• il y a 7 mois
La situation est encore extrêmement tendue en Nouvelle-Calédonie. Le quotidien de ses habitants est de plus en plus difficile: Angélique habitante du quartier Magenta à Nouméa décrit au micro de Jérôme Florin la peur et les vivres qui viennent de plus en plus à manquer.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau du 20 mai 2024

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Transcription
00:00 *Générique*
00:04 Bonjour Angélique.
00:06 Oui bonjour.
00:08 Bonjour, vous habitez Nouméa, merci de nous accorder quelques minutes en direct ce matin sur RTL.
00:13 Il est 15h15 chez vous exactement, je précise donc, je l'ai dit que vous vivez depuis 13 ans maintenant en Nouvelle-Calédonie, vous avez une fille.
00:21 Quelle est la situation à l'heure où l'on parle, très concrètement ?
00:25 Alors très concrètement, à l'heure où l'on parle, dans mon quartier, à Magenta, le calme, c'est calme depuis hier soir.
00:34 Ça fait du bien.
00:37 Il fait partie de ces quartiers...
00:39 Oui, le quartier Magenta, il fait partie de ces quartiers où le contrôle de l'Etat n'est plus assuré, comme le disait l'autre jour le haut-commissaire sur place ?
00:48 Et bien là, on voit que, vu le calme qui est revenu, on voit que les forces de l'ordre sont là et c'est un vrai soulagement.
00:59 Je ne sais pas si c'est le cas pour tous les quartiers, mais en tout cas, là, on a un répit qui dure depuis hier soir, à peu près 21h,
01:12 parce qu'il y a eu des échauffourées quand même en début de soirée, et depuis hier, plus rien.
01:18 Ça fait bizarre, parce que quelque part, on s'habitue, on a une capacité d'adaptation qui est assez hallucinante, et là, on entend les oiseaux, c'est calme.
01:30 Et vous avez pu sortir de chez vous ?
01:33 Alors oui, je suis sortie. On slalome entre les barricades qui sont présentes, encore, dès que ce matin, quand je suis sortie.
01:49 Mais je sors, oui, pour voir ce qu'il en est, pour voir si je peux, selon les files d'attente, m'arrêter pour faire quelques courses.
02:01 Mais comme j'ai encore de quoi, et que je vois la file d'attente, je n'ai pas cherché à m'arrêter.
02:07 Vous avez peur de manquer de vivre, là, dans les jours qui viennent ?
02:12 Alors, moi, personnellement, non. Mais je sais que c'est le cas en attendant le réapprovisionnement des magasins.
02:20 Les magasins sont vides. J'en ai vu, moi, personnellement, deux où il n'y a quasiment plus rien dans les rayons.
02:28 Est-ce qu'ils ont été pillés ou parce que tout le monde est venu faire son dernier plein ?
02:35 Alors, ceux qui ont pu le réouvrir, c'est ceux qui n'ont pas été pillés, qui ont été épargnés et protégés par la population.
02:46 Donc, non, là, c'est sur leur réserve, et leur réserve, là, ils arrivent au bout.
02:51 Donc là, vous espérez que ces magasins vont pouvoir être réapprovisionnés, en tout cas pour ces magasins qui sont encore ouverts ?
02:57 Tout à fait.
02:58 On parle beaucoup de ces milices, en tout cas c'est le terme qui est employé, milices d'autodéfense pour se protéger des émeutiers.
03:06 Comment sont-elles organisées ? Est-ce que vous-même, vous y participez ?
03:11 Alors, oui, et déjà, je vais rectifier. Ce ne sont pas des milices. Nous sommes des comités de surveillance et de vigilance.
03:20 On n'attaque pas, on surveille et on veille à la sécurité de chacun et à la sécurité de nos biens.
03:31 Mais la vie est primordiale, mais on n'est pas des milices.
03:36 Il n'y a pas d'armes ?
03:38 En tout cas, moi, dans ma résidence, non. Ce n'est pas le mot qui est passé d'utiliser des armes.
03:45 Ce n'est absolument pas le cas et ça m'attriste de voir qu'on pointe du doigt des gens qui essayent juste de protéger leur vie et leurs biens,
03:55 en attendant l'arrivée des renforts. C'est juste ça. Moi, j'y participe, je fais mes quarts.
04:04 Moi, je ne suis pas armée, je n'aime pas la violence. On surveille.
04:10 Et vous surveillez, vous faites face aux émeutiers ? Ils sont face à vous ? Comment ça se présente ?
04:16 On en a eu quelques-uns qui ont eu de la provocation.
04:21 Qui, eux, sont armés ?
04:23 Oui, eux sont armés, en revanche, oui.
04:26 Cagoulés ?
04:28 Cagoulés, pour certains, pas tous.
04:31 Après, ça se passe la nuit, donc on ne voit pas trop les visages.
04:39 Mais notre premier mot d'ordre, c'est d'assurer la sécurité, de surveiller et de veiller les uns sur les autres.
04:51 Les rumeurs qui circulent sur des milices privées, qui circulent en voiture et qui tirent à tout va,
05:01 ça me choque énormément d'entendre ça.
05:04 Ça ne se passe pas comme ça, vous dites que ce sont des barrages avec des gens qui se défendent.
05:07 Non, ce sont des barricades.
05:10 Vous avez même dit "je fais des quarts", des barricades.
05:12 Oui, ce sont des barricades où on surveille et on protège tout un chacun.
05:17 Et puis, ça fait chaud au cœur de voir la solidarité qui s'est développée un peu partout,
05:26 justement derrière les barricades.
05:28 Et je tiens à dire aussi que c'est toute ethnie confondue.
05:31 Oui, vous voulez dire que ce ne sont pas que des gens d'origine européenne.
05:34 C'est important.
05:36 Ce ne sont pas que des Blancs, il y a de tout.
05:40 On est de toute origine et la solidarité, elle est globale.
05:47 Il n'y a aucune différence.
05:50 Ce n'est pas Blancs contre Canac.
05:52 C'est un raccourci trop facile à faire.
05:55 Merci beaucoup Angélique.
05:56 On note en tout cas que là où vous vivez, dans votre quartier de Nouméa, quartier Magenta,
06:01 le calme est revenu depuis quelques heures.
06:04 On espère que ça va durer.
06:06 Je rappelle qu'il y a ce conseil de défense ce soir à l'Elysée à 18h30 autour d'Emmanuel Macron.
06:12 Merci beaucoup de votre témoignage Angélique.
06:14 Merci beaucoup à vous.
06:15 Bonne journée et bon courage.
06:16 Merci à vous.
06:17 Il est 6h21.
06:18 Retrouvez cette interview sur RTL.fr

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