Carrefour va étiqueter les produits dont les quantités ont été réduites dès ce lundi : Lionel Maugain, Journaliste à "60 millions de consommateurs" en charge de l'observatoire de l'inflation est l'invité de 6h20. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-6h20/l-invite-de-6h20-du-lundi-11-septembre-2023-6351631
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00:00 France Inter, Nativ Nuneau, le 5/7.
00:08 Il est 6h22, voici de nouveaux exemples de la guerre des prix entre distributeurs et industriels.
00:13 Intermarché qui s'en prend à fin du, s'accusait d'avoir diminué le poids de ses pommes de terre rissolées sans baisser les prix.
00:19 Le groupe Carrefour, lui, a décidé de mettre des affichettes oranges en rayon sur les produits concernés par cette inflation cachée,
00:25 cette « shrinkflation » on entend beaucoup en ce moment.
00:28 Bonjour Lionel Moguin, vous êtes journaliste au magazine 60 millions de consommateurs,
00:32 vous vous occupez plus particulièrement de l'observatoire de l'inflation.
00:35 Il y a beaucoup de produits concernés par cette inflation masquée ?
00:38 Alors il y a en ce moment une liste de 150 références, ce qui n'est pas énorme, mais enfin c'est des grandes moindres.
00:46 Sur les milliers de produits qu'on trouve dans un supermarché, c'est 150 ?
00:48 Oui, dans un supermarché on en trouve 10 000, 20 000, 30 000.
00:51 Vous avez Pampers qui va mettre moins de couches dans ses paquets ou un peu plus selon les paquets.
00:59 Il y a Findus, vous en avez parlé, il y a la bouteille de thé Lipton qui va diminuer, il y a les croquettes pour chiens, Pédigré.
01:09 Donc toutes les catégories de produits sont touchées ou il y en a qui sont épargnées ?
01:12 C'est marginal, l'inflation masquée est marginale. Encore une fois, ça ne concerne que quelques références.
01:20 Non seulement c'est marginal, mais c'est mal vu parce qu'on finit toujours par les connaître, on savait qu'il y avait une liste qui circulait.
01:30 Et donc ça sort, on en parle, je donne les marques et donc c'est complètement raté pour ces marques-là.
01:36 Mais si c'est marginal, pourquoi les industriels le font ? Il y a un réel intérêt économique pour eux ? Pour ces marques ? Pour elles ?
01:41 C'est un peu la guerre en ce moment entre les distributeurs et les industriels.
01:46 Ces marques-là sont balancées, on ne peut pas dire autrement, par les distributeurs.
01:51 Carrefour qui va jusqu'à faire des affiches, Intermarché qui a fustigé F-Indus.
01:56 Une petite parenthèse, c'est la première fois qu'il y a un distributeur qui fait ça ?
01:59 Qui va jusqu'à dénoncer vraiment dans ses rayons les prix ?
02:03 Oui, c'est la première fois. Parce que d'habitude, quand il y a une difficulté avec un fournisseur,
02:08 Carrefour, pourquoi ne déréférencie pas les marques qu'il va fustiger ?
02:13 Il préfère les référencer et mettre une affichette invitant les consommateurs à ne pas les acheter.
02:19 Déréférencer, c'est ce qu'a fait Leclerc cet été, notamment avec certains produits de chez Pernod Ricard.
02:23 Exactement, mais c'est revenu, je vous rassure.
02:26 C'est des bisbis, c'est des négociations à l'arrache.
02:31 Et donc aujourd'hui, le consommateur est un peu victime de cette guerre,
02:36 sachant que ni les distributeurs ni les industriels n'ont fait particulièrement d'efforts sur leurs marges depuis deux ans.
02:42 Donc, grosse bataille de prix, grosse bataille de com' aussi ?
02:46 Grosse bataille de com', surtout. Parce que la bataille de prix, encore une fois, nous on ne la voit pas.
02:52 Certes, sur les paniers anti-inflation, les prix sont bloqués ou en baisse.
02:57 Mais si vous regardez le reste du magasin, les prix sont à des niveaux fous qu'on n'a jamais vus.
03:02 Depuis deux ans, on a calculé avec le partenaire Nielsen IQ, qu'il y a tous les magasins en France,
03:07 10 000 magasins, 300 000 références, on est pratiquement à 25% de hausse sur les produits alimentaires.
03:12 Donc tout ça ne doit pas dissimuler la réalité d'aujourd'hui,
03:17 c'est qu'on a en France une inflation terrible sur les produits alimentaires.
03:21 Donc Carrefour qui va mettre ses petites affichettes, c'est aussi une opération de communication pour le groupe ?
03:27 Non seulement c'est une opération de communication, mais c'est particulièrement gonflé s'agissant de Carrefour.
03:32 Pourquoi ?
03:33 Parce que moi je me rappelle qu'au mois de mai, Carrefour, qui a une gamme de premier prix en légumes à 99 centimes...
03:39 Sa propre marque distributeur, Carrefour.
03:41 Oui, qui promet des légumes à moins d'un euro.
03:44 Donc pour tenir cette promesse, Carrefour est passé d'un paquet de trois salades sucrines à deux sucrines.
03:53 Pour le même prix ?
03:54 Pour rester à 99 centimes. Il est passé aussi pour les pommes de terre d'un kilo cinq à un kilo, pour rester à 99 centimes.
04:02 Donc là c'est l'arroseur arrosé ?
04:04 Oui, je vais bien l'arroser ce matin parce qu'ils sont gonflés de faire tout ce tambourinage autour de l'inflation masquée,
04:10 alors qu'eux-mêmes ont démarré au mois de mai.
04:13 Mais au final, est-ce que ça peut être efficace ? Carrefour, je le reprends sur ses petites affichettes,
04:18 dit "nous nous engageons à renégocier les prix".
04:20 Donc est-ce qu'il va y avoir réellement des négociations entre industriels et distributeurs ?
04:24 Et est-ce que vous pensez qu'au final les prix vont réellement baisser ?
04:27 J'en sais rien. Parce que pour l'instant on est dans la communication, on nous dit que les grandes marques refusent de négocier.
04:34 Nous ce qu'on constate, non seulement les grandes marques ne baissent pas, ne ralentissent même pas leur hausse,
04:39 mais les marques de distributeurs, les distributeurs ont toute la chaîne de fabrication du prix.
04:45 Et bien dans certains rayons, les MDD et les premiers prix...
04:49 Les marques de distributeurs ?
04:51 ...ont augmenté de manière plus importante que les grandes marques.
04:54 Donc les marques de distributeurs ne diminuent pas assez.
04:57 Et donc on appelle aujourd'hui à ce que les distributeurs fassent des efforts sur leurs propres marques.
05:02 Et entre les deux, il y a Bercy, le ministre de l'économie, qui lui, Bruno Le Maire, parle d'arnaque à propos de cette inflation masquée.
05:08 Que peut faire Bercy ?
05:10 Alors Bercy nous annonce qu'ils vont prendre une loi au mois d'octobre.
05:14 Une loi qui dit quoi ?
05:16 Ce qu'ils vont mettre dans cette loi, parce que depuis 2009, les industriels peuvent faire ce qu'ils veulent sur leur format.
05:23 Par exemple, avant, la plaquette de beurre était à 250 grammes.
05:27 Maintenant, il y a beaucoup de plaquettes de beurre qui sont à 200 grammes.
05:30 Alors les consommateurs continuent à nous écrire en disant "Voyez cette arnaque ?"
05:33 Mais non, ils ont le droit. Donc c'est légal.
05:35 C'est légal. Donc on ne peut pas porter plainte de la part des associations de consommateurs.
05:38 Ce n'est pas possible, c'est légal.
05:40 Oui, c'est légal. Par contre, ce qui est possible et efficace, c'est ce qu'on est en train de faire aujourd'hui.
05:44 C'est-à-dire en parler et donner des noms.
05:46 C'est sorti et je vous assure que c'est de la mauvaise publicité.
05:50 Et être vigilant quand on fait ses courses.
05:52 Regardez bien le poids qui doit être affiché quand même.
05:55 Alors ça c'est le conseil de base que tout le monde fait aujourd'hui, parce qu'il n'y a pas d'autre choix.
06:01 Regardez le prix au kilo ou au litre.
06:03 S'agissant des couches par exemple, regardez le prix à la couche.
06:06 Et là on voit bien que ça augmente très très fort.
06:08 Et juste une dernière question, une réponse très courte Lionel Moggin, puisque vous travaillez, vous occupez de l'observatoire de l'inflation au magazine "60 millions de consommateurs".
06:15 En deux ans, de combien est l'inflation sur les produits qu'on trouve en supermarché ?
06:19 Eh bien nous on a un panier de base avec Nissan IQ sur l'ensemble des références et l'ensemble des produits.
06:25 On est à 25% sur les produits alimentaires et un peu moins sur les produits d'hygiène et de cosmétique.
06:31 On n'a jamais vu ça.
06:33 Merci Lionel Moggin, invité du 5/7 ce matin.