Les 4 vérités - Manuel Valls

  • il y a 8 mois
Thomas Sotto reçoit Manuel Valls, ancien Premier ministre et ancien ministre de l'intérieur sur le plateau des 4 vérités. 

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Transcript
00:00 [Générique]
00:02 – Bonjour et bienvenue dans "Les 4V", Manuel Valls.
00:04 – Bonjour.
00:05 – Vous êtes ancien Premier ministre,
00:06 vous êtes aussi ancien ministre de l'Intérieur
00:08 et ce jeudi, on en parlait tout à l'heure,
00:09 c'est une journée de colère, une journée noire chez les policiers
00:12 qui voit arriver les JO avec inquiétude.
00:15 C'est de l'agitation sociale pour obtenir un peu plus,
00:17 pour obtenir un peu d'argent plus
00:19 ou est-ce que notre police est maltraitée dans le pays ?
00:21 – Non, elle n'est pas maltraitée,
00:23 elle a bénéficié évidemment d'hausses de salaires,
00:27 de primes, de création d'emplois au cours d'ailleurs de ces dernières années,
00:30 notamment depuis que nous sommes confrontés à la menace terroriste,
00:33 déjà depuis une bonne dizaine d'années.
00:36 Mais comme ils ont été, ces policiers, comme les gendarmes d'ailleurs,
00:39 soumis à une pression incroyable, les Gilets jaunes,
00:42 les manifestations contre la réforme des retraites,
00:46 la menace terroriste, l'augmentation de la violence
00:49 et de la délinquance dans notre pays,
00:52 il est normal qu'ils attendent évidemment un soutien et un bénéfice
00:57 du fait qu'ils vont être tous mobilisés,
00:59 et c'est logique et c'est normal pour ces Jeux Olympiques.
01:02 – Oui parce que le ministre de l'Intérieur demande à la police
01:03 d'être mobilisée à 100% pendant les JO,
01:05 en échange il débloque une enveloppe de 500 millions d'euros,
01:08 notamment pour aider à payer les gardes d'enfants.
01:11 Quand l'État en vient à payer les baby-sitters des policiers,
01:13 est-ce qu'il n'y a pas un problème structurel quand même ?
01:16 – C'est pendant l'été par ailleurs,
01:18 donc nous sommes dans une période très particulière,
01:21 on n'a pas examiné depuis longtemps ces sujets-là de manière très précise,
01:26 non mais moi je pense que c'est normal que l'État vienne en soutien
01:29 à ces hommes, à ces femmes dévouées, à ces républicains
01:32 qui protègent les Français et qui vont faire que ces JO
01:35 seront je l'espère un magnifique moment pour la France.
01:37 – La question qu'on peut se poser c'est est-ce qu'il y a assez de policiers
01:38 en France aujourd'hui ?
01:39 – Oui il y a assez de policiers, est-ce qu'il y a assez de policiers sur le terrain ?
01:43 Il y a eu des actions qui ont été menées par Gérald Darmanin
01:45 qui vont dans le bon sens, mais est-ce qu'il y a assez de policiers sur le terrain ?
01:49 Ça c'est une autre question et ça pose des problèmes de temps de travail,
01:53 d'organisation du travail des policiers,
01:56 donc c'est là-dessus je crois qu'il faut plancher.
01:58 – Les policiers dont le ministre Gérald Darmanin
02:00 est déjà presque en train de faire ses cartons,
02:02 il a expliqué au Figaro que sa mission était de réussir les jeux
02:05 et qu'ensuite un cycle serait atteint au ministère,
02:08 comprendre "Salut les gars, moi je vais partir".
02:10 Vous le comprenez, vous qui avez été ministre de l'Intérieur ou pas ?
02:12 – Je ne sais pas si c'est son intention,
02:14 j'ai du mal à commenter ce type de phrases ou d'analyse, il vient d'être…
02:20 – C'est ce qu'il a dit lui.
02:21 – Le nouveau gouvernement vient d'être annoncé,
02:24 donc j'imagine et j'ose penser que la mission va au-delà de cet été.
02:29 – Vous ne souhaiteriez pas que Gérald Darmanin parte ?
02:31 – Ce n'est pas mon problème,
02:33 à partir du moment où il vient d'être de nouveau confirmé,
02:36 je vois mal comment cette mission encore une fois
02:38 pourrait s'arrêter après les Jeux Olympiques.
02:40 – Je vous pose cette question parce que ça participe d'un climat
02:42 un peu étrange depuis le remaniement,
02:45 cette déclaration de Gérald Darmanin,
02:46 dans le même genre on a aussi Rachida Dati hier,
02:49 qui a été nommée ministre de la Culture jeudi dernier,
02:51 donc ça fait une semaine et six jours plus tard,
02:54 donc hier, elle annonce sans la moindre ambiguité
02:56 qu'elle sera candidate à la mairie de Paris dans deux ans.
02:59 Mon objectif c'est Paris, martèle-t-elle, est-ce qu'elle a raison ?
03:02 – Au-delà de commenter telle ou telle déclaration des ministres…
03:06 – Ça dit quelque chose du fonctionnement quand même de…
03:08 – Oui mais moi il me semblait qu'il était important
03:10 qu'il y ait un nouveau Premier ministre avec le profil d'ailleurs
03:14 qui est celui de Gabriel Attal,
03:16 pour redonner du sens au quinquennat d'Emmanuel Macron,
03:20 qui en manquait sacrément depuis sa réélection,
03:24 comme s'il n'y avait plus de sens,
03:25 comme s'il n'avait pas trouvé le sens qu'il fallait donner à son action
03:29 depuis 2022, donc moi je me réjouis de la nomination du Premier ministre.
03:36 J'avoue en effet que je suis moins satisfait ou plus interrogatif,
03:41 je cherche la formule, à propos du gouvernement lui-même,
03:45 au-delà du fait qu'il est plus resserré, plus politique,
03:48 qu'il y a un cap qui a été indiqué par le chef de l'État
03:50 il y a 48 heures lors de cette conférence de presse.
03:54 Et concernant Rachida Dati, la personne, chacun la connaît,
03:58 elle a l'énergie, elle est dynamique,
04:01 mais j'ai le sentiment que le président de la République,
04:05 au fond, à travers cette nomination,
04:09 a organisé d'une certaine manière trois provocations.
04:13 Et quelles ?
04:13 L'une à l'égard des Républicains, de la droite.
04:18 Donc ça c'est un coup politique ?
04:19 Oui, mais moi je pense que dans un moment où il faut plutôt chercher l'unité,
04:23 les coalitions, et ne pas tenter de briser, de casser un système politique
04:29 qui est déjà en très mauvais état.
04:32 Deuxième provocation, elle est à l'égard de la justice,
04:35 car Rachida Dati, elle est présumée innocente,
04:38 mais elle est mise en examen pour corruption,
04:42 c'est une ancienne garde des Sceaux.
04:43 Ça ne veut pas dire qu'elle est coupable ?
04:44 Non, mais il faut faire attention à nos institutions, notamment à la justice.
04:49 Et la troisième, c'est à l'égard du monde de la culture,
04:52 il est de bon ton de fustiger la culture,
04:55 mais la culture et la France c'est une longue histoire,
04:57 c'est Malraux, c'est Jacques Lang,
04:59 c'est une certaine idée au fond de ce que nous sommes,
05:01 c'est notre exception culturelle, c'est un secteur très important,
05:05 c'est la culture, c'est l'audiovisuel public,
05:07 j'y suis ce matin sur votre antenne,
05:11 et sans doute que ce secteur, et là je réponds à votre question,
05:14 le sentiment d'être pris en otage,
05:16 notamment en effet avec ces annonces concernant les élections municipales à Paris.
05:21 Vous Premier ministre, vous auriez accepté ça d'un de vos ministres ou pas ?
05:24 Non, sans doute pas,
05:25 parce que je pense qu'il faut que les contrats soient clairs.
05:28 Elle est élue parisienne, elle a des ambitions pour Paris,
05:31 je le comprends bien,
05:32 mais on voit bien que cette candidature, c'est à la fois un coup politique,
05:36 et c'est une candidature qui est lancée.
05:38 Où est la culture ?
05:39 Qui est évidemment un élément tout à fait essentiel
05:42 de ce que nous sommes, nous Français, de notre identité.
05:45 Vous l'avez dit, vous avez accueilli plutôt positivement
05:48 la nomination de Gabriel Attal à Matignon,
05:50 il prononcera son discours de politique générale le 30 janvier,
05:54 on a l'impression qu'Emmanuel Macron lui a un peu coupé l'herbe sur le pied
05:56 pendant sa conférence de presse de deux heures et demie
05:57 où il a balayé tous les sujets.
05:59 Qu'est-ce que vous attendez du Premier ministre ?
06:00 Qu'est-ce qu'il doit dire ? Qu'est-ce qu'il doit faire maintenant ?
06:02 Quel doit être ce fameux cap que vous évoquiez ?
06:05 Dans la déception qui est la mienne sur la composition du gouvernement,
06:09 il y a aussi au fond le fait que le Président de la République
06:11 ne change pas de méthode.
06:13 Je pense que la nomination d'un Premier ministre au-delà de sa jeunesse,
06:17 talentueux, politique et populaire,
06:21 aurait dû lui permettre de lui laisser au fond plus d'espace
06:24 et que Attal fasse du Attal.
06:27 Et qu'il puisse lui-même d'ailleurs annoncer ce cap, ce programme,
06:32 quitte à ce que le Président de la République vienne évidemment
06:34 sur les éléments essentiels donner le sens nécessaire.
06:37 Là Attal va devoir faire du Macron, c'est ce que vous nous dites en fait ?
06:39 On a le sentiment que le Président de la République,
06:41 y compris dans le détail,
06:43 a presque tout dit lors de sa conférence de presse.
06:46 Donc au Premier ministre, dans une quinzaine de jours,
06:49 à l'Assemblée nationale et au Sénat,
06:51 de mettre en œuvre la feuille de route qui a été tracée par le chef de l'État.
06:56 Mais je pense que dans le maniement de nos institutions,
06:59 et moi je suis très attaché aux institutions de la Ve République,
07:03 la répartition des rôles, à cette occasion-là,
07:06 aurait dû être mieux définie.
07:08 Je me trompe ou je vous sens moins Macron compatible
07:10 qu'il y a quelques semaines ou quelques mois ?
07:11 Non, je dis ce que je pense, je suis un patriote,
07:16 je suis attaché à la réussite du Président de la République,
07:20 de sa majorité, du gouvernement,
07:22 parce qu'il y a des défis considérables,
07:24 parce que la France traverse une crise
07:26 comme toutes les grandes démocraties occidentales,
07:28 civiques, politiques, morales,
07:30 parce que le pays a besoin à la fois d'autorité,
07:32 le Président de la République, on a beaucoup parlé,
07:35 c'est une belle valeur,
07:36 mais aussi a besoin de justice sociale.
07:38 Ce qui ronge le pays, ce sont les inégalités sociales.
07:42 C'est évidemment le pouvoir d'achat,
07:44 mais si c'est le sentiment de déclassement,
07:46 ce sont les fractures territoriales et sociales.
07:48 Pour moi, ce sont là les deux grandes priorités,
07:51 l'ordre et l'autorité nécessaires pour le pays,
07:54 en matière de sécurité ou d'immigration,
07:57 et c'est évidemment la justice sociale que les Français attendent.
08:00 Je voudrais qu'on se dise quelques mots,
08:01 Manuel Valls, de l'antisémitisme en France, dans notre pays.
08:03 On a appris hier que la fille des députés,
08:05 Eléphire Raquel Garrigo et Alexandre Corbière,
08:07 avaient été interpellées pour apologie du terrorisme
08:10 et elle assume visiblement son antisémitisme.
08:12 Alors d'abord, soyons clairs, les opinions des enfants,
08:14 surtout majeures, ne sont pas forcément celles de leurs parents.
08:16 Pour autant, comment expliquez-vous, et au-delà de ce cas,
08:19 cette forme d'antisémitisme décomplexé qu'on voit en France aujourd'hui ?
08:22 Il explose notamment depuis le 7 octobre,
08:25 c'est-à-dire depuis les massacres effrayants
08:28 accomplis par le Hamas, cette organisation djihadiste islamiste en Israël,
08:34 et pas seulement en France,
08:35 partout en Europe, dans le monde, et notamment aux États-Unis d'Amérique.
08:40 Et ça dit beaucoup en effet sur ces fractures que j'évoquais
08:43 il y a un instant sur notre société.
08:45 Ce qui rend d'autant plus nécessaire le combat contre l'antisémitisme,
08:49 contre l'antisionisme, contre la haine des Juifs et d'Israël,
08:51 qui se confond, tout ce qui se passe notamment sur les réseaux sociaux,
08:55 par exemple je pense à TikTok, sur le récit qui s'impose à la jeunesse,
09:00 sur ce que, au fond, derrière ces réseaux, on retrouve la Chine, l'Iran, la Russie…
09:05 Et quelle est la réponse à partager ? On a l'impression que c'est un océan qui déferle.
09:08 La clarté.
09:10 La clarté, par exemple, j'aurais aimé que le président de la République
09:12 soit présent lors de la manifestation contre l'antisémitisme.
09:17 La lutte contre cet antisémitisme qui vient bien sûr,
09:20 toujours peut-être de l'extrême droite, mais d'abord aujourd'hui de la gauche,
09:23 et notamment de la France insoumise et de toute cette culture wokiste
09:28 qui envahit médias, culture, écoles, universités.
09:32 Raison de plus pour que l'école publique et républicaine
09:35 soit plus que jamais notre grande priorité.
09:37 Merci beaucoup, vous voterez Gluxembourg aux européennes ou pas ?
09:40 Je ne sais pas, non, je ne crois pas, mais pour le moment,
09:42 je ne me suis pas donné encore une réflexion suffisante pour savoir.
09:46 On verra le paysage des élections européennes et à ce moment-là,
09:50 on pourra affirmer des choix, notamment sur l'Europe,
09:52 qui est plus que jamais notre avenir, et avec le soutien nécessaire à Ukraine.
09:56 Vous reviendrez nous voir pour en parler. Merci beaucoup, Manuel Valls.

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