appris,
29:54 qu'il y a des emplois. Il faut déterminer
29:56 qu'il y a en France des emplois qui sont
29:58 économiquement négligés, mais que j'appelle
30:00 socialement cutiles.
30:02 C'est ce que vous évoquiez tout à l'heure. C'est des gens
30:04 qui nettoient le métro, les autobus,
30:06 qui sont les services
30:08 à la personne, dans une économie de services,
30:10 c'est important.
30:12 Vous savez, tout ce qu'on a appelé les premiers de cordée.
30:14 Moi je pense que si on veut
30:16 conserver
30:18 des vocations
30:20 dans ce domaine,
30:22 il faut payer correctement les gens. Donc je propose
30:24 qu'on augmente leur salaire.
30:26 Maintenant, Catherine,
30:28 sur les autres aspects,
30:30 il y a quand même plus de gens en bonne santé
30:32 que de gens malades dans ce pays. C'est le premier point.
30:34 Sur le deuxième point,
30:36 sur votre remarque, quand vous me dites
30:38 "en substance,
30:40 je considérerais les gens qui vivent
30:42 des allocations comme des feignants",
30:44 je n'ai jamais dit ça, je ne le pense absolument pas.
30:46 Je pense au contraire que
30:48 le respect qu'on leur doit,
30:50 le respect qu'il aurait dû par la collectivité,
30:52 c'est de les amener à l'employabilité.
30:54 Ce qui est indigne,
30:56 ce n'est pas
30:58 qu'on demande aux gens
31:00 qui vivent du RSA de se former. Ce qui est indigne,
31:02 c'est qu'il y ait des gens au RSA. Vous voyez ce que je veux dire ?
31:04 - Oui. - Bon. - Oui.
31:06 - Je sais que votre sensibilité,
31:08 ce que vous dites,
31:10 existe dans la société française.
31:12 Vous avez raison. Il faut qu'il y ait des voix comme la vôtre
31:14 qui rappellent peut-être
31:16 que tout travail mérite salaire.
31:18 - Et un bon salaire.
31:20 - Et puis il y a des travaux
31:22 plus durs que d'autres. - Qu'il faut payer.
31:24 - Oui, qu'il faut payer.
31:26 - Mais vous savez, Catherine, c'est vrai,
31:28 c'est tout le paradoxe,
31:30 d'ailleurs, mondial.
31:32 C'est que ce n'est pas par hasard que
31:34 énormément de gens, et par millions, veulent venir
31:36 en France et en Europe, parce qu'ils estiment,
31:38 eux, et je ne dis pas que ça excuse
31:40 quoi que ce soit qui se passe chez nous,
31:42 mais ils estiment que la France et l'Europe
31:44 sont un paradis par rapport à ce qu'ils vivent
31:46 chez eux.
31:48 - Je peux faire une petite remarque ? - Oui.
31:50 - Je pense que si les gens
31:52 étaient bien dans leur pays,
31:54 normalement dans leur pays,
31:56 ils n'auraient pas l'envie de venir chez nous.
31:58 - Mais bien sûr, c'est ce que je dis.
32:00 - On les laisse
32:02 dans un état de pauvreté immense.
32:04 S'ils étaient bien chez eux, ils ne viendraient pas chez nous.
32:06 - Mais c'est exactement ce que je dis,
32:08 et c'est pour ça que, hélas,
32:10 nous sommes dans un monde très relatif
32:12 de ce point de vue-là.
32:14 - Merci Catherine pour votre appel.
32:16 On rejoindra César dans un instant
32:18 qui nous attend au Standard, et on va marquer une courte pause
32:20 sur Sud Radio. À tout de suite.
32:22 - C'est la voiture d'André Bercoff dans tous ses états.
32:24 On est ensemble jusqu'à 14h.
32:26 On est toujours avec Pascal Péry, et puis nous avons César
32:28 qui nous appelle au 0826 300 300.
32:30 César, vous nous appelez de Bayonne. Bonjour.
32:32 - Bonjour César.
32:34 - Bonjour Bercoff, bonjour Pascal Péry,
32:36 et très bonne rentrée à vous André Bercoff.
32:38 - Merci. Bonjour à vous aussi.
32:40 Bonjour César.
32:42 - Alors, moi j'ai vécu en Angleterre
32:44 un an et demi, plus d'un an et demi.
32:46 Je suis parti à cause du Covid,
32:48 bref, pendant la pandémie,
32:50 j'ai fait le premier confinement là-bas,
32:52 mais j'ai appris quelque chose en Angleterre,
32:54 et dans les pays anglo-saxons, j'ai appris que ça se faisait comme ça,
32:56 et en fait,
32:58 ça ne se fait pas dans la plupart des pays,
33:00 et pour moi c'est un enseignement gigantesque,
33:02 donc vous n'aurez qu'à me dire ce que vous en pensez,
33:04 mais c'est ce que j'ai appris là-bas, et je trouve ça formidable.
33:06 Comme vous le savez, l'emploi c'est très important,
33:08 puisque c'est avec ça qu'on crée de la richesse,
33:10 qu'on apprend à vivre, et donc c'est très important.
33:12 Et puis il y a tout l'aspect
33:14 développement personnel qui est dans le boulot, tout ça.
33:16 Mais il y a une des auditrices qui a dit avant,
33:18 qui a parlé de la qualité de vie,
33:20 et en fait c'est un petit peu ce que je vais dire aujourd'hui,
33:22 c'est qu'en Angleterre j'ai appris deux choses,
33:24 enfin j'ai appris une seule chose,
33:26 c'est pour moi un des points fondamentaux,
33:28 c'est que beaucoup de gens en Angleterre,
33:30 ils travaillent en deux temps,
33:32 c'est-à-dire qu'ils vont prendre un boulot,
33:34 ils ne font pas 7 heures par jour comme en France,
33:36 ils vont prendre un boulot,
33:38 les emplois sont beaucoup plus flexibles en Angleterre,
33:40 c'est-à-dire qu'on peut demander un 2 jours par semaine,
33:42 si on est étudiant, on peut demander un 3 jours par semaine,
33:44 on peut demander un 4 jours par semaine,
33:46 mais c'est pas tout le monde qui va prendre un 5 jours par semaine,
33:48 et c'est ça que je trouvais incroyable,
33:50 c'est que les gens peuvent bosser au moins 8 heures par jour,
33:52 voire même 9 heures par jour,
33:54 ou 10 heures par jour, moi personnellement,
33:56 j'ai appris l'anglais là-bas, donc je n'avais pas envie de bosser tout le temps,
33:58 je bossais entre 8 heures et 10 heures par jour en Angleterre,
34:00 dans des restos ou dans des hôtels,
34:02 et je gagnais mieux ma vie en 3 jours,
34:04 que en France en 5 jours,
34:06 rien que pour le boulot alimentaire.
34:08 Et en plus de ça,
34:10 et c'est le deuxième point,
34:12 c'est que beaucoup de gens là-bas bossent en 3 jours,
34:14 donc ils optimisent leur temps,
34:16 afin d'avoir une qualité de vie,
34:18 d'avoir du temps libre,
34:20 dans tous les cas, ils ont du temps libre.
34:22 - Ils font du 3 jours par semaine, avec 10 heures par jour ?
34:24 - Voilà, parce que mine de rien,
34:26 vous gagnez un peu d'argent,
34:28 et en plus, beaucoup de gens, qu'est-ce qu'ils faisaient là-bas ?
34:30 Eh bien, ils avaient un projet professionnel,
34:32 un projet de vie, un rêve, vous voyez,
34:34 mais qui est beaucoup plus bengal,
34:36 c'est-à-dire qu'il y a des gens, ils ont des rêves,
34:38 ils vont le réaliser peut-être dans 10 ans,
34:40 ils vont prendre une demi-journée de plus,
34:42 ils vont faire des compléments de revenus,
34:44 et donc ils ont un rêve, c'est comme vous André Bercov,
34:46 quand vous avez 82 ans, vous bossez,
34:48 c'est peut-être même pas un effort pour vous,
34:50 parce que vous aimez votre métier.
34:52 Eh bien, il y a des gens, ils ont un projet de vie,
34:54 qui est peut-être bengal, mais ils ont le boulot alimentaire,
34:56 plus un projet de vie, et dans tous les cas,
34:58 ils ont du temps libre, et c'est ça qui est important,
35:00 d'avoir 3 jours de repos par semaine, voilà.
35:02 - Alors Pascal Péry, effectivement, c'est intéressant,
35:04 cette flexibilité et ce projet.
35:06 - Oui, alors l'Angleterre a un modèle complètement différent du nôtre,
35:08 César a dû le constater,
35:10 sur sa feuille de paye, il y a très peu de retenue,
35:12 en Angleterre, il y avait très peu de retenue sociale,
35:14 on est d'accord.
35:16 La part, ce qu'on appelle le coin fiscal,
35:18 c'est-à-dire l'écart entre le brut et le net,
35:20 est très important en France,
35:22 et il est beaucoup moins important en Angleterre,
35:24 ce qui donne cette impression qu'on est mieux payé.
35:26 Maintenant, César,
35:28 si vous aviez été malade, si vous aviez dû
35:30 passer par le National Health Service,
35:32 qui est le système hospitalier,
35:34 vous auriez peut-être préféré avoir
35:36 une assurance privée.
35:38 C'est un modèle différent du nôtre, je veux dire par là
35:40 que notre coin social à nous,
35:42 il finance la politique des retraites,
35:44 la politique de l'assurance maladie,
35:46 - La politique de l'enfance, des transports, etc.
35:48 - La politique de l'enfance, des transports, etc.
35:50 Donc, bon,
35:52 ces deux modèles non comparables.
35:54 Je pense qu'on doit pouvoir
35:56 rester ce que nous sommes, c'est-à-dire des Français,
35:58 des Gaulois, avec un droit du travail,
36:00 il faut l'adapter.
36:02 Il faut l'adapter pour tout un tas de raisons,
36:04 pour les raisons qu'évoque César et aussi pour d'autres.
36:06 J'ai été frappé de rencontrer,
36:08 à l'inverse de ce que je pouvais penser,
36:10 j'avais peut-être de mauvaises intuitions, des jeunes qui me disaient,
36:12 dans le cadre de cette enquête,
36:14 "Moi, je ne veux pas de CDI".
36:16 Ah bon ?
36:18 J'écoute pourtant régulièrement
36:20 des voix de gauche qui s'élèvent pour dire
36:22 "Mais les jobs qu'on propose sont des bullshit jobs,
36:24 c'est des petits boulots,
36:26 c'est de l'intérim, c'est du CDD,
36:28 on vous propose un CDI,
36:30 vous n'en voulez pas ?" Non, non,
36:32 je ne veux pas me marier avec cette boîte.
36:34 Je veux un contrat, et puis demain,
36:36 je ferai peut-être autre chose.
36:38 Donc, voyez, y compris le rapport
36:40 à la régularité du contrat de travail
36:42 évolue, et il faut aujourd'hui qu'on puisse
36:44 en tenir compte. Et le rappeler que la vie
36:46 n'est qu'un CDD.
36:48 La vie n'est qu'un CDD, ne pas l'oublier.
36:50 Sauf qu'on n'a pas la détermination
36:52 du contrat.
36:54 - Merci César d'avoir été avec nous.
36:56 On accueille Sébastien de Perpignan.
36:58 Sébastien, vous êtes chef d'entreprise. Bonjour à vous.
37:00 - Oui, petite entreprise.
37:02 - Bonjour Sébastien.
37:04 - Bonjour, je suis ravi de vous avoir parce que je suis un grand fan.
37:06 Moi, je n'appelle que rarement,
37:08 mais en tout cas, merci.
37:10 Et puis ça fait du bien d'entendre votre invité, que je ne connaissais pas,
37:12 mais qui dit des vraies vérités,
37:14 et qui soulage un peu
37:16 des choses. Alors, moi, je vous explique que je...
37:18 - Sébastien !
37:20 - J'arrête mon activité pour quitter la phrase, parce que
37:22 justement, avec ces
37:24 rapports qui sont...
37:26 Si vous voulez, vous avez dû tous voir
37:28 sur les réseaux sociaux circuler
37:30 un visuel qui signifiait
37:32 un patron qui est passé dans une clavèche
37:34 et qui se fait traîner par
37:36 des salariés, et un leader qui était
37:38 devant en train d'amener les gens
37:40 vers sa passion, puisque moi
37:42 en fait, je suis un autodidacte,
37:44 et ce que je fais, je le fais par passion avant tout.
37:46 D'ailleurs, je trouve que c'est ça qui est un peu triste
37:48 dans le travail, c'est qu'on oublie un peu
37:50 que certains pourront faire une passion.
37:52 Et que là, du coup,
37:54 le travail n'est plus une contrainte.
37:56 Et du coup, le problème,
37:58 c'est que quand on est leader aussi,
38:00 dans ce visuel, il y a un truc qu'on oublie, c'est que derrière,
38:02 il faut quand même avoir l'œil derrière, parce que
38:04 il y a certaines personnes qui en profitent
38:06 un peu, puisque le patron le fait.
38:08 On va lever le pied,
38:10 on va se le prendre à la douce. Alors effectivement,
38:12 on est obligé de composer pour essayer de garder
38:14 les gens
38:16 qui nous entourent pour continuer l'activité.
38:18 Mais moi,
38:20 j'ai qu'une envie, là, c'est
38:22 franchement d'arrêter.
38:24 - Si je m'ai bien compris, Sébastien,
38:26 vous voulez quitter la France, vous, à eu égard aux conditions.
38:28 - Moi, j'ai un parc animalier
38:30 d'animation.
38:32 J'ai eu une grande boîte d'événementiel aussi.
38:34 Effectivement, j'ai plein d'idées,
38:36 plein de choses qui sont réalistes, plein de choses qui fonctionnent.
38:38 Mais derrière, j'ai du mal à m'entourer de gens qui sont passionnés,
38:40 parce que je suis un passionné, je cherche à m'entourer
38:42 de gens passionnés, et c'est pas un problème
38:44 de les rémunérer.
38:46 Mais voilà, les gens, pour moi,
38:48 en fait, quand on fait quelque chose,
38:50 et surtout qui est lié au monde animal,
38:52 c'est forcément une vocation.
38:54 - Merci Sébastien.
38:56 - Il parle de l'absence de passion.
38:58 - Oui, mais ça, c'est aussi
39:00 la conséquence du monde digital
39:02 qui fabrique des gens passifs.
39:04 C'est aussi
39:06 les périodes de tensions, de crises
39:08 qui fabriquent plutôt des égoïstes.
39:10 On a du mal à trouver
39:12 des passions,
39:14 en effet.
39:16 J'allais dire qu'on a perdu le contact,
39:18 André,
39:20 vous et moi, on connaît l'Orient.
39:22 L'Orient,
39:24 c'est un monde dans lequel
39:26 survivent les transcendances.
39:28 La transcendance vous tire vers le haut.
39:30 Il n'y a plus de transcendance. Si l'objectif
39:32 unique des individus, c'est effectivement
39:34 de gagner leur vie, de gagner toujours plus,
39:36 c'est un monde triste, au fond.
39:38 Et ce que dit Sébastien, il a l'air transporté
39:40 par son activité,
39:42 c'est qu'il a du mal à la faire partager.
39:44 Peut-être que, parfois,
39:46 il a pu être maladroit avec l'un ou l'autre,
39:48 mais on sent qu'il a de la bonne volonté, chez lui,
39:50 la volonté de, en tout cas, de partager
39:52 sa passion et d'associer un projet collectif.
39:54 - Et puis, Pascal, il faut savoir aussi quelque chose.
39:56 La paperasse, en France.
39:58 L'administration, les 45 formules,
40:00 les 15 lignes
40:02 ou les 25 lignes de votre
40:04 bulletin de paye, vous le savez.
40:06 Ça aussi, c'est peut-être pas le meilleur.
40:08 - La complexité, probablement,
40:10 oui, joue un rôle
40:12 et
40:14 elle doit décourager
40:16 un certain nombre de vocations.
40:18 Mais, il n'empêche que, il y a,
40:20 dans le fond de l'air, et c'est ça que je retiens
40:22 des quelques témoignages
40:24 qu'on a entendus et de l'enquête que j'ai menée,
40:26 il y a, dans le fond de l'air,
40:28 une espèce d'idéologie post-industrielle
40:30 du non-travail, dans cette société.
40:32 Qui n'existe pas nécessairement chez nos voisins.
40:34 Les Allemands, c'est évident.
40:36 Les Anglais aussi. Mais y compris
40:38 chez les Espagnols et chez les Italiens.
40:40 Il y a une particularité de la France,
40:42 dans les peuples latins, en Italie,
40:44 qui ne servent à un outil industriel
40:46 efficace, efficient.
40:48 L'Espagne, l'Espagne réalise sa transition.
40:50 Un petit pays comme le Portugal
40:52 est un pays au travail,
40:54 si vous voulez. Il y a, en France,
40:56 cette idéologie post-industrielle du non-travail
40:58 parce qu'on a une gauche
41:00 qui n'a pas fait l'inventaire du marxisme,
41:02 des échecs du marxisme. On a une gauche
41:04 qui croit encore
41:06 dans la lutte des classes, qui considère
41:08 que la lutte des classes, c'est l'horizon suprême
41:10 pour changer la situation.
41:12 Alors que ce qui émancipe
41:14 les individus, c'est l'école,
41:16 c'est la connaissance,
41:18 et c'est aussi d'une certaine façon la concorde sociale.
41:20 - Et je finirais par cette phrase magnifique
41:22 qui disait, vous savez,
41:24 le capitalisme, c'est
41:26 l'exploitation de l'homme par l'homme, le communisme
41:28 c'est l'inverse. - Oui, c'est vrai.
41:30 - C'est une belle formule.
41:32 - Merci beaucoup Pascal Péry d'avoir été avec nous.
41:34 Je rappelle ce livre, "Génération Farniente",
41:36 c'est publié aux éditions de l'Archipel.