Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Les auditeurs sont invités à réagir, par téléphone ou via les réseaux sociaux aux grandes thématiques développées dans l'émission du jour. Aujourd’hui, il revient sur le coup de gueule de Muriel Robin, dans lequel la comédienne dénonce l'homophobie dans le cinéma.
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00:00 Muriel Robin a dénoncé ce week-end l'homophobie dans le milieu du cinéma, ce qui peut étonner puisque c'est un des milieux sans doute les plus progressistes.
00:06 Et ce qui m'ennuie moi dans ce débat, c'est qu'on peut aussi considérer que si c'est une très grande artiste de one-man-show,
00:14 peut-être n'est-elle pas aussi performante dans la comédie. Et c'est vrai que quand elle jouait dans Les Visiteurs 2,
00:21 elle souffrait, et je le dis vraiment avec des précautions oratoires, mais on peut considérer qu'elle souffrait de la comparaison avec
00:28 Valérie Lemercier dans ce rôle-là. On peut être très bon, je le répète, en one-man-show et peut-être moins bon comme comédien ou comédienne.
00:38 Nathalia, que pensez-vous des propos de Mme Robin ?
00:41 Oui, d'abord je suis assez d'accord avec ce que vous venez de dire. Je préfère aussi Patrick Bruel en tant que comédien qu'en tant que chanteur.
00:50 En revanche, elle dit quand même une vérité, c'est que peut-être que les femmes homos peuvent moins percer parce que, comme elle le dit,
01:00 on n'est pas pénétrables, puisqu'une femme homo n'acceptera jamais de coucher avec un homme. Donc à partir de ce moment-là, la promotion canapé
01:09 ne peut pas se faire. Donc peut-être que les producteurs...
01:13 Je ne pense pas qu'elle l'entendait comme ça. Pour le coup, je ne pense pas qu'elle mettait le débat là-dessus. Je ne pense pas maintenant, il faudrait lui demander,
01:21 mais je ne pense pas qu'elle mettait le débat là-dessus. Je pense que ce qu'elle veut dire, par exemple sur les hommes, c'est intéressant.
01:28 Elle dit si le public sait que tel acteur est homosexuel, on ne lui mettra plus une femme dans les bras.
01:37 C'est que le public ne suivra pas. - Oui, parce qu'il n'est pas crédible. - Est-ce que c'est vrai ou pas ?
01:43 - Jean Marais, pourtant, il a tenu des rôles où il était... - Oui, mais Jean Marais, personne ne le savait. Vous savez, je pense que dans les années 60-70,
01:51 Jean Marais, quand il faisait le capitaine Fracas, le capitain, les trois mousquetaires et Fantomas...
01:57 Vous savez, moi je viens de province et je me souviens très bien comment étaient mes grands-parents qui étaient nés en 1907 ou 1908.
02:06 Pour eux, en plus corsetés par la religion chrétienne, qui était très importante dans ces années-là, pour eux, je vous assure, d'imaginer que Jean Marais fut homosexuel,
02:20 je crois que ça n'arrivait pas jusqu'à leur cerveau. Je crois. - Oui, j'entends bien. Mais on a quand même vu l'affaire Winchting,
02:28 toutes ces actrices qui ont été obligées de coucher, ça a été de la bataille. - Oui, alors ça c'est autre chose.
02:33 Ça, c'est pas ce qu'elle dit. Voyez, ce qu'elle dit, c'est "les producteurs ne prendront pas le risque de choisir un homosexuel",
02:40 ce que je comprends dans ce qu'elle dit, parce que le public ne suivra pas. C'est ça que je comprends.
02:45 - Alors pourquoi dans ce cas-là, elle utilise le mot "pénétrable" ? - C'est une question.
02:52 C'est une question. Écoutez, on marque une pause et puis peut-être qu'on lance le sujet de toute façon avec les auditeurs.
02:58 Je ne sais pas ce qu'en pense d'ailleurs Géraldine. Pourquoi est-ce que vous pouvez répondre à cette question ?
03:03 Pourquoi est-ce qu'elle utilise le mot pénétrable ? Pourquoi à ce moment-là ? Qu'est-ce qu'elle veut dire en disant ça ?
03:10 - Je ne sais pas. - Bon, je vous remercie Géraldine. - Je vais réfléchir.
03:16 - Vous m'avez bien... - Non, non, mais c'est un cadeau empoisonné ça ! - J'avais déjà le book, si vous voulez.
03:20 - Donc si, effectivement, je peux m'appuyer sur quelques zones. - Je suis désolée. - Je vais réfléchir.
03:28 - Non mais c'est vraiment... Vous vous mettez d'une utilité... - Mais ce n'est pas une question facile, Pascal, quand même !
03:36 - Je ne sais pas. Non, ce qu'elle veut dire, c'est d'ailleurs un peu métaphorique, je pense. C'est-à-dire que c'est pour le public.
03:43 Le désir, elle a dit d'ailleurs, pénétrable et désirable, c'est la même chose. C'est-à-dire qu'une femme, selon elle, qui est homosexuelle,
03:51 pour le public, à ce moment-là, elle ne devient pas désirable. Et puis après, elle dit, les femmes qui ont un certain âge, etc.
03:57 D'abord, pour tout vous dire, Pierre Arnitti, qui était à côté, il ne pensait pas du tout comme elle.
04:02 Pas du tout. Simplement, il n'a pas voulu, comme ils sont sur scène tous les soirs, il n'a pas voulu intervenir.
04:06 Mais tu sentais qu'il n'était pas exactement sur cette ligne-là. - C'est magnifique, ce qui vient de se passer.
04:11 Vous vous posez une question à vous-même et vous y répondez. - Mais je parle à mon bonnet.
04:16 Comme vous savez, on dit ça chez Maud. - Mon bonnet ?
04:19 - Vous ne connaissez pas cette expression ? - Non, le bonnet, mais pas le bonnet.
04:23 - Pas le bonnet ! Je ne parle pas à mon bonnet, je parle à mon bonnet.
04:27 Il y a Arpagon qui dit ça à un de ses valets, je crois que c'est La Flèche, dans la barre.
04:35 Il lui dit, vous parlez à qui ? Il dit, je parle à mon bonnet. - Très bien, mon bonnet.
04:39 La Flèche, c'est pas simplement une ville qui est près du Mans.
04:43 - Je vais appeler Arpagon. - Arpagon, c'est qui ?
04:46 - Bien sûr, c'est le héros principal de Lavar. - Lavar qui sert également quand il y a but ou pas but dans le foot.
04:54 - Sauf en Ligue 2. - Magasin !
04:58 - N'importe quoi. - Bon, à tout de suite.
05:00 - Les Mili 32 sur Europe 1.
05:02 Europe 1, Pascal Praud.
05:04 - On va chez Dame Béatrice la bouffiasse ! - Le petit chameau !
05:08 - Ne croisez pas, bâtard ! Vous ne pouvez pas faire quoi de garde-à-robe, le gars est un bête !
05:12 - Qu'est-ce que vous allez faire ? Qu'est-ce que vous allez faire ?
05:16 - C'est vrai qu'elle a tourné plus de rôles dramatiques paradoxalement que de rôles comiques.
05:23 C'est ce dont elle se plaignait.
05:26 - On était avec Natalia qui voulait témoigner, qui habite la Loire-Atlantique et qui n'est pas de ce milieu-là puisque vous travaillez dans l'administration française.
05:38 - C'est ça, tout à fait.
05:40 - Est-ce que je peux vous demander d'ailleurs votre âge, parce que c'est important, évidemment.
05:44 - 57 ans. - 57 ans.
05:46 Est-ce que vous avez le sentiment d'abord, et je rappelle pour ceux qui viennent d'arriver sur l'antenne d'Europe 1, que vous êtes homosexuel, vous vivez en couple peut-être ?
05:54 - En ce moment je suis célibataire.
05:56 - Est-ce que vous avez le sentiment, parce qu'on est à peu près de la même génération tous les deux, et même on est complètement de la même génération,
06:02 que les choses ont évolué depuis l'âge de 15 ans ou 16 ans, j'imagine, quand vous avez eu vos premières aventures, vos premiers émois, et aujourd'hui ?
06:12 - Alors, oui c'est ça. Jusqu'en 1981, l'homosexualité était considérée comme un grand fléau et il fallait nous faire soigner.
06:22 Et puis, jusqu'à l'âge de 20 ans, 21 ans, j'étais hétéro, comme tout le monde, parce que je ne savais pas qui j'étais.
06:32 Et j'avais donc plein de droits. J'avais les mêmes droits que vous. Et tout d'un coup, lorsque je dis "je suis homosexuel", hop, je perds tous mes droits.
06:41 - Ça veut dire quoi, vous perdez tous vos droits ? Quels droits vous avez perdus ?
06:45 - J'ai plus le droit de me marier, j'ai pas le droit de me balader dans la rue avec la personne que j'aime.
06:53 - Donc ça c'était dans les années 80 ?
06:55 - Oui, dans les années 80 et 90.
06:57 - Mais les choses ont changé !
06:58 - Heureusement, la société a évolué, aujourd'hui on a le droit de se marier. Mais il faut quand même rester sur nos gardes,
07:05 parce que la manif pour tous est toujours là, et puis les chrétiens, les cathos sont toujours là aussi.
07:12 - Moi je ne suis pas ça, je suis catholique et je ne dis pas...
07:17 On peut être contre le mariage homosexuel et pas forcément homophobe, Nathalia.
07:27 - Oui, oui, oui.
07:28 - On peut considérer parce qu'on a un attachement à l'église de Rome...
07:35 - Pourquoi priver des êtres humains de droits, puisque ça n'enlève rien à personne ?
07:42 - Je suis d'accord avec vous puisque je suis sur la même position que vous.
07:44 Donc c'est souvent des discussions que j'ai eues avec les catholiques, et moi je vais même parfois plus loin,
07:50 ce qui peut choquer les uns et les autres, c'est que, que ce soit pour la PMA ou la GPA, je ne suis pas forcément opposé.
07:56 Ce qui me vaut parfois d'ailleurs des attaques, même des attaques dans mon cercle intime.
08:02 On peut s'en étonner, mais pour la raison que vous venez de dire d'ailleurs, qui me paraît le meilleur argument,
08:09 c'est-à-dire que ça ne retire rien aux autres et ça permet à ceux qui n'ont pas ces droits-là d'avoir la possibilité.
08:15 Mais est-ce que vous diriez aujourd'hui quand même que l'homosexuel que vous êtes vit en sécurité, en liberté, dans le pays comme la France ?
08:26 - Alors j'ai la chance de n'avoir jamais été agressée à cause de mon homosexualité.
08:31 Mais j'ai des amis, des copains, des garçons homos, gays, qui eux se sont fait agresser en sortant de boîte de nuit ou dans le métro,
08:41 parce qu'ils affichaient leur homosexualité.
08:43 C'est quand même mieux vu ou moins mal vu quand on est une femme, l'homosexualité, parce que l'homme pense qu'il peut faire le troisième.
08:54 Tandis que l'homosexualité masculine est très mal vue et on casse encore du PD.
09:00 Je suis désolée d'être triviale, mais...
09:02 - Mais vous avez raison, dans certains milieux, vous avez parfaitement raison.
09:05 - On attaque encore les homosexuels uniquement parce qu'ils sont homosexuels.
09:10 Et regardez ce qui se passe en Afrique, les pauvres Africains qui se découvrent homos sont obligés de se faire, sinon ils sont battus à mort.
09:19 Et parfois dans certains pays où c'est la peine de mort, l'homosexualité réclame la peine de mort, et plus exactement l'homosexuel est condamné à la peine de mort.
09:31 Je vous remercie grandement, vraiment Nathalia, merci beaucoup de ce témoignage.