• il y a 2 ans
Anahita Akopian, la présidente du Comité de défense de la cause arménienne, dimanche 1er octobre 2023 sur franceinfo.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 La communauté arménienne en Europe se mobilise sous une même bannière. Plus de 500 associations
00:04 de 17 pays appellent à une grande manifestation à Bruxelles ce dimanche. Un objectif,
00:10 alerter sur l'exode massif qui touche les populations arméniennes du Haut-Karabakh
00:13 après l'offensive éclaire de l'Azerbaïdjan. Une manifestation à laquelle vous allez participer.
00:18 Anaïta Kopian, bonjour. Vous êtes présidente du comité de défense de la cause arménienne. Vous serez donc à Bruxelles aujourd'hui. Une manière de dénoncer
00:27 le silence, l'inaction de l'Europe dans cet exode ? Tout à fait, je dirais même plus, je dirais la complicité de l'Union européenne.
00:32 Ursula von der Leyen, la présidente de la commission européenne,
00:35 considère l'Azerbaïdjan comme un partenaire fiable.
00:38 A partir de là, tout est dit.
00:40 Elle considère l'Azerbaïdjan comme un partenaire fiable alors qu'elle a voulu se débarrasser de Poutine et de l'importation de gaz. Elle a voulu se débarrasser
00:46 d'un dictateur. Et aujourd'hui, ce que l'on remarque, c'est qu'elle finance en réalité deux dictateurs.
00:50 Le gaz russe, le même gaz russe, est approvisionné via les pipelines d'Azerbaïdjan.
00:54 Et donc, au lieu de financer seulement Poutine, on finance Poutine et Aliev. Donc ce n'est pas de la frilosité, c'est de la complicité selon vous ?
01:01 Tout à fait. Alors que néanmoins, on l'a dit, il y a eu des tentatives de médiation de la part de
01:06 Charles Michel par exemple. C'était des discussions pour rien ? C'était des discussions qui en réalité n'aboutissent pas.
01:11 Vous savez, Ursula von der Leyen comme Charles Michel suivent tout comme nous ce qu'il se passe sur ce place.
01:16 Ces vidéos de torture que nous voyons aujourd'hui, elles existaient aussi en 2020. En 2020, on voyait aussi des vidéos de torture. On voyait
01:23 systématiquement la destruction du patrimoine arménien dans la république du Haut-Karabakh,
01:27 l'effacement des Arméniens de cette république-là.
01:30 C'est systématique.
01:32 C'est la définition d'une épuration ethnique. Effacer la présence des Arméniens dans territoire.
01:36 C'est ce qui se passe aujourd'hui. Et l'attitude européenne pour vous, c'est finalement une raison économique ?
01:41 La France, elle a une relation particulière avec l'Arménie.
01:44 Est-ce que vous avez l'impression que néanmoins la classe politique française se mobilise un petit peu à droite ? Oui c'est vrai, mais
01:49 finalement assez peu au niveau français ? Non, non.
01:52 La classe,
01:54 tous les partis politiques se mobilisent pour la question arménienne. Tous.
01:57 Vous avez cité la droite, je cite aussi la gauche, Anne Hidalgo, Olivier Faure et non seulement Clémentine Mottin.
02:02 Je les salue tous ici aujourd'hui. Donc en réalité c'est une question qui fait consensus au niveau de la classe politique française.
02:08 Emmanuel Macron lui aussi est assez
02:11 à la pointe
02:13 en question de défense de la question arménienne. En réalité il essaye d'alerter, il condamne,
02:17 il a appelé le conseil de sécurité de l'ONU à se réunir par deux fois.
02:21 Donc c'est quelque chose que nous saluons, mais ça ne suffit pas.
02:24 Qu'est-ce que vous attendez aujourd'hui du Quai d'Orsay et en fait de l'Elysée ?
02:27 Sanctionner l'Azerbaïdjan.
02:29 On ne peut pas sanctionner la Russie de Poutine et ne pas sanctionner l'Azerbaïdjan d'Aliyev. C'est un deux poids deux mesures qui est incompréhensible.
02:36 Donc sanctionner ça veut dire des sanctions économiques,
02:39 financières. Est-ce qu'il faut renvoyer l'ambassadrice
02:42 de l'Azerbaïdjan en France ? Alors ça commence par le renvoi de l'ambassadrice d'Azerbaïdjan en France, tout à fait, mais c'est effectivement des sanctions financières.
02:48 Ce n'est pas possible aujourd'hui de collaborer avec
02:51 l'Azerbaïdjan, d'avoir des partenariats financiers avec l'Azerbaïdjan quand on sait que l'Azerbaïdjan
02:56 tue systématiquement les Arméniens. Vous savez le niveau de haine en ligne à l'égard des Arméniens aujourd'hui est sans précédent.
03:02 On appelle au meurtre, au viol, au dépeçage d'enfants. On en est à là aujourd'hui. C'est la réalité qu'il faut dénoncer.
03:09 Donc la mission de l'ONU poussée notamment par l'Union Européenne,
03:11 elle arrive trop tard ?
03:13 Elle arrive beaucoup trop tard. Il y a des observateurs aujourd'hui européens qui sont sur place.
03:18 Ça ne ralentit pas l'Azerbaïdjan.
03:20 On a appris hier soir qu'un soldat
03:22 azerbaïdjanais avait été tué à la frontière, bas courant l'Arménie responsable, Yerevan dément. Est-ce que vous craignez qu'une
03:28 étincelle, si je peux me permettre cette expression, puisse remettre un petit peu le feu à la région ?
03:32 Mais tout à fait. L'Azerbaïdjan cherche n'importe quelle excuse aujourd'hui pour envahir l'Arménie.
03:36 L'avantage d'Aliyev c'est qu'il annonce ses plans par avance. Aliyev a dit que l'Arménie était l'Azerbaïdjan occidental. On ne se parle plus du Haut-Karabakh.
03:42 On se parle du territoire souverain de l'Arménie. Et donc il va chercher n'importe quelle excuse pour mener à bien son plan.
03:47 Oui parce qu'en fait il y a une crainte,
03:49 notamment au sein de la communauté arménienne, que le Haut-Karabakh ne soit qu'une étape et que le projet de l'Azerbaïdjan soit d'étendre
03:54 son emprise.
03:56 Pourquoi cette crainte et sur quoi vous basez-vous réellement ?
03:59 Mais on se base sur les faits. On se base sur Aliyev, les déclarations d'Aliyev et celles d'Erdogan par ailleurs.
04:03 Aliyev dit "l'Arménie c'est l'Azerbaïdjan occidental". Donc à partir de là les cartes sont jouées.
04:10 Hier déjà sur Google Maps, la place principale de Yerevan, la capitale d'Arménie, sur la place principale était indiquée "Azerbaïdjan de l'Ouest".
04:17 Voilà ça vous dit où on va ?
04:21 On parle aujourd'hui de 100 000 déplacés
04:23 donc qui ont quitté le Haut-Karabakh en direction de l'Arménie. C'est 80% de la population arménienne du Haut-Karabakh.
04:29 Les 20% qui sont encore sur place, ils tentent de fuir.
04:32 Certains pourraient être tentés de rester. Est-ce que certains résistent ? Est-ce que c'est possible seulement de résister ?
04:37 Le déséquilibre des forces initiales était déjà terrible alors là imaginez avec 20% de la population, c'est impossible de résister.
04:43 Vous, vous avez des proches sur place ?
04:45 J'ai des amis qui étaient sur place et donc tous les matins on actualisait nos réseaux sociaux pour voir où ils en sont.
04:49 La situation aujourd'hui est terrible et l'avantage de 2023 c'est que nous ne sommes plus en 1915.
04:55 Nous pouvons suivre en direct ce qu'il se passe.
04:57 Et donc en direct nous voyons des photos de personnes qui prennent ce qu'ils ont sur eux, leur valise et s'enfuient.
05:03 C'est les mêmes photos que 1915, les mêmes.
05:05 Par choc contre par choc, toutes les voitures se suivent pour s'enfuir au plus vite.

Recommandations