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Une plateforme d’achats en ligne d’appareils électroménagers rénovés, dans la région de Grenoble, c'est ce que propose le groupe dédié à la collecte et à la valorisation des déchets Envie France. Une démarche qui permet non-seulement de réduire le bilan carbone d’un appareil tout en contribuant à la réindustrialisation d’un territoire.

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00:00 [Musique]
00:06 Bonjour Guillaume Ballas, bienvenue.
00:07 Bonjour.
00:07 Vous êtes donc délégué général du réseau Envie France.
00:11 C'est quoi Envie France ? Présentez-nous ce réseau.
00:13 C'est d'abord des entreprises de l'économie circulaire, c'est ça ?
00:16 Alors on fait de l'insertion depuis 1984,
00:19 c'est-à-dire que les personnes qui se sont éloignées de l'emploi,
00:22 on leur met le pied à l'étrier pour qu'elles puissent revenir sur le marché de l'emploi.
00:25 Et pour ça, on fait de l'économie circulaire, d'abord sans le savoir, en 1984.
00:29 Puis aujourd'hui, on sait bien que c'est un très grand enjeu.
00:32 Et donc on a 53 entreprises aujourd'hui en France.
00:36 Dans quel secteur d'activité ?
00:37 Alors on fait du réemploi d'appareils électroménagers de façon massive,
00:41 même si on a aussi des diversifications dans d'autres domaines.
00:44 Je pense par exemple au matelas, démantèlement d'engin de route,
00:48 ou encore les jouets, ou encore voilà.
00:52 Ou le matériel médical, on en parlera d'ailleurs un peu plus tard dans cette série.
00:55 Mais c'est l'électroménager qui est vraiment notre marque de fabrique aujourd'hui.
00:58 Et donc vous créez une plateforme d'achat en ligne pour ces appareils électroménagers
01:02 dans la région grenobloise. C'est quoi ? C'est une nouvelle étape ?
01:06 Comment vous définissez cette initiative ?
01:08 En fait, l'idée que l'économie sociale et solidaire c'est vieillot, c'est fini.
01:14 Et ça fait déjà un bout de temps, mais ça ne s'est pas assez.
01:16 Et là, ça en va en être la démonstration à Grenoble,
01:19 puisque en gros, on va optimiser aujourd'hui un certain nombre de nouveaux process industriels
01:24 qui vont permettre de faire plus de rénovation de machines d'électroménager
01:28 et de pouvoir les vendre à bas prix à des populations qui en ont besoin
01:31 ou à tous ceux qui le souhaitent, notamment en s'appuyant sur une nouvelle organisation du travail
01:38 qui a pour but de mieux apprendre aujourd'hui à nos personnels en insertion,
01:41 mais aussi à augmenter notre productivité.
01:43 Et ça passe donc par une plateforme d'achat ?
01:46 Alors c'est une plateforme plus globale. C'est une plateforme de production,
01:49 une plateforme de vente et une plateforme logistique qui va pouvoir aujourd'hui accueillir
01:55 beaucoup plus de camions pour pouvoir faire venir aujourd'hui le gisement d'appareils à rénover
02:03 dont nous avons besoin. Et ensuite, d'optimiser, comme je le disais, en séparant,
02:07 c'est un peu technique, mais comme je le dis, c'est important,
02:10 en séparant ce qui va être de l'ordre du diagnostic
02:12 de ce qui va être de l'ordre de la rénovation, de la réparation.
02:14 C'est pour ça que vous parlez de nouveaux process industriels d'une certaine façon.
02:18 C'est quoi le bilan carbone d'un appareil rénové par rapport à du neuf ?
02:21 Alors on a fait faire une étude là, qui est une étude simplifiée,
02:26 qui demande encore à être expertisée, mais enfin on est sur des chiffres extrêmement impressionnants.
02:30 Si on prend au global sur l'impact écologique, on est à peu près à -10, -20
02:35 pour les appareils qui sont rénovés, réemployés, c'est-à-dire ceux que l'on reconstruit après usage,
02:40 que ce soit des déchets ou des produits. Si on prend la question du CO2,
02:45 on est sur des chiffres vertigineux, puisque par exemple, un appareil,
02:50 on va prendre une machine à laver, c'est 38 fois moins d'impact carbone qu'une machine à laver neuve.
02:56 C'est-à-dire que là, c'est 40 par exemple pour les réfrigérateurs.
03:01 Effectivement, c'est imbattable. On est dans, vous nous l'avez dit,
03:06 la mission d'une certaine façon du réseau vie, au départ, c'est la réinsertion,
03:10 c'est de faire revenir à l'emploi des gens qui en sont éloignés.
03:14 Ça se rejoint, parce que là, vous parlez d'un nouveau process industriel,
03:16 on est dans des circuits courts, dans des emplois pérennes, expliquez-nous ça.
03:20 Oui, tout à fait. Aujourd'hui, l'avenir, ça va être quoi ?
03:24 Ça va être des emplois de proximité. On voit bien que notamment les limites écologiques font qu'y compris
03:29 le transport pour les salariés à l'international ou même à dimension nationale est questionné.
03:35 Là, on crée vraiment de l'emploi local et surtout, et je crois que ça c'est extrêmement important,
03:39 aujourd'hui, des entreprises comme Envie réindustrialisent le pays.
03:42 C'est-à-dire qu'on réinternalise un certain nombre de process industriels aujourd'hui
03:46 qui permettent de retrouver aussi de la souveraineté sur quel type de politique industrielle
03:52 et quel type de marchandises aujourd'hui les gens peuvent avoir, comment ils peuvent s'équiper.
03:57 Oui, parce que le principe même de votre activité, elle n'est pas délocalisable.
04:02 Non, absolument pas.
04:03 C'est une lapalisade, mais il faut le rappeler.
04:05 Absolument, puisque de toute façon, les produits que nous réemployons
04:09 ou les déchets que nous réemployons, évidemment, sont situés sur le territoire national
04:13 et exclusivement sur le territoire national.
04:15 La source, justement, est-ce qu'elle est suffisamment vaste ?
04:19 Parce que vous nous dites qu'on est en train de monter en puissance avec un nouveau process industriel.
04:23 Encore faut-il avoir une filière qui fonctionne, qui vous alimente justement en appareil ménager.
04:28 Il y a beaucoup de travail aujourd'hui.
04:30 Alors, c'est très complexe, donc je ne vais pas rentrer là-dedans.
04:32 Mais il y a plusieurs partenaires, les pouvoirs publics évidemment,
04:35 ce qu'on appelle les éco-organismes, qui en fait sont des entités non lucratives,
04:41 mais qui ont pour but de collecter l'éco-tax que nous payons tous
04:45 et ensuite d'en faire profiter la société en organisant aujourd'hui les filières de recyclage
04:53 et de rénovation, de réemploi.
04:55 Et nous sommes à un moment critique, c'est-à-dire qu'il faut reposer aujourd'hui,
05:00 après la loi AGEC, la loi de lutte contre le gaspillage qui date de 2020,
05:05 il faut reposer aujourd'hui un certain nombre de sujets pour organiser la filière.
05:09 Est-ce que la loi AGEC, pardon de vous interrompre,
05:12 la loi AGEC a permis à des filières de se créer dans des secteurs où il n'y en avait pas ?
05:16 Totalement. C'est ce qu'on appelle les REP, la responsabilité élargie du producteur.
05:19 Et ça, ça a été un événement majeur et en effet ça a été un évent.
05:21 Donc vous dites que là, il y a une étape de croissance ?
05:24 Oui, alors il y a une étape déjà de constat, c'est-à-dire savoir,
05:26 dans l'électroménager par exemple, c'est très compliqué de savoir
05:30 qu'est-ce qui reste aujourd'hui comme engin à réemployer ou pas,
05:34 comme machine qu'on peut réutiliser ou pas.
05:37 Il faudrait des études qui objectivisent aujourd'hui,
05:40 bon ben voilà, on peut faire ça, on peut faire ça, et c'est à quel coût ?
05:42 Parce que si ça demande énormément d'investissement,
05:45 évidemment ce n'est pas la même chose que si ça en demande moins.
05:48 Il y a beaucoup d'acteurs privés qui veulent rentrer aujourd'hui sur le marché,
05:51 je pense à des jeunes start-up qui sont intéressantes, innovantes,
05:54 mais le problème c'est, y a-t-il aujourd'hui assez de matériel à rénover pour tout le monde ?
05:58 Et oui, et donc c'est pour ça que nous demandons à un certain nombre d'institutions publiques,
06:02 l'ADEME par exemple, de pouvoir faire des études qui objectivisent aujourd'hui ces sujets,
06:08 pour qu'on puisse discuter entre nous, faire en sorte qu'on construise une véritable filière du réemploi.
06:13 Aujourd'hui dans ce pays, le réemploi ce n'est pas l'insertion,
06:16 le réemploi c'est quand on rénove des appareils.
06:19 Oui, évidemment, et on est au cœur de cette économie circulaire dont on parle.
06:22 Le Réseau Envie qui a également bénéficié du premier contrat à impact circulaire,
06:27 justement de l'ADEME, l'Agence de la Transition écologique,
06:30 ça représente près de 5 millions d'euros d'investissement autour du réemploi du matériel médical.
06:34 C'est ce dont on a commencé à parler tout à l'heure.
06:37 Alors, de quoi on parle ? Là encore, on parle beaucoup de filière dans cet interview,
06:40 c'est une nouvelle filière qui se crée, elle existe déjà, montée en puissance ?
06:43 Alors, Envie Autonomie est donc aujourd'hui en effet une filiale de la Fédération Envie,
06:50 qui a sa propre autonomie comme son nom l'indique, et qui est sur un modèle en effet très innovant,
06:55 et donc qui a cherché des investisseurs, qui en a trouvé par ce biais-là et par d'autres,
07:00 et qui a pour but de dire qu'il est complètement étonnant de voir à quel point aujourd'hui le matériel médical est cher,
07:08 notamment on pense à tout ce qui est fauteuil roulant ou lit médicalisé,
07:15 que souvent il y a des gisements de lits d'occasion ou de fauteuil roulant ou autres importants,
07:22 que ça peut être par exemple dans les EHPAD, ça peut être dans les pharmacies, ça peut être ailleurs,
07:26 et qu'il faut organiser aujourd'hui la rénovation de ces appareils pour baisser les prix,
07:32 et pour que chacun puisse aujourd'hui s'équiper, la population est en train de vieillir,
07:35 il y a un enjeu qui est absolument majeur.
07:37 Et donc, ça fait maintenant quelques années que nous sommes sur ce sujet,
07:42 on se développe beaucoup, ce qu'il faut trouver maintenant c'est le modèle économique,
07:47 c'est-à-dire est-ce que l'État et les autres partenaires peuvent organiser un cadre qui fasse qu'il y ait un véritable modèle économique.
07:57 L'Assemblée nationale a voté le remboursement par la Sécurité sociale de ce matériel rénové,
08:02 mais le décret est toujours pas là, donc on attend ce décret,
08:06 parce que ça peut solvabiliser évidemment ces activités qui demandent de l'appui.
08:11 Nous on s'en sort, mais ça demande des efforts qui sont très importants, et on aimerait bien avoir un peu plus de visibilité.
08:18 Alors il y a l'enjeu écologique, on l'a bien compris, redonner vie à ce matériel,
08:22 et puis il y a l'enjeu économique pour toute une partie de la population pour qui ce matériel est quasi inaccessible.
08:28 Oui tout à fait, c'est ça aujourd'hui.
08:30 C'est quoi les différences de prix là aussi ?
08:32 Alors on a fait le bilan carbone sur l'électroménager, là on pourrait faire une différence de prix sur un fauteuil roulant ou un lit.
08:38 C'est un peu comme l'électroménager, on est à 30 à 60% de prix inférieur par rapport au neuf.
08:45 Donc évidemment c'est massif et ça permet un achat plus aisé aujourd'hui pour des catégories qu'on a besoin.
08:51 Une autre différification de ce réseau en ville, la pièce détachée de réemploi.
08:55 Oui c'est important.
08:56 Alors on parle de quel secteur ? L'électroménager, le gros électroménager là,
08:59 mais alors moi je pense automobile aussi, est-ce que ça fait partie des pistes ?
09:02 L'automobile a été précurseur, alors nous on ne touche pas à l'auto aujourd'hui,
09:06 mais l'automobile a été précurseur et on s'est aperçu notamment à Envie Renalp,
09:10 qui aujourd'hui justement expérimente cette nouvelle plateforme à Grenoble.
09:15 Envie Renalp a démontré qu'en utilisant eux-mêmes des pièces détachées d'occasion ou de réemploi,
09:23 ils font baisser leurs coûts et évidemment ça peut se reporter après sur le consommateur
09:29 et ça permet d'avoir évidemment un impact écologique beaucoup plus fort,
09:33 puisque vous n'achetez plus de la pièce neuve mais vous utilisez vos propres pièces.
09:36 C'est compliqué pour plein de raisons, mais on est en train aujourd'hui de monter en puissance sur ce sujet,
09:40 on compte bien continuer.
09:41 C'est compliqué parce qu'il faut garantir le produit ?
09:45 Oui c'est pas tout le monde ça.
09:46 Honnêtement aujourd'hui nos pièces détachées de réemploi elles sont de qualité,
09:51 c'est plutôt des histoires de circuits industriels, d'habitude aussi des réparateurs tout simplement.
09:57 Voilà on a l'habitude aujourd'hui d'aller chercher sa pièce neuve, d'aller l'acheter, c'est aisé, c'est facile.
10:02 A nous de faire en sorte que les pièces détachées de réemploi soient aussi aisées et faciles à aller acheter que ces pièces neuves.
10:07 Merci beaucoup Guillaume Balas et à bientôt sur Bismarck.
10:10 On passe à notre débat l'énergie éolienne en question.

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