Sur fond de hausse des prix et d’installation de la contractualisation en viande bovine, les marchés de bestiaux entendent bien rester un terrain de liberté et de réactivité.
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00:00 (Générique)
00:10 Bonjour et bienvenue sur L'espace TV par WebAgri.
00:12 Dans cet épisode, nous allons parler marchés au bestiaux.
00:15 Je suis en compagnie de Bruno Debrep, président de la FMBV,
00:18 la Fédération française des marchés au bestiaux.
00:20 Bonjour Bruno.
00:20 Bonjour.
00:21 Et Vincent Lenoir, le président du marché organisé de L'Emballe, le MOL.
00:25 Bonjour.
00:26 Bonjour.
00:27 Alors comment se portent les marchés ?
00:30 En 2022, les marchés se sont très bien comportés.
00:33 Ils ont au moins baissé la décapitalisation.
00:35 On a dû baisser de 2,6% à peu près.
00:39 En France, c'est 42 marchés, dont 50% de marchés de gré à gré,
00:45 où c'est beaucoup de commerçants qui participent,
00:49 et 50% de cadrans, c'est surtout des marchés d'éleveurs.
00:55 Et alors combien d'éleveurs choisissent de commercialiser
00:57 leurs animaux via les marchés ?
00:59 Il y a à peu près 10 000 éleveurs qui passent par les marchés
01:02 pour commercialiser leurs animaux.
01:04 Et alors comment vous expliquez cette moindre érosion
01:07 des marchés de bestiaux compte tenu du contexte de décapitalisation ?
01:11 Je pense qu'on peut l'expliquer de plusieurs façons.
01:14 En 2022, il y a eu l'effet prix.
01:18 Les bovins ont bien augmenté.
01:20 C'était une demande... Ca fait longtemps que les éleveurs demandaient
01:26 une augmentation des prix.
01:27 Au moins, là, on a eu une belle augmentation des prix.
01:30 Et les éleveurs venaient sur les marchés parce que c'est très réactif.
01:35 On voit tout de suite le jour même, par rapport à l'offre et la demande,
01:39 comment vont évoluer les prix, soit à la hausse, soit à la baisse.
01:42 Et suite à les marchés, il y a une cotation qui est faite
01:44 et qui est très, très suivie par les éleveurs français.
01:47 Et puis, le contexte un peu incertain a peut être aidé également.
01:51 Le contexte incertain a certainement aidé.
01:53 Il y a eu, je pense, tous les agriculteurs et éleveurs qui ne voulaient pas
02:00 rentrer directement dans Egalim parce que c'était 100% de contractualisation.
02:04 Ils peuvent venir sur les marchés légalement sans contractualiser.
02:08 Je pense que c'était un plus pour nous, une chance.
02:11 Et alors, les marchés, Vincent, ont également travaillé à s'adapter
02:16 aux nouvelles demandes des agriculteurs.
02:19 Exactement. Donc, pour être attractif, il faut qu'on puisse aussi offrir
02:23 des services aux deux principaux acteurs du marché,
02:30 c'est à dire les vendeurs et les acheteurs.
02:33 Donc, le service aux vendeurs, c'est en assurant, par exemple,
02:37 un ramassage de ces animaux en ferme.
02:40 Comme ça, l'éleveur n'a pas à se déplacer.
02:43 Et le service aussi qu'on peut rendre à l'acheteur, c'est mettre en place
02:49 des outils d'achat qui lui permettent d'acheter à distance.
02:53 Donc, en proposant des services, on rend la vente sur le marché plus attractive.
02:58 Alors, à quoi ça ressemble une vente à distance?
03:01 Une vente à distance, ça veut dire qu'il y a des commerçants ou un éleveur
03:07 qui peut acheter à distance parce qu'après, ça se fait que sur les marchés
03:11 au cadran, il voit les animaux, les animaux ont été filmés.
03:15 Et puis, à l'aide de son téléphone, il peut cliquer pour mettre
03:21 la surenchère sur le lot.
03:23 Bien sûr, avant, il faut qu'il ait été identifié par le marché pour savoir
03:29 s'il a tous les agréments, s'il a la capacité financière aussi
03:32 d'acheter des animaux.
03:33 Il y a également le développement de la vidéo qui s'invite dans les marchés.
03:38 Oui, il y a des éleveurs qui n'ont pas le temps de venir sur les marchés
03:41 et qui demandent au marché un technicien du marché qui va filmer
03:44 les animaux sur l'exploitation.
03:46 Et les animaux sont vendus en vidéo au marché.
03:49 Et il me semble, Vincent, que vous développez également les ventes prestige.
03:53 Oui, ce qu'on appelle les ventes prestige, c'est deux, trois fois par an
03:56 sur certains marchés.
03:58 Les éleveurs y apportent leurs plus belles bêtes, des bêtes qu'ils ont
04:04 préparées spécifiquement pour ces marchés là et qui sont vendues
04:08 à des acheteurs.
04:10 Ça peut être des abattoirs, ça peut être des privés, ça peut être
04:13 un boucher privé qui veut valoriser et communiquer justement ces bêtes
04:17 de prestige.
04:18 Donc, quelque part, c'est valorisant pour tout le monde, pour l'éleveur
04:22 qui valorise bien sa bête, qui est gratifié par son bon travail
04:26 qu'il fait quotidiennement.
04:27 Et puis, c'est valorisant aussi pour le boucher du quartier qui lui
04:32 fait plaisir à ses consommateurs en proposant une vente de qualité.
04:39 Et puis, vente de prestige, concours, c'est autant d'occasion d'échanger
04:43 pour les éleveurs et de se rendre compte de ce qui se fait un petit
04:45 peu sur le marché, comme pour les acheteurs.
04:48 On est sur des lieux de convivialité.
04:50 Et alors, quelles sont les obligations des éleveurs pour rentrer sur un marché ?
04:54 Il n'y a aucune obligation.
04:55 C'est juste d'amener des animaux qui sont conformes sanitairement.
04:59 C'est la seule chose qu'il leur est demandé.
05:04 Donc, c'est à dire qu'on peut arriver avec son animal et repartir avec
05:07 s'il n'a pas trouvé un prix qui nous satisfait ?
05:11 Exactement.
05:12 Si l'éleveur trouve que le prix n'est pas adéquat à ce qu'il voulait
05:15 le vendre, il peut le ramener.
05:17 Il peut acheter d'autres animaux sur le marché aussi.
05:19 Comme disait Vincent tout à l'heure, il peut repartir avec plus d'animaux
05:22 qu'il n'a amenés.
05:23 C'est vrai.
05:24 Et alors, en termes de contractualisation,
05:27 quelles sont les obligations vis-à-vis des marchés ?
05:29 Il n'y a pas d'obligation de contractualisation pour un éleveur
05:33 qui vient sur le marché en direct.
05:34 Tout éleveur qui apporte ses animaux sur un marché n'est pas obligé
05:37 de contractualiser.
05:38 C'est légal.
05:39 C'est reconnu par la loi.
05:41 Il n'y a aucun souci.
05:42 Le marché est une alternative légale à la contractualisation.
05:46 C'est également une manière d'être payé rapidement.
05:51 Oui, parce que tous les marchés au cadran,
05:53 les animaux sont payés soit le jour ou soit au maximum
05:56 7 jours après avec des garanties.
06:00 Et alors, on parle souvent d'inflation,
06:02 de baisse de la consommation globale,
06:05 de recul de la consommation de viande.
06:07 Vous, sur les marchés, qu'est ce que vous ressentez
06:09 en cette rentrée 2023 ?
06:12 Je pense qu'au niveau de la consommation de viande,
06:14 nous, sur les marchés, on s'en rend pas compte,
06:15 mais on en discute quand même avec les abatteurs qui sont là
06:17 avec nous à faire les cotations.
06:19 La consommation de viande en France ne baisse pas.
06:23 Mais aujourd'hui, on a beaucoup d'importations.
06:25 Il y a au moins 25% d'importations.
06:28 Mais cette année, je pense qu'on va être comme
06:32 on va ressentir un peu la décapitalisation.
06:34 Je pense que 2023 va quand même être moins positif que 2022.
06:39 Mais c'est s'il y a moins de vaches en France,
06:43 il y aura moins de vaches et marchés,
06:44 il y aura moins de vaches dans les abattoirs aussi.
06:47 C'est automatique.
06:48 La demande reste bien présente, donc ?
06:50 La demande reste bien présente et il faut encourager les jeunes
06:52 éleveurs à s'installer en élevage en France.
06:55 Parce que je pense qu'aujourd'hui, ils ont toutes leur place.
06:59 Et l'élevage, c'est vraiment plusieurs choses.
07:02 L'élevage en France, c'est la qualité de l'alimentation.
07:06 Ce que je pense qu'en France, on est pionnier là dedans,
07:09 c'est l'environnement.
07:12 Les agriculteurs façonnent notre environnement,
07:15 protègent la nature.
07:16 Et je pense qu'il faut les encourager à venir sur les marchés.
07:20 Donc la demande est là et les prix sont là.
07:23 Exactement, le marché traduit vraiment aujourd'hui
07:27 le rapport de force lié entre l'offre et la demande.
07:30 Donc, comme l'offre diminue, les prix sont effectivement là.
07:33 Et donc, le marché a toute sa place aujourd'hui pour aider un éleveur
07:37 à bien valoriser ses bêtes de son travail quotidien.
07:42 Oui, exactement. Et pour moi, vendre ses animaux,
07:45 ça fait partie du métier d'agriculteur et il me semble inconcevable
07:49 de laisser partir ses animaux sans connaître le prix.
07:52 Et si demain, il n'y a plus de marché, il n'y a plus de transparence
07:54 et il n'y a plus de cotation.
07:56 C'est une très belle conclusion. Merci beaucoup.
07:59 Pour en savoir plus sur les marchés, vous pouvez retrouver
08:01 toutes les cotations sur WebAgri. Retrouvez également l'actualité
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08:08 sur le site. Merci.
08:10 Merci.
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