Le secteur des Ehpad privés fait part de ses "inquiétudes" et de ses "difficultés" financières, sur France Inter ce mardi, alors que le budget de la Sécurité sociale pour 2025 est examiné depuis lundi en commission.
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00:00Mathilde Munoz, le 5-16.
00:04Il est 6h21, c'est l'autre débat budgétaire du moment, celui de la Sécurité Sociale.
00:08L'examen du texte a commencé hier en commission à l'Assemblée Nationale et il n'y a pas
00:12moins de tensions de sujets crispants que pour le budget de l'Etat.
00:15La preuve, notre invité ce matin qui s'inquiète du financement des maisons de retraite.
00:19Bonjour Jean-Christophe Amarantinis, vous êtes le président du SINERPA, première
00:23confédération des acteurs privés du grand âge, vous représentez 2000 EHPAD privés.
00:28Qu'est-ce qui vous préoccupe dans ce projet de loi ?
00:30Écoutez, d'abord merci pour votre invitation, ce qui nous préoccupe c'est pas mal d'absences
00:37en termes de financement que nous attendions et que nous espérions depuis plusieurs mois,
00:42à la fois pas de financement massif en direction des dotations-soins d'établissements qui
00:48sont donc soumises à une inflation galopante depuis 3 ans, un certain nombre de mesures
00:53rabots qui nous inquiètent sur des exonérations de charges et pas de mesures de revalorisation
01:00salariale conséquente alors que, vous le savez, notre secteur est en grande peine pour
01:05recruter et fidéliser des salariés.
01:07Et si cette austérité se confirme, là on est encore qu'au stade de projet, comment
01:10ça pourrait se traduire dans le quotidien des maisons de retraite ?
01:13En fait, ces établissements sont en difficulté économique croissante de par ces trois dernières
01:21années d'inflation, donc avec une absence d'investissement aujourd'hui sur l'aménagement
01:26de leurs locaux, la rénovation de leurs locaux et ça se traduirait également par une non-possibilité
01:33pour eux de mettre des mesures sociales en vigueur pour pouvoir créer un choc d'attractivité
01:39que nous appelons de nos voeux depuis des années.
01:41Ça veut dire que sans argent public, le modèle des EHPAD privés ne tient pas ?
01:45Il ne tient pas pour la bonne et simple raison qu'une partie des recettes des établissements
01:51sont des recettes administrées, tarifées par l'assurance maladie et par l'État et
01:56sur lesquelles les établissements n'ont pas la main, ce ne sont que des boîtes aux
01:58lettres, ils reçoivent une subvention de l'argent et cet argent est refléché en
02:04direction des salariés et des différentes dépenses et si cet argent n'est pas suffisant
02:09pour couvrir les charges de l'établissement, malheureusement l'établissement se retrouve
02:13en difficulté et c'est donc le cas aujourd'hui depuis trois ans.
02:16Pour dire les choses clairement, combien il vous faut ? Est-ce que vous avez chiffré
02:19le montant de l'enveloppe que vous souhaitez ? Ou dont ont besoin les EHPAD privés ?
02:23Les EHPAD privés, d'ailleurs ce ne sont pas les EHPAD privés, c'est la totalité
02:28des EHPAD de France.
02:29Mais vous, c'est les privés que vous représentez.
02:30Mais en fait, j'interviens pour la totalité du secteur, une enveloppe massive de plusieurs
02:36milliards d'euros pour arriver à renflouer la totalité du parc d'établissements qui
02:42est en grande difficulté.
02:43Mais le problème c'est que le trou de la sécu devrait dépasser les 18 milliards d'euros
02:47cette année.
02:48J'ai même vu 28 milliards l'an prochain.
02:49Donc on fait comment ? On continue de le creuser ? Tant pis.
02:52On essaie de faire confiance aux professionnels que nous sommes puisque nous avons énormément
02:57de solutions pour faire des économies à l'assurance maladie en modifiant la réglementation.
03:02Par exemple, en créant des postes d'aides-soignantes la nuit.
03:07C'est un exemple tout bête.
03:09Une aide-soignante la nuit permet de réduire considérablement le nombre de journées d'hospitalisation
03:14en renforçant les pôles pour personnes âgées désorientées.
03:18Médicaliser les établissements en transférant, sans trop rentrer dans le détail, l'enveloppe
03:24ambulatoire qui est aujourd'hui dépensée par des dépenses ambulatoires.
03:29Elle est transférée dans les établissements, donc les établissements salariés du personnel
03:34soignant gèrent les enveloppes médicales et donc permettent, en étant médicalisés,
03:39de réduire considérablement les dépenses d'assurance maladie.
03:42Parmi les autres pistes, il y a des sénateurs qui proposent de supprimer un jour férié,
03:46d'en faire une journée de solidarité, donc travailler mais non payer, comme ça a été
03:50fait pour le lundi de Pentecôte.
03:51Bonne idée ou pas ?
03:52C'est une excellente idée et on y est favorable à 200%.
03:56Faut-il encore que cette nouvelle journée de solidarité soit fléchée à 100% directement
04:03et de façon pérenne sur le fonctionnement des établissements.
04:06Il ne faut pas que deux, trois ans après, on se rende compte que 20, 30, 40% de l'enveloppe
04:11est retiré et réfléchit sur d'autres dépenses.
04:15Je vous parlais de ces sénateurs qui proposent de supprimer un jour férié.
04:19Vous, vous avez été auditionnés hier par le Sénat, qu'est-ce que vous leur avez dit ?
04:23On les a remerciés de nous auditionner et en fait, on leur a dit qu'on était très
04:27inquiets puisque notre secteur est encore une fois en grande difficulté, à la fois
04:30économique et à la fois en termes d'attractivité.
04:33On leur a également indiqué que notre pays serait soumis à ce qu'on appelle un tsunami
04:39démographique à horizon 2030, avec plus de 50% de personnes âgées de 75 ans, entre
04:4575 ans et 85 ans, donc avec un besoin massif de soins, d'accompagnement de la dépendance
04:50et surtout une nécessité de recruter 400 000 salariés supplémentaires à horizon 2030.
04:58Donc ça va être difficile avec le peu de moyens qui est octroyé dans le cadre de ce PLFSS 2025.
05:06Vous avez évoqué la crise économique, la crise de recrutement, il y a aussi une crise
05:09de confiance, vous avez moins de résidents qu'avant, avant le Covid, vos établissements
05:12affichaient complet, 100% de taux d'occupation, ce n'est plus le cas aujourd'hui, il y a eu
05:17effectivement la gestion de la crise du Covid dans les maisons de retraite, il y a aussi
05:20le livre enquête sur le réseau Orpea, est-ce que vous vous êtes remis en cause après
05:24toutes ces crises ?
05:25Alors fort heureusement, il est vrai que l'activité de ces établissements s'est considérablement
05:31réduite jusqu'en septembre 2023, depuis septembre 2023 il y a une remontée des taux
05:37d'occupation et donc aujourd'hui les taux d'occupation ne sont pas revenus à leur
05:40taux historique, mais il y a une progression entre septembre 2023 et septembre 2024 de
05:45l'ordre de 10%, donc les taux d'occupation sont à 95% et pour répondre à votre question
05:49oui, nous nous sommes remis en question, à la fois en interne, en n'obligeant nos adhérents
05:55à être beaucoup plus transparents et à publier un certain nombre d'indicateurs dans le cadre
06:00de la charte d'engagement que nous avons déployée dans notre Confédération, en fait la charte
06:05d'engagement c'est une manière d'aller au-delà des exigences réglementaires, ça c'est le
06:09premier point et le deuxième point bien sûr, en 2022 nous avons demandé aux pouvoirs publics
06:15de déclencher des contrôles massifs dans l'ensemble de notre parc d'établissements,
06:20ces contrôles aujourd'hui sont en phase d'achèvement, on est à 85% d'établissements contrôlés
06:25avec des résultats qui sont très positifs et donc on en est très satisfait.
06:29Merci Jean-Christophe Amarantinis, président du SINERPA, la première confédération des
06:32acteurs privés du grand âge.
06:34Merci.