Les 4 vérités - Ségolène Royal

  • l’année dernière
Thomas Sotto reçoit Ségolène Royal, ancienne ministre et ancienne candidate à la présidentielle sur le plateau des 4 vérités. 
Transcript
00:00 Bonjour et bienvenue dans les 4V, c'est Golan Royale.
00:04 Bonjour.
00:05 C'est donc tout à l'heure qu'Emmanuel Macron va mettre en musique son initiative
00:08 politique d'ampleur, comme il avait dit, en recevant tous les chefs de l'opposition.
00:11 C'est un format inédit, c'est une main tendue, dit-il.
00:14 Est-ce qu'il faut la saisir ? Est-ce qu'il faut vraiment la saisir, cette main tendue,
00:17 quand on est dans l'opposition ?
00:18 Il faut toujours discuter, ça, en démocratie, il faut toujours discuter.
00:22 Mais de quoi s'agit-il ? Il s'agit de reprendre la main alors que l'on vient de
00:27 traverser une séquence extrêmement pénible sur le plan de la démocratie politique,
00:32 puisqu'on a une démocratie parlementaire qui n'a pas fonctionné, avec une utilisation
00:37 du 49.3 à répétition.
00:39 Vous parlez de la réforme des retraites ?
00:40 Je parle de la réforme des retraites, c'est-à-dire comment pourrait-on faire croire aujourd'hui
00:44 que la démocratie va se remettre en mouvement, alors que nous n'avons pas totalement réglé
00:49 ce problème de la dégradation du débat démocratique dans notre pays, avec les mêmes
00:54 idoles politiques qui ont été méprisées, qui ont été bafouées, dont le vote a été
00:59 étouffé par l'utilisation du 49.3, c'est-à-dire un gouvernement qui sentait qu'il n'était
01:03 pas majoritaire pour baisser les retraites des Français et pour détruire une nouvelle
01:07 fois la protection sociale et le modèle social français.
01:11 Ces partis politiques, qui étaient au-delà de la gauche d'ailleurs, qui se sont opposés
01:15 à cette réforme, qui voulaient protéger les Français qui sont farouchement opposés
01:20 à cette réforme et qui n'ont pas été respectés.
01:23 Là, il dit, le chef de l'État, chacun peut venir avec ses propositions.
01:27 Si vous aviez été convié, qu'est-ce que vous auriez proposé, vous, concrètement ?
01:30 Déjà de supprimer la réforme des retraites.
01:33 Déjà de supprimer la réforme des retraites, car ce problème n'est pas encore soldé,
01:38 au sens où, à la retraite des hommes et des femmes qui voient se prolonger leur durée
01:45 de vie, on voit des femmes dont le niveau de retraite va baisser, on voit des jeunes
01:49 qui sont aussi angoissés par leur entrée dans la vie active en se disant, mais est-ce
01:53 que ces règles vont constamment bouger par rapport au modèle social français ?
01:57 Et parallèlement, on voit la dégradation dans d'autres domaines de la vie quotidienne
02:01 puisque, en cette rentrée, la préoccupation première des Français, c'est la question
02:06 de la hausse des prix.
02:07 Donc, s'il y a un sujet, vous venez d'en parler avec la hausse des loyers, donc on
02:12 a une situation de chaos dans tous les secteurs des services publics, que ce soit l'hôpital,
02:19 que ce soit l'école, on va en reparler, que ce soit l'air protection sociale avec
02:24 ses incertitudes et ses peurs sur la dégradation du système de retraite.
02:29 Et d'un autre côté, on voit les prix flamber et un gouvernement qui ne fait rien.
02:34 Ce qu'on demande, c'est la suppression de la réforme des retraites.
02:36 Prenez un petit four, merci, au revoir, ça ne servira à rien parce qu'on sait très
02:38 bien que le gouvernement ne va pas supprimer la réforme des retraites.
02:40 Mais si c'est ce qu'attendent les Français, c'est la responsabilité des responsables
02:45 politiques.
02:46 Il faut un référendum sur les retraites.
02:47 Le RSA va demander un référendum sur les questions d'immigration.
02:50 C'est une bonne idée ça ou pas ?
02:51 Non, ce n'est pas une bonne idée.
02:52 Parce que qu'est-ce que ça veut dire encore, lancer un référendum sur la question de
02:57 l'immigration ? C'est remettre du conflit dans le pays.
02:59 Nous avons besoin d'apaisement, nous avons besoin de sérénité.
03:03 Nous sommes secoués par de multiples réformes qui n'ont aucun sens.
03:06 Nous avons peur de la hausse des prix aujourd'hui.
03:09 Les jeunes en particulier sont sortis du Covid avec encore des séquelles qui n'ont pas été
03:14 soignées par rapport aux épreuves terribles de l'isolement qu'ils ont connues.
03:18 Et aujourd'hui, ils font face pour les étudiants à une rentrée universitaire où leur pouvoir
03:23 d'achat va être dégradé, où ils ont des difficultés d'accéder au logement.
03:27 Mais qu'est-ce que c'est que ce déclin généralisé ?
03:29 Vous savez, je vois beaucoup de gens en ce moment, parce que je fais des dédicaces.
03:34 Vous savez, la chose que les gens me disent le plus, c'est où ça va s'arrêter, jusqu'où
03:39 on va descendre ? C'est ça la France ? Non.
03:41 Donc il faut remettre des repères.
03:43 L'immigration n'est pas la priorité.
03:46 Mais il faut appliquer les règles.
03:47 Qu'est-ce que c'est que cette agitation frénétique sur tout et n'importe quoi ?
03:52 Commençons par appliquer les obligations de sortie du territoire.
03:57 C'est la première des choses.
03:58 Il n'y a pas besoin de référendum pour faire ça.
03:59 Il faut appliquer les choses.
04:01 L'autre sujet du moment qui crispe beaucoup, c'est la laïcité à l'école.
04:04 Vous avez été ministre déléguée à l'enseignement scolaire.
04:06 La décision d'interdire les abayas est-elle la bonne dans les établissements ?
04:10 Est-ce que lancer en pleine rentrée scolaire une nouvelle polémique comme celle-ci,
04:16 est-ce que c'est une bonne décision gouvernementale ?
04:18 Non.
04:19 Est-ce que c'est respectueux de la communauté éducative ?
04:22 Non.
04:23 Est-ce qu'il faut laisser rentrer les abayas dans les collèges et les lycées ?
04:25 Ce que je pense, c'est qu'au moment de la rentrée scolaire, ça doit être une fête.
04:30 Ça doit être un moment de concorde nationale.
04:32 Je me repose ma question.
04:34 Est-ce qu'il faut laisser les abayas rentrer dans les collèges et les lycées ?
04:37 Je pense que la question n'est pas d'actualité.
04:39 Les problèmes qui se posent, dont peut-être celui-ci, doivent être réglés en leur temps,
04:45 c'est-à-dire dans un ou deux mois.
04:46 Laissons la rentrée scolaire.
04:47 Pour les proviseurs confrontés, c'est un problème d'actualité.
04:50 Mais c'est un problème pour.
04:51 Ça fait des mois qu'ils le disent, ils disent même qu'ils n'étaient pas écoutés par le précédent ministre.
04:54 Est-ce que ce sont les problèmes prioritaires aujourd'hui dans l'éducation nationale ?
04:58 Il y a 12 millions d'élèves qui vont aller à l'école.
05:00 Il y a 900 000 enseignants.
05:02 Il y a 24 millions de parents d'élèves.
05:05 Aujourd'hui, ils veulent rentrer, ils veulent passer la rentrée dans de bonnes conditions.
05:09 Ils veulent se réjouir de cette rentrée.
05:11 Ils veulent une unité nationale.
05:13 Je voudrais rendre hommage aux enseignants qui préparent la rentrée.
05:15 Vous avez bien raison d'en rendre hommage aux enseignants.
05:17 L'abaya n'est pas un problème aujourd'hui.
05:19 Il y a une loi pour cela, la loi de 2004.
05:22 Il ne suffit pas visiblement.
05:23 Mais si, il suffit de l'appliquer correctement et de régler les problèmes établissement par établissement
05:28 et de ne pas laisser entrer les vêtements religieux à l'école.
05:31 On a bien réussi pour le voile.
05:32 Là où se posent les problèmes de façon très marginale, disons-le quand même,
05:36 sur 60 000 établissements scolaires, il doit y en avoir à peu près quelques dizaines qui sont concernés.
05:41 Marginale mais exponentielle quand même.
05:43 Il faut qu'on les problème correctement.
05:45 Mais ce n'est pas un sujet de rentrée scolaire.
05:47 Est-ce que pour vous, communication...
05:49 Il y a eu un débat sur le vêtement.
05:51 Est-ce que l'abaya est un vêtement religieux pour vous ou pas ?
05:53 Est-ce que l'abaya est un vêtement religieux pour vous ?
05:56 Écoutez, je pense que sans rentrer dans ces considérations,
05:59 qui une nouvelle fois sont des considérations qui vont susciter des conflits,
06:03 prenons les jeunes filles individuellement, discutons avec elles
06:08 et faisons en sorte en effet que ce vêtement ne rentre pas à l'école.
06:12 Mais occupons-nous des vrais problèmes.
06:14 Vous savez, aujourd'hui, il y a peut-être quelques centaines de jeunes filles qui mettent cet habit,
06:19 mais inversement, il va y avoir des dizaines de milliers d'enfants
06:22 qui n'auront pas d'enseignant en face d'eux à la rentrée
06:24 parce qu'il y a une pénurie d'enseignants
06:26 parce que le gouvernement n'a pas fait le nécessaire pour revaloriser la rémunération des enseignants.
06:30 C'est un écran de fumée pour vous ce débat ?
06:32 Oui, je pense que c'est une façon d'abord un peu immature de régler les problèmes,
06:37 une opération de communication qui n'est pas responsable,
06:40 une façon de cacher les véritables problèmes sur lesquels on attend des réponses
06:46 comme la présence et le nombre des enseignants, la revalorisation de leur salaire,
06:51 la question des auxiliaires de vie scolaire.
06:53 Beaucoup d'enfants handicapés ne pourront pas rentrer à l'école en cette rentrée
06:57 parce qu'il manque des auxiliaires de vie scolaire et la question bien sûr de la vie chère.
07:02 C'est ça qui préoccupe aujourd'hui les parents et le logement étudiant sur lequel il y a une inertie.
07:07 Tout ça, ça ressemble à un programme électoral, c'est bien vrai.
07:10 Vous avez surpris tout le monde le week-end dernier en annonçant
07:12 que vous vouliez diriger une liste d'Union de la Gauche aux européennes.
07:14 Ma question est simple, c'était lancer comme ça à la Ségolène Royale comme vous aimez faire
07:18 ou vous allez vraiment diriger une liste au mois de juin ?
07:20 Nous avons travaillé depuis plusieurs mois avec tout un groupe, beaucoup de personnes.
07:26 Et puis je vois aussi les attentes, puis ma responsabilité aussi,
07:31 peut-être d'une certaine façon dans une transmission.
07:33 Il y aura une liste portée par Ségolène Royale aux européennes ?
07:35 Bien sûr, bien sûr, qui est déjà soutenue d'ailleurs par LFI.
07:38 Je m'en réjouis et j'appelle.
07:40 C'est un poisson d'avril, s'est interrogé l'insoumis Éric Coquerel.
07:43 Ça a fait marrer le patron du PS Olivier Faure qui a dit
07:46 « On verra bien s'il existe un désir d'avenir commun,
07:48 entre Ségolène Royale et Jean-Luc Mélenchon. »
07:50 « Ça me fait sourire parce que je suis poli », a dit Fabien Auxel.
07:53 « Ce sont vos alliés, la nuppes. »
07:55 « Je sais que c'est la mode du vintage, mais bon, aéronisez la chef des députés écologistes. »
07:58 Ça ne paraît pas très bien parti pour le « tous derrière Ségolène ».
08:00 Oui, ils ont évité qu'il va garder les enfants, c'est déjà pas mal.
08:03 Mais ce que je crois, vous savez, c'est que dans la profondeur du pays,
08:07 il y a une aspiration très profonde à l'unité des gauches en général.
08:11 Et comme je vous le disais tout à l'heure, il faut stopper ce déclin français.
08:15 Il faut arrêter le chaos.
08:16 Et si je fais cela, c'est pour les jeunes générations.
08:18 Parce que si la gauche est divisée, la gauchisme arrêtera.
08:21 C'est tout.
08:22 Donc si elle prend cette irresponsabilité-là,
08:25 eh bien je considère que nous n'avons pas le droit de priver la nouvelle génération
08:29 d'une alternance d'abord, d'un modèle alternatif qui remet de l'humain au cœur de tout
08:34 et qui remet aussi l'exigence de la protection de la planète devant nous.
08:38 Jean-Luc Mélenchon sera derrière vous dans la liste ?
08:41 Vous avez vu, on disait tout à l'heure que les jeunes maintenant renoncent à mettre des enfants au monde,
08:43 alors que notre génération n'aurait pas été capable de transmettre à la nouvelle génération
08:48 l'envie d'entrer dans ce monde et de le changer à leur tour.
08:51 Est-ce que Jean-Luc Mélenchon sera derrière vous dans cette liste unie ou semi-unie de la gauche ?
08:54 Il l'a dit, je crois.
08:55 Mais j'appelle tous les autres aussi à venir.
08:58 Et surtout, c'est l'électorat qui va trancher cette question-là.
09:02 Est-ce qu'il y a une solution alternative au chaos que nous vivons ?
09:06 Oui. Est-ce qu'on peut remettre de l'humain et de la dimension de solidarité entre les générations ?
09:13 Oui. Est-ce qu'on peut sauver le modèle social français ?
09:15 Oui. Est-ce qu'on peut stopper le déclin de la France ?
09:18 Oui. Est-ce qu'on peut protéger les services publics ?
09:20 La campagne n'a pas encore commencé.
09:21 C'est ça la question, vous voyez ?
09:23 C'est un sujet important, qu'on dise quelques mots de la situation en Ukraine.
09:25 Dans son dernier livre, Nicolas Sarkozy va un peu à l'encontre de la pensée dominante.
09:29 Nous avons besoin des Russes, ils ont besoin de nous.
09:31 L'Ukraine doit figurer comme un pont entre la Russie et l'Europe, elle doit être neutre.
09:34 Est-ce que vous êtes d'accord avec ça ? Est-ce qu'il faut faire évoluer la position française ?
09:37 Moi, je ne reviens pas à l'Avavit en deux secondes sur ce sujet-là.
09:41 Et je pense que s'il avait des choses à dire, il fallait le dire pour empêcher le déclenchement de la guerre.
09:46 Vous voyez ? Maintenant, faire des commentaires après coup,
09:49 alors que la situation est en train de se dégrader, qu'il y a des centaines de milliers de morts,
09:53 je pense que c'est un problème de parler de cette façon-là.
09:56 Mais sur le fond, essayez de reparler avec les Russes.
09:58 Je ne m'exprime pas sur cette question en deux secondes, parce que la situation est trop grave.
10:02 Et là aussi, ça fait partie du chaos mondial, justement,
10:05 dans lequel il faut montrer qu'il y a une alternative par rapport à la solution de recherche de la paix partout dans le monde.
10:11 Merci beaucoup, Ségolène Royal, d'être venue dans les 4V, votre livre "Refuser la cruauté du monde, le temps d'aimer" est venu.
10:16 On a compris que vous n'aimez pas encore tout le monde, mais c'est aux éditions du Rocher.
10:19 Tout le monde va m'aimer.
10:20 Merci et bonne journée à vous, Ségolène Royal.