Les épreuves de spécialité au bac, avancées en mars, se tiendront désormais au mois de juin, c'est l'une des annonces faites par Gabriel Attal ce dimanche : Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, professeure de sciences économiques et sociales dans le département de l Essonne. Elle l'invitée de 6h20.
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00:00 Bonjour Sophie Vénétité, vous êtes secrétaire générale du SNES-FSU, c'est le premier
00:03 syndicat du secondaire, également professeur de sciences économiques et sociales dans
00:07 l'Essone.
00:08 Les épreuves de spécialité pour les élèves de Terminal se tiendront en juin et non plus
00:13 en mars.
00:14 On revient en arrière, est-ce que c'est une bonne nouvelle ?
00:16 C'est une très bonne nouvelle, à la fois pour les élèves et les professeurs.
00:20 C'est clairement une avancée à mettre au crédit de tout ce qu'on a fait, la mobilisation,
00:25 le travail de conviction qu'on a fait aussi auprès de l'opinion publique et notamment
00:28 des parents d'élèves.
00:29 C'était quoi le problème avec le fait que ces épreuves aient lieu en mars ?
00:32 Elles arrivaient beaucoup trop tôt.
00:33 Il faut bien se rendre compte qu'avec des épreuves en mars, dès le mois de septembre,
00:37 on était lancé dans une espèce de course contre la montre pour boucler les programmes
00:40 au mois de mars.
00:41 Course contre la montre qui nous mettait beaucoup de pression en tant qu'enseignant mais qui
00:44 avait aussi des conséquences sur les élèves et notamment les élèves les plus fragiles.
00:47 Nous en tant qu'enseignant, on a vu notamment les élèves les plus fragiles avoir du mal
00:51 à tenir le rythme, voire même parfois décrocher sur les premiers mois.
00:55 Assimiler le programme en un peu moins de temps, c'est ça ?
00:57 C'est terrible quand vous êtes enseignant, vous voyez vos élèves les plus fragiles
01:00 et ils n'y arrivent pas.
01:01 Et ensuite, au troisième trimestre, on les perdait complètement avec un absentéisme
01:06 qui a explosé l'année dernière.
01:07 C'était le cas dans vos classes ?
01:08 Oui, ça a été le cas.
01:09 Des classes de 35 élèves, vous n'avez plus qu'une dizaine d'élèves qui sont là.
01:15 En juin ou dès la fin des épreuves ?
01:17 Dès la fin des épreuves.
01:19 C'est tout le troisième trimestre l'année dernière qui a été synonyme de grand vide
01:23 pour les terminales mais aussi parfois pour d'autres classes parce qu'il y avait quand
01:26 même une ambiance générale à démobilisation dans les lycées.
01:29 Moi, par exemple, dans mon lycée, même mes élèves de seconde, au mois d'avril m'ont
01:32 dit "mais madame, ça nous concerne aussi, il n'y a plus personne au lycée".
01:35 Donc, c'est des démobilisations globales.
01:37 Le problème de ce changement, c'est que ça veut dire que les notes de spécialité
01:40 ne seront plus dans les dossiers parcours sup.
01:42 C'est embêtant ça ? Comment on fait pour les intégrer au final ?
01:45 Alors, on a déjà eu des dispositifs qui fonctionnaient sans les notes de spécialité,
01:51 à la fois sur les premières années de parcours sup et sur APB.
01:54 Ça n'a jamais empêché des élèves d'accéder au supérieur, de réussir leurs études dans
01:59 le supérieur.
02:00 Donc, ça veut dire uniquement le contrôle continu pris en compte dans Parcoursup ?
02:03 Alors, c'est comme ça que ça a fonctionné.
02:05 Et ce qu'il faut bien voir, c'est que certes c'est du contrôle continu, mais on a toutes
02:07 et tous le même objectif quand on prépare nos élèves.
02:10 C'est-à-dire qu'on a tous la même ligne d'arrivée des épreuves au mois de juin
02:13 qui sont communes à tout le monde.
02:15 Et finalement, on est tous un peu dans la même ligne de course.
02:18 Et comment on garantit l'uniformisation de la notation ? On sait bien que les professeurs
02:21 ne notent pas toujours de la même façon.
02:22 Il y en a plus sévères que d'autres.
02:23 Donc, il y a une forme d'injustice quand même dans la sélection de Parcoursup ?
02:26 Alors, ce qu'il faut bien voir, c'est qu'on a cet objectif commun qui nous permet de préparer
02:32 les élèves.
02:33 Après, il faut certainement aller plus loin sur Parcoursup.
02:34 Par exemple, pourquoi pas l'anonymisation totale de Parcoursup ? Ça, ça serait aussi
02:39 un moyen de gommer les inégalités liées à la prise en compte du contrôle continu.
02:43 Cette annonce, elle a été faite hier soir par le ministre de l'Éducation, Gabriel
02:47 Attal.
02:48 C'est tard quand même, on est à une semaine seulement de la rentrée.
02:50 Est-ce que ça change beaucoup de choses pour les enseignants de ces spécialités ? Est-ce
02:53 qu'ils vont devoir revoir finalement tout leur plan de cours ? Tout ce qu'ils avaient
02:55 prévu pour l'année ?
02:56 Alors, c'est sûr que ça arrive un peu tard.
02:59 Ça arrive quand même avant la rentrée.
03:00 C'est-à-dire qu'on ne change pas les règles du jeu en cours d'année, comme on l'a beaucoup
03:04 connu ces dernières années.
03:05 C'est aussi parce qu'on a beaucoup poussé auprès du nouveau ministre pour que les annonces
03:08 soient faites avant la rentrée.
03:09 Il y a certainement des ajustements qu'on va devoir faire dans nos progressions.
03:13 Mais on a quand même un peu plus de mou pour préparer ces épreuves.
03:20 Sophie Vénétité, je rappelle que vous êtes chef du SNES-FSU.
03:22 Autre annonce d'importance formulée par le ministre hier soir, l'interdiction de
03:28 l'abaya, cette longue tunique portée par certaines élèves musulmanes.
03:31 Interdiction en milieu scolaire.
03:33 Est-ce que vous approuvez cette décision ?
03:34 Déjà, le port de l'abaya n'est pas le problème principal à l'école.
03:37 Il faut quand même se rappeler qu'on va faire une rentrée, on manque de professeurs,
03:41 on a des classes surchargées.
03:42 Et c'est bien ça le véritable problème.
03:44 Ensuite, on sera extrêmement attentifs à la façon dont la décision de Gabriel Attal
03:48 va se décliner, puisque nous ce qu'on voit sur le terrain, c'est que dans 95% des
03:53 cas, finalement ces situations se dénouent par le dialogue.
03:56 Elle se règle au cas par cas ? Il n'y a pas besoin d'une règle globale ?
03:58 Elle se règle au cas par cas.
03:59 Et ce qui est très important dans le dialogue, c'est que ça permet d'éviter que ces élèves
04:04 et ces familles, après, quittent l'école publique et aillent dans le privé confessionnel.
04:08 Il n'y aurait rien de pire que ça conduise au départ de ces élèves vers le privé
04:11 confessionnel, parce que là, ça serait une véritable défaite pour l'école de la République.
04:15 Donc il faut qu'on soit très attentifs à ça.
04:16 Pourtant, il y a des directeurs d'établissement qui réclamaient des consignes claires, qui
04:21 disaient ne pas savoir trop quoi faire, que c'était compliqué.
04:24 Là, au moins, c'est clair.
04:25 Là, c'est clair.
04:26 Et pour ça, on va regarder avec beaucoup d'attention les précisions qu'il va envoyer
04:29 au chef d'établissement.
04:30 On regardera aussi avec beaucoup d'attention le discours qu'il va tenir de manière plus
04:33 générale sur la question de la laïcité et par ailleurs de l'enseignement privé,
04:39 puisque je rappelle quand même qu'Emmanuel Macron a très largement favorisé notamment
04:43 l'enseignement catholique privé l'année dernière quand il a été question de la
04:46 mixité sociale.
04:47 Et qu'on sera aussi très attentifs pour bien voir si ces questions-là sont aussi
04:52 bien traitées par le nouveau ministre de l'Éducation nationale.
04:55 Le port de la baïa, ça concerne combien de jeunes filles ?
04:57 Ça, on ne concerne pas tant que ça.
04:59 Il faut rappeler qu'on a 12 millions d'élèves si on prend premier et second degré.
05:03 Il y a des chiffres récents qui montrent qu'on est sur quelques milliers de cas.
05:08 Donc c'est pour ça, je le dis et je le répète, le sujet principal de cette rentrée n'est
05:12 pas le port de la baïa.
05:13 Il ne faudrait pas que ça vienne masquer l'ensemble des problèmes de l'école à
05:17 cette rentrée.
05:18 Est-ce que vous en avez déjà eu dans votre classe ou dans votre établissement scolaire ?
05:21 Dans mon établissement, il y en a eu.
05:22 Il y en a eu l'année dernière.
05:24 Et c'est vrai qu'au début, on peut se sentir un peu démuni.
05:27 Mais quand on en discute entre collègues et avec notre direction, on peut arriver à
05:32 entamer le dialogue avec les jeunes filles, leur expliquer pourquoi la loi de 2004 ne
05:38 permet pas d'entrer dans un établissement avec une baïa.
05:41 Et je vous le dis, par le dialogue, les choses se règlent.
05:44 Une dernière question, Sophie Vénétité.
05:45 On a eu ces deux annonces fortes de la part du ministre de l'Intérieur tout nouveau,
05:50 ministre de l'Éducation, Gabriel Attal.
05:52 Mais dans le même temps, on a Emmanuel Macron qui souhaite reprendre en main l'éducation,
05:56 qui dit que ça fait partie du domaine réservé du Président.
05:58 C'est qui votre interlocuteur ?
06:00 C'est justement une question qu'on s'est posée ces derniers jours.
06:03 Il faut savoir si on n'avait pas loupé un remaniement dans l'histoire et si on
06:06 n'avait pas un nouveau ministre de l'Éducation nationale.
06:08 Ces dix derniers jours, notre interlocuteur a bien été Gabriel Attal et ses équipes.
06:12 Maintenant, c'est vrai que si à chaque fois il est court-circuité par le président
06:15 de la République, ça va quand même poser la question de ses marges de manœuvre.
06:18 C'est quelque chose dont on sera aussi là-dessus très attentif.
06:22 Parce que si c'est Emmanuel Macron qui décide de tout, c'est vrai que par exemple,
06:26 il avait décidé de la réforme du bac envers et contre tout.
06:29 Pendant quatre ans, ça a malmené professeurs et élèves.
06:31 Il en revient quatre ans après, mais après avoir sacrifié quatre générations d'élèves.
06:36 Donc, on sera extrêmement attentif là-dessus.
06:38 Saskia de Ville : Sophie Vénétité, merci.
06:39 Secrétaire générale du SNES-FSU, vous étiez l'invité du 5/7.