Mardi 26 septembre 2023, SMART BOURSE reçoit Anis Lahlou (directeur des investissements, Aperture Investors (Generali Investments))
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00:10 Parlons d'innovation dans ce dernier quart d'heure de Smart Bourse, le quart d'heure thématique.
00:14 Comment valoriser l'innovation sur les marchés boursiers ?
00:18 C'est le sujet de ce quart d'heure et notre invité qui nous accompagne,
00:22 Anis Lalou, directeur des investissements chez Aperture Investments.
00:25 Bonsoir Anis.
00:26 Bonsoir Grégoire.
00:27 Merci beaucoup d'être là. Si on regarde les choses au moment où on se parle,
00:31 septembre 2023, on voit un contexte de marché où les taux n'ont pas encore totalement trouvé leur équilibre
00:37 dans ce nouveau monde, pour dire les choses. Ce n'est pas le sujet de l'entretien.
00:41 Mais c'est important pour la question de la valorisation des entreprises boursières
00:45 et notamment la question des entreprises les plus innovantes,
00:48 celles qui ont des parcours exponentiels, celles qui ont des parcours de fusée,
00:53 où les choses bougent tellement vite qu'on est toujours un peu à la traîne.
00:57 Regarder la valorisation de ces entreprises est parfois un exercice compliqué.
01:01 On voit d'ailleurs, j'aimerais bien qu'on puisse développer cet exemple avec vous Anis,
01:05 on peut voir des entreprises parmi les plus emblématiques du moment en matière d'innovation dans l'IA comme Nvidia,
01:13 qui voient leur multiple de valorisation passer du simple au double et du double au simple en quelques mois.
01:19 Exactement. C'est assez incroyable. La dernière fois que j'étais là, on a parlé d'Nvidia.
01:27 C'est traité sur un PE de 60, aujourd'hui c'est un PE de 24.
01:31 C'est la même entreprise.
01:33 C'est la même entreprise. A la différence près, c'est qu'entre la dernière fois où on s'est parlé,
01:38 c'était en février-mars, et aujourd'hui, les fondamentaux de la société se sont améliorés, ce qui est assez extraordinaire.
01:44 On a eu deux résultats assez extraordinaires et au final, on se retrouve avec un bénéfice par action qui a doublé.
01:53 D'où le D-Rating du stock.
01:55 Aujourd'hui, qu'est-ce qu'on voit ? On voit encore une accélération de déploiement de l'IA.
02:02 Ce n'est pas un marathon, c'est une course.
02:05 Par ailleurs, on voit beaucoup plus de LLMs.
02:08 Avant, on n'avait que JGPT, aujourd'hui, on a Lama 2, on a même des modèles Abu Dhabi, Falcon 40, Cloud 2.
02:18 Et aujourd'hui, on vient de voir Amazon qui a mis 4 milliards encore sur la table.
02:22 Donc, ça continue à être une course.
02:25 En face de ça, quand on voit qu'il y a des fondamentaux qui sont en train de s'accélérer,
02:29 et des multiples qui sont en train de se comprimer,
02:32 vous l'avez mentionné au début, il y a ce phénomène de taux et de rebalancement,
02:37 mais effectivement, c'est intéressant.
02:40 C'est sans doute des opportunités, quand on pense au valo de ces actions,
02:44 qui typiquement ne sont pas bon marché.
02:47 Oui, parce que 24 pour une boîte de croissance d'hyper croissance, ce n'est pas très cher.
02:51 Ce sont des multiples soutenables pour plein d'entreprises aujourd'hui.
02:56 Et donc, ce n'est pas encore la fin de l'histoire boursière de l'IA,
02:59 parce que le marché boursier, notamment, a toujours un peu cette idée de jouer le endgame très vite.
03:06 C'est-à-dire que dès qu'il y a quelque chose de nouveau qui rentre en jeu,
03:10 alors je ne sais pas comment c'était avant,
03:12 avant peut-être qu'on attendait de vérifier mois après mois que les opportunités se matérialisaient,
03:18 et donc le cours de bourse progressait de manière peut-être plus linéaire, plus graduelle.
03:22 Là, les choses vont très vite, le marché joue tout de suite la fin de l'histoire.
03:26 Mais vous dites là, on est loin encore de cette situation sur le plan boursier,
03:29 quand on regarde un thème comme celui de l'IA.
03:31 Je pense, oui, effectivement, et ça me paraît, par rapport à l'historique,
03:37 on est dans un bouleversement d'un point de vue technologique qui ressemble peut-être à Internet ou à l'électricité.
03:43 Donc si on regarde, ces phénomènes typiquement prennent 8 ans, 8 à 10 ans, c'est ce qu'on voit historiquement.
03:49 C'est des cycles qui prennent 8 à 10 ans.
03:51 Nvidia a parlé d'un cycle de CAPEX sur les data centers pour ne parler que des data centers,
03:55 sachant que ça touche quasiment à tout, de 10 ans.
03:59 Alors, effectivement, on veut bien croire que tout va tellement plus vite aujourd'hui.
04:04 Mais c'est difficile à croire qu'un cycle qui dure 8 ou 10 ans a déjà été joué sur un quart d'heure.
04:10 Je comprends.
04:11 Surtout quand il y a un délai.
04:12 Oui, bien sûr.
04:13 Et quelques mois après, effectivement, ça fait 3, 4 mois qu'on ne s'est peut-être pas vu à Nice.
04:18 Mais pour un investisseur, et notamment dans les marchés publics, les marchés cotés,
04:24 on n'est plus au stade où il y a seulement Nvidia, le fournisseur de pelles et de pioches.
04:30 On trouve déjà un univers d'investissement investissable, mondial,
04:34 qui commence à devenir intéressant, suffisamment profond également,
04:39 pour la partie boursière, j'allais dire, d'une allocation.
04:43 Absolument.
04:44 Et pas seulement mondial, mais j'ai aussi envie de dire européen.
04:47 Parce que pour fabriquer ces fameuses GPU, ces fameuses puces Nvidia,
04:51 il faut tout un écosystème dans lequel des sociétés néerlandaises en Europe
04:56 ou des sociétés italiennes et françaises sont extrêmement présentes, extrêmement fortes,
05:01 et renforcent leur part de marché.
05:03 Donc elles se font des côtés aujourd'hui, donc vous disiez le marché est en train de clôturer à -1.
05:08 Elles se font des côtés dans un environnement où on est plus préoccupé par les ajustements de cycle,
05:13 qui sont peut-être aussi de manière tout à fait technique.
05:16 Il faut par exemple que le 10 ans rattrape un petit peu le 2 ans.
05:19 Il faut que la Banque Centrale fasse son travail technique de quantitative tightening.
05:25 Et donc au fur et à mesure que ces choses se passent, effectivement, on peut avoir des petites...
05:30 Mais ça c'est une mécanique de marché.
05:31 Ça ne remet en rien en cause le cycle de CAPEX d'investissement qu'on a devant nous
05:36 sur ces thèmes de l'innovation et celui de l'IA en particulier.
05:39 On est en plein dedans.
05:40 C'est vraiment intéressant de voir les deux partir dans deux sens différents.
05:42 C'est ça.
05:43 Les valorisations qui se compriment et les fondamentaux qui s'améliorent.
05:46 Le jour où les taux, effectivement, bousculent encore un peu les marchés,
05:49 en France et en Europe, c'est Xavier Niel à travers Iliade
05:52 qui va mettre 200 millions d'euros d'investissement pour renforcer l'écosystème autour de l'IA.
05:57 Bon, 200 millions c'est à notre mesure, mais ce n'est pas rien non plus.
06:01 Il y a une volonté.
06:02 Il y a des acteurs privés qui ont cette volonté.
06:06 Ce qui m'intéresse aussi dans l'innovation, c'est de voir ce qui se passe, par exemple, autour de la santé.
06:12 On a beaucoup parlé des vaccins, ARN, etc.
06:15 Il y a visiblement un nouveau champ d'innovation,
06:18 quand je dis nouveau, ça fait déjà quelques mois, voire quelques trimestres,
06:21 même une paire d'années pour les acteurs innovants,
06:23 de ce champ de lutte contre l'obésité,
06:26 qui est en train de changer de dimension.
06:28 Et là aussi, on a peut-être quelque chose d'un rat de marée
06:31 quand on sait les troubles et les dommages associés à l'obésité
06:35 et le fait qu'on ait aujourd'hui dans le monde développé
06:38 une personne sur quatre en situation d'obésité au sens médical du terme,
06:41 et peut-être même une sur deux quand on parle d'un marché comme le marché américain.
06:45 Oui, l'obésité, je suis tout à fait d'accord avec vous.
06:48 Non seulement ça change tout,
06:51 mais je pense qu'on est vraiment sur des médicaments qui sont d'une nature tout à fait nouvelle.
06:56 Ça prend beaucoup plus de temps de nos jours de développer des médicaments,
06:58 d'où l'importance de l'IA, d'ailleurs, pour reparler de l'IA,
07:01 qui joue un rôle considérable à accélérer la recherche pour les médicaments.
07:05 Mais quand on trouve des nouveaux médicaments, aujourd'hui, c'est un impact assez important.
07:08 Donc moi, je regarde ce médicament contre l'obésité,
07:11 non pas comme juste un médicament qui fait perdre du poids,
07:14 mais on a des études aujourd'hui, donc la fameuse étude Select,
07:18 qui montrent en fait que ça réduit les risques cardiovasculaires.
07:21 J'ai envie d'aller bien au-delà que ça.
07:23 C'est que le poids dans un individu est positivement corrélé souvent avec l'âge.
07:27 On est sur des médicaments qui vont nous faire reculer dans l'âge
07:30 et donc allonger la durée de vie.
07:33 Et c'est vraiment l'enjeu qu'on est en train de voir avec ces nouveaux médicaments.
07:36 Et je trouve ça extraordinaire.
07:38 - Et vous faites un lien, c'est intéressant,
07:40 IA et santé, IA et médecine,
07:42 c'est deux domaines qui vont bien ensemble.
07:46 - Absolument, absolument.
07:48 Le corps humain est plein de data.
07:50 Et donc, il y a quelque chose comme 10 000 pièces de recherche scientifiques
07:58 qui sont publiées tous les jours.
07:59 C'est impossible pour un être humain de lire toutes ces pièces de recherche,
08:03 de les comprendre dans leur portée scientifique,
08:05 alors qu'on sait les large language model, si on les entraîne bien,
08:08 on peut lire toute la recherche.
08:10 Et non seulement lire la recherche,
08:11 mais trouver et introduire des connexions et des zones d'intersection
08:16 qui sont très difficiles pour un être humain de faire,
08:18 à moins qu'il ne dorme pas ou qu'on fasse des équipes qui ne fassent que lire.
08:22 Et donc voilà, c'est le genre d'application qui se prête tout à fait naturellement
08:26 au déploiement du LLM, on revient sur NVIDIA.
08:28 - Oui, c'est incroyable.
08:30 On parlait de nouveau Nordisk, bien sûr, je le cite.
08:32 On a beaucoup parlé sur cette antenne,
08:34 groupe danois qui partait de l'insuline
08:37 et qui a développé à partir des mêmes molécules,
08:39 effectivement, des dosages différents,
08:41 des médicaments efficaces sur la perte de poids
08:44 et sur le bénéfice cardiaque, pour l'instant,
08:46 en attendant d'autres études et d'autres bénéfices peut-être autour de ces produits.
08:49 Il y a un américain, Elili, qui est très présent également sur ce marché,
08:53 et du diabète et de l'obésité aujourd'hui.
08:56 Plus globalement, à Nice, on va rentrer dans la période de publication des résultats
09:00 des entreprises et effectivement, quand on voit le marché un peu secoué
09:04 par cette mécanique de taux qui pèse sur les valorisations,
09:08 on sent quand même que cette période de publication,
09:10 elle va être importante pour retrouver un peu les fondamentaux des entreprises
09:14 et évaluer un peu fondamentalement les entreprises
09:17 au-delà des mouvements de taux sur les marchés.
09:20 Qu'est-ce que vous en attendez à Nice ?
09:22 - Comment je vois ça ? On repasse du macroscope au microscope.
09:25 On va regarder les sociétés et déjà, le macroscope,
09:28 on a vu que le marché réagit, donc il y a eu une baisse,
09:30 il y a un point d'entrée potentiellement.
09:32 Pourvu que les résultats du troisième trimestre soient OK, tiennent,
09:36 ça devrait donner encore une fois une petite bouffée d'oxygène au marché action.
09:42 Alors, qu'est-ce qu'on voit aujourd'hui ?
09:44 Il y a des faiblesses dans des secteurs de la consommation,
09:47 on voit une petite faiblesse dans le luxe, en relatif,
09:49 mais on voit par exemple que l'auto tient.
09:52 Dans l'industrie, oui, on voit une faiblesse en Chine qui ne redémarre pas,
09:56 mais en même temps, l'Europe et les États-Unis tiennent.
09:58 Donc bon an, mal an, on devrait avoir pas que des mauvaises surprises,
10:01 mais on devrait avoir à mon avis des résultats qui tiennent à peu près
10:05 et qui, encore une fois, mettent les spotlights sur la valorisation,
10:09 sur le fait qu'il y a des niveaux attrayants pour rentrer.
10:14 - Mais quand on regarde le secteur auto en Europe, notamment,
10:17 oui, les PE, les différentes métriques de valorisation montrent que...
10:22 Alors, est-ce que la récession est au coin de la rue ?
10:24 J'en sais rien, mais en tout cas, pour la valorisation de ces secteurs,
10:27 il y a quand même quelque chose qui est déjà intégré,
10:29 qui ressemble à une récession, ou en tout cas à un gros ralentissement.
10:32 - Absolument, et j'ai entendu avec grand intérêt le débat qu'il y a eu juste avant moi.
10:37 - Tout le monde n'était pas d'accord sur l'auto.
10:39 - Voilà, voilà, mais effectivement, ça presse pas mal de choses
10:42 et ça presse aussi pas mal de disruption,
10:45 qui vient de la Chine, qui vient des batteries,
10:47 qui vient des gens qui contrôlent les batteries versus ceux qui ne les contrôlent pas.
10:51 Et je pense que tout cela est en train d'être digéré.
10:53 Peut-être qu'il y a trop de constructeurs,
10:55 peut-être qu'il y a du M&A qui va venir dans le futur,
10:58 mais en tout cas, effectivement, il y a un support de valo à un moment donné,
11:02 quand on a des sociétés, même en déclin technologique,
11:05 quand elles produisent des free cash flow,
11:07 c'est souvent intéressant de les mettre, soit de les séparer,
11:10 comme le fait par exemple Renault,
11:12 soit de les avoir comme target M&A.
11:16 - Oui, bien sûr, et donc vous dites, ces résultats vont révéler à nouveau
11:19 des marchés un peu à deux vitesses.
11:21 On va se refocaliser sur ces marchés très polarisés
11:26 entre des boîtes qui passent de 62 PE puis à 24,
11:30 et puis on verra demain,
11:31 et puis des boîtes qui restent collées avec des PE très très faibles,
11:34 malgré des performances opérationnelles qui sont OK, comme vous dites.
11:38 - Effectivement, c'est l'environnement dans lequel on est aujourd'hui.
11:41 - Merci beaucoup, ça va commencer dans les prochaines semaines, les résultats.
11:44 Je ne vais pas encore les mettre précis,
11:46 mais il y a déjà quelques publications aux Etats-Unis,
11:48 et puis ça viendra ensuite en Europe,
11:50 pour les résultats du troisième trimestre.
11:52 Anis Lallou qui était à mes côtés en plateau pour ce dernier quart d'heure de Smart Bourse,
11:55 directeur des investissements d'Aperture Investments.
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