• il y a 7 mois
Un jeune homme de 18 ans a poignardé son enseignante dans un lycée du Maine-et-Loire. Elle est blessée au visage. Les professeurs sont de plus en plus inquiets face à des agressions d'élèves qui se multiplient. Sophie Venetitay, secrétaire générale du Syndicat national des enseignements de second degré SNES-FSU, est l'invitée de Jérôme Florin.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau du 28 mai 2024

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Transcription
00:00 *Générique*
00:04 Une professeure d'anglais agressée au couteau hier matin en plein cours dans son lycée de Chemy en Anjou dans le Maine-et-Loire.
00:10 Elle est hors de danger. Son agresseur est un de ses élèves, un jeune de 18 ans.
00:14 Il a été arrêté après avoir tenté de s'enfuir. Il est en garde à vue.
00:17 Il n'avait jamais fait parler de lui négativement. Il était inconnu des services de police.
00:21 Bonjour Sophie Vénétité.
00:22 Bonjour.
00:23 Vous êtes secrétaire générale du syndicat enseignant SNES et FSU. Merci d'être avec nous ce matin.
00:28 Attaque au couteau hier, deux agressions la semaine dernière dans un collège d'Île-et-Vilaine contre deux enseignants.
00:34 On a l'impression que ces violences sont de plus en plus nombreuses.
00:37 Est-ce que c'est aussi votre sentiment et surtout une réalité ?
00:42 Ce qui est certain c'est qu'aujourd'hui, effectivement, le climat scolaire n'est pas bon dans les collèges et les lycées.
00:49 Il y a effectivement des violences physiques mais ce qui est frappant
00:54 sont les violences verbales à l'encontre des enseignants et plus globalement ce climat scolaire dégradé
01:01 où on voit que finalement l'école est à la fois devenu le réceptacle de tous les maux de la société
01:05 mais aussi qu'on a des élèves qui s'en prennent à des enseignants, verbalement voire physiquement.
01:11 Bien évidemment, ce n'est pas la majorité des cas, heureusement.
01:14 Il ne faut pas surestimer ce qui se passe mais il ne faut pas le sous-estimer parce que ça laisse forcément des traces.
01:20 Et bien évidemment, on espère que notre collègue qui a été agressé hier sera bien suivi et soutenu par le rectorat et le ministère.
01:27 C'est le cas en général quand un prof est agressé ? Après une agression comme ça, est-ce qu'il y a un suivi renforcé ou mis en place ?
01:35 En tout cas, nous on exige un suivi renforcé, un suivi psychologique pour le ou la collègue agressé
01:41 mais aussi pour l'ensemble de l'établissement, pour les collègues qui parfois ont été témoins de cette agression,
01:45 pour les élèves aussi, les autres élèves qui sont assez remués par ce qui se passe
01:50 parce que l'immense majorité des élèves ne se retrouvent pas dans ces agressions.
01:55 Parfois, ça tarde quand même à venir ce soutien, des fois ça ne reste pas dans la durée
02:01 et c'est vrai qu'on est souvent très démuni face à ces faits, très démuni pour gérer l'après
02:07 et aujourd'hui c'est quand même un problème qui n'est pas suffisamment pris en compte.
02:10 Sophie Vénétité, il y a eu des attaques terroristes, Dominique Bernard, Samuel Paty en a beaucoup parlé,
02:15 les agressions meurtrières, Agnès Lassalle à Saint-Jean-de-Luz l'année dernière,
02:20 à chaque fois le choc et une immense émotion.
02:23 Mais qu'est-ce qui a changé en termes de sécurité dans les établissements ?
02:27 Est-ce que quelque chose a changé en termes de sécurité ?
02:30 Il n'y a pas grand chose qui a changé en termes de sécurité, on a entendu beaucoup de discours,
02:34 c'est vrai qu'après chaque acte dramatique, on a un peu l'impression que tout le pays pleure avec nous,
02:40 que tous les politiques pleurent avec nous, mais dans les faits il ne se passe pas grand chose.
02:44 On voit bien aujourd'hui qu'il peut y avoir une remise en cause de ce que sont les enseignants,
02:49 une remise en cause de leur place, que l'école est le réceptacle de tous les maux de la société,
02:54 la société ne va pas bien, la violence augmente au sein de la société,
02:57 et l'école en est le miroir grossissant, et on voit bien que nos élèves ne vont pas bien,
03:02 on voit bien qu'il y a parfois des situations de violence intra-familiale,
03:06 de dégradation de la santé mentale des jeunes, et tout ça n'est pas pris en compte,
03:10 il n'y a pas suffisamment de prévention, et on se retrouve après exposé à des situations
03:16 qui peuvent être très difficiles et qui peuvent durablement nous marquer.
03:19 Mais je posais la question sur les changements en termes de sécurité,
03:23 il y a des fouilles aujourd'hui qui sont autorisées ou pas ?
03:26 Non, il n'y a pas de fouille, pour faire une fouille telle qu'on l'entend au quotidien,
03:33 il faut être officier de police judiciaire, vous n'avez pas un officier de police judiciaire
03:36 devant chaque collège ou chaque lycée.
03:38 Au mieux vous pouvez faire une fouille visuelle,
03:40 c'est-à-dire des élèves qui ouvrent leur sac et vous jetez un coup d'œil,
03:43 mais c'est tout ce qu'il y a.
03:46 Après on sait que dans certains établissements il y a eu des tentatives de mettre des portiques
03:50 pour repérer par exemple des objets métalliques.
03:54 Ce qui s'est passé c'est que ça a bien souvent aussi créé un attroupement devant le lycée,
03:59 ça a parfois retardé l'entrée dans l'établissement scolaire,
04:02 donc ce n'est pas non plus la bonne solution.
04:05 Moi ce que je vois c'est que les dernières agressions au couteau,
04:08 sans parler de celles d'hier,
04:10 c'était souvent des élèves qui n'allaient pas bien
04:14 et qui sont passés complètement à travers les mailles du filet d'un suivi psychologique.
04:18 C'est des élèves qu'on n'a pas repérés,
04:19 des élèves qu'on a laissés passer avec leurs problèmes
04:22 et qui à un moment effectivement en viennent à arriver avec un couteau dans l'établissement scolaire.
04:27 Donc la vraie question elle est là, comment est-ce qu'on fait pour éviter
04:30 qu'ils arrivent avec un couteau dans l'établissement scolaire ?
04:33 Il y a un plan ministériel sur la sécurité des enceintes scolaires
04:36 qui a été présenté au recteur, au préfet, au procureur généraux
04:40 le 4 avril dernier.
04:42 Vous savez ce qui va changer ce plan ?
04:45 On nous l'avait présenté aussi,
04:46 on nous a beaucoup parlé d'un bouclier autour de l'école.
04:49 Dans les faits, ces mesures c'était surtout une mise en musique de ce qui existait déjà.
04:54 Donc c'est vrai qu'il n'y a pas franchement de nouveautés,
04:57 on reste quand même un peu sur sa fin et la preuve que ça ne fonctionne pas,
05:02 on a encore des établissements qui peuvent être confrontés à ces problèmes de violence.
05:06 Donc il va certainement falloir aller plus loin,
05:09 il va falloir aller plus loin dans la prévention, dans le repérage,
05:12 et pour ça il faut tout simplement plus d'adultes.
05:15 Aujourd'hui, moi je voudrais quand même rappeler que
05:17 on manque d'adultes dans les établissements, on manque de surveillants.
05:20 On sait que quand on a suffisamment d'adultes,
05:22 on est capable de repérer les élèves qui ne vont pas bien.
05:24 Et puis je ne parle même pas de l'immense désert médical et infirmier
05:29 qu'est le système éducatif.
05:30 Donc à un moment de nous sortir des très beaux diaporamas
05:33 et des très beaux dossiers de presse en disant
05:34 "il y a un bouclier autour de l'école, soyez rassurés",
05:36 ça ne suffit plus.
05:38 Merci beaucoup Sophie Vénitité, secrétaire générale du syndicat enseignant SNES-FSU.
05:42 Bonne journée à vous.

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