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Transcription
00:00 Vous allez plus loin tout de suite avec notre invité du jour, c'est vous Jean-Paul Paloméros, bonjour.
00:03 Vous êtes ancien chef d'état-major de l'armée de l'air, ancien commandant suprême allié de la transformation de l'OTAN.
00:09 Merci d'être à nos côtés pour tenter de nous éclairer d'abord sur cette livraison de renforts en matériel.
00:17 L'arrivée de ces chars Abrams, on a envie de dire, enfin, c'est une bonne nouvelle selon vous ?
00:23 Bonjour, c'est forcément une bonne nouvelle qu'il faut quand même tempérer d'abord, vous venez de le dire, c'est tardif.
00:31 On en parle depuis des mois. Et puis, deuxième élément, sans faire la fine bouche, c'est quand même la première version des chars Abrams,
00:40 M1 à 1, qui sont moins bien protégés, mais enfin, et ils arrivent en nombre limité, une trentaine.
00:46 Donc, je crois que l'enjeu, là, pour monsieur Zelensky, c'est de faire en sorte que cette livraison soit la première d'une véritable livraison en masse,
00:59 enfin, quelques dizaines, voire centaines d'Abrams, qui changerait profondément les choses.
01:04 Mais, pour l'instant, il faut s'en satisfaire. Et toute la question est de savoir si les Ukrainiens vont s'en servir directement aujourd'hui sur le front.
01:13 Le char Abrams, c'est assez limite. Il est très consommateur en énergie, il est assez lourd et il a parfois des problèmes techniques.
01:21 Donc, il faut tenir ça en compte également dans son emploi.
01:27 Je crois qu'il faut toujours regarder le genre de modèle qui est livré. C'est pas uniquement l'appellation. L'expert que vous êtes va peut-être nous en dire un peu plus.
01:35 On parle beaucoup ces dernières heures, depuis publication par la presse américaine, de la livraison éventuelle de missiles longue portée, les fameux ATCM.
01:43 Là aussi, il va falloir voir de quoi il est question.
01:47 Alors, sur le char Abrams, comme je l'ai dit à l'instant, c'est vraiment la première version, celle qui date de 1980.
01:55 Il y a eu de nombreuses évolutions depuis. Le char qui pèse dans les 40 et quelques tonnes, celui-là, aujourd'hui, les derniers chars pèsent 60 et quelques tonnes.
02:04 Donc, ils sont mieux protégés. C'est des chars qui tirent malgré tout les fameux obus à uranium, à proverie.
02:11 Donc, ils sont capables de percer des blindages très épais. Ça, c'est un côté très positif.
02:16 Sur le deuxième point, c'est-à-dire les missiles, les ATCMs, les missiles de longue portée, même de très longue portée, promis par les Américains.
02:25 Ça, ça a été un sujet, on s'en souvient, de désaccords entre M. Zelensky et les Américains, les Américains ne voulant pas livrer ces armes à grande portée.
02:38 Maintenant, il semble qu'il se décide, mais il faudrait qu'il fasse vite ça.
02:41 Il n'a toujours pas confirmé Joe Biden ni la Maison-Blanche. Jusque-là, c'était toujours hors de question de livrer à Kiev ce genre de missiles.
02:49 Et là, c'est la presse américaine qui semble dire que la Maison-Blanche est en train de dire oui.
02:53 Oui. Alors je vous dis, il faudra constater l'arrivée de ces missiles, leur nombre.
03:00 Il est évident qu'au fur et à mesure de l'escalade et de l'intensité de cette guerre, on a vu des livraisons de matériel de plus en plus sophistiquées, de plus en plus pointues,
03:11 et donc qui sont vraiment au cœur de la défense de chacun des pays, finalement, qui les livrent à l'Ukraine.
03:17 Et on peut comprendre une certaine réticence sur ce type d'armement, qui sont vraiment des armements, comme on l'a fait d'ailleurs avec les missiles de croisière aéroportés,
03:27 que ce soit les Anglais ou les Français. Ça serait un petit peu l'équivalent, si on voulait faire la comparaison.
03:32 Pour que les gens comprennent bien de quoi il est question, ce sont des missiles avec une portée maximale de 300 kilomètres, selon là aussi le modèle qui est effectivement livré.
03:42 Si cette information s'avérait à être confirmée dans les heures qui viennent, les jours qui arrivent, ça voudrait dire quoi ?
03:47 Qu'on est en train de franchir une ligne rouge posée par Moscou et Vladimir Poutine ?
03:52 La ligne rouge, c'est plutôt les alliés qui l'ont posée en faisant parler plus leur bon sens que la menace de la Russie.
04:05 Ils se sont dit, pour éviter toute ambiguïté, qu'on ne souhaite pas que les Ukrainiens puissent utiliser les armements occidentaux pour aller frapper au cœur de la Russie.
04:16 C'est un des paramètres à prendre en compte. En revanche, pour aller frapper en Ukraine, ce qu'on voit tous les jours avec d'autres armements,
04:23 et dans le Donbass, évidemment à partir de positions reculées, ça c'est intéressant aussi.
04:30 Avec des armements de cette nature, vous n'avez pas besoin d'être en ligne de front. Ce n'est pas comme l'artillerie.
04:35 Vous pouvez tirer ça de différents emplacements, un peu comme les missiles aéroportés qui font mouche en Crimée en ce moment, qu'ils soient britanniques ou français.
04:45 Est-ce que vous estimez, vous l'expert que vous êtes aujourd'hui, qu'on pourrait bientôt se trouver à un tournant de la guerre ?
04:51 Plusieurs succès de l'armée ukrainienne sur le champ de bataille nous sont rapportés. C'est effectivement difficile d'y voir clair. Quel est votre avis à vous ?
05:02 Je crois qu'il s'agit d'une des énièmes phases, je dirais, de cette guerre. Et l'offensive ukrainienne, qui doit se faire dans des conditions très contraignantes,
05:16 parce que monsieur Zelensky veut limiter les pertes humaines, c'est le vrai sujet, ça reste le vrai sujet.
05:22 Les effectifs, les hommes, les femmes, on voit les difficultés qu'il peut y avoir à mobiliser maintenant des jeunes Ukrainiens.
05:28 Il faut voir le turnover, la rotation des troupes est très lente, très faible chez les Ukrainiens. Il n'y a pas de régénération.
05:37 Donc ça c'est un élément conséquent. Il y a quand même une dépénétration, ça c'est une bonne chose puisque ça peut permettre de déstabiliser en tout cas une partie du front,
05:49 et surtout sur cet axe qui est recherché par les Ukrainiens. Il faut voir jusqu'où ça va aller, mais il ne faut pas s'attendre à des résultats spectaculaires.
05:56 On n'est pas à un tournant. À la limite, les frappes en Crimée, elles montrent…
06:02 Justement, j'allais vous poser la question sur la Crimée, effectivement, qui est un point de tension dont on parle beaucoup en ce moment.
06:08 Il y a eu cette annonce hier par Kiev, la mort du commandant de la flotte russe en mer Noire, donc donnée pour mort par les Ukrainiens,
06:15 ce que contestent les Russes, photo à la pluie. Ce monsieur est apparu participant à une visioconférence aujourd'hui, là aussi difficile d'y voir clair.
06:26 Ce qui n'est pas contesté, c'est que les Ukrainiens ont frappé l'état-major de la flotte de la mer Noire russe.
06:34 Est-ce que l'amiral ou non est mort dans cette attaque ? Les jours à venir nous le dirons.
06:40 Mais il est évident que la campagne de frappe à longue distance menée par les Ukrainiens en Crimée démontre bien leur volonté
06:50 de frapper cet endroit stratégique et de mettre la pression sur les Russes qui sont en Crimée, tout en s'attaquant aux objectifs militaires.
07:01 Et ça, c'est pas facile de garder la précision et grâce aux armements occidentaux.
07:07 Les navires, notamment, les navires russes, est-ce que vous pouvez nous expliquer tout l'enjeu de frapper et de détruire ces navires russes
07:13 qui, visiblement, ne peuvent pas être remplacés ?
07:15 C'est ça. Depuis le début, il y a effectivement cette contrainte qui pèse essentiellement sur les Russes,
07:22 dans la mesure où les Turcs sont les gardiens, depuis les années 30, des Détroits, du Bosphore et des Dardanelles,
07:30 et ont interdit le passage de bâtiments armés. Et donc, les Russes ne peuvent pas reconstituer leur flotte en mer Noire.
07:38 On se souvient que les Ukrainiens avaient réussi un exploit en coulant la Moskva, qui était le bâtiment amiral ukrainien,
07:46 pratiquement au début de la guerre. Et là, il est clair qu'ils vont harceler en permanence cette flotte.
07:52 Ils ont détruit d'autres bâtiments également. Et là, la souveraineté, je dirais, de la Russie,
08:00 ou la mainmise de la Russie sur la mer Noire est contestée, ce qui est une bonne chose,
08:04 parce que ça permet aux Ukrainiens de commencer à pouvoir s'en servir, avec les limites que les frappes russes touchent toujours.
08:10 Malgré tout, on vient de l'entendre de votre correspondant, les ports du Danube, et là, effectivement, on se rapproche de la Roumanie.
08:18 Ça, ça peut être un enjeu. Ça peut poser des problèmes, comme ça avait été le cas en août dernier, d'ailleurs.
08:24 Ces défaites en mer Noire, ou en tout cas ces tensions qui se renforcent, peuvent expliquer cette campagne de tir de drone,
08:32 toujours aussi massive sur l'Ukraine ? Il faut y voir une réponse ?
08:36 Oui, bien sûr. Et c'est une réponse aussi au fait que les Ukrainiens veulent s'affranchir de l'accord qui existait sur l'exportation de grains.
08:46 Et pour s'en affranchir, ils utilisent la bordure de la mer Noire, leur zoo territorial, et ils passent directement en Roumanie.
08:55 Ça explique parfaitement les dernières frappes qui ont touché ce port, qui est juste frontalier avec la Roumanie, où passent un certain volume de grains.
09:06 Évidemment, ce n'est pas toute la production ukrainienne, bien loin de là.
09:09 Mais enfin, c'est une manière pour les Ukrainiens de contourner un peu ce manque d'accord avec les Russes sur la poursuite de l'export du grain qui est vital pour les Ukrainiens.
09:20 Ce qui n'est pas du tout du goût de Moscou. Merci beaucoup, Jean-Paul Palomoros.
09:25 a été notre invité.

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